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II. MATERIELS ET METHODES 28 Matériels et Méthodes II.1. Matériels et réactifs Liste alphabétique. Acétone Acide acétique Acide chlorhydrique Acide linoléique (C18:2 ∆ 9,12), 99 % Acide linolénique (C18:3 ∆ 9,12,15), 99 % Acide oléique (C18:1 ∆ 9), 99 % Acide stéarique (C18:0), 99 % Acide tranéxamique Acrylogel 40 % (37/1) Actinomycine D Anticorps anti-immunoglogulines de lapin couplé à la phosphatase Anticorps anti-immunoglogulines de mouton couplé à la péroxydase Anticorps anti-MMP-1 humaine (Ab-3) Anticorps anti-MMP-3 humaine APMA, acide phényl mercurique acétate Appareil à point critique CPD 030 Appareil PCR GeneAmp® PCR System 9700 Appareil photo numérique DKC CM-30 Aprotinine APS, persulfate d’ammonium Benzamidine BIAcore X Bleu de Coomassie G-250 Bleu de Coomassie R-250 Bleu de Toluidine Bleu Trypan Butanol CaCl2 caséine bovine, α-caséine Culture cellulaire, Consommables Culture cellulaire, Réactifs Cuve d'électrophorèse Mighty Small SE-250 DMSO, diméthylsulfoxyde DTT, 1,4-dithiothréitol εACA, acide ε-aminocaropoïque ECL, réactif de détection par chimiluminescence ECM Gel (Matrigel) EDTA, acide éthylène-diamine-téra-acétique Elastase leucocytaire humaine Endothelial Cell KIT.HUVEC-p Ethanol Evaporateur Ion Sputter JFC-110 Prolabo Prolabo Prolabo Sigma Sigma Sigma Sigma Sigma BDH Sigma Sigma Sigma Calbiochem Biogenesis Sigma Baltec PE Biosystems Sony Sigma Merck Sigma Pharmacia Biosensor Serva Serva Sigma Sigma Prolabo Merck Sigma Poly Labo Gibco BRL Hoefer Sigma Merck Sigma Amersham Sigma Sigma EPC PromoCell Prolabo Joel 29 Matériels et Méthodes Filtre Nucleopore PC MB 13MM 8.0UM PVPF Gélatine Glycérol Glycine Hépès, acide éthylène-diamine-tétraacétique Hotte à flux laminaire MSC12 Hyperfilm ECL Immobilon-P Incubateur à CO2 Heraeus 600 Isopropanol Lactose LBS-I, Lysin Binding Site-I Logiciel d'analyse d'image BioProfil Logiciel d'analyse de courbe, BIAevaluation Logiciel d'analyse de courbe, Grafit 4.0 Mca-Pro-Leu Mca-Pro-leu-Gly-Leu-(Dnp)-Ala-Arg-NH2 Méthanol Microconcentrateur Nanosep™ Microscope électronique à balayage 5400 LV Microscope Inversé Axiovert 25 MMP-1 humaine MTT, 3-(4,5-diméthylthiazol-2-yl)-2,5-diphényltétrazolium n-octyl-β-D-glucopyranose NaCl NBT/BCIP Sigma Fast NEM, N-éthyl-maléide Oligonuclétides para-nitroaniline Plaque noire 96 puits Plaque transparente 96 puits Plasmine humaine sans εACA et sans Lysine Plasminogène humain sans εACA et sans Lysine PMSF, phénylméthylsulonylfluorure ProMMP-2 humaine ProMMP-3 humaine S-2251 SAB, sérum albumine bovine SDS, dodécyl sulfate de sodium Sécheur de gel, Gel Air Drying Système Sensor Chip HPA Soude Spectrofluorimètre HTS 7000+ Spectrophotomètre Titertek Multiscan+ Système d'acquisition d'image en fluorescence LAS-1000 Système d'acquisition d'image en lumière blanche BioCapt Corning Sigma Sigma Euromedex Euromedex Jouan Amersham Millipore Heraeus Prolabo Sigma Sigma Vilber Lourmat Pharmacia Biosensor Erithacus Bachem Bachem Prolabo Pall Filtron Joel Zeiss Calbiochem Sigma Euromedex Merck Sigma Sigma Eurogentec Sigma Cliniplate Greiner Calbiochem Calbiochem Sigma Calbiochem Valbiotech Chromogenix Euromedex BDH Bio-Rad Pharmacia Biosensor Prolabo Perkin Elmer Labsystems Fuji Medical System Vilber Lourmat 30 Matériels et Méthodes Système de transfert semi-dry Trans-Blot® SD. TIMP-2 humain Tris, (tris-(hydroxyméthyl))-aminométhane Triton-X100 Tween-20 Ultracentrifugeuse L-60 Urokinase humaine sans εACA et sans Lysine II.2. Bio-Rad Calbiochem Gibco BRL Sigma Sigma Beckman Calbiochem Isolement de l’élastine insoluble L’élastine fibreuse insoluble est isolée du ligament large de la nuque de bœuf dont elle représente 80 % (p/p) du poids sec, selon la méthode d’hydrolyse alcaline améliorée par Robert L. et al., 1976. Ce procédé reste à l’heure actuelle une méthode de référence pour la purification de l’élastine insoluble [Daamen W.F., 2001]. Le ligament large de la nuque de bœuf est lavé abondamment dans une solution de sérum physiologique en présence d’inhibiteurs de protéases (NEM 5 mM, EDTA 5 mM, PMSF 2 mM) puis rincé avec une solution de NaCl à 10 % (p/v). Afin d’éliminer les lipides, il est ensuite incubé 1 heure dans une solution de butanol 1 M puis 1 heure dans une solution d’acétone 100 %. Après lyophilisation, le matériel obtenu est broyé dans un Potter. Il est ensuite hydrolysé par traitement à la soude 0,1 M pendant 15 min dans un bain-marie à +98°C, sous agitation constante. L’hydrolysât ainsi obtenu est centrifugé à 12 000 g pendant 15 min. Cette étape d’extraction par la soude est répétée 3 fois. En effet, seul un traitement alcalin de 45 min permet d’éliminer tous les éléments contaminant les fibres élastiques tels que les collagènes ou les glycoprotéines de structure. Après refroidissement et neutralisation de la soude par une solution d’acide chlorhydrique 1 M, l’hydrolysât est centrifugé à 12 000 g pendant 15 min. Le culot obtenu est rincé avec de l’eau distillée jusqu’à l’obtention d’un pH neutre (pH 7,0) puis séché à l’aide d’acétone. L’élastine insoluble ainsi isolée est ensuite broyée à sec et tamisée ; le diamètre des fibres élastiques utilisées dans nos expériences est inférieur ou égal à 125 µm. Hormis l’étape d’extraction par la soude 0,1 M, toutes les étapes d’isolement sont réalisées à température ambiante. La pureté de l’élastine insoluble est déterminée par analyse des acides aminés par chromatographie liquide haute performance et par l’absence d’hexoses et d’hexosamines dans la préparation [Jacob M.P., 1985]. 31 Matériels et Méthodes II.3. Préparation d’hydrolysât d’élastine insoluble II.3.1. Hydrolysât chimique L’élastine insoluble peut être solubilisée par la potasse en milieu éthanolique. Cette méthode d’hydrolyse génère des peptides d’élastine soluble appelés kappa-élastine (kE) [Jacob M.P., 1985]. 1 g d’élastine insoluble est mis en suspension dans 100 ml d’un mélange éthanol/eau 80/20 (v/v) contenant 1 M de potasse (KOH). Le mélange est maintenu sous agitation constante pendant 1 heure à +37°C ; cette température favorise la solubilisation de l’élastine. Après centrifugation à 12 000 g pendant 15 min, le surnageant qui contient les peptides de kE est conservé. Le culot d’élastine insoluble non hydrolysé est incubé à nouveau dans un mélange éthanol/eau 80/20 (v/v) contenant 1 M de potasse (KOH). Les différents surnageants obtenus sont neutralisés par de l’acide perchlorique puis mis à décanter pendant 18 heures à +4°C. Après centrifugation, le culot contenant les sels de perchlorate de potassium est éliminé et le surnageant contenant les peptides de kE est dialysé contre de l’eau distillée puis lyophilisé. Les peptides de kE ainsi générés présentent une grande hétérogénéité de masses moléculaires. Ils sont donc fractionnés en fonction de leur masse moléculaire par chromatographie d’exclusion (Sephadex G-100). La fraction de peptides de kE de masse moléculaire apparente de 75 kDa est retenue pour les expériences ultérieures. II.3.2. Hydrolysât enzymatique 75 mg d’élastine insoluble sont mis en suspension dans 7,5 ml de tampon Tris-HCl 0,1 M, CaCl2 5 mM, NaN3 0,02 % (p/v) pH 8,0 et maintenus sous agitation constante pendant 18 heures à +4°C. 37,5 µg (1,25 µmol) d’élastase leucocytaire sont ajoutés au milieu réactionnel. Le mélange est alors incubé sous agitation constante à +4°C pendant 1 à 24 heures. La réaction enzymatique est stoppée par addition de 75 µl de PMSF à 0,2 M. Après centrifugation à 10 000 g pendant 10 min à +4°C, le surnageant contenant les peptides d’élastine est dialysé contre de l’eau distillée puis lyophilisé. Les quantités de peptides générés sont déterminées par dosage des protéines selon la méthode de Bradford en utilisant la kappa-élastine comme standard [Jacob M.P., 1985]. Après 1 et 24 heures d'incubation, des hydrolyses de l’élastine de 6,6 et 37,1 %, respectivement, sont observées. 32 Matériels et Méthodes II.4. Synthèse des peptides utilisés Les peptides VGVAPG et (VGVAPG)3 ainsi que les banques de peptides VXVAPG et XGVAPG ont été synthétisés par le Laboratoire de Biochimie Analytique de M. le Pr. Jean Wallach à Lyon. Le protocole utilisé est basé sur la synthèse en mode Fmoc ou fluorenylmethoxycarbonyle et les couplages sont effectués avec des esters d’acide aminéFmoc-pentafluorophényl (Fmoc-acide aminé-OPfp) [Welling D.A., 1997]. Le greffage des acides aminés est réalisé sur une phase solide en présence d’un excès de chaque acide aminé et se fait successivement en présence de 1-hydroxybenzotriazole. La phase solide utilisée est une résine Fmoc-Val-Wang. Toutes les étapes de déprotection Fmoc impliquent un traitement avec une solution de diméthylformamide/piperidine 20% pendant 10 minutes. La coupure du peptide de la résine est obtenue par un traitement avec un mélange acide trifluoroacétique/eau (95/5 ; v/v) pendant 6 heures, suivi par des lavages successifs de la résine avec de l’éther. Les peptides sont ensuite purifiés par HPLC en phase inverse et leurs puretés vérifiées par spectrométrie de masse à bombardement atomique rapide. Les banques de peptides VXVAPG et XGVAPG ont été synthétisés selon un protocole similaire en utilisant la méthodologie de chimie combinatoire par « division-synthèse » [Houghten R.A., 1991 ; Lam K.S., 1991]. La séquence Fmoc-VAPGV est synthétisée en premier sur une résine Fmoc-Val-Wang et divisée en deux fractions. Pour la synthèse de VXVAPG, 19 sous-fractions de 20 mg chacune sont effectuées à l’aide du système Multipeptide Biotech BT 400. A chaque sous-fraction est couplé un ester d’acide aminé Fmoc-OPfp (hormis l’acide aminé cystéine). Après lavage et séchage, les 19 sous-fractions sont rassemblées avant l’addition du résidu Valine final. La seconde banque de peptide est réalisée de la même manière. Le résidu Fmoc-Gly-Opfp est greffé sur la résine FmocVAPGV avant le processus de division en sous-fractions et de couplage final des différents acides aminés. 33 Matériels et Méthodes II.5. Mesure des activités enzymatiques des protéinases II.5.1. Principe Une enzyme est une protéine capable de catalyser spécifiquement la transformation d’un ou deux substrats. En prenant un modèle simplifié de réaction enzymatique : d ( P) d (S ) E S → P , la vitesse de réaction s’écrit : v = =− . dt dt Pour tracer une courbe ( P) = f (t ) , l’enzyme E agit sur le substrat S ; le temps zéro correspond au déclenchement de la réaction. L’apparition du produit P est mesuré en fonction du temps (Figure 7). Figure 7 Courbe (P) = f(t), relation entre l’apparition du produit P et le temps t La vitesse de réaction v = d ( P) est constante pendant les conditions initiales (partie dt de courbe 0A). Pour cette portion de courbe, la tangente à l’origine se confond avec la courbe : la vitesse, pente de la tangente 0A, est appelée vitesse initiale. Puis la vitesse diminue (portion de courbe AB) et s’annule (portion BC). La vitesse s’annule lorsque l’un des substrats est consommé ou lorsqu’il s’établit un équilibre. 34 Matériels et Méthodes Lorsque la vitesse d’une réaction enzymatique est déterminée, c’est toujours la vitesse initiale qui est calculée. Les mesures de vitesse sont donc faites dans les conditions initiales où moins de 10 % de la quantité de substrat est hydrolysé. Tant que [S ] ff [E ] , la vitesse initiale est proportionnelle à la concentration de l’enzyme : elle traduit donc l’activité d’une préparation de l’enzyme exprimée en unités enzymatiques. L’unité internationale (UI ou U) représente la quantité d’enzyme qui catalyse la transformation d’une micromole de substrat par minute. II.5.2. La plasmine L’activité enzymatique de la plasmine est mesurée par l’hydrolyse d’un substrat spécifique, le S-2251 : H-D-Val-Leu-Lys-pNA 2HCl (pNA, para-nitroanilide) [Christensen U., 1979]. La cinétique de libération du para-nitroaniline est suivie par mesure de l’absorbance à 405 nm. II.5.2.1. Mesure de l’activité plasmine dans les milieux conditionnés Après incubation, les milieux conditionnés sont prélevés, centrifugés à 10 000 g pendant 10 min à +4°C afin d’éliminer les débris cellulaires et ajustés à la même concentration protéique. Le rouge de phénol contenu dans le milieu de culture est éliminé par diafiltration à l’aide de microconcentrateur Nanosep™ avec une membrane ayant un seuil de coupure de 10 kDa. 50 µl de milieux conditionnés sont centrifugés à 14 000 g pendant 6 min à +4°C. Le retentât est remis en suspension dans 50 µl de tampon Tris-HCl 0,1 M pH 7,8 et centrifugé à nouveau dans les mêmes conditions. Cette étape est répétée 3 fois permettant ainsi d’éliminer totalement le rouge de phénol. 20 µl de milieux conditionnés sans rouge de phénol sont ajoutés à 160 µl de tampon Tris-HCl 0,1 M pH 7,8 en plaque transparente de 96 puits. La réaction est initiée par addition du substrat S-2251 à la concentration finale de 0,3 mM dans un volume réactionnel final de 200 µl. Les variations d’absorbance (λ : 405 nm) au cours du temps sont suivies à l’aide d’un spectrophotomètre lecteur de plaque HTS 7000+ à +20°C. La courbe représentant l’absorbance (en unités d’absorbance) en fonction du temps (en minutes) est tracée. La vitesse initiale de la réaction est déterminée par le calcul de la pente de la tangente à l’origine. Le nombre d’unités d’activité plasmine contenu dans les différents milieux conditionnés est calculé par conversion de la variation d’absorbance par min en variation de mole de substrat libéré par min en appliquant la Loi de Beer Lambert : A = ε l C ou A représente l’absorbance ; ε, le coefficient d’extinction molaire (l mol-1 cm-1) ; l, l’épaisseur de solution traversée (cm) et C, la concentration de la solution (mol l-1). 35 Matériels et Méthodes Une courbe d’étalonnage est réalisée à l’aide de différentes concentrations de paranitroaniline (Figure 8) afin de déterminer la valeur du coefficient d’extinction molaire du paranitroalinine dans nos conditions expérimentales (spectrophotomètre et tampon utilisés) ainsi que la valeur de l’absorbance correspondant à 10 % d’hydrolyse du substrat. Abs 405 nm 1.5 y = 6303x + 0.0048 2 R = 0.9999 1.0 0.5 0.0 0 0.00005 0.0001 0.00015 0.0002 para-nitroaniline (M) Figure 8 Courbe d’étalonnage Abs 405 nm = f (para-nitroaniline) L’analyse par régression linéaire de la courbe permet de déterminer la pente de la droite représentant le coefficient ε l : 6303. 10 % d’hydrolyse du substrat est équivalent à 30 10-6 M de para-nitroaniline libérées. A = 6303 * 30 10-6. Ainsi toute mesure d’absorbance à 405 nm au cours du temps devra être inférieure à environ 0,2 unité d’absorbance pour le calcul de l’activité enzymatique de la plasmine. II.5.2.2. Modulation de l’activité plasmine en présence d’effecteur 12 nM de plasmine humaine sont pré-incubés à +20°C pendant 5 minutes en absence ou en présence d’effecteurs dans un tampon Tris-HCl 0,1 M pH 7,8 en plaque transparente de 96 puits ; le substrat S-2251 est ensuite ajouté à la concentration finale de 0,3 mM. Les variations d’absorbance (λ : 405 nm) au cours du temps sont suivies à l’aide d’un spectrophotomètre lecteur de plaque HTS 7000+ à +20°C. La courbe représentant l’absorbance (en unités d’absorbance) en fonction du temps (en minutes) est tracée. La vitesse initiale de la réaction est déterminée par le calcul de la pente de la tangente à l’origine. V0 représente la vitesse initiale en absence d’effecteur et Vi cette vitesse en présence d’un effecteur. Le rapport Vi/V0 est calculé : si ce rapport est égal à 1, l’effecteur 36 Matériels et Méthodes n’a pas d’effet sur l’activité de l’enzyme ; s’il est inférieur à 1, l’effecteur est un inhibiteur de l’activité de l’enzyme ; s’il est supérieur à 1, il s’agit d’un activateur. II.5.3. Les MMPs La mesure de l’activité enzymatique des MMPs est basée sur le principe du transfert d’énergie par résonance, RET ou encore transfert d’énergie de fluorescence par résonance, FRET (Figure 9). Le substrat est constitué d’un oligopeptide comportant un groupement fluorescent (F), donneur d’énergie et un groupement éteignant (Q, pour quenching), accepteur d’énergie. Après hydrolyse, le groupement éteignant est libéré, permettant de mesurer l’augmentation de fluorescence. De nombreux couples fluorescent/éteignant ont été développés pour la mesure de l’activité enzymatique des MMPs dont le couple 7-méthoxycoumarine-4-acétyl (Mca)/dinitrophenyl-diaminopropionyl (Dnp) [Knight C.G., 1991 ; Knight C.G., 1992]. excitation émission F excitation émission Q F PEPTIDE 1 absorption OLIGOPEPTIDE protéinase × Q absorption PEPTIDE 2 Figure 9 Représentation schématique de la mesure d’activité enzymatique basée sur le principe d’extinction de fluorescence intramoléculaire 37 Matériels et Méthodes II.5.3.1. Mise au point de la mesure de l’activité enzymatique des MMPs à l’aide d’un spectrofluorimètre lecteur de plaque La solution stock du substrat fluorescent est conservée à +4°C et à l’abri de la lumière. Ces substrats sont très insolubles et doivent donc être dissous dans des solvants organiques tel que le diméthylsulfoxyde (DMSO). Toutefois la quantité finale de solvant dans l’essai doit être inférieure à 1% de manière à éviter tout risque de dénaturation de l’enzyme ou de modifications de ses constantes cinétiques. La concentration molaire du substrat fluorescent après reconstitution doit être déterminée précisément. Pour les substrats contenant un groupement Dnp, l’absorbance à 410 nm de la solution est mesurée. La concentration molaire est calculée en appliquant la Loi de Beer Lambert : A = ε l C soit C = A / (ε l) avec ε = 7500 l mol-1 cm-1 et l = 1 cm. Des changements artificiels de fluorescence dus aux variations de température peuvent apparaître au cours du temps. Le spectrofluorimètre doit donc être thermostable afin de travailler à température constante. Il n’est pas nécessaire d’utiliser un appareil à haute résolution. Cependant la largeur de la bande passante des filtres d’excitation et d’émission est importante. En effet le principe d’extinction de fluorescence intramoléculaire requiert des bandes passantes étroites (5 à 10 nm) pour les longueurs d’onde d’excitation et d’émission employées. Les filtres standards équipant un spectrofluorimètre lecteur de plaque ont une bande passante plus large (20 à 35 nm), permettant ainsi la mesure de la fluorescence de plusieurs fluorophores. Les longueurs d’ondes d’excitation (328 nm) et d’émission (393 nm) du groupement Mca ne sont pas compatibles avec ce type d’appareil. Le groupement coumarine possédant un pic d’émission de fluorescence à 450 nm, les mesures de fluorescence ont été effectuées en utilisant un filtre de 326 nm (bande passante 5 nm) pour la longueur d’onde d’excitation et un filtre de 465 nm (bande passante 35 nm) pour la longueur d’onde d’émission. Le spectrofluorimètre HTS 7000+ amplifie aussi le signal par un facteur de gain permettant d’obtenir une différence la plus importante possible entre le signal le plus faible et le plus fort. La valeur de ce coefficient de gain est obtenue par mesure de la fluorescence d’une solution de Mca-Pro-Leu, peptide mimant le peptide substrat hydrolysé, à 0,2 µM (soit 10 % d’hydrolyse du peptide substrat). Dans nos conditions expérimentales, un coefficient de 180 permet une telle différence. 38 Matériels et Méthodes Une courbe d’étalonnage est réalisée à l’aide de différentes concentrations de McaPro-Leu (Figure 10) afin de vérifier la relation linéaire entre la concentration de fluorophore et le fluorescence dans les conditions expérimentales employées : longueurs d’onde d’excitation 326 nm et d’émission 465 nm, coefficient de gain : 180. Ce type de courbe permet aussi la conversion des unités de réponse de fluorescence (RFU, response fluorescence units) en mole de Mca-Pro-Leu pour le calcul du nombre d’unité d’activité enzymatique des MMPs. 30000 25000 y = 1E+11x - 94.5 R2 = 0.9914 RFU 20000 15000 10000 5000 0 0.E+00 1.E-07 2.E-07 Mca (M) Figure 10 Courbe d’étalonnage RFU (λ ex : 326 nm, λ ém : 465 nm) = f (Mca) II.5.3.2. Mesure de l’activité MMPs dans les milieux conditionnés Après incubation, les milieux conditionnés sont prélevés, centrifugés à 10 000 g pendant 10 min à +4°C afin d’éliminer les débris cellulaires et ajustés à la même concentration protéique. Le rouge de phénol contenu dans le milieu de culture est éliminé par diafiltration à l’aide de microconcentrateur Nanosep™ avec une membrane ayant un seuil de coupure de 10 kDa. 50 µl de milieux conditionnés sont centrifugés à 14 000 g pendant 6 min à +4°C. Le retentât est remis en suspension dans 50 µl de tampon Tris-HCl 50 mM, NaCl 150 mM, CaCl2 5 mM pH 7,5 et centrifugé à nouveau dans les mêmes conditions. Cette étape est répétée 3 fois permettant ainsi d’éliminer totalement le rouge de phénol. 20 µl de milieux conditionnés sans rouge de phénol sont ajoutés à 170 µl de tampon Tris-HCl 50 mM, NaCl 150 mM, CaCl2 5 mM pH 7,5 en plaque noire de 96 puits dont les sites de liaisons non-spécifiques ont été bloqués à l’aide d’une solution de sérum albumine bovine (SAB) à 0,1 % (p/v) dans un tampon Tris-HCl 50 mM, NaCl 150 mM, CaCl2 5 mM pH 7,5. La réaction est initiée par addition de 10 µl de substrat Mca-Pro-Leu-Gly-Leu-(Dnp)-Ala39 Matériels et Méthodes Arg-NH2 à la concentration finale de 2 µM dans un volume réactionnel final de 200 µl. Les variations de fluorescence (λ excitation : 326 nm, λ émission : 465 nm) au cours du temps sont suivies à l’aide d’un spectrofluorimètre lecteur de plaque HTS 7000+ à +20°C. La courbe représentant la fluorescence (en RFU) en fonction du temps (en minutes) est tracée. La vitesse initiale de la réaction est déterminée par le calcul de la pente de la tangente à l’origine. Le nombre d’unités d’activité MMPs contenu dans les différents milieux conditionnés est calculé par conversion de la variation de fluorescence par min en variation de moles de substrat libérées par min. II.5.3.3. Modulation de l’activité MMPs en présence d’effecteur Activation des proMMPs La proMMP-2 est activée par incubation pendant 18 heures à +4°C en présence de 1 mM d’APMA (préparé à la concentration de 10 mM dans la soude 0,1 M). La proMMP-3 est activée par incubation pendant 8 heures à +37°C en présence de 2 mM d’APMA (préparé à la concentration de 10 mM dans 100 % (v/v) de DMSO). Mesure de l’activité 200 pM de chaque MMP testée sont pré-incubés à +20°C pendant 5 minutes en absence ou en présence d’effecteurs dans un tampon Tris-HCl 50 mM, NaCl 150 mM, CaCl2 5 mM pH 7,5 en plaque 96 puits noire dont les sites de liaisons non-spécifiques ont été bloqués à l’aide d’une solution de SAB à 0,1 % (p/v) dans le même tampon. La réaction est initiée par addition de 10 µl de substrat Mca-Pro-Leu-Gly-Leu-(Dnp)-Ala-Arg-NH2 à la concentration finale de 2 µM dans un volume réactionnel final de 200 µl. Les variations de fluorescence (λ excitation : 326 nm, λ émission : 465 nm) au cours du temps sont suivies à l’aide d’un spectrofluorimètre lecteur de plaque HTS 7000+ à +20°C. La courbe représentant la fluorescence (en RFU) en fonction du temps (en minutes) est tracée. La vitesse initiale de la réaction est déterminée par le calcul de la pente de la tangente à l’origine. Le rapport Vi/V0 est calculé. II.6. Activation de la proMMP-3 par la plasmine 100 nM de proMMP-3 sont incubés avec 65 nM de plasmine en absence ou en présence des effecteurs, aux différentes concentrations indiquées dans le texte et les légendes, dans un tampon Tris-HCl 50 mM NaCl 150 mM CaCl2 5 mM pH 7,5. La réaction est arrêtée aux temps indiqués par addition de 0,3 mg/ml d’aprotinine, un inhibiteur de sérine protéinase, et les échantillons sont conservés à -80°C jusqu'à utilisation. Un témoin proMMP-3 incubé sans plasmine et un témoin pro-MMP-3 incubé avec plasmine et aprotinine (0,5 mg/ml dans le tampon Tris-HCl 50 mM NaCl 150 mM CaCl2 5 mM pH 7,5) sont réalisés. 40 Matériels et Méthodes Les échantillons sont ensuite soumis à une électrophorèse en gel de polyacrylamide à 10 % (p/v) en présence de dodécyl sulfate de sodium en vue de séparer les différentes protéines présentes. II.7. Electrophorèse en gel de polyacrylamide en présence de dodécyl sulfate de sodium Les protéines sont séparées en fonction de leur masse moléculaire apparente par électrophorèse en gel de polyacrylamide en présence de dodécyl sulfate de sodium ou PAGE-SDS selon la méthode décrite par Laemmli U.K., et al., 1970. Les échantillons sont mis en suspension dans le tampon échantillon (Tris-HCl 62,5 mM, SDS 2 % (p/v), Glycérol 5 % (v/v), bleu de bromophénol 0,001 % (p/v) pH 6,8), sans dépasser un volume de 25 µl et réduits en présence de 0,1 mM de DTT. Un gel de polyacrylamide à 10 % (p/v) est préparé (Tris-HCl 0,375 M, SDS 0,1 % (p/v), APS 0,05 % (p/v), TEMED 0,05% (v/v) pH 8.8). Les échantillons ainsi qu’un témoin de masses moléculaires sont déposés. Le gel est alors soumis à un courant de 10 mA pendant 30 minutes puis de 20 mA pendant 1 heure 30 permettant respectivement la concentration et la migration des échantillons (tampon de migration : Tris 25 mM, SDS 0,1 % (p/v), Glycine 192 mM pH 8,3). Après migration, le gel est démoulé. Il peut alors être coloré ce qui révèle alors les protéines présentes (Bleu de Coomassie R-250 0,025 % (p/v), méthanol 40 % (v/v) acide acétique 7 % (v/v)) ou bien, celles-ci peuvent être électrotransférées et immuno-révélées. II.8. Electrotransfert et immuno-révélation des protéines Des protéines séparées en PAGE-SDS peuvent être révélées par la technique de Western blot selon la méthode décrite par Towbin H., et al., 1979. Après migration, le gel d’électrophorèse est équilibré 30 minutes dans le tampon de transfert (Tris 48 mM, Glycine 39 mM, méthanol 20 % (v/v) pH 8,2). Les protéines sont alors électrotransférées par une tension de 15 V pendant 30 minutes à température ambiante sur une membrane de polyvinyldifluorate (PVDF) Immobilon-P mise au contact du gel à l’aide du système de transfert semi-dry Trans-Blot® SD. Après électrotransfert, la membrane est rincée avec le tampon TBS (Tris-HCl 50 mM NaCl 150 mM pH 7,6) + 0,05 % (v/v) de Tween 20 (TBS-T). La partie de la membrane correspondant à la piste de migration des témoins de masses moléculaires est découpée et colorée à l’aide d’une solution de bleu de Coomassie R-250 (bleu de Coomassie R-250 0,1 % (p/v), méthanol 50 % (v/v), acide acétique 7 % (v/v)). Ceci permet de vérifier que la migration et le transfert des protéines ont bien eu lieu. 41 Matériels et Méthodes La membrane est incubée pendant 30 minutes en présence de tampon TBS-T + 5 % (p/v) de sérum de veau fœtal (SVF) sous agitation en vue de saturer les sites de liaisons non spécifiques. La membrane est ensuite mise en présence du premier anticorps pendant 2 heures puis en présence de l’anticorps secondaire couplé à la phosphatase alcaline. Entre chaque incubation, la membrane est lavée une fois 10 minutes puis 3 fois 5 minutes avec le tampon TBS-T. La présence de phosphatase alcaline est révélée par incubation de la membrane pendant 10 minutes avec un substrat chromogène spécifique : 5-bromo-4-chloro3-indolyl phosphate et nitro bleu de tétrazolium (BCIP/NBT) Sigma Fast. Après révélation, la membrane est rincée dans de l’eau distillée, séchée et photographiée. Lors de révélation par chimioluminescence, l’anticorps secondaire utilisé est couplé à la péroxydase. La membrane est traitée de la même manière. Avant l’étape de révélation, la membrane est lavée 3 fois pendant 5 minutes avec le tampon TBS afin d’éliminer toute trace de Tween 20. La mise en évidence de l’activité péroxydase est réalisée par incubation de la membrane avec le substrat de chimioluminescence ECL pendant une minute. La membrane est ensuite mise à exposer sur un film photographique (Hyperfilm ECL) pendant 30 secondes à 15 minutes. Le film photographique est ensuite développé, séché et photographié. II.9. Identification et quantification des protéinases et de leurs inhibiteurs selon la technique de zymographie II.9.1. Principe La présence des protéinases sécrétées dans le milieu de culture est mesurée par la méthode de zymographie [Overall C.M., 1988]. Cette technique repose sur le principe d’une PAGE-SDS où un substrat protéique a été ajouté avant la polymérisation du gel de séparation. Après polymérisation, le substrat protéique se trouve donc piégé dans les mailles d’acrylamide. La migration se déroule dans des conditions identiques à une PAGE-SDS classique, les protéinases migrent donc en fonction de leur masse moléculaire respective. Après la migration, le SDS est éliminé afin de renaturer les protéinases. Le gel est alors incubé 18 heures à +37°C, permettant la dégradation du substrat protéique par les protéinases. Le gel est ensuite coloré au bleu de Coomassie. Seuls les endroits où le substrat protéique n’a pas été dégradé sont colorés en bleu. Il apparaît donc des bandes blanches indiquant la présence de protéinases. L’intensité de dégradation pour une bande est proportionnelle à la quantité de protéinase présente. 42 Matériels et Méthodes Cette technique présente une particularité pour les MMPs, notamment pour leurs proformes. Le passage de la proforme en une forme active nécessite le remplacement d’une liaison Zn-Cys en Zn-H2O. Le SDS supprime l’interaction cystéine-Zn2+ par dénaturation de la protéine et permet l’activation des MMPs. Après élimination du SDS, la protéine retrouve une forme normale mais conserve la liaison Zn-H2O. Par un phénomène d’auto-clivage, le prodomaine est éliminé permettant l’activation de la MMP. Comme l'auto-clivage a lieu après la migration des protéines, la proforme conserve sa masse moléculaire apparente plus importante. La distance de migration électrophorétique de la proforme est donc moins grande que celle de la forme active. La zymographie permet donc de révéler et de distinguer les proformes et les formes actives des MMPs. II.9.2. Zymographie en gel de gélatine Ce type de zymographie permet en autre la révélation des gélatinases (MMP-2 et MMP-9). Dans la préparation du gel de polyacrylamide à 10 % (p/v), 0,1 % (p/v) de gélatine est ajouté au mélange. La gélatine se prépare par dissolution de 1 g pour 100 ml d’eau distillée en chauffant à +50°C. Elle est alors aliquotée et congelée à -20°C. Avant usage et après décongélation, la gélatine est chauffée 30 minutes à +37°C dans un bain. Les échantillons sont mis en suspension dans du tampon échantillon dans un volume de 25 µl au maximum, sans réduction au DTT. La migration des échantillons se fait dans les mêmes conditions qu’une PAGE-SDS. Après migration des échantillons, le gel est démoulé et placé 2 fois pendant 30 minutes dans un bain d'eau distillée contenant 2,5 % (p/v) de Triton X-100. Le Triton X-100 déplace le SDS fixé aux protéines et permet donc leur renaturation. Le gel est ensuite incubé pendant 18 heures à +37°C dans un tampon Tris-HCl 50 mM CaCl2 5 mM Triton X-100 0,02 % (p/v) pH 7,6. Les MMPs sont calcium-dépendantes d’où l’addition de CaCl2 dans le tampon d’incubation. Après incubation, le gel est coloré à l’aide d’une solution de bleu de Coomassie G-250 (bleu de Coomassie G-250 0,1 % (p/v), acide acétique 10 % (v/v), méthanol 40 % (v/v)). Après décoloration à l’aide d’une solution d’acide acétique à 10 % (v/v) et de méthanol à 20 % (v/v), le gel est étudié à l’aide d’un système d’analyse d’image BioProfil couplé au logiciel BioCapt. La quantification de la dégradation se fait par la mesure de l’intensité et de surface. Les résultats sont exprimés en volume de dégradation. Le gel est ensuite séché entre 2 feuilles de cellophanes par un courant d’air chaud pendant 1 heure 30. Comme témoin positif, de la proMMP-2 ou de la MMP-2 activée en présence de 1 mM d’APMA ont été déposées en parallèle. Comme témoin négatif, 10 mM d’EDTA ont été ajoutés au tampon d’incubation. La zone de linéarité de l’activité enzymatique est obtenue entre 10 et 200 pg d’enzyme [Kleiner D.E., 1994]. 43 Matériels et Méthodes II.9.3. Zymographie inverse en gel de gélatine Le principe est identique à celui de la zymographie. 20 ng/ml de MMP-2 activée en présence de 1 mM d’APMA pendant 18 heures à +4°C, sont ajoutés au mélange acrylamide 15 % (p/v) / gélatine 0,1 % (p/v). Pendant l’incubation, la MMP-2 dégrade la gélatine hormis les zones où les TIMPs sont présents. Ainsi seules ces zones apparaissent après coloration du gel au bleu de Coomassie [DeClerck Y.A., 1988]. Du TIMP-1 ou du TIMP-2 ont été déposés en parallèle comme marqueur. La zone de linéarité est obtenu entre 10 et 60 pg d’inhibiteur [Oliver G.W., 1997]. II.9.4. Zymographie en gel de caséine-plasminogène Ce type de zymographie permet la mise en évidence des activateurs du plasminogène de type urinaire (uPA) ou urokinase et de type tissulaire (tPA) [Heussen C., 1980]. Dans la préparation du gel de polyacrylamide à 10 % (p/v), 1 mg/ml d’α-caséine et 10 µg/ml de plasminogène sont ajoutés au mélange. Après migration électrophorétique et élimination du SDS, le gel est incubé pendant 18 heures à +37°C dans un tampon Glycine 100 mM, EDTA 5 mM pH 8,0. Après coloration du gel au bleu de Coomassie, des zones blanches apparaissent résultant d’une activité caséinolytique due à la présence de plasmine après activation du plasminogène. Comme témoin positif, de l’uPA a été déposé en parallèle. Comme témoin négatif, 2 mM de PMSF ont été ajoutés au tampon d’incubation. La présence d’EDTA dans le tampon d’incubation inhibe l’activité caséinolytique de MMPs tels que les stromélysines. En parallèle, un gel caséine sans plasminogène doit être réalisé afin de vérifier que les zones de lyse observées ne soient pas dues à l’action d'autres sérine protéinases. II.10. Etude des interactions biomoléculaires en temps réel Le phénomène optique de résonance plasmonique de surface (SPR) permet la mesure en temps réel des interactions entre deux molécules [Fagerstam L.G., 1992]. Le système de détection enregistre les changements de concentration massique de macromolécules présentes à la surface d’une fine couche métallique appelée sensor chip. Ces variations sont visualisées dans un graphique, appelé sensorgramme, où sont représentées les variations de résonance en fonction du temps (les variations de résonances étant exprimées en unité de résonance ou RU). A titre d’exemple, la liaison de 1 ng d’une protéine par mm2 à la surface d’une sensor chip entraîne une variation du signal de 1000 RU. L’étude des interactions acide gras / protéine en temps réel par SPR est réalisé à l’aide d’un appareil BIAcore X. Une sensor chip permettant la liaison de molécule hydrophobe (sensor chip HPA) est employée pour l’ensemble des expérimentations. 44 Matériels et Méthodes Un débit de 5 µl/min est appliqué au flux liquidien et l’appareil est thermostaté à +25°C. Dans un premier temps, la sensor chip est rincée pendant 5 min par une solution de n-octyl β-D-glucopyranoside à 40 mM dans l’eau. 20 µl d’une solution d’acide gras à 8 mM dans le DMSO sont injectés après l’étape de lavage (1 acide gras par sensor chip HPA). Le processus d’adsorption spontanée de l’acide gras sur la surface de la sensor chip est mesuré. Quand le signal du sensorgramme devient stable, le débit du flux liquidien est augmenté brièvement à 100 µl/min. Cette augmentation permet d’éliminer les multiples couches lipidiques qui ont pu se former lors du processus d’adsorption spontanée. En complément, une injection de 10 µl de NaOH à 10 mM est réalisée afin de régénérer la sensor chip et d’obtenir une ligne de base stable du signal du sensorgramme. Le recouvrement de la totalité de la surface de la sensor chip est évalué par l’injection de 10 µl d’une solution de SAB à 0,1 g/l. Selon les données du fabriquant (Pharmacia Biosensor), une telle injection sur une sensor chip totalement recouverte de plamitoyl-oleoyl phosphatidylcholine doit entraîner une variation du signal inférieur à 100 RU. Après 1 minute de passage du tampon d’élution (NaPO4 4,4 mM, NaCl 130 mM, KCl 3 mM pH 7,4), une variation de 43 RU du signal est observée. Cette valeur étant bien inférieure à la limite donnée par le constructeur, la sensor chip est donc bien totalement recouverte par l’acide gras. Les réactions de liaisons acide gras / protéine sont réalisées à l’aide du même tampon d’élution et la régénération de la sensor chip est obtenue après l’injection unique de 10 µl de NaOH à 10 mM. Ces conditions de régénération permettent d’obtenir la même valeur de ligne de base du signal observée avant l’injection des protéines. Les constantes de liaison de chaque protéine sont déterminées en duplicata par l’injection de trois concentrations croissantes de chaque protéine. Les sensorgrammes obtenus pour chaque concentration d’une protéine étudiée sont rassemblées dans un même graphique. Les courbes de liaison ainsi obtenues sont analysées par régression non linéaire à l’aide du logiciel BIAevaluation permettant le calcul des constantes de vitesse d’association (ka) et de dissociation (kd) ainsi que les constantes à l’équilibre d’association (KA) et de dissociation (KD). En prenant un modèle de formation d’un complexe binaire : ka A + B← → AB kd La vitesse d’association s’écrit : d [ AB ] = ka[ A][B ] dt La vitesse de dissociation s’écrit : − d [ AB ] = kd [ AB ] dt A l’équilibre les vitesses d’association et de dissociation sont égales, soit : ka[ A][B ] = kd [ AB ] , 45 Matériels et Méthodes qui peut être réarrangé pour donner : kd [ A][B ] = = KD ka [ AB ] ou ka [ AB ] = = KA kd [ A][B ] II.11. Culture cellulaire II.11.1. Lignée HT1080 La lignée de cellule HT-1080 a été obtenue à partir de cellules humaines issues d’un fibrosarcome d’un male caucasien âgé de 35 ans [Rasheed S., 1974]. Le patient est décédé 3 mois plus tard en n’ayant pas subi de chimiothérapie ou de radiothérapie. Ex vivo, les cellules HT-1080 ont un fort pouvoir tumorigène. II.11.2. Lignée BZR La lignée de cellules épithéliales bronchiques BZR a été obtenue à partir de cellules humaines normales. Ces cellules ont été immortalisées par transfection du gène codant pour le grand antigène T de SV 40. Elles ont aussi été infectées par l’oncogène v-Ha-ras. Les cellules BZR sont considérées comme des cellules bronchiques cancéreuses. Ex vivo, elles sont hautement tumorigènes, invasives et peuvent former des métastases [Ura H., 1989]. II.11.3. Lignée 16HBE La lignée de cellules épithéliales bronchiques 16HBE a été obtenue à partir de cellules humaines normales. Ces cellules ont été immortalisées par transfection du gène codant pour le grand antigène T de SV 40. Les cellules 16HBE sont considérées comme des cellules bronchiques cancéreuses. Ex vivo, elles sont peu tumorigènes et non invasives [Ura H., 1989]. II.11.4. Culture des cellules Les cellules sont conservées congelées à -180°C dans du milieu minimum essentiel d'Eagle modifié par Dulbecco (DMEM) contenant 20 % (v/v) de sérum de veau fœtal (SVF), 10 % (v/v) de DMSO et 1 % (v/v) de pénicilline 100 UI/ml + streptomycine 100 UI/ml (PEN/STREPTO). Les cellules sont décongelées rapidement à +37°C sous agitation, puis cultivées en présence de 12 ml de milieu DMEM contenant 20 % (v/v) de SVF et 1 % (v/v) de 46 Matériels et Méthodes PEN/STREPTO dans des boîtes de 75 cm2 incubées 24 heures à +37°C sous atmosphère humide et en présence de 5 % (v/v) de CO2. Après 24 heures, le milieu est remplacé par un volume égal de DMEM avec 10 % (v/v) de SVF et 1 % (v/v) de PEN/STREPTO. Celui-ci est ensuite changé tous les 3 jours jusqu'à confluence des cellules. A confluence, les cellules sont détachées de la boîte par addition de 0,25 % (v/v) de trypsine dans du tampon PBS (KH2PO4 1 mM, Na2HPO4 3 mM, NaCl 155 mM pH 7,4). Après centrifugation à 500 g, le culot cellulaire est remis en suspension dans du milieu DMEM avec 10 % (v/v) de SVF et 1 % (v/v) de PEN/STREPTO. Elles peuvent aussi être utilisées pour des études dans les conditions indiquées dans le texte et les légendes. II.12. Modèle d’étude de l’angiogenèse II.12.1. Cellules endothéliales humaines issues de veine ombilicale Nous nous sommes procuré les cellules endothéliales humaines via la Société PromoCell. Les cellules sont isolées selon les protocoles standards à partir de tissus humains normaux [Jaffe E.A., 1973 ; Marin V., 2001]. Les cellules sont transportées en flacon de 25 cm2 contenant 500 000 cellules en phase de croissance. A réception, le milieu de culture est remplacé par 10 ml de milieu de base pour cellule endothéliale comportant 0,4 % de supplément de croissance et d’héparine (ECGS/H), 2 % de SVF, 0,1 ng/ml de facteur de croissance épidermique (EGF), 1 µg/ml d’hydrocortisone, 1 ng/ml de facteur de croissance fibroblastique basique (bFGF), 50 ng/ml d’amphotéricine B et 50 µg/ml de gentamicine (milieu EGM). Après 12 à 48 heures d’incubation à +37°C sous atmosphère humide et en présence de 5 % (v/v) de CO2, la subconfluence des cellules est observée : environ 80 % de la surface de la boîte de culture est occupé par les cellules. Les cellules sont alors trypsinées, divisées en deux lots et remises en culture selon les instructions du fabriquant. Une boîte de culture contenant du milieu EGM (200 µl/cm2) est placée 30 min à +37°C sous atmosphère humide et en présence de 5 % (v/v) de CO2. Les cellules sont rincées à l’aide d’une solution saline tamponnée par l’Hépès (solution HBSS, Hépès 10 mM, KH2PO4 1,47 mM, Na2HPO4 8,1 mM, KCl 2,67 mM, NaCl 128 mM pH 7,2) et détachées par addition d’une solution de Trypsine à 0,04 % (v/v) et d’EDTA à 0,03 % (p/v) dans le tampon HBSS (100 µl/cm2). Le détachement des cellules est suivi par observation sous microscope. Quand environ la moitié des cellules s’est détachée, la boîte de culture est délicatement agitée afin de détacher toutes les cellules et de bien les individualiser. Le temps total de trypsinisation ne doit pas dépasser plus de 7 min. L’action de la trypsine est stoppée par addition d’une Solution Neutralisant la Trypsine (TNS, albumine sérique bovine 0,05 % (p/v), inhibiteur de trypsine de soja 0,05 % (p/v) dans le tampon HBSS, 100 µl/cm2). La suspension cellulaire ainsi obtenue est centrifugée pendant 4 47 Matériels et Méthodes min à 220g. Le surnageant est éliminé et le culot de cellules remis en suspension dans 2 ml de milieu EGM. 1 ml de cette suspension cellulaire est ensuite distribué dans les boîtes de culture préalablement placées à +37°C. Les cellules sont observées après 24 heures d’incubation ; au moins 80 % des cellules doit avoir adhéré. Le milieu de culture est alors remplacé par du milieu frais. Il est ensuite changé tous les deux jours jusqu’à la subconfluence des cellules. II.12.2. Formation de structures en pseudo-tube Les cellules endothéliales cultivées sur un gel épais de Matrigel forment spontanément des structures en pseudo-tube [Cockerill G.W., 1995 ; Vailhe B., 2001]. Ces structures sont comparables à des vaisseaux sanguins. Cette propriété est utilisée pour étudier les phénomènes de formation de néo-vaisseaux ou angiogenèse. 250 µl/puit d’une solution de Matrigel à 10 mg/ml sont déposés stérilement dans une plaque 24 puits. La formation du gel de Matrigel est obtenue par incubation de la plaque pendant 30 min à +37°C. Une culture de cellules endothéliales à sub-confluence est détachée de son support par addition de trypsine. Après neutralisation de la trypsine et centrifugation pendant 4 min à 220 g, elles sont remises en suspension dans le milieu EGM et amenées à une concentration de 300 000 cellules/ml après numération sous microscope à l’aide d’une cellule de Thomas. 100 µl de cette suspension cellulaire sont déposés à la surface du gel de Matrigel. Après incubation pendant 30 min à +37°C sous atmosphère humide et en présence de 5 % (v/v) de CO2, permettant l’adhésion des cellules à la surface du Matrigel, 500 µl de milieu de culture contenant ou ne contenant pas les différents effecteurs sont ajoutés. Après 3 et 14 heures d’incubation à +37°C sous atmosphère humide et en présence de 5 % (v/v) de CO2, la formation des pseudo-tubes est suivie par observation sous microscope et photographiée à l’aide d’un appareil photo numérique SONY DKC CM-30. L’activité protéolytique est évaluée après coloration à l’aide d’une solution de bleu de Coomassie G250 (bleu de Coomassie G-250 0,1 % (p/v), acide acétique 10 % (v/v), méthanol 40 % (v/v)) et décoloration à l’aide d’une solution d’acide acétique à 10 % (v/v) et de méthanol à 20 % (v/v). La longueur des pseudo-tubes formés est déterminée selon une méthode semiquantitative décrite par Steenstrup T., et al., 2000, adaptée à nos besoins. A l’aide des fonctions de retouche d’image du logiciel Adobe Photoshop 5.5 ®, les photo numériques obtenues sont transformées en noir et blanc. Les pseudo-tubes apparaissent en noir sur un fond blanc. La couleur noire est sélectionnée et le nombre de pixel noir par rapport au nombre de pixel total est déterminé. Toutes les photos ayant été prises au même 48 Matériels et Méthodes grossissement, le nombre de pixel noir par photo est donc proportionnel à la longueur des pseudo-tubes formés. II.13. Prolifération / viabilité Mesure de la prolifération cellulaire par coloration des noyaux au violet cristal Les cellules sont rincées avec le tampon PBS et fixées par addition d’une solution de glutaraldéhyde à 1,1 % (v/v) dans le tampon PBS. Après incubation pendant 20 min à température ambiante, l’excès de glutaraldéhyde est éliminé et les cellules sont rincées abondamment à l’eau distillée. Après séchage, le noyau des cellules est coloré par addition d’une solution de violet cristal à 0,1 % (p/v) dans un tampon Hépès 0,2 M pH 6,0 pendant 20 min [Kueng W., 1989]. L’excès de colorant est éliminé. Les cellules sont de nouveau rincées abondamment et séchées. Le colorant, fixé par le noyau des cellules, est extrait par addition d’un même volume d’acide acétique à 10 % (v/v) sous agitation pendant 15 min. L’absorbance à 560 nm de la solution obtenue est mesurée à l’aide d’un spectrophotomètre lecteur de plaque Titertek Multiscan+. Si l’absorbance mesurée est supérieure à une unité d’absorbance, la solution est diluée à l’aide d’acide acétique 10 %. Mesure de la viabilité cellulaire La toxicité des effecteurs sur les cellules est évaluée selon le test d’exclusion du bleu Trypan. A la fin de la période d’incubation, le milieu de culture est éliminé. Une solution de tampon PBS contenant 0,4% (v/v) de bleu Trypan est mis au contact des cellules pendant 5 minutes à +37°C sous atmosphère humide et en présence de 5 % (v/v) de CO2. Le nombre total de cellules et celui des cellules dont le corps cellulaire est coloré en bleu sont comptés manuellement par observation microscopique dans 5 champs différents choisis au hasard. Le pourcentage de cellules viables est estimé selon la formule : % de viabilité = (nombre total de cellules - nombre de cellules colorées)/nombre total de cellules *100 Mesure de la prolifération et de la viabilité cellulaire par mesure de la réduction du MMT Suite à l’action des déshydrogénases mitochondriales des cellules vivantes, le bromure de 3-(4,5-diméthylthiazol-2-yl)-2,5-diphényltétrazolium (MTT) est réduit en cristaux bleus de formazan [Mosmann T., 1983]. Le MTT est préparé à 5 mg/ml dans le tampon PBS, stérilisé par passage au travers d’un filtre de 0,22 µm et conservé à +4°C à l’abri de la lumière. Après la période d’incubation des cellules en absence ou en présence d’effecteurs, 10 µl de la solution stock de MTT pour 100 µl de milieu de culture sont ajoutés dans chaque puits et la plaque de culture est incubée pendant 4 heures à +37°C sous atmosphère humide 49 Matériels et Méthodes et en présence de 5 % (v/v) de CO2. La formation des cristaux bleus de formazan est suivie par observation sous microscope. Le milieu de culture est éliminé. Un même volume d’isopropanol est ajouté dans chaque puits et la plaque est soumise à une forte agitation permettant la dissolution des cristaux. L’absorbance à 570 nm de la solution obtenue est mesurée à l’aide d’un spectrophotomètre lecteur de plaque HTS 7000+. Si l’absorbance mesurée est supérieure à une unité d’absorbance, la solution est diluée à l’aide d’isopropanol. II.14. Mesure de l’adhérence des cellules L’adhérence des cellules sur un substrat est évaluée selon une méthode semiquantitative par coloration et mesure de l’absorbance. Afin que les cellules soient en phase de croissance lors de la mesure de l’adhérence, celles-ci, à confluence, sont trypsinées et remises en culture un jour avant l’expérimentation. 100 µl/puits d’une solution de concentration croissante du substrat dilué dans le tampon PBS sont déposés stérilement, en triplicata, dans une plaque transparente de 96 puits. La plaque est incubée pendant 18 heures à température ambiante. Les puits sont rincés 3 fois avec le tampon PBS et les sites de liaisons aspécifiques sont bloqués par addition de 100 µl/puits d’une solution de SAB à 1 mg/ml dans le tampon PBS pendant 30 min à +37°C. Les puits sont à nouveau rincés 3 fois avec le tampon PBS. Les cellules sont détachées de leur support de culture par addition d’EDTA à 2 mM dans le tampon PBS. Après centrifugation à 500 g, le culot cellulaire est remis en suspension à la concentration de 2,5 105 cellules/ml dans le milieu DMEM contenant 2 mg/ml de SAB. 100 µl de la suspension cellulaire sont ajoutés dans chaque puits et la plaque est incubée pendant 60 min à +37°C sous atmosphère humide et en présence de 5 % (v/v) de CO2. L’attachement des cellules est vérifié par observation sous microscope. Les cellules n’ayant pas adhéré sont éliminées par lavage des puits avec le tampon PBS. Les cellules ayant adhéré sont fixées par addition de 100 µl/puits d’une solution de formaldéhyde à 3,7 % (v/v) dans le tampon PBS. Après incubation pendant 30 min à +37°C, 100 µl/puits de bleu de Toluidine à 1 % (p/v) dans le tampon PBS contenant 3,7 % (v/v) de formaldéhyde sont ajoutés. La plaque est alors incubée pendant 18 heures à température ambiante. Après lavage exhaustif par l’eau distillée, la plaque est séchée et le colorant fixé par les cellules est extrait par addition de 100 µl/puits d’une solution d'eau distillée contenant 2 % (p/v) de SDS. La plaque est maintenue sous agitation pendant 15 min. L’absorbance à 600 nm est alors mesurée à l’aide d’un spectrophotomètre lecteur de plaque HTS 7000+. 50 Matériels et Méthodes II.15. Extraction des protéines membranaires au RIPA Les cellules à confluence sont rincées deux fois à l’aide d’un tampon PBS. L’ensemble des étapes suivantes est effectué à +4°C pour éviter tout phénomène de dénaturation ou de dégradation des protéines. Les cellules sont recueillies par grattage dans le tampon PBS. La suspension cellulaire ainsi obtenue est centrifugée pendant 5 minutes à 200 g. Le culot cellulaire est remis en suspension dans le tampon RIPA : Tris-HCl 50 mM, NaCl 150 mM, Nonidet-P40 1 % (v/v), Triton X-100 1 % (v/v), déoxycholate de sodium 1 % (p/v), SDS 0,1 % (p/v), iodoacétamine 5 mM, PMSF 1 mM pH 7,4 (100 µl/puits pour des cellules cultivées en plaque 6 puits). Afin de solubiliser les protéines membranaires, la suspension cellulaire est agitée activement par 5 allers et retours au travers d’une aiguille de 21G et incubée pendant 15 min. Après centrifugation à 12 500 g pendant 5 min, le surnageant est récolté et son contenu en protéine est déterminé selon la Méthode de Lowry. II.16. Mise en évidence du récepteur de l’élastine de 67 kDa Les cellules à confluence sont rincées deux fois à l’aide d’un tampon PBS. L’ensemble des étapes suivantes est effectué à +4°C pour éviter tout phénomène de dénaturation ou de dégradation des protéines. Les cellules sont recueillies par grattage dans un tampon HEPES 10 mM, sucrose 8% (p/v), EDTA 1 mM, NEM 1 mM, PMSF 2 mM, DTT 0,5 mM pH 7,6. La suspension cellulaire ainsi obtenue est soumise aux ultrasons 3 fois pendant 10 secondes puis centrifugée pendant 5 minutes à 4000 g. Le surnageant est récolté et ultracentrifugé à 100 000g pendant 1 heure. Après élimination du surnageant, le culot est remis en suspension dans 1 ml de Tampon Tris-HCl 50 mM, NaCl 140 mM, CaCl2 1 mM, MgCl2 1 mM, NEM 1 mM, PMSF 2 mM, DTT 0,5 mM, NaN3 0,02 % (p/v), Nonidet-P40 2 % (p/v) pH 7,6. Cette suspension est alors soumise à une forte agitation pendant 24 heures afin de solubiliser les protéines membranaires. Après centrifugation à 10 000 g pendant 10 min, le surnageant est conservé et dialysé exhaustivement contre un tampon bicarbonate de sodium 100 mM, EDTA 5 mM, NEM 2 mM, PMSF 2 mM pH 8,0. Le dialysât est transféré dans un microtube contenant 50 µl d’une suspension d’élastine-sépharose. L’ensemble est maintenu sous agitation constante pendant 18 heures puis centrifugé 30 secondes à 1500 rpm. Le surnageant est éliminé. Le culot d’élastine-sépharose est alors rincé 3 fois par 1 ml de tampon bicarbonate de sodium 100 mM, EDTA 5 mM, NEM 2 mM, PMSF 2 mM pH 8,0. Après le dernier lavage, le culot est remis en suspension dans 20 µl de tampon échantillon PAGE-SDS en présence de DTT. Les échantillons obtenus sont ensuite analysés par électrophorèse en gel de polyacrylamide 10 % (p/v). Après migration, les protéines présentes sont électrotransférées et immuno-révélées à l’aide d’un anticorps anti-récepteur 51 Matériels et Méthodes de l’élastine fourni par le Dr. Bob MECHAM, Department of Cell Biology and Physiology, Washington University School of Medicine, St. Louis, USA. II.17. Mesure du potentiel invasif en Chambre de Boyden Les capacités invasives des cellules ont été déterminées par mesure de leur migration au travers un filtre recouvert d’une matrice protéique selon la technique modifiée de la « Chambre de boyden » [Polette M., 1998 ; Simon N., 1992]. Pour cela, des filtres de 13 mm de diamètre possédant des pores de 8 µm ont été utilisés. Avant utilisation, les filtres sont préalablement tapissés par 2 x 100 µl d’une solution de Matrigel à 125 µg/ml, pour les expériences avec les cellules 16HBE et BZR, ou à 250 µg/ml, pour celles avec les cellules HT-1080. Le Matrigel est un extrait de membrane basale de tumeur d’Engelbreth-Holm-Swarm (EHS) constitué majoritairement de collagène de type IV, de laminine et de protéoglycanes à héparane sulfate [Kleinman H.K., 1986]. A 37°C, il forme spontanément un gel mimant une membrane basale et permet d’évaluer le potentiel invasif des cellules. Lors de l’étude des propriétés invasives des cellules HT-1080 au travers des filtres recouverts de collagène de type I, 2 x 100 µl d’une solution de collagène de type I à 100 µg/ml ont été déposés. Entre chaque application et avant expérimentation, les filtres sont évaporés sous une hotte à flux laminaire pendant 18 heures. 200 µl de milieu DMEM contenant les chemoattractants, le SVF à 10 % (v/v) et la SAB à 2 % (p/v), sont déposés dans le compartiment inférieur de la chambre. Les filtres, préalablement réhydratés à l’aide de milieu DMEM pendant 30 min, sont délicatement déposés à la surface du milieu DMEM avec les chemoattractants. 100 000 cellules, en suspension dans un milieu DMEM sans sérum contenant 0,2 % de SAB (p/v), en absence ou en présence d’effecteur, sont déposées dans le compartiment supérieur, situé au dessus du filtre. Les « Chambres » sont alors mises à incuber à +37°C sous atmosphère humide et en présence de 5 % (v/v) de CO2. A la fin de la période d’incubation, les filtres sont rincés à l’aide d’une solution de PBS et les cellules sont fixées à l’aide de méthanol 100 % pendant 10 min, puis colorées par l’hématoxyline pendant 5 min. Les filtres sont abondamment rincés à l’eau et déposés sur des lamelles couvre-objets, face inférieur vers le bas. Le Matrigel ainsi que les cellules n'ayant pas traversé le Matrigel sont éliminés mécaniquement. Les cellules ayant migré et été fixées sur la face inférieur du filtre, sont comptées par observation sous microscope, dans 30 champs à un grossissement de 40 fois, choisis au hasard. Les expériences ont été reproduites trois fois en triplicata. Les valeurs moyennes du nombre total de cellules comptées sont déterminées et exprimées avec l’erreur standard de la moyenne (SEM). 52 Matériels et Méthodes II.18. Préparation des cellules cultivées en gel de Matrigel pour observation par microscopie électronique à balayage Après la période d’incubation des cellules cultivées sur gel de Matrigel, celles-ci sont fixées par addition d’une solution de glutaraldéhyde à 2,5 % (v/v) dans le tampon PBS. Après incubation pendant 2 heures à température ambiante, les gels sont rincés 3 fois 10 min avec le tampon PBS. Afin de permettre une observation de la structure interne du gel de Matrigel, les échantillons sont plongés dans de l’azote liquide, puis fracturés par chocs mécaniques. Pour cela, les gels sont au préalable transférés dans des cassettes métalliques. La déshydratation des gels est obtenue par passage dans des solutions alcooliques de concentrations croissantes : éthanol à 50°, 10 min ; éthanol 70°, 10 min ; éthanol 95°, 10 min ; éthanol 100°, 2 fois 10 min ; éthanol 100°, 15 min. Les échantillons sont amenés au point de température critique (+41°C sous 73 atmosphère) permettant un passage continu de la phase liquide à la phase gazeuse. A volume constant, la température d’un liquide (le CO2) est élevé au dessus de celle de son point critique ; pour ce faire un appareil à point critique Baltec CPD 030 est employé. Au préalable, les échantillons sont plongés dans une solution d’éthanol-acétone (1/1 ; v/v) pendant 15 min puis dans de l’acétone pur ( 2 fois 10 min). Les gels sont finalement métallisés à l’or palladium dans un évaporateur JEOL ION SPUTTER JFC-1100 (8 mA, 1,2 kV) et observés à l’aide d’un microscope électronique à balayage JEOL 5400 LV. II.19. Extraction des ARN totaux Les ARN totaux de cellules en culture sont obtenus selon la méthode d’extraction à l’isothiocyanate de guanidium [Chomczynski P., 1987 ; MacDonald R.J., 1987]. Le culot de cellules, issu de la trypsinisation d’une boite de culture de 25 cm2, est remis en suspension dans une solution d’acétate de sodium à 25 mM pH 6,0 contenant 4 M d’isothiocyanate de guanidium et 120 mM de 2-mercaptoéthanol. La suspension cellulaire est agitée activement par 5 allers et retours au travers d’une aiguille de 21G et déposé délicatement sur le coussin d’un gradient de CsCl (0,9597 g/cm3) dans un tube à ultracentrifugation. Les tubes sont centrifugés à 104 000 g pendant 21 heures à +20°C. Après élimination du surnageant, le culot est repris dans 300 µl d’eau milli-Q autoclavée. 30 µl d’une solution d’acétate de sodium à 3 M pH 5,2 et 100 µl d’éthanol absolu sont alors ajoutés. La précipitation des ARN totaux est obtenue après incubation à -20°C pendant 18 53 Matériels et Méthodes heures. Les ARN totaux sont récoltés par centrifugation à 12 000 g pendant 5 min à +4°C, lavés à l’aide d’une solution d’éthanol à 70 % (v/v) et remis en suspension dans de l’eau milli-Q autoclavée. La concentration en ARN est déterminée par mesure de l’absorbance à 260 nm. Une unité d’absorbance correspond à 40 µg/ml d’ARN. II.20. RT-PCR semi-quantitative La RT-PCR semi-quantitative permet de comparer les variations relatives d’expression de gènes en les comparant à celle d’un gène « domestique » dont l’expression est constante. Elle comporte deux étapes : une étape de transcription inverse (ou RT), permettant de synthétiser l’ADNc à partir des ARN totaux, et une étape d’amplification par réaction de polymérisation en chaîne (ou PCR) de l’ADNc. L’étude par RT-PCR de l’expression de gènes est réalisé à l’aide du kit GeneAmp Thermostable RNA PCR Kit et d’un appareil GeneAmp® PCR System 9700. 10 ng d’ARN totaux de cellules cultivées en absence ou en présence de 50 µg/ml de kE sont utilisés pour cela ainsi que deux paires d’oligonucléotides pour chaque gène analysé dont les séquences sont données : MMP-2 humaine : • sens 5’-GGCTGGTCAGTGGCTTGGGGTA-3’ • anti-sens 5’-AGATCTTCTTCTTCAAGGACCGGTT-3’ MT1-MMP humaine : • sens 5’-CCATTGGGCATCCAGAAGAGAGC-3’ • anti-sens 5’-GGATACCCAATGCCCATTGGCCA-3’ TIMP-2 humain : • sens 5’-GTCATCTTGATCTCATAACGCTGG-3’ • anti-sens 5’-AGCCCATCTGTACCTGTGGTTCA-3’ MMP-1 humaine : • sens 5’-GAGCAAACACATCTGAGGTACAGGA-3’ • anti-sens 5’-TTGTCCCGATGATCTCCCCTGACA-3’ 28S : • sens 5’-GTTCACCCACTAATAGGGAACGTGA-3’ • anti-sens 5’-GATTCTGACTTAGAGGCGTTCAGT-3’ 54 Matériels et Méthodes La transcription inverse est réalisée à +70°C pendant 15 min, suivie d’une incubation pendant deux minutes à +95°C permettant la dénaturation des hétéroduplexes ARN-ADN. L’amplification est effectuée par une série d’incubations successives ou cycles : • à +94°C pendant 15 sec pour la dénaturation des ADN double brin, • à +68°C pendant 20 sec pour l’appariement des oligonucléotides, • à +72°C pendant 10 sec pour l’élongation des séquences. Pour chaque gène dont l’expression est analysée, le nombre de cycles est déterminé de manière à se situer dans la phase exponentielle de l’amplification par PCR, permettant ainsi l’analyse semi-quantitative de l’expression du gène, soit 30 cycles pour les gènes de la MMP-1 et de la MMP-2, 25 cycles pour les gènes de la MT1-MMP et du TIMP-2 et 19 cycles pour celui de la 28S. L’amplification est terminée par une étape supplémentaire d’élongation de deux minutes. Les produits de RT-PCR ainsi obtenus sont séparés par PAGE (polyacrylamide 10 % (p/v), Tris 90 mM, acide borique 90 mM, EDTA 2 mM pH 8,0). Après migration (Tris 90 mM, acide borique 90 mM, EDTA 2 mM pH 8,0), ces produits sont visualisés à l’aide d’un agent intercalant fluorescent. Le gel est analysé après capture d’image en fluorescence à l’aide du système LAS-1000. L’intensité de fluorescence mesurée est proportionnelle à la quantité d’ADN amplifié présent. Les intensités de fluorescence sont rapportées à celle mesurée pour le gène domestique (28S) permettant ainsi l’analyse semi-quantitative de l’expression des gènes dans les cellules en fonction des conditions de cultures. II.21. Evaluation statistique Les études statistiques ont été réalisées suivant le test t de Student. Les valeurs moyennes sont déterminées et exprimées avec l’erreur standard de la moyenne (SEM). Les différences entre les valeurs des moyennes sont considérées statistiquement significative quand P est inférieur à 0,05. * P < 0,01. ** P < 0,005. *** P < 0,001. 55