Connais tout toi-même
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Connais tout toi-même
PLANIFICATION INTERNATIONALE MICHEL MAILLOUX Connais tout toi-même e vieux dicton «Connais-toi toimême» s’applique toujours dans notre vie quotidienne d’entrepreneur. Pour ceux qui travaillent dans les métiers financiers, ce dicton a pris un sens différent depuis quelque temps. On doit maintenant bien connaître son client. Ce qui revient à dire «Connais tout toi-même»! Cette exigence est depuis longtemps bien connue dans le milieu financier. Bien connaître le client est la base essentielle pour lui tailler des solutions sur mesure en fonction de ses connaissances, de ses besoins et de son degré d’acceptation du risque. L La connaissance du client – de tous les clients – est un élément dont on entend beaucoup parler. Les normes sont connues et trop souvent appliquées de manière non rigoureuse. La connaissance personnelle du client ne suffit plus. En cas de problème, vous devrez établir que vous avez pris toutes les précautions nécessaires associées au niveau «naturel» de risque. À la base, nous parlons d’une preuve d’adresse et d’un document officiel avec photo (comme le permis de conduire). Dans les cas plus complexes, nous devons exiger copie du passeport et d’une lettre de référence bancaire. PHOTO : SONIA JAM En cas de problème,vous devrez établir que vous avez pris toutes les précautions nécessaires associées au niveau «naturel» de risque. Nous avions soulevé, il y a quelques mois, l’importance des nouvelles normes de conformité canadiennes1 dans un contexte de placement international. Ces normes de connaissance sont tout autant valables pour tous nos autres clients! Que devons-nous connaître exactement? On peut résumer les nouvelles démarches nécessaires par ce nouveau dicton. Trois grands aspects doivent être examinés dans la relation avec notre client : la connaissance de celui-ci, la légitimité de son patrimoine ainsi que la pertinence transactionnelle. La légitimité patrimoniale est l’enfant pauvre de la connaissance, son talon d’Achille. On ne doit jamais oublier que la dernière étape dans un processus de blanchiment de capitaux est la réintroduction légale dans le système des sommes qui ont été blanchies. Un bilan bien présenté puis la liquidation ou le transfert de certains éléments d’actif pourraient être utilisés. Questionnez votre client sur la provenance de chacun des éléments patrimoniaux qui sortent de l’ordinaire. Si certains de ces éléments se situent à l’étranger, prenez plus de préOBJECTIF CONSEILLER 38 cautions. En cas de doute, posez franchement les questions. Et, si le doute persiste, abstenez-vous. Vous aurez peut-être perdu un client… mais évité beaucoup d’ennuis. Enfin, la pertinence transactionnelle est le dernier élément important. Lorsqu’un client initie une transaction inhabituelle, demandez-lui de la justifier par écrit. Conservez cette pièce, elle est partie intégrante d’un processus normal. Si vous avez des doutes au sujet de cette procédure, tentez l’expérience dans les grandes institutions! Vous vous ferez poser la question. Second point : vous êtes un expert dans votre domaine. Alors, si vous ne comprenez pas les tenants et les aboutissants d’une transaction, ne la faites pas! Comme vous pouvez le constater, la vigilance demeure de rigueur dans tous les cas. Si vous n’appliquez pas de normes de conformité, ou encore si vous les appliquez de manière irrégulière, vous augmentez vos risques professionnels. Pourquoi prendre de tels risques? Questionner votre client démontre votre professionnalisme et vous procure de nouvelles occasions d’affaires. En effet, en connaissant mieux sa situation, vous améliorez votre vision de ses besoins. Et connaître ses besoins, c’est la clef d’une relation fructueuse à long terme. Michel Mailloux, MBA, est président de Mayhews et associés. On peut lui écrire à [email protected]. 1. Objectif Conseiller, février 2003.