fiche socio 2.2 conflit social

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fiche socio 2.2 conflit social
Fiche de sociologie Chapitre 2.2. La conflictualité sociale : pathologie, facteur de cohésion
ou moteur de changement sociale ?
Définitions
- conflit social : antagonisme entre des groupes sociaux qui ont des intérêts (matériels ou
symboliques) divergents et qui vont essayer de faire basculer le rapport de force en leur faveur
- mouvement social : dans un mouvement social l’adverse n’est pas clairement défini mais on va
tout de même cherche à contester et à transformer l’ordre social
- action collective : action concertée avec un objectif commun
- défection (exit) : c’est le fait de ne pas participer au conflit social soit car on n’a pas conscience
que d’autres sont dans la même situation, soit parce qu’on n’a pas les moyens de se mobiliser, soit
le coût de l’action est trop élevé (honte, exclusion...)
- loyauté (loyalty) : accepter la norme sociale car on est suffisamment bien intégré et régulé pour
considérer que la norme est légitime (respect des institutions)
- protestation (voice) : contester la norme sociale, se lancer dans une action pour modifier l’ordre
social
- Pathologie de l’intégration : aspects négatifs et destructeurs des conflits. Ils sont considérés
comme résultant d’un dysfonctionnement du système social.
- conflit dans les règles : conflit qui a lieu sous le regard de la loi, qui est régulé et encadré (ex :
conflits du travail
- conflit sur les règles : conflit qui remet en cause les règles, qui veut changer les normes et les
valeurs
- changement social : transformation durable d’une organisation sociale et/ou de la structure de la
société (urbanisation, industrialisation, féminisation, libéralisation des moeurs...)
- régulation des conflits : ensemble de règles qui encadrent l’expression des conflits et les manières
de les résoudre
- syndicat : association d’employeurs ou de salariés dont l’objectif est la défense des intérêts
professionnels communs de ses membres
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A- Qu’est-ce qu’un conflit social ?
● Un conflit social est une divergence d’intérêts entre groupes sociaux.
Il y a d’abord une prise de conscience puis une action collective, il s’agit alors d’un conflit ouvert
(ex : pétition contre l’installation d’éoliennes).
Cependant, il s’avère que certains conflits sont latents, c’est-à-dire des conflits dont on n’a pas
conscience ou des conflits sans mobilisation (ex : les grandes fortunes échappent davantage à
l’impôt que les moins fortunés).
Un mouvement social cherche à transformer la société en profondeur (ex : manifestation de
soutien au « Mariage pour tous »)
Une action collective est une action concertée et organisée par plusieurs individus
n’appartenant pas forcément aux mêmes groupes sociaux mais ayant des objectifs communs (ex :
récolte de fonds pour une association caritative)
● Le conflit social ne débouche pas forcément sur une mobilisation → Albert Hirschman
Exit, Voice and Loyalty (1970). Un homosexuel peut réagir de 3 manières face au conflit contre la
norme sociale :
- loyauté (loyalty) : il accepte la norme hétérosexuelle et se conforme aux exigences (refoulement)
- défection (exit) : il vit son homosexualité en cachette (double vie)
- protestation (voice) : il s’oppose à la norme hétérosexuelle → conflit ouvert
● Le paradoxe de l’action collective : Les individus rationnels vont faire un calcul coût /
avantage et vont s’apercevoir que la mobilisation a un coût (perte de temps, perte d’argent...) →
comportement de passager clandestin car l’action collective profite à tous.
Mancur Olson propose 2 solutions pour palier à ce non-engagement :
1- contrainte : exercer une pression sur ceux qui ne participent pas, empêcher les nongrévistes d’accéder à l’usine (piquet de grève)
2- incitation : réserver les bénéfices de l’action collective à ceux qui la mènent, fournir
certaines prestations à la suite de l’adhésion à un syndicat
Toutefois, le calcul coût/avantage n’est pas le seul qui entre en jeu dans une action collective, il y a
aussi le plan symbolique (satisfaction d’avoir accompli un geste moral)
Synthèse
Un conflit social correspond à la manifestation d’un antagonisme entre des groupes sociaux
aux intérêts matériels ou symboliques divergents qui veulent modifier le rapport de force en leur
faveur. Il y a donc une dimension collective dans le conflit social.
Le conflit peut être latent ou ouvert. Un conflit latent est un conflit caché, qui ne s’exprime pas. En
effet, dans une situation de conflit, Albert O.Hirschman a montré que les individus avaient le choix
entre : le refus de participer qu’il appelle la défection (exit) ; l’acceptation de la norme (loyalty) ;
enfin une participation protestataire pour changer le système (voice), débouchant sur l’action
collective.
Cependant, Mancur Olson va faire apparaître le paradoxe de l’action collective : elle peut ne pas
avoir lieu même si les individus ont clairement conscience de leurs intérêts et sont mécontents de
leur situation. En effet, dans une perspective individualiste, les individus se livrent à un calcul
rationnel coût / avantage de l’action collective. Or, les acquis sociaux de l’action collective
bénéficient à tous sans que l’on ait à en payer le prix. Les individus vont donc adopter le
comportement du « passager clandestin » en attendant que les autres agissent à leur place.
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Cependant, Olson considère que des moyens peuvent être utilisés pour déclencher l’action
collective : la contrainte ou l’incitation, en réservant les bénéfices de l’action collective à ceux qui
la font.
B- Le conflit est-il une pathologie sociale ?
● Durkheim : le conflit est une pathologie sociale, il est le signe d’un dysfonctionnement
social. Il résulte d’un défaut d’intégration et de régulation. La solidarité organique est parfois
défaillante, ce qui débouche sur une défaillance des liens sociaux.
Ex : dans les sociétés de grande taille, la division du travail excessive provoque des conflits du
travail. En effet, elle éloigne les individus physiquement et moralement, ils sont de plus en plsu
isolés donc leurs intérêts divergent.
Le conflit résulte de formes anormales de la division du travail (Durkheim) : idée reprise par l’école
fonctionnaliste (USA) avec Talcott Parsons.
→ Le corps social est comme le corps humain, chaque élément a une fonction précise et si l’un
d’entre eux dysfonctionne, cela nuit à l’ensemble du corps social.
→ Il faut donc résoudre les conflits et pour cela, l’Etat doit produire de l’intégration et de la
régulation : créer de la cohésion sociale en transmettant des normes et des valeurs communes
(régulation), recréer des corporations de travail (intégration).
Cependant, certains conflits sociaux peuvent être considérés comme des faits sociaux
normaux. En effet, ils ne remettent pas forcément en cause la cohésion et l’ordre social. Il y a
différentes formes de conflits.
● Georg Simmel : le conflit social remplit une fonction d’intégration.
Le conflit permet à un groupe de se définir une identité et de créer un sentiment d’appartenance. Il
renforce la cohésion et la sociabilité au sein d’un groupe. La perte d’adversaire peut même menacer
l’identité voire l’existence du groupe.
Ex : le conflit de 1936 a été un facteur d’intégration pour la classe ouvrière :
- rassemblement : individus d’habitude isolés dans la lutte contre l’exploitation se sont soudés et
ont trouvé des représentants
- meilleure intégration à la vie économique
- reconnaissance, légitimité
- cohésion du groupe plus forte : « syndicalisation de masse »
● Institutionnalisation des conflits : les conflits encadrés et les acteurs du conflit reconnus
comme légitimes par l’Etat.
Triple institutionnalisation → Ralf Dahrendorf, Classes et conflits de classes dans la société
industrielle :
- institutionnalisation des acteurs : reconnaissance et légitimité des représentants (syndicats)
- institutionnalisation des formes d’action : formes d’action légitimes et parfaitement
encadrées (grèves, manifestations, pétitions, négociations...)
- institutionnalisation des objets (ce sur quoi porte le conflit) : salaires, durée du travail,
protection sociale → compromis sociaux institutionnalisés
Cette institutionnalisation règle les conflits car ils sont encadrés donc pacifiés → conflit dans les
règles
→ fonction de régulation
Certains conflits peuvent néanmoins être violents lorsqu’il y a un défaut de régulation.
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● Henri Mendras : « L’ordre social est fondé sur des conflits résolus »
Le conflit n’est pas pathologique mais permet au contraire d’améliorer la société.
Ex : Mai 1968 : les normes et les valeurs de la société n’étaient plus en adéquation avec celles des
nouvelles générations, il était temps de les changer. De plus, cela a permis une amélioration des
conditions ouvrières → conflit sur les règles : il était nécessaire de changer les règles
Synthèse
Pour Emile Durkheim, le conflit social est une menace pour la cohésion sociale.
Normalement, la division du travail devrait produire de la solidarité / complémentarité. Mais un
excès de division du travail peut conduire, au contraire, à un défaut d’intégration et de régulation.
Cette analyse a été prolongée par les fonctionnalistes américains comme Talcott Parsons. Ils ont une
vision organique / fonctionnaliste de la société constituée d’organes qui ont chacun une fonction.
En reprenant la distinction de Durkheim entre le « normal » et le « pathologique », ils vont
considérer que le conflit est une pathologie, c’est-à-dire une maladie qui peut remettre en cause le
bon fonctionnement du corps social.
Cette analyse peut être critiquée sur plusieurs points. Si le conflit social intervient de façon
régulière, il devrait être classé comme un fait social « normal » et non comme une pathologie. Si le
conflit est normal, il peut en revanche prendre des formes plus ou moins régulées. D’autre part, les
conflits qui remettent en cause la société dans son fondement sont peu nombreux. Enfin, le conflit
social peut être intégrateur.
Cette approche du conflit est celle de Georg Simmel et a été prolongée par des auteurs comme
Lewis Coser : le conflit renforce l’identité du groupe. En effet, l’opposition avec un autre groupe
social permet de mieux définir les traits caractéristiques du groupe et de mieux en délimiter les
frontières. Le conflit renforce la cohésion et le liens sociaux au sein du groupe comme le montre la
forte syndicalisation pendant le mouvement de 1936. Le sentiment d’appartenance des membres du
groupe est renforcé.
Les conflits se sont pacifiés et institutionnalisés en obéissant à des règles qui en organisent le
fonctionnement. Les acteurs des conflits ont acquis une reconnaissance officielle et se sont associés
à la gestion de la Sécurité Sociale. Un répertoire légitime d’actions collectives s’est imposé. Enfin
l’objet des conflits s’est également institutionnalisé (droit du travail). Le conflit produit donc des
règles et renforce donc l’ordre social.
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C- Quelle est la place du conflit dans le changement social ?
● Marx : le conflit social peut être source de changement social.
Les conflits du travail ont permis l’amélioration de la condition ouvrière et l’émergence de l’Etatprovidence. Les grandes conquêtes sociales ont été gagnées grâce à de conflits (1936, 1968).
→ conflit = moteur changement social
● Institutionnalisation progressive des conflits : on est passé de conflits violents à des
conflits institutionnalisés qui ne portent que sur l’amélioration des situations → pacification des
conflits.
Processus d’institutionnalisation des conflits :
- reconnaissance mutuelle des groupes sociaux entre eux et par l’Etat
- mise en place de procédures pour le conflit (liberté d’association, droit de grève) et sa sortie
(négociation)
- changements organisationnels et politiques : représentants syndicaux, délégués du personnel...
→ Effets pervers : les syndicats ne négocient que pour les membres intégrés dans l’entreprise et non
pas pour les « outsiders » mal intégrés et avec des emplois atypiques
Mais l’intégration du monde ouvrier dans la société a permis la "fin" des classes sociales.
● Alain Tourraine : Les conflits des sociétés post-industrielles sont post-matérialistes, ils
sont davantage culturels. On recherche la maîtrise des valeurs. Le pouvoir est entre les mains des
technocrates qui détiennent les médias et le savoir.
- mouvement social : toute action collective qui vise à changer les comportements et/ou les
institutions dans un sens favorable à un groupe actif et organisé. Il repose sur 3 grands principes :
✳ identité : façon dont les groupes se définissent et sont définis par les autres
✳ opposition : il faut un adversaire bien identifié qui permet de solidifier le groupe
"
"
✳ totalité : on veut changer la société dans son ensemble, imposer de nouvelles normes
et valeurs
Tourraine appelle les mouvements sociaux des sociétés post-industrielles les NMS
(Nouveaux Mouvements Sociaux) comme les mouvements féministes par exempke. Chaque
société a son type de mouvement qui la définit.
La réussite des mouvements sociaux résulte dans la capacité à imposer de nouvelles normes et
valeurs ou bien à se faire institutionnaliser (création de ministères, légifération, subventions).
Problème de la « strict credibility » : en s’institutionnalisant, les associations perdent en crédibilité
(ex : « Ni putes ni soumises »)
● Entrepreneurs de morale → Howard Becker, Outsiders (1963). C’est un sociologue de la
déviance. Pour lui, la déviance n’existe pas, on dévie seulement par rapport à une norme imposée
par un groupe social. En maîtrisant les médias et les informations, un petit groupe peut facilement
imposer ses normes et ses valeurs même si elles ne sont pas dominantes dans la société.
● Depuis les années 1970, les conflits sociaux sont davantage défensifs. On cherche à
s’opposer à des changements jugés néfastes (ex : mouvements contre la réforme des retraites en
1995).
Les intérêts sont également plus individuels : mouvements NIMBY (Not In My Backyard)
→ individualisation des conflits
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Synthèse
Le conflit est facteur de changement social c’est-à-dire d’une transformation durable de
l’organisation et/ou de la culture d’une société. Selon la théorie du conflit élaborée par Marx, la
lutte des classes est au coeur du changement social. Cependant, les conflits du travail se sont
institutionnalisés et permettent l’amélioration de la condition ouvrière sans passer nécessairement
par la révolution.
Dans les années 1960, Alain Tourraine montre que dans les sociétés « post-industrielles », les
conflits sont plus de nature culturelle que de nature matérielle, et voient l’émergence de «Nouveaux
Mouvements Sociaux » qui cherchent à imposer leurs propres valeurs à la société.
Des entrepreneurs de morale (Becker) peuvent se mobiliser pour transformer les normes sociales,
puis vont s’institutionnaliser une fois le combat terminé.
Les évolutions récentes montrent que certains conflits défensifs visent plus particulièrement à
s’opposer à des transformations sociales jugées défavorables ou peu souhaitables par certains
acteurs. Un certain nombre de conflits prennent pour enjeux la résistance au changement, en
particulier lorsque ceux-ci s’incarnent dans la « modernisation » des entreprises et de l’Etat,
présentée comme « nécessaire » mais qui viendrait menacer le statut et l’identité conférés aux
personnes par la société au travers du travail. Ou encore en opposition avec des évolutions
sociétales jugées dangereuses (Manif pour tous). Enfin, certains mouvements se battent au nom de
la défense d’intérêts individuels (NIMBY) pour préserver un cadre de vie par exemple.
D- Les mutations des conflits sociaux
● Déclin de la conflictualité sociale : Depuis les années 1975 : augmentation du chômage,
précarité de l’emploi, moyennisation de la société (moins d’ouvriers), montée de l’individualisme.
Tout cela entraîne un repli sur la sphère privée, une désyndicalisation donc une baisse grèves.
De plus, l'institutionnalisation du dialogue social peut entraîner des comportements de passager
clandestin.
Crise de confiance : les grèves ou les manifestations se sont banalisées ce qui peut provoquer
le sentiment que l’action syndicale est inutile. De plus, elles passent bien souvent inaperçues.
● Mutation des conflits : les conflits du travail n’ont pas disparu, ils ont simplement changer
de forme. Le nombre de grèves longues a diminué mais toutes les autres formes de conflits ont
augmenté (refus d’heures supplémentaires, pétitions, débrayage) et plus d’entreprises sont
aujourd’hui touchées par ces actions.
Les actions sont moins spectaculaires et moins visibles ce qui donne l’impression qu’il n’y a plus de
conflits du travail. En réalité, les conflits sont plus individuels, on a plus souvent recours au droit
(Prud’Hommes)
● Valeurs post-matérialistes : Ronald Ingerhart, La Révolution silencieuse (1977)
Les mouvements post-matérialistes sont fondés sur des critères culturels :
- base identitaire : mouvements régionalistes
- base ethnique : mouvements des Noirs aux US
- défense des exclus : Emmaüs
- ...
Ces mouvements ont un répertoire d’action différent : les actions sont plus marquantes, on fait plus
souvent appel à des personnalités, on utilise les médias. Les leaders sont aussi plus charismatiques.
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Le but est de parvenir à l’agenda politique en touchant les médias et l’opinion politique.
Si les conflits du travail passent plus souvent inaperçus c’est parce que les médias s’intéressent
davantage aux mouvements post-matérialistes qui sont plus en accord avec leur génération.
Les revendications du passé, notamment sur les conditions de travail, ont été plus ou moins
satisfaites donc nous nous sommes tournées vers des revendications plus culurelles (c.f. Pyramide
de Maslow).
● Reprise de la conflictualité : depuis les années 1990, les conflits se sont diversifiés : ils
portent aussi bien sur des aspects matériels que symboliques (apparition de nouvelles causes), ils
sont plus défensifs (ex : conservation des emplois) et plus individuels (recours au droit).
Formes d’actions sont moins conventionnelles de nos jours. Ex : les émeutes → nouveau
moyen d’entrer en politique, de se faire entendre pour ceux qui ont du mal à faire entendre leurs
revendications. Mais une fois insérés dans la société, les émeutiers ne renouvellent pas l’expérience,
ils reviennent à des formes plus traditionnelles.
Facteurs des émeutes : - ségrégation sociale et urbaine
- forte concentration de jeunes issus de familles nombreuses
- difficulté d’intégration et de régulation due à une immigration notamment
subsaharienne (Lagrange)
- Actions conventionnelles : manifestations, grèves, pétitions
- Actions non-conventionnelles : boycott, sit-in, grève de la faim
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Synthèse
Il existe une grande diversité de mouvements sociaux. Le XIXe et le XXe siècles sont surtout
marqués dans les pays industrialisés par le mouvement ouvrier et les conflits du travail avec des
revendications principalement matérialistes (revendications salariales, durée du travail...).
Mais, dès la fin du XIXe siècle, d’autres mouvements apparaissent qui sont moins « matérialistes »
et n’ont pas pour seul objectif un meilleur partage de la richesse créée. Ronald Ingerhart souligne
que les nouveaux mouvements sociaux apparus dans les années 1960 s’appuient davantage sur des
valeurs « post-matérialistes ».
Les conflits concerneraient moins la répartition des ressources, les revenus, les salaires ou le
pouvoir que des questions liées à l’identité, à la reconnaissance ou aux « droits culturels ». Ceci
résulte du développement, de la hausse du niveau d’instruction qui génère altruisme et solidarité
(intérêt porté aux générations futures, par exemple), l’égalité hommes-femmes, le respect de
l’environnement,... Ils ne concernent pas seulement la classe ouvrière mais aussi les classes
moyennes. La plupart ne repose pas sur une identité de classe mais sur l’appartenance à d’autres
groupes sociaux : les femmes, les minorités culturelles et ethniques, les exclus...
Cependant, les revendications matérialistes sont loin d’avoir disparu et l’émergence des NMS n’a
pas fait disparaître les conflits du travail. Cependant, ils prennent plus fréquemment une forme
individuelle du fait de nouvelles méthodes de management (individualisation des rémunérations,...).
Les formes des conflits auraient ainsi changé. On observe une baisse régulière des taux de
syndicalisation ainsi qu’une baisse apparente des grèves et du nombre de grévistes dans la plupart
des pays développés. Une des principales explications se trouve dans la croissance du chômage et
du travail précaire qui a empêché une partie des salariés de se stabiliser dans l’entreprise et
d’adhérer à un syndicat. Cependant, de nouvelles formes d’actions apparaissent (débrayages,
conflits sans arrêts de travail, pétitions...). Enfin, la baisse des conflits du travail ne signifie pas
nécessairement une amélioration des rapports dans les entreprises ou des conditions de travail, dans
la mesure où les conflits peuvent ne pas s’exprimer sous une forme collective.
Les mouvements sociaux sont apparus dans les années 1960 utilisent davantage des formes
d’actions non-conventionnelles : boycott, marches de protestation, grèves de la faim, sit-in,
utilisation des réseaux sociaux et médiatiques,... Cependant, certains groupes faiblement intégrés,
ne disposant pas de relais politiques ou médiatiques pour faire valoir leur mécontentement, peuvent
s’exprimer de façon violente (émeutes).
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