André Dussollier, danse avec Novecento

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André Dussollier, danse avec Novecento
Le Figaro.fr – 17 novembre 2014
André Dussollier, danse avec Novecento
André Dussolier nous offre un grand moment de théâtre qui s'adresse à tous.
Crédits photo : Christian Ganet/ArtComArt
CRITIQUE - Le comédien met en scène et interprète, avec des musiciens, le texte de
l'écrivain italien Alessandro Baricco.
Il en rêvait depuis qu'il avait lu le bouleversant texte de l'écrivain italien Alessandro
Baricco, Novecento. Un récit écrit pour le théâtre et qui a connu plusieurs incarnations en
France.
André Dussollier en renouvelle la conception. Pas de confidence individuelle, mais un
spectacle dans lequel les musiciens sont de véritables partenaires, un spectacle soigné
avec des décors, images, lumières (Pierre-François Limbosch) qui font revivre le paquebot
transatlantique sur lequel se déroule toute l'action.
Ce qui touche, dans Novecento, c'est l'histoire elle-même. Celle d'un bébé né en 1900 sur
un paquebot en partance pour l'Amérique et abandonné sur le piano. Un petit garçon qui
grandit dans le bateau, devient un pianiste d'exception et ne quittera jamais le navire Une
belle histoire, unique et déchirante, racontée par un témoin, trompettiste, ami de
l'ombrageux virtuose.
Beau et fraternel
Ce narrateur, incarné par André Dussollier avec une virtuosité étourdissante et un sens
musical des nuances, n'interrompt le conte que pour nous permettre d'écouter les choix de
Christophe Cravero, avec Sylvain Gontard, trompette, Michel Bocchi, batterie et
percussions, Olivier Andrès, contrebasse. Et bien sûr, le pianiste, celui en qui on projette le
«personnage» de Novecento, Elio Di Tanna. Sa silhouette frêle et son doigté font que,
obscurément, on peut croire qu'il est Novecento. Et cela ajoute à l'émotion que suscite ce
moment beau et fraternel de théâtre.
On est heureux de retrouver André Dussollier sur une scène. Il est un très grand interprète,
fin, profond, un anxieux pour qui rien n'est jamais acquis et qui donne beaucoup au public.
Il a adapté le texte traduit par Françoise Brun avec Gérald Sibleyras, sous le regard de
Stéphane De Groodt. Il dit le texte, le fait vivre, il dialogue avec l'orchestre, il bouge, il
court, il s'envole, il danse! L'énergie n'étouffe jamais la mélancolie, la joie n'efface pas ce
qu'il y a de tragique dans l'étrange destin de Novecento.
Un grand moment de théâtre sans superbe, un grand théâtre qui s'adresse à tous. On est
embarqué sur le Virginian ! On ne veut plus descendre à quai et l'on peut prédire à André
Dussollier des années de traversée avec son précieux bagage de poésie et d'intelligence.
Armelle Héliot

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