Brèves - Société Française d`Immunologie
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Brèves - Société Française d`Immunologie
2009 Octobre N° 120 ISSN 0998 - 2000 SFI ACTUALITÉS Société Française d'Immunologie L'IMMUNOLOGIE FRANÇAISE DOIT PRENDRE LE CHEMIN DE L'EUROPE S ommaire ÉDITORIAL L'immunologie française doit prendre le chemin de l'Europe p. 1 SFI - A.G. 2009 Rapport Moral Rapport Annuel du Trésorier 2008 Nouveaux membres Composition du C.A. p. 2 p. 4 p. 5 p. 6 PRIX SFI Prix Jacques Oudin 2009 - Lauréat : James Di Santo - Lauréat : Luc Mouthon p. 7 p. 8 p. 9 BRÈVES 1/ Potentiel de différenciation du MDP et rôle de CX3CR1 dans l’inflammation p. 11 2/ Analyse du profil moléculaire et cellulaire des premiers évènements après instillations intravésicales de BCG chez des patients ayant un cancer superficiel de la vessie et traités par BCG thérapie p. 14 3/ TRPM4, le canal régulateur de l’homéostasie calcique des cellules dendritiques p. 16 4/ Les lymphocytes INKT inhibent le développement du lignage TH17 p. 18 5/ Rôle des hémocytes dans le développement et la réponse immunitaire de la drosophile p. 20 6/ HMGB1 : une alarmine qui n’a pas livré tous ses secrets p. 22 7/ Système immunitaire et maladie de Parkinson : rôle des lymphocytes T CD4+ dans les mécanismes pathologiques non autonomes de la dégénérescence neuronale p. 25 8/ Rôle des cellules dendritiques plasmacytoïdes dans la tolérance orale p. 28 9/ Il-17 et biologie des lymphocytes B : implications dans le lupus érythémateux disséminé p. 29 10/ Les IGE peuvent activer les cellules inflammatoires en engageant des récepteurs pour les IGG p. 30 COMPTES RENDUS 1/ American Transplant Congress 2009 2/ Keystone symposium on molecular and cellular biology 3/ 7e conférence annuelle sur les cytokines et l’inflammation 4/ 3e World Immune Regulation Meeting E ditorial p. 32 p. 34 p. 36 p. 37 Par Armand Bensussan, Président de la SFI ’immunologie européenne est en marche, nous avons pu le constater au cours du 2e Congrès Européen d’Immunologie (ECI) qui s’est tenu à Berlin du 13 au 16 septembre 2009. Avec plus de 5000 participants, dont de nombreux jeunes qui ont pu bénéficier des bourses attribuées par chacune des différentes sociétés d’immunologie co-organisatrices et par l’EFIS. Parmi les 10 pays qui étaient présents de façon significative, la France était bien représentée puisque nous étions, avec 337 participants, les plus nombreux après l'Allemagne. Plus de 30 symposiums et 60 ateliers couvrant à la fois l’immunologie fondamentale et la physiopathologie associée au système immunitaire ont fait l’évènement scientifique de cette rentrée. Au nom du conseil d’administration, je souhaite remercier la Société Allemande d’Immunologie et le président du congrès, notre collègue Reinhold Schmidt, pour cet accueil chaleureux dans la ville de Berlin promise à un bel avenir européen. L Au cours de cette manifestation scientifique les différents représentants des Sociétés Européennes d’Immunologie se sont réunis pour choisir Vienne comme ville organisatrice du 4e ECI. Je vous rappelle que c’est Glasgow qui va accueillir le 3e ECI, j’espère que vous continuerez à venir nombreux à ces congrès européens, c’est notre futur que nous bâtissons. Nous avons aussi choisi notre collègue et ami Lorenzo Moretta comme vice-président de l’EFIS et enfin notre ancienne présidente, Catherine Fridman, est devenue présidente de l’EFIS. La Société Française d’Immunologie est fière qu’une Immunologiste française occupe ce poste prestigieux et souhaite à Catherine bonne chance dans ces nouvelles fonctions. La Société Brésilienne d’Immunologie a invité, dans le cadre de l’année de la France au Brésil, certains d’entre nous à participer à leur 34e congrès national qui se tenait à Salvador du 23 au 26 septembre. Nous avons été agréablement surpris par la qualité scientifique de cette rencontre et par le dynamisme de nos collègues brésiliens. Au cours de ce déplacement nous avons décidé de renforcer la collaboration franco-brésilienne et à ce titre nous avons nommé un comité d’experts regroupant des scientifiques français et brésiliens qui seront chargés de réfléchir sur la mise en pratique d’une collaboration étroite regroupant plusieurs laboratoires de part et d’autre de l’Atlantique sur un projet de qualité dont le financement serait calqué sur le mode des contrats européens. Il s’agit d’un travail difficile car il faut repérer dans nos deux pays les laboratoires désireux de collaborer sur des projets ambitieux et crédibles dans la compétition internationale. Les projets doivent impérativement permettre l’échange de chercheurs en formation dont les séjours dans les laboratoires partenaires seraient bénéfiques pour leur carrière scientifique. Ensuite, il faut trouver une institution capable de financer en totalité de tels projets d’une durée minimum de trois à cinq ans. Au départ, seuls quelques projets doivent être financés afin d’évaluer le succès d’une telle collaboration. Il s’agit là d’une grande opportunité, non seulement pour les immunologistes français, mais aussi pour la France de renforcer ses liens avec ce grand pays ami. Cette année Jean Dausset nous a quitté. La Société Française d’Immunologie a perdu non seulement un ancien président prestigieux mais aussi un ami. Il a été le mentor d’un certain nombre d’entre nous et il va nous manquer. Plusieurs célébrations sont prévues, notamment le 19 octobre à l’hôpital Saint Louis où ses élèves et ses proches ont planté l’arbre Jean Dausset. Pour conclure, je voudrais vous remercier pour la confiance que vous m’avez accordée pour représenter, pendant trois ans, l’immunologie française à l’international. Mon mandat de président s’achève à la fin de cette année et c’est avec un grand désir que je souhaite me consacrer à nouveau entièrement à mon laboratoire. Je souhaite bon courage et bonne chance à notre collègue Roland Liblau qui est notre nouveau président. Assemblée générale SFI ’Assemblée Générale (AG) s'est tenue de façon exceptionnelle hors du territoire national, à “l’International Congress Centrum" de Berlin, le lundi 14 septembre 2009, de 18h00 à 20h00, à l’occasion du 2e Congrès Européen d'Immunologie (ECI 2009). L Rapport Moral Fait par le Secrétaire Général Hans Yssel et approuvé par le Président Armand Bensussan ien qu'il fût difficile pour la majorité des membres de la SFI de se déplacer et d’assister à cette AG, il y eut toutefois une large participation et, compte tenu des procurations adressées au secrétariat de la SFI et aux membres directement, le quorum fut atteint. B Le Président Armand Bensussan a ouvert l'AG à 18h00 en rendant hommage au Professeur Jean Dausset, lauréat du Prix Nobel de Médecine en 1980 et ancien Président de la SFI, décédé le 6 juin dernier. Ensuite, il a donné la parole au Secrétaire Général, Hans Yssel, qui a présenté le livre "Hommage de la SFI à son Président" contenant un ensemble d’archives, témoignages et souvenirs des collègues, collaborateurs et amis de Jean Dausset. Cet ouvrage, à l’initiative de la SFI et qui est parrainé par le LFB et l’Hôpital Saint Louis, sera distribué aux membres de la SFI. Armand Bensussan annonce que, lors de la dernière réunion du Conseil d'Administration, Roland Liblau a été élu comme futur Président de la SFI. Il prendra officiellement ses fonctions le 1er janvier 2010. Puis, le Secrétaire Général a dressé le bilan moral de l'année 2009 à l'aide d'un diaporama rétrospectif. Compte tenu du déroulement du Congrès Européen d’Immunologie cette année et selon les accords pris avec tous les membres de l’EFIS, il ne sera pas organisé de congrès annuel en 2009. Le dernier congrès annuel de la SFI s’est tenu du 27 au 29 novembre 2008 à l’Unesco à Paris et le prochain se tiendra au Palais du Pharo à Marseille du 24 du 26 novembre 2010. Il sera organisé par Eric Vivier, Giovanna Chimini, Michel Fougereau, Pierre Golstein, Lee Leserman, Marie Malissen et Bertrand Nadel. Il sera précédé du 26e Atelier Technologique SFI ACTUALITÉS 2 «Mort Cellulaire», organisé par Pierre Golstein le 23 novembre au Centre d’Immunologie Marseille Luminy (CIML). Hans Yssel a continué en présentant les activités liées aux trois clubs de la SFI : le Colloque Cytokines du Croisic, le Club Autoimmunité/ Immunopathologie et le Club Vaccination/Vaccinologie, tous ayant un rôle complémentaire et important dans la vie scientifique de la SFI. Ainsi, le 12e Colloque Cytokines du Croisic, organisé par Michel Dy, Hugues Gascan, Yannick Jacques, Jean-Claude Lecron, Vincent Praloran, Aimé Vazquez et Hans Yssel qui s’est tenu du lundi 18 au mercredi 20 mai 2009 a réuni un nombre record de 120 participants. Les préparatifs pour le 13e Colloque qui aura lieu du 10 au 12 mai 2010 sont en cours et un préprogramme a été établi (voir page 39). La 8e Journée Scientifique du CRI - Club Rhumatisme et Inflammation/Club Autoimmunité/ Immunopathologie de la SFI - sur le thème "les voies de costimulation et leur modulation", et organisé par Arnaud Constantin, Eric Toussirot, Jean Sibilia, Joël Pestel, Gilbert Faure et Sophie Caillat-Zucman, aura lieu le 19 Novembre 2009 à Institut Pasteur, Paris. Il est prévu que cet événement rencontrera autant de succès que l'édition précédente en 2008. Enfin, en 2009 la journée du Club Vaccination/Vaccinologie n'aura pas lieu et la prochaine journée sera organisée en 2010. Les lieux et les dates restent à préciser. Ensuite, le Président de la SFI a souligné l'importance des Cours d'Immunologie qui demeurent des actions prioritaires de la SFI pour la formation des jeunes immunologistes en France et dans les pays francophones. Le 19e Cours d’Immunologie de la SFI, portant sur la "Régulation des réponses immunes", a eu lieu du 1er au 4 avril 2009 à La Grande Motte en Camargue, organisé par Sophie Caillat-Zucman, Paul Guglielmi et Olivier Boyer (représentant de l’ASSIM), tous membres du Conseil d'Administration de la SFI. Cette année, ce cours a connu un réel succès : 48 étudiants, le maximum de participants pouvant être accueillis, y ont assisté. Pour cet événement, la SFI a distribué 20 bourses de 250 euros. Il convient de rappeler que l’esprit de ce cours est une immersion pendant 4 jours qui implique un séjour total et ininterrompu. Les grands thèmes pour le 20e Cours d’Immunologie de la SFI sur le sujet "Relations hôte-pathogène" a déjà été élaboré (voir page 38). Il se déroulera de nouveau à la Grande Motte du 29 mars au 1er avril 2010. Cette année, le Cours Supérieur Méditerranéen d'Immunologie n’a pu être organisé. Une réflexion est menée pour assurer la continuité de cette action. Organisé avec l'aide du réseau de l'institut Pasteur, qui contribue de façon claire et précise à la promotion et à l'élargissement de l'immunologie dans les pays francophones. Une demande de subvention, accompagnée d’un pré-programme qui prévoit une large participation des immunologistes méditerranéens, a été déposé à l'Institut Pasteur, ainsi qu'une demande de financement auprès de l'Union Internationale des Sociétés d'Immunologie (IUIS). Dans le cadre de ce cours, les contacts avec la Société Marocaine d'Immunologie ont été resserrés. Bien que la date du 4e Cours Supérieur Méditerranéen d'Immunologie ne soit pas encore arrêtée, il aura lieu très probablement au mois d'avril 2010 en Tunisie. La liste des 89 nouveaux adhérents (voir page 5) et de leurs parrains a été ensuite présentée à l’assemblée pour approbation. Il est rappelé que devenir membre de la SFI est, dans la mesure du possible, favorisé dès que deux membres adhérents ont donné leur caution écrite et que la demande a été transmise dans les règles au bureau de la SFI. Il convient néanmoins de préciser que les nouveaux adhérents doivent respecter certaines règles inhérentes à la vie d'une société savante et il est demandé aux parrains de contribuer à mieux les faire connaître pour assurer le devenir de la Société. Patrice Marche a proposé que les noms des futurs adhérents soient connus et publiés quelques jours avant l’AG afin qu’en cas d’objection majeure à la recevabilité d’une candidature, un recours puisse être déposé, proposition acceptée par l'AG. Afin de garantir une meilleure continuité dans son action au fur et à mesure du renouvellement des membres du CA, Paul Guglielmi a élaboré une actualisation des statuts de la société. Une première évolution proposée est la modification de la durée du mandat des conseillers pour la porter à 4 ans, non-renouvelable immédiatement. Cette proposition s’accompagne d’une périodicité de 2 ans entre chaque élection. Pour éviter de devoir d'emblée amender ces dispositions par des modalités transitoires complexes, une motion a été adoptée lors de l’AG (une voix contre et deux abstentions) qui a fixé la date des prochaines élections à 2010 et a prorogé jusqu’à cette date le mandat des conseillers élus ou réélus en 2007*, ainsi que celui du Président Armand Bensussan en tant que simple conseiller. Le reste des nouveaux statuts sera soumis à l’approbation des membres de la SFI lors de l'AG 2010. Pour améliorer son fonctionnement au sein du conseil d'administration, la SFI a décidé de créer des commissions plus actives. Ces commissions sont confiées aux personnes acceptant de les animer. Ont été prévues les commissions suivantes : Commission 1 - Activité scientifique - Présidée par James Di Santo. Elle a pour mission de veiller sur l'organisation des réunions (congrès, clubs...) et d'assurer leur qualité scientifique. Commission 2 - Information, communication et relations internationales - Présidée par Gil- bert Faure. Elle devra, sur la base de la Gazette et du site web, améliorer la diffusion des informations, en particulier les appels d'offres. Elle aura aussi la charge de diffuser dans la presse certaines informations après un "filtrage" pour assurer leur véracité sur le plan scientifique. Commission 3 - Enseignement, formation Présidée par Olivier Boyer. Cette commission veillera sur l'engagement actif de la SFI dans l'enseignement et la formation, notamment sur l'attribution des bourses. Ces commissions devront être avant tout être fonctionnelles et peuvent comprendre, aussi bien des membres du conseil d'administration que des membres extérieurs. En 2009 la SFI a attribué 12 bourses de voyage de 500 € aux étudiants et post-doctorants de moins de 35 ans, membres de la SFI désirant se rendre au Congrès ECI2009 à Berlin. Pour concourir à cette bourse, les candidats devaient apporter leur candidature infructueuse à une bourse EFIS. Tous les candidats qui avaient concouru pour cette bourse, premier auteur d’un résumé soumis, mais qui ont vu leur demande refusée, ont pu bénéficier des bourses de la SFI. Pour pérenniser le nom de Jean Dausset, ces bourses attribuées pour les congrès européens d'immunologie (ECI-EFIS) et pour les Congrès Internationaux d'Immunologie (ICI-IUIS) seront nommées “Bourses Jean Dausset”. Cette proposition est applicable aux bourses attribuées pour l'ECI 2009. De plus, 4 bourses de voyage pour assister à un congrès international ont été attribuées, ainsi que 20 bourses de 250 € pour le 19e Cours de la SFI. Le Prix Jacques Oudin 2009 de Recherche en immunologie thérapeutique de la Société Française d'Immunologie avec le concours du Laboratoire français du Fractionnement et des Biotechnologies (LFB) d'un montant de 15000 € a été attribué au Pr James Di Santo et au Pr Luc Mouthon (voir page 7). Le rapport financier (voir rapport annuel du trésorier, page 6) a été présenté et argumenté par Paul Guglielmi, le trésorier de la SFI, en détaillant les objectifs scientifiques de chaque item et en insistant sur la volonté de la SFI de pouvoir proposer des actions financièrement équilibrées et correspondant au mieux à l'attente de ses adhérents. Les effectifs de la SFI sont en baisse et il est important de souligner que chaque membre déclaré de la SFI paie sa cotisation chaque année. Le prix de celle-ci va être augmenté et les moins de 30 ans, ainsi que les seniors de plus de 65 ans, bénéficient d'une réduction conséquente. En raison de la conjoncture économique actuelle, il est décidé la gratuité de la cotisation pour les membres inscrits à l'Agence Nationale pour l'Emploi. Pour alléger les charges de la trésorerie, il est demandé à chacun de payer le plus rapidement possible. Finalement, Hans Yssel remercie Solange Gouëllain qui part à la retraite le 1er janvier 2010 pour son dévouement à notre société pendant ses nombreuses années au secrétariat de la SFI et souhaite officiellement la bienvenue à Florence Jambou, déjà en fonction depuis juillet 2008. En plus de la gestion et du secrétariat, Florence Jambou participe aussi à l’amélioration de la diffusion de l’information au niveau du site web (www.sfi-immunologie.com.fr), en complément du travail bénévole accompli par Hans Yssel dans la réalisation des deux bulletins annuels et des gazettes électroniques hebdomadaires. De plus, un effort continu est fait en faveur de l'amélioration fonctionnelle du secrétariat et d'un développement adapté des outils de communication de la SFI. Ainsi, la SFI s'est équipée cette année d'un ordinateur PC portable et d’un logiciel de comptabilité (EBP comptabilité) compatible avec le logiciel de notre cabinet comptable (OCC Audit). Ceci, nous l’espérons, permettra des économies conséquentes pour la SFI en diminuant le nombre d’heures passées à la saisie de notre comptabilité par l’expertcomptable. Florence Jambou a également suivi en début d’année une formation dans le cadre de la formation continue sur le logiciel Indesign. Cette formation lui a déjà permis de réaliser les conceptions et mises en pages du livre du Cours de la SFI, du livre du 12e Colloque des Cytokines et dernièrement du livre “Hommage à Jean Dausset, président de la SFI”. La SFI réalise ainsi une économie de 50 % sur le prix de ses publications. La parole est donnée à Florence Jambou, qui après une brève présentation de son parcours professionnel et scientifique, a officiellement inauguré le nouveau site web dont elle a la charge et présenté les avantages qu’il offrira. L’automatisation informatique de certaines tâches devrait alléger la gestion des adhérents. La mise en service de ce nouveau site web est prévue pour la fin de l’année. Le secrétariat de la SFI était ainsi représenté au Congrès Européen de Berlin, puisque Florence y tenait le stand de la SFI. A cette occasion une nouveauté (“SFIjobs”) a été expérimentée ; la possibilité pour nos adhérents d’afficher des annonces d’offre ou de recherche d’emplois. Nous attendons d’en connaître les retombées, mais nous considérons d’ores et déjà que cette initiative est un succès par le nombre d’annonces affichées et le nombre de visite sur le stand. Les rapports moraux et financiers, approuvés par les membres présents, l'Assemblée Générale a été levée à 20h00. *Renouvellement conseil d'administration: Sortants non-rééligibles : Sophie Caillat-Zucman, Armand Bensussan. Sortants rééligibles : Marc Dalod, James Di Santo, Olivier Garraud, Thierry Idziorek, Jenny Valladeau, Hans Yssel. SFI ACTUALITÉS 3 Assemblée générale SFI SUITE Comptes annuels de la SFI - Année 2008 Rapport Annuel du Trésorier 2008 Paul Guglielmi Les comptes annuels pour l’année 2008 sont caractérisés par un résultat déficitaire de 216 086 € selon les conventions et les méthodes appliquées depuis plusieurs années par la société OCC Audit que nous avons missionnée pour réaliser notre comptabilité. Il faut interpréter ce résultat en tenant compte qu’il inclut une perte latente (non effectivement réalisée) de 53 880 € liée à la dépréciation de nos placements bancaires. Une autre cause conjoncturelle au déficit 2008 (mais qui persistera pour l’ensemble de l’exercice 2009) résulte de l’emploi de Florence Jambou comme secrétaire supplémentaire pour assurer une transition harmonieuse lors du départ en retraite de Solange Gouëllain. Cependant, ces explications sont encore loin de rendre compte de l’ensemble du déficit constaté. Le déficit 2008 a dû être compensé en partie par l’excédent de l’année précédente et principalement par de nouvelles cessions de nos actifs bancaires. Au vu de l’ampleur des sommes en jeu, cette politique de cessions itératives ne pourra pas être maintenue indéfiniment. La Société Française d’Immunologie doit donc s’engager à une réflexion approfondie sur les modalités de ses actions pour qu’elles intègrent aussi la nécessité d’un équilibre comptable. SFI ACTUALITÉS 4 Produits 305 673 € (2008) 403 581 € (2007) Charges 521 759 € (2008) 317 111 € (2007) Excédent - 216 086 € (2008) + 86 470 € (2007) 2008 2007 Clubs SFI Produits Charges Excédent 51 820 39 328 12 492 57 435 50 060 7 375 Cours annuel SFI Produits Charges Insuffisance 13 870 23 438 - 9 568 19 289 23 276 - 3 987 Congrès annuel SFI Produits Charges Excédent Insuffisance 146 270 178 997 136 215 98 957 37 258 Congrès ECI EFIS - 32 727 Produits Charges Excédent 503 58 137 503 58 137 Bioforma Produits Charges Excédent 6554 6554 5 449 5 449 Fonctionnement Produits Charges Insuffisance 86 656 273 442 - 186 786 126 656 138 970 - 12 314 Cotisations SFI 2003 700 2004 712 2005 746 2006 714 2007 798 2008 711 2009 727 Membres 60 90 60 90 62 92 65 95 65 95 65 95 65 95 Juniors/Séniors 20 20 20 23 23 23 23 Cotisants Résultat prévisionnel 2009 • • • • • • Clubs SFI : Cours annuel : Congrès annuel : Bioforma : Congrès ECI/EFIS : Administration : + 10 000 0 0 0 ? - 120 000 (2008 : + 12 492 / 2007 : + 7 375) (2008 : - 9 568 / 2007 : - 3 987) (2008 : - 32 727 / 2007 : + 37 257) (2008 : + 503 / 2007 : + 58 137) (2008 : - 186 785 / 2007 : - 12 314) Assemblée générale SFI SUITE Nouveaux membres Liste des nouveaux membres Composition du Conseil d’Administration 2010 ABES Riad ADEL-PATIENT Karine ALEXOPOULOU Lena APPAY Victor BARANEK Thomas BENOUKRAF Touati BERGOT Anne-Sophie BERTHET Julien BEZIAT Vivien BINDEA Gabriela BITON Jérôme BOEGLIN Emmanuelle BOUDIL Amine BREZAR Vedran BRIET Claire BRUN Susana CALLENS Céline CASTELLANO Flavia CHABOD Marianne CHAOUL Nada CHATILLON Jean-François CHERFILS Julien CHEVALIER Grégoire COGNASSE Fabrice COLLIOU Natacha COURTIES Gabriel COURTINE Emilie CROZAT Karine CULINA Slobodan CUTURI Maria Cristina DE BRITO Christelle DE GASSART Aude DECALUWE Hélène DELAVALLEE Laure DEMARIA Olivier DOREAU Agnès ESPINASSOUS Quentin FEUILLET Vincent FONTENEAU Jean-François FOURCADE Gwladys FRANCK Emilie GAIDOT Aline GERMAUD Nathalie GHAZI Bouchra GIROUX Valentin GREGOIRE Sylvie GRINBERG-BLEYER Yenkel GROS Marilyn Inserm GUILLOTEAU Karline HOARAU Cyrille JÖNSSON Friederike KIRILOVSKY Amos KRAUSE Luiza LANZI Anastasia LAROUSSERIE Frédérique Parrains UMRS872 Centre Recherches des Cordeliers, Paris INRA immuno-allergie Alimentaire, CEA de Saclay CIML Parc Scientique de Luminy, Marseille Inserm U945, Fac Médec. Hôp. Pitié Salpêtrière, Paris CIML Parc Scientique de Luminy, Marseille CIML Parc Scientique de Luminy, Marseille Hôpital Pitié Salpêtrière bât-CERVI, Paris GIMAP, Saint Etienne Inserm UMR945, Pitié Salpêtrière, Paris UMRS872 Centre Recherche des Cordeliers, Paris Li2P EA 4222 Univ. Paris XIII, UFR SMBH, Bobigny CNRS UPR9021, IBMMC, Strasbourg Inserm U591, CHU Necker,Faculté de Médecine,Paris Inserm U561 - Saint Vincent de Paul, Paris Inserm U561 - Saint Vincent de Paul, Paris CNRS UPR9021, IBMMC, Strasbourg CNRS UMR 8147 Hôpital Necker, Paris Inserm U955, Hôpital Henri Mondor, Créteil Inserm U563, CPTP CHU Purpan, Toulouse CEA, SIV/IMETI, Fontenay-aux-Roses Inserm U905, Faculté de Médecine, Rouen Centre de Recherche des Cordeliers, Equipe 13, Paris Inserm U563, CHU Purpan, Toulouse EFS Auvergne Loire, Saint Etienne Inserm U905, Faculté de Médecine, Rouen Inserm U844, INM, Hôpital St Eloi, Montpellier Inserm U567, Institut Cochin, Paris CIML Parc Scientique de Luminy, Marseille DSV/IMETI/SIV CEA, Fontenay aux Roses Inserm U643 CHU Hôtel Dieu, Nantes Inserm U 851, Cervi, Lyon CIML Parc Scientique de Luminy, Marseille Cytokines/Dévelop Lymphoïde, Institut Pasteur, Paris lab Li2P EA 4222 Univ. Léonard de Vinci, Bobigny CIML Parc Scientique de Luminy, Marseille Inserm U 851, Cervi, Lyon IBBMC UMR 8619,Université Paris-Sud ,Orsay Inserm U 567, Institut Cohin,Paris INSERM UMRS 892, Nantes UMR 7211 Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris Fac. Médecine/Pharmacie Inserm U905, Rouen UMR 7211 Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris CNRS UMR 8147 Hôpital Necker, Paris Inserm U976, Hôpital Saint-Louis, Paris Inserm UMRS 891, CRCM, Marseille UMR7211 CERV I- CHU Pitié-Salpêtrière, Paris UMR7211 Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris U 924 , IPMC, Valbonne LITEC, EA 4331, Poitiers UTAIC, Hôp Bretonneau, CHRU de Tours Institut Pasteur, Paris UMRS 872 Centre de Recherche des Cordeliers, Paris Institut Cochin, Paris IGR,PR2, UMR8121, Villejuif Anatomie et Cytologie Pathologiques - Hôpital Cochin Jean -Luc Teillaud, Charles-Antoine Dutertre Yveline Frobert, Bernard Maillere Annick Guimezanes, Nathalie Auphan-Anezin Brigitte Autran, Béhazine Combadière Nathalie Auphan-Anezin, Marc Dalod Nathalie Auphan-Anezin, Annick Guimezanes Benoît Salomon, José Cohen Olivier Garraud, Yolande Richard Raphaël Ho Tsong Fang, Benjamin Descours Marie-Caroline Dieu-Nosjean, Jérôme Galon Nathalie Bessis, Eric Assier Sylvie Fournel, Julien Beyrath Corinne Tanchot, Flora Zavala Roberto Mallone, Agnès Lehuen Sophie Caillat Zucman, Roberto Mallone Hélène Dumortier, Fanny Monneaux Elisabeth Macintyre, Michel Dy Valérie Molinier-Frenkel, Sabine Le Gouvello Addelhadi Saoudi, Roland Liblau Yolande Richard, Frédéric Martinon Philippe Musette, Sébastien Calbo Catherine Sautès-Fridman, Jean-Luc Teillaud Roland Liblau, Abdelhadi Saoudi Olivier Garraud, Yolande Richard Philippe Musette, Sébastien Calbo Pascale Plence, Hans Yssel Gilles Chiocchia, Eliane Piaggio Nathalie Auphan-Anezin, Marc Dalod Frédéric Martinon, Roberto Mallone Nicolas Degauque, Fabienne Haspot Yann Leverrier, Christophe Arpin Giovanna Clavarino, Bertrand Nadel James Di Santo, Odile Malbec Natacha Bessis, Marie-Christophe Boissier Nathalie Auphan-Anezin, Marc Dalod Nathalie Bonnefoy-Berard, Hélène Valentin Jean Kanellopoulos, Rodeolphe Auger Anne Hosmalin, Charles-Antoine Dutertre Francine Jotereau, Marc Grégoire José Cohen, Benoît Salomon Olivier Boyer, Sahil Adriouch José Cohen, Eliane Piaggio Nathalie Thieblemont, Abdulraouf Ramadan Christian Schmitt, Andreas Tsapis Jacques Nunès, Daniel Olive Benoît Salomon, José Cohen Benoît Salomon, José Cohen Philippe Naquet, Rodolphe Guinamard Franck Morel, Jean-Claude Lecron Yvon Lebranchu, Florence Velge-Roussel Odile Malbec, Pierre Bruhns Jérôme Galon, Marie -Caroline Dieu-Nosjean Henri-Jean Garchon, Gilles Chiocchia Karim Benihoud, Saoussen Karray Michel Dy, Odile Devergne ■■■ SFI ACTUALITÉS 5 ■■■ LASOUDRIS Fanette MACAIRE Héloïse MAGDELAINE Charlotte MANCARDI David MANNIOUI Abdelkrim MARTIN Emmanuel MARTIN Gaëlle MATHEOUD Diana MIROUX Céline MLECNIK Bernhard MORALES Olivier MORISSET Martine NEHME Nadine NORMAND Sylvain OUAAZ Fatah PAÏDASSI Helena PERIE Leïla PLATONOVA Sophia POMIE Céline PRESUMEY Jessy ROUMENINA Lubka SACQUIN Antoine SCHEIKL Tanja SCHICKEL Jean-Nicolas SEILLET Cyril SIMONETTA Federico TEIXEIRA Lucia TOSOLINI Marie TOUIL Soumia VIMEUX Léné WENGER Till ZHANG Xiaoming ZOLLINGER Raphaël ZUCCHINI Nicolas Inserm U955, Hôpital Henri Mondor, Créteil Inserm U 851, Cervi, Lyon UMR CNRS 6239 Equipe 6, Tours Institut Pasteur, Paris UMRE1 CEA DSV/IMETI, Fontenay aux Roses Institut Curie,Immunologie préclinique, Paris UMR 7211 Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris Inserm U 567, Hôpital Cohin, Paris UMR 8161 Institut de Biologie de Lille UMRS872 Centre Recherche des Cordeliers, Paris UMR 8161 Institut de Biologie de Lille Immunologie Clinique et Allergo Hôpital Central, Nancy Hôpital Necker, Inserm U768, Paris LITEC, EA 4331, Poitiers Inserm U567, Institut Cochin, Paris Harvard University, Boston, USA Inserm U567, Institut Cochin, Paris Centre de Recherche des Cordeliers, U872, Paris Inserm U563, CHU Purpan, Toulouse Inserm U844, INM, Hôpital St Eloi, Montpellier Centre de Recherche des Cordeliers, U872, Paris Valérie Molinier-Frenkel, Sabine Le Gouvello Nathalie Bonnefoy-Berard, Hélène Valentin Valérie Gouilleux, Hervé Watier Odile Malbec, Pierre Bruhns Yolande Richard, Frédéric Martinon Ariel Savina, Alexandre Boissonnas José Cohen, Benoît Salomon Anne Hosmalin, Charles-Antoine Dutertre Isabelle Wolowczuck, Claudie Verwaerde Marie-Caroline Dieu-Nosjean, Jérôme Galon Isabelle Wolowczuck, Anne Tsicopoulos D.Anne Monneret -Vautrin, Gisèle Kanny Alain Fischer, Geneviève de Saint Basile Laure Favot-Laforge, Jean-Claude Lecron Gilles Chiocchia, Anne Hosmalin Nicole Thielens, Chantal Dumestre-Perard Anne Hosmalin, Gilles Giocchia Sautès-Fridman Catherine, Jean-Luc Teillaud Pelletier Lucette, Dupré Loïc Pascale Plence, Hans Yssel Marie-Agnès Dragon-Durey, Véronique Frémeaux-Bacchi Hôpital St-Antoine, Bât R. Kourilsky, Paris Pierre Aucouturier, Jean Davoust Inserm U 563 CHU Purpan, Toulouse Roland Liblau, Abdelhadi Saoudi Institut d'Immuno-Hématologie, Strasbourg Pauline Soulas-Sprauel, Fanny Monneaux Inserm U563, CPTP, CHU Purpan, Toulouse Jean-Charles Guéry, Loïc Dupré Inserm U 802, Fac. Méd.,Paris Sud XI,Le Kremlin Bicêtre Christine Bourgeois, Alain Venet CNRS UMR 8147 Hôpital Necker, Paris Marie-Laure Michel, Leite de Moraes UMRS872 Centre Recherche des Cordeliers, Paris Marie-Caroline Dieu-Nosjean, Jérôme Galon CNRS UMR 7211 Hôpital Pitié Salpêtrière, Paris José Cohen, Benoit Salomon Inserm U 567, Hôpital Cohin,Paris Anne Hosmalin, Chares-Antoine Dutertre CIML Parc Scientique de Luminy, Marseille Giovanna Clavarino, Bertrand Nadel Inserm U883, Institut Pasteur, Paris Richard Lo-Man, Gilles Dadaglio Institut Curie, Inserm U932, Paris Florence Faure, Ariel Savina CIML Parc Scientique de Luminy, Marseille Annick Guimezanes, Marc Dalod Démissions ARVIEUX Josiane ATTUIL-AUDENIS Valérie AYDIN Afrem BENSA Jean-Claude BERNARD Serge BIGNON Jean-Denis CERDAN Chantal DE CASTRO KELLER Alexandre DOINEL Christian DOUAISI Marc DUBOIS Bénédicte FAVERO Jean FERRIES de BARBEYRAC Estelle GUILLAUMIN Jean-Maurice GUISO-MACLOUF Nicole JAMIN Agnès KAMATE Caroline LABRO-BRYSKIER Marie-Thérèse LANVIN Olivia LIND Marianne LOUIS Jacques MARQUETTE Amélie MOREAU Thomas MOULIAN Nathalie NARDIN Allessandra NIZARD Philippe TONNELLE Cécile TRENADO Aurélie WINCKER Norma n° 842 3144 3388 708 475 956 1505 3315 654 3317 3409 1330 2000 1843 2099 3334 3004 626 3114 3340 483 3347 3353 1807 3074 3287 999 3251 3464 Décès DAUSSET Jean 54 Les membres du Conseil d’Administration 2010 Roland Liblau - Président Inserm U563 - Hôpital Purpan, Toulouse [email protected] James Di Santo Inserm U668 - Institut Pasteur, Paris [email protected] Jenny Valladeau Inserm U590 - Centre Léon Bérard, Lyon [email protected] Hans Yssel - Secrétaire Général Inserm U844 - CHU Saint-Eloi, Montpellier [email protected] Gilbert Faure CHU & Faculté de Médecine UHP Université Henri Poincaré, Nancy [email protected] Hervé Watier Faculté de Médecine - Lab Immunologie, Tours [email protected] Sylvie Fournel BMC - CNRS UPR 9021, Strasbourg [email protected] http://www-ibmc.u-strasbg.fr/ict/immunomodu lation/immunomodulation.shtml Le Conseil d’Administration de la Société Française d’immunologie souhaite adapter ses statuts à son mode de fonctionnement actuel. Une des évolutions proposées est de modifier la durée du mandat des conseillers pour la porter à 4 ans (non-renouvelable immédiatement). Cette proposition s’accompagne d’une périodicité de 2 ans entre chaque élection. Pour éviter de devoir immédiatement amender ces dispositions par des modalités transitoires complexes, une motion a été adopté par l’Assemblée Générale de Berlin qui a fixé la date des prochaines élections à 2010 et a prorogé jusqu’à cette date le mandat des conseillers élus ou réélus en 2007, ainsi que celui d’Armand Bensussan en tant que simple conseiller. Les nouveaux statuts seront soumis à l’approbation des membres de la SFI en 2010. Paul Guglielmi - Trésorier EA 2992, Université Montpellier I, Nimes [email protected] Armand Bensussan Inserm U976 - Hôpital Saint-Louis, Paris [email protected] Olivier Boyer Inserm U905 - Faculté de Médecine et de Pharmacie, Rouen [email protected] Sophie Caillat-Zucman Inserm U561, Paris [email protected] Marc Dalod Centre d’Immunologie de Marseille-Luminy [email protected] SFI ACTUALITÉS 6 Olivier Garraud E.F.S. Auvergne-Loire, St Etienne [email protected] http://www.olivier-garraud.eu Thierry Idziorek Inserm U837, Lille [email protected] http://www.crjpa.lille.inserm.fr Eliane Piaggio UMR7087 - UPMC/CNRS, Hôpital de la Pitié Salpêtrière, Paris [email protected] http://www.i3-immuno.fr/ P rix JACQUES OUDIN LE PRIX JACQUES OUDIN 2009 de recherche en immunologie clinique Le Pr James Di Santo, de l'Institut Pasteur de Paris, et le Pr Luc Mouthon, de l'Hôpital Cochin, Université Paris Descartes, ont partagé le Prix Jacques Oudin 2009 pour leur travail sur “les souris humanisées : un outil prometteur pour l'études des maladies humaines” et “l'auto-immunité au cours de l’hypertension artérielle pulmonaire idiopathique ou associée à la sclérodermie systémique", respectivement. Le PRIX JACQUES OUDIN 2009 de recherche en immunologie clinique, attribué par la Société Française d’Immunologie avec le concours du Laboratoire Français du Fractionnement (LFB), a pour objectif de récompenser un travail original de recherche en immunologie fondamentale, translationnelle, ou clinique, ayant des applications directes en thérapeutique dans les domaines des maladies auto-immunes et infectieuses, des déficits immunitaires ou le cancer. Le montant total du prix est 15 000 €. La remise du prix a eu lieu lors du 2e Congrès Européen d'Immunologie à Berlin, Allemagne. La rédaction félicite très chaleureusement les Pr Di Santo et Mouthon et les remercie d'avoir préparé un résumé de leurs travaux pour cette édition du bulletin. Les précédents lauréats du Prix Jacques Oudin de recherche en immunologie clinique 2002 Corinne Tanchot, Patrick Revy, Bruno Lucas, Hôpital Necker-Enfants malades Paris DÉFICITS IMMUNITAIRES 2003 Eric Vivier, Centre d'Immunologie de Marseille-Luminy STRATÉGIES DE RECONNAISSANCE DES CELLULES NATURAL KILLER 2004 Siamak Bahram, Faculté de Médecine et Hôpitaux Universitaires de Strasbourg LES MOLÉCULES ATYPIQUES DE CLASSE I D'HISTOCOMPATIBILITÉ 2005 Jean-Laurent Casanova, Inserm U550, Hôpital Necker-Enfants malades - Paris DÉFICITS IMMUNITAIRES 2006 Frédéric Rieux-Laucat, Inserm U768, Hôpital Necker-Enfants malades - Paris IDENTIFICATION DES BASES GÉNÉTIQUES DU SYNDROME LYMPHOPROLIFÉRATIF AVEC AUTOIMMUNITÉ CHEZ L’HOMME 2007 Bahram Bodaghi, Assistance Publique Hôpitaux de Paris au sein du Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière IMMUNOMODULATION DES UVÉITES SÉVÈRES 2008 Philippe Musette, CHU de Rouen LE TRAITEMENT DU PEMPHIGUS PAR LE RITUXIMAB Hervé Watier, Université François-Rabelais de TourS POLYMORPHISME DU GÈNE CODANT FCgRIIIA/CD16 ET REPONSE AUX ANTICORPS THÉRAPEUTIQUES SFI ACTUALITÉS 7 P rix JACQUES OUDIN SUITE ‘ensemble de mes travaux de recherche, ainsi que mes projets scientifiques actuels reflètent mes doubles préoccupations de médecin et de scientifique. Dès le début de mon parcours de chercheur, j’ai choisi d’aborder des questions fondamentales de recherche biomédicale avec l’espoir que les avancées scientifiques réalisées auraient des retombées dans le domaine clinique. Un rôle essentiel pour les cytokines dans le développement du système immunitaire a été démontré avec l’identification de mutations dans le gène d’un des composants des récepteurs de cytokines (gc, pour chaine commune g), comme responsables du déficit immunitaire sévère liée au chromosome X (XSCID), caractérisé par l’absence de lymphocytes T et de cellules "Natural Killer" (1). En collaboration avec le Pr Alain Fischer de l’Hôpital Necker à Paris et le Pr Klaus Rajewsky à l'Institut de Génétique de l'Université de Cologne, j’ai créé en 1994 une souche de souris déficiente pour le gène gc comme modèle préclinique afin de tester les approches de correction du XSCID par thérapie génique chez l’homme (2). L’étude des souris déficientes en gc (gc-) a mis en évidence leur carence complète en cellules NK. Cette observation est à l’origine des nouvelles perspectives de recherches fondamentale et appliquée en immunologie. En effet, par croisement des souris gc- avec des souris déficientes en Rag2, elles-mêmes incapables de produire des lymphocytes B et T car déficientes en recombinase pour les récepteurs des antigènes, une nouvelle souche murine a-lymphoïde a été créée (3,4). Ces souris Rag/gc- constituent un modèle de base pour disséquer la biologie des lymphocytes in vivo. Les souris Rag/gc- nous ont permis de développer un système de reconstitution immunitaire sélective (“custom made immune systems”) qui offre la possibilité d’étudier à la L SOURIS HUMANISÉES : UN OUTIL PROMETTEUR POUR L’ÉTUDE DES MALADIES HUMAINES James Di Santo Inserm U668 - Institut Pasteur, Paris [email protected] 1 Figure. Des souris humanisées pour des études de pathologies humaines. Des modèles de souris humanisées, spéficiques d'un pathogène donné, sont l'objectif final pour une meilleure compréhension de la pathologie humaine associée. iPS: cellules souches SFI ACTUALITÉS 8 fois l’immunité innée et l’immunité adaptative dirigées contre les agents pathogènes (5). Nous avons découvert que les souris Rag/gc- sont extrêmement sensibles aux infections par les différents types d’agents pathogènes (bactériens, fongiques, parasitaires). Ainsi, les souris Rag/gcfourniraient un système modèle in vivo pour cribler les produits anti-microbiens et tester leurs effets thérapeutiques potentiels. La découverte du rôle des cellules NK dans les rejets de xénogreffes a amélioré certains aspects des expériences de xénotransplantation de tissus humains chez la souris (6). Ainsi, l’élimination des cellules NK chez les souris immunodéficientes, rend possible le développement de cellules T humaines après transplantation de cellules souches hématopoietiques (CSH; pour revue, réf 7). Ces résultats ouvrent la voie à l’étude des réponses immunitaires humaines chez la souris. Les souches de souris déficientes en cellules NK, dont les souris Rag/gc-, apportent ainsi de nouvelles perspectives pour étudier la pathophysiologie humaine dans un modèle animal. D'ailleurs, l’utilisation des souris Rag/gc- procure un avantage important à cet égard, car les xénogreffes peuvent y persister pendant de longues périodes, permettant ainsi aux cellules greffées d’atteindre un état totalement différencié. Notre laboratoire, à travers de multiples collaborations en France et à l’étranger, a apporté la preuve que les souris Rag/gcsont d’excellents receveurs pour les greffes de tissus humains (CSH, hépatocytes et cellules musculaires). Le modèle murin Rag/gc- peut être considéré comme un nouveau standard pour la transplantation de CSH humaines car ces souris permettent le développement d’un système immunitaire humain fonctionnel après transfert de CSH (8-10). Enfin, l’un de nos derniers objectifs est la création d’un modèle de double chimère murine P rix JACQUES OUDIN SUITE pour les cellules hépatiques et pour les CSH, permettant à la fois l’infection par le virus de l’hépatite C (HCV) et le suivi des réponses immunitaires contre l’HCV in vivo (Figure). Ce projet est soutenu par la Fondation Bill et Melinda Gates dans le cadre du programme “Grand Challenges in Global Health”, et est réalisé au sein d’un consortium international (http://www.hv-consortium.org). Ce projet devrait aboutir à l'obtention d'un nouvel outil important permettant de tester des candidats vaccins contre l’hépatite C. Tous ces travaux témoignent de notre souci constant d’assurer le lien entre la recherche fondamentale, l’aspect et la clinique. Remerciements Je voudrais exprimer ma gratitude sincère à tous les membres passés et présents de mon laboratoire pour leur excellente collaboration. RÉFÉRENCES 1. Noguchi M et al 1993. Interleukin-2 receptor g chain mutation results in X-linked severe combined immunodeficiency in humans. Cell 73:14757. 2. Di Santo JP et al 1995. Proc Natl Acad Sci USA 92:377-381. 3. Colucci F et al 1999. Dissecting NK cell development using a novel alymphoid mouse model: Investigating the role of the c-abl proto-oncogene in murine NK cell differentiation. J Immunol 162:2761-2765. 4. Goldman JP et al 1998. Enhanced human cell engraftment in mice deficient in RAG2 and the common cytokine receptor g chain. Br J Hematol 103:335-342. 5. Bregenholt S et al 2001. Conventional abT cells are sufficient for innate and adaptive immunity against enteric Listeria monocytogenes. J Immunol 166:1871-1876. 6. Cooper RN et al 2001. An immunodeficient mouse model for efficient, sustained human myoblast transplantation. Hum Gene Therapy 12:823-831. 7. Shultz LD et al 2007. Humanized mice in translational biomedical research. Nature Rev Immunol 7:118-130. 8. Traggiai E et al 2004. Development of a human adaptive immune system in cord blood celltransplanted mice. Science 304:104-107. 9. Gimeno R et al 2004. Monitoring the effect of gene silencing by RNA interference in human CD34+ cells injected into newborn RAG2-/- gc-/mice: functional inactivation of p53 in developing T cells. Blood 104:3886-3893. 10. Huntington ND et al 2009. IL-15 trans-presentation promotes human NK cell development and terminal differentiation in vivo. J Exp Med 206:25-34. Introduction AUTO-IMMUNITÉ AU COURS DE L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE PULMONAIRE IDIOPATHIQUE OU ASSOCIÉE À LA SCLÉRODERMIE SYSTÉMIQUE Luc Mouthon Pôle de Médecine interne, Hôpital Cochin, Université Descartes, Paris [email protected] L’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) est une maladie rare dont l’incidence est de 1 à 2 cas/million d’habitants et représente une cause majeure de décompensation cardiaque droite aboutissant à un décès prématuré. L’HTAP peut être idiopathique ou associée à certains agents infectieux comme le virus de l’immunodéficience humaine (VIH-1), ou encore à des collagénoses comme la sclérodermie systémique (ScS) ou le lupus érythémateux systémique (LES). Ainsi, 8 à 12 % des malades sclérodermiques développent une HTAP qui est responsable d’une forte mortalité. Physiopathologie de l’hypertension artérielle pulmonaire L’HTAP a une pathogénie multifactorielle. Une vasoconstriction, un remodelage des parois vasculaires et des thromboses contribuent à l’augmentation des résistances vasculaires pulmonaires au cours de l’HTAP. Le processus de remodelage vasculaire intéresse l’ensemble des composantes de la paroi vasculaire, et chaque type cellulaire présent au sein de cette paroi (cellules endothéliales (CE), cellules musculaires lisses, fibroblastes), ainsi que des cellules inflammatoires et des plaquettes (1). Une vasoconstriction pulmonaire survient, secondaire à une anomalie morphologique ou fonctionnelle des canaux potassiques et/ou à une dysfonction endothéliale à l’origine d’une insuffisance de production de substances vasodilatatrices (NO, prostacycline) et d’une production excessive de substances vasoconstrictrices comme l’endothéline 1 (ET-1). Des mutations du gène codant pour le bone morphogenetic protein receptor II (BMPR2) ont été identifiées dans 60 % des cas de formes familiales et dans 10 à 30 % des cas des formes sporadiques d’HTAP. D’autres mutations ont été identifiées sur des récepteurs du TGF-b, ALK-1 et endogline. Physiopathologie de la sclérodermie systémique 2 La sclérodermie systémique (ScS) est une affection rare qui se caractérise par une hyperréactivité vasculaire et des lésions de fibrose, au cours de laquelle des dysfonctionnements des CE, des fibroblastes, et des lymphocytes ont été identifiés. Le dysfonctionnement des fibroblastes se caractérise par une activation incontrôlée de la voie du TGF-b, une synthèse inadaptée de connective tissue growth factor (CTGF) et de radicaux libres, favorisant la synthèse en excès de matrice extra-cellulaire. Les CE synthétisent de l’ET-1 en excès, produisent de grandes quantités de NOsynthase inductible et subissent une apoptose précoce (2). Des autoanticorps sont détectés dans le sérum des patients sclérodermiques. Certains, dirigés contre des protéines nucléaires, n’ont pas de rôle pathogénique démontré : il s'agit des Ac anti-centromère, associés aux formes cutanées limitées, des Ac anti-topoisomérase 1 qui sont associés à une fibrose pulmonaire, et des Ac anti- ARN polymerase III, associés à la survenue de complications ■ ■ ■ ■■■ SFI ACTUALITÉS 9 P rix JACQUES OUDIN SUITE ■■■ rénales. D’autres autoanticorps, qui ne sont pas spécifiques de la ScS, pourraient avoir un rôle pathogène. Il s’agit des Ac anti-CE (AECA). Les AECA de malades sclérodermiques peuvent induire l’activation de CE in vitro, entraînant l’expression de molécules d’adhésion et la libération de chémokines et cytokines ; ils peuvent également induire l’apoptose des CE in vitro. Les Ac anti-fibroblastes, plus fréquemment identifiés au cours des formes diffuses de ScS, induisent l’expression de molécules d’adhésion et de cytokines pro-inflammatoires. Certaines des cibles de ces Ac correspondent à des cibles connues d’Ac dans la ScS comme l’ADN topoisomérase 1 qui pourrait être libérée lors de processus de nécrose cellulaire et se fixer à la membrane des fibroblastes. Des Ac dirigés contre le récepteur du PDGF ont été mis en évidence dans le sérum de patients sclérodermiques, capables d’induire une phosphorylation de tyrosine kinases intra-cytoplasmiques, conduisant à la synthèse de formes réactives de l’oxygène (FRO) et induisent une différenciation en myofibroblastes (3). Cependant ces données sont controversées. Données obtenues dans notre laboratoire De façon récente, nous avons mis en évidence la présence d‘anticorps (Ac) anti-cellules endothéliales (4) et d’Ac anti-fibroblastes (AFA) dans le sérum de patients ayant une HTAP idiopathique ou associée à une ScS (5). Anticorps anti-cellules endothéliales Nous avons récemment mis en évidence l’existence d’AECA au cours de l’HTAP (4). En utilisant des cellules endothéliales de veine ombilicale humaines normales (HUVEC), nous avons identifié des réactivités des IgG sériques des patients atteints d’HTAP idiopathique dirigées contre des protéines de 36 et 60 kDa au sein d’extraits d’HUVEC et ce avec une intensité plus forte que celle des IgG des patients sclérodermiques ayant une HTAP ou de sujets sains. Nous avons mis en évidence que les IgG sériques de patients ayant une ScS cutanée limitée avec ou sans HTAP réagissaient vis-à-vis de protéines de 75 et 85 kDa dans des extraits d’HUVEC (4). Nous avons identifié la protéine centromérique B (CENP-B) comme étant une des cibles des IgG anti-CE chez les malades ayant une forme cutanée limitée, qu’ils aient ou non une HTAP (6). Nous avons également identifié l’ADN topoisomérase 1 (7) comme une cible des AECA chez les patients sclérodermiques. Anticorps anti-fibroblastes Nous avons étudié les réactivités des IgG sériques de malades atteints d’HTAP vis-à-vis de fibroblastes humains normaux. Les IgG sériques des patients ayant une HTAP idiopathique et celles de ceux ayant une HTAP associée à une ScS, reconnaissaient avec une intensité plus forte une bande de 42 kDa que les IgG des malades des autres groupes ou les sujets sains. De plus, les IgG de plus de 50 % des malades ayant une HTAP idiopathique reconnaissaient spécifiquement 3 autres bandes protéiques dont une principale à 53 kDa (5). Nos résultats indiquaient que les malades atteints d’HTAP idiopathique ou associée à une ScS exprimaient des réactivités vis-à-vis d’antigènes de fibroblastes différents de ceux reconnus au sein d’extraits de CE. Dans des travaux plus récents, nous avons testé par immunoblot après électrophorèse en 2 dimensions (pHi 3-10 et gradient d’acrylamide 7-18,5 %) les réactivités des IgG sériques de pools de 3 malades (12 pools de patients atteints d’HTAP idiopathique et 4 pools de patients avec ScS et HTAP) et d’un pool de 14 sujets sains vis-à-vis d’antigènes de fibroblastes humains normaux. Après analyse informatique, nous avons caractérisé 21 spots candidats reconnus par tous ou plus de 75 % des pools de sujets d’un groupe de malades, et non par le pool de sujets sains, certains étant spécifiques d’un groupe de malades donné, certains étant partagés entre les différents groupes de malades. Seize spots protéiques ont été identifiés par spectrométrie de masse, incluant la vimentine, la calumenine, la tropomyosine 1, HSP27 et HSP70, la glucose-6phosphate déshydrogenase, la PI3-kinase et la DAP-kinase (8). Ainsi, nous avons pu montrer que les anti-corps anti-fibroblastes détectés chez les patients présentant une ScS reconnaissent des cibles antigéniques exerçant des rôles clés en biologie cellulaire et dans le maintien de l’homéostasie cellulaire. Nous avons également pu mettre en évidence les cibles antigèniques des Ac anti-fibroblaste chez les malades sclérodermiques, parmi lesquels figure l’a-enolase. En ELISA, 37/158 (23,4 %) patients sclérodermiques, 4/100 (4 %) sujets sains (p<0.0001) and 6/67 (9 %) patients ayant une HTAP idiopathique avaient des anticorps anti-a-enolase de Saccharomyces cerevisiae. Chez les patients sclérodermiques, la présence d’Ac anti-a-enolase de S. cerevisiae était associée à une pneumopathie infiltrante diffuse, à une diminution des volumes pulmonaires (73,2 vs. 89,7 %, p=0.0001) et de la diffusion du monoxyde de carbone (47,4 vs. 62,3 %, p=0.0009), à la présence d’Ac anti-topoisomerase 1 (46 vs. 21 %, p=0.005) et à une survie plus courte (p<0.05). Des résultats similaires étaient obtenus avec l’a-enolase humaine recombinante (9). Anticorps anti-cellules musculaires lisses vasculaires Dans des travaux récents, nous avons identifié en immunoblot en une dimension à partir de cellules musculaires lisses vasculaires (CMLV) humaines d’artères mammaires immortalisées après transduction lentivirale de la Telomerase Reverse Transcriptase et de l’antigène T du polyomavirus SV40 (Simian Virus 40), des Ac anti-CMLV chez des patients ayant une HTAP idiopathique et chez les patients ayant une ScS avec ou sans HTAP. Quinze pools de 3 sérums de patients de phénotype similaire (15 avec iPAH, 15 avec ScS-HTAP, 15 avec ScS sans HTAP) et un pool de sérums de 12 sérums de sujets sains (HC) ont été testés. En immunoblot en deux dimensions, 21 taches protéiques étaient reconnues par plus de 80 % des pools d'igG sériques au sein de chacun des groupes de patients mais pas par les sujets sains. Vingt sept taches protéiques étaient reconnues par la grande majorité des IgG des pools de sérums de patients avec une intensité plus forte que les IgG des pools de sujets sains. Les protéines identifiées étaient des constituants du cytosquelette, des protéines de stress oxydatif et des protéines impliquées dans la régulation dans la régulation du métabolisme énergétique cellulaire. Ainsi, nous avons identifié pour la première fois des Ac anti-CMLV dans le sérum de patients ayant une HTAPI ou une ScS avec ou sans HTAP qui reconnaîssent des antigènes du cytosquelette, du stress oxydatif et du cycle cellulaire Figure. Gel d'électrophorèse en deux dimensions d'un extrait de fibroblastes humains normaux. Identification des positions des 21 spots protéiques sépcifiquement reconnus par les IgG de patients ayant une HTAP. SFI ACTUALITÉS 10 B rèves (10). L’étude du rôle pathogène de ces autoanticorps est en cours. Le système des phagocytes mononucléés Conclusion, perspectives L’évolution a sélectionné le système immunitaire inné pour permettre aux organismes multicellulaires de cohabiter avec les micro-organismes et les parasites. Dans la plupart des espèces, des invertébrés comme la drosophile aux vertébrés tels que le poisson-zèbre, la souris et l’homme, le système immunitaire inné comprend une part humoral (les peptides antibactériens) et une part cellulaire dont les principaux représentants sont les phagocytes. Ces cellules, découvertes par Elie Metchnikoff, sont capables d’internaliser et digérer les micro-organismes, les molécules toxiques et les cellules mortes ou mourantes, tout en régulant l’activation des autres cellules du système immunitaire. Nous avons mis en évidence des Ac anti-cellules endothéliales, anti-fibroblastes et anti-cellules musculaires lisses vasculaires au cours de l'hypertension artérielle pulmonaire idiopathique ou associée à la sclérodermie systémique. Nous avons identifié leurs cibles et nous sommes en train d'étudier leurs effets pathogènes. Des données complémentaires dans des modèles expérimentaux animaux, en particulier concernant la transmission de la maladie par les Ac seront nécessaires pour confirmer l'origine auto-immune éventuelle de l'HTAP. Remerciements Les résultats des études intéressant les patients ayant une HTAP ont été obtenus en collaboration avec le Pr Marc Humbert, Centre de référence des maladies vasculaires pulmonaires, hôpital Antoine Béclère, Clamart. POTENTIEL DE DIFFÉRENCIATION DU MDP ET RÔLE DE CX3CR1 DANS L’INFLAMMATION Cédric Auffray 1, 2 Fréderic Geissmann 1, 3 RÉFÉRENCES 1. Hassoun PM et al 2009. Inflammation, growth factors, and pulmonary vascular remodeling. J Am Coll Cardiol 54:S10-19. 2. Tamby MC et al 2003. New insights into the pathogenesis of systemic sclerosis. Autoimmun Rev 2003;2:152-157. 3. Baroni SS et al 2006. Stimulatory autoantibodies to the PDGF receptor in systemic sclerosis. N Engl J Med;354:2667-2676. 4. Tamby MC et al 2005. Anti-endothelial cell antibodies in idiopathic and systemic sclerosis associated pulmonary arterial hypertension. Thorax 60:765-772. 5. Tamby MC et al 2006. Antibodies to fibroblasts in idiopathic and scleroderma-associated pulmonary hypertension. Eur Respir J 28:799-807. 6. Servettaz A et al 2006. Anti-endothelial cell antibodies from patients with limited cutaneous systemic sclerosis bind to centromeric protein B (CENP-B). Clin Immunol 120:212-219. 7. Garcia de la Pena-Lefebvre P et al 2004. IgG reactivity with a 100-kDa tissue and endothelial cell antigen identified as topoisomerase 1 distinguishes between limited and diffuse systemic sclerosis patients. Clin Immunol 111:241-251. 8. Terrier B et al 2008. Identification of target antigens of antifibroblast antibodies in pulmonary arterial hypertension. Am J Respir Crit Care Med 177:1128-1134. 9. Terrier B et al 2009. Anti-fibroblast antibodies from systemic sclerosis patients bind to a-enolase and are associated with interstitial lung disease. Ann Rheum Dis 2009. 10. Calzas C et al 2009. Anti-vascular smooth muscle cells antibodies are present in the serum of patients with idiopathic and systemic sclerosisassociated pulmonary arterial hypertension and bind to cytoskeleton, oxidative stress and cell cycle antigens. Eur J Immunol 39:PA17/2 abstract. 1 - Inserm U838, Université Paris-Descartes, Paris, France 2 - Institut Cochin, Université Paris Descartes, Inserm U567, CNRS UMR 8104, Paris, France 3 - Division of Immunology, Infection, and Inflammatory Diseases, King’s College London School of Medicine at Guy’s Hospital, London, UK, SE1 9RT [email protected] [email protected] 1 Le terme de système des phagocytes mononucléés (SPM) a été utilisé pour décrire un tissu spécialisé, d’origine hématopoïétique, distribué dans tous le corps, et composé de ces cellules phagocytaires formant un réseau organisé dans la plupart des tissus. Les monocytes sont les représentants circulants, sanguins de ce système alors que dans les tissus lymphoïdes ou non, les cellules majeures sont les macrophages et les cellules dendritiques (DCs). Par ailleurs, ces deux derniers types cellulaires présentent une hétérogénéité remarquable liée à leur origine, phénotype, localisation tissulaire, capacité proliférative ou à leur fonction (1,2). Ainsi, outre les monocytes circulants, des cellules telles que les cellules de Kupffer du foie, les macrophages alvéolaires du poumon, la microglie du cerveau, les ostéoclastes de l’os, ainsi que les macrophages des granulomes et les cellules dendritiques conventionnelles (cDCs) peuvent être distingués. Les macrophages et les DCs peuvent être divisés en plusieurs groupes en fonction de leur demi-vie, leur origine et leur dépendance vis-à-vis de l’inflammation. Ainsi, les cellules de Langerhans et la microglie sont radio-résistantes et semblent se renouveler localement, car elles restent en majorité du receveur après une greffe de moelle osseuse syngénique, bien que dans certaines circonstances expérimentales ou elles sont détruites, elles puissent être remplacées par des cellules issues de la moelle hématopoïétique. Les cDCs de la rate et des ganglions lymphatiques appartiennent à un second groupe. Ces cellules, originellement identifiées par leur implication dans la réaction de MLR, se divisent en 2 sous-populations majeures par leur phénotype – CD8a+ (CD11b-CD11c+) et CD8a- (CD11b+CD11c-) – ont une courte demi-vie et se renouvellent à l’état basal à partir d’un précurseur médullaire et sans intermédiaire monocytaire. Les DCs dérivées des monocytes forment un groupe distinct de cellules à courte durée de vie, se différenciant à partir des monocytes sanguin en réponse à l’inflammation (comme les DCs produisant du TNF-a et du NO "TiPDC"). Les cellules de ce système ont ainsi des fonctions variées et importantes. Les deux populations cellulaires principales du SPM dans les tissus que sont ■■■ ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 11 B rèves SUITE ■■■ les macrophages et les DCs sont toutes deux impliquées dans la capture de cellules mortes, de pathogènes et de molécules par des processus variés comme la phagocytose en utilisant des récepteurs spécifiques de patterns moléculaires associés aux pathogènes. Les macrophages et les DCs jouent un rôle crucial dans le développement, l’homéostasie tissulaire et les réponses immunitaire et inflammatoire, tels que lors de la défense contre les micro-organismes pathogènes. Classiquement, les macrophages représentent une réserve de cellules phagocytiques résidant dans les tissus et intervenant dans la réponse immunitaire innée, alors que les DCs représentent les cellules présentatrices d’antigènes ciblant et régulant la réponse immune adaptative. Les monocytes sont eux activement recrutés depuis le sang lors d’une inflammation et semblent jouer un rôle crucial dans un grand nombre de processus pathologiques, tels que l’athérosclérose, la tumorigenèse et les maladies auto-immunes. Les précurseurs des cellules du SPM C’est sur la base d’expériences de transplantation que s’est construit le modèle dominant actuellement où les monocytes, plusieurs populations de macrophages, la plupart des cDCs des organes lymphoïdes secondaires et au moins une partie des DCs du thymus dérivent de progéniteurs myéloïdes. L’origine commune d’un grand nombre des cellules de ce système a été démontrée par l’identification d’un progéniteur myéloïde de type monoblastique dénommé Macrophage/Dendritic cell Progenitor (MDP) (3). Ce progéniteur a été identifié comme une population proliférante de cellules de moelle osseuse combinant le phénotype des Granulocyte-Macrophage Progenitors (GMPs, LinSca1- IL7Ra- CD117(cKit)+/low CD34+CD16+) à une expression spécifique du récepteur au M-CSF (Csf-1R, CD115) et du récepteur au chimiokine CX3CR1. Alors qu’il est dépourvu de potentiel de différenciation en granulocytes (ce qui le distingue des GMPs), le MDP est à l’origine des cDCs résidentes de la rate, de plusieurs populations de macrophages tissulaires et des monocytes. Notons que le MDP donne naissance aux cDCs directement, sans intermédiaire monocytaire, alors que c’est via la différenciation des monocytes qu’il est à l’origine d’autres types de DCs telles que les DCs inflammatoires ou les DCs mucosales. D’un point de vue moléculaire, le développement myéloïde semble sous le contrôle des molécules de la famille du M-CSF. En effet, le récepteur au M-CSF et ces deux ligands connu, M-CSF et IL-34, ont une influence primordiale sur le développement de ce lignage comme le montre les phénotypes des souris déficientes pour le M-CSF (op/op et csf1-/-) ou son récepteur (csf1r-/-) (4). Flt3 (Fmslike tyrosine kinase 3, Flk2, CD135), un récepteur proche du CSF-1R, est lui nécessaire à la prolifération des précurseurs des DCs spléniques et des DCs plasmacytoïdes (PDCs). D’autres cytokines telles que le GM-CSF ou la Lymphotoxine-a ont un rôle démontré dans le développement et l’homéostasie des réseaux de DCs et de macrophages. Le récepteur au chimiokine et molécule d’adhésion CX3CR1, n’est pas exprimé par les progéniteurs hématopoïétiques précoces comme les CMPs et GMPs. Son expression débute au stade des MDPs et se maintient dans un grand nombre de cellules en dérivant comme les monocytes et plusieurs populations de DCs. Ainsi, CX3CR1 est associé au lignage des monocytes/macrophages/ DCs, bien que son rôle dans le développement et l’homéostasie des cellules du système de phagocytes mononucléés demeure inconnu. La question de l’ontogénie des monocytes et des DCs n’est cependant pas complètement résolue. En effet, un autre précurseur récemment identifié, le CDP (pour "Common Dendritic cell Precursor"), est à l’origine des cDCs et des PDCs, mais est dépourvu de potentiel de différenciation en monocytes/macrophages (5). De façon surprenante et contrairement au MDP, le CDP est insensible au M-CSF (CSF-1). Ce résultat fut interprété comme indiquant l’existence de deux voies de production pour les DCs, la voie du CDP intervenant en conditions homéostatiques, alors que celle du MDP était utilisée en condition inflammatoire. Néanmoins, le fait que ces deux précurseurs soient in- RÉFÉRENCES 1. Banchereau J & Steinman RM. 1998. Dendritic cells and the control of immunity. Nature 392:245-252. 2. Gordon S 2002. Pattern recognition receptors: doubling up for the innate immune response. Cell 111:927-930. 3. Fogg DK et al 2006. A clonogenic bone marrow progenitor specific for macrophages and dendritic cells. Science 311:83-87. 4. Dai XM et al 2002. Targeted disruption of the mouse colony-stimulating factor 1 receptor gene results in osteopetrosis, mononuclear phagocyte deficiency, increased primitive progenitor cell frequencies, and reproductive defects. Blood 99:111-120. 5. Onai N et al 2007. Identification of clonogenic common Flt3+M-CSFR+ plasmacytoid and conventional dendritic cell progenitors in mouse bone marrow. Nat Immunol 8:1207-1216. 6. Murayama T et al 1999. Intraperitoneal administration of ant-c-fms monoclonal antibody prevents initial events of atherogenesis but does not reduce the size of advanced lesions in apolipoprotein E-deficient mice. Circulation 99:17401746. 7. Auffray C et al 2007. Monitoring of blood vessels and tissues by a population of monocytes with patrolling behavior. Science 317:666-670. 8. Serbina NV et al 2003. TNF/iNOS-producing dendritic cells mediate innate immune defense against bacterial infection. Immunity 19:59-70. 9. Auffray C et al 2009. CX3CR1+CD115+CD135+ common macrophage/DC precursors and the role of CX3CR1 in their response to inflammation. J Exp Med 206:595-606 10. Liu K et al 2009. In vivo analysis of dendritic cell development and homeostasis. Science 324:392-397. ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 12 clus dans la fraction Lin-IL7Ra-CD117lowCD115+ CX3CR1+ de précurseur médullaire, nous a amené à réévaluer le potentiel de différenciation du MDP. La purification du CDP nécessitant l’utilisation d’un anticorps dirigé contre le récepteur au M-CSF (Csf-1R, CD115), connu pour son effet bloquant de la signalisation de ce récepteur (6), nous a conduits à évaluer l’effet de cet anticorps sur le potentiel de différenciation in vitro et in vivo du MDP. Les MDPs et CDPs sont phénotypiquement comparables, mais leurs potentiels de différenciation diffèrents L’expression du récepteur au chimiokine CX3CR1 dans le compartiment des GMPs (Lin- Sca1-IL7RaCD117(cKit)+/low CD34+CD16+) caractérise le MDP. Le MDP se distingue des progéniteurs plus précoces tels que les GMPs et CMPs, par l’expression de CSF-1R (CD115) and FLT3 (CD135) et une faible expression de CD117 (c-kit). Un précurseur commun au cDCs et au PDCs, le CDP, a récemment été identifié et les auteurs l’ont décrit comme distinct du MDP du fait de (1) sa capacité à se différencier en PDCs et (2) son absence de potentiel de différenciation en monocytes/macrophages. Nous avons donc procédé à une comparaison directe du phénotype du MDP et du CDP par cytométrie et montré que ces deux précurseurs exprimaient à des niveaux similaires CX3CR1, CSF1R/CD115 et FLT3/CD135. Ainsi, phénotypiquement, ces deux populations cellulaires sont chevauchantes. Nous avons donc décidé de réévaluer le potentiel de différenciation in vivo du MDP. Les premières études menées par transfert adoptif de MDPs dans un hôte irradié n’avaient pas permis de détecter de PDCs dans la descendance de ce précurseur. Cependant, nous avons pu montrer que, comme un grand nombre de cellules dérivant du MDP, les PDCs exprimaient CX3CR1. Par la suite et grâce à l’utilisation du marqueur PDCA-1 spécifique des PDCs, nous avons démontré la capacité du MDP à se différencier en PDCs après transfert adoptif dans un hôte irradié, avec une efficacité proche de celle observée pour les monocytes et inférieurs à celle des cDCs. A ce stade, les différences entre le MDP et le CDP se limitaient donc à l’incapacité du CDP à donner des monocytes/macrophages et à son insensibilité vis-à vis du M-CSF. Comme l’anticorps anti-CD115 (AFS98) utilisé pour purifier le CDP a été originellement décrit pour sa capacité à bloquer la liaison du M-CSF à son récepteur, nous avons émis l’hypothèse que son ajout dans le cocktail de purification du CDP pouvait expliquer les différences observées. Nous avons donc testé son effet dans nos modèles expérimentaux et observé qu’in vitro, l’utilisation de cet anticorps lors du tri cellulaire affectait à la fois la capacité de clonage du MDP et la taille des colonies obtenues après culture en M-CSF. Cependant, un tel protocole de purification n’altère pas le potentiel de différenciation du MDP in vivo. L’ensemble de ces résultats nous a donc permis de réévaluer à la fois le phénotype et le potentiel de différenciation du MDP et de montrer ou de confirmer que ce précurseur était à l’origine des sous-population CD11b- et CD11b+ de cDCs, des monocytes et des PDCs. Ainsi, malgré un phénotype comparable le MDP présente un potentiel de différenciation plus large que le CDP. Une déficience en CX3CR1 altère le potentiel de différenciation des MDP en monocyte splénique Comme l’expression du récepteur au chimiokine, CX3CR1 est associé à l’engagement de progéniteurs myéloïde vers le lignage des monocytes/macrophages/DCs, nous avons évalué le rôle de CX3CR1 dans l’homéostasie des cellules de ce lignage. La comparaison des souris Cx3cr1+/- et Cx3cr1-/- nous a permis de démontrer que le nombre de MDP dans la moelle osseuse n’était pas affecté par une déficience en CX3CR1, ce qui suggérait que ce récepteur n’était pas indispensable au développement du MDP dans la moelle osseuse. Nous avons par la suite étudié le rôle de CX3CR1 dans le développement des DCs et des monocytes en analysant le devenir du MDP dans des transferts adoptifs compétitifs, au cours desquels 104 MDPs de deux donneurs aux génotypes différents pour le marqueur congénique CD45 et pour Cx3cr1 sont coinjectés dans un hôte irradié. Comme attendu, lorsque les donneurs sont tous les deux Cx3cr1+/- ils contribuent également à la production de cDCs, PDCs et monocytes spléniques. Lorsque ce type de comparaison est effectuée entre MDPs Cx3cr1+/- et Cx3cr1-/-, ils contribuent à nouveau également à l’origine des cDCs et des PDCs mais les MDPs déficients pour CX3CR1 génèrent 5 à 10 fois moins de monocytes que les MDPs contrôles. Nous en avons donc conclus que CX3CR1 pouvait être sélectivement impliqué dans le développement, le recrutement, la prolifération et ou la survie des monocytes dans la rate. (bien que chez les souris déficientes pour CX3CR1 ou la Fractalkine, la survie des monocytes CD115+ Ly6c/Gr1- semble légèrement diminuée ce qui pourrait être lié à l’altération de leur capacité de crawling (7)) en condition homéostatique ou inflammatoire. Comme par ailleurs, la prolifération de ces cellules n’est pas responsable de leur accumulation dans la rate en condition inflammatoire, nous avons testé l’influence de CX3CR1 sur le recrutement des monocytes dans la rate. L’expression de la fractalkine (CX3CL1, seul ligand connu de CX3CR1) en périphérie des follicules B de la rate, est compatible avec un rôle d’une signalisation fractalkine/CX3CR1 dans le recrutement des monocytes sanguins. Nous avons donc testé l’influence de CX3CR1 sur le recrutement des monocytes dans la rate après transfert adoptif dans un hôte irradié de monocytes sanguins ou lors d’une infection à Listeria monocytogenes. Dans ces deux modèles inflammatoires, aseptique et septique, la déficience en CX3CR1 est associée à une forte diminution de l’accumulation des monocytes au niveau de la rate. Cette différence ne pouvant être imputée à une prolifération supérieure des monocytes dans la souris contrôle ni à une apoptose accrue des monocytes déficient en CX3CR1, ce résultat suggère un défaut de recrutement des monocytes inflammatoires dans la souris invalidée pour CX3CR1. Ainsi, il semble que bien que CX3CR1 ne semble pas avoir de rôle dans l’entrée des monocytes dans la rate à l’état basal, ce récepteur soit impliqué dans le recrutement de ces cellules en conditions inflammatoires. Dans le modèle de l’infection par Listeria monocytogenes, le défaut de recrutement de monocyte s’accompagne d’une diminution significative du contrôle de la croissance bactérienne. Nous avons par ailleurs vérifié que les monocytes s’accumulant dans la rate dans le cadre de cette infection, appartenaient à la population CD115+Ly6c/Gr1+ et produisaient du TNF-a et des radicaux oxygénés tout en exprimant la NO-Synthase inductible. Ainsi, l’ensemble de ces résultats indique que les MDPs sont à l’origine des monocytes Ly6c/Gr1+ sanguins recrutés au niveau de la rate via un processus impliquant CX3CR1, et que ces monocytes en acquérant des fonctions effectrices les rapprochant des TiPDCs (8) participent à l’élimination des bactéries. Ces travaux (9) nous ont permis de réévaluer à la fois le phénotype, le potentiel de différenciation in vivo des MDPs et le rôle de CX3CR1 dans le développement de la descendance de ce progéniteur myéloïde. La description du phénotype chevauchant des MDPs et CDPs (Lin-CX3CR1+ CD115+Flt3+) et l’identification de la capacité de différenciation des MDPs en PDCs nous ont d’autre part amené à suggérer un nouveau schéma de différenciation myéloïde. Ce schéma a depuis été validé expérimentalement par l’équipe de Michel C. Nussenzweig qui a confirmé que la perte progressive des capacités de différenciation en granulocytes, puis monocytes/macrophages permettait de progresser des CMPs pluripotentes médullaires au pré-DCs spléniques en passant par les MDPs puis les CDPs (10) (Figure). CX3CR1 est précocement associé au développement de la lignée myéloïde. Dans cette étude, nous avons analysé le rôle de ce récepteur dans le développement des cellules dérivées des MDPs à l’aide de souris déficientes pour CX3CR1 ou son ligand CX3CL1, de transferts compétitifs et de modèles d’inflammation chronique et aigu. Nous avons pu montrer que CX3CR1 avait un rôle important dans le recrutement au niveau de la rate des monocytes Ly6c/Gr1+ inflammatoire, qui sont les précurseurs immédiats des TiPDCs, lors d’une infection par Listeria monocytogenes. Ainsi, via la fonction bactéricide exercée par ces cellules, CX3CR1 est indirectement impliqué dans le contrôle de la croissance bactérienne. CX3CR1 est impliqué dans le recrutement des monocytes inflammatoires au cours d’une infection Nous avons démontré que, la déficience en CX3CR1 n’affecte pas (1) la prolifération et la différenciation des MDPs (2) le nombre et la fréquence de monocytes spléniques à l’état basal et (3) la survie des monocytes CD115+Ly6c/Gr1+ sanguins Figure. La différenciation myéloïde. L’ensemble des travaux réalisé jusqu’à maintenant mène à ce schéma de différenciation myéloïde ou la perte progressive des capacités de différenciation en PMN puis en Monocyte/Macrophage conduit des GMPs au CDPs via les MDPs et permet la production de cDC et PDC, de monocytes et de macrophages. Enfin, le MDP étant à l’origine des monocytes, il est indirectement à l’origine des DC inflammatoires telles que les TiPDCs ou les cellules de Langerhans. SFI ACTUALITÉS 13 B rèves SUITE epuis les travaux de Morales et al. en 1976, la bacillus calmette-guerin (BCG) thérapie est devenue le traitement de choix pour le cancer superficiel de la vessie. Plusieurs études ont montré que les instillations de BCG induisent une réponse immune de type Th1 chez les patients, cependant, le mécanisme exact permettant la mise en place de cette réponse anti-tumorale observée n’est toujours pas totalement établi. D’autre part, il n’y a actuellement aucun biomarqueur pour le monitorage de la réponse au BCG chez les patients. Or, l’utilisation de marqueurs prédictifs apparaît essentielle puisque 30 à 40 % des patients ne répondent pas aux instillations intravésicales ou rechutent dans les 5 ans. Dans notre étude récemment publiée dans Journal of Urology (1), nous avons analysé le profil moléculaire et cellulaire de la réponse immune chez 17 patients traités par BCG thérapie et ainsi offert la première évaluation systémique de la réponse innée au BCG intravésical. D ANALYSE DU PROFIL MOLÉCULAIRE ET CELLULAIRE DES PREMIERS ÉVÈNEMENTS APRÈS INSTILLATIONS INTRAVÉSICALES DE BCG CHEZ DES PATIENTS AYANT UN CANCER SUPERFICIEL DE LA VESSIE ET TRAITÉS PAR BCG THÉRAPIE Aurélie Bisiaux Matthew L. Albert Institut Pasteur & Inserm U818, Paris [email protected] 2 SFI ACTUALITÉS 14 Dans cette étude clinique observationnelle, nous avons montré que les instillations répétées de BCG induisent une réponse de type “prime/boost”. Nous avons identifié, dans l’urine des patients, 36 molécules dont la concentration est augmentée de façon significative à la troisième instillation comparée à la première. Pour certaines molécules, une augmentation de plus de 100 fois a d’ailleurs été observée. De façon surprenante, aucune augmentation n’a été observée dans le plasma. Notre analyse a permis d’identifier pour la première fois MIG, IL-16, EN-RAGE, MPO, RANTES, MMPs et IL-1ra comme molécules produites localement. Nous avons également défini une nouvelle classe de protéines induites par le BCG et se retrouvant dans l’urine : les protéines plasmatiques. En fait, la présence de ces protéines dans l’urine suggère l’apparition de ruptures micro-vasculaires, notre hypothèse étant que les traitements successifs de BCG provoquent une augmentation de la vascularisation des muqueuses. En effet, plusieurs molécules identifiées dans l’urine sont pro-angiogéniques, notamment VEGF, IL-8, ENA-78 et MCP-1. De plus, les matrix metallopeptidases -9 et -3 facilitent la restructuration des tissus et promeuvent la néovascularisation. Nous avons pu obtenir des images issues de cystoscopies (Figure 1) avant la thérapie et 6 semaines après la fin du traitement (des examens cystoscopiques pendant la thérapie n’étant pas recommandés). Ces images montrent nettement l’augmentation considérable des vaisseaux au niveau des muqueuses après la thérapie. Ainsi, avec un flux sanguin plus important à travers les tissus, la même dose de BCG peut provoquer une infiltration immune plus rapide et plus robuste. Des études ont montré que le BCG induit des molécules pro-angiogéniques notamment en début de traitement, cependant, certaines protéines anti-angiogéniques sont également produites en cours de traitement et jusqu’à la fin de celui-ci. En accord avec ces données, nous avons effectivement détecté des protéines connues pour avoir des fonctions anti-angiogéniques telles qu'IP-10, IL-1ra et TIMP-1, montrant le complexe équilibre entre les substances anti- et pro-angiogéniques engagé dans la vessie après instillation de BCG. En parallèle des analyses protéiques, nous avons réalisé des marquages par cytométrie en flux et identifié l’infiltrat cellulaire présent dans l’urine et induit par le BCG. De façon similaire aux protéines, l’infiltrat cellulaire suit une réponse de type “prime/boost”. A titre d’exemple, la concentration en granulocytes est augmentée de plus de 200 fois à la troisième instillation comparée à l’initiale, et de plus de 100 fois pour les monocytes. Nous avons également observé la présence de lymphocytes T, B et NK. Afin de déterminer les cellules sources de certaines molécules, nous avons réalisé à la fois un criblage protéique et des marquages intracellulaires sur des cellules purifiées ou non et stimulées par le BCG in vitro. Nous avons trouvé que les monocytes étaient par exemple de robustes sources de GM-CSF, IL-1ra, MIG, IL-10, IL-6, IL-8, TNF-a, MIP-1b et IL-1b et les lymphocytes source de GM-CSF, IL-8, IFN-a-g, TNF-a et MIP-1b. Ainsi, ces données offrent la première carte de la réponse inflammatoire initiale à la BCG thérapie et fournissent des informations in vivo concernant la capacité à sensibiliser le microenvironnement tissulaire pour augmenter la réponse innée (Figure 2). Le concept de mémoire immunologique est classiquement appliqué à la réponse immune adaptative. Cependant, bien que les réponses mesurées dans cette étude soient innées, les données obtenues semblent montrer que les instillations répétées de BCG provoquent une réponse immune de type mémoire, un mécanisme que nous appelons “tissue conditioning”, résultant du remodelage de la vessie. Les travaux présentés dans cette étude révèlent donc un nouveau rôle pour la réponse immune innée durant des traitements inflammatoires consécutifs. RÉFÉRENCE Bisiaux, A et al 2009. Molecular analyte profiling of the early events and tissue conditioning following intravesical bacillus calmette-guerin therapy in patients with superficial bladder cancer. J Urol, 181: 1571-1580. ■ ■ ■ TA lesion pre-BCG 6 wks post-BCG Figure 1. Exemple d’images de la vessie obtenues lors de cytoscopies pré- et post-BCG thérapie. La photo de gauche montre une lésion TaG3 d’un patient avant résection tumorale. Du au grade élevé de sa tumeur, le patient a reçu une instillation de BCG hebdomadaire pendant 6 semaines. Notez la vascularisation modérée de la vessie observée lors de la cytoscopie pré-BCG. L’examen cytoscopique n’étant pas pratiqué de façon courante durant la thérapie, nous n’avons pu obtenir d’images intérmédiaires. Néanmois, l’image de droite, prise 6 semaines après le traitement, montre clairement une importante inflammation des tissus et une néo-angiogenèse. L’inflammation et la vascularisation observées diminuent quelques semaines plus tard (images obtenues d’une cytoscopie de suivi du patient (12 semaines post-BCG, non montré)). Figure 2. Représentation schématique de la réponse innée précoce à la BCG thérapie intravésicale. A. Lors de l’instillation, le BCG envahit l’urothélium de la vessie, provoquant l’induction de chimiokines et cytokines pro-inflammatoires (1). La première étape d’activation consiste à la migration de cellules innées telles que les granulocytes et monocytes qui deviennent à leur tour exposées au BCG et produisent des molécules inflammatoires supplémentaires (2). Les molécules produites par l’urothélium ainsi que par les granulocytes et monocytes permettent le recrutement des populations lymphocytaires (3). Nous suggérons que l’activation des lymphocytes observée dans notre étude est due à une stimulation locale, soit par contact direct avec le BCG (pour les gd T cells ou les NK CD56hi), ou via une stimulation indirecte par les cellules myéloïdes, indiquée par les pointillés et point d’interrogation puisque la persistance du BCG in vivo n’est pas définie. Bien que ces données n’aient pas été démontrées dans notre étude, de précédents travaux suggèrent que le recrutement et l’activation des lymphocytes contribuent à l’immunité anti-tumorale (4). B. Les instillations répétées de BCG provoquent une augmentation de la microvascularisation de la vessie, en partie due aux actions de VEGF et des MMPs, entraînant une réponse immune “boostée” (5). De plus, nous proposons que la rupture de la microvasculature induite par le BCG permet la fuite des protéines plasmatiques dans l’urine. SFI ACTUALITÉS 15 B rèves SUITE Introduction TRPM4, LE CANAL RÉGULATEUR DE L’HOMÉOSTASIE CALCIQUE DES CELLULES DENDRITIQUES Gaëtan Barbet Nicolas Serafini Pierre Launay Groupe Avenir Inserm U699, Faculté de Médecine Xavier-Bichat, Paris [email protected] 3 SFI ACTUALITÉS 16 Les cellules dendritiques (DCs) sont des cellules sentinelles du système immunitaire. Elles sont disséminées à la périphérie et ont la capacité de migrer vers les organes lymphoïdes secondaires (OLS) pour permettre l’activation lymphocytaire. La reconnaissance d’entités antigéniques par les récepteurs exprimés sur les DCs induit, à la fois, la maturation et la migration des cellules dendritiques. L’efficacité de la réponse lymphocytaire dépend de ces deux évènements cellulaires essentiels. Les ions, tel que le calcium, sont indispensables à de nombreux processus cellulaires. Leur passage à travers la membrane cellulaire s’effectue par le biais de plusieurs entités moléculaires : des canaux, des transporteurs et/ou des pompes ioniques. Parmi ces ions, le calcium a été décrit comme un second messager ubiquitaire à de nombreux types cellulaires. En effet, il joue un rôle majeur dans la transduction du signal des récepteurs lymphocytaires ainsi que dans la migration de ces cellulles (1). Bien que la nécessité d’un signal calcique pour la maturation et la migration des DCs ait été montrée (2,4), la régulation de l’homéostasie calcique dans la biologie des cellules hématopoïétiques est mal connue. Récemment, plusieurs familles de canaux ioniques ont été découvertes. Parmi ces molécules, nous avons cloné et mis en évidence le canal ionique TRPM4 (Transient Receptor Potential Melastatin 4). TRPM4 est un canal ubiquitaire permettant le passage de cations monovalents, principalement le sodium, dans le cytoplasme. La fonction de TRPM4 est de réguler négativement le flux massif de calcium provenant du milieu extracellulaire lors de l’activation de la cellule. Le canal TRPM4 est activé par cette entrée de calcium et s’ouvre pour permettre une entrée massive de sodium. Cette entrée de charges positives (sodium) crée une dépolarisation membranaire locale et diminue le gradient électrochimique du calcium. TRPM4 contribue ainsi à réguler négativement le flux calcique (5) (Figure). L’augmentation du calcium intracellulaire permet ensuite d’activer des voies de signalisation dépendantes du calcium aboutissant à l’expression de nombreux gènes, par exemple, ceux qui sont relatifs aux cytokines (4). Le rôle physiologique de TRPM4 a été mis en évidence dans des modèles humains et murins. En son absence, le signal calcique est plus important après stimulation. Cette augmentation de calcium intracytoplasmique a été montrée sur les lymphocytes T humains (6) et les mastocytes murins (7). Une absence de flux calcique dans les lymphocytes fut initialement rapporté par l’équipe du Pr. A. Fischer pour des patients atteints d’immunodéficience combinée sévère (réf. 8). La stimulation de tels lymphocytes induit une activation cellulaire réduite. En 2006, le canal ORAI1, aussi appelé CRACM1, a été identifié comme étant la principale molécule responsable de l’entrée de calcium dans les cellules du système immunitaire (9). L’absence de ce canal, dans les souris invalidées pour ORAI1, est léthale (10). Ces données montrent l’importance majeure du signal calcique, en particulier dans les cellules du système immunitaire. Population diminuée des DCs dans les OLS des souris déficientes pour TRPM4 Tenant compte des récentes identifications de molécules impliquées dans l’homéostasie calcique, nous nous sommes intéressés à l’importance de l’entrée de calcium dans la biologie des cellules immunitaires. Plus précisément, notre étude avait pour but de connaître le rôle de TRPM4 dans l’activation des DCs (11). Pour cela, nous avons généré une souris déficiente pour TRPM4. Bien que TRPM4 soit une molécule exprimée de façon ubiquitaire, la souris Trpm4-/- est viable et ne présente pas modifications morphologiques apparentes. Cependant, dans la rate des souris invalidées pour ce canal, nous avons estimé une diminution de 30 % des DCs totales par rapport aux souris contrôles. De plus, en conditions inflammatoires, 24 h après le déclenchement d’une infection bactérienne sous-cutanée à Escherichia coli (E. coli), nous avons observé une diminution de 4 fois du nombre de cellules dendritiques dans les ganglions drainants. Cette dernière observation nous a amené à étudier le rôle de TRPM4 dans la maturation et la migration des DCs Figure. L’homéostasie calcique des cellules hématopoïétiques Lors de l’activation d’un récepteur couplé aux protéines G (GPCRs) par une cytokine (C) ou un agoniste bactérien, la PLC est activée et clive le PIP2 en DAG et IP3. L’IP3 se fixe alors à son récepteur exprimé à la membrane du réticulum endoplasmique (RE) permettant une libération de calcium. Cette première augmentation du calcium intracytoplasmique induit l’activation du canal membranaire ORAI1. L’ouverture d’ORAI1 provoque un influx de calcium provenant du milieu extracellulaire vers le cytoplasme selon son gradient électrochimique. Cette augmentation de la concentration intracellulaire de calcium permet l’ouverture du canal TRPM4 qui laisse passer les cations monovalents (principalement du sodium). L’influx massif de sodium dans le cytoplasme induit alors une dépolarisation membranaire locale qui diminue le gradient électrochimique du calcium stoppant, ainsi, son flux entrant. De cette façon, TRPM4 régule négativement l’entrée de calcium provenant du milieu extracellulaire. déficientes pour TRPM4 en comparaison aux DCs contrôles après activation bactérienne. TRPM4 joue un rôle majeur dans la migration des DCs et non dans leur maturation L’activation des DCs Trpm4-/-, ainsi que les DCs contrôles, par du LPS ou des bactéries E. coli entraîne une expression similaire des marqueurs de maturation (CD80, CD86, CCR7, CMH classe II). A l’inverse, des expériences de migration, in vivo et in vitro, montrent que la capacité de migration les DCs de souris Trpm4-/- est fortement diminuée par rapport à celle de DCs contrôles. En effet, qu’il s’agisse d’expériences faites sur des DCs de la peau marquées ou sur des DCs dérivées de la moelle osseuse (BMDCs) réinjectées en sous-cutanée, nous observons une migration fortement diminuée des DCs de souris Trpm4-/- par rapport aux DCs contrôles après stimulation par des E. coli. Ces résultats ont été confirmés, in vitro, par des expériences de migration dirigée vers la chimiokine CCL21 sur des BMDCs maturées avec des bactéries fixées. Ainsi, nous montrons que les DCs matures déficientes pour TRPM4 sont incapables de migrer en présence de bactéries. La signalisation calcique : un acteur majeur dans la biologie des DCs Les techniques de "patch-clamp" nous ont permis de valider la présence du canal TRPM4 à la surface des DCs murines. Par ces méthodes d’électrophysiologie, nous avons identifié un courant ionique à la surface des DCs caractéristique de TRPM4 : courant cationique non sélectif, activé par le calcium et inhibé par l’ATP. Ensuite, par des méthodes d’imagerie calcique, nous avons observé que l’absence de l'expression du TRPM4 par les BMDCs immatures induisait un signal calcique deux fois plus important après stimulation bactérienne par rapport aux BMDCs contrôles. Ce signal calcique dans ces BMDCs immatures dû à la stimulation bactérienne est inhibé par la toxine pertussique, un inhibiteur des récepteurs couplés aux protéines G (GPCRs) et diminué de 50 % par un inhibiteur spécifique du CCR5, le TAK 779. Des GPCRs, dont CCR5, agiraient donc comme récepteurs à E. coli pour induire un signal calcique (12). De plus, en observant le signal calcique du CCL21 dans des BMDCs maturées 24 h avec des bactéries fixées, nous remarquons que ce signal calcique est diminué dans les BMDCs matures déficientes pour TRPM4 par rapport aux cellules contrôles. La maturation due à la stimulation bactérienne a provoqué des modifications cellulaires qui empêchent les DCs Trpm4-/- de répondre à un second stimulus. La transduction du signal à la suite de l’activation des GPCRs implique une augmentation de l’influx intracellulaire calcique (3). Les phospholipases C (PLC) sont des protéines activées par les protéines G et permettent un signal calcique via leur production d’IP3 (Figure). Or, après un fort signal calcique, nous montrons que la signalisation des GPCRs est altérée du fait d’une diminution d’expression de la PLC-b2 dans les DCs. En résumé, nous avons montré que les bactéries E. coli sont reconnues par les DCs par des récepteurs indui- sant un signal calcique tels que les GPCRs. En l’absence de TRPM4, le signal calcique est plus important et induit une diminution de l’expression de la PLC-b2. Cette diminution d’expression est donc la cause d’une absence de réponse à un second stimulus dépendant du calcium. Ainsi, l’effet d’un signal calcique trop important lors de la maturation bloque une seconde activation cellulaire (ici, une absence de migration des DCs), conférant aux DCs matures un état proche de l’anergie. Conclusions et perspectives Notre travail souligne l’importance de la régulation calcique dans la biologie des DCs. Nous sug- RÉFÉRENCES 1. Feske S 2007. Calcium signalling in lymphocyte activation and disease. Nat Rev Immunol 7:690702. 2. Hsu S et al 2001. Fundamental Ca2+ signaling mechanisms in mouse dendritic cells: CRAC is the major Ca2+ entry pathway. J Immunol 166:6126-6133. 3. Scandella E et al 2004. CCL19/CCL21-triggered signal transduction and migration of dendritic cells requires prostaglandin E2. Blood 103:1595-1601. 4. Lewis R 2001. Calcium signaling mechanisms in T lymphocytes. Annu Rev Immunol 19:497-521. 5. Launay P et al 2002. TRPM4 is a Ca2+ -activated nonselective cation channel mediating cell membrane depolarization. Cell 109:397-407. 6. Launay P et al 2004. TRPM4 regulates calcium oscillations after T cell activation. Science 306:1374-1377. 7. Vennekens R et al 2007. Increased IgE-dependent mast cell activation and anaphylactic responses in mice lacking the calcium-activated nonselective cation channel TRPM4. Nat Immunol 8:312-320. 8. Partiseti M et al 1994. The calcium current activated by T cell receptor and store depletion in human lymphocytes is absent in a primary immunodeficiency. J Biol Chem 269:32327-32335. 9. Feske S et al 2006. A mutation in Orai1 causes immune deficiency by abrogating CRAC channel function. Nature 441:179-185. 10. Vig M et al 2008. Defective mast cell effector functions in mice lacking the CRACM1 pore subunit of store-operated calcium release-activated calcium channels. Nat Immunol 9:89-96. 11. Barbet G et al 2008. The calcium-activated nonselective cation channel TRPM4 is essential for the migration but not the maturation of dendritic cells. Nat Immunol 9:1148-1156. 12. Floto RA et al 2006. Dendritic cell stimulation by mycobacterial Hsp70 is mediated through CCR5. Science 314:454-458. 13. Macian F et al 2004. T-cell anergy. Curr Opin Immunol 16:209-216. 14. Bendz H et al 2008. Calcium signaling in dendritic cells by human or mycobacterial Hsp70 is caused by contamination and is not required for Hsp70-mediated enhancement of crosspresentation. J Biol Chem 283:26477-26483. gérons que TRPM4 est un acteur majeur dans la régulation de l’homéostasie calcique des cellules dendritiques. En l’absence de TRPM4 dans les DCs immatures, nous observons une surcharge calcique qui induit des modifications d’expression protéique induisant une absence de réponse à un second stimulus, après maturation. En parallèle, il a été montré que des lymphocytes T peuvent devenir anergiques après une forte mobilisation de calcium (13). Par conséquent, ce phénomène d’anergie cellulaire liée à la surcharge calcique pourrait être une réaction de défense physiologique ubiquitaire en réponse à un premier signal calcique trop important. De plus, cette surcharge calcique en l’absence de TRPM4 induit un défaut de migration, mais pas de maturation, dans les DCs. Ceci montre que ces deux phénomènes biologiques sont régulés de façon indépendante dans les DCs. Peu de récepteurs aux pathogènes (PRR), sont actuellement connus pour induire un signal calcique. Cependant, les GPCRs semblent jouer un rôle majeur dans le signal induit par des E. coli par les DCs, en étant responsable du signal calcique. Des récepteurs aux chimiokines ont été décrits comme récepteurs de pathogènes (CXCR4 et CCR5 sont des récepteurs au VIH, par exemple), bien que leurs ligands bactériens restent peu connus ou controversés (12,14). Dans le cadre de notre étude, CCR5 semble même être un des principaux récepteurs responsable du signal calcique et jouerait ainsi le rôle de PRR. Les DCs jouent également un rôle dans l’immunosurveillance des cellules cancéreuses. De plus en plus de traitements contre le cancer consistent en l’utilisation des DCs pour stimuler efficacement le système immunitaire contre les cellules tumorales. Une des stratégies thérapeutiques employées actuellement consiste à différencier et stimuler ex vivo les DCs des patients avant de les réinjecter. Les clés de la réussite de cette thérapie résident dans la maturation de ces cellules et leur migration vers les ganglions lymphatiques, siège de l’activation lymphocytaire. Nos récents travaux montrent l’importance de TRPM4 pour la migration des DCs. Afin de favoriser la rencontre des DCs avec les lymphocytes, nous voulons permettre (nous envisageons??) un meilleur contrôle de l’homéostasie calcique via TRPM4, lors de la manipulation in vitro des DCs, ce qui aboutira à une activation lymphocytaire plus efficace. Nous avons au préalable mis en évidence un composé pharmacologique agoniste de TRPM4, le BTP-2 (14). Une activation de TRPM4 par le BTP-2 régule l’homéostasie calcique cellulaire après activation membranaire. Notre hypothèse de travail actuelle est d’influer sur la migration des DCs in vivo et la régulation de l’influx calcique par l’approche pharmacologique. Nous espérons ainsi optimiser la migration des DCs vers les ganglions lymphatiques en activant les canaux ioniques lors de la manipulation cellulaire in vitro. L’enjeu est de continuer à mieux comprendre les mécanismes aboutissant à une migration optimale afin d’augmenter l’efficacité d’une des plus prometteuses thérapies anti-tumorales : l’immunothérapie cellulaire. ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 17 B rèves SUITE our faire face aux infections microbiennes, les lymphocytes T auxiliaires (ou Th pour "T helper") sont capables de se différencier en sous-populations fonctionnellement distinctes ayant chacune un profil de production de cytokines différent. Récemment, une nouvelle souspopulation de lymphocytes T auxiliaire a été identifiée, les lymphocytes Th17, producteurs des cytokines IL-17A, IL-17F et IL-22 (1). Les lymphocytes Th17 ont la faculté de protéger l’organisme hôte des pathogènes extracellulaires fréquemment en contact avec les muqueuses mais ils sont aussi délétères dans plusieurs modèles expérimentaux d’auto-immunité et d’inflammation ainsi que chez l’homme dans la maladie de Crohn et le psoriasis. Chez la souris, les cytokines TGF-b et IL-6 initient la différenciation de lymphocytes T en lymphocytes Th17, ceci en leur faisant exprimer le facteur de transcription (ROR)-gt (pour "retinoic acid receptor-related orphan nuclear receptor") et le récepteur de l’IL-23. La différenciation des lymphocytes Th17 peut ensuite être pérennisée par la mise en jeu des cytokines IL-21 et IL-23. Par ailleurs, il est connu que les lymphocytes différenciés en un lignage Th donné peuvent défavoriser la différenciation des autres lignages Th en sécrétant des cytokines. Tandis que la production d’IL-21 par les lymphocytes Th17 inhibe la production de cytokines de type Th1, la contre-régulation réciproque des réponses Th1 et Th2 met en jeu respectivement l’IL-4 et l’IFN-g, ces deux dernières cytokines étant aussi capables d’inhiber la différenciation du lignage Th17. P LES LYMPHOCYTES INKT INHIBENT LE DÉVELOPPEMENT DU LIGNAGE TH17 Lennart T. Mars1 Elvire Bourgeois2 Roland S. Liblau1 André Herbelin2 1. Inserm U563, Université Toulouse III, Toulouse 2. CNRS Unité mixte de recherche 8147, Université Paris Descartes, Paris [email protected] [email protected] 4 Figure. Les lymphocytes iNKT inhibent la différenciation des lymphocytes T CD4+ naïfs en lymphocytes Th17. L’environnement local des cytokines impose vers quelle voie vont se différencier les lymphocytes T CD4+ (partie gauche). L’activation des lymphocytes iNKT lors de la réponse de ceux-ci influence ce phénomène en induisant les productions d’IL-4, d’IL-10 et d’IFN-g, lesquelles agissent de manière combinée en inhibant les réponses Th1 et Th17 mais pas les réponses Th2. De plus, les lymphocytes iNKT ont un impact négatif sur la persistance des lymphocytes T CD4+ Th17 après leur différenciation (partie droite). SFI ACTUALITÉS 18 Les cellules de l’immunité innée ont un rôle important dans la réponse adaptative aux microbes en influençant la différenciation des lymphocytes T auxiliaires. Ainsi, l’activation des récepteurs TLR (pour "Toll like recepteur") à la surface des cellules dendritiques (CD) entraîne une production d’IL-12 favorisant la réponse lymphocytaire Th1. De plus, lors de l’engagement de leurs récepteurs dectin1 ou Nod2 (pour "nucleotide oligomerization domain 2"), les CD produisent l’IL-6 et l’IL-23. En plus des CD, d’autres cellules de l’immunité innée influencent la différenciation des lymphocytes T auxiliaires. C’est le cas en particulier des lymphocytes iNKT (pour "invariant natural killer T") qui constituent une population T restreinte par la molécule CD1d et exprimant un TCR-a invariant (Va14-Ja18 chez la souris, Va24-Ja18 chez l’homme). Ces lymphocytes T non-conventionnels reconnaissent des glycolipides tant endogènes qu’exogènes qui leur sont présentés au sein du sillon hydrophobe de la molécule CD1d. Comme les lymphocytes T conventionnels, les lymphocytes iNKT sont sélectionnés dans le thymus, mais ils diffèrent de ces derniers par leur développement, leur phénotype et leurs fonctions. Les lymphocytes iNKT sont issus d’un précurseur thymique commun et l’expression stochastique de leur TCR invariant est l’événement qui les engage vers le lignage iNKT. La présentation de ligands du “soi” tels que l’isoglobotrihexosylceramide ou d’autres glycolipides restant à identifier - par les thymocytes "double-positifs" (DP) dans le cortex thymique déclenche la différenciation et la sélection des lymphocytes iNKT, indépendamment des cellules épithéliales thymiques. Dès le stade thymique, les lymphocytes iNKT acquièrent leur phénotype mémoire et sont capables de produire de grandes quantités de cytokines lors de l’engagement de leur TCR. C’est cette propriété unique qui leur permet dès leur migration dans les organes lymphoïdes secondaires d’influencer la différenciation des lymphocytes T conventionnels. Ainsi, par leur production prompte et massive d’IFN-g, les lymphocytes iNKT peuvent faciliter des réponses Th1 en activant les lymphocytes NK, lesquels produiront à leur tour de l’IFN-g, facilitant la maturation des DC et leur production d’IL-12. Par leur production d’IL-4, les lymphocytes iNKT peuvent aussi favoriser la différenciation des lymphocytes T conventionnels en lymphocytes Th2, conférant ainsi une protection de l’organisme visà-vis de maladies auto-immunes spécifiques d’organe (4). Le fait que les lymphocytes iNKT soient capables de contrôler la différenciation des lymphocytes T conventionnels en lymphocytes Th1 et Th2 nous a conduits à rechercher si leur influence s’applique aussi au lignage Th17 (5). Cette hypothèse est conciliable avec la protection conférée par l’enrichissement en lymphocytes iNKT ou bien par leur activation vis-à-vis des maladies auto-immunes spécifiques d’organe déclenchées par des réponses pathogéniques des lymphocytes Th17 (6). Afin de pouvoir évaluer l’influence de la population iNKT sur le lignage Th17, nous avons tout d’abord comparé les capacités de production d’IL-17 par les lymphocytes T CD4+ provenant de souris sauvages et déficientes en lymphocytes iNKT. Nous avons ainsi montré que les cellules CD4+ purifiées provenant soit de souris Ja18-/(dépourvues sélectivement de lymphocytes iNKT) soit de souris Cd1d-/- (dépourvues de lymphocytes T restreints par la molécule CD1d) produisent trois fois plus d’IL-17 en réponse à une stimulation polyclonale de leur TCR que les cellules CD4+ provenant de souris non mutées. Afin de déterminer si les lymphocytes iNKT exercent une influence in vivo sur le lignage lymphocytaire Th17, nous avons utilisé le modèle de l’EAE (pour "experimental autoimmune encephalomyelitis") qui se rapproche de la maladie humaine de la sclérose en plaques. L’immunisation avec le peptide MOG ("myelin oligodendrocyte glycoprotein") de la myéline induit des réponses spécifiques Th1 et Th17 qui contribuent de manière synergique à la destruction de la myéline, entraînant de graves lésions du système nerveux central. Cette maladie se caractérise par de multiples lésions de la moelle blanche associant un infiltrat inflammatoire important à une démyélinisation, des dommages au niveau des axones des neurones et la formation de cicatrices gliales. Pour notre étude, nous avons modifié le modèle classique d’EAE par l’utilisation d’une population traçable de lymphocytes T CD4+ naïfs spécifiques de l’antigène MOG35-55 administrée avant l’induction de l’EAE. Au 9e jour suivant l’immunisation, nous avons noté une expansion d’un facteur proche de 4 000 de la population traçable de lymphocytes T CD4+ spécifiques de MOG dans les organes lymphoïdes secondaires accompagnée à l’échelle cellulaire d’un pic d’expression intra cytoplasmique de l’une et/ou l’autre des cytokines IL-17 et IFN-g. Ainsi, les deux populations pathogènes lymphocytaires Th1 et Th17 se sont accrues avant de causer un dommage tissulaire dans le système nerveux central. Afin d’étudier l’influence des lymphocytes iNKT sur le développement de la population lymphocytaire Th17 spécifique de MOG dans notre modèle d’EAE, nous avons activé ceux-ci pharmacologiquement par l’administration de leur ligand agoniste exogène "a-galactosylcéramide" (a-GalCer). Ce traitement a entraîné une protection vis-à-vis de la maladie comme précédemment décrit (6). Les cellules CD4+ spécifiques de MOG issues des souris ayant été traitées par l’a-GalCer ont produit significativement moins d’IL-17, d’IFN-g et de TNF-a lors de leur stimulation spécifique ultérieure in vitro. Cette baisse de production de cytokines n’est pas due à une baisse du nombre de cellules CD4+ pathogènes, comme l’atteste la petite réduction de la population lymphocytaire traçable CD4+ spécifique de MOG qui a été observée chez les souris traitées par l’a-GalCer. En fait, l’activation des lymphocytes iNKT par l’a-GalCer a entraîné une forte réduction au sein de la population lymphocytaire traçable CD4+ spécifique de MOG à la fois de la fréquence et du nombre absolu des lymphocytes CD4+ Th17. La même analyse appliquée à la population lymphocytaire CD4+ Th1 a révélé un impact beaucoup plus modeste du traitement par l’a-GalCer. L’ensemble de ces données a donc permis de conclure que l’activation in vivo des lymphocytes iNKT permet l’inhibition de la différenciation des lymphocytes CD4+ naïfs autoréactifs en cellules pathogènes effectrices Th1 et Th17 et que cet effet est plus prononcé sur le lignage lymphocytaire Th17. Sachant que les fonctions protectrices des lymphocytes iNKT activés au cours de l’EAE mettent en jeu l’IL-4 et l’IL-10 (6), nous avons recherché si ceux-ci facilitent la différenciation des lymphocytes CD4+ spécifiques de MOG vers les lignages lymphocytaires respectivement Th2, producteur d’IL4 et Tr1, producteur d’IL-10. Le traitement des souris par l’a-GalCer a bien favorisé la réponse Th2 spécifique de MOG tout en entraînant une sécrétion d’IL-10 par des cellules non T. Par ailleurs, étant donné l’inhibition réciproque bien documentée entre les lymphocytes Th17 et les lymphocytes T régulateurs, nous avons étudié la possible induction de lymphocytes T régulateurs par les lymphocytes iNKT activés mais aucune augmentation de la fréquence de cellules T CD4+ Foxp3+ spécifiques de MOG n’a été observée chez les souris traitées par l’a-GalCer. Enfin, des expériences utilisant des anticorps bloquants ont montré que l’inhibition de la réponse pathogène lymphocytaire Th1 par les lymphocytes iNKT activés met en jeu les cytokines IL-4 et IL-10 tandis que l’inhibition de la réponse pathogène lymphocytaire Th17 nécessite non seulement l’IL4 et l’IL-10, mais aussi l’IFN-g. La dernière partie de notre travail a été consacrée à la démonstration de l’importance de l’activité inhibitrice des lymphocytes iNKT sur le lignage lymphocytaire Th17 en conditions basales in vivo. Dans ce but, nous avons d’abord comparé les productions d’IL-17 par des lymphocytes CD4+ mémoires conventionnels provenant de souris sauvages, obtenus après déplétion des cellules iNKT, ou mutées Ja18-/-. L’activation polyclonale RÉFÉRENCES 1. Ouyang W et al 2008. The biological functions of T helper 17 cell effector cytokines in inflammation. Immunity. 28:454-467. 2. Murphy KM & SL Reiner 2002. The lineage decisions of helper T cells. Nat Rev Immunol 2:933944. 3. Bendelac, A et al 2007. The biology of NKT cells. Annu Rev Immunol 25:297-336. 4. Sharif S et al 2001. Activation of natural killer T cells by alpha-galactosylceramide treatment prevents the onset and recurrence of autoimmune Type 1 diabetes. Nat Med 9:1057-1062. 5. Mars L et al 2009. Invariant NKT cells inhibit development of the Th17 lineage. Proc Natl Acad Sci USA 106:6238-6243. 6. Mars L et al 2004. Therapeutic manipulation of iNKT cells in autoimmunity: modes of action and potential risks. Trends Immunol 25:471-476. in vitro des lymphocytes T CD4+ mémoires isolés à partir des souris mutées a montré un doublement de la fréquence des cellules Th17 et de leur production d’IL-17, comparativement à celle des souris sauvages. Nous avons pu définitivement conclure que les lymphocytes iNKT contrôlent naturellement la réserve de lymphocytes T CD4+ produisant l’IL-17 en condition basale, ceci en montrant que leur transfert chez des souris Ja18-/- entraîne en moins de 3 semaines une réduction de la production d’IL-17 et de la fréquence des cellules CD4+ Th17, lesquelles sont rendues proches de celles obtenues chez les souris sauvages. En résumé, notre étude met en évidence le rôle central de la population iNKT dans la régulation négative de la différenciation des lymphocytes T naïfs en lymphocytes Th17 ainsi que dans la persistance de ces derniers, ceci sans affecter l’expansion des lymphocytes T naïfs engagés (Figure). Notre démonstration qui a été apportée dans le modèle de l’EAE, pose la question d’un rôle négatif des lymphocytes iNKT vis-à-vis des effecteurs pathogènes au cours d’autres maladies auto-immunes telles que le diabète de type 1 et l’arthrite rhumatoïde. En effet, dans ces maladies, les effecteurs pathogènes sont au moins en partie de type Th17 et le traitement par le ligand a-GalCer est protecteur. Notre étude a aussi révélé un nouveau rôle de l’IFN-g dans l’EAE. Bien que cette cytokine soit généralement considérée comme un marqueur inflammatoire, force est de constater qu’elle joue un rôle ambivalent au cours de l’EAE. Alors que les effecteurs auto-réactifs Th1 contribuent à la maladie, un traitement par un anticorps neutralisant dirigé contre l’IFN-g tout comme l’invalidation du gène codant cette cytokine, entraînent une aggravation de celle-ci. Notre travail permet de réconcilier ces données de la littérature en proposant que c’est la nature de la source cellulaire de l’IFN-g qui détermine le caractère pro- ou anti- inflammatoire de cette cytokine au cours de l’EAE. Ainsi, contrairement à celui des lymphocytes pro-inflammatoires auto-réactifs Th1, l’IFN-g synthétisé par les lymphocytes iNKT, du fait de sa contribution à l’inhibition de la différenciation des lymphocytes T auto-réactifs en effecteurs pathogènes Th17, agit comme un facteur anti-inflammatoire de la maladie. Dans les conditions basales, il est documenté que les lymphocytes iNKT sont actifs et stimulent les DC et les cellules B, ce qui constitue des interactions cellulaires qui préparent l’hôte aux réponses aux futurs pathogènes rencontrés. Notre travail suggère fortement que les lymphocytes iNKT inhibent les réponses lymphocytaires Th17 avant toute exposition à des microbes. Pour cette raison, et compte-tenu du rôle des lymphocytes Th17 dans le dommage inflammatoire tissulaire, leur confinement par les lymphocytes iNKT pourrait constituer une barrière qui limiterait la prédisposition des patients atteints d’infections aux maladies inflammatoires. ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 19 B rèves SUITE ’extraordinaire diversité des invertébrés et leur longévité évolutive témoignent de l’étonnante efficacité de leur système de lutte contre les micro-organismes. Dépourvus de système immunitaire adaptatif, les insectes disposent pour se défendre contre les infections du seul système immunitaire inné dont les effecteurs les mieux caractérisés sont les peptides antimicrobiens (PAM). Lors d’une infection, ces molécules de quelques dizaines d’AA sont synthétisées par les cellules du corps gras (l’équivalent du foie chez les vertébrés) puis sécrétées dans l’hémolymphe circulante (l’équivalent du sang) ou elles combattent les micro-organismes infectieux. Depuis une dizaine d’années, la drosophile s’est imposée comme un modèle de choix pour disséquer les mécanismes moléculaires qui contrôlent la transcription de ces gènes suite à l’infection (1). L RÔLE DES HÉMOCYTES DANS LE DÉVELOPPEMENT ET LA RÉPONSE IMMUNITAIRE DE LA DROSOPHILE Julien Royet Bernard Charroux Institut de Biologie du Développement de Marseille-Luminy (IBDML), Marseille [email protected] 5 En combinant l’analyse fonctionnelle des promoteurs de gènes codant pour les PAM et la recherche de mutations diminuant la capacité des drosophiles à se défendre contre les micro-organismes, deux voies de signalisation ont été progressivement mises à jour. La voie Toll est impliquée dans la réponse des drosophiles contre les bactéries à Gram-positif alors que la voie IMD (Immune deficiency) est plus spécifiquement activée lors d’une infection par les germes à Gram-négatif (2). Lorsqu’une bactérie à Gram-positif pénètre dans la cavité abdominale de l’insecte, elle est reconnue par des membres de la famille des protéines de reconnaissance du peptidoglycane dite PGRP. L’interaction entre le PGN bactérien et la protéine soluble PGRP-SA déclenche une cascade de protéases dont la cible finale est la protéine Pro-Spätzle (3). Une fois clivé par la Spatzle Processsing Enzymes (SPE), Spätzle devient un ligand actif pour le récepteur Toll. La reconnaissance des bactéries à Gram-négatif ne fait pas intervenir de protéases mais dépend, comme chez les vertébrés, d’une interaction directe entre le PGN bactérien et un “Pattern Re- cognition Receptor”. Le PRR pour les bactéries à Gram-négatif est un autre membre de la famille des PGRP : PGRP-LC (4). La drosophile utilise donc deux membres de la famille de molécules de reconnaissance PGN pour détecter de manière spécifique les bactéries à Grampositif et à Gram-négatif (5). Comment la spécificité est-elle acquise ? Des études biochimiques et structurales ont apporté la preuve qu’une différence d’un AA entre le PGN des bactéries à Gram-positif (dit de type Lys) et à Gram-négatif (dit de type DAP) suffit pour expliquer la spécificité de reconnaissance des bactéries à Gram-positif par PGRP-SA et des bactéries à Gram-négatif par PGRP-LC et par conséquent la production de peptides antimicrobiens différents (6). La réponse immunitaire humorale s’accompagne, chez les insectes, d’une réponse cellulaire assurée par les hémocytes circulants dans l’hémolymphe. Une partie des hémocytes est formée pendant l’embryogenèse et l’autre, plus tard lors du développement larvaire, à partir d’un organe hématopoïétique appelé glande de la lymphe. Plusieurs études récentes ont mis en exergue la grande conservation évolutive entre des voies de signalisation qui permettent la prolifération et la différenciation des cellules hématopoïétiques, faisant de la drosophile un bon modèle d’étude pour ce processus (7). Chez la drosophile, l’hématopoïèse donne naissance à trois types cellulaires (8) : i) Les plasmatocytes qui phagocytent les particules ou les bactéries et sont donc l’équivalent fonctionnel des monocytes/macrophages des vertébrés. ii) Les lamellocytes qui sont absents chez l’animal non-infecté et dont la différenciation est induite dans certains contextes infectieux précis. Ils correspondent à de grandes cellules aplaties qui forment une capsule autour de particules trop volumineuses pour être phagocytées comme par exemple, les œufs de guêpes parasites. Figure 1. (A) Hemocytes d’une drosophile adulte marquée par la GFP. (B) La surexpression ciblée de la protéine proapoptotique HID permet d’onbtenir des drosophiles dépourvues d’hémocytes dont nous avons montré qu’elles sont immuno-déficientes. A SFI ACTUALITÉS 20 B iii) Enfin, les cellules dites à cristaux, qui sont impliquées dans le processus de mélanisation, un mécanisme de réponse antimicrobienne spécifique aux invertébrés. Les insectes possèdent un système circulatoire dit ouvert dans lequel les organes baignent directement dans l’hémolymphe. Il est ainsi très délicat de distinguer la part relative de la réponse immunitaire humorale et cellulaire dans l’immunité. Afin de comprendre précisément la fonction des hémocytes lors du développement et de la réponse immunitaire, nous avons cherché à éliminer les cellules sanguines de la drosophile. Le but affiché de cette étude était d’analyser les conséquences développementales et immunitaires d’une telle absence (9). Pour détruire les cellules sanguines nous avons ciblé (grâce au système inductible Gal4-UAS, issu de la levure) de manière spécifique l’expression de la protéine proapoptotique HID (Head Involution Defective) dans les hémocytes dès les premiers stades larvaires. L’utilisation de différents marqueurs (tunnel, acridine orange) nous a permis de démontrer que les larves et adultes obtenus contenaient au plus 2 % des RÉFÉRENCES 1. Lemaitre B & Hoffmann J 2007. The host defense of Drosophila melanogaster. Annu Rev Immunol 25:697-743. 2. Royet J et al 2005. Sensing and signaling during infection in Drosophila. Curr Opin Immunol 17:11-17. 3. Michel T et al 2001. Drosophila Toll is activated by Gram-positive bacteria through a circulating peptidoglycan recognition protein. Nature. 414:756-759. 4. Gottar M et al 2002. The Drosophila immune response against Gram-negative bacteria is mediated by a peptidoglycan recognition protein. Nature 416:640-464. 5. Royet J & Dziarski R 2007. Peptidoglycan recognition proteins: pleiotropic sensors and effectors of antimicrobial defences. Nat Rev Microbiol 5:264-277. 6. Leulier F et al 2003. The Drosophila immune system detects bacteria through specific peptidoglycan recognition. Nat Immunol 4:478-484. 7. Evans CJ et al 2003. Thicker than blood: conserved mechanisms in Drosophila and vertebrate hematopoiesis. Dev Cell 5:673-690. 8. Lanot R et al 2001. Postembryonic hematopoiesis in Drosophila. Dev Biol 23:243-257. 9. Charroux B & Royet J 2009. Elimination of plasmatocytes by targeted apoptosis reveals their role in multiple aspects of the Drosophila immune response. Proc Natl Acad Sci USA 106:9797-9802. hémocytes observés chez les individus sauvages et nous a conduit à les appeler "hemoless". L’analyse phénotypique détaillée des drosophiles hemoless nous a révélé quelques surprises. La première est que certains de ces individus dépourvus d’hémocytes se sont révélés capables de subir le développement larvaire, de traverser la métamorphose pupale et de donner naissance à des individus phénotypiquement sauvages. Ce résultat indique que, contrairement à ce qui est indiqué dans la littérature, les développements larvaires et pupal peuvent se dérouler normalement en l’absence complète d’hémocytes. D’après la littérature, les hémocytes assurent un rôle essentiel d’élimination des tissus histolysés lors de la métamorphose. En effet, lors de la pupaison, les tissus larvaires sont détruits et remplacés par les structures de l’adulte qui se différencient à partir de groupes de cellules, appelées disques imaginaux. Il est donc à priori important de se débarrasser des cellules larvaires apoptotiques, un rôle attribué jusqu’à présent aux hémocytes. Nos travaux permettent de dire qu’en l’absence d’hémocytes, cette tâche est normalement assurée chez la pupe. Il est néanmoins possible qu’en l’absence d’hémocytes, d’autres cellules soient capables d’assurer cette fonction. Chez certains organismes comme la nématode, la phagocytose n’est d’ailleurs pas l’apanage d’un type cellulaire unique. La deuxième partie de notre travail consistait à étudier l’importance des hémocytes, et par conséquent de la réponse cellulaire, dans la réponse immunitaire de la drosophile. Nous avons ainsi montré que l’absence d’hémocytes rend les drosophiles adultes particulièrement sensibles aux infections bactériennes et fongiques. L’analyse par PCR quantitative de la synthèse de peptides antimicrobiens a démontré que cet effet était totalement indépendant de l’induction des PAM. En d’autres termes, bien que les drosophiles hemoless produisent autant de PAM que les drosophiles sauvages, elles présentent une grande sensibilité aux infections microbiennes. Des expériences complémentaires suggèrent que l’action phagocytaire des hémocytes est largement responsable de leur fonction immunitaire. Notre étude a permis, en outre, de mettre en évidence deux autres fonctions, non encore complètement élucidées, du rôle des hémocytes dans la réponse immunitaire antibactérienne. Lorsque les larves de drosophile sont infectées par ingestion avec certaines bactéries, elles déclenchent une production systémique, dans le corps gras, de PAM sans que pour autant les bactéries aient franchi la barrière intestinale. Cela suggère l’existence d’un signal relais entre la tube digestif et les lobes du corps gras. En l’absence d’hémocytes, l’activation des PAM dans le corps gras après ingestion bactérienne est bien plus faible que chez les contrôles. Il semble donc que les hémocytes participent à la propagation de ce signal. Enfin, bien que la majorité des larves hemoless se développe en adultes normaux, une certaine proportion meurt lors de la pupaison. Le fait que cette létalité puisse être supprimée en supplémentant le milieu avec des antibiotiques indique que les hémocytes assurent, lors de la pupaison, un rôle d’immunosurveillance immunitaire dont les mécanismes moléculaires restent à élucider. Figure 2. L’ingestion de bactéries fluorscentes (A) par une larve de drosophile déclenche la synthèse de peptides antimicrobiens (B) dans le corps gras. Le présence des hémocytes larvaires est importante dans ce processus. ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 21 B rèves SUITE es agents microbiens (bactéries, parasites ou virus) interagissent avec le système immunitaire par l’intermédiaire de récepteurs appartenant à la famille des TLR ("Toll Like Receptors"). Ceux-ci reconnaissent, comme signaux de danger, des motifs moléculaires issus des micro-organismes et désignés sous le nom de PAMPs ("Pathogen Associated Molecular Patterns"). L’activation des TLR induit la production de médiateurs solubles de l’inflammation, comme les cytokines, qui interviennent dans la régulation des réponses immunitaires. Cependant, une réaction inflammatoire peut également être provoquée par des agressions tissulaires non infectieuses, dites aseptiques. Divers stress chimiques, mécaniques ou biologiques induisent invariablement la libération de facteurs cellulaires dont certains peuvent activer le processus inflammatoire et fonctionner comme autant de signaux de danger. Cette observation a conduit à proposer, dès 2006, une nouvelle catégorie de médiateurs solubles : les “alarmines”. Selon les définitions actuelles, les alarmines ou DAMPs ("Damage Associated Molecular Patterns") constitueraient l’équivalent cellulaire des PAMPs (Revue dans réf. 1). Il n’y a cependant pas encore de consensus sémantique, certains proposant de considérer les alarmines (signaux aseptiques) et les PAMPs (signaux septiques) comme deux catégories des DAMPs (signaux de dangers au sens large). Les caractéristiques des alarmines ne sont pas non plus clairement définies : il s’agirait le plus souvent de molécules qui peuvent être sécrétées en réponse à des cytokines pro-inflammatoires (notamment par les cellules de l’immunité), ou libérées passivement par les cellules nécrotiques dont elles signaleraient la présence. Cette catégorie comprend actuellement certaines cytokines comme l’interleukine IL-1a, des protéines de choc thermique, les défensines ou bien encore l’acide urique. La molécule qui s’inscrit le mieux dans cette définition et constitue, à ce titre, le chef de file des alarmines est la protéine HMGB1 ("High Mobility Group Box-1"), une protéine dont le statut n’a cessé de changer depuis sa découverte, dans les années 70. L HMGB1 : UNE ALARMINE QUI N’A PAS LIVRÉ TOUS SES SECRETS Stéphanie Barnay-Verdier Chloé Borde Vincent Maréchal Inserm U872, Centre de Recherche des Cordeliers, Université Pierre et Marie Curie, Paris [email protected] 6 HMGB1 : un facteur architectural de la chromatine Les protéines HMG constituent le principal groupe de protéines non-histones associées à la chromatine. Elles ont été initialement identifiées, en 1973 par H.M. Goodwin, comme des composants majeurs de la chromatine, présentant une forte mobilité sur gel d’électrophorèse. La superfamille des protéines HMG comprend trois groupes : HMGA, HMGB et HMGN. Toutes les protéines de cette superfamille, dont le poids moléculaire est compris entre 25 et 30 kDa, présentent des domaines de liaison à l’ADN ou boîtes HMG. La protéine HMGB1 appartient, avec HMGB2 et HMGB3, à la sous-famille HMGB ; elle est ubiquitaire et exprimée à des niveaux particulièrement élevés. La conservation remarquable de cette protéine au cours de l’évolution et le caractère létal de son extinction chez les souris KO en soulignent le carac- SFI ACTUALITÉS 22 tère essentiel. La structure d’HMGB1 s’organise autour de trois principaux domaines : deux domaines de liaison à l’ADN (boîtes A et B) et une extrémité C-terminale constituée d’acides aminés acides (boîte C). HMGB1 s’associe de façon très labile à l’ADN de forme B et manifeste une affinité plus importante pour des structures courbes de l’ADN (hémicaténanes, ADN cruciforme) sans spécificité de séquence. Dans le noyau, HMGB1 interagirait avec les histones et modifierait la topologie de certaines régions de l’ADN. Ceci permettrait de faciliter la fixation de facteurs de transcription, de réplication ou de recombinaison. Si HMGB1 peut établir des interactions de forte affinité avec l’ADN cis-platiné ou, pour des raisons différentes, avec la chromatine des cellules apoptotiques, elle est en revanche excessivement mobile dans le noyau et peut également transiter entre le noyau et le cytoplasme. HMGB1 : un puissant médiateur soluble H. Rauvala et ses collaborateurs sont les premiers à avoir établi la capacité de la protéine HMGB1 à interagir avec l’héparine et les héparanes sulfates, et à agir hors de la cellule (2). Leurs observations, qui portaient sur la capacité d’HMGB1 à stimuler la croissance des neurites, ont cependant été minorées par la découverte du rôle d’HMGB1 dans une pathologie de premier plan : le choc septique. Ce sont en effet les travaux menés par le groupe de K.J. Tracey qui ont démontré que les formes extracellulaires d’HMGB1 participent au choc septique en tant que cytokines pro-inflammatoires (3). Le choc septique est un état grave qui résulte de l’activation anormalement élevée de la de la réponse inflammatoire, le plus souvent liés à la libération massive de lipopolysaccharide bactérien (LPS) dans le sang. Le LPS stimule la production de cytokines pro-inflammatoires précoces (IL1b et TNFa), notamment par les macrophages. Ces médiateurs contribueraient secondairement à mettre en place une boucle d’activation autocrine qui provoquerait l’accumulation de cytokines pro-inflammatoires. Plus tardivement, l’activité du LPS et/ou des cytokines précoces induirait la sécrétion d’HMGB1. Cette dernière agirait comme un relai des cytokines exprimées précocement, et amplifierait la réponse inflammatoire en induisant notamment en retour la sécrétion d’IL-1b et de TNF-a. La contribution tardive d’HMGB1 au choc septique est démontrée notamment par l’amélioration de l’état général observé après administration d’anticorps neutralisant la protéine HMGB1 ou de molécules bloquant sa sécrétion, comme l’éthylpyruvate, dans des modèles expérimentaux de choc septique (4). HMGB1 est le chef de file des alarmines HMGB1 répond parfaitement à la définition des alarmines. Elle est en effet sécrétée dans des conditions d’inflammation septique et est également impliquée dans les processus inflammatoires aseptiques. Libérée passivement par les cellules nécrotiques, mais retenue sur la chromatine des cellules apoptotiques, HMGB1 interviendrait de façon déterminante dans les processus inflammatoires liés à la nécrose et/ou aux agressions tissulaires. Qu’elle soit sécrétée par certaines cellules activées (monocytes/macrophages, pituicytes) ou passivement libérée par les cellules nécrotiques, HMGB1 joue probablement un rôle central dans de nombreuses pathologies aiguës ou chroniques à caractère inflammatoire : choc septique, infections virales (grippe, VIH, hépatites B et C), polyarthrite rhumatoïde, pathologies d’ischémie-reperfusion, athérosclérose, lupus érythémateux (Revue dans réf. 5). HMGB1 : ses récepteurs cellulaires et les voies de transduction du signal L’activité extracellulaire d’HMGB1 est modulée par plusieurs récepteurs : les TLR-2 et -4, et le récepteur RAGE ("Receptor for Advanced Glycation End-products"). Les récepteurs TLR-2 et -4 Les TLRs appartiennent à la grande famille des PRRs ("Pattern recognition receptors"). Ce sont des protéines transmembranaires possédant un domaine extracellulaire composé de répétitions riches en leucine. Ils sont impliqués dans la reconnaissance de composants microbiens et dans la morphogenèse. La voie de signalisation impliquant les TLRs aboutit à l’activation de la protéine NF-kB, qui est impliquée dans de nombreux processus cellulaires comme la prolifération, l’apoptose ou la réponse inflammatoire. Le récepteur RAGE RAGE appartient à la superfamille des immunoglobulines. Il a d’abord été identifié comme un récepteur aux produits de glycation avancée ou AGEs ("Advanced Glycation Endproducts"), des molécules qui s’accumulent dans le sang des pa- tients diabétiques et qui proviennent d’une modification non-enzymatique des protéines par les sucres. RAGE est exprimé à la surface de nombreuses cellules (les cellules endothéliales, les neurones, les macrophages, les lymphocytes, les cellules dendritiques et les cellules musculaires lisses,..), mais son niveau d’expression est très variable. Le domaine d’interaction d’HMGB1 avec RAGE est localisé dans la boîte B de la protéine. Cette interaction induit au moins deux voies de transduction majeures : (i) la première active Cdc42 et Rac, des triphosphatases à guanosine qui régulent la motilité cellulaire et la croissance neuronale ; (ii) la seconde active Ras et les Mitogen-Activated Protein Kinases (MAPK) et conduit à l’activation de NF-kB (6). HMGB1 : ses activités biologiques (Figure) Activité adjuvante L’activation des cellules présentatrices d’antigène est essentielle à la mise en place d’une réponse immunitaire spécifique. Des travaux récents ont montré que la protéine HMGB1, sous forme extracellulaire, pouvait induire la maturation des cellules dendritiques et ainsi agir comme une molécule "immunostimulatrice" (7). Dans un contexte différent, il a été établi que la mort des cellules tumorales en réponse à certains agents anti-cancéreux peut conduire à la libération de molécules qui vont favoriser, en retour, l’activation des cellules dendritiques et le développement de la réponse cytotoxique dirigée contre les cellules tumorales. Cette réponse pourrait impliquer le récepteur TLR-4 et la protéine HMGB1 (8), mais des travaux récents ont également impliqués l’interaction HMGB1-TLR-2 dans l’évolution des gliomes (9). Production de cytokines pro-inflammatoires De très nombreuses publications ont fait état de la capacité d’HMGB1 à stimuler la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires. HMGB1 induirait notamment la production de TNFa, des interleukines IL-1, IL-6 et IL-8, ou encore des protéines MIP-1a et MIP-1b, par des monocytes/macrophages. HMGB1 module l’activité d’autres types cellulaires, dont les polynucléaires neutrophiles, les cellules endothéliales, les cellules musculaires lisses ou encore les cellules dendritiques, stimulant ainsi la production de divers médiateurs solubles associés le plus souvent à l’induction d’une réponse inflammatoire. La sécrétion de TNF-a, par les macrophages en réponse à HMGB1 s’est rapidement imposée comme un test de référence pour évaluer l’activité des protéines recombinantes purifiées. Paradoxalement, il est probable que l’effet observé dans de nombreux travaux soit lié à la réponse des cellules non pas à HMGB1, mais à divers éléments qui contaminent les préparations de protéines recombinantes utilisées : LPS, ADN et ARN bactériens (10 ; S. Thierry et V. Maréchal, non publié). Faut-il pour autant conclure à l’absence d’activité des formes solubles d’HMGB1 ? A priori, non. Tout d’abord, plusieurs observations établissent que plusieurs inhibiteurs d’HMGB1 peuvent bloquer son activité "pro-inflammatoire" in vitro et dans divers modèles animaux expérimentaux, ce qui confirme l’implication d’HMGB1 dans ce processus. Ce paradoxe a été en partie résolu par plusieurs travaux récents qui ont établit qu’HMGB1 peut s’associer de façon non-covalente à diverses molécules pro-inflammatoires [LPS, phosphatidyl sérine, motifs non méthylé de l’ADN (ADN CpG), ARN, IL-1b] (11), une propriété qui serait l’une des clefs de son activité physiologique. En s’associant à ces facteurs, HMGB1 servirait de véhicule et faciliterait, par l’intermédiaire du récepteur RAGE notamment, la présentation de ces molécules à leur(s) récepteur(s) cellulaire(s). Cependant, le débat concernant la capacité d’HMGB1 à induire la production de cytokines pro-inflammatoires, notamment par les macrophages, n’est sans doute pas clos. Stimulation de la migration cellulaire et réparation tissulaire HMGB1 induit la réorganisation du cytosquelette et stimule la migration des cellules musculaires lisses. Elle entraîne également la migration et la prolifération des cellules souches endothéliales et de diverses cellules d’origine fibroblastique. Enfin, HMGB1 recrute et induit la prolifération et la différenciation des cellules souches mésenchymateuses et hématopoïétiques. L’ensemble de ces résultats suggère qu’HMGB1 pourrait non seulement signaler les lésions tissulaires, mais qu’elle ■■■ Figure. Activités biologiques d’HMGB1 extracellulaire SFI ACTUALITÉS 23 B rèves SUITE ■■■ pourrait également prendre une part active à la reconstitution des tissus lésés. A l’appui de cette hypothèse, un travail récent montre qu’une diminution des concentrations intra-cutanées en HMGB1 pourrait expliquer la difficulté des sujets diabétiques à cicatriser (12). Sa capacité à recruter les polynucléaires neutrophiles, les monocytes et les macrophages met en lumière la contribution d’HMGB1 à la signalisation des lésions tissulaires (septiques ou aseptiques) et à la coordination locale du processus inflammatoire. La contribution d’HMGB1 à la migration, à la prolifération et/ou à la différenciation de certaines cellules n’est pas sans évoquer une implication possible de cette protéine dans le processus tumoral. De fait, l’interaction d’HMGB1 avec le récepteur RAGE pourrait moduler la prolifération cellulaire, augmenter la survie et accroître le pouvoir métastatique des cellules tumorales. Dans certains gliomes, le blocage de cette interaction, par l’ajout d’une forme mutée de RAGE, entraine une suppression de la migration des cellules tumorales et limite la prolifération cellulaire. L’expression de la protéine HMGB1, déjà importante dans les cellules normales, serait accrue dans divers cancers et constituerait un marqueur de mauvais pronostic (Revue dans réf. 13). En conclusion, le rôle d’HMGB1 dans la progression tumorale est de toute évidence complexe (Revue dans réf. 1). Les mécanismes qui lient la surexpression d’HMGB1 au sein des cellules tumorales à l’évolution délétère des tumeurs n’ont pas été élucidés à ce jour ; l’accumulation intranucléaire d’HMGB1 pourrait activer des gènes anti-apoptotiques et bloquer l’activité des caspases 3 et 9. (2) Nous avons rappelé qu’HMGB1, libérée par les cellules qui meurent sous l’action de certains traitements anticancéreux, pourrait à l’opposé jouer un rôle bénéfique en favorisant la mise en place d’une réponse immune anti-tumorale plus efficace. HMGB1 : une nouvelle cible thérapeutique ? La contribution d’HMGB1 à de nombreux processus inflammatoires aigus ou chroniques, localisés ou systémiques, a ouvert une voie évidente à la conception et/ou à l’identification de molécules susceptibles de moduler son activité extracellulaire. Dans le cas du choc septique, les stratégies visant HMGB1 sont justifiées par l’espoir de développer des thérapeutiques applicables dans une fenêtre temporelle plus large et surtout plus tardive que celle qui est aujourd’hui disponible pour inactiver le TNF-a. Plusieurs études ont établi la preuve de concept de ces stratégies en démontrant, par exemple, le bénéfice de traitements utilisant des anticorps anti-HMGB1 dans des modèles murins d’endotoxémie. Ces anticorps diminuent, voire préviennent, la létalité induite par le choc septique dans plusieurs modèles murins (3). Des anticorps monoclonaux capables de neutraliser la protéine ont également été développés et sont aujourd’hui testés dans des modèles expérimentaux de sepsis ou de polyarthrite rhumatoïde. Les résultats, très prometteurs, obtenus dans les modèles de choc septique ont encouragé le développement d’autres inhibiteurs de la protéine HMGB1. Une forme purifiée de la boîte A, dérivée de la protéine HMGB1, agit comme un antagoniste de la protéine complète. Cette molécule a été utilisée avec succès dans plusieurs études et en particulier dans des RÉFÉRENCES 1. Bianchi ME & Manfredi AA 2007. High-mobility group box 1 (HMGB1 protein at the crossroads between innate and adaptive immunity. Immunol Rev 220:35-46. Review. 2. Parkkinen J et al 1993. Amphoterin, the 30-kDa protein in a family of HMG1-type polypeptides. Enhanced expression in transformed cells, leading edge localization, and interactions with plasminogen activation. J Biol Chem 268:1972619738. 3. Wang H et al 1999. HMG-1 as a late mediator of endotoxin lethality in mice. Science 285:248-51. 4. Ulloa L et al 2002. Ethyl pyruvate prevents lethality in mice with established lethal sepsis and systemic inflammation. Proc Natl Acad Sci USA 99:12351-12356. 5. Klune JR et al 2008. “HMGB1: endogenous danger signaling.” Mol Med. 14:476-484. 6. Huttunen HJ et al 1999. Receptor for advanced glycation end products (RAGE-mediated neurite outgrowth and activation of NF-kkB require the cytoplasmic domain of the receptor but different downstream signaling pathways. J Biol Chem 274: 19919-19924. 7. Messmer D et al 2004. High mobility group box protein 1: an endogenous signal for dendritic cell maturation and Th1 polarization. J Immunol 173:307-313. 8. Apetoh L et al 2007. Toll-like receptor 4-dependent contribution of the immune system to anticancer chemotherapy and radiotherapy. Nat Med 13:1050-1059. 9. Curtin JF et al 2009. “HMGB1 mediates endogenous TLR2 activation and brain tumor regression.” PLoS Med 6:e10. 10. Rouhiainen A et al 2007. Pivotal advance: analysis of proinflammatory activity of highly purified eukaryotic recombinant HMGB1 (amphoterin. J Leukoc Biol. 81:49-58. 11. Ivanov S et al 2007. A novel role for HMGB1 in TLR9-mediated inflammatory responses to CpG-DNA. Blood 110:1970-8191. 12. Straino S et al 2008. High-mobility group box 1 protein in human and murine skin: involvement in wound healing. J Invest Dermatol 128:15451553. 13. Ellerman JE et al 2007. Masquerader: high mobility group box-1 and cancer. Clin Cancer Res 13:2836-2848. 14. Kokkola R et al 2003. Successful treatment of collagen-induced arthritis in mice and rats by targeting extracellular high mobility group box chromosomal protein 1 activity. Arthritis Rheum 48:2052-2058. ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 24 modèles d’arthrite (14). L’utilisation de ces molécules serait limitée au traitement des pathologies aiguës. In vitro, l’éthyl-pyruvate, un dérivé stable du pyruvate, est capable d’inhiber la sécrétion du TNF-a et d’HMGB1 par les macrophages stimulés au LPS. Le mécanisme moléculaire précis mis en jeu lors de cette inhibition reste, à ce jour, encore méconnu et/ou discuté. Néanmoins, l’administration d’éthyl-pyruvate 24 h après l’induction d’un choc septique chez la souris permet de réduire la mortalité ainsi que les concentrations sériques d’HMGB1. D’autres molécules, souvent dérivées de pharmacopées traditionnelles et connues de façon empirique pour leur activité anti-inflammatoire, se sont avérées capables de bloquer l’activité extracellulaire d’HMGB1, comme certains extraits du thé vert ou la glycyrrhizine, le principe actif de la racine de réglisse. HMGB1 : les questions qui demeurent… L’histoire même des découvertes qui ont été faites sur HMGB1 souligne les risques des positions les plus dogmatiques : HMGB1 a d’abord été définie comme une protéine nucléaire essentielle avant de gagner ses lettres de noblesse hors de la cellule. L’IL-33 a connu une histoire diamétralement opposée, puisque ses propriétés extracellulaires reconnues se sont progressivement enrichies de fonctions nucléaires encore mystérieuses. Peut-on encore parler de cytokine pro-inflammatoire, à l’instar du TNF-a ? D’une part, les concentrations biologiquement actives sont très supérieures à celles des cytokines classiques. D’autre part, la capacité d’HMGB1 à induire la production de cytokines inflammatoires — à partir des macrophages notamment — a longtemps été utilisée comme “gold standard” ; mais cette propriété doit être rediscutée depuis qu’il a été établit que les formes recombinantes d’HMGB1 sont fréquemment associées à des composants pro-inflammatoire d’origine bactérienne. Enfin, il semble essentiel de s’interroger sur la valeur diagnostique ou pronostique des formes sériques d’HMGB1. Utilisée comme un marqueur sérique de l’inflammation, pour lequel il existe un test commercial, HMGB1 n’a pas livré tous ses secrets. Un nombre grandissant d’études souligne que les concentrations sériques d’HMGB1 sont effectivement plus élevées en moyenne au cours du choc septique, mais cette observation n’est en aucun cas une règle : des patients peuvent développer un choc avec des concentrations sériques faibles et des individus apparemment sains montrent des concentrations qui s’inscrivent clairement dans des gammes habituellement considérées comme anormales. La présence de concentrations "élevées" d’HMGB1 dans le sérum n’est donc pas, à elle seule, un marqueur fiable. La capacité d’HMGB1 à agir, in vitro, en synergie avec des cytokines, le LPS ou d’autres facteurs solubles et sa neutralisation éventuelle par des facteurs sériques (des auto-anticorps notamment) sont autant de paramètres qui pourraient expliquer ces discordances et mériteraient à ce titre d’être explorés. B rèves SUITE Introduction SYSTÈME IMMUNITAIRE ET MALADIE DE PARKINSON : RÔLE DES LYMPHOCYTES T CD4 + DANS LES MÉCANISMES PATHOLOGIQUES NON AUTONOMES DE LA DÉGÉNÉRESCENCE NEURONALE Vanessa Brochard Stéphane Hunot CRICM, UPMC / Insem UMRS 975, Hôpital de la Salpêtrière, Paris [email protected] 7 La maladie de Parkinson est une affection neurologique provoquée par la destruction progressive et irréversible d’une population particulière de cellules nerveuses : les neurones dopaminergiques, et en particulier ceux localisés dans une structure appelée "substance noire". Cette perte, qui peut atteindre 90 %, abouti à une diminution importante des taux de dopamine, un neurotransmetteur essentiel à la régulation des fonctions motrices. De fait, les patients parkinsoniens présentent des symptômes moteurs tout à fait caractéristiques, comme le ralentissement des mouvements volontaires, rigidité et tremblement au repos. Bien qu'il soit possible de corriger avec une relative efficacité les anomalies motrices par des approches pharmacologiques (L-Dopa, agonistes dopaminergiques) et/ou chirurgicales (stimulation cérébrale profonde), ces traitements ne peuvent stopper le processus pathologique laissant la maladie évoluer vers des états de plus en plus invalidants pour l’individu. En outre, l'absence de traitements préventifs et curatifs efficaces s’explique principalement par notre large méconnaissance des mécanismes intimes de la mort neuronale et l'incertitude concernant les facteurs étiologiques de la maladie. Toutefois, les nombreux travaux menés dans ces domaines d'investigation semblent privilégier plusieurs hypothèses impliquant notamment le stress oxydatif, l'agrégation protéique ou encore un dysfonctionnement protéasomal et mitochondrial au sein des neurones malades (1). A ces hypothèses s’ajoute désormais l’importance des mécanismes pathologiques dits "non autonomes" qui suggèrent que le processus neurodégénératif n’est pas seulement provoqué par des atteintes au sein des neurones souffrants, mais est aussi régulé par des interactions avec les cellules voisines, et en particulier, les cellules microgliales considérées comme les macrophages cérébraux. Ainsi, la mort des neurones dopaminergiques dans la maladie de Parkinson est associée à une réaction microgliale importante et à des processus neuroinflammatoires définis, entre autre, par la production de facteurs pro-inflammatoires (2). Bien que ces processus ne représentent très probablement qu’une conséquence de la mort neuronale, puisqu’on les observe également dans d’autres pathologies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer (3), de nombreuses données expérimentales suggèrent qu’ils pourraient néanmoins jouer un rôle délétère vis-à-vis des neurones dopaminergiques, participant ainsi à la progression du processus neurodégénératif dans cette pathologie (2). Si le rôle pathogénique des cellules microgliales activées dans la maladie de Parkinson est désormais relativement bien étayé, les mécanismes de régulation des processus neuro-inflammatoires qui leurs sont associés restent en revanche mal connus. L’objectif de notre projet a donc été d’aborder ces mécanismes en proposant une hypothèse de travail tout à fait originale basée, entre autres, sur des données préliminaires obtenues au laboratoire. En effet, nous avions montré en 1999 la présence de nombreuses cellules positives pour l’interféron-g (IFN-g) au sein du tissu cérébral pathologique (4). Connue pour être est un puissant régulateur des fonctions inflammatoires des macrophages périphériques et tissulaires, cette cytokine est par ailleurs essentiellement produite par les lymphocytes T et NK dans l'organisme (5). Aussi, cette observation nous a naturellement conduit à suspecter l'existence de processus d'infiltration cérébrale de leucocytes et donc à nous intéresser au rôle du système immunitaire adaptatif dans les mécanismes pathologiques non-autonomes dans la maladie de Parkinson (6). Mise en évidence d’une infiltration lymphocytaire dans les syndromes parkinsoniens Notre premier objectif a été de déterminer si le cerveau des patients parkinsoniens pouvait en effet être le théâtre d'invasions leucocytaires notamment dans les zones pathologiques. Nous avons donc réalisé une étude immunohistochimique de marqueurs lymphocytaires sélectifs sur des pièces autopsiées de cerveaux provenant de sujets sains et parkinsoniens. Dans notre étude, nous apportons la confirmation que des lymphocytes T CD8+ mais également CD4+ s’accumulent en nombre beaucoup plus important dans la substance noire des patients parkinsoniens par rapport aux sujets témoins. Ces cellules sont présentes à proximité des vaisseaux sanguins mais également au cœur du parenchyme cérébral à proximité des neurones dopaminergiques. Cette infiltration de lymphocytes est loin d’être une réponse généralisée et non spécifique. En effet, (a) l’augmentation des cellules T n’est pas observée dans le noyau rouge, zone adjacente à la substance noire mais non lésée dans la maladie de Parkinson, (b) d’autres sous-populations de leucocytes incluant les cellules B et les cellules natural killer (cellules NK) ne sont pas détectées dans la substance noire des patients parkinsoniens. Ces résultats soulignent donc la double spécificité, cellulaire et régionale, de cette extravasation leucocytaire. Les analyses postmortem ne permettant pas d’obtenir des informations temporelles et fonctionnelles concernant ces processus, nous avons, dans un second temps, cherché à développer un modèle animal de lésion du système nigrostrié nous permettant de suivre, caractériser et manipuler cette réponse immune. Pour cela, nous avons opté pour une stratégie de transfert passif consistant à introduire, chez des souris immunodéficientes Rag-1-/-, des cellules B ou T étiquetées par la GFP (Green Fluorescent Protein). Un mois après le transfert (temps ■■■ SFI ACTUALITÉS 25 B rèves SUITE ■■■ nécessaire pour une reconstitution optimale des organes lymphoïdes), les animaux greffés ont été intoxiqués par le MPTP (inhibiteur du complexe 1 de la chaîne respiratoire mitochondriale), une neurotoxine spécifique des neurones dopaminergiques très largement utilisée pour modéliser un syndrome parkinsonien aussi bien chez les rongeurs que chez les primates non-humains (7). Nos résultats montrent et confirment qu'une lésion expérimentale du système nigrostrié chez la souris stimule l'extravasation cérébrale (essentiellement dans la substance noire) de lymphocytes T CD8+ et CD4+ circulants. Comme chez les individus atteints de la maladie de Parkinson, aucune infiltration de lymphocytes B n’a pu être mise en évidence dans ce modèle d’étude. Notons que les cellules infiltrées au sein du parenchyme sont observées à proximité des neurones dopaminergiques et des cellules gliales de la substance noire, laissant supposer d’éventuelles interactions entre ces différentes populations cellulaires et une implication possible des lymphocytes dans les mécanismes physiopathologiques. C'est en tout cas ce que suggère le profil temporel de cette extravasation cellulaire qui montre que le recrutement des lymphocytes T intervient avant la phase active de dégénérescence neuronale (8), mais après l’activation des cellules microgliales (6). Cette dernière observation renforce l'idée que l’activation précoce des cellules microgliales, composante innée de la réponse immune, stimulée par la souffrance neuronale pourrait jouer un rôle essentiel dans le recrutement cérébral des lymphocytes notamment en produisant divers médiateurs inflammatoires qui vont d'une part modifier les propriétés de la barrière hémato-encéphalique (BHE) et d'autre part favoriser le passage des cellules T à travers cette BHE. En outre, nos études destinées à mettre en évidence une éventuelle rupture de la BHE par une fuite du compartiment plasmatique dans le parenchyme cérébral nous ont permis d'exclure l'hypothèse d'un mécanisme d'infiltration passif des cellules T dans notre modèle expérimental. Aussi, le recrutement des cellules T à travers la BHE est très probablement régulé par des modifications moléculaires spécifiques en rapport avec des mécanismes d’adhésion et de chimiotactisme. A l'appui de cette hypothèse, nous avons mis en évidence une augmentation forte et précoce de l’expression de la molécule d’adhésion CD54/ICAM-1 au niveau des capillaires cérébraux, des lymphocytes T infiltrés et des cellules gliales chez les souris intoxiquées par le MPTP. Ce résultat est à mettre en parallèle avec l'expression des deux récepteurs d'ICAM-1, LFA-1 (CD11a) et Mac-1 (CD11b), respectivement au niveau des cellules T et des cellules microgliales activées. L’interaction d’ICAM-1 avec ses récepteurs induit l’adhésion leucocytaire sur l’endothélium, la migration transendothéliale et le déplacement des lymphocytes au sein des sites inflammatoires (9). De façon intéressante, une augmentation similaire d’ICAM-1 a été récemment décrite dans la substance noire des patients parkinsoniens et également chez des singes intoxiqués par le MPTP (10). Ainsi, la présence de cellules positives pour ICAM-1 dans les modèles animaux, mais également chez les patients parkinsoniens pourrait représenter un index fiable de l’existence de processus inflammatoires et d’une infiltration leucocytaire active au sein du parenchyme cérébral. Ainsi, ceci suggère un rôle crucial de cette molécule et de ses récepteurs dans la physiopathologie de la maladie de Parkinson et nous invite à approfondir l’étude des molécules impliquées dans les phénomènes d’infiltration lymphocytaire comprenant également les molécules de chimiotactisme. Etude du rôle de l’infiltration lymphocytaire dans les syndromes parkinsoniens Disposant d'un modèle expérimental de lésion du système nigrostrié et caractérisé par un processus d'infiltration lymphocytaire, nous avons, par la suite, cherché à déterminer le rôle de cette réponse immune adaptative dans les mécanismes physiopathologiques. Pour cela, nous avons mené nos analyses sur des animaux génétiquement modifiés, caractérisés par l’absence de populations lymphocytaires spécifiques. Dans une première série d’expériences, nous avons étudié l’effet d’une absence quasi totale de lymphocytes T matures (>95 %) chez des souris déficientes pour le récepteur des cellules T (Tcrb-/-) vis-à-vis de la toxicité au MPTP. L'étude de la perte neuronale montre que les souris Tcrb-/-, sont partiellement protégées contre l’action du MPTP par rapport à leurs congénères sauvages suggérant fortement un rôle délétère des lymphocytes T vis-à-vis des neurones dopaminergiques dans ce contexte pathologique. Nous avons confirmé ce résultat dans un deuxième modèle de souris immunodéficientes, les souris Rag-1-/- (dépourvues de lymphocytes T et B matures) dont la sensibilité vis-à-vis du MPTP est totalement rétablie lorsqu'une greffe de splénocytes sauvages est réalisée avant l'intoxication. Afin d'analyser plus en avant cette réponse immune agressive, nous avons, dans un deuxième temps, tenté d'identifier les sous-populations lymphocytaires à l'origine de ces mécanismes délétères. Il s'agissait en outre de déterminer qui des lymphocytes T cytotoxiques CD8+ et/ou auxiliaires CD4+ étaient responsables de la mort neuronale. Nous avons donc manipulé des souris déficientes en sous-populations Figure. Schéma hypothétique du mécanisme d’activation de la réponse immune adaptative suite à une lésion expérimentale du système nigrostrié chez la souris (modèle d’intoxication par la neurotoxine dopaminergique MPTP). L’atteinte neuronale provoquée par le MPTP entraine une activation secondaire des cellules microgliales et une réponse immune de type innée (production de médiateurs inflammatoires et d’un "burst" oxydatif). Des antigènes cérébraux tels que la synucléine-a subissent des modifications oxydatives générant des néo-épitopes qui, une fois drainés jusqu’aux ganglions lymphatiques cervicaux, stimulent une réponse immune adaptative. Les cellules T activées quittent les ganglions et infiltrent les zones cérébrales lésées participant à leur tour à la mort neuronale. Ce mécanisme pathologique dit non autonome pourrait contribuer à la progression des processus neurodégénératifs dans la maladie de Parkinson. SFI ACTUALITÉS 26 lymphocytaires spécifiques (souris Cd4-/- et Cd8-/-) et nos résultats sont sans appel : contrairement aux souris Cd8-/-, les souris Cd4-/étaient également partiellement protégées contre l’action de la toxine, et ce, à un niveau similaire aux souris Tcrb-/-. Au total, l'ensemble de ces résultats indiquent qu'une lésion du système nigrostrié est capable de stimuler une réponse lymphocytaire T CD4+ délétère pouvant, de fait, participer au processus physiopathologique. Il est clairement établi que les lymphocytes T CD4+ utilisent différentes fonctions effectrices afin de réguler la réponse immune (par exemple l'activation des macrophages par les cellules TH1 CD4+). Ces fonctions sont principalement médiées par deux classes de molécules que sont les cytokines IFN-g et TNF-a et les ligands membranaires, le Fas ligand (FasL ou CD95L) et CD40 ligand (CD154). L'observation de cellules positives pour l'IFN-g dans la substance noire des sujets parkinsoniens d'une part (4), et l'augmentation des taux d'IFN-g concomitante à l'infiltration des cellules T CD4+ dans le cerveau des souris intoxiquées par le MPTP d'autre part (6), nous a amené dans un premier temps à tester l'hypothèse du rôle essentiel de cette cytokine pro-inflammatoire dans les mécanismes délétères associés aux infiltrats de cellules T. En outre, un groupe américain avait préalablement établit que les souris déficientes pour l'IFN-g étaient partiellement protégées contre les effets toxiques du MPTP (11). Toutefois, nous avons très vite écarté un rôle de l’IFN-g lymphocytaire dans notre modèle. En effet, nous avons pu montrer que la greffe de splénocytes provenant de souris IFN-g-/- dans des souris Rag-1-/ne modifiait pas la sensibilité des animaux vis-à-vis du MPTP. Par contre, une étude similaire réalisée avec des splénocytes provenant de souris gld (porteuses d'une mutation naturelle dans le gène codant pour FasL diminuant très fortement sa liaison au récepteur Fas) montrait une protection neuronale identique à celle observée chez les animaux Tcrb-/- et Cd4-/-. Par conséquent, ces données indiquent une participation importante de la voie Fas/FasL dans la fonction délétère des cellules T CD4+ infiltrantes et sont en accord avec des résultats antérieurs montrant que les souris déficientes pour le récepteur Fas présentent une sensibilité moindre aux effets neurotoxiques du MPTP (12). Quel mécanisme est à l'origine de la réponse immune adaptative dans la maladie de Parkinson? Si nos résultats apportent une démonstration importante de l'existence et du rôle pathogénique d'une réponse immunitaire adaptative secondaire à la neurodégénérescence dans les syndromes parkinsoniens, ils soulèvent également de nombreuses interrogations qui méritent, très certainement, d'être considérées. En premier lieu, on peut s'interroger sur le phénotype exact de ces cellules T CD4+ qui envahissent le parenchyme cérébral lésé. Malgré de nombreux tentatives destinées à isoler ces cellules, nous n'avons malheureusement pas réussi à les purifier ce qui est évidemment un obstacle important pour répondre à cette question. Etant donné qu'elles expriment fortement LFA1 et CD44 nous pensons toutefois que ces cellules pourraient être recrutées à partir d'une RÉFÉRENCES 1. Olanow T 2007. The pathogenesis of cell death in Parkinson's disease. Mov Disord 22 Suppl 17:S335-S342. 2. Hirsch EC & Hunot S 2009. Neuroinflammation in Parkinson's disease: a target for neuroprotection? Lancet Neurol 8:382-397. 3. McGeer EG & McGeer PL 2003. Inflammatory processes in Alzheimer's disease. Prog Neuropsycholpharmacol Biol Psychiatry 27:741-749. 4. Hunot S et al 1999. FceRII/CD23 is expressed in Parkinson's disease and induces, in vitro, production of nitric oxide and tumor necrosis factor-a in glial cells. J Neurosci 19:3440-3447. 5. IJzermans JN & Marquet RL 1989. Interferon-g: a review. Immunobiology 179:456-473. 6. 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Benner EJ et al 2008 Nitrated a-synuclein immunity accelerates degeneration of nigral dopaminergic neurons. PLoS ONE 3:e1376. 14. Benner EJ et al 2004 Therapeutic immunization protects dopaminergic neurons in a mouse model of Parkinson's disease. Proc Natl Acad Sci USA 10:9435-9440. ■ ■ ■ population circulante activée et/ou mémoire. Comment dès lors une lésion cérébrale aussi localisée que celle observée dans la maladie de Parkinson pourrait stimuler une réponse immunitaire à distance et spécifiquement dirigé contre les structures dopaminergiques ? La réponse à cette question réside probablement dans la nature même du processus physiopathologique à l'œuvre dans cette maladie. En effet, la substance noire des sujets parkinsoniens est le théâtre d'un stress oxydatif important dont l'origine est aussi bien neuronale que gliale (2,7). Une des nombreuses conséquences de ce stress est la modification oxydative de plusieurs protéines et en particulier de l'a-synucléine, une protéine synaptique que l'on retrouve en abondance et sous forme agrégée dans des inclusions cytoplasmiques intraneuronales (ou corps de Lewy) dont la présence est indispensable pour confirmer le diagnostic de maladie de Parkinson. Or, la nitration de résidus tyrosine au niveau de cette protéine entraine non seulement une plus grande propension à son agrégation mais constitue également un néo-épitope capable de contourner voire même de rompre les mécanismes de tolérance immunitaire. C'est du moins l'hypothèse que propose Benner et ses collaborateurs (13) qui ont observé : 1) la présence d'a-synucléine nitrée dans les ganglions lymphatiques cervicaux de souris intoxiquées par le MPTP, 2) une augmentation d'expression du CMH-II au niveau des APCs dans ces ganglions, 3) une exacerbation de la perte neuronale provoquée par le MPTP chez des souris ayant reçu préalablement un transfert de cellules T isolées de souris immunisées avec de l'a-synucléine nitrée. Conjointement, l'ensemble de ces résultats suggèrent que le processus physiopathologique à l'origine de modifications oxydatives d'antigènes cérébraux pourrait stimuler la composante adaptative du système immunitaire qui en retour contribuerait au processus neurodégénératif et donc à la progression de la maladie (Figure). De fait, le concept de mécanismes pathologiques non autonomes, initialement appliqué aux cellules gliales activées, peut désormais s’étendre aux lymphocytes T infiltrés. En conclusion, nos travaux ont permis de mettre en évidence un rôle de l’infiltration lymphocytaire dans les syndromes parkinsoniens. Ces résultats en accord avec d'autres investigations (13) fournissent d'ores et déjà certaines bases pour le ciblage du système immunitaire adaptatif dans la maladie de Parkinson. Des stratégies thérapeutiques en lien avec ces mécanismes physiopathologiques pourraient, à titre d'exemple, reposer sur des approches de vaccination destinées à favoriser une réponse immune de type anti-inflammatoire et neuroprotectrice. Ce type de stratégie a déjà été testé avec succès dans le modèle MPTP murin avec comme immunomodulateur l'acétate de glatiramer (Cop-1) (14). SFI ACTUALITÉS 27 B rèves SUITE a tolérance orale est un mécanisme actif d’immunosuppression qui prévient la survenue de réactions d’hypersensibilité retardée (HSR) aux allergènes alimentaires, incluant des antigènes protéiques et des haptènes (1). Au moyen de modèles expérimentaux d’HSR induites par des lymphocytes T CD8+ ou CD4+ spécifiques respectivement d’un haptène (le DNFB) ou d’une protéine (OVA), nous avons étudié les modalités de l’induction de cette tolérance orale spécifique d’antigène. Après translocation à travers l’épithélium intestinal, ces allergènes peuvent être chargés et véhiculés par des cellules dendritiques présentatrices d’antigène professionnelles situées dans la lamina propria et dans les plaques de Peyer, mais diffusent également sous forme soluble depuis l’intestin vers le foie, via la veine porte. Dans les deux cas, la présentation de l’allergène aux lymphocytes T va aboutir à une tolérance, objectivée par l’incapacité ultérieure des animaux à développer une réaction d’HSR cutanée en réponse à l’immunisation systémique cutanée par le même antigène. Nous avions précédemment montré que cette immunosuppression systémique est induite par des LT CD4+CD25+ régulateurs qui sont activés par l’allergène oral et inhibent in vivo l’activation et la différenciation des effecteurs T pathogènes (2-4). Plus récemment, nous nous sommes intéressés aux évènements précoces intervenant dans le foie, suite à l’administration orale de l’allergène. Nous avons tout d’abord montré que le foie est un site de présentation de l’allergène. Le foie est riche en cellules dendritiques (DC) de type myéloide et de type non myéloide, qui représentent jusqu’à 15 % des leucocytes hépatiques. Environ 50 % des DC non myéloides est constituée par des cellules dendritiques appelées plasmacytoïdes (pDC) productrices d’IFNa et de phénotype immature. Des expériences de transfert adoptif de différentes sous-populations de DC hépatiques ont révélé que seules les pDC ont un pouvoir tolérogène in vivo. Les pDC du foie et des ganglions mésentériques, mais non de la rate, isolées d’animaux exposés à l’allergène par voie orale ont des propriétés tolérogènes accrues. Les pDC hépatiques sont capables i) d’inhiber aussi bien les réponses d’HSR induites par les cellules T CD4+ et T CD8+, ii) d’induire une immunosuppression à très faible nombre de cellulesl et iii) d’exercer un pouvoir tolérogène de manière spécifique de l’allergène oral. La déplétion sélective des pDC par traitement au moyen d’anticorps spécifiques permet non seulement d’abroger la tolérance orale, mais aboutit à une sensibilisation des animaux suite à la seule administration orale de l’allergène et à une réponse d’HSR cutanée. L’analyse cinétique de la conséquence du gavage par l’allergène sur les cellules T CD8+ dans le foie et ganglions mésentériques montre une disparition très précoce dans le foie du pool de cellules T CD8 réactives à l’allergène, qui s’exerce via un mécanisme dépendant des pDC (5). Ce L RÔLE DES CELLULES DENDRITIQUES PLASMACYTOÏDES DANS LA TOLÉRANCE ORALE Dominique Kaiserlian Inserm U851, IFR128, Lyon [email protected] 8 mécanisme est indépendent de l’IL-10 et des cellules T CD4+ régulatrices. Il n’est dû ni à une anergie des cellules T ni à leur conversion en cellules T suppressives ni à leur relocalisation dans d’autres organes lymphoïdes, mais plutôt à une délétion lymphoctaire T induite par les pDC hépatiques. Ce mécanisme de "purge" des lymphocytes T CD8+ réactifs à l’allergène oral dans le foie, aboutit à une sensibilité accrue des cellules T CD8+ résiduelles à l’effet suppresseur de cellules T CD4+CD25+ régulatrices, lors d’un nouveau contact systémique avec l’allergène (Dubois et al. soumis). Ainsi, après gavage, l’allergène gagne rapidement le foie sous forme soluble et est vehiculé par les cellules dendritiques de la lamina propria vers les ganglions mésentériques drainant l’intestin. Ceci entraine deux évènements indépendants: 1/ la presentation de l’allergène soluble par les pDC du foie entraine la réduction rapide du pool de lymphocytes T réactifs à l’antigène et 2/ la présentation de l’allergène par les DC des ganglions mésentériques induit l’activation de cellules T régulatrices CD4+CD25+ avec une activité suppressive accrue. La tolérance orale fait donc intervenir deux étapes complémentaires et séquentielles : une étape muqueuse dépendante des pDC et une étape systémique dépendante des cellules T régulatrices. Ces deux étapes permettent une complète inhibition de l’activation et la différenciation des cellules T spécifiques en cellules effectrices de l’HSR, en réponse à une nouvelle exposition à l’allergène par voie cutanée. Ces données laissent penser que les pDC pourraient représenter une cible thérapeutique précoce dans l’allergie alimentaire et dans les maladies inflammatoires chroniques induites par des cellules T. RÉFÉRENCES 1. Dubois B et al 2005. Oral tolerance and regulation of mucosal immunity. Cell Mol Life Sci 62:1322-1332. 2. Desvignes C et al 1996. Lack of oral tolerance but oral priming for contact sensitivity to dinitrofluorobenzene in major histocompatibility complex class II-deficient mice and in CD4+ T cell-depleted mice. Eur J Immunol 26:1756-1761. 3. Desvignes C et al 2000. Oral administration of hapten inhibits in vivo induction of specific cytotoxic CD8+ T cells mediating tissue inflammation: a role for regulatory CD4+ T cells. J Immunol 164:2515-2522. 4. Dubois B et al 2003. Innate CD4+CD25+ regulatory T cells are required for oral tolerance and inhibition of CD8+ T cells mediating skin inflammation. Blood 102:3295-3301. 5. Goubier A et al 2008. Plasmacytoid dendritic cells mediate oral tolerance. Immunity 29:464-475. ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 28 B rèves SUITE Introduction IL-17 ET BIOLOGIE DES LYMPHOCYTES B : IMPLICATIONS DANS LE LUPUS ÉRYTHÉMATEUX DISSÉMINÉ Agnès Doreau-Bastid1 Jeremy Bastid2 Jean-François Eliaou3 Nathalie Bonnefoy-Berard1 1- Inserm U851, Lyon 2- Inserm U590, Centre Léon Bérard, Lyon 3- Service d’Immunologie, Université Montpellier 1 [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] 9 Figure. Twist-1 régule la survie, la prolifération et la différenciation des lymphocytes B en réponse aux cytokines IL-17 et BAFF. Ces dernières années, plusieurs études mettent en avant le rôle de l’interleukine 17 (IL-17) dans le développement des pathologies auto-immunes et inflammatoires chroniques, comme la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaque, la maladie de Crohn, le psoriasis (1,2) et le Lupus Erythémateux Disséminé (LED) (3-6). Cependant, le rôle précis de l’IL-17 dans ces pathologies et en particulier le LED reste encore mal compris. De nombreuses études ont permis de démontrer qu’une dérégulation des fonctions lymphocytaires T était un élément important de la pathologie lupique (7). Parmi ces dérégulations l’augmentation du nombre de cellules T sécrétrices d’IL-17 a récemment été mise en évidence (5). Cependant, le LED est une pathologie auto-immune qui se caractérise par des dépôts de complexes auto-immuns dans les organes comme les reins, aboutissant à terme à leur destruction. Ainsi, la persistance anormale chez ces patients de lymphocytes B auto-réactifs produisant des auto-anticorps à l‘origine de ces atteintes viscérales est aussi un élément clef de pathologie lupique. À la suite de plusieurs études chez la souris, il a été suggéré que la cytokine BAFF pouvait favoriser une telle persistance de cellules autoréactives dans le lupus (8). Cependant, chez les sujets développant un LED, les concentrations sériques de BAFF sont très peu corrélées avec les paramètres cliniques et biologiques, suggérant l’existence d’au moins un mécanisme alternatif ou complémentaire responsable de la persistance de lymphocytes B auto-réactifs chez ces patients. Dans la continuité des travaux démontrant, chez la souris, un rôle direct de l’IL-17 sur les lymphocytes B au niveau des centres germinatifs (9), nous avons étudié l’impact direct de l’IL-17 sur la biologie des lymphocytes B humains. Dans le cadre de ces travaux nous avons mis en évidence, pour la première fois, le rôle crucial de l’IL-17, en synergie avec BAFF, dans le contrôle de la survie, la prolifération et la différenciation lymphocytaire B et dans la physiopathologie du LED (10). IL-17 favorise la survie des lymphocytes B. En effet, dans les lymphocytes B naïfs et mémoires, l’IL-17 seule favorise, comme déjà démontré pour BAFF, à la fois la survie spontanée des lymphocytes B et prévient leur apoptose induite par l’engagement du récepteur spécifique de l’antigène. Il s’agit là d’un modèle classique d’induction de tolérance. De façon remarquable, nous avons pu mettre en évidence une véritable synergie entre les cytokines IL-17 et BAFF qui, combinées, peuvent favoriser la survie de la quasi-totalité des lymphocytes B pendant plusieurs jours en culture. Cette synergie s’explique principalement par l’activation concomitante des voies classique (par l’IL17) et alternative (par BAFF) du facteur de transcription NF-kB, le tout étant finement régulé par la molécule adaptatrice Act1. L’activation de NF-kB par les deux cytokines conduit à l’expression précoce et transitoire de Twist-1 et de deux de ses gènes cibles, les gènes anti-apoptotiques Twist-2 et Bfl-1, qui sont les deux effecteurs de la survie médiée par les cytokines IL-17 et BAFF. IL-17 et BAFF favorisent la prolifération et la différenciation des lymphocytes B en plasmocytes sécréteurs d’immunoglobulines. La prolifération et la différenciation en cellule effectrice de lymphocytes B naïfs humains nécessitent, pour une réponse optimale, la présence de trois signaux : l’engagement du BCR (anti-IgM), un signal T helper (anti-CD40) et un signal Toll Like Receptor (ligand de TLR9) (11). Nous avons pu démontrer que les cytokines IL-17 et BAFF sont capables de passer outre la nécessité du signal TLR ou du signal T helper pour induire la prolifération et la différenciation des lymphocytes B naïfs et mémoires en cellules productrices d’immunoglobulines. Cette différenciation en cellule effectrice est à nouveau sous le contrôle de Twist-1 et s’accompagne de l’acquisition de marqueurs plasmocytaires (CD38 et Blimp-1) et d’un switch isotypique. Enfin, la prolifération en réponse aux deux cytokines pro-inflammatoires IL-17 et BAFF semble également être sous le contrôle de Twist-1 qui pourrait induire de façon directe l’expression de MEF2C, l’un des régulateurs clés favorisant la prolifération des lymphocytes B. Les patients atteints de lupus ont des taux sériques d’IL-17 et BAFF élevés qui participent à la pathologie lupique. Nous avons démontré que les sérums des patients développant un LED ont des concentrations d’IL-17 et de BAFF significativement plus élevées que celles mesurées dans les sérums de sujets normaux. De plus, les concentrations sériques d’IL-17, mais non de BAFF, corrèlent avec les taux d’anticorps anti-ADN natif, la sévérité de la pathologie (score SLEDAI) et, en accord avec les résultats obtenus in vitro, avec une surexpression des gènes Twist-2 et Bfl-1 dans les lymphocytes B des patients. Ces données, ainsi que d’autres obtenues au sein du laboratoire, suggèrent que l’IL-17 est indispensable dans ce processus d’activation "pathologique" des lymphocytes B chez ces patients, alors que BAFF peut être remplacé par un autre facteur encore non identifié. De plus, nous avons démontré que les sérums des patients qui présentent des taux élevés des cytokines IL17 et BAFF sont capables, comme les cytokines recombinantes correspondantes, de favoriser la survie, la prolifération et la différenciation anormale ■■■ SFI ACTUALITÉS 29 B rèves SUITE ■■■ des lymphocytes B, et donc potentiellement la persistance et l’activation de lymphocytes B autoréactifs. Enfin, nous avons démontré que l’utilisation d’antagonistes spécifiques de l’IL-17 et/ou BAFF est suffisante pour abolir complètement l’effet des sérums de patients sur les lymphocytes B, ouvrant ainsi une nouvelle voie thérapeutique prometteuse dans le traitement de cette (ces) pathologie(s) auto-immune(s). L Conclusion En complément de son rôle majeur dans l’inflammation, ces résultats mettent en avant un nouveau rôle de l’IL-17, seule ou en combinaison avec BAFF, en tant que régulateur direct de la biologie des cellules B. Nos résultats ont permis d’identifier le facteur de transcription Twist-1 comme une signature de l’activation inflammatoire et pathologique des lymphocytes B et comme le régulateur de la survie, de la prolifération et de la différenciation des lymphocytes B en réponse aux cytokines IL-17 et BAFF (Figure). Enfin, nos données suggèrent que la voie de l’IL-17 pourrait représenter une nouvelle cible thérapeutique de choix dans le traitement des pathologies auto-immunes et en particulier le LED. RÉFÉRENCES 1. Miossec P 2009. IL-17 and Th17 cells in human inflammatory diseases. Microbes Infect 11:625630. 2. Miossec P et al 2009. Interleukin-17 and type 17 helper T cells. N Engl J Med 361:888-898. 3. Wong CK et al Elevation of proinflammatory cytokine (IL-18, IL-17, IL-12) and Th2 cytokine (IL-4) concentrations in patients with systemic lupus erythematosus. Lupus 9:589-593. 4. Wong CK et al 2008. Hyperproduction of IL-23 and IL-17 in patients with systemic lupus erythematosus: implications for Th17-mediated inflammation in auto-immunity. Clin Immunol 127:385-393. 5. Crispin JC et al 2008. Expanded double negative T cells in patients with systemic lupus erythematosus produce IL-17 and infiltrate the kidneys. J Immunol 181:8761-8766. 6. Garrett-Sinha LA et al 2008. IL-17 and the Th17 lineage in systemic lupus erythematosus. Curr Opin Rheumatol 20:519-525. 7. Hoffman RW 2004. T cells in the pathogenesis of systemic lupus erythematosus. Clin Immunol 113:4-13. 8. Mackay F & Browning JL 2002. BAFF: a fundamental survival factor for B cells. Nat Rev Immunol 2:465-475. 9. Hsu HC et al 2008. Interleukin 17-producing T helper cells and interleukin 17 orchestrate autoreactive germinal center development in autoimmune BXD2 mice. Nat Immunol 9:166-175. 10. Doreau A et al 2009. Interleukin 17 acts in synergy with B cell-activating factor to influence B cell biology and the pathophysiology of systemic lupus erythematosus. Nat Immunol 10:778-785. 11. Ruprecht CR & Lanzavecchia A. 2006. Toll-like receptor stimulation as a third signal required for activation of human naive B cells. Eur J Immunol 36:810-816. ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 30 ’allergie est une réaction immunitaire pathogène envers des antigènes de l’environnement. Elle se déroule en trois temps. Dans un premier temps, l’organisme développe une réaction immunitaire qui aboutit à la sécrétion d’anticorps spécifiques de cet antigène. Dans un deuxième temps, en présence d’antigène, ces anticorps activent des cellules qui possèdent des récepteurs pour la portion Fc des anticorps (RFc). Parmi ces cellules, les mastocytes libèrent des médiateurs vasoactifs et sécrètent des cytokines et des chimiokines proinflammatoires. Dans un troisième temps, les médiateurs mastocytaires attirent et activent d’autres cellules qui engendrent une réaction inflammatoire. La plupart des symptômes cliniques de l’allergie sont la conséquence de cette inflammation. LES IGE PEUVENT ACTIVER LES CELLULES INFLAMMATOIRES EN ENGAGEANT DES RÉCEPTEURS POUR LES IGG David Mancardi Marc Daëron Pierre Bruhns Unité d’Allergologie Moléculaire et Cellulaire, Institut Pasteur, Paris [email protected] 10 Ce sont les IgE qui sont à l’origine de l’allergie. La concentration sérique des IgE est un million de fois moins élevée que celle des IgG. Ces anticorps se fixent sur des récepteurs de forte affinité pour la portion Fc des IgE (RFceI) exprimés par un petit nombre de cellules. La constante d’affinité des RFceI pour les IgE est de l’ordre de 1010M-1. Cette forte affinité n’est pas due à une forte constante d’association mais à une très faible constante de dissociation. Ceci a deux conséquences : malgré leur faible concentration sérique, les IgE peuvent se fixer aux RFceI, et y rester longtemps. Les RFceI sont exprimés sous forme d’un complexe plurimérique. Une chaîne a, dont les domaines extracellulaires fixent les IgE, est associée à deux sous-unités FcRb et FcRg. Ces deux sousunités peuvent également s’associer à d’autres RFc. FcRb et FcRg sont impliqués dans la transduction du signal et dans l’expression membranaire des RFceI. FcRg est indispensable à l’expression du récepteur chez l’homme et chez la souris. FcRb est indispensable à l’expression du récepteur chez la souris mais pas chez l’homme. A cause de cette différence, les RFceI n’ont pas la même distribution tissulaire dans ces deux espèces. L’expression de FcRb étant restreinte aux basophiles et aux mastocytes (3), les RFceI de souris ne sont exprimés que par ces cellules. En revanche, les RFceI humains peuvent être exprimés par d’autres cellules exprimant la sous-unité FcRg, mais pas FcRb, sous la forme RFceI(ag) (2). C’est le cas des neutrophiles, des éosinophiles, des monocytes et des macrophages alvéolaires (1). A cause de cette différence, la souris n’est habituellement pas considérée comme un bon modèle pour étudier l’allergie. Nous avons trouvé que d’autres RFc peuvent jouer chez la souris le rôle que jouent les RFceI(ag) chez l’homme. Ces récepteurs ont été décrits comme des récepteurs pour les IgG. Ce sont les RFcgIV (4). Les RFcgIV sont des récepteurs pour la portion Fc des IgG2a et des IgG2b. Ils existent chez la souris mais pas chez l’homme. Chez la souris, il existe des récepteurs de forte affinité pour les IgG, les RFcgI, et des récepteurs de faible affinité pour les IgG, les RFcgIIB et les RFcgIIIA. Les RFc de forte affinité peuvent fixer des immunoglobulines monomériques alors que les RFc de faible affinité ne peuvent fixer que des complexes immuns. Les RFcgIV ont une affinité intermédiaire. Ils se comportent cependant comme des RFc de forte affinité car ils fixent des IgG monomériques. Puisqu’ils sont associés à FcRg, les RFcgIV sont des récepteurs activateurs. Ils sont exprimés par les neutrophiles, les monocytes et les macrophages. Nous avons trouvé que les RFcgIV peuvent fixer non seulement des IgG mais également des IgE. Les RFcgIV peuvent en effet fixer des complexes immuns à IgE (IgE-IC), mais pas des IgE monomériques. La constante d’affinité des RFcgIV pour les IgE de souris, mesurée par résonance plasmonique de surface, est de l’ordre de 106 M-1. Celleci est 1000 à 10000 fois inférieure à celle des RFceI humain pour les IgE. Elle est cependant du même ordre que celle des RFcgIIB et des RFcgIIIA pour les IgG (106 M-1) (6). Elle est donc compatible avec une activité biologique. Les RFcgIV sont donc à la fois des récepteurs de forte affinité pour les IgG et des récepteurs de faible affinité pour les IgE. La forte affinité pour les IgG ne l’emporte cependant pas sur la faible affinité pour les IgE. Nous avons en effet observé qu’une fois fixées sur les RFcgIV, les IgG se dissocient rapidement. Même saturés par les IgG sériques, les RFcgIV sont en effet capables de fixer des IgE-IC. Ainsi, les RFcgIV peuvent fonctionner comme des récepteurs pour les IgE, même en présence de fortes concentrations d’IgG circulantes. La double spécificité IgG/IgE des RFcgIV leur confère donc la possibilité d’activer les cellules qui les expriment en réponse à des réactions Th1, au cours desquelles des IgG2a et des IgG2b sont produites, mais aussi en réponse à des réactions Th2, au cours desquelles des IgE sont produites. Afin de rechercher si l’interaction RFcgIV-IgE pouvait induire des signaux d’activation cellulaire, nous avons utilisé des macrophages péritonéaux provenant de souris RFcgIIB/RFcgIIIA-/-. Ces macrophages, dont les seuls récepteurs pour les IgE sont les RFcgIV, sécrètent du TNF-a en réponse à des IgE-IC. Cette sécrétion est abolie lorsqu’on préincube ces macrophages avec des anticorps bloquants anti-RFcgIV. Des macrophages incubés avec des IgE-IC ou des IgG2b-IC sécrètent la même quantité de TNF-a. En présence d’IgE-IC, des macrophages de souris transgéniques exprimant des RFceI humains sécrètent des quantités comparables de TNF-a. Les RFcgIV et les RFceI(ag) humains répondent donc de la même façon aux IgE-IC, sont associés tous les deux à FcRg et ont la même distribution tissulaire. Nous proposons donc que les RFcgIV soient les équivalents fonctionnels des RFceI(ag) humains (4). Nous avons montré que l’interaction IgE-RFcgIV à la surface des macrophages alvéolaires induisait la sécrétion d’une cytokines pro-inflammatoires, le TNF-a. Nous avons donc étudié le rôle de cette interaction dans l’inflammation pulmonaire. Nous avons pour cela développé un modèle passif d’inflammation pulmonaire sans adjuvant et construit une souris déficiente pour cinq RFc : RFcgI, RFcgIIB, RFcgIIIA, RFceI et RFceII (5-KO). Les seuls RFc activateurs exprimés dans cette souris sont donc les RFcgIV. Les RFcgIV ne sont pas exprimés sur les basophiles et les mastocytes. Ce sont ces cellules qui déclenchent la réaction allergique. Les RFcgIV ne sont donc pas impliqués à ce stade dans la réaction. Confirmant cette hypothèse, nous avons montré qu’une instillation intra-nasale d’IgE-IC dans une souris 5-KO n’induit pas d’infiltration de polynucléaires détectable dans les lavages broncho-alvéolaires (BAL). Les macrophages alvéolaires sont donc, à eux seuls, incapables d’induire une inflammation pulmonaire dans notre modèle. Exprimés par les macrophages alvéolaires, les RFcgIV peuvent-ils alors participer à la phase inflammatoire plus tardive ? Pour mimer le déclenchement de la réaction allergique, nous avons activé in vitro des mastocytes en agrégeant leurs RFceI. L’instillation intranasale d’une quantité suffisante de surnageant de mastocytes activés à des souris 5-KO induit une infiltration dose-dépendante de polynucléaires dans les BAL. Surtout, l’instillation successive d’une dose sub-optimale de ce surnageant (qui n’induit pas d’infiltration détectable) et de IgE-IC, induit une forte infiltration de polynucléaires. Cette infiltration n’est pas observée en absence des RFcgIV. Des IgE-IC se fixant sur les RFcgIV de macrophages sont donc capables d’induire une inflammation mais seulement après activation des mastocytes. Exprimés par les macrophages alvéolaires, les RFcgIV peuvent ainsi participer à la phase inflammatoire induite par les IgE, comme peuvent le faire les RFceI(ag) humains, lors d’une réponse allergique. Ce travail nous a donc permis de mettre en évidence, 1) la participation des IgE au déclenchement de la réaction allergique via les RFceI, mais aussi, à la phase inflammatoire via les RFcgIV; RÉFÉRENCES 1. Ochiai, K et al 1996. Expression of high-affinity IgE receptor (FceRI) on human alveolar macrophages from atopic and non-atopic patients. Int Arch Allergy Immunol 111 Suppl 1:55-58. 2. Lin, S et al 1996. The FceRIbeta subunit functions as an amplifier of FceRIg-mediated cell activation signals. Cell 85:985-995. 3. Kuster, H et al 1992. The gene and cDNA for the human high affinity immunoglobulin E receptor bchain and expression of the complete human receptor. J Biol Chem 267:12782-12787. 4. Mancardi, DA et al 2008. FcgRIV is a mouse IgE receptor that resembles macrophage FcgRI in humans and promotes IgE-induced lung inflammation. J Clin Invest 118:3738-3750. 5. Bruhns P et al 2005. FcyRIV: a novel FcR with distinct IgG subclass specificity. Immunity 23:41-51. 6. Headley, MB et al 2009. TSLP conditions the lung immune environment for the generation of pathogenic innate and antigen-specific adaptive immune responses. J Immunol 182:1641-1647. 2) une coopération entre les mastocytes, cellules "initiatrices", et les macrophages, cellules "effectrices", de l’inflammation pulmonaire (4). Le mécanisme de la coopération entre les mastocytes et les macrophages via l’interaction IgE-RFcgIV est inconnu. On ignore, en effet, quels sont les médiateurs mastocytaires responsables et par quels mécanismes ils agissent. Dans notre expérience, le surnageant instillé a été collecté après stimulation des mastocytes pendant 30 minutes. Ce temps permet aux mastocytes de libérer des médiateurs granulaires et de produire des médiateurs lipidiques, mais pas de synthétiser de novo des cytokines et des chimiokines. Nous avons confirmé la présence d’un médiateur granulaire, la b-hexosaminidase, et l’absence d’une cytokine, le TNF-a dans ce surnageant. Quel(s) que soi(en)t le(s) médiateur(s), on peut imaginer qu’il(s) agi(ssen)t sur les macrophages ou sur le micro-environnement. Pour déterminer si ces médiateurs peuvent préstimuler les macrophages alvéolaires, nous avons incubé successivement des macrophages alvéolaires avec du surnageant de mastocytes activés puis avec des IgE-IC. Ces cellules n’ont pas sécrété davantage de TNF-a que des macrophages incubés seulement avec des IgE-IC. L’activation des mastocytes n’induit donc pas les macrophages exprimant les RFcgIV à répondre plus efficacement aux IgE-IC. Les médiateurs contenus dans le surnageant de mastocytes activés pourraient agir sur le micro-environnement, créant une situation favorisant l’interaction IgE-RFcgIV et/ou l’activation des macrophages alvéolaires par les IgE-IC. Par exemple, l’instillation de TSLP ("Thymic Stromal Lymphopoietin") ne suffit pas à elle seule à induire une infiltration d’éosinophiles détectable dans les BAL, mais modifie le micro-environnement en induisant l’expression de protéoglycans dans les poumons et en favorisant ainsi la déposition des cellules inflammatoires (6). De nombreux autres médiateurs mastocytaires précoces induisent une extravasation. Cette extravasation pourrait être nécessaire à l’infiltration de polynucléaires. L’activation des macrophages alvéolaires par les IgE libèrerait alors des chimiokines capables d’attirer les polynucléaires. En conclusion, si les RFcgIV sont bien des équivalents fonctionnels murins du RFceI(ag) humains, la souris pourrait être un meilleur modèle pour étudier l’inflammation induite par les IgE dans les réactions allergiques qu’on ne le pensait auparavant. En effet, l’absence d’expression de RFceI par les neutrophiles, les monocytes et les macrophages est compensée chez la souris par l’expression de RFcgIV par ces cellules. Chez la souris comme chez l’homme, les IgE-IC peuvent agir à deux moments de la réaction inflammatoire pulmonaire, en activant les mastocytes via les RFceI, dans un premier temps, et en activant les cellules inflammatoires via les RFceI(ag) chez l’homme et via les RFcgIV chez la souris, dans un second temps. ■ ■ ■ SFI ACTUALITÉS 31 C OMPTEs RENDUs Le congrès organisé conjointement par la Société américaine de transplantation (AST) et la Société américaine des chirurgiens transplanteurs (ASTS) s’est tenu à Boston du 30 mai au 3 juin 2009. L’ATC est l’occasion de réunir scientifiques et cliniciens afin de favoriser les transferts de connaissances du laboratoire vers la clinique et inversement. Deux conférences “stateof-the-art” étaient organisées lors de ce congrès, au cours desquelles nous avons eu la chance d’entendre une conférence du prix Nobel Phillip Sharp sur le rôle des ARN dans la biologie et la pathologie, et de Rudolf Jaenisch sur les cellules souches et la régulation de leur pluripotentialité dans la médecine régénérative. Au vu du nombre de présentations orales, je souhaite partager les interventions qui m’ont marquées lors du congrès. Par souci de clarté, je présenterai dans un premier temps les observations issues de la recherche clinique puis celles réalisées en recherche fondamentale. L C omme chaque année, la Société Française d'Immunologie offre une dizaine de bourses à de jeunes immunologistes français, leur permettant de participer à des congrès internationaux d'immunologie et d'y présenter leurs travaux. En contrepartie, les bénéficiaires de ces bourses s'engagent à préparer un compte rendu des point forts, "immunologiquement" retenus, du congrès auquel ils ont participé. Dans ce bulletin, sont publiés les résumés de quatre boursiers ayant participé aux congrès suivants : AMERICAN TRANSPLANT CONGRESS 2009 Nicolas Degauque Recherche clinique Inserm U643, Nantes La recherche de biomarqueurs permettant de prédire ou de diagnostiquer la fonction du greffon a fait l’objet de nombreuses communications. Un biomarqueur est un paramètre biologique que l’on peut mesurer de manière non-invasive (urine, sang) et qui permet de renseigner le devenir du greffon (rejet, acceptation, tolérance). D. Hricik a présenté les résultats préliminaires de l’étude CTOT-01 (Clinical Trials in Organ Transplantation). Cette étude vise à définir des biomarqueurs dans le sang ou dans les urines prédisant les atteintes du greffon rénal dans des cohortes multicentriques de patients adultes ou non. Les échantillons sont collectés avant et de manière sériée après transplantation. Des biopsies systématiques sont réalisées 6 mois post-transplantation et définissent le “gold standard” (corrélation entre le paramètre mesuré en périphérie et la fonction rénale). L’objectif principal de l’étude est double : incidence du rejet aigu et augmentation de la fibrose interstitielle. En utilisant des techniques diverses, un certain nombre de marqueurs corrèle avec la survenue du rejet chronique (réactivité contre le donneur avant la transplantation des PBL du receveur ; augmentation du niveau transrationnel d’IP-10 et de MIG dans les urines) ou la dégradation de la fonction rénale (augmentation du niveau d’IP-10, MCP-1 et de MIG dans les urines). Des modèles statistiques (régression logistique et courbe ROC) ont été créés permettant de prédire la fonction du greffon en combinant les résultats des différents tests biologiques. Cette étude est un exemple parmi d’autres de recherche de biomarqueurs visant à prédire le devenir du greffon, faisant appel à des analyses multicritères et nonplus basée sur l’étude d’un paramètre isolé. [email protected] • American Transplant Congress 2009 • Keystone Symposium on Molecular and Cellular Biology • 7e Conférence annuelle sur les cytokines et l’inflammation • 3e World Immune Regulation Meeting 1 Les résultats d’essais cliniques ont été présentés. Le point commun de ces essais est l’étude compa- SFI ACTUALITÉS 32 rative de nouveaux médicaments offrant une efficacité au moins similaire à celle des inhibiteurs de la calcineurine mais ne présentant pas les effets secondaires de néphrotoxicité. Les résultats des études de phase III du Belatacept (CTLA-4 Ig ; étude BENEFIT présentée par F. Vincenti), de phase II de l’AEB071 (un nouvel inhibiteur de la protéine kinase C ; étude présentée par K. Budde) et de l’Everolimus (mTOR inhibiteur ; étude ZEUS présentée par K. Budde). Les résultats des deux premières études montrent que ces nouveaux médicaments n’atteignent pas la même efficacité que les inhibiteurs de la calcineurine en tant que traitement inducteur (survenue plus importante du nombre de rejet aigu dans le groupe traité avec le Belatacept et la nécessité d’associer l’AEB071 avec des inhibiteurs de calcineurine). Cependant, l’introduction de ces nouvelles thérapies quelques mois après transplantation pourrait être intéressante (meilleure fonction rénale chez les patients traités avec du Belatacept, effets indésirables réduits). Les résultats préliminaires de l’étude ZEUS sont prometteurs en tant que traitement inducteur avec une efficacité similaire à la CsA (absence de rejet aigu) et une fonction rénale améliorée. Le diagnostic du rejet chronique a fait l’objet de nombreuses présentations qui s’accordent sur la nécessité de revoir les critères de diagnostique. Actuellement, le rejet chronique à médiation humorale s’appuie sur la présence conjointe des signes anatomopathologiques caractéristiques, la présence d’anticorps anti-donneur et le dépôt de C4d. Michael Mengel (Hannovre, Allemagne) propose l’utilisation d’un score inflammatoire permettant de prendre en compte les atteintes vasculaires. Ces travaux sont renforcés par les observations de Philip Halloran (Edmonton, Canada) montrant une augmentation du stress endothélial rénal lors de la progression de la glomérulopathie et de la perte du greffon malgré l’absence de marquage C4d. Plusieurs études ont également montré que le développement du rejet chronique n’était pas seulement associé à la présence d’anticorps dirigés contre les antigènes du donneur, mais aussi d’auto-anticorps. Ainsi, en comparant des patients avec une fonction normale de leur greffon et des patients diagnostiqués avec un rejet chronique humoral (CHR), les auto-anticorps ne sont détectés que dans les patients CHR (groupe d’Emmanuel Zorn, Boston, USA). Ces auto-anticorps dont l’apparition coïncide avec le développement du CHR sont dirigés contre des cibles propres à chaque patient. Le rôle des cellules B dans le processus de rejet aigu et chronique est communément admis mais l’étude des cellules B connait un renouveau. Le dépôt d’anticorps anti-HLA de classe I entraîne la prolifération des cellules endothéliales, le développement de fibrose,… En absence de traitement efficace permettant de prévenir le développement du rejet chronique, de nombreux travaux portent sur l’utilisation du Bortezomib, un inhibiteur du protéasome. Ainsi, Joanna Asthon-Chess (Nantes, France) a identifié que PSMB10 (l’une des sousunités du protéasome) était spécifiquement augmentée dans le sang et dans le greffon des patients atteints de rejet chronique à médiation humorale (ABMR). Une observation similaire a été faite dans un modèle animal d’ABMR ce qui a permis de traiter les animaux avec du Bortezomib. Un tel traitement permet de prolonger la survie du greffon, de réduire la réponse humorale contre le donneur ainsi que le dépôt de C4d. Conférence State-of-the-art par Rudolf Jaenisch (créateur du premier animal transgénique et premier à montrer la capacité à corriger des défauts génétiques chez la souris par clonage thérapeutique). Créateur et professeur au Whitehead Institute (Cambridge, USA), R. Jaenisch nous a exposé ses travaux sur l’étude des cellules pluripotentes induites (iPS). Par le biais de 4 facteurs délivrés par des lentivirus (Oct4, Klf4, c-myc et Sox-2), son équipe est en mesure d’induire à partir de cellules différenciées des cellules pluripotentes. Il cherche, par la génération de différents variants combinatoires, à identifier des petites molécules permettant de récapituler l’effet des 4 facteurs identifiés, ainsi qu’à développer des alternatives à l’utilisation de vecteurs viraux. L’utilité de telles cellules est double : identifier des mécanismes conduisant à un état pathologique et réparer de manière personnalisée les défauts des cellules d’un patient. Si la deuxième proposition semble plus éloignée, la première devrait permettre d’obtenir dans un avenir proche des résultats. En générant des iPS chez des patients atteints d’une pathologie et des individus sains, différents sous-types cellulaires pourraient être générés. La comparaison des processus de différenciation entre individus malades et individus sains pourrait permettre d’améliorer la compréhension du processus pathologique. En identifiant ces modifications, le criblage d’agents thérapeutiques à grande échelle serait envisageable. Afin d’appliquer en clinique les observations réalisées en laboratoire, différents groupes essayent de démontrer la faisabilité de leur démarche. Les cellules régulatrices (TREG : CD4+CD25yFoxp3+) ont fait l’objet d’intense recherche au cours de ces 25 dernières années. Les TREG (CD4+CD25high) peuvent être multipliées ex vivo par le biais d’une stimulation polyclonale (billes recouvertes avec un anti-CD3 et un anti-CD28, en présence d’IL-2 ; multiplication par un facteur 3000) tout en conservant leur pouvoir de régulation. Les fonctions suppressives sont équivalentes à celles des TREG naturelles lorsque la population de départ correspond aux cellules CD4+CD25highCD127low. Afin de démontrer que de telles cellules peuvent être utiles en tant que thérapie pour prévenir les atteintes vasculaires, un modèle murin a été présenté par Kathryn Wood (Oxford, UK). Des souris rag-/- sont transplantées avec des morceaux d’ar- tères humaines. L’injection de PBMC allogéniques induit le développement d’arthériosclérose qui peut être prévenu lorsque des TREG “expandues” sont injectées conjointement. Un tel modèle permet de valider l’efficacité des TREG après culture. Cependant, l’absence de spécificité des cellules régulatrices constitue une sérieuse limite à cette approche. Ainsi, les animaux montrent des signes de GVH lorsqu’ils sont suivis à plus long terme. Recherche fondamentale Le rôle des cellules TH17 dans les maladies autoimmunes est maintenant établi et la découverte de ce nouveau sous-type de cellules inflammatoires a permis de réconcilier les manquements du paradigme TH1/TH2. Les cellules TH17 (CD4) et Tc17 (CD8) font également l’objet de recherche intense en transplantation. Le groupe de Mohamed Sayegh (Boston, USA) a exposé ses résultats montrant que les cellules CD4 et CD8 sécrétant de l’IL-17 pouvaient entraîner le rejet de greffe cardiaque chez le rat ou prévenir l’induction de tolérance par l’utilisation d’anticorps anti-CD40 + CTLA4-Ig, seulement dans des situations où les cellules TH1 sont délétées (souris T-bet KO). Les cellules Tc17 peuvent être inhibées par l’utilisation d’anticorps anti-Tim-1 antagonistes. Il est à noter que de telles cellules ne peuvent être observées dans des animaux naïfs. D’autres études sont nécessaires afin d’établir si chez des receveurs immuno-compétents ces cellules peuvent se différencier et exercer leur rôle délétère. L’étude de la régulation épigénétique de Foxp3 (facteur de transcription conférant des fonctions de régulation) a été abordée principalement par le groupe de Wayne Hancock (Philadelphie, USA). Il est intéressant de revenir sur cet exemple qui illustre la nécessité de revoir son hypothèse initiale après l’expérimentation. Les TSDR (Treg Specific Demethylated Region) désignent les séquences conservées situées en amont du premier exon de Foxp3. Les TSDR contiennent de nombreux motifs CpG qui sont déméthylés dans les cellules régulatrices Foxp3+ stables. La méthylation stable nécessite la liaison de protéines MBD qui vont recruter des complexes de remodelage de la chromatine et de modification des histones. MBD2 est la molécule de cette famille qui possède la plus grande efficacité à inactiver l’expression d’un gène. En inactivant la molécule MBD2, les chercheurs ont été surpris de trouver que les souris MBD2-/- possédaient moins de cellules régulatrices et que leurs fonctions suppressives étaient elles-aussi diminuées. Ainsi, contrairement au présupposé, MBD2 constitue une déméthylase puissante pour les TREG aboutissant à l’inactivation de ces cellules. La régulation de l’expression de gènes par le biais de facteurs épigénétiques est un outil d’une trop ■■■ SFI ACTUALITÉS 33 C OMPTEs RENDUs SUITE ■■■ L grande complexité à l’heure actuelle pour pouvoir être utilisé en clinique. Le groupe de Hao Wang (Ontario, Canada) a présenté de belles études sur l’utilisation de CD83 soluble afin de prévenir l’activation des lymphocytes B. L’injection de sCD83 permet d’induire une prolongation de la survie d’un greffon cardiaque (combinaison complètement allogénique). Les greffons présentent une diminution de l’infiltrat par des cellules B et des dépôts d’IgM et d’IgG. Les cellules B issues des animaux traités par le sCD83 prolifèrent moins et sécrètent moins d’IgG et d’IgM. En utilisant un modèle de greffe de rein (greffe vitale pour l’animal), un état de tolérance est induit par un traitement de courte durée avec le sCD83. Cette molécule agit non seulement sur les B mais également sur les DC favorisant la différenciation de DC tolérogéniques. Parmi les molécules de costimulation récemment décrites, la voie Tim-1—Tim-4 a fait l’objet d’un nombre croissant d’études. Les travaux publiés par les groupes de Terry Strom (Boston, USA) et de Mohamed Sayegh (Boston, USA) ont montré que l’activation de cette voie était délétère pour la survie du greffon. En utilisant un anticorps antagoniste anti-Tim-1, la sévérité de l’ischémie reperfusion hépatique est réduite (groupe de Ronald Busuttil ; Los Angeles, USA). A la suite de leurs travaux utilisant le même anticorps, le groupe de Mohamed Sayegh a démontré qu’un anticorps bloquant antiTim-4 entrainait une prolongation de survie cardiaque (modèle peu stringent bm12->C57BL/6). La compréhension de cette voie de stimulation est encore imparfaite, du fait de la pluralité des cellules exprimant ces molécules, des interactions hétérologues et homologues décrites et de la liaison de ces molécules à la phosphatidylsérine. L’utilisation des siRNA se développe avec succès. Dans un modèle d’ischémie-reperfusion (greffe de rein syngénique chez la souris ; le rein est maintenu dans une solution de perfusion HTK pendant 4 à 12 heures avant d’être transplanté à un animal syngénique ayant eu une néphrectomie bilatérale), la perfusion avec une solution contenant des siRNA neutralisant les molécules FAS, C3 et TNF-a permet de 1) préserver la fonction rénale, 2) réduire la sécrétion de cytokines inflammatoires, 3) limiter l’apoptose des cellules tubulaires, 4) prévenir les dommages liés à l’ischémie reperfusion (WeiPing Min ; London, Canada). En conclusion, ce congrès fut dense, enrichissant et l’assiduité de l’auditoire témoigne de l’intérêt porté aux différents intervenants. Je tiens de nouveau à remercier la Société Française d’Immunologie pour le soutien financier qui m’a permis de participer à ce congrès international. SFI ACTUALITÉS 34 e Keystone “Mobilizing cellular immunity for cancer therapy” auquel j’ai participé, avec l’aide de la bourse attribuée par SFI, a eu lieu dans l’Utah aux Etats Unis du 11 au 16 janvier 2009. Ce congrès était organisé par Philip D. Greenberg, James P. Allison et Cornelia L. Trimble dans la station de ski de Snowbird. C’est dans ce cadre très agréable que se sont succédées pendant 4 jours, 33 conférences plénières ainsi que de nombreux workshops et posters, tous axés sur l’importance du système immunitaire inné et acquis dans le développement de nouvelles thérapies anti-cancer. Ce résumé fait état de quelques conférences choisies parmi les sessions plénières qui m’ont parue particulièrement intéressantes ainsi que des quelques conférences courtes portant sur les lymphocytes T gd. KEYSTONE SYMPOSIUM ON MOLECULAR AND CELLULAR BIOLOGY Mobilizing Cellular Immunity for Cancer Therapy Christel Devaud UMR CNRS 5164, Université Bordeaux 2, Bordeaux [email protected] Surveillance tumorale et micro-environnement Robert Schreiber (Washington university school of medicine, USA) a commencé cette session en exposant son concept de l’immuno-editing des tumeurs qui divise le cancer en 3 phases : élimination, équilibre entre système immunitaire et tumeur et échappement tumoral. Il a présenté les travaux récents de son équipe qui mettent en évidence, dans un modèle murin, l’implication de cytokines spécifiques (comme les interférons) ainsi que de voies de signalisation spécifiques (JAKSTAT entre autres) dans le contrôle du cancer (phase d’élimination) par le système immunitaire ou l’échappement des tumeurs. David H. Raulet (university of California, USA) a présenté ces travaux sur le rôle de NKG2D dans la surveillance tumorale par les NK in vivo. Son équipe a approfondi les connaissances sur les mécanismes moléculaires et les voies de signalisation induisant l’expression des ligands de NKG2D (dont Mult 1 et H60c) en surface des cellules tumorales. En plus des signaux de réparation de l’ADN qui avaient déjà été impliqués par son groupe, des signaux de stress de type “heat shock” auraient un effet important sur cette expression. Jeffrey W. Pollard (Albert Estein College of medecine, NY, USA) nous a parlé des macrophages associés aux tumeurs (TAM) qui peuvent aussi bien rejeter les tumeurs que favoriser leur croissance, notamment grâce à un “signaling” dépendant d’EGF et CSF-1. Son équipe a récemment identifié une sous-population de TAM requise pour le développement des métastases à distance des tumeurs primaires. Domiciliation vers les sites tumoraux 2 Thomas F. Gajewski (University of Chicago, USA) nous a parlé de ses récents travaux sur l’identification des mécanismes qui permettent aux mélanomes métastatiques de résister à la réponse anti-tumorale CD8+. Son équipe a ainsi mis en évidence la diminution de la production de chimiokines sur le site tumoral ainsi que l’augmentation de facteurs de régulation négatifs tel que : IDO, PD-L1 et les lymphocytes T régulateurs (Treg) Foxp3+. De plus, un modèle murin leur a permis de découvrir que le “priming” des CD8+ dirigés contre les tumeurs étaient dépendants de l’expression des récepteurs IFNa/b et des voies de si- gnalisation de Stat1 ainsi que de la production rapide d’IFN-b au sein des ganglions lymphatiques associés aux tumeurs. George Coukos (University of Pennsylvania Philadelphia, USA) a ensuite expliqué les travaux de son équipe sur les mécanismes régulant l’infiltration des tumeurs par les lymphocytes T. Par différentes approches, ils ont montré que les tumeurs ovariennes qui n’ont pas d’infiltrat T surexpriment le récepteur à l’endothéline B (ETBR) et qu’en bloquant ce récepteur (par un inhibiteur BQ-788) ils augmentent le “homing” des cellules T au sein des tumeurs (chez la souris). Blocage du système immunitaire Alexander Rudensky (University of Washington school of Medecine, USA) nous a rappelé les fonctions des cellules Treg. En utilisant des approches génétiques, son équipe a démontré que les Treg contrôlent la réponse immunitaire grâce notamment au facteur de transcription Foxp3 qui joue un rôle direct et indirect. Puis Benoît Van den Eynde (Université de Louvain, Belgique), nous a présenté les récentes avancées de son équipe qui suggèrent que les cellules tumorales expriment une enzyme dégradant le tryptophane (l’indoleamine 2,3-dioxygénase (IDO)) induisant une déplétion locale de tryptophane au niveau du site tumoral qui affecte la prolifération des lymphocytes T. Ils ont montré dans un modèle préclinique de vaccination thérapeutique chez des patients atteints de mélanomes, que l’administration d’un inhibiteur d’IDO améliore l’efficacité du vaccin. De plus, ils se sont intéressés à un second mécanisme basé sur l’expression de galectine 3 par les cellules tumorales qui induit une anergie des cellules T. Cette anergie peut être inversée avec des sucres fixant la galectine 3. Antigène tumoraux Bruce W. Robinson (University of Western Australia, Australia) a commencé la session en nous présentant des stratégies de synergie entre chimiothérapie et immunothérapie visant à induire la présentation d’antigènes tumoraux. Il nous a parlé de ses résultats montrant une augmentation de la cross-présentation d’antigènes tumoraux sous l’effet de chimiothérapie (gemcitabine, pemetrexed, cisplatine) dans un modèle murin. Malgré cela, aucune régression tumorale post-chimiothérapie n’est observée et malgré un bon “priming” des cellules T CD8+. Mark J. Smyth (Peter MacCallum cancer centre, Melbourne, Australia) a poursuivi en montrant, entre autres, que des combinaisons d’anticorps (Ac) agonistes du TRAIL récepteur (DR5) (exprimé par les cellules tumorales) et d’Ac antiCD137 (co-stimulateur des cellules T CD8+) ainsi que d’Ac anti-CD1d (favorisant la maturation des cellules dendritiques) permettent le rejet de tumeurs (carcinome de sein) préétablies chez des souris (ce rejet dépendrait des cellules NKT). Laurence Zitvogel (INSERM U805, Villejuif, France) nous a ensuite exposé les travaux de son équipe sur les cellules NK Kit+ qui agirait comme des régulateurs négatifs de l’immunité innée. En effet, ils ont démontré récemment, dans un modèle murin, que l’IL18, produit par les cellules tumorales, convertirait des cellules NK Kit- en NK Kit+ qui favorisent ensuite la croissance de tumeurs implantées. La neutralisation de l’IL18, par des protéines spécifiques liant l’IL18, stimule l’immunosurveillance dépendante des NK. Thérapie par transfert adoptif de cellules T Phil Greenberg (University of Washington, USA) nous a parlé des stratégies mise en place par son équipe pour améliorer l’efficacité du transfert adoptif de cellules T spécifiques d’antigènes tumoraux. Ils ont montré que des modifications (mutations) peuvent être introduites sur les chaînes du TCR de cellules T pour en augmenter l’affinité pour des antigènes spécifiques. La réintroduction des TCR modifiés dans des cellules T receveuses augmente son expression en surface et son affinité pour l’antigène cible. Mark E Dudley (National Cancer institute, NIH, USA) a ensuite présenté les résultats de son équipe montrant qu’une lymphodéplétion augmente l’efficacité d’une thérapie par transfert adoptif. Ils ont démontré qu’un traitement de patients atteint d’un mélanome métastatique avec des immunosuppresseurs ainsi que des irradiations totales du corps (TBI) avant le transfert de lymphocytes améliorent nettement le taux de réponse aux traitement (de 49 % à 72 %). Enfin Nicholas P. Restifo (NIH, USA) a précisé que la lymphodéplétion, avant le transfert adoptif de cellules, augmente les fonctions des cellules transférées en déplétant les Treg. De plus, son équipe a démonté que l’utilisation de cellules T “jeunes” non différenciées (avec des propriétés de cellules souches comme la multipotence ou l’auto-renouvellement) augmente l’efficacité des transferts adoptifs. Des vaccins pour traiter le cancer Drew M. Pardoll (John Hopkins School of Medecine, USA) a entamé cette dernière session plénière en nous parlant de l’importance du signal médié par Stat3 lors de la carcinogenèse. Son équipe a démontré que le facteur de transcription Stat3 induit la production d’IL23 par les TAM (en activant directement la transcription du gène IL23p19). De plus, ils ont mis en évidence que des bactéries (enterotoxogenic bacteroides fragilis) induisent une forte activation de Stat3 dans les cellules épithéliales coliques de souris qu’elles infectent, entraînant alors une colite caractérisée par une réponse TH17, puis par la suite un cancer. Des Ac bloquant l’IL-17 ainsi que le récepteur à l’IL-23 peuvent inhiber la formation de tumeurs coliques chez ces souris. Par la suite, après nous avoir exposé la mise en place du vaccin préventif contre le papillomavirus (HPV) (qui protège de 70 % des cancers du col de l’utérus) Ian Frazer (The university of Queensland Diamantina Institute, Australia) a rendu compte des efforts mis en œuvre par son équipe pour mettre au point un vaccin thérapeutique. En effet, son équipe a montré que des souris implantées avec des tumeurs exprimant les protéines oncogéniques E6 et E7 du virus HPV16 développe une réponse T CD8+ spécifique et rejettent les tumeurs implantées. Dans le même concept CJM Melief (Departments of Immunohematology and Blood Transfusion, The Netherlands) nous a parlé de ses essais de vaccination préventive avec des peptides longs recouvrant la séquence protéique entière d’E6 et E7. Son équipe a récemment montré que certaines femmes, souffrant de néoplasie vulvaire intra-épithéliales, vaccinées avec ces peptides long évoluaient vers une réduction de 50 % de leurs lésions cancéreuses ou une régression complète des tumeurs. Enfin, je terminerai par dire quelques mots sur un des “workshop” qui traitait de l’intérêt grandissant des lymphocytes T gd dans l’immunothérapie anticancéreuse. Plusieurs protocoles cliniques (phase I ou II) visant à activer et amplifier in vivo ou ex vivo les lymphocytes T gd grâce à des molécules activatrices, telles que le Phosphostim ou des aminobiphosphonates, sont actuellement en cours chez des patients atteints de lymphome, de myélome, de cancer de la prostate ou du rein. Jean-Jacques Fournié (INSERM U 563, Toulouse) a présenté comment améliorer la cytotoxicité des lymphocytes T gd vis-à-vis de divers types de cellules tumorales en combinant l’utilisation de Phosphostim et d’anticorps monoclonaux (rituximab, alemtuzumab, trastuzumab). Pour pallier à la mauvaise réponse des lymphocytes T gd chez certains patients, Volker Kuzmann (Medizinische Klinik II, Germany) a mis en place et présenté les résultats préliminaires d’un essai de phase I sur l’utilisation de lymphocytes T gd allogéniques haplo-identiques et en mismatch pour les KIR, activés ex vivo avec des aminobiphosphonates et de l’IL2 pour traiter des patients atteints de lymphomes. Le groupe de Massimo Massaia (Dpt of Medicine and Experimental Oncology, Torino, Italy) a mis en évidence, chez des patients atteints de leucémie lymphoïde chronique, une corrélation intéressante entre l’absence de réponse ex vivo des lymphocytes T gd aux aminobiphosphonates et une augmentation de leur différenciation en cellules effectrices/mémoires de type TEMRA. Ce phénotype est également associé à une hyperactivation de la voie mévalonate (qui génère les ligands des lymphocytes T gd) dans les cellules leucémiques, suggérant un mécanisme d’immuno-édition favorisant la différenciation en cellules TEMRA aux capacités anti-tumorales limitées. Julie Déchanet-Merville (CNRS 5164, Université Bordeaux 2, France), a rapporté les résultats de deux études cliniques démontrant une corrélation entre un taux élevé de lymphocytes T gd induit lors d’une infection par le cytomégalovirus et une incidence diminuée de cancers cutanés chez des patients transplantés rénaux. Elle a également présenté succinctement une partie de mes travaux de thèse, décrits plus en détail sur un poster, montrant que le transfert adoptif de lymphocytes T gd réactifs vis-à-vis du CMV et exprimant CCR3 inhibe la croissance de xénogreffes tumorales coliques dans des souris immunodéficientes. En conclusion, durant ce congrès, la qualité scientifique était au rendez-vous aussi bien durant les sessions plénières (résumées en partie ici) présentées par de “grands noms” de l’immuno-cancérologie que durant les sessions courtes ou les présentations de posters (que je n’ai pas résumé ici). Je tiens à remercier la Société Française d’Immunologie qui m’a aidée à participer à cet événement extrêmement enrichissant et dans un cadre montagneux très agréable. SFI ACTUALITÉS 35 C OMPTEs RENDUs SUITE a septième conférence annuelle sur les cytokines et l’inflammation organisée par GTCbio s’est déroulée les 29 et 30 janvier 2009 à San Diego, en Californie, en présence d’environ 80 participants dans le cadre intime et confortable de l’hôtel Hilton Harbor Island. Le but spécifique de cette conférence était de promouvoir l’échange d’idées et l’établissement de réseaux de connaissances (“networking”) entre des scientifiques issus de l’industrie (pharmaceutique et biotechnologique) et du secteur public. Les sujets ont porté sur les dernières découvertes dans des thématiques allant des maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde ou le cancer du colon, en passant par l’étude du VIH. L 7e CONFÉRENCE ANNUELLE SUR LES CYTOKINES ET L’INFLAMMATION organisée par GTCbio Philippe Pagni Centre d’immunologie de Marseille-Luminy [email protected] 3 SFI ACTUALITÉS 36 Six sessions ont permis à 30 orateurs reconnus au niveau international de présenter leurs travaux, ainsi qu'à 3 jeunes étudiants ou chercheurs sélectionnés parmi la quarantaine de résumés soumis. J’ai eu l’honneur de faire partie des heureux élus. Les sessions de la conférence comprenaient : signalisation par les cytokines et leur régulation ; chimiokines ; cytokines & pathogenèse des maladies ; inflammation et cancer ; développements technologiques liés à la biologie des cytokines ; ciblage thérapeutique des récepteurs de cytokines. J’ai pu assister à cette conférence dans le cadre de la préparation de ma thèse de doctorat grâce à une aide financière de la Société Française d’Immunologie (SFI). J'ai sélectionné pour vous quelques présentations. La première session s’est ouverte avec l’intervention du Dr Klaus Ley (La Jolla Institute for Allergy and Immunology -LIAI, USA). Le sujet a porté sur la régulation homéostatique du nombre de neutrophiles dans le sang. L'IL-23 et l'IL-17A régulent la production de G-CSF, la cytokine majeure pour la prolifération et la survie des neutrophiles. Les macrophages et les cellules dendritiques activés sécrètent l'IL-23, ce qui promeut l'expansion de 3 sous-types cellulaires produisant de l'IL-17A, dont les cellules T régulatrices de neutrophiles (cellules Tn). Par l'utilisation de souris déficientes pour le récepteur A à l'IL-17, Klaus Ley et son équipe ont démontré que l'IL17RA était prépondérant dans la régulation du nombre de neutrophiles sanguins et la sécrétion de G-CSF. Elégamment révélé par des transplantations de moelle osseuse, l'expression de l'IL-17RA sur les cellules d'origine non hématopoïétique s'avère cruciale dans l'homéostasie des neutrophiles sanguins. La boucle homéostatique est bouclée par les neutrophiles activés qui migrent dans les tissus périphériques, où par la suite ils entrent en apoptose et sont phagocytés par les macrophages et les cellules dendritiques résidant dans les tissus. Ces derniers prenant en charge les neutrophiles apoptotiques, la synthèse d'IL-23 est réfrénée, ce qui tend à réguler le nombre absolu de neutrophiles néo-différenciés à une concentration sanguine à peu près constante chez un individu donné. (Voir aussi von Vietinghoff et al, J Immunol, 181, 2008) Le séminaire “keynote” de la conférence a été donné par le Pr Michael Karin (University of California San Diego - UCSD, USA) qui a présenté ses résultats sur le rôle de l’IL-6 et de la protéine transductrice du signal et activatrice de transcription (STAT) 3 dans la survie des cellules épithéliales intestinales (IEC) et le développement de cancers associés à une colite ulcérative (CAC). Chez l’homme, la moitié des personnes souffrant de cancers colorectaux en décèdent, et chez les patients atteints de colite ulcérative, l’incidence de cancers colorectaux est bien plus grande que dans la population générale. Jusqu’à présent il était suggéré que les cytokines dont l’expression dépendait du facteur de transcription NF-kB (dont l’IL-6 fait partie) pouvaient réguler la croissance tumorale dans le modèle de CAC. Dans le modèle murin de colite induit par l’azoxymethane et le dextran sulfate sodium, et par l’utilisation de souris IL-6-KO, Michael Karin et son groupe ont démontré que l’IL-6 avait un rôle promoteur de tumeur, tôt dans le développement du CAC. En effet, l’IL-6 produite par les cellules myéloïdes de la lamina propria protègeraient les IEC normales et pré-malignes de la mort cellulaire par apoptose. La signalisation par le récepteur de l’IL-6 peut déclencher l’activation des kinases JAK puis le recrutement du facteur de transcription STAT3, mais aussi d’autres molécules (Ras-MAPK, PI3K). Ici, les effets de l’IL-6 sur la survie et la prolifération des IEC sont largement dépendants de STAT3, dont l’ablation spécifique dans les IEC a un profond impact sur la tumorogenèse du CAC, au regard de l’incidence de la tumeur, mais aussi de leur taille. En conclusion, il semble que l’axe NF-kB-IL-6-Stat3 soit un régulateur important de la prolifération et de la survie des IEC pouvant initier les tumeurs. (Voir aussi Grivennikov S. et al, Cancer Cell, 15, 2009). Plusieurs autres présentations intéressantes ont été données par les représentants de compagnies privées. Par exemple le président de HumanZyme Inc, le Dr Ridong Chen, a insisté sur la pertinence biologique (dans le cadre de travaux sur l'homme) d'utiliser des cytokines développées à partir de cellules humaines, et non de cellules bactériennes (E. coli) ou encore de cellules ovariennes de hamster (CHO). En effet, le Dr Chen a vanté les bénéfices de son approche notamment en termes de meilleure authenticité de structures quaternaires, de glycosylation, et de fonction biologique. La chimiokine CXCR4 a fait l'objet de 2 présentations, l'une par le Dr Simon Fricker (Genzyme Corp.) et l'autre par le Dr Orly Eizenberg (Biokine). L'intérêt de cibler spécifiquement CXCR4 (voire son ligand CXCL12, aussi connu sous le nom de stromal cell derived factor -SDF-1) tient dans l'observation que ces molécules sont critiques dans le développement et la progression de cancers mais également dans les transplantations de moelle osseuse et la régulation de l'inflammation. C'est dans le cadre de la mobilisation de cellules souches hématopoïétiques (CSH) avant transplantation que le Dr Fricker a présenté un antagoniste spécifique de CXCR4, nommé Plerixafor. En bloquant le "homing" des CSH, cet antagoniste a la capacité de les retenir dans la circulation offrant un plus grand nombre de CSH à transplanter, et maximisant ainsi la prise de greffe. Plerixaflor a passé avec succès deux essais cliniques randomisés de phase III portant sur des lymphomes non-Hodgkiniens et des myélomes multiples. Dans le même contexte, BKT140, l'antagoniste développé par Biokine, est entré en essais cliniques de phase I/II à la fin de l'année 2008. En conclusion, pour les doctorants et chercheurs en immunologie souhaitant nouer ou renforcer des contacts à la fois avec le milieu académique et celui de l’industrie (Pharma et Biotech), je vous encourage vivement à vous renseigner sur les prochaines conférences organisées par GTCbio pour l’année 2009 (http://gtcbio.com/Allconferences.aspx). De plus, avoir eu à présenter mes données en face d'une audience d'une telle qualité a été très formateur pour moi, et les échanges que j'ai pu avoir avec les chercheurs et étudiants venus du monde entier ont été fructueux. Tout ceci ajouté aux entretiens que j'ai décroché au UCSD et au LIAI, a grandement contribué à ma décision d'effectuer mon stage post-doctoral à l'étranger, et plus particulièrement à San Diego. Je remercie vivement la SFI pour avoir rendu cette expérience possible. C OMPTEs RENDUs SUITE e troisième World Immune Regulation Meeting s’est tenu à Davos, en Suisse, du 22 au 25 Mars 2009. Grâce à l’aide de la Société Française d’Immunologie, j’ai eu l’occasion de participer à ce congrès focalisé sur l’étude de la balance tolérance/inflammation. Ceci m’a permis d’enrichir mes connaissances dans le cadre de mon doctorat axé sur l’homéostasie des lymphocytes T régulateurs (Treg) dans le diabète auto-immun. L 3e WORLD IMMUNE REGULATION MEETING Yenkel Grinberg UMR 7211, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris [email protected] 4 Plusieurs intervenants ont faire part de leurs données sur l’ontogénie des lymphocytes CD4 TH17, qui semblent être une population clé dans de nombreux processus inflammatoires et auto-immuns. Ainsi des études parallèles des laboratoires de D. Littman (New York, USA) et B. Stockinger (London, UK) montrent un rôle essentiel de l’Aryl Hydrocarbon Receptor (AHR), dont les ligands sont notamment des produits de dégradation du tryptophane par les bactéries et d’autres pathogènes, dans l’induction des TH17 en périphérie. Il semblerait que le signal transduit par l’AHR soit essentiel à la sécrétion d’IL-22 et ainsi à la fonction inflammatoire des TH17. Ainsi les scores cliniques d’EAE, modèle de sclérose en plaques induite chez la souris, sont influencés par le polymorphisme de l’AHR. De plus, les souris AHR-KO ne sont pas sensibles à l’induction de la maladie. Enfin, le NO, produit du métabolisme de l’arginine, semble inhiber l’expression de l’AHR, permettant l’induction de “NOTreg“, cellules suppressives CD4+CD25+FoxP3(Liew FY, Glasgow, UK). Des données opposées présentées par H. Weiner (Boston, USA) indiquent que le signaling AHR provoqué par des ligands endogènes, peut provoquer l’induction de Treg à partir de PBMC humaines CD25- . D’autre part, plusieurs études mettent en évidence le rôle de l’environnement cytokinique dans l’induction, la maintenance et la fonction des TH17. Ainsi, dans le modèle murin d’EAE, A. Mittal (Boston, USA) observe un fort taux d’osteopontine (opn), molécule produite par les cellules dendritiques, lors du pic de la maladie. Cette Opn est responsable de l’induction de TH17 in vivo et in vitro, via l’inhibition de l’IL-27. De plus, les souris Opn-/sont moins sensibles à l’induction de l’EAE que les souris WT (Cantor H., Boston, USA). Dans ce même modèle d’EAE, les laboratoires de F. Sallusto (Bellinzona, Suisse) et B. Becher (Zurich, Suisse) ont déterminé la chimiokine CCR6 et la cytokine IL-23 en tant que molécules indispensables à l’entrée des cellules autoréactives dans le système nerveux central et à la maintenance des cellules TH17 . En effet, les souris CCR6-/- et IL-23-/- ne développent pas de signes cliniques d’EAE. Une large partie de ce congrès a été consacrée à la caractérisation approfondie des cellules régulatrices FoxP3+ (Treg). Ainsi, D. Unumatz (New York, USA) a défini la protéine membranaire GARP comme une molécule exclusivement exprimée par les Treg humains et murins après activation, et par- ticipant à leur fonction suppressive et à l’expression de FoxP3. D’autre part, A. Rudensky (New York, USA) a défini un “Class Control” des Treg naturels. Il démontre que les Treg se distinguent en différentes classes, spécialisées dans l’inhibition d’un type de lymphocytes T helper précis. Il affirme donc qu’il existe par exemple des “Treg TH2” caractérisés par l’expression de IRF4, facteur de transcription spécifique des TH2 (Nature, 2009). Ces Treg sont spécialisés dans le contrôle des réponses cellulaires de type TH2. La même observation a été faite pour des Treg supprimant spécifiquement la réponse TH17 via STAT-3. Ces résultats, s’ils sont confirmés, prouveraient qu’un Treg, à l’image d’un lymphocyte T conventionnel, peut se différencier en sous-classes en périphéries, avec une fonction précise. Des données récentes du laboratoire de J.Bluestone (San Francisco, USA) montrent que la différenciation thymique ou périphérique vers le “lignage Treg” n’est pas définitif, et que l’expression de FoxP3 peut-être “interrompue” in vivo dans certaines cellules en périphérie. Ces cellules deviennent des LT conventionnels effecteurs, et sont caractérisées par une forte sécrétion d’IFNg. D’autres données in vitro, présentées lors des sessions de posters, montrent que des Treg naturels ou induits par le TGFb, peuvent, à long terme et en présence d’IL-6, se différencier en lymphocytes TH17. Ces résultats montrent globalement que l’environnement cytokinique, inflammatoire ou “tolérogène”, est un élément clé du contrôle de l’auto-immunité. D’autre part, on peut noter la caractérisation in vitro de deux nouveaux types de lymphocytes T CD4+ “helper”. Le laboratoire de B. Stockinger a décrit des cellules “TH9” induites in vitro par le TGFb et l’IL-4 et qui sécrètent exclusivement de l’IL-9. F. Sallusto a elle défini l’existence de “TH22” localisées surtout dans la peau et de phénotype CC4+CCR10+IL-17-IL-22+. Ces cellules peuvent être induites in vitro en présence de cellules dendritiques plasmacytoïdes, d’IL-6 et d’IL-22. Pour conclure, le rôle thérapeutique du récepteur soluble à l’IL-1, l’IL-1Ra, dans les pathologies autoinflammatoires a été mis en évidence par les laboratoires de J. Tschopp (Lausanne, Suisse) et de C. Dinarello (Denver, USA). Ils ont montré le rôle essentiel de l’IL-1 et de l’inflammasome de type NALP-3, dans le développement de la fièvre méditerranéenne récurrente et du diabète de type II. L’IL-1Ra utilisé à hautes doses aurait un effet thérapeutique certain dans ces maladies. On peut conclure de ce congrès que le concept d’inflammation, moins étudié ces derniers temps en immunologie, revient au premier plan en temps qu’acteur principal dans les pathologies immunitaires. SFI ACTUALITÉS 37 13 Cytokines e Colloque 10-12 mai 2010 Presqu’Île du Croisic • Cellules souches tumorales / hypoxie • Cytokines et tube digestif • Cytokines et basophiles • Cytokines et réproduction • Cytokines et infection • Atelier et nouveautés technologiques • Points d’actualités • Communications orales libres Organisateurs : Michel Dy, Hugues Gascan, Yannick Jacques, Jean-Claude Lecron, Vincent Praloran, Aimé Vazquez, Hans Yssel Société Française d’Immunologie Secrétariat 1 9 1 rue de Vaugirard, bureau 107 750 15 PARIS Tél. : 0 1 45 66 85 97 E-mail : [email protected] Inscription et résumés avant le 16 avril 2010 www.sfi-immunologie.com.fr Société Française d'Immunologie Siège Social - Institut Pasteur, 28 rue du Docteur Roux, 75724 PARIS Cedex 15 Correspondance et Bureaux 191, rue de Vaugirard, bureau 107 - 75015 PARIS Téléphone : +33 (0)1 45 66 85 97 - Télécopie : +33 (0)1 45 67 46 98 E-mail : [email protected] Association reconnue d'utilité publique, loi 1901 (J.O. 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