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Semprún – Fiche élève
Semprún
Niveau des élèves : B2
Âge des élèves : grands adolescents et adultes
Durée de la séquence : 3 heures minimun
Auteurs
Christine Comiti
Maxime Hunerblaes
[email protected]
[email protected]
Thème et objectifs
Présentation succincte : Cette activité a pour objet de mieux connaître
l’écrivain espagnol Jorge Semprún, homme politique et intellectuel engagé,
écrivain tardif (il a commencé à écrire à 40 ans), hispanophone mais ayant choisi
le français comme langue d’écriture pour l’essentiel de son œuvre littéraire.
Quelques mois après sa mort (il est décédé en juin 2011), un hommage lui est
rendu à l’IFV (dernier trimestre 2011) où l’on peut découvrir son travail en tant
que scénariste auprès de réalisateurs tels qu’Alain Resnais, Costa-Gavras, Joseph
Losey, etc.
Documents de travail :
Extrait de Adieu, vive clarté de Jorge Semprún, édition Folio (pp. 65-66)
Objectifs socio-culturels :
- analyser un récit selon des axes précis.
- raconter une expérience douloureuse.
- Comprendre la situation d’un étranger exilé.
Compétences communicatives / fonctionnelles :
- se situer dans les temps du récit pour en comprendre les nuances
- réagir à un récit littéraire et faire part de son point de vue sur la manière dont
un personnage est dépeint.
Compétences langagières :
- compréhension écrite
- interaction orale
- production écrite (écrire un récit autobiographique au passé)
Objectifs linguistiques :
- valeurs des temps du passé dans un récit. (passé composé, imparfait, plusque-parfait, passé simple)
- Valeur du conditionnel passé (repérer le temps, son emploi et sa signification)
- Lexique de la déception (Pour ce point, un travail d’approfondissement peut
être fait par l’enseignant).
Fiche partagée sous licence libre - http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr
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En réalité, j'aurais pu demeurer le reste de l'après-midi figé sur place, à
murmurer des vers des Fleurs du mal comme un demeuré, donc. Des pigeons
piégés par mon immobilité de statue seraient venus se poser sur mon épaule, y
déposer leurs fientes. Vers le soir, une passante, apitoyée par ma solitude, par
mes vêtements détrempés et souillés, inquiète et à la fois charmée de me voir
proférer interminablement des alexandrins, d'une voix de plus en plus éteinte,
brisée, m'aurait recueilli chez elle, dans un appartement plein de fleurs, d'odeurs
légères et de divans profonds.
Quelques minutes plus tôt, ce jeudi après-midi, j'étais entré dans une
boulangerie qui se trouvait alors au point d'oblique convergence des rues Racine
et de l'Ecole-de-Médecine. J'y avais demandé un croissant, ou un petit pain, je
ne sais plus quelle minime nourriture terrestre. Mais la timidité, d'un côté (qui
m'a été naturelle, parfois paralysante, que seules la volonté, l'expérience et
l'apparat de la reconnaissance sociale m'ont permis de dissimuler, sinon de
vaincre totalement, et qui m'a laissé des traces phobiques : l'horreur du
téléphone, par exemple, la difficulté d'entrer tout seul dans un lieu public), et,
d'un autre côté, mon accent, qui était alors exécrable j'ai déjà dit que le français
était pour moi presque exclusivement une langue écrite ont fait que la
boulangère n'a pas compris ma demande. Que j'ai réitérée, de façon encore plus
balbutiante, probablement, en sorte qu'elle fut encore moins compréhensible.
Alors, toisant le maigre adolescent que j'étais, avec l'arrogance des
boutiquiers et la xénophobie douce comme on dit d'une folie inoffensive qui est
l'apanage de tant de bons Français, la boulangère invectiva à travers moi les
étrangers, les Espagnols en particulier, rouges de surcroît, qui envahissaient
pour lors la France et ne savaient même pas s'exprimer. C’est probablement à
cette époque, durant ces premières semaines d’exil (…) dans la tristesse du
déracinement, la perte de tous les repères habituels (langue, mœurs, vie
familiale), qu’est née ou qu’a cristallisé la fatigue de vivre qui m’habite depuis
lors, comme une gangrène lumineuse, une présence aiguë de néant.
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Extrait de Adieu, vive clarté de Jorge Semprún, édition Folio (pp. 65-66)
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Semprún – Fiche élève
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Activité 1 : comprendre de manière globale le récit
Consigne : Prenez connaissance du texte. Repérez les éléments qui
correspondent aux paramètres ci-dessous et appuyez- vous systématiquement
sur le texte pour justifier vos réponses :
- Qui sont les personnages de ce récit ?
- Où l’action se déroule-t-elle ?
- Quand l’action a-t-elle lieu? (moment de l’anecdote et période historique)
- Que se passe-t-il ?
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Activité 2 : déduire le sens en contexte des termes lexicaux
Consigne : relisez le texte et associez chaque mot en gras au synonyme qui lui
correspond.
Figé (l. 1)
Demeuré (l. 2)
Fientes (l. 3)
Apitoyée (l. 4)
Détrempés (l. 4)
Souillés (l. 4)
Charmée (l. 5)
Proférer (l. 5)
Brisée (l. 6)
Apparat (l. 12)
Exécrable (l. 15)
Toiser (l. 19)
Apanage (l. 20)
Invectiver (l. 21)
Déracinement (l. 31)
Repères (l. 31)
Mœurs (l. 31)
Néant (l. 34)
Insulter
Sales
Privilège
Examiner avec dédain
Faste
Vide
Usages
Excréments
Abominable
Fatiguée
Imbécile
Émue
Séduite
Prononcer avec force
Exil
Références
Mouillés
Immobile
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Activité 3 : analyser de manière détaillée le récit
1. Le portrait d’un adolescent
Voici une série d’adjectifs :
sensible – coléreux – arrogant – peureux – solitaire – timide – romantique –
politisé – cultivé – accablé.
Vous sélectionnerez ceux qui correspondent au portrait de l’adolescent et vous
justifierez votre choix en vous appuyant sur les éléments contenus dans le texte.
Vous direz quels sont les sentiments que vous inspire ce portrait.
2. Le comportement de la boulangère, une incarnation de la
xénophobie
Montrez comment se manifeste graduellement chez la boulangère la
xénophobie ; pour cela, vous vous attacherez à caractériser son comportement à
l’égard du jeune homme et vous analyserez ses propos.
3. Point de vue du narrateur et récit autobiographique
- Quel regard le narrateur porte-t-il sur l’adolescent qu’il a été ?
- Repérez les éléments implicites que Semprún livre sur l’adulte qu’il est devenu
et qui constituent un portrait en creux de ce grand intellectuel.
- Relevez les temps des verbes ainsi que les indicateurs temporels. Quel est le
rôle de ces temps et de ces marqueurs de temps ?
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Activité 4: produire le récit d’une expérience douloureuse au passé
Consigne : vous avez vécu une expérience douloureuse.
- Situation 1 : vous avez mené un projet important dans votre entreprise.
Alors que vous pensiez que vous seriez nommé(e) responsable de la mise
en œuvre de ce projet, vous apprenez que c’est votre collègue qui dirigera
finalement ce projet. Vous vivez cette situation comme une trahison.
- Situation 2 : vous êtes amoureux/-se d’une personne qui ne le sait pas
et vous avez décidé de lui faire part de vos sentiments à son égard.
Seulement, cette personne ne partage pas vos sentiments et vous le dis
de manière cruelle.
Choisissez la situation qui vous inspire le plus et racontez cette expérience
à la manière de Semprún : dans une première partie, vous évoquerez
votre désarroi en imaginant une situation qui aurait pu vous permettre de
supporter l’expérience douloureuse que vous venez de vivre et dans un
deuxième temps, vous raconterez ce moment douloureux que vous avez
vécu. (250 mots).
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