kohlhaas - Ville de Saint

Transcription

kohlhaas - Ville de Saint
COMME IL VOUS PLAIRA
et AGORA THEATER
présentent
KOHLHAAS
Adaptation libre d'après Heinrich von Kleist,
avec des poèmes de Erich Mühsam
Mise en scène : Claus Overkamp
Direction artistique : Kurt Pothen
avec Roger Hilgers, Eno Krojanker, Annika Serong,
Matthias Weiland, Marie-Joëlle Wolf
Création Agora Theater, le théâtre de la Communauté germanophone de la Belgique
en coproduction avec le Théâtre Marabu (Bonn-Allemagne), avec le soutien de :
Via 2018 Maastricht – Kandidaat Culturele Hoofdstad van Europa 2018,
du KULTURsekretariat NRW, de la ville de Bonn et du Land NRW.
Création décembre 2011 à St-Vith (en allemand) / en août 2012 au Festival de Huy (en français)
Drame effroyable, burlesque et musical sur le pouvoir,
l'absolutisme et la résistance. Pour tous, à partir de 13 ans.
DIFFUSION HORS BELGIQUE COMME IL VOUS PLAIRA
Tel : 01 43 43 55 58 | www.civp.net
Paul NEVO, administration : 06 62 15 55 58 | [email protected]
Sophie LAGRANGE, direction artistique : 06 60 06 55 58 | [email protected]
Une famille d'artistes voyage avec son théâtre ambulant à travers le pays. Ce sont des
saltimbanques, musiciens et chanteurs ambulants qui s’installent sur les places
publiques pour divertir les gens.
Ils racontent des histoires à faire frémir, s’adressant directement au public, sur un ton
simple, direct et effronté. Avec plein d'humour, de dérision et parfois de grotesque.
Aujourd'hui, c’est Kohlhaas qu’ils vont jouer pour nous : l'histoire d’un marchand de
chevaux qui possédait avec sa femme une ferme à Brandebourg et qui élevait ses cinq
enfants dans l'amour du travail et de la loyauté et dans la crainte de Dieu.
Jusqu'au jour où un petit incident a fait basculer sa vie et celle de beaucoup d'autres
et où son sens de la justice a fait de lui un hors-la-loi et un meurtrier. Où cet homme,
respectueux des lois et de l’ordre établi finira par déclencher une révolte sanguinaire
et incontrôlée.
Annika Serong, Roger Hilgers, Eno Krojanker
Presse à la création en Belgique
"Il y a des soirs où j'ai l'impression d'avoir fait le tour de la question en tant que spectateur. Il
en est d'autres au contraire où j'ai le sentiment de tout redécouvrir. C'est ce qui m'est arrivé
avec « A l'affiche : KOHLHAAS ». Construite sur un mode burlesque parfaitement maîtrisé, la
pièce use de toutes les ficelles pour prendre ses distances avec une histoire lamentable : un
prince qui abuse de son pouvoir pour mettre à mal l'univers d'un homme - Kohlhaas respectueux des lois et de l'ordre. Il finira par déclencher une révolte sanguinaire et incontrôlée.
Tout est rythmé, rien n'est gratuit. La dérision et l'ironie voilent un propos pourtant omniprésent
mais investi plutôt dans les signes qu'à travers les mots. Avec quelques scènes d'anthologie
comme le massacre tennistique des marionnettes, la panne de courant, le sacrifice de l'épouse
ou encore l'exécution finale. Du vrai théâtre où plaisir et intelligence font bon ménage." Emile
Lansman | 29.12.2011
« Car outre l'histoire déjà plaisante qui parle de pouvoir, de despotisme et de résistance, la mise
en scène est truffée d'idées originales qui s'enchainent pour former un tout inoubliable, sans
qu'on sache vraiment comment on est passé d'une chose à l'autre. [...] « A l'affiche :
KOHLHAAS » se joue des attentes du spectateur et les pousse à l'absurde : la pièce nous
ramène à la substance de Kleist. C'est d'une qualité et d'une actualité intemporelle. »
Ulrike Strauch, Bonner General-Anzeiger | 17.12.2011
« C'est le mélange explosif - un sérieux de pape allié à une drôlerie inouïe - avec lequel les
acteurs procèdent du début à la fin qui confère à la mise en scène une aura qui fascine par
l'aberration de la menace qui plane. On est amené à se poser la question de qui est dans son
bon droit ou même de qui, au sens propre du terme, exécute la justice. La nouvelle de Kleist se
voit ici transformée en un mélange déferlant et retentissant d'école gardienne et d'asile qui
rappelle parfois de façon inquiétante le monde réel. » SCHNÜSS, das Bonner Stadtmagazin
| Numéro 02/2012
« Un feu d'artifice d'idées pleines d'imagination, bien trouvées et parfaitement transposées, qui
ne laisse ni aux acteurs ni aux spectateurs ne serait-ce même qu'une seconde de répit jusqu'à la
fin. [...] Une pièce sublime, où le sous-titre « Un spectacle burlesque sur fond de pouvoir, de
despotisme et de résistance » est plus que justifié. [...] » Helmuth Hilgers, Grenz-Echo |
10.12.2011
« La coproduction entre le théâtre Marabu de Bonn et le théâtre Agora de St Vith, unis par un
lien étroit depuis de longues années, évolue de l'apparemment simple théâtre de foire vers une
pantalonnade aberrante sur le thème du despotisme et de la résistance. Le décor d'envergure
de Céline Leuchter et la musique insolite de Gerd Oly sont un plaisir en soi dans ce spectacle
très réussi « A l'affiche : KOHLHAAS ». Le metteur en scène Claus Overkamp prolonge ainsi
d'une manière artistique personnelle le style du fondateur de la troupe Agora Marcel Cremer,
décédé en 2009. » Kultur - das Magazin der Theatergemeinde Bonn | Numéro 02/2012
Presse tournée en France
KOHLHAAS
Adaptation libre d’après Heinrich Von Kleist, avec des poèmes d’Erich MUHSAM
Mise en scène : Claus OVERKAMP
Création AGORA THEATER au TARMAC 75020 PARIS
L’histoire de Kohlhaas, ce riche marchand de chevaux qui à la suite d’une injustice, lève une
armée de serfs et de mercenaires contre l’état de Saxe est absolument édifiante. Elle se déroule
dans un XVI siècle sans foi ni loi sous le règne du Prince de Saxe et l’influence d’un certain
Luther.
Le sentiment d’injustice peut aussi bien couler dans les veines d’un bourgeois que d’un paysan ou
un prolétaire. Sa réminiscence est universelle et les créatures qui ont combattu pour la justice sont
devenus des héros mythiques, qui fouettent l’imaginaire et l’inconscient collectif en s’adressant à
la conscience de tout homme, de tout individu. Edifiant mais possible qu’un homme armé de sa
seule conviction fasse trembler le pouvoir en place. Dans ce combat, il y laissera la vie comme
Jeanne d’Arc, Spartacus, Che Guevara et bien d’autres, mais il aura su cristalliser les efforts et la
flamme de ceux qui n’ont pas eu la parole, qui luttent au quotidien pour faire valoir leurs droits, au
bas de l’échelle. Car peut bien valoir la parole d’un individu isolé face au pouvoir en place.
Et voilà qu’une troupe de théâtre belge, l’AGORA THEATER s’empare de cette histoire fabuleuse
adaptée d’une nouvelle historique de KLEIST, une figure littéraire allemande, incontournable.
Toute histoire doit pouvoir être racontée pensent les comédiens. En l’occurrence, ils ne disposent
que de leurs hardes d’acteurs ambulants, de tours de cirque, d’instruments de musique,
hétéroclites, d’un théâtre de marionnettes. Mais ils sont en communication permanente avec le
public ; comme dans une foire ou un théâtre de rue, ils recrachent l’histoire de Kohlhaas avec la
même énergie que des cracheurs de feu. Et l’on assiste à une chevauchée onirique incroyable où
les acteurs prenant à bras le corps un drame historique lui offrent toute la démesure de leur
imagination faite de bric et de broc qui a toute la fraicheur, l’innocence de l’enfance. Vraiment
ahurissante, cette description de la guerre où l’on voit un tennisman alias Kohlhaas, frapper du
revers une multitude de marionnettes.
Dans ce jeu de massacre jubilatoire, les enfants sont invités à jeter des boules de papiers mâchés
sur la tronche des comédiens fardés et marionnettisés. Le décor fait apparaitre à la fois d’un côté
l’orchestre, de l’autre la loge des artistes et au centre le rideau rouge à glissières d’un théâtre de
guignol. Le metteur en scène semble refuser les frontières. C’est l’imagination qui prime, celle des
corps, qui libèrent une énergie si naturelle, que les clowneries et les jeux de masques, toujours
dans le champ de l’histoire, n’empêchent pas d’ouïr les accents de gravité du personnage de
Kohlhaas et son message de liberté.
Après avoir mimé et porté à la dérision, au burlesque, les situations de guerre et d’impostures, les
artistes conteurs et griots enfoirés donnent leurs voix à Kohlhaas, comme à un homme de notre
temps. De l’audace, toujours de l’audace avec le public, c’est la gageure de l’AGORA THEATER
qui réussit à faire sourire à la fois les enfants et les adultes. Comment ne pas tirer le chapeau à
cette compagnie, pour sa version complétement décoiffante du drame de KOHLHAAS, fraiche et
revigorante, époustouflante !
Paris, le 8 Mai 2014 Evelyne Trân sur Théâtre au vent
Dans un festival marqué par la lutte des intermittents, deux spectacles du Off qui compteront : «
Kohlhass », par l’Agora Theater, et « L’acteur loup », sur des textes d’André Benedetto, père fondateur
du Off, mis en scène par Michel Bruzat.
Comment lutter au mieux contre la convention Unedic restreignant les droits des intermittents ? Faut-il opter
pour la grève ou choisir d’autres modes d’action ? Telles sont les questions qui reviennent au quotidien chez les
artistes au cours de ce festival d’Avignon, pris dans l’engrenage des conséquences des décisions prises
conjointement par la Medef, la CFDT, et un gouvernement que l’on n’attendait pas à pareil rendez-vous.
Le samedi 12 a vu nombre de spectacles du In annulés, après une manifestation dans le centre ville et un vote
majoritaire, témoignant toutefois de la division inévitable. Certaines scènes du Off ont également tiré le rideau,
mais en nombre très restreints tant les compagnies qui se produisent à Avignon jouent leur peau sur ces
quelques jours décisifs. Mais à chaque fois, les artistes prennent soin de faire connaître aux spectateurs les
raisons d’une colère largement partagée.
A preuve la présentation de « Kohlhaas », adapté du « Marchand de chevaux » de Heinrich von Kleist, par
ailleurs auteur du « Prince de Hombourg », déprogrammé dans le In ce soir-là. Avant comme après le spectacle,
les artistes se sont associés au mouvement en annonçant que la recette du jour irait dans la caisse de solidarité
avec les grévistes.
Il ne pouvait en être autrement de la part de cette superbe troupe belge interprétant à sa manière (déjantée au
possible) une pièce qui est un hymne à la révolte, à l’éthique et au respect des engagements pris. Voici peu, le
cinéaste Arnaud des Pallières s’est inspiré de ce classique de la littérature allemande avec le film « Michael
Kohlhaas », du nom de ce marchand de chevaux du Brandebourg, plutôt calme et paisible, transformé en
Spartacus du jour où le seigneur des lieux, von Trotka, lui opposa son arbitraire pour une malheureuse histoire
de chevaux volés par ses serviteurs au pauvre Kohlhaas. Pour retrouver son bien et (surtout) son droit, ce dernier
fomentera une révolte d’où il sortira avec son honneur mais sans tête
A priori on est dans le fondamental, mais il en faudrait davantage pour impressionner la bande des cinq qui
composent l’Agora Theater. Son truc, c’est le détournement, le burlesque, le coq à l’âne, l’humour,
l’imagination, la provocation, la poésie et l’émotion. Avec trois bouts de ficelle, ils sont capables de transformer
une salle grande comme une cabine téléphonique en une annexe de château fort. On passe du rire aux larmes, de
l’émotion au gag, de la réflexion à la pochade. C’est Marx Brothers contre le seigneur de Saxe, ou Charlot dans
les temps anciens.
Bref,« Kohlhass » restera comme l’un des temps forts du Off 2014 et leur solidarité affichée, une fois le
spectacle terminé, n’en avait que plus de poids.
« Kohlhaas »
Jusqu’au 9 mai 14 au Tarmac, en tournée ensuite
Mikhaël Kohlhaas, le roman de Heinrich von Kleist, retrace la révolte d’un marchand de
chevaux, au XVIème siècle, contre l’arbitraire d’une société encore féodale. Sujet
brandebourgeois, il veut se rendre en Saxe pour vendre ses chevaux. Arrêté au passage sur les
terres du Junker Von Tronka, qui exige de lui un nouveau laissez-passer qu’il n’a pas, il doit
laisser en gage deux de ses plus beaux chevaux. Il découvrira qu’il s’est fait berner et ne
trouvera à son retour que deux pauvres haridelles, que l’on a utilisés jusqu’à épuisement
comme chevaux de trait. Cherchant à obtenir réparation auprès de la justice, Kohlhaas sera
sans cesse débouté, y compris auprès du Prince de Saxe, son adversaire bénéficiant de hautes
relations. Il perdra dans cette quête sa fortune et sa femme tuée en tentant d’intercéder. Il se
transforme alors en archange vengeur et entraîne derrière lui dans la révolte des villages
entiers, obligeant le Prince à chercher une solution. Ce sera l’amnistie pour les révoltés, la
chute de la famille Tronka, mais la condamnation à mort de Kohlhaas. Comme Kleist ne veut
pas finir sur l’image de cet homme enchaîné et condamné, il a imaginé un retournement qui
permet à Kohlhaas, face à la mort, d’affirmer sa liberté face au Prince.
Le Théâtre Agora de Saint Vith (Belgique) et le Théâtre Marabu de Bonn ont adapté ce roman
en « drame effroyable, burlesque et musical sur le pouvoir, l’absolutisme et la résistance pour
tous à partir de 15 ans » ainsi qu’ils l’annoncent, dans une ambiance de théâtre de foire. Les
spectateurs sont accueillis par des musiciens et des bateleurs qui vont leur raconter l’histoire.
On a des extraits du texte de Kleist et la conclusion revient au poète anarchiste Eric Müsahm.
Mais c’est une vision parodique et burlesque qui l’emporte sur la tragédie. Les acteurs
incarnent tous les personnages et sont interchangeables, ils jouent de la musique, chantent,
dansent et maintiennent un rythme endiablé. Il y a des trouvailles de mise en scène. Lancés du
sommet d’un castellet dressé sur scène pleuvent des marionnettes, figurant les gardes de
Tronka, que terrasse Kohlhaas tel un joueur de tennis frappant sur toutes les balles. Ce même
castellet devient lanterne magique, où l’on voit le château de Tronka s’enflammer ou encore
les Seigneurs tout-puissants discuter de la stratégie à adopter pour faire face à la révolte. Le
messager qui porte les requêtes de Kohlhaas, se déplace sur un monocycle affublé d’ailes
d’ange et ses requêtes finissent invariablement dans une broyeuse. Il se transforme en
immense archange blanc à l’apogée de la révolte du héros. Il y a même un jeu de massacre et
un faux incident technique.
La mise en scène de Claus Overkamp cherche à tenir l’équilibre entre la gravité du propos
politique et le désir de le rendre accessible aux jeunes, vivant et provocateur par une bonne
dose de dérision et d’ironie. Il n’y réussit pas toujours parfaitement, mais le résultat est
enlevé, insolite et stimulant.
Micheline Rousselet
Jeudi 8 mai à 14h30, vendredi 9 mai à 20h
Tarmac
159 avenue Gambetta, 75020 Paris
Réservations ([partenariat Réduc'snes->2644] tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur
réservation impérative) : 01 43 64 80 60
Le 13 mai à 20h30 et le 14 mai à 10h
Salle de Davignac à Tulle
Du 5 juillet au 27 juillet à 18h à L’Entrepôt
Festival Avignon off
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Un drame effroyable et burlesque sur le pouvoir et la résistance.
Vous avez peut-être vu le film « Kohlhaas », en 2013 ? Il s’agit bien de la même histoire, d’après
une nouvelle de von Kleist. Cette fois, elle nous est contée par une troupe de saltimbanques qui
passe de village en village avec son théâtre ambulant. Ce soir, à l’affiche donc, « Kohlhaas ». Ce
marchand de chevaux, marié et père de famille, est un jour racketté par le nouveau prince. Ses
requêtes en justice étant rejetées, il va la rendre lui-même, à la tête d’une armée de paysans. La
révolte sera sanguinaire.
Les comédiens, dont le visage blanc et les joues rouges ne laissent aucun doute sur leur mode
burlesque, sont aussi musiciens, chanteurs, marionnettistes. Quelle maîtrise et quel pouvoir de
suggestion ! On tremble, on se met en colère, on rit, on a peur… ils nous font vibrer (et
participer !) par des scènes d’une cruauté inouïe, avec les modestes moyens d’un théâtre de
foire. La mise en scène qui réserve bien des surprises, comme les comédiens de l’Agora Theater,
sont fantastiques. On en sort tout esbaudi…
Anne Camboulives – juillet 14
« Kohlhaas » à Tulle, en Belgique et au Festival off d’Avignon.
Heinrich von Kleist écrit juste après la Période du Premier romantisme (Frühromantik) allemand,
qui fut le moment le plus radical de ce mouvement littéraire. S’agissant d’un dépressif chronique
qui se suicide avec sa bien aimée, on comprend qu’il puisse voir la mort comme un moyen
d’accéder à un bien supérieur. Son épitaphe, tirée du Prince de Hombourg, - « Nun, o
Unsterblichkeit, bist du ganz mein (Maintenant, ô immortalité, tu es toute à moi) » - peut servir
de clef pour lire son roman Michael Kohlhaas.
Si la mort vue comme moyen pour accéder à la justice est une notion certes présente dans
l’adaptation – A l’affiche : Kohlhaas – qu’en fait (en français) la compagnie germanophone belge
Agora, cette dernière est plutôt centrée sur les notions d’abus de pouvoir et de révolte.
On le comprend facilement, cette interprétation étant destinée à un public à partir du collège. Du
coup, on se trouve face à un style léger, burlesque, clownesque, musical, ayant recours aussi
bien à la marionnette (dans un moment correspondant tout à fait à l’expression « être la
marionnette de quelqu’un »), qu’aux ombres chinoises, et qui ne recule pas devant quelques
scènes de prestidigitation. Cela ne signifie pas que la pièce soit en permanence légère : le viol et
la mort de la femme du marchand de chevaux font frémir, même si on est très loin du mime.
Ce style de jeu est là pour contrebalancer un message aussi réaliste qu’explicite sur l’absence de
loyauté des personnes qui ont le pouvoir et sur la sauvagerie de ceux qui se sont senti trop
longtemps floués à partir du moment où ils basculent du respect des lois vers le soulèvement
contre ceux qui les font tout en les transgressant.
Le travail de la compagnie Agora est spécifique en ceci qu’il se fait non pas devant mais avec le
public (une scène de jeu de massacre est là pour en témoigner), pour éveiller les consciences à
la politique sans s’inféoder à un parti. Surtout, il n’y a pas de limite
aux surprises qu’il ménage au spectateur ! Enfin, le rythme de la pièce est trépidant et sans
faiblesse. On est dans un théâtre au sens premier du terme : à la fois un divertissement et une
contestation, les deux étant traités avec un égal souci de qualité.
Pierre FRANCOIS - mai 14
En 1980, Marcel Cremer fonde l’Agora Théâtre, à Saint-Vith, en Belgique. Il va complètement
renouveler le théâtre dit « jeune public ».
« …Ce théâtre pour enfants qui dit qu’il faut être mignon, sucré, praliné et doux. Ce qui nous
intéresse c’est la vie, le monde. Il est faux de croire que les enfants ne s’inquiètent pas des
questions qui touchent les adultes ».
Il disait aussi : « Si quelqu’un va au théâtre dans l’espoir d’y retrouver du connu ou du ruminé, il
lui manque la condition la plus importante : la faim du nouveau, de l’inconnu, de l’étrange.
Certains auteurs et acteurs préfèrent vendre aux enfants des filets panés. Personnellement je
préfère leur présenter du poisson et leur expliquer comment on enlève les arêtes ».
Marcel Cremer a disparu en 2009 mais sa troupe continue et poursuit sa démarche. Leur dernière
création est « Kohlhaas ».
La pièce, tirée d’une nouvelle de Heinrich von Kleist, nous raconte « la tragique histoire au
XVIème siècle d’un maquignon devenu rebelle et meurtrier par amour des siens et de ses
chevaux, du droit et des libertés,… un spectacle burlesque sur fond de pouvoir, de despotisme et
de résistance ».
Une histoire dure et violente, voilà pour le fond. Avec un beau texte clair, précis, rigoureux. Une
histoire qui pourrait ressembler à mille autres déjà vues sur le sujet.
Voilà, au théâtre il y a aussi la forme. Et c’est elle qui imprime sa marque, qui fait qu’on peut
redécouvrir un texte qu’on connaissait, une œuvre déjà vue maintes fois.
Ici l’histoire est racontée par des comédiens, une famille d’artistes de tréteaux, et c’est leur vie
que nous partageons. On les voit s’installer, on est dans leur loge lorsqu’ils se changent. On
partage leurs problèmes, personnels ou professionnels. Et on assiste aussi à la représentation de
Kohlhaas, le spectacle qu’ils ont mis à l’affiche.
C’est imaginatif, inventif, audacieux en même temps que totalement maîtrisé, truffé de trouvailles
drôles ou impressionnantes, un feu d’artifice de scènes d’anthologie, de numéros de cirque, de
musique, de théâtre, de marionnettes ; c’est mené à cent à l’heure, ça fait participer le public,
c’est dramatique et joyeux, amusant et intelligent, comique et sérieux. On rit, on tremble, on est
ému – superbe idée d’avoir ajouté des poèmes de Eric Mühsam, magnifiques - . DU VRAI
SPECTACLE.
Les séances ont essentiellement un public scolaire et sont suivies de discussions entre les
comédiens et le public. Toute une réflexion intéressante en perspective à poursuivre ensuite avec
leurs enseignants. Ou avec les parents qui désireraient emmener leur progéniture. Sans oublier
un indispensable travail en amont pour pouvoir pleinement apprécier ce « drame effroyable,
burlesque et musical sur le pouvoir, l’absolutisme et la résistance ». A partir de 15 ans. Nicole
Bourbon – mai 14
Sur scène, au fond du plateau un rideau rouge, une piste de cirque, de chaque côté des tréteaux.
Les saltimbanques à l’aide de silhouettes et d’un théâtre d’ombres, de marionnettes, de musique,
nous content à leur manière la douloureuse histoire d’un homme bon et honnête que le destin va
cruellement frapper.
Sous les rires, les pitreries, on devine la douleur, l’ignominie, la bêtise. On ne lui rend pas justice,
on le méprise, on se moque de lui, sa chère épouse n’en survivra pas.
Kohlhaas va devenir justicier, loup parmi les loups. Face à tant de haine comment réagir, doit-on
faire justice soi-même ?
Et pourtant la magie du théâtre de foire opère à merveille, c’est drôle, burlesque, c’est déjanté et
surdimensionné et on y croit. Une compagnie à suivre sans modération !
Anne Delaleu – juillet 14
Le Marchand de chevaux, Michael Kohlhaas
roman de Heinrich von Kleist, 1805 (Flammarion)
Un simple marchand de chevaux aux prises avec l’arbitraire de la société féodale.
Ignoré de son vivant, Kleist conquit, après sa mort tragique à 34 ans, une audience
considérable. Ses œuvres, denses, succinctes, se composent de quelques tragédies et
nouvelles. Aux circonvolutions de Goethe, il préféra une prose rapide, sans détails
superflus, digne de l’homme d’action et de l’officier prussien qu’il avait été.
Dans Michael Kohlhaas, court roman historique situé au XVIe siècle, il retrace la lutte
inouïe d’un marchand de chevaux contre les institutions de ce temps. Kohlhaas, héros à
la limite de la folie, combat pour la Justice et menace, en quelques semaines, l’équilibre
politique et social de l’Electorat de Saxe tout entier. Sujet brandebourgeois - la future
Prusse – Michel Kohlhaas se rend en Saxe pour vendre quelques uns de ses plus beaux
chevaux. Arrêté à quelques verstes de la frontière entre les deux États par les barrières
d’une forteresse, on exige de lui le paiement de droits de douane. Kohlhaas, qui a déjà
franchi maintes fois la frontière, n’a jamais eu à payer quoi que ce soit pour cela. Le
ton monte rapidement avec les serviteurs du Seigneur von Tronka, propriétaire de
forteresse : le Seigneur lui-même finit par intervenir et confirme au marchand
l’existence de ces nouvelles lois. Dans le doute, l’édiction d’une nouvelle ordonnance
n’étant pas à exclure, Kohlhaas laisse en otage deux de ses plus beaux chevaux à
l’intendant du château.
A Dresde, les services du Prince lui confirment que von Tronka n’avait aucun droit pour
lui réclamer une taxe et que les chevaux, laissés en gage, lui reviennent sans
contrepartie. Revenu au château, armé de cette réponse, il exige la restitution de ses
animaux. Or, ceux-ci ont été maltraités par les serviteurs de von Tronka : en quelques
semaines, les superbes étalons, usés par les travaux de ferme, mal nourris, sont
devenus deux haridelles décharnées. Kohlhaas exige la remise sur pied des animaux,
qu’on lui refuse.
Le marchand entame alors des procédures auprès de la cour de Dresde. Les von
Tronka, très influents, opposent au souci de justice de Kohlhaas la toute la puissance
de leurs relations. Débouté plusieurs fois, de manière totalement inique, par les
magistrats puis les ministres du Prince, tous affiliés aux Tronka, présents aux plus
hauts sommets de l’État saxon, sa femme tuée par les gardes du roi, Kohlhaas se
métamorphose subitement. De simple bourgeois légaliste, convaincu de son bon droit,
il devient un justicier implacable. Il vend tous ses biens pour recruter quelques
mercenaires et attaque de nuit la forteresse des Tronka. Le Seigneur lui échappe mais
le château est rasé, les serviteurs exterminés.
Pourchassant sans relâche von Tronka, Kohlhaas remporte plusieurs succès inattendus
contre les forces de l’Etat. Métamorphosé en archange vengeur, il joue sur les tensions
sociales entre la noblesse et le peuple, arme des paysans et se proclame justicier de
Dieu.
L’État s’en vient rapidement à trembler sur ses bases. Pour le neutraliser, le Prince lui
envoie Martin Luther. Le prédicateur apaise Kohlhaas et lui transmet une promesse du
Prince : l’amnistie contre l’assurance d’un procès équitable. Kohlhaas, sur la foi de
cette garantie, rend les armes – peut-être un peu vite... Car les Tronka finissent par
obtenir son arrestation. Les arguties juridiques échangées entre le Prince de Saxe, celui
du Brandebourg et l’Empereur à son sujet débouchent finalement sur un procès rapide,
et sur sa condamnation.
L’idée de Justice dont se faisait fort Kohlhaas paraît alors vaincue, non par la loi, mais
par la puissance brute et effective des Tronka. Sa vengeance démesurée n’a-t-elle
servi à rien?
Mais les Tronka ont gagné en apparence seulement : certes, Kohlhaas est condamné
mais en réalité, cette victoire signe la fin de leur règne. Le Prince permet la
condamnation de Kohlhaas mais il démet les Tronka de leurs hautes fonctions. Ceux-ci
se sont en effet décrédibilisés : ils ont été vaincus militairement à plusieurs reprises par
un simple bourgeois et quelques paysans ; ils ont mis en danger l’Etat pour deux
chevaux, par une obstination coupable à défendre une cause stupide. Et dans l’ordre
féodal, cette défaite honteuse ne peut se racheter par une victoire juridique. Ils ont
perdu leur statut. Leur fonction de défenseurs du Prince n’est plus tenable.
Récit tragique, Michel Kohlhaas s’achève sur un superbe retournement de situation, en
une astuce romanesque un peu grossière : Kohlhaas a reçu d’une bohémienne un
papier sur lequel est inscrit l’avenir du Prince-Electeur de Saxe. Extrêmement
superstitieux, celui-ci tente par tous les moyens de récupérer ce document. Le jour de
son exécution, Kohlhaas se voit proposer un marché : il sera grâcié s’il livre le précieux
parchemin. Victime de l’arbitraire d’une société clanique, dans laquelle l’homme seul,
violent ou pacifique, n’a aucune chance de voir ses droits reconnus par le pouvoir,
Kohlhaas peut par un ultime retournement du destin sauver sa tête.
En défaisant les Tronka, même s’il le paie de sa vie, il détruit la position de cette famille
au sein de l’État saxon. Voilà déjà une première vengeance. Le Prince, qui a tout fait
pour le condamner est en position de faiblesse : son avenir est dans les mains d’un
homme qui, pour venger le vol de deux chevaux, a mis un pays entier à feu et à sang.
Roger Hilgers, Matthias Weiland, Eno Krojanker
Au jeu de la puissance brute, l’homme enchaîné et condamné paraît bien faible face au
pouvoir institutionnel princier. Mais en réalité, il garde, dans cette situation pénible
toute sa liberté : il peut se sauver, mais il peut également nuire gravement au Prince.
Kleist insère dans l’acte final de la tragédie un ingrédient inattendu. Dans les deux cas,
Kohlhaas serait vengé!
S’il livre le secret, il sortira libre de cette affaire et les Tronka auront perdu tout crédit
politique ; s’il ne le livre pas, il brisera les espoirs superstitieux du Prince en lui
démontrant qu’un simple individu peut tout face au pouvoir, à condition de ne pas tenir
à sa vie. Kohlhaas préfère avaler le papier, après l’avoir lu. Exécuté, il sort
paradoxalement vainqueur, par sa mort, de son combat justicier.
Kleist affirme la toute puissance de la liberté humaine face à la conjonction de
l’injustice, du pouvoir arbitraire et du destin. Kohlhaas aurait pu céder, renoncer, opter
pour l’apaisement. Il se fait archange vengeur, détruit la position de force des Tronka
et brise le superstitieux Prince Electeur en le frustrant de la maîtrise de sa destinée.
L’ordre paraît maintenu, mais au fond, il est brisé par l’idée de Justice portée par
Kohlhaas.. Le marchand est exécuté mais ses adversaires ont péri. L’ordre inique finit
puni et la cause du marchand a triomphé – même s’il l’a payé de sa vie.
De ce roman touffu d’Heinrich von Kleist, classique de la
littérature allemande, parcouru d’une tension extrême et
authentiquement révolutionnaire, le cinéaste français Armaud
des Pallières a tiré le film, Kohlhaas. Son héros légaliste et
insoumis est interprété par le comédien danois Mads
Mikkelsen, ex-ennemi de James Bond dans le film Casino
Royal. Ce film a été présenté au Festival de Cannes en 2013.
« C'est un grand film. Mais cela ne suffit pas, loin de là, à
en expliquer le succès. Sa sélection au Festival de Cannes ? Il
en est revenu bredouille. Des thèmes séduisants - révolte,
héroïsme, guerre, justice - sont au menu de cette histoire qui
raconte comment, au XVIe siècle, un marchand de chevaux
dans les Cévennes est victime d'une injustice, le poussant à
se venger ». Le Monde
« D’une beauté austère, d’une vraie noblesse cinématographique, le film a de quoi
séduire. Arnaud des Pallières s’inscrit dans la tradition du cinéma d’auteur qui aime le
dépouillement. Il plante solidement sa caméra dans la France rurale du XVIème siècle,
du côté des Cévennes. La nature et quelques vieilles pierres suffisent pour faire vivre
cette reconstitution, qui s’intéresse surtout aux visages, aux attitudes, aux mots…
Arnaud des Pallières dit avoir été bouleversé par le texte de Kleist, qu’il découvrit très
jeune… ».
Telerama
Eno Krojanker, Matthias Weiland
La voix des exécutés
Vous salue de ma tombe, oh vous mes meurtriers !
Je ne vous en veux pas de m'avoir condamné.
Tout un chacun travaille à défendre le droit
Qu'il estime être juste dans le monde d'ici-bas.
De vos aïeux chéris, vous croyez l'enseignement.
Le maître est le maître, le valet… un manant !
Etre maître est pour vous un honneur naturel,
Un privilège acquis pour des temps éternels.
Moi, je me suis placé du côté des plus faibles.
J'ai harangué le peuple afin qu'il se soulève,
Qu'il clame haut et fort ce nouveau paramètre :
Nous ne sommes pas valets, et vous n'êtes pas nos maîtres !
De votre noble clan, j'ai froissé la fierté.
Il me faut me soumettre, mon plan a échoué.
Mais je suis fier de moi car en le réveillant
J'ai ôté au bon peuple sa soumission d'enfant.
Je vous ai offensés. Vous vous êtes vengés.
Nous sommes, vous et moi, pleinement persuadés
De servir la bonne cause, celle qui de nous fera
Les héros de demain quand chacun comprendra.
Que mon sang sacrifié au nom de la justice
Puisse à jamais servir notre cause salutrice.
On verra qui du peuple ou des grands de ce monde
Aura le plus de poids à l'ultime décompte.
Erich Mühsam
Extrait de "Brennende Erde",
Poésie d'un combattant, mars 1919
Note d’intentions du metteur en scène, Claus Overkamp :
Au départ d’une nouvelle production, nous nous posons la question : « Quelles sont nos
préoccupations? Que se passe-t-il dans le monde actuellement ? Cette lutte de
Kohlhaas pour la justice a retenu notre attention. En lisant le roman de Kleist, nous
avons été frappés par l’actualité du propos et les questions qu'il soulève. Comment
réagir face aux injustices d'aujourd'hui? Par quels moyens sont autorisés?
Dans l’œuvre de Kleist, ce n'est pas le Michael Kohlhaas historique qui nous a intéressé,
mais le Michael Kohlhaas en nous-mêmes que nous assimilons au sens de la justice
profondément ancré dans chaque être humain. Dans notre mise en scène, le
personnage de Kohlhaas prend forme dans l'esprit des spectateurs de deux façons :
d'une part comme utopie - la justice et la loi doivent être équivalentes pour tous les
êtres humains - et d'autre part comme expérience - notre monde est loin de la
réalisation de cette utopie. En quelque sorte, Michael Kohlhaas est cette contradiction
« qui se rebelle » à l'intérieur de chacun d’entre nous.
La méthode de travail d'Agora Theater, basée sur l’autobiographie, a mis un focus sur
certains moments du roman, qui sont en relation avec des expériences de nos propres
vies. Les poèmes d'Erich Mühsam nous ont aidés à renforcer le monde intérieur des
sentiments et des pensées de Kohlhaas.
Le choix de l’univers du théâtre de foire provient d'une part des improvisations
scéniques proches de cet univers lors des répétitions. D'autre part, cet univers est pour
nous la réponse à la question: quelle perspective de narration permettrait le mieux de
raconter cette folie de violence, qui provoque d'autres violences, d’une manière à la fois
cruelle et pleine d'humour?
Les grandes lignes de la démarche artistique d’Agora Theater :
Avant tout, nous recherchons le dialogue avec le spectateur. Les pièces du Théâtre
Agora veulent donner au spectateur la force de modeler activement le monde et de le
transformer. Les mises en scène signées Agora font la synthèse de différents arts
traités sur un pied d’égalité, ou considérés comme complémentaires. L’expérience
théâtrale s’adresse à la fois à l’émotion, au sentiment et à la raison. Elle est perçue par
l’ensemble des sens.
L’art est la conscience de la société. L’art est le reflet de la réalité, tout en modifiant le
point de vue et en agissant sur cette réalité. Nous nous engageons pour que le théâtre
trouve sa place dans le quotidien des gens et pour qu’il soit accessible à toutes les
couches sociales.
L’art est liberté. Libre de revendications, d’attentes et de contraintes de toute nature.
Le théâtre est liberté. Cette liberté, nous la défendons. Lorsque nous créons, nous nous
permettons toutes les libertés et bravons tous les interdits.
Nous travaillons selon la méthode du théâtre autobiographique développée par Marcel
Cremer. Cette méthode place la biographie au commencement de chaque genèse d’une
pièce. Il s’agit d’histoires qui touchent à la question centrale animant la pièce en
gestation. Celles-ci en constituent les fondements. Nous prenons notre temps. Nous
travaillons sciemment dans la lenteur et la concentration, afin de permettre un débat
intense et chargé de plaisir autour d’un sujet. Nous vérifions à chaque fois si le
spectacle et notre théâtre est en relation avec le monde que nous connaissons.
Annika Serong, Roger Hilgers, Marie-Joëlle Wolf
„La plus grande richesse d’un acteur, voire de tout être humain,
c’est sa biographie, son trésor d’expérience, son histoire. [...]
Chaque acteur, chaque être humain possède en lui des milliers
d’histoires qui peuvent donner lieu à une pièce de théâtre. Toutes
les histoires que connaît l’humanité se retrouvent dans un seul
individu. De Hamlet à Faust, en passant par Méphisto, Iphigénie,
Mère Courage, la Pucelle d‘Orléans, tous les personnages de la
littérature mondiale se retrouvent en chacun de nous. Je dois
m’efforcer de découvrir ces personnages en moi. La découverte du
personnage est la première, la communication de cette découverte
au spectateur est la deuxième partie du processus. “
Marcel Cremer. « Le spectateur invisible »
Extrait de la pièce « Kohlhaas »
«Je vendrai la ferme et les terres. Mes propriétés, après tout, ne sont pas
toute ma vie. Il existe aujourd'hui une raison... une raison supérieure... à
côté de laquelle ma petite vie bourgeoise... ma petite vie de père de famille
... d'honnête homme respectueux des règles et des lois... est secondaire et
indigne. Dois-je renoncer à ma lutte ? Dois-je plutôt me rendre au château
de Tronkenburg en baissant la tête, supplier qu'on me rende les chevaux
dans leur état minable, sauter en selle et revenir ici ? Lisbeth, est-ce cela que
je dois faire ?
Non, je ne peux pas. Je ne peux pas ! Je ne veux pas vivre dans un pays où
mon bon droit n'est pas respecté et protégé. Plutôt être un chien qu'un
homme si je dois être traité à coups de pieds ! Lisbeth, ma femme, si tu
estimes que justice doit m'être rendue, accorde-moi la liberté nécessaire
d'agir pour me procurer cette justice.»
Matthias Weiland, Roger Hilgers, Eno Krojanker
Festivals
- Festival Noël au Théâtre, Bruxelles (B)
- KUSS - kuck ! schaul ! spiel – 17 Hesssische Kinder und Jugentheaterwoche in Marburg (D)
- Open Ohr Festival, Mayence (D)
- Festival Westwind 2012 – 28ème Rencontres de théâtre jeune public de Rhénanie-du-NordWestphalie à Paderborn (D)
- Rencontres Théâtre Jeune Public à Huy 2012 (B)
- Unidram 2012, Postdam (D)
- Spierlarten 2012, Rhénanie-du-Nord-Westphalie (D)
- Festival Favoriten 2012, Dortmund (D)
- Augenblick Mal ! 2013, Festival national de théâtre pour jeune public, Berlin (D)
- Theaterszene Europa 2013, Studiobühne Köln (D)
- Fringe Festival, Recklinghausen 2013 (D)
- NRW Theatertreffen 2013, Bielefeld (D)
- Spleen Graz, 2014 (A)
- Festival Ourcéanie – Villeneuve-les-Maguelone – 2014 (F)
- Festival d’Avignon Off – Juillet 14
Prix
- Prix de la Culture aux Rencontres Théâtre Jeune Public 2012 à Huy (B)
- Coup de cœur de la presse aux Rencontres Théâtre Jeune Public à Huy (B)
- Prix principaux au Festival Westwind 2012 – 28ème Rencontres de théâtre jeune public de
Rhénanie-du-Nord (D)
- Marburger Kinder und Jugendtheatrepreis 2012 (D)
Matthias Weiland
Agora, un théâtre
Agora : Place publique et marché dans les anciennes villes grecques ;
à Athènes, l’agora était le centre de la vie publique et politique
(Dictionnaire Quillet).
AGORA est un théâtre. Ses racines et son port d’attache se trouvent à St Vith, une ville de l'est de la
Belgique dans une région frontalière entre l'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg. Au cours des
siècles, les habitants de ce territoire ont dû changer plusieurs fois leurs identités, politique et
étatique. Les habitants y parlent l'allemand, troisième langue officielle en Belgique mais minoritaire
à côté du français (parlé par les Wallons) et du néerlandais (parlé par les Flamands). La compagnie
vit et travaille sur cette terre chargée d’Histoire, qui a survécu à de nombreux conflits historiques
C’est en 1980 que Marcel Crémer a fondé à St Vith, AGORA, le Théâtre de la Communauté
germanophone de la Belgique. Germaniste, néerlandiste et pédagogue de théâtre, auteur de
pièces de théâtre, acteur jusqu’en 1986 et metteur en scène, il a présenté depuis cette date plus de
32 créations, d’après ses propres écrits ou inspirées d’œuvres littéraires. Il a dirigé plus de 150
workshops en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, en Hongrie, en Autriche, en France et au
Brésil.
De manière constante et avec un succès continu, Agora oriente ses créations vers un travail théâtral
engagé, à travers ses nombreuses productions que la compagnie présente à travers toute l’Europe
et participe aussi à de nombreux festivals de renommée internationale : en Belgique, en Allemagne,
en France, en Autriche, en Suisse, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Hongrie, en Pologne, en
République Tchèque, en Slovaquie, en Lituanie, au Brésil, au Pays de Galles, en Bosnie, en Croatie,
en Espagne, en Irlande, en Angleterre, en Italie….
Tous les ans en octobre, la compagnie Agora organise le Festival de Théâtre de St Vith dont Marcel
Crémer a été le directeur artistique jusqu’à son décès, en décembre 2009.
Aux Rencontres de Huy (Belgique), la compagnie Agora a reçu en 2000 le coup de foudre de la
presse, et le prix du jury avec Le Petit prince écarlate, en 2003 la mention spéciale du jury pour
l’originalité avec Le Nid flottant et en 2005 le Prix de La Ministre de la Culture avec
Les Croisés, en 2006 le prix de la Ministre de la Culture, Fadila Laanan et le coup de Foudre de la
Presse avec Le Cheval de bleu. Deux ennemis inséparables a obtenu le Prix du ministre de
l'Enseignement secondaire et le « coup de cœur » de la presse aux Rencontres de Huy (Belgique) en
août 2008.
Pour Le Roi sans royaume (texte : Marcel Cremer, co-mise en scène : Marcel Cremer et Fatma
Girretz), spectacle créé en mai 2010, en co-production avec le Théâtre de Villeneuve lès Maguelone,
Scène conventionnée pour les Jeunes Publics en Languedoc-Roussillon, Agora Theater a reçu le Prix
de la Ministre de la culture et le Coup de Foudre de la Presse au Festival de Huy en août 2010, ainsi
que le Prix de la Critique du Théâtre de la Communauté française de Belgique, dans la catégorie
“Spectacles Jeune Public” en novembre 2011.
Depuis 2010, Kurt Pothen est le nouveau directeur artistique d’Agora Theater, chargé de préserver
l’héritage de la méthode de travail autobiographique de Marcel Cremer et d’emprunter de nouveaux
chemins. La compagnie tourne beaucoup en Belgique, en France et en Allemagne avec une création
récente : Bagatelle, un spectacle mis en scène par Kurt Pothen, d’après un texte de Jakob Mendel
et Gitte Kath, avec le comédien Roland Schumacher.
KOHLHAAS est un projet théâtral qui a été réalisé dans le cadre de « VIA2018 / Maastricht et
l’Eurégio Meuse-Rhin », candidate au titre de Capitale européenne de la culture 2018
Une co-production du Théâtre AGORA et du Theater Marabu (Bonn) avec le soutien de
KULTURsekretariat NRW, la ville Bonn und du Land NRW.
Le Théâtre de la Communauté germanophone de Belgique
Am Stellwerk 2
B- 4780 St. Vith
[email protected]
Tél.: +32 (0)80 226 161
www.agora-theater.net

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