Déplacement en Principauté d`Andorre Vendredi 19 juin 2015

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Déplacement en Principauté d`Andorre Vendredi 19 juin 2015
Déplacement en Principauté d’Andorre
Vendredi 19 juin 2015
Intervention devant la communauté française
Allocution de Manuel VALLS, Premier ministre
Madame l’Ambassadrice,
Monsieur le représentant du co-Prince,
Mes chers compatriotes,
Je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation pour
partager ce moment de convivialité à la fin de ma trop
courte visite en Andorre.
Trop courte, certes, mais inédite. Car jusqu’aujourd’hui,
aussi curieux que cela puisse paraître, aucun Premier
ministre français n’avait jamais effectué de visite
officielle dans la Principauté.
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Il fallait bien sûr remédier à cela. Et je suis
personnellement heureux d’être le premier chef du
gouvernement français à mettre fin à cette étrangeté
historique.
Je suis venu dire ici – aux autorités andorranes que j’ai
rencontrées cet après-midi, mais aussi à vous – que la
France ne doit pas oublier Andorre. Il n’est pas
nécessaire de vous rappeler les liens historiques et
institutionnels si étroits et si particuliers qui unissent nos
deux pays ; vous les vivez au quotidien. Mais, peut-être
à cause de cette proximité, nous avons eu parfois
tendance à négliger ce voisinage ; nos relations se sont
alors distendues.
Ces liens ont été heureusement resserrés il y a un an, lors
de la visite officielle du Président de la République en
tant que Coprince français, qui a permis de réaffirmer la
force de notre relation. J’en ai moi-même mesuré toute la
profondeur aujourd’hui, au cours des différentes étapes
de ma visite.
Permettez-moi d’en dire quelques mots.
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Mes hôtes m’avaient préparé un programme de travail
dense, qui nous a permis d’aborder des questions
essentielles. J’en retiens principalement quatre : la
nécessaire poursuite des réformes courageuses de
transparence financière ; le renforcement de nos
relations économiques et commerciales bilatérales ; la
coopération face aux enjeux climatiques et, bien sûr,
l’Europe.
S’agissant de la première question, j’ai eu l’occasion
aujourd’hui de réaffirmer à mes interlocuteurs que la
France
soutient
Andorre
dans
sa
démarche
de
normalisation de son système fiscal et de transparence.
Les efforts des autorités andorranes, engagés depuis
quatre ans, portent leurs fruits, et j’ai encouragé le Cap
de Govern, M. Marti à poursuivre dans cette voie.
Par
ma
visite,
l’importance
que
j’ai
également
nous
accordons
voulu
souligner
aux
échanges,
notamment économiques et commerciaux, entre la
France et Andorre.
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J’ai eu le plaisir de constater tout à l’heure, en visitant les
installations des Forces Electriques d’Andorre, que la
France pèse dans l’économie de la Principauté. EDF
fournit 40% de l’électricité du pays et ENGIE opère un
diagnostic qui permettra à Andorre de diversifier ses
sources d’énergie. Nous avons aussi inauguré le cœur
du centre de contrôle fourni par ALSTOM.
Avec plus de 210 millions d’euros en 2014, nos
exportations vers la Principauté sont en hausse et cette
tendance s’est confirmée au premier trimestre 2015.
Mais nous pouvons – et nous devons – faire plus, et faire
mieux.
Avec ses 8 à 10 millions de visiteurs par an, Andorre – ce
si beau pays - constitue un marché que nous devons
mieux investir. Et vous, Mesdames et Messieurs, avez un
rôle à jouer dans cette mission. Résidant ici, vous êtes
nos meilleurs atouts pour faire valoir l’offre de France. Si
j’osais la comparaison, ou si Madame Ginette de
MATHA me le permet, je dirais que vous êtes des
ambassadeurs de la France. Vous êtes le témoignage,
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vivant, de l’engagement de la France en Andorre. Non,
nous n’oublions pas la Principauté : nous voulons au
contraire nous en rapprocher. La semaine de la
gastronomie française, qui sera organisée en septembre
prochain, en est une illustration concrète.
Une
autre
illustration
concrète,
tangible
est
la
convention de non double imposition qui, à son entrée
en vigueur très prochaine, facilitera les investissements
croisés. Bien sûr, un court temps d’adaptation sera
nécessaire, mais au bout du compte, je suis certain que
cet instrument sera bénéfique pour tous et permettra le
renforcement de nos échanges bilatéraux.
Renforcer nos relations, cela passe par l’amélioration de
nos infrastructures communes, et je pense notamment à
la sécurisation de la viabilité hivernale transpyrénéenne.
Nous sommes convenus, avec les autorités andorranes,
de continuer à y travailler activement ensemble, en lien
avec nos voisins espagnols, en particulier dans le cadre
de la Communauté de travail des Pyrénées.
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Les Pyrénées. Voilà bien un élément structurant de ce
pays et de la relation entre la France et Andorre. Je l’ai
dit, il nous faut, au sens propre comme au figuré, des
voies d’accès, des routes, des ponts entre nos deux pays.
Mais les Pyrénées ne sont pas qu’une frontière naturelle,
elles ne sont pas une barrière. Elles sont la définition
même du territoire andorran. Je n’oublie pas que nous
sommes à l’instant dans la plus haute capitale d’Europe !
A
cet
égard,
en
tant
que
zone
montagneuse,
potentiellement affectée par les désordres climatiques et
environnementaux, Andorre est un partenaire essentiel
des négociations sur le climat qui doivent aboutir, en
décembre prochain à Paris, à un accord universel et
juridiquement contraignant. La Principauté a remis sa
contribution nationale pour la réduction des émissions
de gaz à effet de serre, avec l’objectif d’éliminer la quasitotalité des émissions andorranes. Je m’en réjouis et
notre coopération sur cet enjeu est primordiale.
La Principauté d’Andorre a donc un véritable rôle à
jouer vis-à-vis de l’Union européenne. Elle n’est pas une
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enclave entre la France et l’Espagne, mais un acteur à
part entière. En tant que voisins, amis et fondateurs de la
communauté européenne, nous soutenons le choix
andorran de se rapprocher encore davantage de l’Union
européenne. Andorre peut compter sur l’appui de la
France dans les négociations qui sont en cours pour
aboutir à un accord d’association qui soit satisfaisant
pour
tous. Je
l’ai
dit
aux
autorités
andorranes
aujourd’hui, nous veillerons à ce que les intérêts de la
Principauté soient pris en compte dans ces négociations.
Voilà, mes chers compatriotes, les principaux sujets que
j’ai évoqués avec mes interlocuteurs tout au long de la
journée. Vous le voyez, ils touchent à la place d’Andorre
en Europe et à la relation même que nos deux pays
entretiennent. Cette relation va continuer à s’accentuer,
notamment grâce à vous, acteurs au quotidien de ce qui
réunit la France et Andorre.
Je terminerai avec une pensée toute particulière pour
nos bacheliers, et notamment les 167 élèves du Lycée
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Comte de Foix qui planchent cette semaine. Je pense
également à leurs familles, ainsi qu’à l’ensemble du
personnel du lycée, enseignant et non enseignant. C’est
l’occasion pour moi de souligner à quel point la France
est attachée à la Convention pour l’enseignement, dont
le troisième renouvellement a été signé en 2013. Des 25
accords bilatéraux qui nous lient avec Andorre – tous
très utiles – celui sur l’enseignement est sans doute l’un
des plus porteurs d’avenir, ne serait-ce que parce qu’il
concerne la jeunesse. Le système éducatif français, qui
fait partie intégrante du service public d’éducation
andorran, accueille 3600 élèves, soit un tiers de la
population scolaire.
Après quelques temps de désamour, les études
supérieures en France ont regagné en attractivité auprès
des jeunes en Andorre. C’est, vous le savez, la garantie
de la Francophonie, de la pérennité de notre langue et de
notre influence culturelle. Mais c’est également la
garantie du renforcement des liens privilégiés qui
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unissent la France à ce pays. Et nous continuerons à
travailler résolument dans cette perspective.
Vive la France, vive l’Andorre !
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