Main dans la main

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Main dans la main
Main dans la main,
Une expérience stéphanoise d'organisation des sans domicile fixe
1. Réfléchir sur ce que l'on vit :
De novembre 1996 à fin mars 1997, à St.-Étienne, un groupe de S.D.F. (sans
domicile fixe) a travaillé, dans le cadre d'une recherche action intitulée "Vivre sans
domicile fixe à St Étienne" , avec une vingtaine d'associations et d'institutions
sociales et caritatives. Ils ont fait état du réseau social stéphanois et situé les
manques des dispositifs mis en place pour les plus démunis, notamment dans le
domaine de l'insertion par l'activité économique et de la santé.
Une décision forte issue de ce travail fut, suite au constat du manque de places
d'hébergement, l'ouverture d'une nouvelle structure. Cependant, fin 1997, à
l'approche de l'hiver, les lourdeurs-lenteurs administratives n'ont pas permis la mise
en place de cette structure, ni de solutions d'urgence à la hauteur du problème.
2. Agir avec détermination :
Refusant d'accepter cet immobilisme, le groupe de S.D.F. s'organise et décide de
passer à l'action. L'idée était de créer une structure d'hébergement gérée par les
S.D.F. eux-même, puis d'organiser des ateliers de réinsertion économique. Il
s'agissait de créer un lieu ouvert tous, très humain, permettant l'accueil,
l'information, la rencontre, l'échange, le soutien, l'initiative et, si nécessaire,
l'accompagnement de proximité à long terme. Un lieu destiné à des personnes
dans "la galère" désireuses de se prendre en main et de trouver leurs propres
solutions aux difficultés qu'elles rencontrent.
Le 25 novembre 1997, le groupe investit l'ancienne maternité du Rond-Point,
immense bâtiment inoccupé depuis plusieurs années. Déploiement de banderoles,
distribution de tracts, entreprise du nettoyage des locaux.... Mais cette première
tentative ne dure que quelques heures, puisqu'elle est interrompue par les forces
de l'ordre: Expulsion "dans les règles de l'art"...
Loin de baisser les bras, nous investissons le 28 novembre 1997, une grande
maison bourgeoise. C'est une belle bâtisse, appartenant à la Ville de St Étienne et
laissée à l'abandon depuis plusieurs années. Cette fois, l'opération est un succès.
Très vite, un immense réseau de solidarité se met en place, composé de
personnes de tous âges et de tous milieux. L'aide morale et matérielle dépasse
toutes les espérances! Très vite, la maison devient un lieu de vie et de partage, où
l'on s'active et s'organise. Le 6 décembre 1997, se tient une Assemblée Générale
constitutive, d'où nait l'association Main dans la main. Elle est déclarée en
Préfecture le 23 décembre 1997. S'ensuit un mois d'actions diverses et de
négociations avec la Mairie
3. Revendiquer de pouvoir mener à bien son projet dans la légalité :
Au mois de janvier, la Ville met à disposition de notre association l'ancienne école
maternelle du Marais, fermée depuis juin 1997. Avec près de 500 m2 habitables, de
grandes salles, l'eau, le chauffage et l'électricité, une cour intérieure...le lieu se
révèle plutôt bien adapté à nos attentes. Nous proposons de verser un loyer
"symbolique" de 500 FRS par mois.
Le déménagement s'effectue le 22 janvier 1998, dans cette école qui sera bientôt
baptisée Maison de vie Josipe. Un énorme travail a été effectué par tous les
résidents du lieu (Ceux de passage, et ceux qui restent un peu plus longtemps...)
afin de transformer cette école en maison, organiser jours après jours son
fonctionnement et faire avancer et se concrétiser le projet initial.
La Maison de Vie JOSIPE est une maison sans travailleur social, sans
professionnel. Elle est à l'unique initiative de gens tous différents mais tous venus
de la galère et entièrement prise en main par eux. Des gens qui ont envie d'unir
leurs forces pour s'en sortir et faire changer les choses. La Maison fonctionnait
avec 4 contrats en C.E.S. dont 1 cuisinier et 3 "agents d'accueil" chargés de
coordonner et de veiller au bon fonctionnement interne de la maison. Un Contrat
emploi jeunes d'animateur informatique a également été créer.
Elle accepte les animaux s'ils sont assumés par leurs maîtres. On peut y venir pour
une douche, une lessive, un café, un repas, une nuit, une semaine ou des mois.
Ainsi, au fil des jours, les résidents inventent des moyens pour avancer ensemble,
dignement. Ils imaginent des modes de fonctionnement nouveaux où la liberté,
l'humain et l'initiative ont leur place
Il est important de noter que, grâce aux efforts et à la bonne volonté de tous, tout
ceci a été mis en place avec un budget plus que raisonnable, sans commune
mesure avec les sommes généralement dépensées dans ce domaine. Nous nous
sommes contentés dans cette première phase de 15 000 FRS de subventions
municipales et nous nous sommes débrouillés pour le reste.
Fin 1998, les locaux sont confortablement aménagés et la Maison tourne bien.
L'association ne cesse d'accroître sa reconnaissance auprès des instances
administratives et du milieu social (qui furent très sceptiques au début ).
4. S'ouvrir aux autres, se découvrir des talents et créer :
En 2000, une scène dans la pièce de vie permet d'accueillir des groupes de
musique. Certains résidents ont trouvé de réelles motivations d'insertion et
expriment aujourd'hui le désir de s'investir pour mettre en forme des ateliers, qui
permettront de concrétiser leurs envies, et également de susciter des besoins ou
des vocations aux nouveaux résidents. Ces ateliers sont également ouverts aux
personnes de l'extérieur.
Ont été créer les ateliers suivants : Menuiserie - Soudure Ferronneries - Cuir
- Expression corporelle - Esthétique - Arts de la table, cuisine, pâtisserie Informatique - Labo photo - Arts plastiques - Musical - Théâtrale Cinéma ... La plupart sont à l'initiative exclusive de résidents qui travaillent
activement à leur développement.
Certains ateliers sont également mis en place avec la participation d'amis de
l'extérieur : l'atelier "Cinéma" a été mis en place avec l'association "Ciel Les
Noctambules" dans le cadre d'un projet de réalisation de 20 courts métrages sur
le thème "regard sur la ville".
Les ateliers "théâtre et musique" peuvent donner naissance à de petites
formations et à des prestations publiques pouvant également rapporter des fonds.
Dans certains ateliers sont fabriqués, restaurés, personnalisés des meubles mais
aussi sont proposés des réparations de vélos ou autres...
Extrait du récit captés sur le site : http://maindanslamain.chez.com/histo.htm (site
de l'association n'ayant plus d'activité depuis 2002). Malgré nos recherches, nous
n'avons pas réussi à retrouver les acteurs de cette belle aventure collective
stéphanoise.