innovations en start-up

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innovations en start-up
Le Dauphiné Libéré
Mercredi 10 juillet 2013 page 3
LE FAIT DU JOUR
Cinq
marchés pour Minalogic
TRANSFERT TECHNOLOGIQUE
n À propos de transfert
technologique, Minalogic, pôle
de compétitivité pour les
micro-nanotechnologies
associant grands groupes et
PME, centres de recherche et
de formation, État et
collectivités territoriales, vient
d’annoncer à Grenoble ses
orientations stratégiques.Elles
visent au développement de
SATT
Améliorer le transfert technologique
n Dans le cadre du Programme
des investissements d’avenir
(PIA), au sein de l’action
“Valorisation” 900 M€ ont été
dédiés à la création de sociétés
d’accélération du transfert de
technologie (SATT), dont une
part importante est consacrée
à la maturation et à la preuve
de concept. Les SATT (comme
celle qui se monte à Grenoble)
ont vocation à regrouper
l’ensemble des équipes de
solutions numériques
associant étroitement matériel
et logiciel, et répondant aux
besoins de marchés applicatifs
stratégiques : santé
(eSanté/MedTech), énergie,
transports, nomadisme,
télécommunications, imagerie
numérique, où le rôle de la
microélectronique et du logiciel
est devenu incontournable.
valorisation des sites
universitaires et à mettre fin au
morcellement des structures.
Les objectifs sont d’améliorer
l’efficacité du transfert de
technologies et la valeur
économique créée, de
professionnaliser la valorisation
de la recherche et de renforcer
les compétences. Les SATT
apportent leurs compétences
et leurs moyens dans le
processus de maturation et le
transfert de technologies.
En valorisant l’innovation de la
recherche publique par la
gestion et l’exploitation des
portefeuilles de titres de
propriété intellectuelle
(revenus et cessions de
licences) et la création
d‘entreprises, les SATT
favorisent la création d’emplois
et de richesse, et participent à
augmenter la compétitivité des
entreprises françaises.
VIENT DE RETENIR DOUZE PROJETS PORTÉS PAR L’INCUBATEUR GRENOBLOIS GRAIN
innovations en start-up
Geneviève FIORASO
Ministre de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche
Le monde scientifique
l’attendait.Avec
impatience. Start-up
prometteuse, abritée par
l’incubateur grenoblois
Grain, Cellipse est
née.Sur la base d’une
molécule anticancéreuse
nommée “Liminib” et
portée par Laurence
Lafanechère et Renaud
Prudent, chercheurs à
l’Institut AlbertBonniot/CNRS.Objectif :
ouvrir la voie à de
nouveaux médicaments.
« La “Vallée de la mort” doit
devenir un passage de “vie” »
Le concours d’aide à la création d’entreprises de
technologies innovantes fête ses 15 ans. Quel bilan,
quelles améliorations envisagez-vous ?
n
« Seul dispositif de soutien à la création d’entreprises
intervenant en subventions et sans conditions de fonds
propres, ce concours constitue un dispositif unique d’aide à
la création d’entreprises innovantes. Près de 2 500
entreprises de technologies innovantes ont été créées
depuis sa création par le ministère de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche, avec Oseo et la CDC.
Je souhaite renforcer l’accompagnement des lauréats et la
croissance des entreprises innovantes pour devenir les ETI
(Établissements de taille intermédiaire) dont la France
manque. Nous allons développer la mise en réseau des
lauréats pour favoriser les échanges d’expériences entre
créateurs et entrepreneurs confirmés, offrir à l’université
des formations à l’entreprenariat, valoriser
l’entrepreneuriat étudiant, avec un statut “étudiant
entrepreneur”. »
L
auréate du réseau Entreprendre Isère, promotion 2012, récompensée par le cancéropôle Clara, et, récemment,
“Oseo CréaDev” (catégorie
création-développement),
dans le cadre du concours
national d’aide à la création
d’entreprises innovantes,
voilà donc Cellipse, start-up
à peine éclose (officiellement, à la mi-mai), qui cumule les récompenses.
Abritée par l’incubateur
grenoblois Grain, la petite
structure s’appuie sur ses
trois animateurs : Laurence
Lafanechère, directeur de
recherche CNRS, biologiste
à l’institut Albert-Bonniot
(IAB), à l’origine de cette découverte avec son équipe, et
qui sera conseiller scientifique de la société ; Renaud
Prudent – docteur en chimie
et biologie, spécialiste des
kinases, qui sera le COO
(chief operating officer, directeur opérationnel) de Cellipse ; et Fabrice Paublant,
entrepreneur chef d’entreprise, diplômé de l’ESSEC et
du MIT, co-fondateur et exDG des Laboratoires Narval,
qui est le CEO (Chief executif officer, président) de Cellipse.
« Nous croyons que notre
molécule possède de bonnes
TROIS QUESTIONS À…
Comment remédier à l’éternel problème
du passage de l’invention à l’innovation ?
n
Laurence Lafanechère, avec Renaud Prudent (à sa droite) et Fabrice Paublant. « Nous nous entendons à merveille. » DR
chances de faire un médicament. Nous avons d’ailleurs
passé notre molécule à des
labos américains qui ont confirmé nos (bons) résultats. »
« Dans un premier temps,
au niveau académique,
j’avais obtenu une ANR
(Agence nationale de la recherche…) Emergence pour
valoriser. Nous nous sommes
alors rendus compte que
nous étions beaucoup trop
en amont pour intéresser
l’industrie pharmaceutique. Le processus de développement d’un médicament
est extrêmement risqué. Le
schéma actuel, pour les
pharmas, est une entrée
dans le projet après que la
preuve de concept ait été faite sur l’homme. Pas
avant. Nous nous sommes
décidés à monter une entreprise biotech. Il nous fallait
alors nous rallier une compétence business pour lever
des fonds privés. Un volet
important que nous ne possédions pas, tous les deux. »
« Nous avons
d’autres molécules
dans le “pipeline” »
« Il nous fallait un spécialiste des levées de fonds privés. Nous avons rencontré
Fabrice en décembre 2011.
Avec déjà une “success story” à son actif, il recherchait
un projet intéressant. Il nous
a rejoints. Et depuis, ça dépote ! Nous prenons un réel
plaisir à présenter notre projet à des investisseurs, à des
tutelles… Après avoir porté
ce projet durant des années,
j’éprouve un vrai bonheur à
le partager ».
Mais pourquoi donc “Cellipse” ? « Déjà parce que cela se prononce bien en anglais. Et puis “cell” c’est la
“cellule” en anglais. Enfin
“ellipse”, parce que la première molécule que nous
avons trouvée, est issue
d’une “ellipticine”, une molécule chimique. » Confidence : « Nous avons
d’autres molécules dans le
“pipeline” que le laboratoire
est en train de breveter. Toujours dans le même domaine. Très cytosquelette, très
signalisation, et cancer. »
« Quant à notre première
molécule, Liminib, nous terminons actuellement, avec la
société lyonnaise Edelris, la
preuve de concept d’efficacité thérapeutique. Nous sommes également accompagnés par Jean-Yves Blay au
Centre de recherche en cancérologie et Marc Billaud à
l’IAB, nos conseillers scientifiques ».
Une levée de fonds
en préparation
« Le prochain challenge
pour Cellipse, c’est une levée de fonds de plus d’un
million d’euros auprès de
fonds d’investissement pour
obtenir l’autorisation de lancer la première étude clinique à l’horizon 2015. L’objectif est une possibilité d’autorisation de mise sur le
marché vers 2020 ».
« La France est à la 6e place pour la recherche, mais au 25e
rang pour l’innovation. C’est donc bien la transformation de
l’invention du laboratoire en innovation industrielle ou de
services, donc en emplois, qui doit être améliorée : le
fameux passage appelé “vallée de la mort” doit devenir un
passage “de vie” vers l’entreprise.
C’est le sens du Plan transfert lancé fin 2012, des mesures
inscrites dans la loi qui vient d’être adoptée au Parlement,
pour améliorer l’accès aux brevets issus de recherches
ayant bénéficié de fonds publics, avec une priorité donnée
aux PME, aux ETI, et à l’exploitation des résultats en
Europe. Aujourd’hui, notre pays exporte trop de brevets au
lieu de les exploiter sur le territoire national. »
Sur 175 lauréats, 12 sont isérois. Peut-on parler
de “modèle grenoblois” ?
n
« À lui seul, l’incubateur Grain, qui préfigure la SATT à venir,
a bénéficié de 65 projets de créations développement et
54 projets en émergence lauréats du concours, avec de
belles “success stories” comme Proteïn’Expert, Movea,
Immun’Id, Apix… Cela illustre bien la force du “modèle
grenoblois”. Mais un modèle n’est jamais acquis. Et, dans la
compétition mondiale de l’économie de la connaissance,
tout compte : la qualité de la vie urbaine, l’accessibilité,
l’offre culturelle, sportive, éducative… Dans tous ces
domaines, il faut maintenir les exigences. C’est tout l’esprit
du Projet campus fortement soutenu par mon ministère
pour sa partie Presqu’île, comme pour le domaine
universitaire élargi au CHU et à l’Inria. »
Propos recueillis par O. P.
Olivier PENTIER
GIFT, la future SATT, visera les 400créations d’entreprise en dix ans
L
e projet grenoblois de SATT
(société d’accélération du
transfert de technologie) est
sur les rails. Et les bons, puisque son porte-parole, Gilles
Talbotier, directeur de l’incubateur Grain (Grenoble Alpes
Incubation), l’annonce comme
opérationnel pour novembre
prochain, après décision préalable du commissariat général
à l’investissement (CGI).
Cette SATT répondra au
nom de “Gift”, pour GrenobleAlpes Innovation Fast Track.
Elle sera axée sur la création
d’entreprises.
Gift sollicite au moins 57M€
de dotation du CGI, et verra
son financement également
porté par la Région Rhône-Alpes et par l’Europe, tout en
s’appuyant « sur les retours financiers des entreprises
créées ».
En ce sens, Gift appuiera son
action sur la prise de participation (10 % en moyenne) dans
les start-up, visant les 400 créations d’entreprises en dix ans.
Cette première phase captera près des deux tiers des dé-
penses de Gift.L’incubation en
elle-même passera de 18 à 12
mois.
« Le dispositif sera sous la
forme d’une entité bicéphale financière et opérationnelle :
une SAS pour investir dans la
phase de maturation, et une
association pour accompagner
les projets.»
Les 13 partenaires qui adhèrent au projet de SATT sont les
13 membres de Grain 2.Outre
la CDC (33 %), huit actionnaires se répartissent le capital :
Grenoble INP, l’université Joseph-Fourier, le CEA, le CNRS
et l’Inria (12,06 % chacun) ;
l’université de Savoie
(3,34 %) ; les universités Pierre-Mendès-France et Stendhal
(1,67 % chacune). Le CHU,
GEM/CCI Grenoble, l’Irstea,
l’ILL et l’ESRF seront membres.
Les structures Grain, Gravit
(Grenoble Alpes valorisation
innovation technologies) et Pétale (Pépinière technologique
alpine d’entreprises) vont se
fondre dans Gift.
O.P.
Grain : 155 sociétés créées
Grain est abritée dans la Petite Halle de Bouchayer-Viallet. Le DL
G
Gilles Talbotier, directeur de Grain, et porte-parole du SATT de Grenoble. Le DL
rain, soit “Grenoble Alpes Innovation”, a été
créé en 1999. En son sein,
155 sociétés ont été créées et
244 projets accueillis. « Ces
dernières années, précise
Gilles Talbotier, directeur,
ce sont surtout des projets
plus industriels et plus ambitieux qui se sont imposés,
en situation, pour beaucoup,
de devenir à terme, des ETI
(Établissements de taille intermédiaire) ».
Montée sous forme associative, cette structure a été
rejoint par Gravit, a évolué
en “Grain2”, réunissant la
maturation technologique et
l’incubation.
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