Diable d`homme - Journal
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Journal-essentiel > Articles > Diable d’homme Expo Diable d’homme lundi 13 novembre 2006 Le 25 septembre 2006, des inconnus ont lancé des cocktails Molotov sur la façade du Musée de la photographie, à Charleroi. Une grande affiche qui présente l’exposition du photographe japonais Araki a été abîmée. Elle représente une Japonaise nue, le sexe caché de plumes, les bras gantés et les jambes gainées de bas noirs. Cette affiche était la cause de l’agression. Photo : Araki Cet acte de violence fait penser au Tartuffe, un personnage hypocrite du théâtre de Molière, au 17e siècle. Tartuffe se présente comme très moral. Dans la pièce, il dit à une servante qui a trop large décolleté : " Cachez ce sein que je ne saurais voir ". Mais il n’hésite pas à harceler sexuellement la femme de son bienfaiteur. Y aurait-il encore des Tartuffes aujourd’hui ? L’affiche artistique d’une femme nue choque plus que les photographies d’enfants atrocement mutilés par des mines anti-personnelles présentées par le Musée. Et que les violences réelles faites aux hommes et aux femmes de notre monde. Nous vivons une époque formidable... Un personnage L’exposition Araki célèbre les quarante ans de carrière de Nobuyoshi Araki. Né en 1940, Araki est le photographe vivant le plus connu au Japon. Il est très connu dans son pays pour son apparence et pour son franc-parler. Il est très controversé à cause de ses photos qui traitent de façon directe des tabous tabous choses dont il est interdit de parler comme le sexe et la mort. En 1970, par exemple, il fait scandale avec une série d’images de sexes féminins en gros plan. En 1971, il publie un journal intime photographique de son voyage de noces. Pour Araki, la photographie est " l’obscénité par excellence, un acte d’amour furtif, une histoire, un roman à la première personne ". Il dit : " mes photos c’est mon journal, un point c’est tout. Et toute photo n’est rien d’autre que la représentation d’un jour unique. Et ce jour unique contient à la fois le passé et la projection de l’avenir. (... ) C’est finalement l’appareil photo qui me sert de mémoire". Les sujets préférés d’Araki : des portraits, des paysages urbains urbains de la ville , des fleurs, des nus érotiques et des comptes rendus détaillés de sa propre vie. A la vie, à la mort L’exposition présentée au Musée de la Photographie s’appelle " A la vie, à la mort ". Elle offre une vue d’ensemble de la carrière d’Araki, avec 4 000 images, du début des années 1960 à aujourd’hui. Pour Araki, la photographie a commencé comme un journal visuel. Araki photographie " presque autant qu’il ne respire ". "La photographie est la vie.", dit-il. Mais cette vie qu’il photographie coule sans s’arrêter... Et c’est la mort qui est au bout. Si le sexe est très présent dans les photos d’Araki, la mort elle aussi est partout. Le plus émouvant est la série de photos sur la maladie de sa femme. Elle mourra d’un cancer, à 42 ans, en janvier 1990. Le genre genre le masculin et le féminin de photos qu’on n’oublie pas. "Prendre des photos endort la douleur. Quand elle est morte, il n’y avait rien d’autre à faire pour moi, sinon photographier." Et la photographie est aussi une tentative de retenir cette vie qui s’en va. Mais " on ne peut pas ficeler les âmes. Elles sont intouchables", dit Araki. Est-ce pour cela qu’il entoure les corps de liens ? Lydia Magnoni Musée de la Photographie Avenue Paul Pastur 11 6032 MONT-SUR-MARCHIENNE 071/43 58 10 Jusqu’au 14 janvier 2007 www.museephoto.be Le Musée est ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h (fermé les lundis, 25/12 et 1/1)