Le dressing- room - Clarence Edgard-Rosa
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Le dressing- room - Clarence Edgard-Rosa
Chiffons Chiffons Le dressingroom de la censure LES CHAUSSURES PLATES PAR CLARENCE EDGARD-ROSA LA JUPE LONGUE LE JEAN ET LE TEE-SHIRT Au lycée de Beaufort, en Caroline du Sud (États-Unis), une jeune fille s’est vue renvoyée chez elle à cause de sa jupe, 3 centimètres au-dessus du genou, considérée comme trop courte. Quant à cette lycéenne de Floride qui portait elle aussi une jupe trop courte, elle a été forcée de se pointer le lendemain dans une « tenue de la honte » : un pantalon de survêt et un large tee-shirt jaune fluo portant l’inscription « non-respect du code vestimentaire » dans une typo ambiance prison. En Algérie, une jeune femme a été exclue d’un examen pour les mêmes raisons. Des centaines d’Algériennes et d’Algériens ont alors partagé en soutien des photos de leurs gambettes nues sur les réseaux sociaux. En France, dans les Ardennes, une collégienne a été virée de cours, à deux reprises. Il a été reproché à sa jupe, jugée « trop longue » par la direction de son établissement, d’être un symbole religieux manifeste. En Inde, une dizaine de villages ont interdit aux femmes de porter des jeans et des tee-shirts. Au passage, elles n’ont plus le droit non plus d’avoir un téléphone portable, tout ça pouvant « augmenter le taux de criminalité », vous comprenez. LA JUPE TOUT COURT LA ROBE 40 Causette # 64 Au Royaume-Uni, la directrice d’un collège a tout bonnement interdit les jupes dans son établissement, pour ne pas « perturber » les garçons et les professeurs hommes. « Ce n’est pas agréable pour le contingent masculin de l’équipe pédagogique, ni pour les collégiens d’ailleurs, qui sont très gênés quand les filles doivent monter les escaliers ou bien s’asseoir », a-t-elle déclaré. © PETER DAZELEY/GETTY IMAGES LA JUPE COURTE © SHUTTERSTOCK X 6 - PLAINPICTURE/MIRA Avant de dire adieu à 2015, souvenons-nous de tous les vêtements qui ont été interdits aux femmes ces douze derniers mois. Indice : à part peut-être la combinaison de ski (et encore), ils ne sont pas nombreux à avoir résisté aux censeurs de tous poils (et très mal habillés). Oui, dans le monde entier, les femmes continuent d’être discriminées et sanctionnées pour ce qu’elles portent. Cela nous rappelle encore une fois que les « chiffons » n’ont rien de futile. Au Festival de Cannes, plusieurs femmes ont assuré qu’on leur avait refusé l’accès à une projection par le tapis rouge parce qu’elles ne portaient pas de talons hauts. Aucun règlement ne fait pourtant mention d’une quelconque obligation de talons hauts lors de cette manifestation. Pour le bal de promo du lycée de Shelton, dans le Connecticut (États-Unis), un « comité consultatif » s’est réuni pour définir quelles robes répondraient aux critères de « classe et dignité ». Résultat : les robes dos nu ou fendues ont été proscrites. Dans les collèges de Tacoma, dans l’État de Washington (toujours outreAtlantique), ce sont les robes sans bretelles qui ne sont pas autorisées, de même que les robes et les jupes audessus du genou ainsi que les vêtements ne cachant pas les épaules. Enfin, au lycée de Dayton, dans l’Idaho, une étudiante a été renvoyée chez elle pour avoir porté une robe ne correspondant pas aux « standards » de son établissement. LE VOILE En Égypte, où de nombreuses jeunes femmes ont déclaré ne pas avoir été autorisées à entrer en classe parce qu’elles portaient le hijab, le ministre de l’Éducation a soutenu qu’aucune législation n’interdisait ce vêtement dans les enceintes scolaires. À Paris, au lendemain des attentats de novembre, une femme s’est vu refuser l’accès à un magasin Zara parce qu’elle portait le hijab (rappelons qu’en France « seul » le port du voile intégral est interdit dans l’espace public). LE SHORT En Israël, des écoles laïques ont interdit le port du short pour les filles, « nécessité de préserver [les gambettes féminines] des regards masculins » oblige. Pour celles qui oseraient se rendre en cours (même de sport) en short, l’interdiction de passer les examens et la confiscation du téléphone portable sont désormais de mise. LE SMOKING Dans un lycée de Louisiane (États-Unis), une jeune fille s’est vu interdire le port d’un smoking pour le bal de fin d’année. Sa mère a déclaré que le proviseur lui avait expliqué que « les filles portent des robes et les garçons des costumes, c’est comme ça et pas autrement ». 41 Causette # 64 LA TOTALE Au Qatar, la loi n’impose pas de tenue vestimentaire aux femmes, mais une campagne d’État leur a récemment demandé d’éviter toute tenue vestimentaire qui ne les couvrirait pas des épaules aux genoux, les vêtements près du corps ou non opaques étant fortement déconseillés également. « Nous ne voulons pas que nos enfants soient exposés ou influencés par ces tenues », précise le gouvernement, faisant référence aux modes occidentales. 2