Bases anatomiques de l`infiltration du nerf sinu
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Bases anatomiques de l`infiltration du nerf sinu
UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES M.S.B.M MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE 2001-2002 UNIVERSITE DE NANTES Bases anatomiques de l’infiltration du nerf sinu-vertébral de Luschka en L2 Par MAISSIAT Marc-Henri LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. J. LEBORGNE Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • Pr. O. ARMSTRONG Pr. P. COSTIOU Pr. D. CROCHET Pr. A. DE KERSAINT-GILLY Pr. B. DUPAS Pr. Y. HELOURY Pr. J.P. MOISAN Pr. N. PASSUTI Pr. R. ROBERT Pr. D. RODAT Remerciements A monsieur Le Professeur Roger ROBERT Pour m’avoir confié un sujet original et passionnant. Pour vos conseils, votre disponibilité et vos encouragements. Pour m’avoir fait partagé votre amour de l’anatomie et de la médecine. A monsieur Le Professeur Benoît DUPAS Pour votre concours à la réalisation de l’imagerie. A messieurs Nos Professeurs d’Anatomie Pour nous transmettre votre savoir et votre passion de cette discipline. A monsieur Le Docteur LANOISELE Pour votre accueil. A messieurs Stéphane LAGIER et Yvan BLIN Pour vos conseils, votre aide et votre humour. A ma sœur, Emmanuéle Pour tes conseils éclairés. 2 sommaire Introduction ……………………………………………….p.5 Chapitre I : Rappels anatomiques………………………..p.6 1. Le nerf sinu-vertébral a. Origine b. Trajet c. Terminaison 2. 3. 4. Les rameaux communicants La racine dorsale du nerf spinal innervation du rachis Chapitre II : Matériel et méthodes………………...……..p.11 A. Dissections 1. 2. matériel méthodes a. abord dorsal b. abord antéro-latéral B. Radiologie 1. 2. matériel méthodes a. radiographie standard b. scanner Chapitre III : Résultats……………………………………p.17 A. Dissections 1. 2. Le nerf sinu-vertébral Les rameaux communicants B. Radiologie 1. 2. Le nerf sinu-vertébral Les rameaux communicants 3 Chapitre IV : Applications cliniques…………………….p.27 1. les différents types de lombalgies a. les douleurs d'origine somatique b. les douleurs d'origine sympathique 2. traitement par infiltration des lombalgies chroniques a. résultats b. Où infiltrer Conclusion………………………………………...……….p.31 4 Introduction Le nerf sinu-vertébral décrit pour la première fois par Luschka en 1850 est un nerf à composante orthosympathique participant à l'innervation sensitive du rachis. Les structures qu'il innerve (ligament longitudinal dorsal, face ventrale de la dure-mère, disque intervertébral) et les caractéristiques des douleurs de certaines lombalgies ont suggérées que le nerf sinu-vertébral soit impliqué dans la transmission des douleurs lombaires. En effet les structures innervées possèdent des terminaisons libres qui sont des nocicepteurs dont la stimulation est douleureuse et les douleurs des lombalgies chroniques sont décrites comme étant en barre, diffuses, mal systématisées c'està-dire de type viscéral donc médiées par le système nerveux sympathique. Des traitements par infiltration foraminale du ganglion spinal L2 ont été commencés. Par l'étude anatomique de l'origine, du trajet, de la terminaison du nerf sinuvertébral et de sa position par rapport aux structures osseuses grâce à l'imagerie, nous nous proposons de montrer la pertinence de telles infiltrations et de proposer un autre point d’infiltration. 5 Chapitre I :Rappels anatomiques 1. le nerf sinu-vertébral Le nerf sinu-vertébral est un nerf sensitif. Il convient donc de décrire son parcours dans le sens des stimuli afférents, c'est-à-dire de son origine niveau des terminaisons nerveuses incluses dans les structures anatomiques innervées jusqu'au troncs nerveux où il se termine . a. Origine Le nerf sinu-vertébral naît au niveau du canal vertébral par une branche ascendante et une branche descendante. Ces branches innervent la face ventrale de la dure-mère pour Edgar et Nundy[2], Groen[3] et Raoul[10]. Elles innervent également le ligament longitudinal dorsal d'après Groen[3] et Raoul[10] d’une façon beaucoup plus riche. Enfin, elles innervent aussi le disque intervertébral et plus précisément l'annulus fibrosus dans sa partie postérieure. Il a été montré et histologiquement que ces trois structures : la face ventrale de la dure-mère, le ligament longitudinal dorsal et la partie postérieure de l'annulus fibrosus présentent des terminaisons libres qui sont des nocicepteurs donc ces structures anatomiques sont impliquées dans la transmission de la douleur. Ceci est confirmé par les travaux de Kuslich[5] et de Wiberg[13] qui ont montré le rôle du ligament longitudinal dorsal et de l'annulus fibrosus dans les douleurs d'origine lombaire. En effet ces douleurs sont reproduites en pinçant ces structures chez des patients sous anesthésie locale. 6 FIG. 1 :coupe passant par le foramen intervertébral dorsal 1) dure mère 2) espace sous archnoïdien 3) plexus veineux longitudinaux dorsaux 4) culs de sac arachnoïdien de la racine dorsale 5) culs de sac arachnoïdien de la racine ventrale 6) plexus veineux longitudinaux ventraux 7) filets dure-mériens du NSV 8) filets osseux du NSV 9) feuillet arachnoïdien 10) lame fibreuse péridurale 11) opercule fibreux du foramen intervertébral 12) branche dorsale du nerf rachidien 13) branche ventrale du nerf rachidien 14) racine spinale du NSV 15) racine sympathique du NSV 16) filets vasculaires du NSV 7 b. Trajet Le nerf sinu-vertébral à un trajet court et récurrent dans le foramen intervertébral. S. Raoul[10], dans sa thèse consacrée à son étude, reconnaît deux modes d'union des racines issues du rameau communicant et de la racine spinale ventrale, avec une union précoce des branches du nerf sinu-vertébral et une autre tardive. FIG. 2 :vue dorsale du trajet du nerf sinu-vertébral Il chemine ventralement par rapport au ganglion spinal avec un trajet oblique en haut et en dedans. Le nerf sinu-vertébral est en rapport avec les plexus vasculaires du foramen intervertébral. Il est enchevêtré avec les vaisseaux auxquels il donne plusieurs branches. c. Terminaison Pour la plupart des auteurs :Luschka[7], Hovelaque[4], Lazorthes[6], Raoul[9], la terminaison du nerf sinu-vertébral est double avec deux branches, l'une dans les rameaux communicants, l'autre dans la racine spinale ventrale. Seul Groen décrit une terminaison uniquement sympathique. Le nerf sinu-vertébral est présent à tous les niveaux lombaires mais il existe une différence entre le nombre des filets nerveux constituant chaque branche (sympathique ou ventrale) selon le niveau vertébral. 8 S. Raoul a montré qu'il existait une différence significative entre le nombre des filets nerveux en L2 par rapport à celui en L3, L4 et L5. Les branches terminales en L2 étant en moyenne au nombre de quatre contre deux pour les niveaux sousjacents. 2. les rameaux communicants Ils sont issus des ganglions sympathiques de la chaîne sympathique latérovertébrale et rejoignent le nerf spinal correspondant, avec un trajet ascendant, descendant ou transversal. Ils fournissent également une innervation au ligament longitudinal ventral comme l'ont montré Bogduk[1], pick et Sheelan[8], Groen[3] et Raoul[10] Il existe une différence de morphologie entre les niveaux L1 et L2 d'une part et les niveaux L3, L4 et L5 d'autre part. Les rameaux communicants étant nettement plus nombreux en L2 et l’innervation fournie au ligament longitudinal dorsal plus abondante. Ces fibres sympathiques sont essentiellement vasomotrices sudorales et pilomotrices et sont pour la plupart des fibres post-ganglionnaires mais de par leur diamètre (3 à 10 µm), il est probable que certaines transmettent des informations douloureuses. 3. la racine dorsale du nerf spinal La branche dorsale du nerf spinal naît en aval du ganglion spinal. Le tronc commun se divise en deux ou trois branches. La branche médiale descend dorsalement par rapport aux processus transverses et prend en charge l'innervation des processus articulaires. Les branches latérales de L1, L2 et L3 se terminent par de fines ramifications cutanées qui prennent en charge l’innervation des régions lombaire, inguinale et fessière alors que celles de L4 et L5 ne rejoignent jamais la peau. Il existe donc un trou d’innervation cutanée pour les niveaux lombaires bas, pris en charge par les branches dorsales des nerfs rachidiens sus-jacents[12]. Les douleurs des niveaux lombaires bas seront des douleurs projetées à proprement parlé car il n’existe pas d'innervation cutanée directe de cette zone. 9 4. innervation du rachis Deux systèmes innervent le rachis lombaire : • le systéme sympathique avec le nerf sinu-vertébral et les rameaux communicants. • le système somatique avec la branche dorsale du nerf spinal. Le premier système prend en charge l'innervation de la face ventrale de la duremère, du ligament longitudinal dorsal, la partie postérieure de l’annulus fibrosus et le ligament longitudinal ventral. La stimulation de ces structures algogènes provoque une douleur diffuse, mal systématisée ,en barre, de type viscéral. Le deuxième système prend en charge les processus articulaires, les structures musculaires et aponévrotiques et le revêtement cutané. Sa stimulation provoque une douleur aiguë, bien localisée. Racine spinale Chaîne sympathique Stimulation douloureuse transmise par le système sympathique jusqu’au ganglion spinal L2 →douleurs lombaires de type viscéral Branche dorsale de L2 prenant en charge les structures sousjacentes → douleurs lombaires de type somatique rameau communicant FIG. 3 : Innervation du rachis lombaire 10 Chapitre II :Matériel et méthodes A. dissections 1. matériel a. Sujets formolés (technique de Vinclair) n°1 : femme 86 ans n°2 : femme 84 ans n°3 : femme 68 ans b. Instruments manche de bistouri nº 4 et lames 23 manche de bistouri nº 3 et lames 15 pince à disséquer, ciseaux pince pour laminectomie rugine pince Gouge rongeur de Kerisson matériel de microscopie microscope optique Zeiss pince fine à griffes et sans griffe ciseaux de microscopie 2. méthodes a. Abord dorsal (sujet n°1) Le sujet est placé en décubitus ventral. On réalise une incision cutanée médiane de Th12 à S1 puis en rugine les muscles paravertébraux de façon à bien dégager les arcs postérieurs des vertèbres lombaires. Ensuite, on effectue une laminectomie élargie afin d'exposer les ganglions spinaux(cf FIG. 4). Les nerfs spinaux sont dégagés sur quelques centimètres à travers les muscles paravertébraux. 11 Le nerf spinal est ensuite sectionné en amont du ganglion spinal qui est alors doucement récliné latéralement et caudalement, ce qui permet d'accéder à la partie ventrale du foramen intervertébral. Le foramen est ensuite exploré au microscope (grossissement moyen) pour enlever méticuleusement le tissu cellulograisseux dans lequel chemine les fins filets nerveux constituant le nerf sinu-vertébral. Une fois repérés, les filets nerveux sont dégagés latéralement vers le ganglion spinal et médialement vers la dure-mère et le ligament longitudinal dorsal. Après avoir disséqué le nerf sinu-vertébral au niveau du foramen intervertébral, la dissection consiste à suivre latéralement et ventralement ses branches terminales pour arriver aux rameaux communicants au niveau de leur connexion avec la racine spinale. Le sujet dont les membres et la tête ont été amputés pour faciliter sa manipulation, est alors mis en décubitus latéral gauche pour disséquer les rameaux communicants depuis leur terminaison au niveau de la racine spinale et remonter jusqu'à la chaîne sympathique latéro-vertébrale droite. Cette dernière est alors disséquée sur la hauteur de deux vertèbres de part et d'autre du niveau vertébral étudié (L2). On a pris particulièrement soin de repérer et d'isoler chaque rameau communicant pour pouvoir les dénombrer. Pour les besoins du montage, les rameaux communicants ont été parfaitement dégagés et les tissus les entourant entièrement ôtés, tout en prenant bien soin de conserver leur position par rapport au corps vertébral. 12 haut droite 1 2 3 FIG. 4 : vue dorsale, ganglions spinaux exposés (sujet n°1) 1) fourreau dural 2) ganglion spinal L2 gauche 3) pédicule vertébral 13 b. Abord antéro-latéral (sujets 2 et 3) Le sujet est d'abord éviscéré après une incision cutanée et musculaire médiane de l’appendice xiphoïde jusqu'au pubis. On réalise à droite et à gauche des incisions transversales au niveau de l'appendice xiphoïde et des flancs puis on maintient écarté les volets ainsi constitués à l'aide de poids. Le sujet est mis en décubitus latéral gauche pour aborder la chaîne sympathique par la droite. Le péritoine pariétal postérieur est incisé puis on aborde le bord latéral de la veine cave inférieure pour repérer les ganglions sympathiques. Ces derniers sont disséqués sous microscope pour dégager la chaîne sympathique et les rameaux communicants qui y convergent. Les rameaux communicants repérés sont alors disséqués sous microscope avec grande précaution jusqu'à leur connexion avec le nerf spinal. Dans cet abord, le nerf sinu-vertébral n'a pas été disséqué à la fin de conserver l'intégrité de la vertèbre pour pouvoir réaliser ultérieurement de l'imagerie standard et scanographique. B. Radiologie 1. matériel a. Sujets formolés n°1 et 2 b. Instruments Fils métallique souple de 0,5 et 1 mm de diamètre Pince coupante Fils à suturer 6\0 monté sur aiguille courbe Porte-aiguille Appareil de radiographie standard Scanner 14 2. méthode Les éléments nerveux étudiés ne sont pas visibles sur des clichés standards ou sur des coupes scannographiques, il a donc fallu, pour étudier leur trajet en imagerie, les matérialiser avec un élément radio opaque. Deux procédés ont été envisagés : l'utilisation d'un fils de coton imbibé de baryte et l'utilisation de fils métallique souple. C'est ce dernier procédé qui a été mis en oeuvre. Tous les éléments nerveux ont été matérialisés par la même méthode. Celle-ci a consisté à unir le fils métallique et l'élément nerveux par du fils de suture. On a pris grand soin de suivre, avec le plus de précision possible, le trajet nerveux en façonnant à l'aide d'une pince la forme du morceau de fils métallique employé ou en moulant celui-ci sur les reliefs osseux du rachis. Pour respecter l'échelle, les chaînes sympathiques ont été matérialisées avec du fils métallique de 1 mm de diamètre et les rameaux communicants ainsi que le nerf sinu-vertébral par du fils métallique de 0,5 mm de diamètre. L'utilisation d'un fils de diamètre inférieur aurait excédé la capacité de résolution du scanner. Pour la réalisation des radiographies standards et des coupes scannographiques, n'a été conservée que la région anatomique étudiée : • sujet nº 1 : le rachis lombaire • sujet nº 2 : une portion de tronc de Th 4 à L5 Sur le sujet nº 2 dont le dos a été conservé par l’abord antéro-latéral, une aiguille de ponction a été positionnée au contact du fils métallique matérialisant le rameau communicant, grâce au scanner. a. Radiographie standard Chaque pièce a été prise selon une incidence de face et une incidence de profil. b. Scanner Il a été réalisé dans chaque pièce des coupes transversales millimétriques. Puis une reconstruction a été réalisée à partir de ses coupes. 15 Haut avant L2 matérialisation de la chaîne sympathique lombaire droite matérialisation du nerf sinuvertébral matérialisation des rameaux communicants FIG. 5 : vue postéro-latérale droite (sujet n°1) Haut avant L2 matérialisation des rameaux communicants Matérialisation de la chaîne sympathique lombaire droite FIG. 6 : Vue latérale droite (sujet n°2) 16 Chapitre III :Résultats 1. dissections Le but de cette dissection étant le repérage du nerf sinu-vertébral et des rameaux communicants en L2, on n’a pas essayé de disséquer toutes les branches d’origine ou terminales. a. Le nerf sinu-vertébral Nos dissections sont en accord avec la littérature. On retrouve une double terminaison sympathique à partir des rameaux communicants et somatique à partir de la base du ganglion spinal(cf FIG.8 et 9). Le nerf se situe ventralement par rapport au ganglion spinal, il est enfoui dans la profondeur du foramen intervertébral. Après avoir ôté le tissu cellulograisseux comblant le foramen et les plexus vasculaires, on constate effectivement que le trajet du nerf est oblique en haut et en dedans avec un cheminement au plus proche de l'os(cf FIG.7). On met également en évidence une origine par deux branches ascendantes et descendantes à partir du ligament longitudinal dorsal et la dure-mère. 17 Haut latéral 1 4 2 7 5 3 6 FIG. 7 : vue dorsale du foramen intervertébral 1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) pédicule de la vertèbre L2 nerf sinu-vertébral ligament longitudinal dorsal récliné racine d'origine sympathique du nerf sinu-vertébral ganglion spinal récliné racine d'origine somatique du nerf sinu-vertébral veine 18 FIG. 8 & 9 : Vues dorsales montrant l’origine du NSV 3 1 4 5 2 6 3 4 1 5 2 1) nerf sinu-vertébral 2) ganglion spinal récliné 3) rameaux communicants 4) branches sympathique du NSV 5) branches somatique du NSV 6) départ de la racine spinale 19 haut latéral 1 5 2 3 4 6 FIG.10 :vue dorsale du canal vertébral 1) dure-mère 2) canal vertébral 3) ligament longitudinal dorsal 4) branches terminales du NSV destinées au ligament longitudinal dorsal. 5) pédicule droit de la vertèbre lombaire L2 6) nerf sinu-vertébral 20 b. les rameaux communicants On a retrouvé au niveau de la vertèbre L2 trois rameaux communicants sur le sujet n°1 et deux rameaux sur le sujet nº 2. Sur le sujet nº 1, les rameaux communicants ont un trajet courbe à concavité inférieure depuis le tronc sympathique jusqu'à la racine spinale L2 qu'ils rejoignent en aval du ganglion spinal. Ils donnent des filets nerveux qui vont constituer la branche sympathique du nerf sinu-vertébral. Sur le sujet nº 2, l'un des rameaux communicants retrouvé a été lésé, l'autre a été suivi jusqu'à sa connexion avec la racine spinale L2. Son trajet est rectiligne et oblique vers l'arrière et vers le bas. 21 haut avant L2 4 5 6 1 2 3 FIG.11 :vue latérale droite du sujet n°1 1) 2) 3) 4) 5) 6) rameaux communicants ganglion spinal racine rachidienne L2 chaîne sympathique latérovertébrale droite veine artère 22 FIG.12 :Vue antéro-latérale sujet n°2 tronc sympathique lombaire droit ganglion sympathique L2 droit veine cave inférieure muscle psoas haut médial FIG.13 :Vue caudale et latérale sujet n°2 tronc sympathique lombaire droit rameau communicant racine rachidienne L2 haut latéral 23 haut latéral FIG.14 :Vue dorsale du foramen intervertébral de L2 pédicule tronc sympathique rameau communicant NSV FIG.15 : Visualisation du trajet global :NSV et rameau communicant sur la figure précédente 24 2. radiologie La matérialisation des éléments nerveux permet de mieux préciser leur trajet et leur position par rapport aux éléments osseux. a. le nerf sinu-vertébral L'imagerie confirme le trajet récurrent du nerf sinu-vertébral à travers le foramen intervertébral puis dans le canal vertébral. NSV canal vertébral rameaux communicants Corps vertébral de L2 tronc sympathique lombaire droit FIG.16 :coupe scannographique en L2.(sujet n°1) disque intervertébral L1-L2 tronc sympathique lombaire droit rameaux communicants NSV FIG.17 :radio standard de face (sujet n°1) 25 b. les rameaux communicants L'imagerie nous montre que les rameaux communicants cheminent au niveau du corps vertébral, pour le sujet nº 1 au niveau des deux tiers inférieurs du corps vertébral de L2, et pour le sujet nº 2, de façon oblique vers le bas et vers l'arrière. tronc sympathique lombaire droit vertèbre L2 rameaux communicants FIG.18 :radio de face sujet n°2 tronc sympathique lombaire droit Vertèbre L2 rameaux communicants NSV FIG.19 :radio de profil sujet n°1 Les reconstructions effectuées à partir des coupes scanographiques étaient trop artefactées pour être exploitables. 26 Chapitre IV :Applications cliniques Par les structures algogénes innervées : les ligaments longitudinaux dorsal et ventral, la face antérieure de la dure-mère, la partie postérieure de l’annulus fibrosus, le nerf sinu-vertébral et plus généralement le système orthosympathique sont impliqués dans la transmission des douleurs lombaires. Il faut cependant différencier les différents types de douleurs lombaires qui ne relèvent pas toutes de la stimulation des mêmes structures et par conséquent pas du même traitement. 1. Les différents types de lombalgies La dualité d’innervation du rachis lombaire par le système somatique et le système sympathique donne lieu à la description de deux types de lombalgies selon le système mis en jeu. a. Les douleurs d'origine somatique Ces douleurs sont aiguës, bien localisées (point de départ précis). Elles réalisent un facet syndrom. Cette douleur est médiée par la racine dorsale du nerf spinal qui prend en charge les processus articulaires vertébraux. La douleur étant d'origine articulaire, le traitement réalisé est une filtration articulaire accompagnée éventuellement d'une rhizolyse. b. Les douleurs d'origine sympathique Ces douleurs sont chroniques, diffuses, en barre, mal systématisées, de type viscéral ou discogénique et concernent toute la région lombo-fessière. Ce type de douleur est à rapprocher, par ses caractéristiques, de la douleur thoracique diffuse de l'infarctus du myocarde ou de la douleur de l'hypochondre droit avec irradiations scapulaires de la colique hépatique. L’afférence douloureuse emprunte les nerfs sinu-vertébraux, rejoint le tronc sympathique par les rameaux communicants, remonte jusqu'au ganglion sympathique L2 puis gagne le ganglion spinal L2 par l'intermédiaire des rameaux communicants du niveau L2(cf I.4 & FIG 3). A partir du ganglion spinal L2, l'influx douloureux entre dans la corne dorsale de la moëlle spinale puis remonte vers les centres nerveux supra-médullaires (thalamus, formation réticulée) et pourra éventuellement être porté à la conscience. 27 Le traitement actuel consiste en une infiltration au point de convergence des influx douloureux à savoir le ganglion spinal L2. 2. traitement par infiltration des lombalgies chroniques a. résultats Une équipe japonaise a réalisé sur 30 patients des infiltrations au niveau du ganglion spinal L2, obtenant de bons résultats avec une amélioration des patients atteints de lombalgies chroniques[9]. Une analyse portant sur une courte série de 24 patients traités par infiltration (14 hommes et 10 femmes) a été réalisée par le docteur Lanoiselé à l'hôpital Maubreuil avec un suivi sur 6 mois. Les patients ont été classés selon leur type de douleur en trois catégories : • douleur en barre de toute la région lombo-fessière avec peu ou pas de points douloureux → 16 malades • douleur postérieure à type de facet syndrom → 6 malades • douleur intervertébrale aiguë.(DIVA). → 2 malades Les résultats Ils ont été évalués sur l’EVA et la reprise d'activité fonctionnelle, professionnelle ou de vie quotidienne. résultats douleurs en barre Facet syndrom DIVA total très bon bon mauvais total 10 1 0 11 6 2 0 8 0 3 2 5 16 6 2 24 Ces résultats montrent que sur 19 résultats très bons et bons, 16 proviennent des patients ayant des douleurs de type viscéral alors que pour les patients ayant plutôt des douleurs de types somatiques, l’efficacité du traitement est nettement moindre. Ces deux études tendent donc à montrer la pertinence de l'infiltration du ganglion spinal L2 pour les patients souffrants de douleur de type viscéral donc d’origine sympathique. 28 b. Où infiltrer ? La convergence des influx nerveux douloureux au niveau du ganglion spinal L2 justifie que l’infiltration soit réalisée à son niveau et les études cliniques réalisées tendent à le confirmer. Actuellement, l’infiltration réalisée est une infiltration foraminale qui consiste à injecter à la partie externe du foramen intervertébral deux doses de produits anesthésiants, l’une légèrement au-dessus, l'autre légèrement en dessous après un repérage radiographique par deux clichés d’incidences orthogonales et un suivi sous amplificateur de brillance. Il pourrait être envisagé, d'après notre étude anatomique, d'infiltrer les patients au niveau de la face latérale du corps vertébral de L2. En effet, puisque les messages douloureux remontent jusqu'au ganglion sympathique L2 et qu'ils sont ensuite transmis au ganglion spinal L2 par les rameaux communicants qui cheminent le long du corps vertébral, une infiltration à ce niveau interromprai la transmission du message douloureux. L'étude anatomique de la région montre que le ganglion spinal est relativement difficile d'accès pour les produits anesthésiants alors que les rameaux communicants semblent plus accessibles. Une infiltration visant à interrompre la transmission du message douloureux au niveau des rameaux communicants en L2 doit couvrir au minimum les deux tiers inférieurs du corps vertébral et il semble, du fait des trajets et de la multiplicité des rameaux communicants à cet endroit, qu'il serait recommandé que l'infiltration concerne le corps vertébral sur toute sa hauteur. On peut également, dans la même optique, réaliser une lyse par thermo-coagulation des rameaux communicants, toujours de niveau L2. Mais la zone tissulaire détruite par une telle intervention est conséquente (0.5 cm3), il convient donc de réfléchir à d'éventuelles lésions vasculaires risquant entraîner une ischémie médullaire. 29 haut post. FIG.20 :Méthode d’infiltration actuelle : Infiltration du ganglion spinal L2 haut post. FIG.21 :Méthode proposée : Infiltration ou lyse des rameaux communicants postérieur aiguille droite rameau communicant matérialisé FIG.22 :Infiltration des rameaux communicants (scanner, sujet n°2) 30 Conclusion Le nerf sinu-vertébral innerve le ligament longitudinal dorsal, la face ventrale de la dure-mère, la partie postérieure de l’annulus fibrosus. Il a un trajet court et récurrent dans le foramen intervertébral. Il se termine par deux branches :l’une sympathique réalisant une connexion avec les rameaux communicants, l'autre somatique réalisant une connexion avec la racine spinale ventrale. Les rameaux communicants jouent un rôle essentiel dans la transmission des messages douloureux puisqu’ils permettent, dans un premier temps, la remontée de l'information depuis les niveaux lombaires bas, via la chaîne sympathique, au ganglion sympathique L2 puis dans un deuxième temps, la transmission de la nerveux entre les ganglions sympathique et spinal en L2. Il faut distinguer les deux grandes catégories de lombalgies : celles d’origine somatique donnant des douleurs localisées (facet syndrom) et celles d'origine sympathique donnant des douleurs diffuses, en barre, mal localisées. L'étude anatomique et les résultats cliniques montrent que les infiltrations sont utiles. À côté de l'infiltration foraminale du ganglion spinal L2, on peut également envisager une infiltration ou une thermo-coagulation des rameaux communicants reliants le ganglion sympathique L2 et le ganglion spinal L2 à la partie latérale du corps vertébral. Ces premiers résultats demandent à être confirmés par des études cliniques portant sur un grand nombre de patients. Le développement des produits infiltrés est également une voie de recherche. 31 Bibliographie [1] Bogduk N. et coll., The nerve supply to the human lumbar intervertebral discs, J. Anat., 132, 1981, 1, 39-56. [2] Edgard M.A., Nundy S. Innervation of the spinal dura mater.J.Neurol. 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