Jazz à Vienne : six mille petits éblouis par le big

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Jazz à Vienne : six mille petits éblouis par le big
Jazz à Vienne : six mille petits éblouis par le big band
30/06/2015 11:00
Jazz à Vienne : six mille petits
éblouis par le big band
LE MONDE | 29.06.2015 à 14h20 • Mis à jour le 29.06.2015 à 14h21 | Par Francis Marmande (Vienne (Isère))
La 35e édition de Jazz à Vienne dure jusqu'au 11 juillet. JAZZ À VIENNE 2015
Jazz à Vienne, 35e édition, ce sont six salles ou espaces aux
vocations bien différenciées,
une revue des tendances actuelles, un amphithéâtre romain de 6 000 spectateurs, une
scène vaste comme un aéroport, la nuit qui tombe sur la musique, une ambiance unique.
Ange tutélaire qui a laissé la direction à Stéphane Kochoyan et Jean-Pierre Vignola : JeanPaul Boutellier. Programme pantagruélique, avec toutes les stars, toutes les promesses. La
veille de la première de ses quinze soirées, Jazz à Vienne se signale par une opération
singulière : la matinée de « création jeune public ».
Pour que 6 000 enfants des écoles de la région soient en place à 10 heures, imaginez la
noria d’autocars dans les petites rues qui conduisent à l’amphithéâtre romain. Qu’ils
découvrent, éblouis. Pendant leur installation, qui dure une petite heure, gazouillis insensé,
sous la houlette de leurs professeurs. Immense confiance dans l’école, sous le soleil
montant. C’est gratuit. Allez-y. Chaque année, la veille de Jazz à Vienne.
J.-J. Milteau, le premier à essuyer les plâtres, fit merveille. C’était il y a quinze ans. Manu
Dibango, on ne vous raconte pas. Greg Zlap fit jouer 6 000 harmonicistes. Cette année, The
Amazing Keystone Big Band met en scène Le Carnaval des animaux, de Camille SaintSaëns (1886). Comédien récitant, l’excellent Sébastien Denigues.
Car leur Pierre et le Loup (Prokofiev made in jazz) a eu un succès fou : une centaine de
représentations et un album célébré. L’Amazing Keystone Big Band, c’est la meilleure
nouvelle du « jazz » depuis dix ans. La ténacité, ils l’ont sans doute, car un big band
(20 musiciens, vivre sa vie, la gagner, répéter, trouver les lieux, harmoniser emplois du
temps et destins singuliers), c’est un bastringue sans nom. Mais leur ténacité, elle disparaît
sous la gaieté. La gaieté d’être ensemble, de se retrouver, de jouer.
Humilité très classe
Un big band suppose, c’est même la moindre des choses, un niveau musical exceptionnel.
Mais aussi une humilité très classe, le goût du groupe, la remise de l’ego dans la poche, un
mouchoir par-dessus. Un big band, c’est un chef : Duke, Count, Mingus, Sun Ra, Carla Bley,
Maria Schneider, on les a tous vus. Dans les années 1970, avec Thad Jones & Mel Lewis en
tandem, tout se simplifie. Et quand le chef dirige sans commander, ou commande sans
exclure (Gil Evans), tout se complique. La grande force de l’Amazing Keystone, c’est qu’il a
quatre têtes : David Enhco (trompette), Bastien Ballaz (trombone), Fred Nardin (piano) et
Jon Boutellier (sax). Ajoutez une rythmique d’airain et cette lisibilité des grands orchestres
vraiment grands, qui laisse entendre chaque voix : le trombone basse comme un accord
fugitif de piano.
Croisés dans la rue plus tard, cinq gones de Vaulx-en-Velin avec leur masque annoncé (pour
Le Carnaval des animaux) se déclarent touchés par l’éléphant. Un tuba de catégorie.
Enorme succès. Au lieu de devenir hooligans, banquières, chômeurs ou capitaines
d’industrie, ces 6 000 du 26 juin 2015 deviendront musiciens. Ça fait plaisir.
Jazz à Vienne. Jusqu’au 11 juillet. www.jazzavienne.com (http://www.jazzavienne.com/)
http://www.lemonde.fr/acces-restreint/musiques/article/2015/06/29/6d6b68996c6870c5936e6a62659a6b_4663938_1654986.html
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