Questions - réponses sur le nucléaire

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Questions - réponses sur le nucléaire
Questions et réponses
Pour la sortie programmée de l'énergie nucléaire
(Initiative sortir du nucléaire)
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En renonçant à l'énergie atomique, ne va-t-on pas au devant d'une pénurie de
courant électrique?
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On entend souvent dire que le nucléaire est une "énergie propre" et qu'elle ne
produit pas de CO2. Ne pourrait-elle pas être une solution à la crise climatique?

Aujourd'hui, la technologie a fait d'énorme progrès. Ne peut-on pas considérer que
le nucléaire est sûr?

La recherche ne va-t-elle pas bientôt nous permettre de maîtriser les dangers de
l'atome, par exemple avec la fusion nucléaire?

Avons-nous les moyens d'investir dans les énergies renouvelables alors que nous
avons déjà des centrales nucléaires qui assurent un approvisionnement en
électricité bon marché?

La sortie du nucléaire doit s’accompagner d’une politique résolue de promotion
des énergies renouvelables. Comment y parvenir si tous les projets visant à
produire du courant solaire, éolien ou hydraulique sont contestés au nom de la
protection de la nature, du paysage ou du patrimoine ?

Les Verts vont-ils continuer à s’opposer au pompage-turbinage (par ex. au
Grimsel) ?
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Les grandes centrales à gaz offrent-elles une solution, ou les Verts vont-ils
continuer à les combattre ?
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Pouvons-nous nous financièrement nous permettre de sortir du nucléaire ?
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Le PS a déjà lancé une initiative pour sortir du nucléaire. L’initiative des Verts estelle donc réellement nécessaire ?

Les Verts ont déjà lancé une initiative pour l’économie verte. Ne prévoit-elle pas la
sortie du nucléaire ?

Comment assurer la sécurité d’approvisionnement avec des énergies renouvelables
qui ne produisent pas en ruban ?

Pour développer les énergies renouvelables et les capacités de stockage, il faut
adapter le réseau de transport. Les Verts continuent-ils à s’opposer aux lignes à
haute tension ?

Après que le Conseil fédéral et le parlement aient décidé l’abandon de l’énergie
nucléaire en Suisse, a-t-on vraiment encore besoin de l’initiative pour la sortie du
nucléaire ?
1
En renonçant à l'énergie atomique, ne va-t-on pas au devant d'une pénurie de courant
électrique?
Les représentants des compagnies d’électricité invoquent toujours le danger de la «
pénurie » pour justifier le recours à l’énergie nucléaire. Cette menace a été brandie à
plusieurs reprises durant les trente dernières années : en 1986, par exemple, le président
de la Confédération prédisait que sans la construction d’une nouvelle centrale à
Kaiseraugst, la Suisse serait plongée dans le noir. Les Verts ont réussi à empêcher les
centrales prévues à Kaiseraugst et à Graben – deux projets déjà bien avancés qui auront
coûté 535 millions de francs aux contribuables – et la pénurie annoncée ne s’est pas
produite.
Les Verts ont lancé quatre ans après la catastrophe de Tchernobyl un moratoire sur la
construction de centrales nucléaires. Aucune pénurie ne s’est fait sentir dans les années
1990.
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On entend souvent dire que le nucléaire est une énergie "propre" et qu'il ne produit pas de
CO2. Ne pourrait-il pas être une solution à la crise climatique?
C’est effectivement la stratégie de communication des grands groupes qui soutiennent le
nucléaire. Il s’agit cependant d’un leurre. Le nucléaire n’a aucune influence bénéfique sur
l’évolution du climat.
Le nucléaire sert à produire près de 40 % du courant électrique consommé en Suisse. Il ne
faut cependant pas oublier que l’électricité ne constitue qu’un peu plus d’un cinquième de
la facture énergétique de notre pays, due en grande partie aux usages du pétrole
(chauffage, processus industriels, transports), principaux responsables des émissions de
CO2. Pour toutes ces applications, le nucléaire, qui fournit seulement 9% de l’énergie
consommée, est simplement hors sujet.
Remplacer les combustibles fossiles par de l’électricité d’origine nucléaire pour lutter
contre l’effet de serre est absurde car cette solution, techniquement inaboutie, serait de
toute façon beaucoup trop coûteuse.
À l’échelle mondiale, elle exigerait la construction immédiate de quelque 1 500 réacteurs,
qui auraient tôt fait d’épuiser l’ensemble des réserves d’uranium de la planète – tout juste
suffisantes pour 50 ans d’utilisation au régime actuel. Sans compter les dangers que
présenterait cet arsenal dispersé à la surface du globe, en particulier dans des régions
politiquement instables. Les centrales délabrées de l’ex-empire soviétique laissent
imaginer ce qu’il pourrait advenir du parc nucléaire ultra-sécurisé des puissances
occidentales en cas de crise économique mondiale.
Par ailleurs, la production de courant nucléaire émet elle aussi une quantité non
négligeable de CO2. L’extraction et l’enrichissement du combustible consomment de
l’énergie fossile – de même que son acheminement jusqu’aux centrales, parfois sur des
dizaines de milliers de kilomètres. Mais le bilan carbone du nucléaire doit également
prendre en compte le démantèlement des centrales et les gigantesques chantiers
qu’implique l’enfouissement des déchets et la maintenance des dépôts sur plusieurs
siècles. On le constate aussitôt, cette énergie n’a rien de « propre ».
Pour réduire rapidement les émissions de CO2, il est beaucoup plus rentable de miser sur
l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.
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Aujourd'hui, la technologie a fait d'énormes progrès. Ne peut-on pas considérer que
le nucléaire est sûr?
Quelques soient les précautions prises, les centrales nucléaires resteront dangereuses.
Aucun des risques inhérent à cette technologie ne peut être complètement maîtrisé, dans
la mesure où elle produit des rayonnements extrêmement toxiques pour tous les
organismes vivants. On peut – tant bien que mal – se protéger des effets de radioactivité,
on ne peut pas la supprimer. Le facteur humain, qui a joué un grand rôle dans la
catastrophe de Tchernobyl, doit toujours être pris en compte pour évaluer la probabilité
d’un accident. Les facteurs physiques contribuent inexorablement à la détérioration,
année après année, des conditions de sécurité initiales, mais peuvent aussi causer des
dégâts imprévisibles (tremblements de terre, tornades, inondations – du plus en plus
fréquentes avec le changement climatique). Les installations nucléaires sont enfin des
cibles de choix pour les attaques terroristes.
Tout au long de son cycle, le courant nucléaire représente une menace pour l’être humain
et son environnement.

L’extraction de l’uranium produit des déchets qui contaminent les eaux et
provoquent des cancers dans les populations vivant à proximité des mines – pour
ne pas parler des personnes qui y travaillent, exposées à des gaz radioactifs. Des
gravats toxiques sont abandonnés sur place.

L’enrichissement de l’uranium produit à son tour des déchets : seul 20 % du
volume traité peut servir comme combustible, les matériaux restant étant recyclés
dans l’industrie de l’armement.

La préparation du combustible et son utilisation dans un réacteur nucléaire peut
provoquer des accidents catastrophiques en cas de défaillance des installations.
Mais des fuites de radioactivité ne sont pas à exclure. L’utilisation des cours d’eau
pour le refroidissement des réacteurs bouleverse les écosystèmes. L’augmentation
du taux de cancers au voisinage de certains sites est avérée, malgré les campagnes
de désinformation régulièrement menées par les exploitants.

Les transports de matériaux radioactifs jusqu’aux usines de retraitement
augmentent le risque d’accidents. Le retraitement lui-même contamine l’eau et
l’air. C’est à ce stade qu’est produit le plutonium, très convoité pour la fabrication
de bombes atomiques. La prolifération des armes nucléaires qui menace la sécurité
mondiale a du reste son origine dans des programmes civils.

Le stockage des déchets pose un épineux problème. Aucune des solutions
envisagées jusqu’ici n’est à même de garantir aux générations future une sécurité
totale contre les risques de fuites radioactives – et ceci durant des milliers
d’années ! Les technologies mises en œuvre se sont heurtées à des obstacles
imprévus. C’est actuellement l’enfouissement dans les couches géologiques
profondes qui a la faveur de la Coopérative suisse pour le stockage des déchets
radioactifs (NAGRA). Rien ne prouve que ce moyen sera meilleur que les autres. Au
contraire, tôt ou tard, la radioactivité remontera à la surface, contaminant l’eau et
les terres cultivables, empoisonnant la flore et la faune, menaçant les bases
mêmes de la vie. La seul façon de régler une fois pour toute la question des déchets
nucléaires, c’est de ne pas en produire !
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La recherche ne va-t-elle pas bientôt nous permettre de maîtriser les dangers de l'atome,
par exemple avec la fusion nucléaire?
La fusion nucléaire tente de reproduire à l’échelle terrestre les réactions énergétiques qui
se produisent à l’intérieur de notre soleil. La recherche sur le nucléaire absorbe une bonne
partie des budgets dévolus au domaine énergétique dans les pays occidentaux, mais elle
n’a jamais réussi à développer un procédé de fusion économiquement viable. Les
scientifiques les plus optimistes estiment qu’il faudra plusieurs décennies avant d’arriver
à un résultat concluant. En attendant, ces expérimentations produisent de grandes
quantités de substances dangereuses (plutonium, tritium), toutes susceptibles de
tomber un jour ou l’autre entre les mains de fabricants d’armes. Alors que l’efficacité
énergétique et les énergies renouvelables sont déjà performantes!
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Avons-nous les moyens d'investir dans des installations renouvelables alors que nous
avons déjà des centrales nucléaires qui nous assurent un approvisionnement en
électricité bon marché?
Le prix du kilowattheure nucléaire payé par les consommateurs est effectivement bon
marché. Mais c’est une illusion, car l’industrie nucléaire est massivement subventionnée
par l’Etat. Les pouvoirs publics sont en effet actionnaires des centrales, qui représentent
pour les banques un investissement bien trop risqué. Les contribuables financent ainsi
indirectement la recherche sur l’énergie atomique et les campagnes d’information
destinées à les persuader que les nucléaire est inoffensif – voir bénéfique pour
l’environnement. Le traitement des déchets engloutit déjà des sommes faramineuses, et
personne ne peut prévoir quels en seront les coûts à l’avenir. Il faut également prendre en
compte les frais de démantèlement des vieilles centrales, notoirement sous-estimés.
Enfin, last but not least, les exploitants de centrales sont assurés en cas d’accident pour
la somme ridicule de 1,8 milliard de francs suisses. On estime qu’en cas de fonte d’un
réacteur nucléaire (comme à Tchernobyl), les dégâts se chiffreraient à 4000 milliards…
Cherchez l’erreur ! Les montants astronomiques qu’engloutit le nucléaire seraient bien
mieux investies dans le développement des alternatives renouvelables.
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La sortie du nucléaire doit s’accompagner d’une politique résolue de promotion des
énergies renouvelables. Comment y parvenir si tous les projets visant à produire du
courant solaire, éolien ou hydraulique sont contestés au nom de la protection de la
nature, du paysage ou du patrimoine ?
Les Verts s’engagent depuis leurs débuts à tous les niveaux politiques pour la promotion
des énergies renouvelables. Dans les années 1990, ils ont notamment soutenu l’initiative
1
énergie et environnement et l’initiative solaire. Ils ont œuvré au déplafonnement des la
rétribution à prix coûtant des énergies renouvelables (RPC), pour laquelle près de 12'000
projets ont été enregistrés. Moins d’un quart d’entre eux ont reçu jusqu’à présent une
réponse positive. Les autres projets n’ont pas pu être réalisés, car les partis bourgeois ont
systématiquement refusé de lever le contingentement de la RPC, en particulier en ce
concerne l’énergie solaire. Ce sont eux qui véritablement s’opposent à une réorientation
de la politique énergétique. Si tous les projets actuellement sur la liste d’attente de la
RPC avaient été concrétisés, les trois plus anciennes centrales nucléaires de Suisse
pourraient sans problème être arrêtées aujourd’hui. C’est pourquoi la RPC doit être
1
Initiative populaire destinée à encourager les économies d'énergie et à freiner le gaspillage (initiative énergie et
environnement) et initiative populaire pour l'introduction d'un centime solaire (initiative solaire)
4
déplafonnée le plus rapidement possible, après que le Conseil national ait voté dans ce
sens en juin 2011.
Les installations de production d’énergies renouvelables doivent être conformes aux
normes légales comme n’importe quel projet de construction. Les Verts veillent tout
particulièrement au respect des critères environnementaux. Mais cela a bien sûr un prix.
En augmentant le montant des incitations financières et en encourageant le progrès
technologique dans les domaines solaire et éolien, on augmente non seulement la
production, mais on réduit les conflits d’intérêts.
Energie éolienne : Le « concept d’énergie éolienne pour la Suisse » fournit une base pour
le choix des emplacements des parcs éoliens. Il a été élaboré par les Offices fédéraux de
l’aménagement du territoire (ARE), de l’énergie (OFEN) et de l’environnement (OFEV) sur
la base d’un consensus entre les secteurs électrique et éolien, les organisations de
défense de l’environnement (WWF et Pro Natura) ainsi que les autorités cantonales. Le
concept dresse une liste de critères à remplir par les parcs éoliens2 et définit les zones qui
s’y prêtent. Une bonne planification permet d’exploiter le potentiel éolien de la Suisse,
qui a atteint son niveau record en 2010 : les capacités de production ont augmenté de 150
% pour s’élever à 42 mégawatts.
Hydraulique : Les Verts continuent à considérer les petites centrales hydrauliques d’un
œil prudent. De type conventionnel, leur potentiel est minime, pour un impact
environnemental important.
Les centrales hydrauliques à tourbillon sont cependant porteuses d’espoir, en particulier
là où les cours d’eaux sont canalisés. Il est beaucoup plus rentable de rénover rapidement
les centrales hydrauliques existantes – tant du point de vue de la production d’énergie
que de l’économie et de l’environnement. Ici, l’application de nouvelles technologies offre
un potentiel beaucoup plus important que la construction de petites centrales
hydrauliques
Oppositions et recours : Il faut savoir que les Verts ne sont pas une organisation
habilitée à déposer des recours et qu’ils ne sont donc pas impliqués dans ces procédures.
En ce qui concerne les installations de production d’énergies renouvelables, les
oppositions et recours émanent pour la plupart des riverains et des communes. Les
organisations de défense de l’environnement ne déposent que rarement des oppositions
ou des recours. En 2010, les organisations de protection de l’environnement n’ont recouru
que contre six projets en matière d’énergie renouvelable.3 En comparaison, ce sont près de
10'000 projets qui sont bloqués en raison de la restriction encore valable pour les
subventions affectées à la rétribution à prix coûtant du courant injecté (RPC). Les
organisations environnementales ne font recours que lorsqu’elles veulent qu’un projet
soit examiné sur le plan de sa conformité aux lois.
Les projets rejetés le sont en vertu des dispositions existantes, et non parce que le droit
de recours existe. Les véritables obstacles au développement des énergies renouvelables
sont les blocages politiques et la bureaucratie. Raison pour laquelle les Verts soutiennent
une simplification des procédures et un renforcement des mesures d’encouragement.
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2
Le concept a été complété en 2010 par des « Recommandations pour la planification des installations éoliennes »
(http://www.suisse-eole.ch/de/infothek/dokumentation/l-eolien-suisse-en-chiffres.html)
3
Cf. Communiqué de presse « Plus de la moitié des recours des organisations environnementales admis en 2010 », de
l’Office fédéral de l’environnement du 11 juillet 2011
5
Les Verts vont-ils continuer à s’opposer au pompage-turbinage (par ex. au Grimsel) ?
Le pompage-turbinage ne sert pas à produire de l’énergie, mais à la stocker et à la
valoriser. Lors des opérations de pompage-turbinage, l’eau est pompée dans un lac de
barrage avec des machines qui consomment de l’électricité et turbinée pour produire du
courant en cas de besoin, c’est-à-dire surtout pendant les heures de pointe. Au printemps
et lors de fortes précipitations, les lacs de barrages peuvent atteindre leur niveau
maximum sans recours au pompage. Dans ce cas, le courant produit est réellement
renouvelable. Sur l’année, le courant nécessaire au pompage excède cependant la
production, en raison des pertes dues au frottement. La production d’un kilowattheure
au moyen du pompage-turbinage nécessite 1,3 KWh de courant pour actionner les
4
pompes.
Ce courant provient actuellement principalement des centrales à charbon et des centrales
nucléaires du réseau européen. Il est bon marché et permet aux entreprises d’électricité
de réaliser des gains importants. Il n’y a en principe rien à objecter à ce principe. Mais il est
faux de prétendre que le courant produit par pompage-turbinage est « vert ».
Les Verts sont cependant convaincus que les énergies renouvelables doivent disposer de
capacités de stockage suffisantes, de manière à compenser les variations quotidiennes,
saisonnières et annuelles. Malgré le développement des énergies renouvelables, l’Europe
ne dispose pas encore de capacités de stockage suffisantes. Il faut évaluer la contribution
que la Suisse peut fournir au système de production renouvelable en Europe grâce aux
installations de pompage-turbinage dans les Alpes. Par sa position centrale et son réseau
à haute tension, notre pays est la plaque tournante du marché de l’électricité en Europe
occidentale. Cette position stratégique avantage son économie et son industrie et
garantit son approvisionnement en électricité, à condition qu’à l’avenir, les pompes
fonctionnent avec du courant écologique, et non avec du courant produit à base de
charbon ou de nucléaire. La politique doit urgemment mettre en place une
réglementation garantissant le respect de ce critère.
Une chose est déjà sûre : les installations de pompage-turbinage existantes en Suisse
suffisent déjà à compenser les variations de production des énergies renouvelables. La
différence entre les périodes de forte consommation et les périodes creuses se situe entre
1900 et 3400 mégawatts par jour. Ces écarts de performance sont comblés par les
installations de pompage-turbinage, qui produisent un total de 9650 mégawatts. Ces
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réserves sont ainsi bien assez grandes. Du reste, le pompage-turbinage n’est pas la seule
technologie permettant de stocker le courant et pour compenser les énergies
renouvelables aléatoires. Pour ce faire, on dispose également des centrales à air
6
comprimé, de l’électrolyse de l’eau et de la méthanation. Finalement, ne l’oublions pas :
tous les barrages à accumulation peuvent être utilisés pour compenser les énergies
renouvelables aléatoires (solaire et éolien).
En ce moment, plusieurs chantiers sont en route pour agrandir les installations de
pompage-turbinage ou pour en construire de nouvelles : Linth-Limmern, Lago Bianco,
Nant de Drance et Grimsel. Seul un recours contre le rehaussement du barrage du Grimsel
a été déposé par les organisations environnementales. Il s’agit d’un cas particulier, car
c’est le seul lac de barrage se trouvant dans une zone protégée selon la Constitution. En
4
Ces valeurs varient selon les installations. En moyenne, il faut compter avec une perte d’énergie de l’ordre de 25%.
(Source : « Pumpspeicherung – Position der KSU-Verbände », centre de coordination des organisations de défense de
l’environnement, 2007).
5
Source : « Pumpspeicherung – Position der KSU-Verbände », centre de coordination des organisations de défense de
l’environnement, 2007.
6
La méthanation est un procédé de conversion de l’hydrogène, issu de l’électrolyse de l’eau, et du dioxyde de charbon en
méthane et en eau. Le méthane peut ensuite être utilisé pour produire de l’électricité.
6
acceptant l’initiative Rothenthurm, le peuple suisse a décidé de protéger les marais. Les
tribunaux doivent décider s’il faut assouplir cette protection en faveur de la
compensation saisonnière.
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Les grandes centrales à gaz offrent-elles une solution, ou les Verts vont-ils continuer à les
combattre ?
Il est possible de sortir du nucléaire tout en protégeant le climat. C’est pourquoi les Verts
approuvent le couplage chaleur-force (CCF). Le courant est produit par le gaz, et la chaleur
résultant du processus est utilisée pour le chauffage. Si tous les chauffages à mazout
étaient remplacés par cette technologie, le bilan climatique serait positif, et l’efficacité
énergétique augmenterait du fait de l’utilisation conjointe de courant et de chaleur. Cela
n’est possible que dans une mesure limitée pour les grandes centrales à gaz.
Les Verts sont donc par principe opposés aux grandes centrales à gaz. Leur scénario de
sortie du nucléaire montre du reste qu’il n’y a pas besoin d’y recourir si l’on met en œuvre
une politique ambitieuse. Les émissions de CO2 des centrales à gaz doivent dans tous les
cas être pleinement compensées, en Suisse ou en Europe par la participation au Système
communautaire d'échange de quotas d'émission (ETS). Il est certain que la compensation
sur le territoire suisse apporte de la valeur ajoutée et améliore le bilan CO2 de notre pays.
Avec l’ETS, l’argent est investi à l’étranger.
Une question fondamentale se pose avec les centrales à gaz : la production d’électricité
doit-elle continuer à être assurée par des entreprises géantes et par des grandes
centrales, ou ne doit-elle pas plutôt être produite dans les régions pour les régions –
comme les Verts le préconisent dans l’agriculture ? La production décentralisée de
courant a de nombreux avantages. Elle est dynamique et innovante, et offre un meilleur
contrôle démocratique.
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Pouvons-nous nous financièrement nous permettre de sortir du nucléaire ?
Le courant va de toute façon renchérir, car nos besoins augmentent. Pour tout ce qui
aujourd’hui fonctionne avec les énergies fossiles, il faudra avoir recours demain aux
énergies renouvelables. La voiture électrique en est un exemple. C’est pourquoi les
mesures pour augmenter l’efficience et économiser l’énergie sont tout aussi importantes.
Le courant est précieux, il ne faut donc pas le gaspiller. Qui consomme déjà deux fois
moins aujourd’hui n’aura pas à souffrir si les prix doublent. Les organisations de défense
de l’environnement tablent sur une augmentation du prix du courant de seulement 5
francs par ménage et par année. Les nouvelles estimations de la Confédération prévoient
une augmentation du prix par kWh de près de 15 %. Un ménage dépensant annuellement
700 francs pour sa consommation d’électricité devrait ainsi payer 100 francs de plus, mais
les économies de courant réalisées permettront de réduire, voire annuler ce montant.
Le courant que nous consommons aujourd’hui provient de centrales hydroélectriques et
de vieilles centrales nucléaires qui sont pour la plupart déjà amorties. Son prix est
historiquement bas. En tenant compte de l’inflation, il a passé de 16,5 et 22 ,5 centimes le
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kilowattheure en 2000 à 12,5 et 20 centimes le kilowattheure en 2010. En réalité, il a
donc baissé de plus de 15 %. Ces coûts bas découragent les investissements dans de
nouvelles installations, pourtant urgemment nécessaires. Le renouvellement de notre
7
Source : Association des entreprises électriques suisses, 2010.
7
système de production coûte cher. Mais ces dépenses se révéleront payantes à moyen
terme.
Du reste, dans le secteur des énergies renouvelables, les prix sont en chute libre. L’éolien
en est un bon exemple. Il est aujourd’hui quatre fois moins cher qu’en 1990, une baisse
due pour moitié à des économies d’échelle (réduction des coûts grâce à une production de
masse) et à des améliorations technologiques (augmentation du rendement des
installations).
Il faut rappeler que le courant nucléaire est bon marché parce qu’il ne couvre pas ses coûts
réels. Aucune compagnie d’assurance au monde ne serait prête à assurer une centrale
nucléaire contre les accidents. Les centrales nucléaires suisses sont donc elles-mêmes
responsables – mais sont sous-assurées. Le coût d’un accident comme Tchernobyl est
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évalué à 4200-4300 milliards par la Confédération. L’élimination des déchets radioactifs
hautement dangereux n’est pas non plus comprise dans le prix du courant nucléaire – un
problème qu’on ne sait actuellement pas résoudre.
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Le PS a déjà lancé une initiative pour sortir du nucléaire. L’initiative des Verts est-elle
donc réellement nécessaire ?
L’initiative du PS veut obtenir qu’au moins la moitié de l’énergie consommée en Suisse
soit produite à partir de sources renouvelables d’ici 2030. Actuellement, la part des
énergies fossiles est de plus de 70 % de la consommation totale et celle de l’énergie
nucléaire se situe aux alentours de 10 %. Les énergies renouvelables représentent quant à
elles près de 20 % (hydraulique 13 %, bois 4 %). Le PS aimerait augmenter la proportion
des énergies renouvelables à 30 % de la consommation totale d’énergie. Le texte ne
précise pas si c’est la part du fossile ou celle du nucléaire qui doit diminuer d’autant.
Les Verts soutiennent l’initiative Cleantech et sont présents dans le comité de lancement
avec Franziska Teuscher. Ils estiment néanmoins qu’une initiative supplémentaire est
nécessaire pour exiger explicitement de sortir du nucléaire.
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Les Verts ont déjà lancé une initiative pour l’économie verte. Ne prévoit-elle pas la sortie
du nucléaire ?
L’initiative pour une économie verte veut diminuer la consommation de ressources de la
Suisse, pour arriver à une empreinte écologique équivalent à une planète. Cela n’implique
par forcément la sortie du nucléaire. C’est pourquoi nous avons aussi besoin de l’initiative
pour la sortie du nucléaire.
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Comment assurer la sécurité d’approvisionnement avec des énergies renouvelables qui ne
produisent pas en ruban ?
Miser sur les énergies renouvelables implique évidemment que l’on dispose de possibilités
de stockage. Mais c’est aussi la cas avec les énergies fossile et nucléaire, car il faut
garantir l’approvisionnement pendant les heures de pointe. La solution consiste à mettre
en place un réseau intelligent (Smart Grid) pour optimise de façon coordonnée la
production, le stockage et la consommation, dans le but de disposer d’un système
efficient et fiable.
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Source : « Catastrophes et situations d’urgence en Suisse », Office fédéral de la protection de la population, 1995.
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Pour développer les énergies renouvelables et les capacités de stockage, il faut adapter le
réseau de transport. Les Verts continuent-ils à s’opposer aux lignes à haute tension ?
Pour approvisionner à long terme toute l’Europe en énergies renouvelables avec l’éolien
du Nord (Mer du Nord), le solaire du Sud (Sahara, Espagne, Italie, Grèce) et le pompageturbinage des Alpes, il faut disposer d’un réseau à très haute tension (Supergrid) au
niveau international, et de réseaux intelligents (Smartgrids) au niveau local. Tous deux
doivent être développés de façon ciblée. L’interconnexion de la Suisse avec les futures
liaisons internationales à très haute tension soit être assurée. Notre pays pourra ainsi
jouer un rôle-clé sur le marché de l’électricité. Les réseaux locaux de distribution doivent
être adaptés à un nouveau mode d’approvisionnement, en grande partie décentralisé. Il
s’agit moins d’une extension que d’une adaptation des réseaux. Les lignes aériennes sont
certes plus économiques que les lignes souterraines. L’enterrement des lignes doit
cependant être préféré dans les régions densément construites car il est mieux accepté
par la population.
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Après que le Conseil fédéral et le parlement aient décidé l’abandon de l’énergie nucléaire
en Suisse, a-t-on vraiment encore besoin de l’initiative pour la sortie du nucléaire ?
L’initiative pour la sortie du nucléaire n’a rien perdu de son actualité. Les décisions du
Conseil fédéral sont des déclarations d’intention, qui peuvent être annulées après
l’élection de décembre prochain, si une majorité du nouveau collège se rallie à la position
du lobby nucléaire. Le Parlement peut lui aussi revenir sur sa décision. Les motions qu’il a
adoptées sur la sortie du nucléaire sont un signal important et un pas dans la bonne
direction. Lors du procès de législation, la portée peut encore être affaiblie et même
rejetée.
Il est essentiel que les instances politiques prennent un engagement juridiquement
contraignant pour sortir du nucléaire. Elles doivent fixer des mesures concrètes
permettant d’atteindre ce but. Le projet de loi sur la sortie du nucléaire ne sera pas
soumis au Parlement avant la prochaine législature, probablement en 2013. Le Parlement
peut la refuser, ce qui nous ramènerait à la situation d’avant la catastrophe de
Fukushima, c’est-à-dire le combat contre de nouvelles centrales nucléaires. L’initiative est
nécessaire pour exercer sur le gouvernement et le Parlement une pression qui les pousse à
prendre les bonnes décisions.
De plus, contrairement au Conseil fédéral et au parlement, l’initiative demande que la
durée d’exploitation des centrales nucléaires soit clairement limitée. Les laisser
fonctionner jusqu’à ce que leur sécurité ne soit plus assurée, comme le voudrait le Conseil
fédéral, signifie qu’elles resteront en service le plus longtemps possible, et continueront
durant tout ce temps à menacer la population.
L’initiative exige une modification de la Constitution. Seules des dispositions
constitutionnelles peuvent garantir que la Suisse sorte effectivement du nucléaire dans
les meilleurs délais et que le Parlement ne puisse plus revenir en arrière. Une décision
irrévocable permet à l’économie de planifier ses investissements. Et elle oblige les
entreprises d’électricité à consacrer au développement des énergies renouvelables les
milliards qu’elles s’apprêtaient à mettre dans la construction et la rénovation de
centrales nucléaires.
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