Les institutions intervenant dans la gestion des terres collectives de

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Les institutions intervenant dans la gestion des terres collectives de
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OPTIONS DE GESTION DES PARCOURS ET STRATEGIES
INDIVIDUELLES ET COMMUNAUTAIRES DES AGROPASTEURS DU CENTRE ET DU SUD TUNISIEN
by
Mohamed Elloumi, Nouredine Nasr, Salah Selmi, Salah Chouki,
Frej Chemak, Nasr Raggad, Ali Nefzaoui et Tidiane Ngaido
Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie
Rue Hédi Karray, 2049 Ariana, Tunisie
A Paper Prepared for the International Conference on
Policy and Institutional Options for the Management
of Rangelands in dry Areas
May 7 - 11, 2001
(Hammamet, Tunisia)
Contenue
Introduction ................................................................................................................................ 1
Problématique, hypothèses, politiques, institutions ................................................................... 1
Transformation des systèmes fonciers ................................................................................... 1
Dynamique des systèmes d’élevage....................................................................................... 3
Des modes de gestion différenciés ......................................................................................... 4
Méthodologie ............................................................................................................................. 5
Choix des sites........................................................................................................................ 5
Les diagnostics participatifs ................................................................................................... 5
Les enquêtes par questionnaire .............................................................................................. 5
Atelier national ....................................................................................................................... 6
Résultats et discussion................................................................................................................ 7
Caractérisation des sites ......................................................................................................... 7
Description technique............................................................................................................. 9
Productivité comparée des parcours étudiés ........................................................................ 14
Analyse institutionnelle............................................................................................................ 15
Dynamique des systèmes, des acteurs et des institutions de gestion des parcours .............. 15
Les institutions intervenant dans la gestion des terres privées de parcours ......................... 16
Les institutions intervenant dans la gestion des terres collectives de parcours.................... 17
Les groupements et coopératives PAM................................................................................ 18
Les groupements de développement agricole GDA............................................................. 18
Le conseil de gestion des terres collectives.......................................................................... 19
Le conseil de tutelle locale ................................................................................................... 19
Le conseil de tutelle régionale.............................................................................................. 19
Analyse économique ................................................................................................................ 20
Caractérisation de l’échantillon enquêté .............................................................................. 20
Les structures familiales....................................................................................................... 20
Caractérisation des exploitations.......................................................................................... 22
Elevage et pastoralisme........................................................................................................ 25
Le revenu: formation et affectation ...................................................................................... 28
Les investissements .............................................................................................................. 29
Analyse multivariée.................................................................................................................. 31
Typologie des systèmes de production des sites du Centre ................................................. 31
Typologie des systèmes de production du Sud .................................................................... 33
Analyse économétrique ............................................................................................................ 35
Conclusion générale ................................................................................................................. 38
Références bibliographiques .................................................................................................... 40
Introduction
La Tunisie couvre une superficie de 16,4 millions d’ha. Les parcours occupent environ 5,5
millions d’ha dont environ 87% sont localisés dans les régions arides (45%) et désertiques (42%).
Le reste des parcours se réparti est localisé dans les zones semi arides (9%), humide et subhumide (4%). Ces parcours contribuent selon les années avec 10 à 25% dans la couverture des
besoins du cheptel, contre environ 65% dans les années 1960 (Banque Mondiale, 1995).
Cette régression est due à la diminution de la superficie des parcours et à l’augmentation du
cheptel. En effet, au cours des quatre dernières décennies, le cheptel est passé de 1,3 à 3,9
millions d’unités femelles pour les ovins et de 250.000 têtes à 750.000 têtes ovines. Environ 72%
des effectifs ovins et 81% des effectifs caprins se trouvent dans le Centre et le Sud du pays
(Banque Mondiale, 1995).
Les parcours sont sous divers statuts fonciers :
- Parcours forestiers :
- Parcours alfatiers :
- Parcours collectifs et domaniaux
- Parcours privés à l’indivision
- Parcours privés
970.000
743.000
2 500.000
85.000
1 200.000
hectares
hectares
hectares
hectares
hectares
Les parcours sont soumis à différents modes de gestion dont l’exploitation est, dans la majorité
des cas, collective. Selon leurs statuts, différentes institutions interviennent directement ou
indirectement dans leur aménagement et leur gestion.
Les parcours sont confrontés à des problèmes liés à leur gestion institutionnelle, socioéconomique et technique.
Dans un objectif d’analyser des options de gestion des parcours dans le Centre et le Sud de la
Tunisie, une équipe pluridisciplinaire du projet intégré élevage/cultures dans les zones à
précipitation limitée de l’Asie de l’Ouest et de l’Afrique du Nord (projet Mashreq/Maghreb) a
réalisé des recherches dans des sites représentatifs des parcours et des modes de gestion. Le texte
qui va suivre présente les résultats des travaux de cette équipe.
Problématique, hypothèses, politiques, institutions
Transformation des systèmes fonciers
Les terres collectives (ou terres des "arouchs"), couvraient à l'aube de l'Indépendance de la
Tunisie (1956) environ 3 millions d'ha, soit près du 1/5ème du territoire national et le 1/3 des terres
agricoles (Nasr et Bouhaouach, 1997). Ces terres appartiennent dans l'indivision aux collectivités
ethniques et sont situées principalement dans le Centre et le Sud du pays. Leur exploitation se fait
par la céréaliculture et par le pâturage des troupeaux des membres des collectivités sans pour
autant qu'ils aient de titre foncier.
-
En Tunisie, le processus de privatisation des terres collectives a commencé dès les premières
années du protectorat par leur délimitation. Un peu plus tard (décret du 14/1/1901) il y a eu
1
une reconnaissance aux tribus du droit de jouissance sur ces terres. Puis, le décret du
23/11/1918 qui reconnaît le droit de jouissance des tribus comme un préalable au droit de
propriété des terres collectives dans les territoires militaires du sud-est, (territoire des tribus
Ouerghemma). Enfin, des procédures d’attribution des parcelles des terres collectives mise en
valeur ont commencé (décrets du 28-12-1918 et du 7-1-1935) (Hamdi, 1996).
-
-
-
Dès l’indépendance, d’importantes réformes ont touché les structures foncières, avec une
volonté de procéder à un apurement des terres « habous », collectives etc. Ainsi, les anciens
textes relatifs aux terres collectives ont été refondus et adaptés aux conditions nouvelles de la
Tunisie indépendante. Les conditions de privatisations des terres collectives mise en valeur
ont été clarifiées ( loi N° 59-83 du 21/7/59). Ce fût alors la reconnaissance de la conversion
du droit de jouissance en droit de propriété sur les terres collectives qui ont perdu leur
vocation pastorale par la mise en valeur agricole.
Le processus de privatisation des terres collectives va s’accélérer après la période
collectiviste. L'attribution est alors effectuée par décret à titre privé sous forme individuelle en
faveur des membres des collectivités qui sont représentés par des conseils de gestion. Ce
conseil est élu par les membres de la collectivité qu'il représente et constitue l'élément moteur
de la mise en valeur de la terre collective et de la promotion sociale des membres de la
collectivité. La privatisation des terres collectives va progresser surtout grâce à la formule
d'attribution dite accélérée. Cette formule d'attribution se base sur de simples enquêtes
possessoires menées par les services techniques en collaboration avec les conseils de gestion,
ce qui la différencie de la formule dite normale. Cette dernière se base sur des levés
parcellaires, ce qui lui donne l'avantage d'être précise, mais elle est lente et coûteuse. Plus tard
( loi 79-27 du 11 Mai 1979), la remise des titres de propriétés individuelles a été accélérée
pour permettre aux agriculteurs d’accéder aux crédits agricoles instaurés en parallèle.
Enfin, à la fin des années 1980 un processus de décentralisation s’est mis en place pour
faciliter et accélérer l’apurement des terres collectives. Ainsi, la loi n° 85-5 du 8/2/1988
complète celle de 64-28 du 4/6/1964 surtout en matière de décentralisation des travaux
d'attribution et ce par la création d'un conseil de tutelle locale à l'échelle de chaque Délégation
(où existent des terres collectives) et d'un conseil de tutelle régionale à l'échelle du
Gouvernorat. Cette nouvelle loi a pour principal objectif d'accélérer l'apurement foncier des
terres collectives.
Ainsi, après presque un siècle d’apurement foncier et surtout de partage des terres collectives en
Tunisie, les résultats sont les suivants (Nasr et Bouhaouach, 1997) :
- Le partage et l’attribution d’environ 1,3 millions d’ha de terres collectives. Il reste à
partager environ 200 000 ha de terres collectives, les dossiers les plus difficiles restent à
traiter
- La délimitation et la soumission sous le régime forestier d’environ 600 000 ha de
parcours.
- Il reste à gérer plus de 1 million d’ha de parcours collectifs non délimités.
L’apurement des terres collectives a permis la mise en valeur de la majorité des terres de parcours
collectifs dans le Centre de la Tunisie.
2
Au cours de la période 1971-1992, la régression des superficies pastorales a atteint 1 million
d’hectare de bons parcours transformés en arboriculture et céréaliculture. Face à cette régression,
l’effectif du cheptel n’a pas cessé de progresser.
Dynamique des systèmes d’élevage
Du système pastoral au système agro-pastoral intensif dans le centre
Dans le Centre de la Tunisie le processus de privatisation des terres collectives s’est traduit par la
mise en valeur par l’arboriculture et les périmètres de la majorité des anciens terrains de parcours
collectifs. Cette transformation s’est accompagnée par la sédentarisation des pasteurs nomades et
semi-nomades de la région du Centre. Suite à ces transformations la taille des troupeaux a été
fortement réduite et intégré à l’exploitation agricole. Cette intensification de l’élevage s’est
accompagnée par le remplacement de la race barabarine à grosse queue par la brebis queue fine
algérienne.
Dans les régions du Centre de la Tunisie (Gafsa et Sidi Bouzid), nous sommes maintenant en
présence de systèmes d’élevage intensifs et intégrés à l’exploitation agricole. Les relations avec
les grands parcours sont presque totalement rompues et l’utilisation des bergers est presque
absente.
Du système pastoral à grandes transhumances au système agro-pastoral extensif dans le sud
Dans le passé, l’élevage était basé sur l'exploitation des vastes parcours du Sud de la Tunisie,
avec des transhumances vers les régions du Centre et vers des parcours dans les pays voisins
(Algérie, Libye). Des mutations socio-économiques ont été la base de la transformation des
systèmes d'élevage pastoral; la privatisation des terres collectives dans le Sud et dans le Centre
était au centre de ces mutations.
Dans les grands parcours steppiques du sud les grands troupeaux de plus de 500 têtes, assez
fréquents dans le passé, deviennent très rares. Les troupeaux sont de taille moyennes avec une
forte proportion d’éleveurs qui possédant moins de 20 têtes. Selon l'importance du troupeau et sa
composition, l’importance de la main d’œuvre familiale et les activités de ses membres, les
éleveurs font recours à l'un des modes de gardiennage pratiqués dans la région: Gardiennage par
la famille, recrutement d'un berger, contrat d'association ou "khlata" (voir Nasr, 1995 pour le
Dahar et Nasr et al, 2000 pour El-Ouara). Les contrats d’association sont les mieux adaptés aux
objectifs des petits éleveurs et surtout des bergers saisonniers qui ont besoin de se libérer pendant
3 à 4 mois pour s'occuper de leurs champs: céréaliculture, récolte de figues, etc.
Dans ces systèmes, le développement de l'oléiculture faisant surtout suite au partage des terres
collectives, a favorisé une complémentarité entre l'agriculture (feuilles d'oliviers ou "sriaa",
grignon d'olives ou "fitoura", paille ou "tbin", foin local ou "khortane", orge, etc.) et l'élevage en
milieu aride. En outre, l’élevage bénéficie du soutien des revenus non-agricoles qui financent la
transition du système d’élevage pastoral (lié à l'exploitation des parcours) vers un système
d’élevage plus intégré à l'agriculture et au marché des aliments de bétail (Abaab et Nasr, 1996)
3
En somme, les espaces pastoraux continueront à voir leurs structures foncières et leurs paysages
agraires évoluer progressivement, mais d’une façon irréversible, vers un système agraire à
dominante agricole en concomitance avec l'apurement foncier des terres collectives (Abaab et
Nasr, 1996).
Des modes de gestion différenciés
Il existe en Tunisie cinq principaux modes de gestion des parcours qui se distinguent chacun par
une problématique particulière.
Mode de gestion « Coopérative ».
Le système coopératif dans le secteur de l’élevage et par l’exploitation et la gestion des parcours
est toujours resté embryonnaire au moment où le regroupement des agriculteurs-éleveurs en
association ou groupements coopératifs est souhaité par les pouvoirs publics afin d’avoir des visà-vis organisés et crédibles permettant le désengagement de l’Etat. Les coopératives qui ont
existé ont été de type PAM (Programme Alimentaire Mondial) crées pour assurer la distribution
des aides alimentaires à leurs adhérents. Ces coopératives ont participé aux programmes de mise
en valeur des espaces pastoraux par l’introduction des réserves fourragères sur pied. Leur
situation actuelle (endettement, gel de fonds, etc.) fait que ces dernières ne sont plus en mesure
d’accomplir leur tache et sont en voie de dissolution et de transformation en d’autres structures
socioprofessionnelles.
Mode de gestion de type privé.
Il concerne les terrains de parcours localisés dans une exploitation appartenant à une personne
physique ou un groupe bien identifiés. C’est la parcelle de terre incultivable gardée pour le
pâturage qui peut être ou non amélioré par différentes techniques.
Les problèmes liés à cet espace pastoral privé sont : exiguïté des parcelles, affectation des terres
marginales, gestion irrationnelles, usage multiple.
Mode de gestion de type tribal non aménagé
Il concerne les parcours collectifs non aménagés soumis ou non au régime forestier (surtout pour
les grands parcours du Sud) pour lesquels il manque beaucoup d’infrastructure : points d’eau,
piste, etc. Ces parcours sont exposés à une exploitation anarchique ou un manque d’exploitation
dans les zones d’accès difficile.
Mode de gestion de type tribal aménagé.
Ce sont des parcours collectifs souvent soumis sous le régime forestier et dans lesquels il y a eu
des aménagements : amélioration pastorale, points d’eau, etc.
La problématique de ces parcours est liée à la forte intervention de l’administration (direction
générale des forêts) et le faible engagement des populations dans la gestion des terres aménagées.
D’autre part l’aménagement des points d’eau entraîne la surexploitation des parcours dans les
environs de ces aménagements.
4
Méthodologie
Choix des sites
Pour étudier et analyser les différentes situations de gestion de parcours dans le Centre et le Sud
de la Tunisie, nous avons choisi des sites représentatifs des statuts fonciers d’une part et des
modèles d’aménagement et de gestion d’autre part.
- Dans les parcours privés, nous avons choisi la zone de Bir Amama (Bir Lahfay à sidi
Bouzid) où il y a un parcours privé d’environ 170 ha plantés en cactus.
- Dans les anciens habous et enzels, nous avons choisi la zone d’El-Khaima (Mezzouna à
Sidi Bouzid). Le parcours appartient à la communauté des Haouchine. Il est soumis sous
le régime forestier et couvre environ 500 ha. Ce parcours est amélioré par des arbustes
fourragers autochtones.
- Dans les terres collectives, nous avons choisi les situations suivantes :
!
Parcours collectif non soumis sous le régime forestier : 300 ha des Ouled Zid, secteur
de Guettis (Gafsa).
! Parcours collectif de 650 hectares soumis sous le régime forestier et amélioré par de
l’acacia et le cactus (Ouled Farhane, El-Makarem, Gouvernorat de Sidi Bouzid).
! Un parcours de 46.000 ha dans le Dahar (Béni Khédache) soumis sous le régime
forestier et aménagé, surtout en infrastructure de base (pistes et points d’eau).
! Un parcours dans le Dahar de Tataouine non soumis au régime forestier et non
aménagé.
- Dans les anciennes coopératives PAM (Programme Alimentaire Mondial), nous avons
chois le parcours de cactus de la coopérative des Ouled Zid (300 ha), secteur de Guettis
(Gafsa).
Les diagnostics participatifs
Pour comprendre et analyser l’histoire des espaces et des communautés, nous avons réalisé des
diagnostics participatifs dans les sites d’étude dans le Centre. Pour les parcours du Sud, Dahar
Béni Khédache et Douiret, nous avons valorisé les travaux récents de l’IRA (Etude de
développement des parcours du Dahar, 2000) et de l’ECAT (2001) (Etude d’aménagement de
cinq périmètres pastoraux du Dahar de Béni Khédache.
Les enquêtes par questionnaire
Une enquête par questionnaire a été conduite dans tous les sites. Le questionnaire (voir annexes)
décrit le ménage, l’exploitation, le système d’élevage et la gestion des parcours. Au total 261
enquêtes ont été réalisées (tableau 1).
5
Tableau 1. Répartition des sites enquêtés par mode de gestion et nature du parcours.
Localisation
Bir Amama
Khima
Makarem
Guettis
Type de
statut
foncier
Privé
Habous
soumis sous
le régime
forestier
Collectif
soumis sous
le régime
forestier
Collectif en
coopérative
type PAM
Béni Khédache
(Dahar,
Médenine)
Collectif
soumis sous
le régime
forestier
Douiret
(Dahar
Tataouine)
Collectif
Type de parcours
Mode de gestion
Nombre
d’enquêtes
Planation de
cactus
Plantion
d’arbustes
fourragers
autochtone
Plantation de
cactus
Privé
16
Gestion collective et
organisée par le
service forêt
29
Gestion collective et
organisée par le
service forêt
49
Plantation de
cactus et d’acacia
Gestion collective et
organisée par la
coopérative avec
l’appui de
l’administration
Exploitation
collective et gestion
par l’administration
30
Exploitation
collective
68
Parcours naturel
avec une petite
partie mise en
défense (5
parcelles couvrant
4600 ha).
Existence
d’infrastructures :
Parcours naturel
avec quelques
parcelles de stipa
soumise sous le
régime forestier
Total
69
261
Atelier national
Suite aux travaux de diagnostics participatifs et aux enquêtes par questionnaires réalisées dans les
sites d’étude, un atelier national sur la gestion des parcours du centre et du Sud a été tenu à
Tataouine (Avril, 2001). L’objectif principal de cet atelier est la discussion des résultats
préliminaires de l’étude avec les décideurs, les responsables locaux des différents intervenants et
les usagers directs des parcours étudiés.
6
Résultats et discussion
Caractérisation des sites
Guettis (Communauté d’Ouled Zid)
(Coopérative PAM)
Données générales
! Origine : Hmamma,
! Sédentarisation : Début du siècle passé
! Imada de Guettis, Nord Ouest de la Délégation de Gafsa Nord.
! Environ 380 ménages : 2200 habitants
! Climat : continental sec avec vents de sable fréquents et une pluviométrie moyenne de
180 mm/an,
! Sol : moyen avec possibilité d’irrigation à partir des puits de surface.
Superficies et données économiques
!
!
Guettis couvre 8000 ha dont 7400 ha privatisés par le biais du Conseil de Gestion et les
600 ha restant utilisé comme parcours. Parmi ces derniers, 300 ha sont des parcours
naturels pâturés à longueur d’année par l’ensemble de la communauté. Les 300 autres ha
ont été améliorés dans le cadre des projets PAM (plantation de cactus et d’Acacia ligulata)
et sont actuellement gérés par la Coopérative.
Guettis dispose aussi de :
- 2000 ha d’arbres fruitiers,
- 55 serres,
- 170 puits de surface,
- 5000 têtes d’ovin
- 2000 têtes de caprin
- 100 têtes de bovin.
Le système de production a évolué du pastoral à l’agricole.
Bir Amama (Bir Lehfey, Sidi Bouzid)
(parcours privé)
Données générales
!
!
!
!
Imada de Bir Amama, Délégation de Bir Lehfey, Gouvernorat de Sidi Bouzid.
Origine : tribu des Hmamma
Sédentarisation : Fixation des Ouled Abdallah à Bir Amama vers 1940
Climat : continental sec (200 mm/an)
7
Superficies et données économiques
!
!
!
L’économie de la communauté de Bir Amama est basée sur :
o 3500 ha d’arboriculture,
o 100 ha de grandes cultures,
o 800 ha de parcours dont la majorité à été amélioré par les soins de l’OEP depuis
1972.
o 1000 ha de collines et de montagnes.
o 800 têtes d’ovins et 25 têtes de bovins.
Les parcours de Ouled Ahmed Ben Abdallah:
- 171 ha plantés en cactus par l’OEP en 1998 (66 % de la superficie totale).
Les parcours de Ouled Essahel:
- 80 ha plantés en cactus durant 1999 (75 % de la superficie totale).
Problématique
!
!
Sous valorisation les ressources fourragères excédentaires,
Régression de la pression sur les ressources naturelles : exode, enseignements.
Ouled Farhane (Makarem, Sidi Bouzid)
(parcours sous régime forestier)
Données générales
!
!
!
!
!
Origine : tribu des Hmamma
Deux fractions : Ouled Badr (Imada de Makarem Est) et Ouled Amor (Imada de Makarem
Ouest).
Localisation : 30 km à l’Est de la ville de Sidi Bouzid
Climat : continental sec, pluviométrie moyenne 200 mm/an.
La majorité des sols se prête à la production agricole.
Données sociales et économiques
!
!
Environ 1200 ménages qui exploitent 11700 ha.
Les 11700 ha se répartissent en :
o 8350 ha de terres agricoles ainsi réparties
! 6000 ha d’oliviers et de pistachiers,
! 2350 ha de grandes cultures,
o 3350 ha de parcours, dont 2100 ha de montagnes et d’alfa et 1250 ha améliorés et
gérés par les services forestiers.
o Les parcours soumis au régime forestier compte 700 ha de bas-fond (groa) plantés
en cactus inerme et en acacia, 300 ha de chott et 250 ha Itha (bonnes terres).
Problématique
8
!
!
!
Insuffisance des ressources en eau pour l’irrigation des plantations arboricoles.
La soumission au régime forestier admise pour résoudre les problèmes fonciers.
La création d’un organe représentant la collectivité.
Les parcours du Dahar
(grands parcours collectifs)
Le Dhahar
!
!
!
Bordé par Matmata au Nord, la Libye au Sud, l’Erg à l’Ouest, et la chaîne des jebels
Matmata à l’Est.
Superficie : Plus de 1,3 million d’ha distribués sur les gouvernorats de Médenine,
Tataouine, Gabès et Kébili.
Le climat : aride désertique, la pluviométrie est de moins de 100 mm/an.
Utilisation des parcours du Dahar
!
Environ 800.000 têtes d’ovines et de caprines, 50.000 têtes de camelins exploitent le
parcours sur la moitié de l’année. Ce cheptel est possédé par les éleveurs des 4
gouvernorats et d’autres gouvernorats limitrophes.
Le système de production
!
!
Exploitations agricoles sur les « jessours », aux piémonts des jbels Matmata, sur les cours
d’eau et à proximité des agglomérations.
Le reste de la superficie est constituée par de parcours aménagés avec de pistes, des aires
d’ombrage (Béni Khédache) ou moins aménagés pour le reste du dahar.
Problématique
!
!
!
Exploitation rationnelle des parcours,
Durabilité de la productivité des parcours est mise en question,
Faible présence des organisations socioprofessionnelles.
Description technique
Les parcours du Centre
La Tunisie centrale constitue en général la Tunisie steppique. Selon Le Houérou (1969) les
steppes s’étendent sur 6 à 7 millions d’hectares et se développent de l’isohyète 50 mm jusqu’à
300 mm. Elles peuvent être arborées lorsqu’elles présentent des reliques d’un état forestier
antérieur mais généralement elles se caractérisent par une couverture végétale basse et
discontinue.
9
Cette zone centrale de la Tunisie correspond plus précisément à la zone steppique et regroupe
quatre Gouvernorats du centre-sud qui sont : Sidi Bouzid, Kairouan, Kasserine et Siliana.
La végétation des parcours du Centre:
La végétation steppique évolue selon le gradient pluviométrique et la nature du substrat
pédologique. Les principales formations steppiques sont :
- La steppe sur les zones caillouteuses ou encroûtées de la plupart des massifs montagneux
de la région à Stipa tenacissima.
- La steppe sur les sols à texture fine à Artemisia herba-alba, cette dernière est soumise à
un défrichement continu
- La steppe des zones sableuses ou pierreuses à Artemisia campestris, à Rhantérium
suaveolens ou Aristida pungens.
Le couvert végétal des steppes est de plus en plus dégradé et utilisé pour la nourriture de
troupeaux pléthoriques (surpâturage), les besoins domestiques (chauffage, cuisson des aliments),
l’artisanat (sparterie). Le défrichement est ininterrompu et s’accélère avec l’extension de la
culture des céréales et arboricoles, les progrès de la mécanisation des travaux agricoles et
l’accroissement démographique.
Il en résulte une disparition irréversible des plantes et de la couche arable du sol qui s’accumule
sous forme de dunes dans des zones privilégiées. Cette « désertification « stérilise annuellement
plusieurs milliers d’hectares.
Le parcours de Bir Amama (Bir Lahfey, Sidi Bouzid)
Le secteur de Bir Amama est localisé dans la délégation de Bir Lahfey du Gouvernorat de Sidi
Bouzid. Il couvre une superficie de 5400 ha. Reparti comme suit : Arboriculture 3500 ha,
Grandes cultures 100 ha, Parcours 800 ha, Terrain inculte ou forêt 1000 ha.
Ce site appartient à l’étage bioclimatique aride où la température de mois le pus froid est de 5°C,
la température maximale absolue peut atteindre 46 ° C.
La pluviométrie moyenne est de l’ordre de 265 mm par an caractérisé par une irrégularité
saisonnière est annuelle.
Les sols sont de type non évolué, non climacique sur croûte calcaire est de texture grossière
L’espace pastoral du secteur Bir Amama est essentiellement composé de parcelles privées de
parcours naturels appartenant à une seule famille. La superficie totale est de l’ordre de 265 ha,
théoriquement divisés.
Les aménagements portés sur ce parcours ont concerné la plantation de cactus inerme sur tout le
périmètre divisé et appartenaient au groupe.
Le cheptel dominant dans ce secteur est l’ovin avec un effectif de 800 têtes. Autrefois la race
barbarine grosse queue, race dominante, a cédé la place à la queue fine de l’Ouest. A cela s’ajoute
la régression de la taille des troupeaux ou on trouve 5 % des éleveurs possédant 50 têtes, 15%
avec 30 têtes, 60% moins de 30 têtes et 10 % sans élevage.
Le parcours d’El-Khima, Mezzouna (Sidi Bouzid)
Le secteur d’El-Khéma fait partie de l’Imada d’El-Khaoui ; localisé dans la délégation de
Mezzouna au Sud-Est du Gouvernorat de Sidi Bouzid et à la limite du Gouvernorat de Sfax.
Le périmètre est constitué de terrains de faibles altitudes et traversé par quelques petits oueds.
La productivité des terres, très riches en calcaire, est faible. Le parcours, les grandes cultures
sporadiques et l’olivier occupent inégalement l’espace de la zone.
10
La zone se situe dans l’étage bioclimatique aride supérieur où la pluviométrie annuelle moyenne
est inférieure à 200 mm.
Les aménagements dans ce secteur ont concerné seulement 100 ha de parcours soumis sous
régime forestier et ce par l’installation des plantations arbustives fourragers ‘autochtones’ : rtham
(Retama reatam), halleb (Periploca leavigata), Jdari (Rhus tripartitum) et Gandoul (Calligonum
azel).
L’effectif du cheptel ; 3000 têtes ovines et 1000 têtes caprines ; fluctue énormément en fonction
des années et les besoins de la famille. La tendance générale est à la diminution à cause de la
raréfaction des bergers, la dégradation des ressources et le coût élevé de l’opération de
transhumance. La transhumance est encore rarement pratiquée par quelques grands éleveurs.
La race ovine dominante est du type grosse queue, jugée moins consommatrice que la barbarine à
queue fine. Les chèvres sont en majorité de race locale. Les croisées sont rarement présentes.
Le parcours de Guettis, communauté des Ouled Zid (Gafsa-Nord)
Le secteur de Guettis est localisé dans le Nord Ouest de la Délégation de Gafsa-Nord du
Gouvernorat de Gafsa (Sud-Ouest de la Tunisie). Guettis, est à environ 35 Km de la ville de
Gafsa.
Le secteur de Guettis est caractérisé par un climat continental, chaud, à température variable, avec
de fortes amplitudes thermiques entre les températures d’été et celles d’hiver. Les températures
annuelles moyennes sont de 20°c. La température du mois le plus chaud est de 30°c et celle du
mois le plus froid est de 10°c.
Les mois les plus chauds correspondent à juillet et août, tandis que le mois le plus froid est
janvier avec des extrêmes de –5°c.
La pluviométrie dépasse rarement 180 mm/an caractérisé par une irrégularité saisonnière et
annuelle. La sécheresse qui caractérise Guettis est accentuée par des vents violents, surtout
pendant le début de printemps. Ces vents provoquent souvent des tempêtes de sable. En été, le
sirocco dessèche les pâturages et occasionne des dégâts aux cultures.
Les sols de Guettis sont caractérisés par une texture légère profonde résultant des apports de crues
de l’Oued Guettis :
Les réserves en eau de ce secteur proviennent essentiellement d’une nappe phréatique importante
sur lequel 800 puits de surface dont 170 équipés : Un forage public utilisé pour l’eau potable (24
forages dans la région de Gafsa-Nord dont 17 équipés), l’abreuvement des animaux et l’irrigation
complémentaire.
La superficie totale du secteur de Guettis est de 8000 ha dont 7500 ha de superficie agricole utile.
La superficie des parcours collectifs améliorés dans le cadre de la coopérative (type PAM) est de
305 ha. Ce parcours est géré par la coopérative des Ouled Zid.
Le cheptel est dominé par les petits ruminants ovins (10000 têtes) et caprine (2000 têtes) de la
race barbarine à grosse queue et queue fine de l’Ouest, alors que les caprins sont de race locale.
Les grands éleveurs sont peu nombreux (14%), alors que 30% ont entre 10 et 50 têtes.
Le parcours d’El-Makarem, Ouled Farhane (Sidi Bouzid)
Le secteur d’El-Makarem est localisé à l’Est de la ville de Sidi Bouzid, chef lieu du Gouvernorat
de Sidi Bouzid. El-Makarem est ainsi localisée entre Jbel Oued Lahjel et le chott à l’Ouest, Jbel
Zach à l’Est, la piste des camélidés au Nord, les groos au Sud.
11
Ce secteur appartient à l’étage bioclimatique aride à hiver froid. La pluviométrie moyenne est de
265 mm/an caractérisée par une irrégularité intra et inter annuelle.
Les sols de ce secteur sont de deux types iso-humique, brun steppique à encroûtement nodulaire
et sols peu évolué d’apport à encroûtement gypseux
Sur une superficie agricole totale d’environ 11.700 ha, celle cultivée est 8.350 ha :
Les céréales (en plein et en intercalaire) : 6 000 Ha
Arboricuture
: 6 000 Ha
L’effectif du cheptel est composé de 3.000 têtes ovines, 200 têtes caprines, 45 têtes bovines de
race pure et 455 têtes de race croisée
Les parcours de secteur El Makarem (Ouled Farhane) est composé de trois sites principaux, El
Groaa (700 ha), le chott (300 ha ) et El Itha ( 250 ha).
Le Dhahar de Béni Khedeche et de Tataouine (Douiret)
Le Dhahar qui s’étale du Nord de Matmata au grand Erg Oriental à l’Ouest dont la limite
septentrionale a été matérialisée par la ligne virtuelle reliant Matmata à Bir Sultane, et les Erg des
M’razigues et Jnaein sa limite m méridionale couvre environ 1 235 500 hectares répartis entre les
quatre Gouvernorats du sud ( Tataouine 980 500 ha, Kebili 118 000 ha, Médenine 75 000 ha et
Gabès 62 000 ha.
Le régime foncier des parcours du Dhahar
Le régime foncier des terres constituant les parcours des Dhahars est à dominante collective. Les
1 235 500 ha concernés par l’étude se répartissent en terres collectives (1181540 ha) et privées
(53960 ha). L’essentiel des terres collectives (1087336 ha) n’est pas soumis sous régime forestier.
La superficie des terres collectives soumise au régime forestier ne représente que 92204 ha.
Il apparaît clairement que les divergences sur le régime foncier des steppes des Dhahars opposent
l’ensemble des parties. Classées par les services publics comme terres sahariennes, elles sont de
l’avis de certaines collectivités, des terres collectives. Pour d’autres collectivités, ces parcours
sont librement accessibles à tous, en admettant toutefois des restrictions liées à l’ancienneté de
l’usage de ces lieux. Il s’agit donc d’un droit d’usage collectif (ou terre ouverte).
Caractéristiques édapho-climatiques
Ce périmètre si large se caractérise par son climat hyper-aride, ou les événements
pluviométriques sont rares, irréguliers et sporadiques. La pluviométrie varie de 51 à 244 mm/an
avec un nombre de jours de pluie de 19 à 30, une amplitude thermique annuelle variant entre 18
et 21,2. La température du mois le plus chaud se situe entre 28 et 32 °C celle du mois le plus froid
elle est de l’ordre de 10 °C. Une évapotranspiration élevée et un bilan hydrique toujours
déficitaire dans la presque totalité de la région. Le bilan dégage des déficits annuels moyens
allant de –1224 à – 1776 mm/an.
12
La majorité des sols du Dhahar sont des sols développés sur un substrat calcaire. Les horizons
sont le plus souvent peu profonds, caillouteux, peu structurés et de texture sableuse à sable fin.
Plusieurs classes de sols ont été identifiées ;
- Les sols minéraux bruts avec ceux formés essentiellement de dolomies, de dalles de
calcaires occupant une superficie de l’ordre de 372 490 ha soit 30,11 % et les sols
d’apport éolien formés d’Erg et de champs de dunes vives continus occupant une
superficie de 1920 ha soit 0,15 %.
- Les sols peu évolués - d’érosion lithosolique et rigosolique sur une superficie de 525620
ha, soit 42,6 % ; - d’apport hydrique au niveau des oueds et des zones d’épandage, avec
une profondeur toujours limitée par la présence de croûte ou dalle calcaire et occupant une
superficie de 123 870 ha, soit 10,02 % ; - d’apport éolien moyennement profond
s’étendant sur 184 840 ha, soit 14,96 %.
- Les sols calcimagnésiques représentés par des rendzines sue encroûtement calcaire ou
gypseux. Ils couvrent une étendue de 16 760 ha, soit 2,16 %
Les ressources pastorales du Dhahar
D’une façon générale le Dhahar est couvert par des steppes dominées à l’Est par les espèces
xérophiles (Gymnocarpos dacander, Heliathemum kahiricum, Artimisia herba alba ) et des
espèces psammophiles (Helianthemum confertum, Ondneya africana, Calligonum comosum…).
Plusieurs unités pastorales qui diffèrent dans leur composition floristique, leur recouvrement et
leurs potentialités pastorales ont été identifiés dans la Dhahar.
Globalement, les potentialités pastorales des unités sont très faibles (18,6 UF/ha/an en moyenne)
et sont très variables d’une unité à l’autre (de 1,5 UF/ha/an à 54,7 UF/HA/an au niveau des
formations des dépressions et des milieux ripicoles).
Le coefficient d’efficacité pluviale (CEP) qui représente la productivité annuelle en kg de MS par
mm de pluie est de 3 - 4, ce qui montre que les parcours de la zone étudiée peuvent abriter, en
année normale, environ 250.000 U.O/an. Cette charge varie de 50.000 U.O/an en année sèche à
400.000 U.O/an en année pluvieuse.
Cependant, l’effectif pâturant dans le Dhahar est estimé à 813 000 dont 460 000 ovins et 371000
caprins. Cet effectif montre l’intensité du pâturage des terrains des parcours du Dhahar ce qui
explique bien la disparition des espèces pastorales, palatable ou non, le degré de dégradation du
couvert végétal qui conduisait à des situations irréversibles.
13
L’usage du Dhahar
Le Dhahar est un grand espace pastoral dont les limites physiques sont imprécises. Ces parcours
peuvent être classés dans la catégorie des parcours à rythme saisonnier d’utilisation. Cette
situation est due à plusieurs facteurs qui soient ; le schéma pluviométrique de l’année et les
conditions écologiques, la proximité des points d’eau et le type de parcours affectent énormément
l’usage des parcours du Dhahar :
-
-
-
Quelques jours, voire même juste, après les pluies, le grand nombre de troupeaux se déplace
vers les zones arrosées qui seront exploité d’une façon abusive ( entravant énormément le
potentiel de régénération et de production).
En cas de pluies généralisées, les parcours les plus éloignés sont exploités les premiers (en
automne ou en hiver en fonction de la date des pluies). Les parcours de proximité sont
épargnés pour la période printanière et le début de l’été.
Les parcours à proximité des points d’eau pour l’abreuvement sont d’une façon générale les
plus exploité en temps et en espace.
En tant que type de parcours, le Dhahar est classé, par les usagers en parcours d’automne,
d’hiver ou de printemps et ce en fonction de la nature des formations végétales qui les
constituent.
Productivité comparée des parcours étudiés
Compte tenu de ces données enregistrées sur les différents types de parcours on voit que l’aspect
foncier, en relation avec le mode de gestion affecte la productivité de l’espace pastoral (tableau
2).
Tableau 2: Récapitulatif de la productivité des parcours des sites étudiés
Parcours étudiés
Privé ( Bir Amama )
Régime forestier
- Ouled Farhane
- El Khima
Coopérative ( Guettis)
Tribal non aménagé ( Dhahar Tataouine )
Tribal aménagé ( Dhahar Beni Khedache )
Productivités (UF)
700
800 – 1000
300
400 – 500
35
35
Pour le régime foncier, cas de Ouled Farhane et El Khima , un parcours soumis sous régime
forestier et le parcours de Ouled Zid ( coopérative, Guettis) dont l’exploitation est régie par les
services des forêt. Le mode d’exploitation des ressources en UF de ces parcours consiste à
l’ouverture du périmètre, soit pour la coupe des raquettes de cactus soit pour l’exploitation directe
puis la coupe des plants d’acacia, selon le désir de la population ( les ayants droits ). Les périodes
d’ouverture ainsi que l’effectif destiné pour le pâturage est relativement réduit. Devant cet état
des choses le potentiel réel prêt à l’exploitation est toujours non atteint d’où une sous exploitation
14
de ces parcours dont les productions des années successives se sont accumulées ( 1000 UF Ouled
Farhane, la production de deux années et 500 UF la production de deux années).
Le parcours Privé de Bir Amama, qui appartenait à 11 frères n’a pu être exploité, dû à l’absence
d’un mode rationnel de gestion de ce parcours amélioré pour tout le groupe, fait que le potentiel
fourrager de ce périmètre est inexploité ( 700 UF pour les plantations de 1994).
Les parcours du Dhahar sont par contre sur exploité du fait de l’utilisation continu et avec un
effectif largement supérieur au potentiel de production de l’espace pastoral. Ce mode de gestion
affecte énormément la dynamique de la végétation de la zone ou les espèces herbacées et les
petites ligneuses n’arrivent pas à s’autoregénérer conduisant à une dégradation poussée et sévère
du couvert végétal.
Analyse institutionnelle
Dynamique des systèmes, des acteurs et des institutions de gestion des parcours
Les importantes mutations socio-économiques, qui ont touché l’espace et la société rurales dans
les milieux arides et semi-arides, se sont accompagnées de profondes transformations des
systèmes agraires. Suite à ces transformations, les institutions formelles et informelles, les
structures et les règles qui régissaient la gestion des ressources naturelles dans les différents types
de parcours ont beaucoup évolué.
Les principaux statuts fonciers des terres agricoles et les institutions participant actuellement
directement ou indirectement dans leur gestion sont résumés dans le tableau suivant (tableau 3)
Tableau 3: Principales institutions participantes directement ou indirectement dans la gestion des
parcours.
Statuts fonciers et
Principaux modes
localisation des
d’acquisition
parcours
Les terres privées • Achat ou héritage
de parcours
• Distribution de
(melk).
lots d’anciennes
Elles existent
unités
partout dans le
coopératives.
pays.
• Lots vendus aux
enchères
• Autres
Principales institutions
• L’Office de l’élevage et des pâturages (OEP).
du Ministère de l’Agriculture.
• L’Office de Développement Sylvo-pastoral
du Nord Ouest (ODESYPANO)
• La Direction de la Conservation des Eaux et
des Sols du Ministère de l’Agriculture
• Agriculteurs et propriétaires
15
• Ministère des domaines de l’Etat et des
affaires foncières.
• L'Office des Terres Domaniales du Ministère
de l’Agriculture.
• Direction Générale des Forêts du Ministère de
l’Agriculture (pour les terres forestières)
• Les Unités coopératives
• Les fermes pilotes et de recherches et les
centres et institutions de formation agricole.
• Lots pour jeunes exploitants sous forme de
location
• Coopératives de services et de mise en valeur
agricole
• Sociétés de Développement et de Mise en
Valeur Agricole.
Les terres
domaniales
(propriété de
l’Etat). Elles sont
constituées des
meilleures terres
du pays et sont
localisées
essentiellement
dans le Nord et le
Centre du pays.
Elles proviennent:
• Des terres
"habous
transférés" à l’Etat
par le décret du 31
mai 1956.
• Des terres des
colons
nationalisées par
la loi du 12 mai
1964.
Les terres
collectives (ou
terres des
"arouchs"
littéralement terres
des tribus) ;
Ces terres sont
localisées dans le
centre et le sud du
pays.
Les terres collectives • Direction Générale des Forêts du Ministère de
étaient exploitées par
l’Agriculture.
les pasteurs nomades • Des Associations et Groupements Forestiers à
et semi-nomades du
intérêts collectifs (AFIC et GFIC).
centre et sud du pays. • De nouveaux Groupements de développement
Agricole (GDA).
• Anciennes coopératives du Programme
Alimentaire Mondial (PAM).
• Coopératives de services agricoles.
• Groupements informels (chefs de
communautés et Miaad).
• Des conseils de gestion et de tutelle sous le
contrôle du Ministère de l’Intérieur.
Du Nord au Sud de la Tunisie, les terres de parcours peuvent être classées en deux grands types :
Les terres privées et les terres collectives. Si les institutions participant à la gestion des terres de
parcours privées sont limitées et à des interventions plus ou moins identiques, celles intervenant
dans les terres collectives sont nombreuses et surtout avec des règles et « contrats » avec les
usagers; éleveurs et exploitants agricoles, différenciés .
Les institutions intervenant dans la gestion des terres privées de parcours
Les terres privées sont des propriétés acquises par vivification ("ihyaa"), achat ou héritage. Elles
couvrent environ 5,5 millions d’ha.
Qu’il s’agisse de parcours ou toutes autres vocations, les détenteurs et propriétaires ont tous les
droits d’usus, fructus et abusus et restent les gestionnaires exclusifs de leurs biens immobiliers.
16
Les institutions publiques et parapubliques; l’Office de l’Elevage et des Pâturages du Ministère
de l’Agriculture (OEP)1 et l’Office de Développement Sylvo-pastorale du Nord Ouest
(ODESYPANO)2 ont des interventions ponctuelles d’aménagement et d’amélioration des
réserves fourragères des parcours et surtout définies dans l’espace et dans le temps en
concertation et en commun accord avec les usagers directs.
L’intervention de ces institutions est alors du type contractuel. Le respect des termes contractuels
par les bénéficiaires des aménagements conditionne la continuation de l’intervention et surtout le
versement des subventions et avantages en nature. Cela peut favoriser le développement de
stratégie de captation des subventions par certaines populations.
La Direction de la Conservation des Eaux et des Sols du Ministère de l’Agriculture intervient
également dans les terres privées de parcours par des aménagements de bassins versants et des
voies d’eau et la consolidation des ouvrages par des plantations pastorales.
Les institutions intervenant dans la gestion des terres collectives de parcours
Selon Nasr et Bouhaouach, 1997, les résultats d’un siècle d’apurement foncier et surtout de
partage des terres collectives en Tunisie, sont :
- Le partage et l’attribution d’environ 1,3 millions d’ha de terres collectives. Il reste à partager
environ 200000 ha de terres collectives. Mais jusque là ces superficies encore collectives font
intervenir dans leur gestion, selon la zone, d’anciennes coopératives du Programme
Alimentaire Mondial (PAM) et de nouvelles coopératives de services agricoles ou encore les
nouvelles institutions dites Groupements de développement Agricole (GDA).
- La délimitation et la soumission sous le régime forestier d’environ 600000 ha de parcours
faisant intervenir directement la direction générale de la forêt du Ministère de l’Agriculture et
dans certains cas des Associations et Groupements Forestiers à Intérêts Collectifs (AFIC et
GIC).
- Il reste plus d’un million d’ha de parcours collectifs non délimités et situés principalement au
Sud. En principe Ils devraient être gérés par les conseils de gestion et de tutelle sous le
contrôle du Ministère de l’Intérieur. Dans certains cas des groupements informels (chefs de
tribus et Miaad) gèrent encore des parcours collectifs
(i) Les institutions intervenant dans les terres collectives soumises sous régime forestier
Le principal intervenant est la Direction Générale des Forêts du Ministère de l’Agriculture
chargée de mettre en œuvre la politique de l’Etat dans le domaine des parcours. Outre sa
responsabilité au niveau des forêts, elle a plusieurs autres missions. Elle doit entre autres assurer
la gestion, la conservation et la protection du domaine forestier de l’Etat ainsi que les terres
soumises sous régime forestier.
L’intervention, parfois rigide, est justifiée par la lutte contre la dégradation du patrimoine des
ressources forestières et pastorales suite à une exploitation irrationnelle de ces espaces.
1
L’OEP intervient, au niveau national, dans les parcours privés. Ses missions cadrent avec les objectifs de la stratégie nationale d’amélioration
pastorale qui vise la restauration, la réhabilitation et la réaffectation des terres de parcours par les techniques de re-ensement, la plantation de
réserves fourragères sur pieds (cactus et arbustes) et la mise en défens intégrale ou accompagnée par une fertilisation et ou scarifiage.
2
L’Office de Développement Sylvo-pastorale du Nord Ouest (ODESYPANO) intervient dans les parcours de la région du Nord Ouest.
17
Mais la gestion effective (opérations d’ouverture, de ventes et de pacage direct, etc.) des parcours
améliorés doit faire face à plusieurs types de problèmes liés essentiellement à la confrontation
entre l’offre et la demande des réserves forestières ; Si la demande est plus forte que l’offre,
comment établit-on les règles de priorité au niveau de l’approvisionnement (les petits ou les
grands éleveurs, les premiers arrivés ou les acheteurs crédibles, etc.) ?.
Si l’offre est excédentaire, que faire du surplus surtout que plusieurs espèces pastorales doivent
être valorisées dans le temps ?.
Partant du principe que le fait de faire participer les populations des bénéficiaires directs et ayant
droits des parcours constitue souvent une alternative importante à la résolution des problèmes liés
à la gestion des terres soumises sous régime forestier, le code forestier a alors prévu le
regroupement des usagers en associations ou groupements forestiers à intérêts collectifs qui
devront participer aux actions de protection et de développement du domaine forestier et à
l’exploitation des ressources pastorales.
(ii) Les institutions intervenant dans le mode coopératif
Les groupements et coopératives PAM
Les groupements PAM ont été crées au début des années soixante dix et ont servi comme des
points de liaison entre les agriculteurs et le programme alimentaire mondial, permettant ainsi une
bonne gestion et une meilleure répartition des aides (rations alimentaires de base pour les
familles) distribuées par le PAM.
Le statut de ces coopératives n’existe plus depuis la fin des années quatre vingt. Alors que dans le
Gouvernorat de Gafsa, les coopératives type PAM gèrent 71 005 ha. Cette superficie devrait être
soit soumise sous régime forestier soit gérée après constitution par des coopératives de services
ou groupement de développement agricole ou encore totalement privatisée et attribué à titre
individuel.
Les groupements de développement agricole GDA
La promulgation des textes législatifs relatifs à la création des GDA date seulement de mai 1999.
L'objectif de création d’un GDA est d'assurer les besoins des propriétaires et des exploitants en
moyens de production et de services liés aux différentes étapes de production et transformation
des produits. Les AFIC et les GFIC ont la possibilité de se transformer en GDA.
En effet, les principaux rôles des GDA sont les suivants:
- la préservation des ressources naturelles dans la zone d'intervention et l'amélioration
de leur exploitation,
- l'amélioration de la productivité de l'exploitation agricole,
- l’encadrement des adhérants et la vulgarisation des techniques les plus efficaces,
- l’assistance des adhérents pour mieux valoriser leur production,
- La mise en place des relations de coopération et de partenariat avec d'autres
organismes.
(iii) Les institutions intervenant dans la gestion des grands parcours du Sud
18
Les conseils de gestion et de tutelle sont les principales institutions intervenant dans la gestion
des grands parcours du Sud.
Le conseil de gestion des terres collectives
Le conseil de gestion des terres collectives est un organe qui remplace l'ancien "Miaad" de la
tribu. Le conseil de gestion est élu par la collectivité pour une période de cinq années. Il a
plusieurs attributions dont les plus importantes sont :
! Entreprendre toute opération destinée à favoriser la mise en valeur des terres collectives et
à améliorer les conditions sociales des membres de la collectivité.
! Veiller à l'entretien des plantations et des aménagements fonciers, à la mise en défens et à
l'organisation des zones réservées aux parcours.
! Administrer le patrimoine de la collectivité et en disposer.
Nous remarquons l’importance des attributions des conseils de gestion des terres collectives et en
l’absence d’une politique institutionnelle d’engagement de ces conseils, leurs activités se sont
souvent limitées aux opérations de partage des terres collectives.
Pour décentraliser les activités de privatisation et de gestion des terres collectives , il a été institué
dans les Gouvernorats des conseils de tutelle.
Le conseil de tutelle locale
Le conseil de tutelle locale est institué par la loi 88-5 du 8 février 1988, il existe dans chaque
délégation où se trouvent des terres collectives. Le conseil de tutelle locale est composé par le
délégué, un juge et un représentant des conseils de gestion. Le conseil de tutelle locale a pour rôle
de contrôler la gestion administrative et financière des conseils de gestion, de coordonner et
orienter l'activité des conseils de gestion dans la Délégation, de délimiter et déterminer la
consistance des terres collectives et se prononcer et arbitrer les litiges fonciers relatifs aux terres
collectives.
Il donne son avis sur toute décision prise par le conseil de gestion relative à la disposition de la
terre collective, notamment en ce qui concerne l'appropriation à titre privé et délimite les terrains
des parcours collectifs qui devront être exploités en commun et notamment ceux dont la mise en
culture présente des risques de désertification, de dégradation de sol ou tout autre risque grave
pour la conservation du milieu.
Le conseil de tutelle régionale
Dans chaque Gouvernorat où se trouvent des terres collectives, il est institué un conseil de tutelle
régionale.
Le conseil de tutelle régionale est appelé à définir les programmes de mise en valeur des terres
collectives en collaboration avec les services techniques du Ministère de l'Agriculture et se
prononcer sur tous les recours présentés par les parties intéressées contre les décisions arbitrales
des conseils locaux relatives à la délimitation et à la détermination de la consistance des terres.
Il se prononce également sur les cessions en "mogharsa" ou à l'aliénation des terres collectives, à
la détermination des terres de parcours et à l'appropriation à titre privé de ces terres. Il propose et
entreprend toute action susceptible de faciliter l'application de la loi des terres collectives.
19
Parallèlement aux problèmes de dégradation des terres constatés dans les terres privatisées, de
sérieux problèmes de gestion sont courants dans la majorité des terres collectives non attribuables
(soumises ou non au régime forestier) ainsi que dans les terres en cours d'attribution. En effet,
dans les terres collectives de parcours (soumises ou non au régime forestier), les conseils de
gestion n'ont pas développé de programmes d'aménagement et de gestion collective des parcours
et leur rôle s'est ainsi limité au partage des terres collectives.
Analyse économique
Caractérisation de l’échantillon enquêté
L'objectif de cette partie est de formuler des hypothèses sur le fonctionnement des systèmes de
production et sur le rôle des parcours dans les différentes communautés objet de notre recherche.
Ces hypothèses devraient être dégagées à partir de l'analyse des données de l'enquête selon quatre
axes : le ménage (composition, activité, résidence…), l'unité de production (SAU, système de
culture, …), l’élevage et les stratégies par rapport aux parcours (accès aux parcours, conduite du
troupeau, stratégie par rapport à la sécheresse…) et enfin le revenu, sa formation et son
affectation.
Les structures familiales
Dans l'ensemble des sites l'âge moyen des chefs de ménage ne présente pas de différence notable,
avec une moyenne pour l'ensemble de l'échantillon de l'ordre de 58 ans et une moyenne par site
allant de 54,5 à 59 ans (Tableau 4).
Tableau 4: Moyenne d'âge des chefs de ménage et taille moyenne des ménages
Sites
Coopératif Forestier
Privé
Tribal
aménagé
Tribal
non
aménagé
Total
Age moyen des
chefs de ménage
54,5
59,2
55,6
59,1
58,5
58,2
Taille moyenne
des ménages
8,7
7,3
3,7
8
7,5
7,5
Par contre pour la taille moyenne des ménages, le site de Bir Amama se distingue par une taille
réduite, suite au départ d'une grande partie des membres de la famille.
20
Tableau 5: Répartition des chefs de ménage par tranche d'âge en %
Age moyen
du chef de
ménage
< 45 ans
Coopératif
Forestier
Privé
Tribal
aménagé
Tribal non
aménagé
Total
20,0
15,4
31,3
17,4
22,1
19,2
45 – 60 ans
40,0
41,0
31,3
31,9
19,1
32,1
> 60 ans
40,0
43,6
37,5
50,7
58,8
48,7
Total
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
Comme pour la majorité de l'agriculture tunisienne nous avons donc des chefs de ménage âgés
avec des familles nombreuses, sauf pour le site de Bir Amama (privé) pour lequel les chefs de
ménage sont soit âgés avec des familles résidentes réduites suite à l'émigration de la majorité des
descendants, soit jeunes avec des familles peut nombreuses (Tableau 5).
Ceci renvoie donc à une situation relativement particulière de cette communauté qui se trouve à
l'aboutissement d'un processus de sortie de l'agriculture, ce qui explique par ailleurs son adhésion
collective au projet de valorisation de la terre par la plantation de cactus.
Tous les autres sites présentent des situations où l'activité agricole et l'exploitation constituent
encore et certainement pour longtemps le centre d'activité et d'intérêt des membres du ménage.
Ceci est confirmé par l'implication du ménage dans l'activité agricole. En effet, si l'on considère
que l'implication dans l'activité agricole des membres du ménage est donnée par le nombre de
journées de travail familial consacré à l'activité agricole. Les données de l'enquête montrent un
faible engagement dans l'ensemble des sites étudiés. Le site de Guettis (coopératif) se distingue
toutefois des autres par une plus grande implication des membres du ménage dans les activités
agricoles en rapport avec les systèmes de culture mis en place où dominent les cultures
maraîchères (Tableau 6).
Dans les autres sites la simplification des systèmes de culture s'est traduite par un faible besoin en
main d'œuvre et une implication modérée des membres de la famille dans les activités agricoles.
Par ailleurs les données montrent une différence très nette entre les sites du Centre qui ont connu
une diversification des systèmes de production et ceux du Sud dont les systèmes restent à
dominante pastorale.
Les données sur la pluriactivité, saisie à travers la présence d’un revenu extérieur confirment ces
constats. En effet, les données montrent que le site de Guettis se distingue des autres par la quasiabsence de revenu extra-agricole, alors que pour les autres sites le pourcentage de ménages qui
disposent de revenu extra-agricole est très significatif et atteint même 65 % à Béni-Khédache et
88 % à Bir Amama. L'analyse de la composition du revenu des ménages confirme cette
constatation comme nous le verrons plus loin.
21
Tableau 6: Implication des ménages dans l'activité de production végétale
293
Coopératif
Forestier
Privé
Tribal
aménagé
Tribal non
aménagé
Total
Main d'œuvre
familiale en Jt/an
293
182
197
0
3,5
101
Main d'œuvre
salariale totale en
jours
0
10,5
87,9
33,1
0
26
Présence de revenu
extra-agricole en %
3
49
88
65
42
48
Le niveau d'utilisation de la main d'œuvre dans les activités de production végétale est très bas
dans les sites du Sud, ce qui témoigne du caractère épisodique de cette activité dans ce type de
milieu. Cette situation est moins marquée dans les sites du Centre mais l'effet dépressif des
conditions climatiques difficiles reste présent.
D’un site à l’autre nous avons des familles agricoles impliquées pour une grande partie dans les
activités de l’exploitation, sauf pour le site de Bir Amama où l’activité agricole ne concerne
qu’une partie réduite des membres du ménage.
Caractérisation des exploitations
L’exploitation moyenne de l'échantillon est de 26 ha (tableau 7), ce qui est nettement supérieur à
la moyenne nationale, le partage récent des terres collectives parcours ou leur appropriation
individuelle3 explique cette situation où le processus de morcellement des exploitations n'a pas
encore atteint son intensité comme c'est le cas dans d'autres régions de la Tunisie où
l'appropriation individuelle de la terre est plus ancienne.
Tableau 7: Taille des exploitations et utilisation de la terre au niveau de chaque site
Sites
Coopératif
Forestier
Privé
Tribal
aménagé
Tribal non
aménagé
Total
Surface Agricole Totale
moyenne
44
17
21
36
20
26
Surface en arbo. en ha
12
11
12
4
3
7
Surface en GC en ha
0
4
4
0,5
0
1,6
2,5
0
0
0
0
0,3
Surface en culture
maraîchère en ha
3
Pour les exploitations du Dhahar nous n’avons pas tenu compte du droit d’accès au parcours tribal, qui de par son
étendu constitue une part importante de la superficie agricole de la zone, les surfaces comptabilisées constituent les
superficies individuelles qui sont soit obtenues suite au partage de certains parcours collectifs, soit l’appropriation
individuelle des parcours collectifs par la mise en culture et la vivification.
22
S'agissant de la différence entre les sites on peut distinguer d'une part les exploitations de Guettis
et celles de Béni Khédache qui ont une taille moyenne plus importante de celle des trois autres
sites El Khima, Douiret et Bir Amama dont les superficies moyennes tout en restant au dessus de
la moyenne nationale, sont inférieures de près de 50 % aux premières, enfin la situation de
Makarem est très différente de tous les autres sites avec une moyenne de 10 ha par exploitation
(tableau 8).
Tableau 8: Répartition des exploitations selon leur taille en %
SAT
Coopératif
Forestier
Privé
Tribal
Tribal non
aménagé
aménagé
0 ha
0,0*
0,0*
0,0*
5,8
16,2
< 5 ha
0,0
17,9
0,0
20,3
19,1
5 à 10 ha
0,0
24,4
6,3
18,8
11,8
10 à 20 ha
26,7
28,2
43,8
21,7
10,3
20 à 50 ha
40,0
25,6
50,0
23,2
14,7
> 50 ha
33,3
3,8
0,0
10,1
27,9
Total
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
*: dans les sites du centre il y a rarement des éleveurs qui sont dépourvue de
résultats de l’enquête.
Total
5,7
15,7
15,7
22,6
25,3
14,9
100,0
terre d’où les
Comme le montre les données du tableau 8 la répartition des exploitations par strate est différente
d'un site à l'autre. Cette répartition est à la fois le produit des modes de partage des terres
collectives, de l'évolution des structures agraires depuis le partage et donc des rapports de force
au sein de la communauté et de celle-ci avec son voisinage.
Deux exemples permettent d'illustrer notre propos : celui de Guettis et de Douiret (Figure 1).
Les structures foncières du site de Guettis présentent une répartition relativement égalitaire de la
terre avec une concentration des exploitations dans les strates supérieures à 10 ha, celui de
Douiret présente par contre d'une part un groupe d'éleveurs faiblement pourvus en terre voir sans
terre et d'autre part un autre groupe de grands propriétaires terriens4. Des analyses plus
approfondies seraient nécessaires pour comprendre ces dynamiques qui sont à l'œuvre dans les
parcours du Sud. Les analyses historiques sur les dynamiques de privatisation des terres
collectives dans le Centre du pays peuvent servir de références à ces études5.
4
Les parcours du Sud dont le processus de privatisations sont en cours sous différentes forme et avec des procédures
à la fois complexe et plus ou moins lente, sont intéressant à étudié sur le plan de la dynamique foncière, car ils sont
révélateurs à la fois des rapports entre l'Etat et les collectivités locales de type tribal et des rapports de force entre ces
tributs et à l'intérieur de celle-ci entre les membres d'une même collectivité soit en terme de stratégies productives
(entre éleveurs et agro-pasteurs, soit en terme de pouvoir politique, économique et social.
5
Voir les références bibliographiques et notamment les travaux de :…
23
Figure 1: Répartition des exploitations par strate de SAT
45,0
40,0
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
0 ha
< 5 ha
5 à 10 ha
Coopératif
10 à 20 ha
20 à 50 ha
> 50 ha
Tribal non aménagé
L'autre différence au niveau des systèmes agraires des zones étudiées est donnée par l'analyse des
systèmes de culture et d'élevage.
En effet comme le montre le tableau 9 une première différence apparaît entre le Centre et le Sud
qui est donnée par l'importance de l'arboriculture et par le niveau d'occupation du sol.
Ainsi sur les sites du Centre l'arboriculture occupe une place importante allant de 28 à 64 % de la
SAT, voire même 71 % si l'on considère le site d'El Khima tout seul. Cela confirme l'importance
du processus historique d'appropriation et de mise en valeur, sans oublier non plus les conditions
agro-écologiques qui caractérisent chacun des sites.
D'ailleurs cette donnée explique aussi la faiblesse de la mise en valeur et de l'utilisation des terres
dans les sites du Sud. Il faut signaler à ce propos que dans le Centre les surfaces non cultivées
sont classées par les agriculteurs comme étant des terres en jachère alors que dans le Sud ce sont
des terres non utilisées ou au mieux utilisées épisodiquement quand des conditions climatiques
exceptionnelles le permettent. Elles servent aussi de parcours naturel et d'impluvium pour les
cultures arboricoles derrières les jessours.
Tableau 9: taux d'utilisation du sol dans les différents sites
Coopératif Forestier
SAT moyenne en ha
44
17
Privé
21
Tribal Tribal non
aménagé aménagé
20
36
Total
26
Taux d'utilisation du sol*
34
89
74
12
17
35
%
* Ce taux est obtenu en additionnant pour chaque exploitation les terres réellement occupées
durant l’année de l’enquête.
24
Enfin les possibilités d'irrigation dont dispose la communauté de Ouled Zid à Guettis introduisent
un autre élément de différenciation entre les systèmes de culture observés au niveau des sites. Ce
dernier site se distingue ainsi par la présence de l'irrigation et des cultures maraîchères sur une
superficie moyenne de l'ordre de 2,5 hectares. La présence de cette opportunité d'irrigation va
avoir un impact important sur l'ensemble des systèmes de production et de l'orientation
productive des exploitations dans ce site comme nous le verrons plus loin.
La différence dans les processus de restructuration foncière se sont traduites différemment d’un
site à l’autre. Dans les sites du Centre les exploitations sont de taille relativement homogène avec
une mise en valeur assez avancée par l’arboriculture. Les possibilités d’irrigation dans le site de
Guettis ont permis l’aboutissement du processus de passage de la gestion collective du parcours
par le pastoralisme à une gestion individuelle par l’agriculture associée à l’élevage.
Elevage et pastoralisme
Pour l’ensemble de l'échantillon, la taille du troupeau présente une grande diversité et cela malgré
la présence de parcours collectif ou privé dans toutes les communautés enquêtées. Ainsi avec une
taille moyenne du troupeau de l'ordre de 38 brebis et 3 chèvres, nous avons des troupeaux qui
vont de zéro à 400 brebis et de zéro à 50 chèvres. Les grands troupeaux n’existent plus que dans
les autres sites du Centre le partage des terres collectives et leur mise en culture s’est traduite par
une tendance à la réduction de la taille du troupeau et leur intégration à l’exploitation.
Tableau 10: Taille moyenne des troupeaux dans les différents sites
Coopératif Forestier
SAT moyenne en ha
Taille du troupeau en
équivalant brebis (eqbr)
Privé
44
17
21
52,8
25,8
15,6
Tribal Tribal non
aménagé aménagé
36
20
82
33,6
Total
26
47,4
La taille moyenne du troupeau varie de 15,6 à Bir Amama, à 82 équivalent brebis au Douiret
(tableau 10). A l'intérieur de chaque site la répartition des troupeaux selon la taille laisse voir des
situations assez diversifiées (tableau 11).
25
Tableau 11: Répartition des exploitations enquêtées par site selon la taille du cheptel en %
Nombre de Coopératif Makarem El Khima
Total
brebis mère
forestier
Forestier Forestier
0
0,0
8,2
13,8
10,3
0 à 10
0,0
28,6
10,3
21,8
10 à 20
6,7
32,7
48,3
38,5
20 à 50
53,3
22,4
24,1
23,1
50 à 100
33,3
8,2
0,0
5,1
> 100
6,7
0,0
3,4
1,3
* Cette situation est conjoncturelle, certains petits éleveurs
succession des années de sécheresse.
Privé
Tribal Tribal non
aménagé aménagé
18,8
0,0
1,5*
50,0
14,5
32,4
12,5
10,1
20,6
12,5
31,9
29,4
6,3
17,4
8,8
0,0
26,1
7,4
ayant vendu leur troupeau suit à la
Ainsi nous avons d'une part des sites où la répartition du cheptel est relativement équilibrée, avec
une majorité des troupeaux ayant une taille de 20 à 100 brebis (site de Guettis), pour d’autres
sites la répartition est plus déséquilibrée avec des troupeaux de petites tailles et d’autres de tailles
plus importantes, comme le cas des sites du Dhahar (tableau 11, figure 2).
Graphique 2: Répartition des ménages enquêtés selon la taille du troupeau
60,00
50,00
40,00
30,00
20,00
10,00
0,00
0,00
1 à 10
Coopératif
11 à 20
21 à 50
El Kheima
50 à 100
> 100
Tribal aménagé
Concernant les systèmes d’élevage, les sites se distinguent les uns des autres par l'importance de
la transhumance. Celle-ci approchée par la distance moyenne parcourue par le cheptel, montre
que se sont les éleveurs du Dhahar qui continuent à déplacer leur troupeau sur de longue distance
même si le parcours est aménagé avec des points d’eau comme c’est le cas pour Béni-Khédache.
Dans le Centre se sont les éleveurs de Guettis qui continuent les déplacements de troupeau à la
26
recherche de l’alimentation. Ces déplacements s’effectuent vers la région segui de M’dhila à
laquelle les éleveurs ont accès suite à des accords avec les propriétaires (tableau 12).
Tableau 12: Modes de conduite des troupeaux
Coopérati Forestier
f
Coût aliment acheté par
troupeau en DT
Coût aliment acheté /éq.
brebis
Distance parcourue en Km
Privé
Tribal
aménagé
Tribal
non
aménagé
Total
6667
1264
1147
1919
2752
2439
101,3
48,1
64,3
40,6
50,3
51,8
18,5
1,8
0
40,1
45,5
26,1
La réalisation de l’enquête suite à deux années de sécheresse explique l’importance des aliments
achetés pour l’ensemble des sites. Cependant certains sites ont des charges d’alimentation
nettement plus élevés que la moyenne (tableau 12). C’est le cas du site de Guettis où malgré
l’existence d’un système de production intensif, le coût élevé de l’alimentation s’explique par la
sécheresse qui limite les déplacements du troupeau vers le ségui de M’dhili, enfin depuis la
construction du barrage de Sidi Aïch le terroir de cette communauté ne bénéficie plus des eaux
d’épandage, ce qui limite la productivité de certaines terres de parcours. Par contre dans les sites
du Sud les éleveurs parviennent à amortir le coût de l'alimentation par le recours au déplacement
du troupeau sur l'ensemble des parcours du Dhahar selon des règles institutionnelles propres aux
communautés des éleveurs de la région.
Le coût de l'alimentation en année sèche est par ailleurs en relation avec les stratégies de lutte
contre la sécheresse qui peuvent être différentes d'un site à l'autre allant de la vente rapide des
jeunes agneaux et chevreaux jusqu'à la vente des reproductrices et la réduction de la taille du
troupeau.
Enfin en relation avec ces stratégies il faut signaler le recours aux services des bergers. En effet
dans les parcours du Sud, l'étendu et la complexité de la conduite dans un milieu parfois hostile,
exigent la présence de bergers spécialisés qui ont une connaissance approfondie des ressources et
de leur répartition dans l’espace et dans le temps (tableau 13).
Dans les parcours du Centre la restriction de l'espace de pacage et des troupeaux s'est traduite par
une intégration de l'activité d'élevage à l'activité agricole et donc à la disparition du métier de
berger, sauf pour la transhumance vers le Nord du pays qui se fait dans certains cas par le
regroupement des troupeaux qui sont confiés alors à un berger.
27
Tableau 13: Modes de conduite des troupeaux
Coopératif
Forestier
Privé
Tribal
aménagé
Tribal non
aménagé
Recours au berger en %
16,7
43,7
0
56
82,6
Réduction du troupeau en
%
16,7
65
25
84,6
81,7
Les données de l’enquête confirment l’hypothèse concernant la conduite de l’élevage. En effet
globalement les éleveurs du Sud ont recours aux services des bergers de manière nettement plus
importante. Par contre, dans les parcours du Centre ce recours aux bergers a pratiquement disparu
sauf pour les éleveurs d’El Khima où la transhumance voire l’accès au parcours passent encore
par le biais de ceux-ci (tableau 13).
S’agissant de la régulation face aux aléas climatiques et notamment à la sécheresse, la principale
stratégie des agriculteurs est la réduction de la taille du troupeau (chez les deux tiers de
l’échantillon), alors que pour les autres, il s’agit soit de l’achat d’aliment soit de l’absence de
stratégie clairement définie. Ici encore les sites du Sud se distinguent par la plus grande fréquence
de ce type de stratégie (vente des reproductrices), vu l’absence de production fourragère propre et
la sensibilité du parcours à la sécheresse.
En définitive l’analyse des systèmes d’élevage confirme les résultats de l’analyse des structures
foncières et la relation entre le processus de privatisation des terres collectives et l’orientation des
systèmes de production. Ainsi l’importance de la place de l’élevage est différente entre le centre
et le Sud et entre les sites d’une même région. Dans les sites du Sud la conduite du troupeau se
base sur la cueillette dans les parcours avec le recours dominant aux bergers, même si la
complémentation lors des années de disettes soit de plus en plus fréquente. Dans les parcours du
Centre la conduite du cheptel est de plus en plus indépendante du cheptel
Le revenu: formation et affectation
Les niveaux des revenus sont assez variés d’un site à l’autre (tableau 14) et au sein d’une même
communauté. Cette diversité s’explique par la diversification des sources de revenu (agricole et
non agricole) et par leur importance dans la formation du revenu familial global.
Ainsi selon les sites le revenu peut être en majorité d’origine agricole ou inversement c’est à dire
d’origine non agricole ou des deux à la fois.
28
Tableau 14: Composition des revenus par site (en DT)
Coopératif Forestier
Privé
Tribal
aménagé
Tribal non Total
aménagé
Revenu total (1)
22940
1170
1312
2416
2165
4267
Revenu agricole
22907
-165
-950
663
242
2764
Revenu extra-agricole
(3)
33
1335
2262
1753
1923
1503
(3)/ (1) en %
0,1
114,1
172,4
72,6
88,8
35,2
Ainsi à l’exception de Guettis les ménages des autres sites ont dans leur majorité des revenus
d’origine à la fois agricole et non agricole. Dans certains cas c'est le revenu non agricole qui
couvre le déficit occasionné par l'activité agricole étant donné les conditions climatiques
difficiles.
S’agissant du produit de l’activité agricole, le tableau 15 montre la contribution des activités
végétale et animale dans le produit brut. Une distinction nette est visible entre le centre et le sud.
Dans ce dernier la contribution des productions végétales est insignifiante, alors qu'elle constitue
de 40 à 81 % dans les sites du centre.
Tableau 15: Contribution des spéculations animale et végétale dans le produit agricole totale
Coopératif Forestier
Privé
Tribal Tribal non Total
aménagé aménagé
Produit total en DT (1)
31943
1816
1906
4538
2657
6223
Produit animal en % de
18,5
59,1
30,5
98,5
92,0
45,9
(1)
Produit végétal en % de
81,5
40,9
69,5
1,5
8,0
54,1
(1)
Le site de Guettis se distingue encore une fois par l’importance du produit d’origine végétale en
relation avec l’existence des cultures irriguées, alors que le produit d’origine animale n’est pas
négligeable non plus.
Les investissements
Rappelons que nous avons tenu compte de l’ensemble des investissements dans l’appareil de
production agricole réalisés depuis 1980. Pour chaque ménage nous avons additionné le montant
de tous les investissements en les actualisant pour l’année de l’enquête en appliquant comme
déflateur l’indice des prix à la consommation des ménages (tableau 16).
29
Tableau16: Investissement moyen par ménage et par site
Coopératif Forestier
SAT en ha
Privé
Tribal Tribal non
aménagé aménagé
Total
43,8
17,1
20,9
36,2
20,3
26,2
Investissement
total en DT
28884
2771
283
4687
5747
6906
Investissement
en DT/ha
659,5
162
13
129
283
263
L’investissement le plus important a été réalisé dans le site de Guettis. Il s’agit des
investissements qui correspondent au passage de l’agriculture en sec à l’irrigation avec le
creusage et l’équipement de puits dans la majorité des exploitations.
Par contre pour les autres sites il s’agit soit de la plantation arboricole dans le Centre, alors que
dans le Sud il s’agit d’un investissement dans l’achat de citerne, de tracteurs ou de camionnettes
en relation avec la conduite du troupeau (tableau 16).
Les revenus sont relativement faibles dans tous les sites6 sauf dans celui de Guettis. Cette
situation est imputable à la nature de l’année climatique difficile qui alourdit les charges
d’alimentation du troupeau et réduit d’autant les productions végétales. Dans tous les sites les
revenus extérieurs permettent de compenser les pertes de l’exploitation et assurent la couverture
des besoins de la famille.
En conclusion de cette analyse on peut retenir les éléments suivants :
1) Importance de l’activité et des revenus extérieurs dans la reproduction des ménages et le
fonctionnement des systèmes de production, du fait des limites de développement de l’activité
agricole, à l’exception du site de Guettis où l’intensification par l’irrigation permet de
s’émanciper des contraintes de développement agricole.
2) La réduction de la taille des troupeaux suite à la privatisation des terres et à leur mise en
valeur. Cette réduction ne s’accompagne pas dans tous les cas par une plus grande intégration du
cheptel dans les systèmes de production. Le cheptel reste dépendant de l’achat d’aliments sur le
marché.
3) La privatisation des terres collectives du Centre s’est traduite par une extension des plantations
arboricoles. Celles-ci peuvent toutefois précéder la privatisation comme forme d’appropriation
des terres collectives.
6
Ces niveaux de revenu peuvent être comparés au SMAG, qui est de l’ordre 5 DT par jours soit l’équivalent de 1250
DT par an pour 250 journée s de travail.
30
Analyse multivariée
L’analyse précédente a permis de caractériser chacun des sites et de dégager les grandes
tendances des systèmes de production dominant. Afin de saisir la diversité à l’intérieur de chaque
site et de mieux caractériser le fonctionnement global des systèmes de production, il nous est
apparu nécessaire de procéder à une analyse multivariée des données.
Cette analyse devrait nous permettre d’élaborer une typologie du fonctionnement des
exploitations agricoles enquêtées. Cette typologie nous permettra de caractériser les pratiques
agricoles et pastorales de groupes en relation avec les différentes options de gestion des parcours.
Les variables retenues pour cette typologie concernent la structure de l’exploitation en terme de
SAT, l’appareil de production en terme d’investissement engagée et de taille du troupeau, les
pratiques culturales en termes d’emblavures, les performances économiques et les revenus extraagricoles.
Typologie des systèmes de production des sites du Centre
Les analyses ont porté sur 124 exploitations réparties sur les 4 sites (Guettis, Bir Amama,
Makarem et El Khima). Deux principaux axes ont été retenus pour la détermination des groupes
types. Le premier caractérise bien le degré d’intensification au niveau de l’exploitation en terme
d’investissement par hectare, des emblavures en maraîchages et du revenu agricole par hectare.
Le deuxième exprime l’importance du revenu extra-agricole dans la viabilité économique des
exploitations. Cette typologie a permis de distinguer les 4 groupes (tableau 17):
• Type 1 : Des grandes exploitations intensifiées
• Type 2 : Des exploitations moyennes intensifiées
• Type 3 : Des exploitations moyennes avec une orientation arboricole et un REA
important
• Type 4 : Des petites exploitations diversifiées avec un REA important
Type 1 : Des grandes exploitations intensifiées
Ce groupe concerne 18 exploitations. La SAT moyenne du groupe est de 62 ha , soit le double de
celle de l’échantillon. Ce sont des exploitations intensives grâce à la création de périmètres
irrigués par puits de surface à partir des années 1980 et la pratique des cultures maraîchères et
notamment des cultures de pastèques, de tomate et de piment. La superficie moyenne des cultures
maraîchères est de 2,2 ha par exploitation. L’investissement moyen réalisé par ha est de l’ordre de
531 DT, soit 28229 DT par exploitation.
Ces exploitations continuent à pratiquer l’élevage ovin avec une moyenne de 57 brebis par
exploitation. Enfin il faut noter que le revenu extra-agricole est insignifiant pour l’ensemble des
ménages. Sur le plan de la répartition géographique 16 exploitations sur les 18 appartiennent à la
communauté des Ouled Zid.
31
Type 2 : Les exploitations moyennes intensifiées
Ce type est proche du précédent, il en diffère principalement par une taille plus réduite des
exploitations et un investissement plus important, à l’hectare , qui s’élève à 1302 DT. Ce groupe
concerne 14 exploitations, il est caractérisé par une superficie moyenne de 21 ha. On retrouve ici
aussi le même processus d’intensification par la création de puits de surface et l’aménagement de
périmètres irrigués pour les cultures maraîchères sur 2,9 ha par exploitation. Cela permet de
dégager un revenu agricole par ha de l’ordre de 1027 DT.
La taille moyenne des troupeaux est de 43 brebis, le revenu extra-agricole est insignifiant ici
aussi. 13 exploitations sur les 14 appartiennent au site de Guettis.
Type 3 : Des exploitations moyennes avec une orientation arboricole et un REA important
Ce type regroupe une majorité des exploitations enquêtées dans les sites du Centre avec 55
exploitations sur 124.
La surface moyenne est de 21 ha avec 14,2 ha plantés en arboriculture fruitière, principalement de
l’olivier. Ce groupe se caractérise par ailleurs par une taille faible du troupeau soit 10 brebis par
exploitation.
La faiblesse du revenu dégagé par l’activité agricole est compensée par la présence d’un revenu
extra-agricole relativement important de 1326 DT par ménage en moyenne.
Les exploitations de ce groupe proviennent des sites d’El Kheïma (26 ménages), Bir Amama (15
ménages) et Makarem (13 ménages), un seul provient du site de Guettis.
Type 4 : Des petites exploitations diversifiées avec un REA important
Ce groupe est caractérisé par une SAT moyenne la plus faible des types soit 11 ha par
exploitation. Cette superficie est répartie égalitairement entre grandes cultures et arboricultures
fruitières. La taille moyenne du troupeau ovin est de 19 brebis, et on note par ailleurs un début de
diversification par l’introduction de l’élevage bovin laitier.
Comme pour le type précédent la faiblesse du revenu extérieur est compensée par la présence
d’un revenu extra-agricole, le plus élevé pour tous les types. La totalité des exploitations qui
constitue ce type sont localisée dans le site de Makarem.
Les principales caractéristiques de ces types en terme de moyennes sont données par le tableau
suivant :
Tableau 17: Caractérisation des différents types de systèmes de production dans les sites du
centre
Type
SAT
S_arbe S_GC S_CM Invest/h Brebis Vache RA/ha
a
REA
1
62
16.9
0.8
2.2
531
57
0
327
56
2
21
7.6
0.4
2.9
1302
43
0
1027
107
3
21
14.2
3.1
0.2
96
10
0
-4
1326
4
11
5.6
5.6
0
72
19
2
-28
1782
32
En conclusion cette typologie des systèmes de production des sites du Centre confirme la forte
identité de chacun des sites avec la prédominance d’un type de fonctionnement dans chacun
d’eux et la forte articulation entre les systèmes de culture et l’élevage qui constitue
l’aboutissement du processus de privatisation des terres collectives et leur mise en culture,
notamment par les plantations arboricoles.
Typologie des systèmes de production du Sud
Les analyses ont porté sur 137 ménages appartenant à 8 communautés (Bir 30, Douiret, Elbenia,
Elfejij, Mgar, Ras Eloued, Zeghaya, Zammour). Deux principaux axes ont été retenus pour la
détermination des groupes types. Le premier axe caractérise l’importance de la composante
animale dans le système de production en terme de taille du troupeau ovin et de sa contribution
dans le produit total de l’exploitation alors que le deuxième exprime l’importance du revenu
extra-agricole dans la viabilité économique des exploitations.
Cette typologie à permis de distinguer les 5 groupes (tableau 18):
•
•
•
•
•
Type 1 : Les pasteurs
Type 2 : Les pasteurs arboriculteurs
Type 3 : Les petits agropasteurs
Type 4 : Les petits agropasteurs avec un REA important
Type 5 :Les grands propriétaires fonciers.
Type 1 : Les pasteurs
Ce type regroupe 24 ménages de l’échantillon, avec une superficie moyenne de 26 ha, avec
seulement l’équivalent de 3 ha d’arboriculture fruitière. Ce type se distingue par la taille
importante du troupeau soit 123 brebis par ménage en moyenne. Les chefs de ménage réalisent un
investissement moyen de 1410 DT/ha, principalement dans le matériel roulant. Ils réalisent un
revenu agricole total de 2496 DT par an essentiellement d’origine animale.
Le revenu extra-agricole est aussi important que le revenu agricole (pour une année sèche), il est
en moyenne de l’ordre de 2093 DT par an et par ménage.
Sur 24 ménages 16 sont localisés dans la zone des parcours tribal aménagé.
Type 2 : Les pasteurs arboriculteurs
Ce type qui regroupe 10 exploitations de SAT moyenne de 29 ha, est relativement proche du
type précédent. Il en diffère par l’importance prise par les plantations arboricoles qui occupent
l’équivalent de 12 ha. Le troupeau moyen est de 126 brebis, le revenu agricole total est de l’ordre
de 8000 DT en moyenne par ménage provenant en majorité de la production animale.
Type 3 : Les petits agropasteurs
Ce type concerne 49 ménages avec une SAT moyenne de 16 ha, une taille moyenne du cheptel de
27 brebis. Le revenu extra-agricole est faible, de même que le revenu agricole calculé qui s’avère
33
négatif pour l’année en cours caractérisée par la sécheresse. La répartition par site ne montre pas
de différence significative.
Type 4 : Les petits agropasteurs avec un REA important
Ce type est proche du précédent sauf par la présence d’un revenu extra-agricole le plus important
de tous les types des sites du Sud soit 3708 DT par an et par ménage.
Concernant l‘appareil de production, la SAT moyenne est de l’ordre de 19 ha, le cheptel moyen
est de 23 brebis par ménage. La répartition par site ne présente pas, ici non plus, de signification.
Type 5 :Les grands propriétaires fonciers
Il s’agit d’attributaires de terres collectives qui ont bénéficié du début du processus de
privatisation dans la région de Bir Thlathine. Cela explique la taille importante des exploitations
(109 ha de moyenne). La taille du troupeau n’est pas en relation avec la structure foncière est
reste moyenne pour la zone Sud, soit 40 brebis par ménage. Cela se traduit par un revenu agricole
réduit voire négatif les années sèche. Celui ci est compensé par un revenu extra-agricole moyen
de 2294 DT par an et par ménage.
Les principales caractéristiques de ces types en terme de moyennes sont données par le tableau
suivant :
Tableau 18: Caractéristiques des types de systèmes de production pour les sites du Dhahar
Type
SAT
S_arb
S_cere S_mar Ivs/ha
Brebis
Vache
RA/ha REA
1
26
3
0
0
1410
123
0
238
2093
2
29
12
0
0
512
126
0
848
1164
3
16
2
0
0
538
27
0
-199
268
4
19
4
0
0
292
23
0
-66
3508
5
109
7
1
0
51
40
0
-96
2294
En analysant le poids de ces types nous remarquons que les agro-pasteurs représentent 66% de
l’échantillon, alors que les pasteurs ne représentent que 25%.
Au-delà de la différence dans l’orientation du système de production, on observe une différence
dans les pratiques pastorales avec une plus grande mobilité des troupeaux des pasteurs, dont les
déplacements se font sur de plus grandes distances (66 km en moyenne contre 37 pour les petits
agro-pasteurs).
La comparaison entre les sites permet en définitive de mettre en relief le poids des conditions
agro-écologiques dans les processus de transformation des systèmes de production, ainsi que
l’importance des processus historiques et de la temporalité dans la mise en œuvre de la réforme
des structures agraires dans les zones des parcours collectifs.
Le site de Guettis qui présente les ressources hydriques les plus importantes a connu une
évolution assez complète avec le passage d’un système pastoral à un système agricole avec une
place importante des cultures maraîchères et fourragères. Les autres sites du Centre ont une
évolution qui reste bloquée suite à la faiblesse des ressources naturelles qui limitent les
34
possibilités d’évolution. Seul le site de Bir Amama présente une exception du fait de l’importance
de l’émigration comme alternative au développement de l’agriculture.
Les sites du Sud présentent en plus des conditions climatiques difficiles, un engagement dans le
processus de privatisation plus tardif et dont les effets ne sont pas encore visibles. L’élevage reste
donc à dominante pastorale et intimement dépendant des ressources du parcours. L’agriculture ne
présente qu’un caractère épisodique, sauf pour l’arboriculture qui bénéficie des aménagements de
collecte d’eau derrière les jessours.
Analyse économétrique
L’objectif principal de l’analyse économétrique est d’évaluer l’impact des options
d’aménagement des parcours sur les dépenses d’alimentation (aliments achetés). La
complémentation est une pratique générale chez les éleveurs de l’ensemble des communautés.
Les coûts différentiels majeurs dépendent du système d’exploitation de la terre et les options
d’accès aux ressources pastorales propres et hors communautés. Les deux régions étudiées, le
Centre et le Sud) de la Tunisie, ont des systèmes d’élevage différents, bien que les deux soient
basées sur l’élevage ovin. En Tunisie du Centre, l’élevage ovin est devenu plus intensif, avec des
troupeaux de petite taille, tandis qu’au Sud, le système d’élevage demeure extensif.
L’hypothèse principale est que l’amélioration des espaces pastoraux réduit la dépendance des
éleveurs vis-à-vis de l’aliment concentré et améliore leur bien être. Cette hypothèse est estimée en
utilisant le logiciel STATA et une base de données d’enquêtes de 246 ménages. Une analyse de
moindres carrées a été utilisée pour estimer le niveau des dépenses d’alimentation pour chaque
région et pour l’ensemble des deux régions. Les variables discrètes ont été construites pour
comparer le mode de gestion privé, coopératif, forestier et collectif aménagé. Le collectif non
aménagé a été utilisé comme la variable témoin. Ces variables discrètes ont été aussi construites
pour comprendre la gestion des troupeaux. En plus, les élasticités ont été estimées pour mesurer
les changements de dépenses alimentaires (en %) suite à la variation de 1 % des autres variables
relatives à l’effectif du troupeau, la taille de l’exploitation et le revenu total du ménage.
Ces relations ont été estimées en utilisant l’équation suivante :
Chi = b0 + bhxh + bixi + Ri+ Ah + Hh+ uhi
Chi est le vecteur des variables dépendantes (coût d’alimentation) du ménage (h), de la
communauté (i);
xi et xh sont, respectivement, les vecteurs relatifs aux caractéristiques du ménage et de la
communauté;
Ri est le vecteur des niveaux discrets des options de gestion des parcours de la communauté;
Ah est le vecteur des options d’accès au pâturage dont dispose le ménage;
Hh est le vecteur discret relatif à la gestion du troupeau;
Uhi les facteurs non observés qui affectent la variable dépendante;
b0, bh, et bi, sont les coefficients des vecteurs à estimer.
Les résultats de l’analyse sont présentés au tableau . La taille du troupeau et le revenu ont des
coefficients positifs significatifs qui suggère que l’augmentation du revenu induit les éleveurs à
35
utiliser davantage la complémentation. Cependant, il y a une différence importante entre les
régions du Centre et du Sud. Dans les régions du Centre, l’augmentation du revenu n’engendre
pas l’accroissement des frais d’alimentation. Ces derniers augmentent de 0.78 % pour chaque
augmentation du revenu de 1 % dans les régions du Sud. Alors que dans les régions du Sud,
Les signes des variables relatives à la taille de l’exploitation sont significatifs pour le Sud et
l’ensemble des deux zones. Ces résultats sont surprenants car les éleveurs de la région du Centre
pratiquent plus de cultures que ceux du Sud par conséquent ils dépendraient beaucoup plus sur
les aliments auto-produits pour nourrir leur cheptel. Toutefois, les résultats de cette année ne
peuvent être généralisés, compte tenu de la sécheresse sévère qui a marqué l’ensemble du Centre
et du Sud du pays.
Les résultats relatifs aux options de gestion des parcours suggèrent que les ménages possédant
des parcours privés dépensent 9 % moins que les ménages ayant accès aux parcours collectifs
pour l’équation globale ou 47 % de moins que les ménages utilisant les parcours de type
coopératif. Les ménages utilisant les parcours collectifs soumis sous régime forestier dépensent
67 % de moins en achat d’aliments que ceux utilisant le parcours collectif, pour l’équation
générale, et 43 % de moins que les ménages utilisant les parcours coopératifs.
La variable “coopérative”, positive et significative, n’étant pas attendu car les éleveurs ont
dépensé 162 % de plus en achat d’aliments que ceux qui utilisent uniquement les parcours
collectifs. Ce résultat serait en fait explicable par la sécheresse sévère de l’année. En effet, les
éleveurs utilisant le parcours de type coopératif de Ouled Zid n’ont pas eu la possibilité de
transhumer cette année à cause de la sécheresse.
Le coefficient relatif aux parcours collectifs aménagés (Béni Khédache) suggère que les ménages
ont dépensé moins pour en achat d’aliments que ceux utilisant les parcours collectifs non
aménagés de Douiret.
36
Table 19. Moindres carrés des dépenses d’achat d’aliments dans les zones arides de la Tunisie
(2000-2001).
Log feed expenditures
(dependant)
lgexpend
Log herd size
lgsmall
Log household land
lgland
Log household income
lginco
Herd managed by herder (0,1)
berger
Herd managed by herder and
family members (0,1)
Herd managed by household
members (0,1)
Herd managed by household
members (0,1)
Private range
bergerfam
famille
otherfam
private
Cooperage managed range
cooperative
Range under forest regime
forest
Improved tribal range with newly
created range management
groups.
collimproved
Constant
_cons
All regions
Central
South
Coefficients
Coefficients
Coefficients
0.768
(0.069)***
-0.107
(0.044)**
0.098
(0.037)***
-0.273
(0.207)
-0.068
(0.269)
0.089
(0.164)
0.003
(0.417)
-0.089
(0.333)
0.481
(0.271)*
-0.396
(0.196)**
0.721
(0.124)***
0.023
(0.112)
0.082
(0.076)
0.567
(0.427)
-0.580
(0.497)
0.021
(0.182)
-0.080
(0.408)
-0.631
(0.342)*
0.777
(0.089)***
-0.120
(0.053)**
0.116
(0.045)***
-0.370
(0.284)
-0.005
(0.364)
0.194
(0.326)
-0.063
(0.178)
5.565
(1.072)***
37
-0.838
(0.270)***
6.248
(1.573)***
-0.108
(0.197)
5.480
(1.585)***
Conclusion générale
Au vu de l’analyse précédente, la problématique d’aménagement et de gestion des parcours
s’avère diversifiée et complexe. Elle renvoie à la fois aux conditions agro-écologiques de chaque
site, au contexte socio-économique de la région dans laquelle il se situe et la période historique
pendant laquelle il a fait l’objet des aménagements ou du partage de la terre. De ce fait les
conclusions qui peuvent être tirées de notre étude, s’il permettent d’éclairer sur la problématique
de chaque site, ils ne peuvent, qu’avec beaucoup de précautions servir comme base pour les
aménagements futurs et les modes de gestion qui seront retenus. En effet la diversité des
situations se traduit par la nécessité d’élaborer à la fois des modèles techniques, des modes de
gestion et des projets de développement spécifique pour chaque site, ou du moins pour chaque
grande zone et en tout cas pour les zones du centre et celle du Sud.
Malgré cette diversité un ensemble de problèmes communs a été relevé. Il s’agit des problèmes à
la fois de choix d’orientation techniques, de choix du mode de gestion ou encore du rôle de la
population dans la gestion :
# La forte pression démographique et l’accroissement du cheptel sur des parcours en
constante régression, ont conduit à la rupture de l’équilibre entre la production et les
prélèvements ;
# La faible participation et la nécessite d’organiser la population afin de lui permettre de
s’ériger en partenaire dans les opérations d’aménagement et de gestion.
# Les difficultés d’approvisionnement conséquence de la rupture entre le cheptel et les
ressources pastorales ;
# La nécessité de l’intervention de l’Etat pour appuyer l’aménagement des parcours et fixer
les orientations de développement en concertation avec les usagers ;
# L’absence d’un cadre d’intervention unifié des pouvoirs publics
# La non prise en considération des aspects de gestion dans l’élaboration des projets
d’amélioration des parcours.
Outre ces problèmes communs à tous les types de parcours et dont l’expression dépend à la fois
des modes de gestion et des conditions propres du parcours, d’autres contraintes sont spécifiques
à chacune des régions.
Ainsi dans le Centre de la Tunisie les parcours que l’on rencontre constituent des reliquats de
terre à vocation pastorale jugés non privatisables et dont la gestion est réalisée sous différentes
formes présentant chacune des avantages et des inconvénients. Leurs principaux problèmes sont :
# L’inadéquation entre les projets techniques retenus et les stratégies des agriculteurs, ce qui
se traduit par l’émergence de comportements de captation des subventions ;
# L’intervention des services administratifs sans résolution des conflits d’intérêt internes
aux communautés concernées ce qui perpétue ces problèmes ;
# La sous-exploitation des ressources créées peut affecter la pérennité des parcours ;
# La surexploitation de certaines ressources aboutit à la dégradation du couvert végétal ;
# L’accès inégal des usagers aux ressources créées du fait de l’orientation de leurs systèmes
de production et de leur dotation en moyens ;
38
La situation des parcours du Sud est différente de celle du Centre, elle nécessite une réflexion
propre basée sur l’expérience des usagers de ces parcours et des aménagistes.
Les problèmes spécifiques de ces parcours , tels qu’ils ont été discutés lors de l’atelier national
(Tataouine, avril 2001) sont les suivants :
# Statut foncier confus des parcours collectifs
# Confusion dans l’identification des ayants droit et la définition des droits d’usage, ce qui
se traduit par des conflits d’intérêt intra et inter communautaire ;
# Absence d’institutions efficaces et opérationnelles représentatives des usagers pouvant
être partenaire dans les programmes d’aménagement et assurer par la suite la gestion des
parcours ;
Au vu de ces problèmes dont la résolution est un préalable à toute intervention quelque soit sa
nature ; des orientations générales peuvent être données pour asseoir une politique de gestion de
ces parcours :
# Délimitation des terres à vocation pastorale et clarification de leur statut
# Identification des ayants droit et les modes d’accès à ces parcours ;
# L’organisation de la population afin de permettre à celle-ci de prendre part au choix des
options de parcours et à leur mise en œuvre.
# L’unification des instances d’intervention des pouvoirs publics autour d’une politique
claire et d’un projet de développement porteur.
39
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