Lyon Mag A Villeurbanne, la putain fait réfléchir

Transcription

Lyon Mag A Villeurbanne, la putain fait réfléchir
Lyon Mag
Actualité 29-01-2012 à 19:28
A Villeurbanne, la putain fait réfléchir
La Putain respectueuse au CCO de Villeurbanne - Photo compagnie Leila Soleil
La Putain respectueuse, de Jean Paul Sartre, était à l’affiche du CCO jusqu’à dimanche.
Le Centre Culturel Œcuménique villeurbannais n’a pas désemplit depuis mardi. La pièce de
Sartre, véritable scandale à sa création en 1946, mise en scène par Hadda Djaber de la
compagnie Leila Soleil a trouvé son public. Ce texte très engagé situe ses personnages dans
une ville du Sud des Etats-Unis des années 40 et traite tout à la fois de racisme, de ségrégation,
de manipulation des puissants et de sexisme. Un « Nègre » est accusé d’un viol qu’il n’a pas
commis, tandis qu’un autre est abattu sans raison par le neveu du sénateur de la ville. La
victime supposée du viol, Lizzie, une prostituée de passage, refuse de le dénoncer à tort et
devient alors la victime d’un chantage fomenté par le fils du sénateur. L’affaire se complique
sérieusement quand le malheureux « Nègre » vient trouver refuge chez sa prétendue victime.
Hadda Djaber a choisi pour cette création de faire commencer la pièce dans le hall du CCO.
Les spectateurs étaient invités à attendre jusqu’au moment où un saxophoniste (Stéphane
Lambert) lance le spectacle pour une introduction très efficace qui permet de découvrir
comment Lizzie (Karine Revelant) fait la rencontre de Fred (Tommy Luminet), le fils du
sénateur qui va la conduire à sa perte morale. Après une déambulation au milieu des «
Monstres », des œuvres graphiques de Jacqueline Li Michaud, le public était conduit dans la
salle, dont la scénographie d’Yves Henri, qui était composée de lattes de bois entremêlées et
de plaques de plastiques, représentait sans ambages un appartement modeste. Les 5 acteurs,
auxquels il faut ajouter Stéphane Lambert qui se chargeait de la mise en musique en « live »,
sont tous issus de la scène lyonnaise ou régionale et sont parvenus à une belle osmose. On
sent dans le jeu de Bruno Miara (le sénateur) toute l’hypocrisie, la séduction permanente et la
filouterie dénuée de vergogne de certains politiciens, Tommy Luminet (Fred) rend à merveille
l’arrivisme insupportable des fils de puissants qui se sentent naturellement supérieur à tous,
Joël Toussaint (le « Nègre ») livrait quant à lui une interprétation sans faille du bon « nègre »
bouc-émissaire d’une société où la couleur de peau n’est pas un crime mais un signe
d’infériorité manifeste, avec de surcroit des passages chantés dans lesquels son talent de
chanteur de blues ne faisait aucun doute, Samuel Camus (le policier puis le chasseur de «
nègre ») apparaissait en revanche moins sur scène, espace que ne quitte pas Karine Revelant,
excellente en prostituée qui assume sans pour autant aimer son métier, femme tiraillée entre sa
conscience et les promesses du sénateur, initialement dominatrice sur des hommes qu’elle sait
satisfaire puis totalement eue par eux.
Après les représentations au CCO de Villeurbanne, la compagnie entend maintenant faire
tourner et perdurer cette pièce, « toujours terriblement d’actualité » selon sa metteuse en
scène. Des représentations pour des lycéens sont également envisagées.

Documents pareils