Explication d`un document : la “Nouvelle frontiere”, de John Kennedy

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Explication d`un document : la “Nouvelle frontiere”, de John Kennedy
Explication d’un document :
la “Nouvelle frontiere”, de John Kennedy
Gabriel Scherer
20 septembre 2005
“Here at home, the changing face of the future is equally revolutionary. The New Deal and the Fair Deal were bold measures
for their generations–but this is a new generation.
A technological revolution on the farm has led to an output
explosion–but we have not yet learned to harness that explosion
usefully, while protecting our farmers’ right to full parity income.
An urban population explosion has overcrowded our schools,
cluttered up our suburbs, and increased the squalor of our slums.
A peaceful revolution for human rights–demanding an end
to racial discrimination in all parts of our community life–has
strained at the leashes imposed by timid executive leadership.
A medical revolution has extended the life of our elder citizens without providing the dignity and security those later years
deserve. And a revolution of automation finds machines replacing
men in the mines and mills of America, without replacing their
incomes or their training or their needs to pay the family doctor,
grocer and landlord.
There has also been a change–a slippage–in our intellectual
and moral strength. Seven lean years of drouth and famine have
withered a field of ideas. Blight has descended on our regulatory
agencies–and a dry rot, beginning in Washington, is seeping into
every corner of America–in the payola mentality, the expense account way of life, the confusion between what is legal and what
is right. Too many Americans have lost their way, their will and
their sense of historic purpose.
[...]
For I stand tonight facing west on what was once the last
frontier. From the lands that stretch three thousand miles behind
1
me, the pioneers of old gave up their safety, their comfort and
sometimes their lives to build a new world here in the West. They
were not the captives of their own doubts, the prisoners of their
own price tags. Their motto was not “every man for himself”–
but “all for the common cause.” They were determined to make
that new world strong and free, to overcome its hazards and its
hardships, to conquer the enemies that threatened from without
and within.
Today some would say that those struggles are all over–that
all the horizons have been explored–that all the battles have been
won– that there is no longer an American frontier.
[...]
But I trust that no one in this vast assemblage will agree with
those sentiments. For the problems are not all solved and the battles are not all won–and we stand today on the edge of a New
Frontier–the frontier of the 1960’s–a frontier of unknown opportunities and perils– a frontier of unfulfilled hopes and threats.
But I tell you the New Frontier is here, whether we seek it or
not. Beyond that frontier are the uncharted areas of science and
space, unsolved problems of peace and war, unconquered pockets
of ignorance and prejudice, unanswered questions of poverty and
surplus. It would be easier to shrink back from that frontier, to
look to the safe mediocrity of the past, to be lulled by good intentions and high rhetoric–and those who prefer that course should
not cast their votes for me, regardless of party.”
1
Présenter le document.
Ce document est un discours, nommé la “ Nouvelle frontière ” (“ New
Frontier ”) prononcé par John Fitzgerald Kennedy, lors de son acceptation
de l’investiture à la Convention du parti démocrate, à Los Angeles (U.S.A.),
le 15 juillet 1960.
John Fitzgerald Kennedy est né le 29 mai 1917 à Brookline, Massachusetts, une banlieue huppée de Boston. Ses parents, Joseph Patrick Kennedy
et Rose Fitzgerald sont les descendants d’une famille originaire d’Irlande. Son
père Joseph Kennedy était l’ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni
avant la Seconde Guerre mondiale, et est l’un des hommes les plus riches des
États-Unis.
À 18 ans le jeune Kennedy intègre l’université de Princeton. L’année suivante
il intègre l’université de Harvard. Il écrit sa thèse sur la participation britan2
nique aux Accords de Munich.
Après plusieurs faits d’armes pendant la Seconde Guerre Mondiale, il s’engage dans la politique en se faisant élire à la Chambre des représentants dans
une circonscription en majorité démocrate.
En 1952 il est candidat au siège de sénateur du Massachusetts. Il réussit à
battre son concurrent républicain le sénateur sortant Henry Cabot Lodge Jr.
En 1960, le deuxième mandat1 du président Eisenhower tire à sa fin.
J.F. Kennedy se déclare candidat. Le Parti démocrate doit choisir entre les
sénateurs Humbert H. Humphrey, Lyndon B. Johnson et Adlai Stevenson II.
Kennedy emporte les élections primaires dans certains états clés comme le
Wisconsin et la Virginie de l’Ouest et obtient la nomination de son parti à la
Convention nationale. Son co-listier sera Lyndon B. Johnson qui est soutenu
par les états du sud.
Pendant la campagne électorale les débats tournent autour du rôle des ÉtatsUnis dans le monde, du problème de la pauvreté, de l’économie et de l’équilibre
avec les missiles porteurs d’armes nucléaires de l’URSS.
Ce discours fut prononcé après sa désignation comme candidat démocrate
pour l’élection présidentielle. S’il ne joue pas un rôle actif dans la campagne,
J.F. Kennedy y annonce tout de même les axes principaux de sa future politique, en particulier le concept de la “ New Frontier ”. Il y détaille sa vision
personelle de l’état intérieur des États-Unis d’Amérique, et ses projets futurs
pour des changements de politique sociale et économique.
C’est donc un texte politique à but éléctoral, qui ne peut etre considéré
comme un témoignage historique de l’état interne des USA dans la première
partie de la Guerre Froide : il reflète le point de vue démocrate sur l’évolution
de la société américaine.
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Expliquer ce que signifie pour les Américains
le terme de “ frontière ”.
La ’frontière’, en Amérique, est une évocation assez directe du temps
des pionners, auquel J.F. Kennedy se refère, comme modèle d’une société
américaine juste et solidaire. Par là, il fait appel au patriotisme américain,
déja fortement mis en avant par la guerre froide et l’avancée économique,
technique et scientifique des années 60.
1
Suite au quadruple mandat du président Roosevelt, un amendement à la constitution
limitant le nombre maximal de mandats à deux à été voté.
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Quelle analyse l’auteur fait-il de la situation intérieure américaine ?
Les U.S.A connaissent en 1960 une relative prospérité, entamée par le
“New Deal” de Roosevelt, suivi du “Fair Deal” de Truman, et plus ou moins
conservée par Eisenhower. Ces réformes visaient à établir le plein emploi,
à renforcer le salaire minimum, les retraites, les diverses formes de sécurité
sociale, et à promouvoir une politique de grands travaux2
Cependant, J.F. Kennedy souligne que la société américaine a évolué, et
que les solutions précédentes ne sont plus au goût du jour.
En effet, les avancées techniques ont boulversé l’organisation du travail
aux U.S.A., avec une progression toujours plus grande de l’automatisation
des taches d’usine.
De même, un changement démographique de profondeur a modifié l’urbanisme des grandes villes américaines, amenant à un retour de l’insalubrité,
des taudis.
L’augmentation de l’espérance de vie moyenne est aussi problématique,
étant donné que le New Deal, qui a mis en place le système de retraite
américain, était au départ prévu pour une proportion relativement faible
d’inactifs.
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Pour Kennedy, quels sont les combats qui
composent son programme de “ Nouvelle
Frontière ” ? A-t-il réussi à les mener à
bien ?
Il s’attaque au développement scientifique américain. La “Nouvelle Frontière”
désigne aussi la course à l’Espace, amorcée par les soviétiques, dans laquelle
il s’inscrit lors d’un discours daté du 25 mai 1961.
Au niveau de la politique extérieure, il se distingue par une relative ambivalence : Au début de son mandat3 il renforce considérablement l’armée
2
New Deal et Fair Deal sont étroitements liés à la domination de l’économie Keynésienne
dans l’amérique du milieu du siècle .
3
Le 28 mars, Kennedy lance un programme d’armement parmi les plus important en
temps de paix. Il double le nombre de missiles nucléaires balistiques intercontinentaux
Polaris et augmente le nombre de bombardiers stratégiques ainsi que celui des autres
missiles ; il accroı̂t aussi le nombre de divisions en état d’alerte et quadruple les unités de
luttes anti-guérillas.
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dans sa course à la spécialisation de la Guerre Froide4 , et quelques temps
après, signe le Traité d’interdiction des essais nucléaires, en vue d’un futur
désarmement nucléaire. Il négociera aussi avec Kroutchev dans le cadre des
tensions générées par la présence de missiles soviétiques à Cuba.
Il souhaite surtout insister sur le développement social, qui est selon
lui problèmatique dans une société boulversée par les surprenantes avancées
techniques ayant accompagné la seconde guerre mondiale. Il veut ainsi lutter
contre le chomage, la crise de l’agriculture, la suproduction, la dégradation
de l’éducation, l’insalubrité, et surtout la ségrégation raciale.
Ce sujet, déja abordé par Eisenhower5 , est un des plus importants de la
politique personelle de Kennedy. Cependant, comme les présidents précédants,
il ne pourra pousser ses réformes aussi loin qu’il le souhaite, du fait du fort
poids politiques des “ Southern Democrats ”, démocrates du sud hostiles à
la déségrégation.
Son assassinat à Dallas en 1963 l’empêchera de mener à bien l’ensemble
des réformes sociales qu’il avait escomptées, mais il restera un président très
efficace, au vu de ca politique active dans de nombreux domaines, avec un
mandat très court.
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Il autorise aussi en avril 1961 une opération des services secrets déstinée à renverser
Fidel Castro, qui échoue de manière assez spéctaculaire.
5
En mai 1954 une décision de la Cour suprême interdit la ségrégation dans les écoles
publiques et en octobre 1955 une étudiante noire est admise dans une université d’un état
du sud, l’Alabama. Les grands mouvements populaires commencent en décembre 1955 à
Montgomery, Alabama et verront l’arrivée de Martin Luther King. Eisenhower devra faire
intervenir l’armée pour obliger certaines écoles à s’ouvrir aux élèves noirs.
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