Dossier Pédagogique - HEP

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Pédagogique
Les caisses à outils de Jean
Dossier pédagogique
- SOMMAIRE - Mais laissons Jean Tinguely parler de son œuvre p. 2
- Quelques mots sur Jean Tinguely (1925-1991)
- Contenu de l’exposition
« Les enfants réagissent mieux. Ils ne sont pas
contractés, ils n’ont pas de préjugés, ne savent pas ce que c’est l’art. Ils voient un rouge, ils disent
: « c’est rouge ». Ils voient une roue, c’est une roue … C’est très simple avec eux, l’approche
se fait plus facilement … C’est mon public préféré. »
Jean Tinguely, par P-A. Boutanget et J.-D.Bonan,
émission « Océanique », FR3, diffusée le18 janvier
1989
Les caisses à outils de Jean Tinguely
Le nouveau réalisme, l’art cinétique, le dadaïsme, l’art brut, tous ces courants que l’œuvre de
Tinguely traverse dialoguent bien avec le jeune public. Les enfants l’expriment avec leurs mots,
par exemple c’est « rigolo ». Même pour des pièces terrifiantes, les enfants sont plus sensibles
aux anachronismes évoqués qu’à la mise en scène de la mort.
Les enfants abordent les œuvres de Tinguely, comme un jeu. Mais que l’on ne se trompe pas :
pour eux, jouer est une affaire tout à fait sérieuse.
Jean Tinguely a redonné du sens aux déchets de notre société de consommation, souvent en
s’amusant de leurs significations premières.
Les enfants eux, s’amusent beaucoup avec ces mêmes déchets (un morceau de bois, une boîte
de conserve, etc.). Leurs assemblages deviennent des constructions grandioses dans leurs
esprits (baguettes magiques, armes).
Il y a une véritable rencontre créative entre les enfants et Jean Tinguely.
Mais laissons Jean Tinguely parler de son œuvre
Tiré de Cnac-Magazine, janvier 1989
Cette ferraille, vous l’utilisez parce que vous l’aimez ?
Non… J’utilise la ferraille parce qu’elle ne coûte rien. Cette société en fabrique en quantité
invraisemblable. On la jette comme on jette tout. On en a des quantités démentielles. Alors je
m’adapte …
La ferraille c’est simple, ça me permet des assemblages rapides par la soudure électrique. Le côté
« objet trouvé » de mon travail exige que je ne sois pas encombré avec une technologie qui me
dépasse. Je suis à la hauteur de ce que je fais …
C’est pourquoi vous n’utilisez pas d’ordinateur ?
Seulement si c’était un ordinateur qui tombe en panne tout de suite. Mais j’aime bien l’odeur
des ordinateurs, ils sentent bon quand ils ont la bonne température.
Pourquoi vous construisez des machines inutiles ?
La machine est infernale; la production tous azimuts, totale et folle peut avoir des conséquences
terribles pour la terre. Mais je ne suis pas en mesure de faire un commentaire là- dessus. Je peux
juste exprimer un peu d’ironie, faire des farces, jouer un mauvais tour à la machine. Je m’amuse
avec elle, j’en fais ce que je veux. J’introduis des blagues, de l’inexactitude, de la non-productivité.
Dans mes machines il y a une gratuité et une ironie parfaite, ce qui n’est pas permis à une machine
produisant vingt-cinq mille yogourts à l’heure.
Vous venez d’un pays qui est un symbole de paix et vous, vous êtes un peu féroce et
brutal ?
Je crois que les Suisses sont féroces en eux-mêmes. Féroces, mais frustrés ; alors on les prend
pour des gentils. Les temps modernes aidant, ils deviennent évidemment aussi de gentils
employés. Et disons que dans la majorité c’est un peuple relativement civilisé. Si vous croyez que
je suis un peu sauvage, c’est sans doute à cause de mes machines qui donnent cette impression.
Mais je ne suis pas super-féroce-sauvage.
Vous avez un certain goût du carnaval ?
Le carnaval c’est pas suisse, c’est Bâle. La notion de Suisse c’est trop grand pour moi. Parce qu’il
y a tellement de Suisses différents. En Suisse, nous sommes très diversifiés. Moi je suis Bâlois
et Fribourgeois. Pour moi un gars de Genève c’est comme un indien d’Amérique.
Parmi vos œuvres, quelle est celle que vous préférez ?
Hommage à New York (une œuvre qui s’est autodétruite).
Parce qu’elle n’existe plus, elle est idéalisable. On ne peut pas spéculer sur elle.
Quelle est l’œuvre dont vous rêveriez si vous aviez des moyens illimités ?
Illimités, je les ai toujours eus. Je ne me suis jamais senti limité.
Quelques mots sur Jean Tinguely (1925-1991)
Jean Tinguely est né le 22 mai 1925 à Fribourg, en Suisse. Il est le fils unique de Charles
Célestin (1893-1970), un père à forte personnalité et autoritaire, et de Jeanne Louise (18991980) une femme séduisante et empreinte de finesse. Son père est ouvrier et sa mère était
domestique avant de se marier. En 1928, la famille s’installe à Bâle. Jean parle français à la maison
et allemand à l’extérieur ainsi qu’à l’école.
Très tôt et en réaction à l’ambiance autoritaire qui règne à la maison, Jean délaisse l’école et
préfère vagabonder par les rues. Vers l’âge de 12-13 ans, il trouve fréquemment refuge dans
des bois aux environs de Bâle, où il s’adonne à la lecture et au bricolage de roues en bois qu’il
fait tourner grâce au courant d’un ruisseau. Jean aime la qualité sonore de la forêt car les sapins
y forment une sorte de cathédrale. Ses installations auraient dû être fragiles mais fonctionnent
parfois durant des mois.
En 1939 les troupes de Mussolini occupent l’Albanie et Jean cherche à rejoindre ce pays pour
participer à la lutte antifasciste. Il est arrêté par la police à la frontière italienne.
En 1941, il commence un apprentissage de décorateur. Mis à la porte pour indiscipline chronique,
il poursuit à l’Ecole d’Arts appliqués de Bâle. Il y rencontre Eva Maria Aeppli qui deviendra sa
femme en 1951, après la naissance de leur fille Myriam.
En 1956, il rencontre Niki de Saint Phalle avec qui il va vivre dès 1960 et se remarier en 1971. Elle
apporte son imaginaire fertile et son goût de la couleur. Ils installeront leurs sculptures dans des
fontaines, des jardins et dans les plus grands musées du monde.
Jean dessine aussi des costumes pour le carnaval de Bâle auquel il aime participer avec ses amis
musiciens. Jean réalise aussi des peintures mais il n’arrive pas à achever son travail, à dire :
voilà c’est terminé. Il va jusqu’à user la toile, le mouvement s’est donc imposé à lui ! Il lui associe
de plus en plus d’effets d’optiques, de bruits, d’ombres et de lumières. Jean n’a jamais été
mécanicien ou technicien. Aux yeux des spécialistes ses machines étaient construites de
manière « lamentables ». Cependant, il possédait le don infaillible de détourner des objets familiers
de leur sens et de leur quotidien. En effet, il recycle les objets les plus insolites : entonnoirs,
poêles, chaussures, vieilles roues de vélo, radios et même un piano qu’il transforme en machines
farfelues (Eureka, Le Cyclop, Hannibal, Méta-mécaniques, etc.).
1973 est l’année de la naissance de Milan, son deuxième enfant, fils de Micheline Gygax.
Jean est un passionné de courses automobiles et de grande vitesse et en 1984 il offre à la ville de
Fribourg une fontaine dédiée au nom de Jo Siffert, son ami pilote décédé au volant lors d’une
compétition.
En 1986, alors qu’il a 61 ans, Jean frôle la mort suite à de graves problèmes cardiaques. Ses
installations sont alors plus sombres et on y voit des crânes de vaches, des mâchoires de chien
ou encore des carcasses de machines brûlées.
Il achète en 1988 une ancienne fabrique de Verrerie à Fribourg où il crée le Torpedo Institut, un
anti-musée où le public peut découvrir ses œuvres et celles de ses amis.
Jean meurt en 1991 d’une attaque cérébrale avant la naissance de son troisième enfant Jean
Sébastien, fils de Milena Palakarkina.
Contenu des « Caisses à outils de Jean Tinguely »
La tête à Tinguely :
Manipulation : Les enfants doivent faire correspondre certains éléments de
sa biographie avec l’image adéquate (plaques aimantées à déplacer).
Les lumières des copains de Jean :
Manipulation : Jean a collaboré avec différents amis artistes. En reliant les
œuvres avec les amis de Jean les enfants découvriront ses collaborations.
Quand l’œuvre correspond avec l’artiste, des ampoules de couleurs
s’allument sur un luminaire à la manière de Jean Tinguely.
Ça balance pour Jean, 1991 :
Manipulation : Jean aimait associer un mouvement de balancement à ses
œuvres. On retrouve ici une reproduction photographique d’une de ses
œuvres face au principe de la bascule décomposé qui sera actionné par les
enfants.
Jean le magicien, 1955 :
Manipulation : Comme Jean Tinguely fait disparaître le sac à main de sa
maman. Les enfants vont faire apparaître une forme en faisant tourner
rapidement un fil de fer sur lui-même.
Jean’eau :
Manipulation : Jean aimait beaucoup l’eau en mouvement. Ici, il faut relier
les fontaines avec les noms justes. Quand c’est le cas les enfants verront un
élément de la fontaine de Bâle se mettre en route.
(Réponses ; de gauche à droite : Jo Siffert, Bâle, Stravinski)
Jean de la couleur, 1987 :
Manipulation : Il s’agit de reconstituer un puzzle aimanté de l’œuvre.
Jean et le hasard :
Manipulation : Jean utilisait différentes roues… Des 3 systèmes de
transmission lequel n’a pas été utilisé par Jean Tinguely ? Les roues dentées
qui étaient pour Jean beaucoup trop prévisibles. Les enfants mettent euxmêmes en route une machine aux engrenages imprévisibles.
La nature de Jean :
Manipulation : Le thème de la mort habitait beaucoup l’œuvre de Tinguely.
Dans cette manipulation les enfants redonnent vie à une fourrure et un crâne.
Jean réinvente la roue :
Manipulation : Les enfants doivent recomposer un mouvement souvent
utilisé par Jean Tinguely. Il faut suivre les 4 étapes du plan de montage avec
les 3 pièces à disposition pour retrouver le principe de la bascule utilisé par
Tinguely
Un après-midi avec Jean, 1937-39 :
Manipulation : Visionnez le petit film puis manipulez le mécanisme
présentant les moulins construits par Jean Tinguely enfant.
Jean, dessine-moi une œuvre, 1959 :
Manipulation : Cette machine dessine toute seule. Il suffit de placer une
feuille blanche, de choisir un feutre et de tourner la manivelle dans un sens
puis dans l’autre.
Jean recto…, 1954 :
Manipulation : Jean Tinguely animait ses tableaux. Il est question ici de
composer le tableau animé situé à droite en plaçant ou déplaçant les formes
blanches, puis de les animer en tournant la manivelle dans un sens puis dans
l’autre.
…Jean verso…, 1956 :
Manipulation : Cette caisse est la deuxième partie de la précédente et il s’agit
de voir l’envers du tableau. En effet, les enfants se trouvent derrière le tableau
et ont la possibilité de modifier le chemin de la courroie d’entraînement des
pièces du tableau.
Jean se déguise, 1988 :
Manipulation : Jean Tinguely réalisait des costumes pour le carnaval de Bâle.
Ici, les enfants ont l’occasion de se déguiser à la manière de Jean Tinguely,
puis de défiler au son de la musique du carnaval.
À l’ombre de Jean, 1985 :
Manipulation : Jean installait parfois des projecteurs dans ses œuvres. Les
enfants vont jouer avec la projection de l’ombre d’un tout petit canard qui va
devenir monstrueux.
Jean s’explose, 1962
Manipulation : Tinguely a fabriqué plusieurs œuvres «autodestructrices».
Les enfants construisent une œuvre à l’aide des boîtes de conserves, puis la
détruisent avec fracas en tirant sur la poignée.
Allô, allô Jean, quelles nouvelles ? 1962 :
Manipulation : Ici les enfants peuvent s’enregistrer, puis diffuser leur voix
dans une radio démantibulée. Pour l’enregistrement appuyez (et gardez
appuyé) le bouton vert. La durée de l’enregistrement est au maximum de 20
secondes. Pour la diffusion appuyez sur le bouton rouge.
Le film
Projection de 3 œuvres monumentales (le cyclope, la fontaine de Bâle, la
fontaine Stravinsky, durée 10mn).
Dossier pédagogique disponible sous http://www.hep-bejune.ch/la-hep-bejune/evenements/les-caisses-a-outils-dejean-tinguely