Je m`appelle Jean Marie Rapin
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Je m`appelle Jean Marie Rapin
Je m’appelle Jean Marie Rapin. Ingénieur, j’ai développé il y a 40 ans la recherche et l’activité en acoustique de l’environnement au sein du Centre Scientifique du Bâtiment et l’équipe de chercheurs que j’ai dirigée a acquis une réputation internationale. Consulté par l’architecte Jeronimo Padron-Lopez sur l’opération « Le barrage » à Pierrefitte, j’ai découvert un projet soucieux d’une prise en compte de l’environnement sonore, ce qui était pratiquement introuvable à l’époque. Sur un terrain complètement pollué par le bruit de la RN1, le projet visait à construire le calme et offrir à ses habitants un environnement agréable sur de vastes terrasses dont étaient dotées les différents logements. Je venais, pour le compte du plan construction, d’étudier l’acoustique des rues couvertes et la grande verrière prévue, en tant que moyen de captation de l’énergie solaire et qui venait de faire l’objet d’études thermiques, était l’occasion d’appliquer les connaissances acoustiques. La science de l’ingénieur permettait d’accéder à la qualité technique, pour parfaire la qualité sonore je faisait appel au compositeur Pierre Mariètan, élève de Stockhausen et précurseur dans l’approche musical de l’environnement sonore. Cette collaboration entre architecte et musicien peut être considérée comme un événement dans l’histoire de l’architecture. J’ai assisté au travail d’élaboration du projet et j’ai pu apprécier le souci de détail mis sans l’élaboration des plans de chaque logement dont la diversité révolutionnait la morne standardisation des tours et des barres des années précédentes. C’est avec stupeur que j’ai appris l’installation anarchique de locataires avant l’achèvement des travaux. De nombreuses années plus tard je recevais un appel téléphonique d’une employée du maître d’ouvrage qui découvrait que le budget destiné a l’achèvement de la rue couverte n’était pas dépensé et qu’aucun des aménagements acoustiques n’avaient été réalisé. Aujourd’hui je découvre que l’architecture se trouve absurdement la victime des conséquences d’une mauvaise gestion sociale du quartier des poètes. Si de nombreuses erreurs d’urbanisme ont été la conséquence de décisions que l’on a appelé des « coups partis » sur lesquels personne n’a osé revenir par peur d’un scandale médiatique, La destruction d’un patrimoine architectural laisse toujours des traces et ce gaspillage ne tardera pas à être dénoncé. Au moment de la démolition apparaîtra sans doute la plainte des habitants des immeubles, aujourd’hui protégés par l’écran acoustique formé par l’opération, se plaindre de découvrir le bruit de la nationale. Que de jeunes ménages rêveraient aujourd’hui d’habiter l’architecture du quartier des poètes ,bien gérée et rénovée, qu’une erreur d’attribution de crédit est sur le point de condamner.. Jean Marie RAPIN 7 rue des trois épis 38100 GRENOBLE