Discours du Président de la Commission de l`Union africaine à l

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Discours du Président de la Commission de l`Union africaine à l
AFRICAN UNION
UNION AFRICAINE
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Discours du Président de la Commission de
l'Union africaine à l'ouverture de la
Deuxième Conférence des Intellectuels
d'Afrique et de la Diaspora
12 - 14 Juillet 2006, Salvador de Bahia, Brésil
Excellence Monsieur le Président de la République Fédérale du
Brésil,
Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d Etat et de
Gouvernement,
Les anciens Présidents, Monsieur Gilberto Gil et Mme Frene
Ginwala, Co-Présidents de la Conférence,
Gouverneurs de Bahia,
Mesdames et Messieurs,
l
En survolant, il y a quelques heures la baie de Todos Os
Santos ainsi nommée, m'a-t-on dit, en référence à ce jour de la
Toussaint 1501 où elle fut découverte par Amerigo Vespucci, je
dois avouer que j'ai été saisi d'une émotion forte. D'une
émotion de celles qui ont façonné l'amour de la vie et le grand
sens du grand romancier Jorge Amado ; de celles qui
continuent de rythmer la musique envoûtante d'un Gilberto Gil,
pour ne citer que deux chantres prestigieux de Salvador de
Bahia où ils ont vu le jour. Et puis, au fur et à mesure que les
contours de la ville-mère du Brésil se précisaient, que ses
maisons polychromes aux couleurs vives qui en sont
caractéristiques dévoilaient leurs charmes, avec leurs
décorations en stuc, j'ai senti toute la vitalité, mais aussi toute
la spiritualité d'un peuple brésilien qui célèbre avec la même
ferveur le Christ de la Résurrection, les « candomblés », les
orixas et la macumba venus des terroirs Yoruba, éwé et fon.
Un peuple brésilien inventeur de la samba et des prestigieux
carnaval de Rio et de Bahia .Un peuple brésilien qui marie
avec un égal bonheur le positivisme d'un Auguste Comte et la
vigueur des danseurs de « capoeira », parvenant ainsi à une
symbiose remarquable, éclatante, entre des cultures africaines,
européennes et amérindiennes.
Salvador de Bahia qui nous accueille aujourd'hui symbolise
plus que toute autre ville au Brésil, et peut-être même au
monde, cette convergence des cultures à laquelle nous
sommes particulièrement attachés. Plus que toute autre ville,
elle incarne la rencontre de l'Afrique et du Brésil ou, mieux, la
présence africaine au Brésil. Lieu ne pouvait donc être plus
indiqué que cette << Rome noire », ainsi qu'est surnommée
cette ville que I'UNESCO a eu raison de classer au répertoire
du Patrimoine Mondial de l'Humanité, pour abriter une
rencontre comme la nôtre ; pour servir de cadre à des
retrouvailles placées sous le double signe de l'enracinement et
de l'ouverture, mais aussi de l'unité dans la diversité si
fortement exprimée dans la Convention de I'UNESCO à
laquelle nous devrions adhérer tous sans délai. En foulant cette
terre de l'Amérique de Sud, je pense aussi aux grands hommes
comme José Marti, Simon Bolivar, Toussaint Louverture dont le
combat a contribué de manière décisive à l'émancipation de ce
continent et de l'humanité.
Monsieur le Président Luis Lula da Silva,
Vous que le choix de vos compatriotes a placé à la tête de ce
Brésil si attachant parce que multiconfessionnel, multiculturel et
multiracial, acceptez que mes premiers mots vous soient
destinés. Lula, acceptez qu'ils soient, ces mots, pour remercier
le peuple brésilien, votre grand peuple dans toutes ses
composantes, tout votre gouvernement pour une sollicitude
jamais prise en défaut envers ce continent africain que vous
considérez, ainsi que vous n'avez cessé de le montrer, comme
une partie intégrante de votre pays. Témoins, vos nombreuses
visites sur le continent-mère. Témoin votre engagement à
réussir le sommet Amérique du Sud-Afrique qui doit se tenir le
30 novembre et le 1er Décembre 2006 a Abuja, au Nigéria et
qui débouchera, du moins l'espérons -nous, sur un autre
Bandoeng politique et économique qui pourra regrouper et
l'Afrique et l'Amérique et l'Asie en 2007.
Excellence, Monsieur le Président,
La qualité de l'accueil qui nous a été réservé, l'attention
méticuleuse dont nous avons été entourés depuis que nous
avons foulé le sol de cette ville, le leadership dont ont fait
preuve les organisateurs brésiliens et la détermination avec
laquelle ils ont porté ce projet viennent confirmer, si besoin en
était, votre conviction maintes fois réaffirmée que l'amitié entre
l'Afrique et le Brésil est pour vous, plus qu'un mot, plus qu'un
mot d'ordre, une donnée incontournable de l'Histoire, au nom
du passé, du présent et pour le futur.
Une Histoire multiséculaire dans laquelle le besoin d'une maind'œuvre servile pour la culture de la canne à sucre a joué un
rôle déterminant. Une Histoire que nombre de Brésiliens, vos
compatriotes, nos frères des mêmes familles, ont vécue
douloureusement dans leur chair, dans leurs cœurs et dans
leurs esprits mais une Histoire que vous entendez assumer
pleinement pour la dépasser, sans haine. Une Histoire qui ne
saurait cependant souffrir de falsifications, une Histoire au nom
de laquelle l'esclavage doit être proclamé crime contre
l'humanité, une Histoire qui doit être davantage connue. Une
Histoire enfin qui fait que les Afro-Brésiliens constituaient
jusqu'au lgemesiècle la majorité de la population. Des AfroBrésiliens qui ne se sont pas contentés de contribuer par leur
force de travail à l'essor de votre pays, mais ont modelé les
traits physiques, la personnalité, la langue, l'habillement, la
qualité de vie, les arts et la culture du Brésilien.
Cet apport de l'Afrique qu'encore une fois vous avez tenu à
mettre en exergue, nul ne l'a exprimé mieux que Abdias do
Nascimento, une mémoire vivante, s'il en fut jamais, que vous
avez décidé d'honorer en lui consacrant une exposition plus
que méritée. Un Abdias de Nascimento qui comptait parmi ses
amis le peintre et sculpteur Tiberio qui participa en 1966 au
Festival des Arts Nègres de Dakar, où il s'établit par la suite
pendant plusieurs années, faisant profiter le Sénégal et
l'Afrique de sa vaste expérience et de son extrême
connaissance des cultures africaines. Ce faisant, Tiberio dont
l'œuvre gagnerait à être davantage connue anticipait les
propos de Jorge Amado qui, dans le film documentaire
(( Atlantico Negro : Na Rota dos Orixas >>,notait c Les eaux de
l'Atlantique ont conduit les esclaves d'Afrique au Brésil ; leurs
corps étaient enchaînés mais leurs esprits restaient attachés à
l'Afrique mère... . Aujourd'hui, quand les Brésiliens visitent
l'Afrique, ils apprennent aux Africains la culture que ces
descendants d'esclaves ont maintenue en vie au Brésil ».
Le grand admirateur du Brésil qu'était Léopold Sedar Senghor,
dont le monde entier célèbre cette année le centenaire de la
naissance, et qui avait accueilli Tiberio au Sénégal, ne disait
pas autre chose lui qui, affectueusement, aimait à appeler les
Brésiliens « mes plus que frères ». Permettez-moi, Monsieur le
President de dire a Senghorm Dieuredieuf. Merci Senghor,
vous qui aujourd'hui êtes libéré de toute dette, vous que nous
ne cesserons jamais, certes de façon critique, de célébrer,
vous le Nègre, vous le Métis culturel, vous le chantre de la
civilisation de l'Universel.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres,
II y a moins de deux ans qu'à l'initiative du Président Abdoulaye
Wade, se tenait à Dakar, au Sénégal, la première Conférence
des Intellectuels d'Afrique et de la Diaspora sous l'égide de
I'Union Africaine. Evènement mémorable s'il en fut dans
l'histoire d'une Commission, la Commission de l'Union
Africaine, qui en était encore à ses balbutiements, la
Conférence adopta plusieurs résolutions dont une visait à faire
en sorte que le dialogue entre intellectuels africains, entre les
intellectuels du continent et ceux de la Diaspora fût
institutionnalisé, c'est-à-dire qu'il cessât d'être un temps - si
fort soit-il - dans l'histoire intellectuelle et politique de notre
siècle pour en devenir une dimension permanente.
Que moins de deux ans après, se tienne au Brésil la deuxième
CIAD, rien ne pourrait davantage porter témoignage du fait que
la matérialisation de cette résolution était non seulement
souhaitable, mais parfaitement réalisable. Voilà que, ce faisant,
I'Union Africaine avec le Senegal et le Brésil s'acquittent
chacun de leur mission historique. Le pari a été gagné même si
l'on doit se demander si, pour l'avenir, l'organisation de telles
rencontres ne devrait pas revenir a la société civile ,avec, bien
sûr, l'appui de nos gouvernements et de nos organisations
régionales.
Excellence Monsieur le Président,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
L'Union Africaine aurait cependant failli à sa vocation de trait
d'union, de rassembleur, si elle n'avait pas su renouer avec
une partie du continent qu'est la Diaspora, avec l'autre Afrique.
L'Acte constitutif de l'Union Africaine est on ne peut plus clair
sur ce chapitre, qui en appelle à la totale mobilisation de tous
les segments de la population africaine pour la réalisation des
objectifs d'intégration et de renaissance africaine et qui note
que la diaspora constitue à cet égard un segment décisif.
Quant au Brésil, comment aurait-il pu ne pas saisir l'occasion
pour rappeler qu'en dehors du Nigeria c'est sur son sol que se
trouve la plus forte concentration de Noirs ?
Le choix du Brésil pour abriter la 2ème ClAD est donc
particulièrement judicieux car, pour d'innombrables raisons
dont j évoquerai quelques-unes au passage, l'Afrique ne saurait
manquer de coopérer avec le Brésil. II s'y ajoute que, si elle est
bien pensée, cette coopération sera des plus fructueuses pour
les Africains du continent et ceux de la diaspora. Elle le sera
d'autant plus que nous saurons en reconnaître et célébrer les
diverses facettes, au premier rang desquelles je citerai la
culture, y compris bien sûr la communication et le sport.
Comment pourrais-je oublier en effet que le Brésil est le pays
du légendaire et des quintuples champions du monde de football et a fourni au monde de nombreux artistes de premier plan.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
l
Malgré leur séparation, les Africains du continent et ceux de la
Diaspora ont en partage des valeurs, des systèmes, des
institutions et des expressions et outillages culturels qui sont,
comme dirait notre ami et aîné, le grand africain, le grand
intellectuel africain, Joseph Ki Zerbo, source et ressource, c'est
cela la culture africaine. Trouver ensemble les stratégies
idoines pour valoriser cette ressource en mettant notamment à
contribution les NTIC, les moyens que nous offre l'âge de
l'information, pour parler davantage, et autrement, de notre
histoire commune, et de nos différentes histoires, pour parler
davantage, et autrement, de notre être au monde et de notre
contribution à la Civilisation, voilà assurément une tâche qu'il
nous faut mener à bien, un défi à relever.
Relever ce défi est plus que jamais d'actualité car, en dépit de
la mondialisation idéologique et du cosmopolitisme postmoderniste abstrait qui l'accompagne, la négation de l'autre du
fait de sa race, de sa couleur, de son statut socio-économique
est encore malheureusement monnaie courante. C'est dire que
notre humanité est aujourd'hui encore en danger. Dans un tel
contexte, c'est faire « acte de pensée et de lucidité », pour
paraphraser le philosophe camerounais Fabien Eboussi
Boulaga, que de se dresser, de s'affirmer, d'attester notre
humanité contestée et de se prendre en charge. La
Renaissance africaine, à l'édification de laquelle les
intellectuels africains du continent de la diaspora sont conviés,
ne vise rien moins que cela. Elle requiert une stratégie hardie,
des buts clairs, des actions soutenues qui se conjuguent au
présent pour frayer la voie à une autre Afrique, je dis bien une
autre Afrique, une Afrique de travail, de solidarité, de justice de
bonne gouvernance, et fondamentalement qui respecte le droit,
I'etat de droit et les libertes.
Sur la voie de cette Renaissance, deux écueils nous guettent.
Le premier est une forme de pauvreté qui échappe aux
statistiques et autres indicateurs chiffrés : c'est ce que l'écrivain
Mozambicain Mia Couto appelle << la pénurie de notre réflexion
sur nous-mêmes », entendant ainsi la difficulté des Africains à
se penser comme sujets historiques, comme point de départ et
comme destin d'un rêve. La longue négation de l'Africain par la
traite négrière d'abord, le colonialisme ensuite, l'absence de
territoire - compris comme terre et histoire - pour les millions de
Nègres transplantés, l'énormité de l'escroquerie intellectuelle
qui a consisté à situer en dehors de l'Histoire l'époque où
l'Afrique inventait des techniques pour bâtir la pyramide nuboégyptienne de Khéops entre autres, voilà autant de facteurs qui
expliquent qu'aujourd'hui encore, en dépit de quelques travaux
remarquables, l'identité africaine est encore perçue à travers le
discours des autres. Refuser le lopin d'histoire que nous
proposent les autres est un premier pas pour surmonter ce
premier écueil. Préserver la mémoire, la partager ,la
populariser, l'assumer, I'enseigner surtout aux nouvelles
générations participe de la même exigence.
Mais il est un second écueil tout aussi dangereux : c'est le
déficit de pensée qui naît de l'exaltation de l'individualité, de
l'érection de la particularité en un absolu irréductible. Une telle
posture conduit droit au narcissisme stérile, au mieux, au pire
aux identités meurtrières dont les Etats-Nations ne nous ont
malheureusement fourni que trop d'exemples. Ce second
écueil, nous pouvons l'éviter si nous nous donnons les moyens
de nous situer en continuité avec la tradition spirituelle africaine
bantu ou yoruba du Dieu aux cent noms, qui propose une
gestion de la diversité ethnique ou religieuse, non pas
seulement placée sous le signe de la tolérance, mais
résolument pluraliste. Cet écueil, nous l'éviterons si, nous
souvenant des grandes conquêtes axiologiques, tel que le
Code d'Innocence pharaonique établi 4000 ans avant J.C, nous
savons célébrer chez l'homme l'intelligence et reconnaitre chez
l'esclave la dignité ; si nous nous donnons les moyens de
remettre au cœur de l'ordre spirituel, moral ou politique le
caractère sacré de la personne de tout âge et sexe et faire de
sa protection et de la défense de ses libertés notre credo, forts
de la conviction que sans respect des droits humains, sans
respect des libertés, sans reconnaissance de la diversité et du
pluralisme, point d'issue pour l'Afrique. Utopie, diront certains
sceptiques ! A qui je répondrais utopie, oui, mais utopie critique
et mobilisatrice du présent car, encore une fois, l'action se
conjugue au présent lorsqu'il s'agit de renaissance africaine.
Excellences,
Mesdames et Messieurs les participants,
II y a cinquante ans - c'était en septembre 1956 - se tenait à
Paris le premier Congrès Intellectuel des Ecrivains et Artistes
Noirs. C'était un an après la réunion de Bandoeng, dix ans
après le Congrès Panafricain de Manchester qui réclama et mit
en marche le processus qui conduira aux indépendances des
années 60.
Ce congrès du << racisme anti-raciste )) comme disait Sartre
dans << Orphée Noir )> aura eu le mérite d'avoir été une
rencontre de la diversité, et même de la confrontation, au
niveau idéologique mais également au niveau scientifique. Cela
était inévitable car, même si la solidarité des victimes
stigmatisées au nom de la race était à l'ordre du jour, le fait
demeure que les Africains du continent et ceux de la diaspora
faisaient des allégeances spirituelles ou idéologiques à des
cultures, voire des civilisations et des géopolitiques non
seulement différentes mais quelquefois en conflit. Pour mettre
d'accord une élite noire qui était poreuse à toutes les
influences, pour réconcilier des personnalités aussi différentes
que pouvaient l'être Richard Wright, Ralph Ellison, Leopold S.
Senghor, Frantz Fanon, Cheik Anta Diop, - dont on ne
soulignera jamais assez le rôle éminemment positif dans
l'histoire du panafricanisme et dont on célèbre cette année le
25èmeanniversaire de la disparition- il fallait, a Pqris en 1956,
la brillante intelligence d'Aimé Césaire que nous tenons à
saluer pour son rôle de veilleur pour tout le monde africain,
Césaire qui souligna que ce qui unissait les Noirs dans
l'amphithéâtre Descartes de la Sorbonne a Paris où se tenait le
congres, c'était leur diversité.
Mais il fallait aussi, Monsieur le President,
toute
la
détermination d'un homme comme Alioune Diop. Qu'il vous
plaise que je salue ici la présence de Christiane Diop, qui fut
sa compagne fidèle et qui, en l'absence de Alioune et avec
d'autres, a su maintenir le flambeau et poursuivre le combat
dlAlioune pour une présence africaine affirmée. Combat d'hier,
d'aujourdhui et combat de demain Plaise à vous que je puisse
rappeler que cette année, en Septembre ,nous allons célébrer
le 50éme anniversaire de cette belle aventure que fut le
Congrès. CC Présence Africaine )) doit être soutenue dans
I'organisation de cet événement .Présence Africaine doit
pouvoir continuer à diffuser son message éternel parce qu'elle
a su épouser, dès avant l'aube, l'Histoire, notre Histoire. Dans
cette perspective, nous devons aussi soutenir I'organisation à
Dakar du zemeFestival des Arts Nègres en 2007, à l'initiative
des autorités sénégalaises et particulierement du President
Zqde. Toujours dans cette perspective d'une présence africaine
réaffirmée, nous devrons faire en sorte que la Coupe du monde
de football en 2010 soit chez elle en Afrique du Sud, en
Afrique.
Excellences,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Comme il y a 50 ans, il sera encore aujourd'hui et demain,
question de diversité. Diversité des contextes, voire des
cultures et civilisations auxquelles nous appartenons, à
l'intérieur desquelles nous vivons, et qui façonnent nos
identités. Cette diversité, il faut d'autant plus se garder de
l'occulter ou de la redouter qu'en aucun cas elle ne saurait
hypothéquer ou mettre en péril les solidarités qui s'imposent
pour donner corps et vie au projet de Renaissance Africaine.
Bien au contraire, ce projet ne peut sortir que fortifié de la
confrontation d'idées et d'expériences les plus diverses sur la
multiplicité des paramètres - idéologique, culturel, linguistique,
éducationnel, institutionnel - porteurs de la dynamique des
changements sur quoi se définit précisément la renaissance
africaine.
Une Renaissance Africaine qui est, Mesdames et Messieurs,
une urgence car à une époque de révolution scientifique et
technologique mais aussi politique, citoyenne et humanitariste,
l'Afrique et sa diaspora se doivent de marquer leur présence de
manière cohérente tant pour affronter la réalité des enjeux
géopolitiques que pour conforter le dialogue des civilisations
qui doivent partager, dans leurs spécificités, les mêmes valeurs
d'universalité.
Cette Renaissance Africaine est cependant fondamentalement
un projet politique car elle reposera sur la fondation de la
nation africaine, notre seule nation, la nation qui nourrira les
enfants du continent, la nation qui permettra de sortir de la
marginalité les Africains hors d'Afrique, cette nation africaine
dont les piliers seront les Etats Unis d'Afrique. Patrie des
Nègres et des Arabes d'Afrique, oui les Etats Unis d'Afrique
seront un partenaire respecté des grandes organisations
internationales et régionales et des grands pays comme le
Brésil.
Cette Renaissance, Excellence, Honorables invités, Mesdames
et Messieurs, ne peut s'accomplir correctement, du point de
vue de l'union africaine, de sa philosophie, de ses ambitions et
de ses objectifs, qu'avec la contribution positive et critique de
l'intelligentsia d'Afrique et de la diaspora dans les Amériques,
en Europe et en Orient, et avec l'adhésion de tous nos peuples.
Entre les intellectuels d'Afrique et de cette diaspora qui a, aux
origines, largement contribué à l'essor de la revendication, puis
du mouvement dont participe aujourd'hui le projet de
Renaissance, le dialogue a été renoué à Dakar en octobre
2004. Puisse Bahia nous fournir l'occasion d'approfondir ce
dialogue et ces contacts renoués et ainsi constituer un autre
jalon important dans notre combat, on ne peut plus légitime,
pour changer le destin de l'Afrique.
Puissent d'autres Dakar et d'autre Bahia ouvrir la voie. Puisse
le Brésil, pays de progrès et d'ordre, renforcer sa coopération
avec une Afrique unie et solidaire. Plein succès à la deuxième
rencontre des intellectuels d'Afrique et de la Diaspora. Que
Dieu nous assiste. Je vous remercie de votre aimable attention.

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