Liaison accommodation convergence

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Liaison accommodation convergence
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LIAISON ACCOMMODATION CONVERGENCE
Il ne s’agit pas d’un cours sur la liaison accommodation convergence mais de vous en faire
comprendre le mécanisme et les implications dans la pratique courante de l’opticien.
Tous nos muscles de l’œil, aussi bien les internes qui vont déformer le cristallin modifiant
ainsi l’accommodation que les muscles externes qui vont diriger l’axe visuel vers le point de
fixation, sont commandés à partir de noyaux corticaux.
La fonctionnalité du système visuel se développe à partir de la naissance et jusque vers l’âge
de 4-5 ans. Au cours de cette période, des relations neuronales vont se créer entre le centre
commandant l’accommodation et les centres de commande des muscles externes intervenant dans
la convergence. La raison en est évidente : en vision normale vous devez accommoder pour voir
net un objet proche et pour qu’il soit vu simple, il faut que vous convergiez. Ces relations
fonctionnelles vont faire que si vous convergez cela entraîne l’augmentation de l’accommodation
et aussi si vous accommodez cela entraîne l’augmentation de la convergence. On parle de liaison
accommodation convergence.
1 Définitions
1.1 Convergence binoculaire
Considérons un couple oculaire qui fixe un point M appartenant à la médiatrice horizontale de
la ligne de base .
C'
M
point de
C
C'
Q'
K
Q'
On peut mesurer la convergence du couple oculaire de deux manières:
· La convergence peut s’exprimer en angle métrique (a.m.) .
C=
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MK
C en angle métrique si MK est en mètres.
La convergence est une grandeur positive (MK>0) lorsque les yeux convergent et
négative (MK<0) quand le couple oculaire diverge.
Avec cette unité de convergence, deux couples oculaires ayant des lignes de base
différentes mais fixant le même point auront même convergence en angle métrique
alors que la rotation des yeux par rapport à la position primaire aura été différente
(chaque œil du couple oculaire ayant la plus petite ligne de base tourne d’un plus petit
angle). Une mesure de la convergence dans cette unité ne peut donc permettre de
comparer deux couples différents.
· La convergence peut aussi s’exprimer en dioptries prismatiques (D)
Pour fixer le point M, à partir de la position primaire de regard, chaque œil a tourné
d'un angle C'. L'angle C entre les deux lignes de regard est le double de cet angle. On
démontre que :
©Paul JEAN
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C (D) = QD QG .C(a.m.)
Q D QG en centimètres
1.2 Liaison normale accommodation convergence
On nomme demande du couple oculaire pour un point de fixation donné, l'ensemble des
deux valeurs Anec et Cnec représentant l'accommodation et la convergence que le couple doit
théoriquement mettre en jeu pour voir simple et net.
On peut montrer que pour un couple emmétrope ou parfaitement compensé, cette liaison
se traduit par la relation:
Anec (d) = Cnec (a.m.)
On dit dans ce cas que la liaison accommodation convergence est normale.
A (d)
LNAC
C (a.m.)
Quand on fait varier la position du point de fixation, la demande va varier et on peut la
représenter sur le diagramme (A,C). Cette droite est purement théorique, car nous avons
raisonné sur le stimulus d'accommodation. En fait le couple oculaire mettra en jeu une
accommodation qui peut être légèrement différente de l'accommodation nécessaire. La
convergence mise en jeu est égale à la convergence nécessaire avec une très bonne précision car
le système visuel est très sensible à la diplopie. Cette droite ne constitue qu'une référence et
non pas un comportement physiologique normal.
1.3 Cas d’un amétrope isométrope non compensé
Cas de l'hypérope
Nous prenons le cas d'un hypérope, non compensé, de réfraction axiale principale R dont le
parcours d'accommodation inclut la VL et la VP (40 cm). En vision de loin, la convergence
nécessaire est toujours nulle mais il doit accommoder de Anec = R pour voir net. En vision de près,
la convergence nécessaire est de 2,5 a.m et l'accommodation de 2,5 d + R. La liaison
accommodation convergence pour cet hypérope va donc se trouver au dessus de la droite de
LNAC.
A(d)
Hyp.
LNAC
Myope
C(a.m.)
Cas du myope
Dans son parcours d'accommodation, pour un point de fixation donné, l'accommodation
nécessaire est inférieure à celle de l'emmétrope de la valeur absolue de sa réfraction. Par contre
la convergence nécessaire reste identique. La liaison accommodation convergence pour ce myope
se trouve donc au dessous de la droite de LNAC.
©Paul JEAN
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Vous avez tous vu un myope passer de la lecture avec lunettes (LNAC) à la lecture sans
lunettes. Il n’a pas de problème ni dans un cas ni dans l’autre cela montre la souplesse de cette
liaison accommodation convergence (certains auteurs ayant même proposé de la renommer
synergie accommodation convergence car le terme liaison laissait sous entendre quelque chose de
beaucoup plus rigide que la réalité).
1.4 Etude de la liaison
Je me limiterai à vous indiquer la méthode :
· On peut pour une convergence donnée (point de fixation donné) modifier la demande
en accommodation en plaçant devant les yeux des sphères positives ou négatives.
· On peut pour une accommodation donnée (texte placé à une distance fixée) modifier
la demande en convergence en plaçant devant le couple oculaire des prismes base
interne ou base externe.
A partir de ces études, on peut déterminer une zone du diagramme A,C correspondant à une
vision simple et nette.
Vous vous demandez sans doute quel est l’intérêt de cette étude. Ce diagramme est utilisé
pour proposer des solutions à des personnes souffrant d’une hétérophorie gênante. Ceci sort un
peu du cadre du métier d’opticien et correspond plus à celui d’orthoptiste.
2 Implications dans le métier d’opticien
La demande en accommodation va dépendre de la compensation que l’on a prescrite au sujet.
Un sujet portant une compensation trop concave (myope surcompensé) ou pas assez convexe
(hypérope sous compensé) va devoir plus accommoder qu’avec sa compensation parfaite. Il mettra
donc en jeu une convergence accommodative plus grande. Cette augmentation de la convergence
accommodative peut permettre dans certains cas de résoudre un problème d’exophorie gênante.
Ce n’est bien sur pas le rôle de l’opticien de prescrire cette modification de sphère mais si vous
rencontrez un cas de sous compensation chez un hypérope ou de surcompensation chez un myope,
il faut toujours être prudent avant d’affirmer que la compensation ne convient pas.
Vous avez peut-être rencontré aussi des ordonnances où sont prescrits des doubles foyers ou
des progressifs pour des sujets jeunes (non pseudophaques). Là encore, le praticien qui a prescrit
cette compensation utilise la liaison accommodation convergence pour résoudre un problème
moteur. Il s’agit le plus souvent de sujets ayant une forte ésophorie en vision de près. En
diminuant la demande en accommodation en vision de près, on diminue la convergence
accommodative ce qui peut résoudre le problème.
3 Retour sur la convergence
Pour une bonne vision binoculaire, il faut que les lignes du regard soient dirigées avec une très
grande précision vers le point de convergence. Nous avons vu la complexité de ce mécanisme (6
paires de muscles commandés par trois paires de nerfs crâniens).
Parmi les composantes intervenant dans la convergence nous n’avons étudié que :
· la convergence fusionnelle qui permet de passer de la position passive à la position
active
· la convergence accommodative : composante réflexe de l’accommodation lorsque
l’accommodation est stimulée.
Ce sont ces composantes qui nous paraissent essentielles pour la pratique de l’opticien.
©Paul JEAN