Fernando Arrabal et la poésie

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Fernando Arrabal et la poésie
Fernando Arrabal et la poésie
Le poète est l’écrivain-ouvrier, polisseur de jaculatoires (du
latin jaculari) qui, pour réconcilier la science et
l’inspiration, compose avec une rigueur géométrique. Parfois,
par erreur, on l’a considéré comme un pionnier de la modernité
ou un paladin des sentiments. Le poète trace les lignes de la
réalité jusqu’au cauchemar ou la vision inclus. Dès l’origine
le poète se sent plus proche d’Euclide ou de G.Y Perelman que
d’Homère ou de W.H. Auden. La superstition, la magie et autres
avatars du charlatanisme ou du n’importe quoi provoquent son
effroi.
Le poète se fie à la science comme si, dès le commencement, le
Verbe avait prévu la génétique actuelle et le clonage. Les
mille et une nuits (et un jour) de la poésie permettent la
reproduction sans fin.
Le poète ne croit pas à la dualité vie/mort, ordure/nature,
merde/ciel. C’est le précurseur du chat de Schrödinger : il
voudrait continuer à exister pour toujours et en ce monde,
comme s’il était un surdoué tenté par le suicide.
S’il ne jouit pas de sa propre estime, le mensonge l’expose à
une variante de l’orgueil. Car la poésie s’engendre elle-même
: puisque son existence procède de sa propre nature. Comme
Fourier avec le Phalanstère, Mandelbrot avec les objets
fractals ou Jarry avec le docteur Faustroll, le poète met en
évidence que les affects et les effets de la poésie doivent
être observés « more geometrico. »
Fernando Arrabal (1932-), 29/11/2007, Buenos Aires.