Jean Gynse BOLIVAR - Les articles du bulletin PMI Lévis
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Jean Gynse BOLIVAR - Les articles du bulletin PMI Lévis
COMMENT INTÉGRER LE DEVELOPPEMENT DURABLE AUX OUTILS METHODOLOGIQUES EN GESTION DE PROJET ? Jean-Gynse BOLIVAR1, M Sc. Pierre CADIEUX2, Dr Sc. Université du Québec à Rimouski Janvier 2009 ____________________________________________________ Résumé : Cet article constitue une première étape dans la démarche de l’intégration des questions de développement durable pour aboutir à une bonne planification des programmes et/ou projets dans les collectivités locales. Nous avons donc mis en évidence la méthode cadre logique, basée sur l’analyse des parties prenantes, l’analyse des problèmes, l’analyse des objectifs et l’analyse des solutions possibles, laquelle se situe au centre de notre réflexion. Ce modèle, que nous envisageons ici, ne saurait remplacer les autres approches de gestion. Il ne peut être qu’un guide d’accompagnement pour le gestionnaire de projet. À la lumière de ce qui précède, il apparaît clairement que l’intégration des objectifs du développement durable est un processus complexe, influencé par beaucoup de facteurs qui peuvent intéragir entre eux ou perçu différemmrnt par les gestionnaires de projet. Le message est alors clair : il faut d’abord changer la façon de penser avant de changer la façon d’agir. Il n’y a guère de cadres opératoires pour penser le développement durable dans les organisations, à l’exception de la théorie des groupes d’intérêts. Le modèle universel n’existe pas. L’implantation d’un projet nécessite aujourd’hui de comprendre les particularités locales, les attentes des parties prenantes et le contexte sociopolitique. ____________________________________________________ Mots clés : Développement durable - Cadre logique -Responsabilité sociale – Parties prenantes 1 Agroéconomiste et consultant, détenteur d’un diplôme de maîtrise en gestion de projet à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Monsieur Bolivar est aussi économiste et conseiller en développement durable à la firme québécoise d’AGGroupe Consultants inc. 2 Professeur et directeur du programme aux sciences avancées en gestion de projet à l’Université du Québec à Rimouski, et responsable du groupe d’intérêt local PMI Lévis-Québec à Rimouski. INTRODUCTION Depuis quelques années, on assiste à d’importants mouvements sociaux conduisant au boycottage de nos projets, dont la construction des barrages hydroélectriques, le développement de réseaux routiers, la production porcine, etc. Ces mouvements n’épargnent pas également d’autres projets moins sensibles, malgré tout le support des groupes d’écologistes dont bénéficient ces projets (éoliennes, biocarburants, etc.). Il est de plus en plus évident que les meilleurs résultats des entreprises à long terme seront assurés par celles qui arrivent à conjuguer simultanément l’environnement, l’économie et une responsabilité vis-à-vis des communautés locales. Il est donc clair que cette responsabilité n’a de raison d’être et de pérennité que si elle ne s’inscrive dans une approche « gagnant - gagnant ». L’intégration du développement durable aux outils méthodologiques en gestion de projet représente aujourd’hui un impératif stratégique pour assurer la survie des projets dans les collectivités locales. Au regard de grands débats entourant cette question épineuse, comment un gestionnaire peut-il intégrer les objectifs du développement durable aux outils méthodologiques en gestion de projet? De quelles manières un projet peut-il être «socialement et écologiquement responsable» tout en ayant une efficacité économique, alors que les intérêts des acteurs concernés par le projet sont souvent divergents, voire contradictoires. Ce sont ces questions qui nécessitent des réponses urgentes en vue d’une reconfiguration des pratiques de gestion d’une entreprise qui souhaite s’engager volontairement sur la voie du développement durable. Le but principal de cet article est de proposer un cadre de réflexion utile au gestionnaire, c'est-àdire capable de penser le développement durable dans les organisations. 1.- L’INTÉGRATION STRATÉGIQUE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE : UN IMPÉRATIF L’objectif du développement durable est de définir des schémas viables et conciliant les trois aspects économique, social et environnemental des activités humaines; « trois piliers » à prendre en considération par les entreprises et les individus. Le développement durable est un processus continu et suppose un équilibre entre trois piliers indissociables, tel qu’indiqué la figure 1 suivante : • • • Économique : performance « classique », mais aussi capacité à contribuer au développement économique de la zone d’implantation de l’entreprise; Social : conséquences sociales du projet envisagé au niveau des principaux acteurs concernés : employés (conditions de travail, niveau de rémunération, …), fournisseurs, clients, groupes de défense, communautés locales et société en général; Environnemental : compatibilité entre le maintien de la biodiversité et des écosystèmes et l’activité sociale de l’entreprise dans le milieu. Il comprend une analyse des impacts du développement social des entreprises et de leurs produits en termes de consommation de ressources, difficilement ou lentement renouvelables, ainsi qu’en termes de production de déchets ou encore d’émissions polluantes, ect. Fig. 1.- Les trois piliers du développement durable environnemental 1/3 DD 1/3 économique 1/3 social 2 Au regard de ces trois piliers (réf.fig.1) s’ajoute un enjeu transversal, indispensable à la définition et la mise de politiques et d’actions relatives au développement durable : la gouvernance. La gouvernance consiste en la participation de tous les acteurs concernés (citoyens, entreprises, …c’est une forme de démocratie participative). Le développement durable correspond au point central DD défini par l’intersection des trois (3) médianes du triangle équilatéral formé. Il représente alors la juxtaposition des trois piliers indissociables (économique, environnemental et social). Plus l’entreprise se rapproche du point central DD, plus que celle-ci se rapproche du stade de l’excellence durable. Intégrer les objectifs du développement durable signifie donc pour un gestionnaire de veiller à la rentabilité économique de son projet tout en diminuant ses impacts négatifs sur l’environnement physique et sur le plan social. En d’autres termes, le chef d’une entreprise socialement responsable (c'est-à-dire une entreprise qui prend en compte le développement durable) doit évaluer toute décision à l’aune de ces trois piliers sans en privilégier aucun par rapport à l’autre. L’équilibre de ces trois piliers ne va pas toujours de soi et se situe au plein cœur du défi de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, sujet que nous n’abordons pas dans le cadre de cet article. Selon Lauriol en 2003, cette situation a entraîné une prolifération de réflexions autour des outils de gestion. À ce stade, nous ne disposons guère de cadres opératoires pour penser le développement durable dans les entreprises, exception faite de la théorie des groupes d’intérêts (Dontenwill, 2005). 2.- COMMENT LE GESTIONNAIRE PEUT-IL INTÉGRER LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LA PLANIFICATION D’UN PROJET? L’analyse des questions du développement durable tout au long du cycle d’un projet doit être intégrée comme le processus à l’image du cadre opératoire présenté ci-dessous (Fig.2). À l’exemple d’une approche de management plus responsable, il parvient désormais d’intégrer les intérêts de l’ensemble des parties prenantes dans les processus décisionnels. Les groupes d’intérêts locaux, dont les citoyens, les regroupements politiques, les associations locales, etc. doivent participer et être informées régulièrement de l’évolution du projet durant toutes les phases de réalisation de celui-ci, telles que l’analyse de faisabilité, la gestion des processus décisionnels, la phase d’exécution ou même l’analyse à posteriori, etc. Fig. 2.- Intégration du développement durable tout au long du cycle d’un projet Programmation Évaluation Environnement Acteurs locaux Groupes d’intérêts Partenaires Économie Équité sociale Identification Conception Exécution En comparaison avec la grille d’analyse du professeur Claude Villeneuve, une telle démarche implique une réévaluation des phases du projet sur une base régulière afin de valider si le projet se range correctement dans le sens souhaité, soit celui du développement durable. À l’égard des études initiales, cela permettra de vérifier si l’acquisition des connaissances et l’analyse des besoins des groupes cibles sont suffisantes et d’identifier les ajustements à faire. Les sections qui suivent illustrent en quoi les bases méthodologiques de l’approche cadre logique pourraient constituer un cadre de réflexion utile au gestionnaire pour incarner le développement durable. 3 3.- LA MÉTHODE CADRE LOGIQUE : UN OUTIL DE PLANIFICATION DE PROJET La méthode du cadre logique est l’une des bonnes et nombreuses approches utilisées pour la planification d’un projet ciblée sur les objectifs, plus particulièrement sur les résultats (Commission européenne, 2001). Selon l’expert Jean-Pierre Ledant, 2005, le cadre logique devrait se situer au centre de la démarche d’identification d’un projet. En même temps, les bases méthodologiques du modèle logique constituent un cadre de réflexion utile au gestionnaire pour incarner le développement durable. La méthode cadre logique est l’une des approches scientifiques couramment utilisées en gestion de projet et se fonde sur quatre outils d’analyse : l’analyse des parties prenantes, des problèmes, des objectifs et des solutions possibles. Comme l’indique la figure 3, ces outils d’analyse sont liés entre eux et définissent une relation d’interdépendance, depuis les études initiales jusqu’à la planification du projet. Fig. 3.- Typologie des outils d’analyse ANALYSE DES PARTIES PRENANTES ANALYSE DES PROBLÈMES ANALYSE DES OBJECTIFS É T U D E S I N I T I A L ÉLABORATION DU MODÈLE DE PLANIFICATION E S ANALYSE DES SOLUTIONS POSSIBLES Interdépendance Analyse des parties prenantes Une « partie prenante » se définit comme étant : « tout individu, tout groupe qui peut affecter ou être influencé par les objectifs de réalisation d’une entreprise » (PMBOK, 2004). L’analyse des parties prenantes est la phase la plus importante de l’utilisation de la méthode cadre logique. Celleci est étroitement liée à l’analyse des problèmes. Pour plusieurs spécialistes de gestion de projet, elle est composée de cinq (5) étapes. • Identification des groupes d’intérêts À cette première étape d’analyse, il convient d’identifier puis de caractériser tous individus, groupes et institutions qui peuvent avoir un rapport avec la problématique afin de déterminer leurs intérêts et points de vue sur la situation existante. Les relations et le positionnement de ces acteurs avec un éventuel projet sont également soumis à l’analyse. Les parties prenantes concernées par la problématique sont alors réunies si possible pour une réflexion commune au cours d’un atelier de planification. En général, l’analyse des parties prenantes est effectuée durant la phase préparatoire du projet. Une analyse à priori sur l’ensemble des acteurs locaux peut être menée afin de mieux cibler les problèmes posés et faciliter la réflexion. Une analyse commune en atelier des parties prenantes peut également être utile pour préciser l’éventail des acteurs. 4 • Mesure de potentiel de menace ou de collaboration Après avoir identifié les principaux acteurs liés au projet, nous devons être capable de mesurer l’influence de chacune de ces parties prenantes identifiées par rapport au projet. L’objectif de cet exercice est d’évaluer surtout la capacité d’influence que peuvent avoir ces parties prenantes sur le déroulement des différentes phases du projet. Cet examen nécessite une attention considérable de les étudier soigneusement afin de prévoir les actions et les stratégies qui doivent être adoptées à l’égard de ces parties prenantes stratégiques, comme l’indique le tableau 1 suivant. Tableau 1 .- Mesure de potentiel de menace ou de collaboration des groupes d’intérêts Caractéristiques Groupes d’intérêts au projet sociales/politiques/culturelles, économiques, réligieuses/statut juridique structure organisationnelle Intérêt/ Objectifs/ Attentes Sensibilité visà-vis des aspects transversaux - environnement - genre, minorités Potentialités/ Faiblesses Implications/ Contributions -connaissances - communication - actions nécessaires - expériences - ressources Gouvernement fédéral Gouvernement provincial Autorités municipales et locales Institutions financières Citoyens, activistes, minorités ethniques, Organismes de défense Partis politiques, …etc. Universités, écoles Secteur privé, corporation Média, presse écrite Autres … à remplir de façon indicative • Processus d’accompagnement des groupes d’intérêts L’accompagnement des parties prenantes est esssentiel pendant trois périodes de la vie d’un projet . Il devrait se faire dans les périodes suivantes : - Lors des audiences publiques, ou lors de l’instruction du permis de construire; - Éventuellement, pendant la construction ou la mise en travaux ; - Tout au long du fonctionnement du projet. • Plan de communication Il est important de développer un plan efficace de communication, car celui-ci permet de : - Soutenir le projet auprès des citoyens dans la zone d’implantation de celui-ci; - Informer, impliquer et rassurer les citoyens de l’importance et l’impact du projet - Limiter les recours juridiques. • Processus d’intégration L’intégration des parties prenantes devient l’étape la plus importante dans la gestion des processus décisionnels. Cette étape ne fait pas toujours l’unanimité chez la plupart de nos décideurs. Il faudrait donc envisager : - Leur intégration dans les groupes de travail pour « dégonfler » leurs oppositions systématiques. Puisque la contestation permet de concevoir des projets de meilleure qualité, même si cette contestation peut freiner le développement du projet ; 5 - L’invitation des parties prenantes stratégiques à des visites de sites existants. Une bonne partie d’entre eux sont susceptibles de changer d’avis en acceptant l’invitation ; - La formation d’associations locales de soutien. Le projet devrait bénéficier le support de ce genre d’associations; elle doit associer largement les élus et les habitants ; sa création peut être le fait de particuliers ou d’élus, mais jamais de l’opérateur lui-même. Analyse des problèmes Une des raisons pour lesquelles nous développons des projets dans les collectivités locales est donc pour contribuer à un processus de changement d’une situation considérée comme insatisfaisante ou problématique par un important groupe de parties prenantes en une situation satisfaisante. Un projet réussira plus aisément à assurer ce changement s’il commence par des analyses de la situation problématique. L’analyse des problèmes identifie les aspects négatifs de la situation existante et établit les relations de causes à effets entre les problèmes. Ce deuxième type d’analyse est important puisqu’il vise à identifier les goulots d’étranglements réels que les parties prenantes locales considèrent comme prioritaires et qu’elles tentent de résoudre. Cette démarche d’analyse est composée de trois étapes : - Définir avec précision le cadre et le sujet de l’analyse; - Identifier les problèmes réels rencontrés par les groupes cibles et les bénéficiaires; - Visualiser le problème dans un diagramme, appelé «arbre des problèmes» afin d’établir la relation cause - effet. Analyse des objectifs L’analyse des objectifs identifie et vérifie des situations futures souhaitées, prioritaires pour les bénéficiaires du projet. La hiérachie des objectifs résulte de cette analyse. Dans une démarche méthodologique, l’analyse des objectifs permet donc ici : - Décrire la situation future qui prévaudra lorsque le problème aura été résolu, avec la participation des parties prenantes; - Vérifier la hiérarchie des objectifs; - Visualiser les objectifs dans un diagramme, appelé «arbre des objectifs» afin d’établir la relation moyens- fins. Ce troisième type d’analyse indique un aperçu clair d’une situation future recherchée. De telle analyse rapporte également certains objectifs qui ne peuvent pas être réalisés par le projet. Ces objectifs doivent être traités dans le cadre d’autres projets, même si certains d’entre eux pourraient se révéler peu réalistes. Analyse des solutions posssibles Ce type d’analyse consiste à sélectionner la (ou les) solution(s) qui doivent être appliquée(s) en vue d’atteindre les objectifs souhaités. Cette analyse requiert donc des critères clairs qui permettent de choisir des solutions, puis l’identification des différentes solutions pour atteindre les objectifs, et finalement le choix de la solution optimale à adopter pour le projet : - Des critères clairs qui permettent de choisir des solutions; - L’identification des différentes solutions pour atteindre les objectifs fixés; - Le choix de la solution optimale à adopter pour le projet. Dans la hiérarchie des objectifs, les différentes « familles » d’objectifs de même nature sont des stratégies. Il faut choisir la (ou les) stratégie(s) de l’intervention future. La stratégie la plus pertinente et faisable est sélectionnée sur la base d’un certain nombre de critères. Parmi ces critères, il faut citer les priorités des parties prenantes (disparités sociales, environnement, inégalités économiques, …), les chances de succès, le budget disponible, la pertinence de la stratégie sélectionnées, le délai exigé, la contribution à la réduction des inégalités, y compris celles liées au genre et à l’environnement, etc. 6 CADRE LOGIQUE D’INTERVENTION D’UN PROJET Titre du projet :________________________________________________________________________ Date de début :_________________________ Date de fin ___________________________-_________ Budget (estimation) :__________________________Financement local :__________________________ LOGIQUE HORIZONTALE L O G I Q U E V E R T I C A L E Niveaux descriptifs du projet Logique d’intervention Indicateurs Objectivement Vérifiables (I.O.V.) Moyens de vérification Hypothèses Objectifs généraux Objectif Spécifique Résultats attendus Moyen(s) : Intrants -physiques & non physiques -composition, provenance, etc. Coût(s) : - social - environnemental - redressement, etc. Conditions préalables Source : Bolivar, nov. 2008, mémoire de maîtrise en gestion de projet, UQAR, pp.182-183 4.- DÉCOUPAGE DU PROJET AU REGARD DE CE MODÈLE L’exemple de projet, considéré dans cet exercice, suit un découpage en quatre (4) phases d’activités interdépendantes: la phase de programmation, la phase d’identification, la phase d’exécution, et la phase d’évaluation et de fermeture (Bolivar, 2008, pp 90-91). Les activités suivent une séquence logique et définie selon chaque phase considérée. Pour illustrer notre démarche, l’analyse porte sur un projet fictif. • Phase de programmation Pour la première phase du projet, il importe de définir les orientations et principes généraux de coopération entre le promoteur et les acteurs locaux. Sur la base de l’analyse des problèmes et des potentialités de la région, et en tenant compte des priorités locales et de l’entreprise, des actions mises en oeuvre par les autres partenaires ainsi que des capacités locales et de l’entreprise, des idées de projets sont exposés dans les grandes lignes. C’est donc à cette étape ou après que doit se produire le document préliminaire du projet (Mémoire d’Identification du Projet, etc.). • Phase d’identification Une fois le document préliminaire établi, les problèmes, les besoins et les intérêts des parties prenantes doivent être analysés. Les idées de projet et d’autres opérations sont identifiées et examinées en vue d’être éventuellement approfondies. Des études sectorielles, thématiques ou de pré-faisabilité du projet peuvent être réalisées afin d’identifier, de sélectionner ou d’examiner les idées spécifiques, et de définir quelles sont les études supplémentaires éventuellement nécessaires pour la formulation d’un projet ou d’une action. Il en résulte ensuite une décision pour étudier plus en détail ou non l’/les option(s) élaborée(s). Durant la phase d’identification, l’idée du projet est pour la première fois présentée de façon encore sommaire. Une décision déterminante pour la suite doit alors être prise. Il faut en effet répondre à la question de savoir si oui ou non il va falloir continuer la préparation du projet. Pour y arriver, les décideurs ont besoin d’informations fiables qui leur permettront de répondre aux deux questions suivantes : le projet répond-t-il à des problèmes réels d’un groupe social clairement ciblé ? le projet est-il faisable compte tenu du contexte sociopolitique ? Cette décision doit se focaliser sur la pertinence et la faisabilité du projet. À ce stade, les décideurs ont également besoin d’informations sur les objectifs globaux, l’objectif spécifique et les résultats intermédiaires qui sont définis dans la première proposition du projet. Par ailleurs, les promoteurs du projet doivent être capables d’appréhender les influences des facteurs contextuels sur le projet. Pour avoir une bonne compréhension de la faisabilité du projet, quelques activités essentielles doivent être formulées. De même, des indications sur les moyens et les coûts qu’exige le projet seront nécessaires et les initiateurs doivent préciser les contraintes qui peuvent peser sur le projet. • Phase de conception La phase de conception est parfois synonyme de : « instruction, préparation, formulation ou évaluation ex ante ». Dans cette phase, tous les aspects importants de l’idée de projet sont examinés, en tenant compte des orientations du document préliminaire de projet, des facteurs de qualité clés et les points de vue des principales parties prenantes (entreprises locales, citoyens, communautés locales, etc.). Les bénéficiaires et autres partenaires participent activement à la description détaillée de l’idée du projet. La pertinence de ce projet par rapport aux problèmes et de sa faisabilité doivent être des questions clés à étudier. Une fois le rapport d’identification approuvé, le projet sera élaboré plus tard durant la phase de conception sur base des informations recueillies durant la phase précédente, soit celle de l’identification. C’est ainsi à cette phase, les décideurs doivent prendre toutes les informations nécessaires pour décider sur la pertinence, la faisabilité et la durabilité du projet. Les études d’impact doivent être revisées conjointement avec les partenaires ou les représentants des communautés locales. Ils doivent également se faire une idée de l’efficience du projet. • Phase d’exécution Durant la phase d’exécution, l’évolution du projet doit être continuellement contrôlée. Ce contrôle ou suivi se focalise sur l’exécution effective des activités. Les résultats du suivi peuvent entrainer des changements au niveau du cadre logique. Les ressources convenues sont utilisées pour atteindre l’objectif spécifique, le(s) groupe(s) cible(s) perçoit (vent) les bénéfices prévus) et les objectifs plus larges, généraux. Cette phase implique généralement la passation de contrats d’études, d’assistance technique, de services ou de fournitures. L’état d’avancement du projet fait l’objet d’un suivi régulier permettant de l’ajuster à l’évolution de la situation. À la fin de la mise en œuvre, la décision de clôturer ou de prolonger le projet devrait être prise. À tout changement dans les phases du projet, le plan initial de projet devra par contre être révisé et adapté. • Phase d’évaluation et de terminaison L’évaluation est une fonction qui consiste à porter une appréciation, aussi systématique et objective que possible, sur un projet en cours ou achevé, un programme ou un ensemble de lignes d’action, sa conception, sa mise en œuvre et ses résultats. Il s’agit de déterminer au cours de cette phase la pertinence des objectifs et leur degré de réalisation, l’efficience, l’efficacité, l’impact et la viabilité par rapport au développement. L’évaluation fournit des informations crédibles et utiles, permettant d’intégrer les enseignements tirés aux mécanismes d’élaboration des décisions tant des acteurs partenaires que des bailleurs de fonds. Cette évaluation peut avoir eu lieu au cours de la mise en œuvre du projet (« évaluation à mi-parcours »), à la fin du projet (« évaluation finale ») ou après son achèvement (« évaluation ex post»), soit pour réorienter le projet ou pour tirer des leçons pour les projets comparables. L’exercice d’évaluation peut aussi conduire à une décision de continuer, de rectifier ou de terminer le projet. Durant la phase d’évaluation, l’accent doit être mis sur l’analyse de l’efficience et de l’efficacité de l’intervention et spécialement sur le niveau des résultats atteints, sur l’objectif spécifique et les objectifs globaux. Ceci s’explique principalement dans le cas de l’évaluation à mi-parcours. Si l’évaluation ex-post est réalisée, celle-ci se focalisera également sur l'impact et devra être suivie par un plan de transfert des responsabilités. Dans ce cas, les conclusions et recommandations doivent être prises en compte pour la planification et la mise en œuvre de projets comparables. 5.- AUTRES CONSIDÉRATIONS IMPORTANTES Bien que ce modèle offre un cadre de réflexion utile et opératoire pour intégrer le développement durable au sein des entreprises, il faut souligner que celui-ci ne peut à lui seul garantir le succès d’un projet étant donné les spécificités de chaque projet ou encore les particularités de chaque région. Le bon sens doit cependant être au rendez-vous. Ce modèle ne peut constituer qu’un outil d’accompagnement pour le gestionnaire de projet. Son utilisation nécessite l’implication d’autres éléments pour parvenir à un cadre d’analyse structuré et adapté. Comme le rapporte l’Union européenne, il importe également d’intégrer les principaux facteurs suivants : • Partenariat et dialogue avec les parties prenantes écologiques et sociales – la mesure dans laquelle les groupes cibles et bénéficiaires du projet participent à sa conception et sont impliqués. Le projet doit obtenir alors leur appui pour qu’il soit viable, une fois le financement terminé ; • La part de la main-d’œuvre locale dans l’élaboration du projet – le projet doit être générateur d’emplois pour les citoyens de la zone d’implantation du projet ; • Politique de soutien – la qualité de la politique ou de lois en vigueur, et la mesure dans laquelle le gouvernement prouve son soutien pour la continuation des activités du projet. Il est important de recevoir pleinement le soutien de la haute direction ; • Innovation et technologie appropriées – il s’agit de s’assurer que les technologies utilisées par le projet peuvent continuer de fonctionner à long terme (p. ex. la disponibilité des pièces de rechange, réglementations suffisantes en matière de sécurité, les capacités locales des femmes et des hommes en termes de fonctionnement et d’entretien). Proprement dit, une technologie qui utilise les ressources locales ; 9 • • • • Protection de l’environnement – la mesure dans laquelle le projet préserve ou nuit l’environnement, et dès lors, favorise ou entrave la réalisation des bénéfices à long terme. Aspects socioculturels – il s’agit de savoir : comment le projet prendra en compte les normes et attitudes socioculturelles locales ; et quelles sont les mesures mises en place pour que les groupes bénéficiaires puissent accéder de manière appropriée aux services et bénéfices découlant du projet pendant et après la mise en œuvre ; Analyse des intérêts des femmes, des hommes et des minorités ethniques – il s’agit de savoir : comment le projet tiendra compte des besoins et des intérêts spécifiques des femmes et des hommes ; si le projet contribuera à atténuer les inégalités liées au genre et aux différents groupes ethniques sur une période de plus ou moins long terme ; Efficacité économique et viabilité financière - la mesure dans laquelle les avantages retirés sur le projet dépassent les coûts, et le projet représente un investissement viable et sécuritaire sur le long terme pour tous les acteurs. 6.- CONCLUSION L’objectif de cet article est de mettre en évidence une stratégie d’intégration du développement durable quant aux outils méthodologiques en gestion de projet. L’approche cadre logique nous a servi de fondements méthodologiques et utilisée comme l’outil de communication nécessaire entre les parties prenantes, tout au long le cycle du projet. À la lumière de ce qui précède, il apparaît clairement que l’intégration des objectifs du développement durable est un processus complexe, influencé par beaucoup de facteurs qui peuvent intéragir entre eux ou perçu différemmrnt par les gestionnaires de projet. Le message est alors clair : il faut d’abord changer la façon de penser avant de changer la façon d’agir. Il n’existe guère de cadres théoriques valables pour penser le développement durable dans les organisations, à l’exception de la théorie des groupes d’intérêts. Cette modèle de gestion, décrit dans cet article, semble offrir aux intéressés une base de réflexion utile pour opérationnaliser les questions de l’environnement et du développement durable dans l’ensemble des méthodologies de la gestion de projet. Néanmoins, il ne saurait remplacer les autres approches de gestion, telles que la technique PERT, la méthode du chemin critique ou CPM, l’analyse d’efficacité et de la qualité d’un projet, etc. BIBLIOGRAPHIE BOLIVAR, Jean-Gynse. (2008) « Comment intégrer l’environnement et le développement durable dans l’ensemble des méthodologies de la gestion de projet. Une démarche conceptuelle orientée vers un modèle de planification de projet basé sur l’Approche Cadre Logique ». Mémoire de maîtrise en gestion de projet, 231 pages, Université du Québec à Rimouski, Québec, Canada. CADIEUX, Pierre (2005), « La gestion de projet et son contexte : la gestion des Parties prenantes ». Recueil de texte inédit, Automne, Université du Québec à Rimouski, Québec, Canada. DONTENWILL, Emmanuelle (2005), « Le management responsable : Comment la théorie des Parties prenantes peutelle permettre d’opérationnaliser le concept de développement durable pour les entreprises ? ». 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