v - un amour infini : la charite - Notre

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v - un amour infini : la charite - Notre
V‐UNAMOURINFINI:LACHARITE
Centre Henri et André Charlier
Association Notre Dame de Chrétienté
V‐UNAMOURINFINI:LACHARITE
1.
Pourquoi placer tout notre pèlerinage dans le rayonnement de la Charité, vertu théologale ? En plus du thème général : "89, Pèlerinage du Coeur et de la Croix" et des trois sous‐thèmes de chaque journée ‐ la Très Sainte Vierge, la Croix et le Sacré‐Coeur ‐ nous avons voulu unir toute notre démarche spirituelle par la plus grandes de toutes les vertus : la vertu théologale de Charité. Ainsi, au cours des trois jours, dans vos commentaires de chapelets, méditations, mots d'ordre, souvent il faudra revenir sur le but de notre vie chrétienne et ce qui fera notre bonheur dans l'Eternité : l'Amour de Dieu pour nous, notre amour pour Lui et pour notre prochain. Il est facile de comprendre de quelle Charité brûlait le Coeur Immaculé de Marie durant toute sa vie, quelle fut la Charité de Jésus pour mourir sur la Croix pour nous : "in finem, dilexit nos, Il nous aima jusqu'au bout, jusqu'à la limite et au sommet de la Charité" dira saint Jean. Enfin, le Coeur de Jésus n'est‐il pas la manifestation extérieure et sensible de cet Amour de Dieu pour nous ? Cependant, il existe deux dangers principaux au sujet de la Charité : la limiter aux "oeuvres de charité", à "faire la charité" ; la confondre avec un vague amour des autres, un semblant de philanthropie ou de manifestations sensibles. Pour cela, nous vous demandons de lire avec attention cette partie sur la vraie Charité. Nous nous souviendrons de ce mot de saint Jean de la Croix : "Au dernier jour, nous serons jugés sur la Charité". 2.
Qu'est‐ce que la Charité ? "A présent, la Foi, l'Espérance et la Charité demeurent toutes les trois ; mais la plus grande d'entre elles, c'est la Charité. La Charité ne passera jamais" (I Cor. XIII‐13 ; XIII‐8). Saint Paul nous l'affirme : la Charité se place au sommet de toutes les vertus de la vie chrétienne. Pour le comprendre, nous regarderons quelle est sa véritable nature. Ainsi nous écarterons de nos idées des conceptions de la Charité qui ne correspondent pas au vrai sens que lui attribue toute la tradition catholique.
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A. Notre vie divine d'enfants de Dieu C'est seulement en replaçant la Charité au coeur de ce qu'est réellement la vie du chrétien que le regard peut discerner sa grandeur. "Si tu savais le don.de Dieu !" (saint Jean IV‐10). Au baptême, le chrétien a été enseveli dans la mort du Christ, il est ressuscité à une vie nouvelle. Purifié du péché originel, il reçoit la grâce sanctifiante qui fait de lui un enfant de Dieu. Il possède alors ce que l'on appelle la vie surnaturelle, c'est‐à‐dire une vie supérieure, non seulement à notre vie naturelle humaine mais aussi à celle des anges et de tout être créé : il possède la vie même de Dieu. Par la grâce sanctifiante, il participe à la vie intime propre à la Trinité Sainte. Ainsi la grâce ‐ appelée sanctifiante parce qu'elle sanctifie réellement le chrétien ‐ divinise le fond de notre être. Mais pour agir selon cette vie divine, les vertus théologales sont nécessaires. D'abord la Foi, qui nous fait adhérer à la Révélation de Dieu grâce à une lumière divine qui surélève et éclaire notre intelligence. L'Espérance, ensuite, nous fait tendre vers la "possession" de Dieu en nous confiant en sa Toute Puissance divine qui peut et veut, elle nous l'a promis, nous conduire jusqu'à la béatitude du ciel. Enfin, la Charité nous fait aimer Dieu par‐dessus tout, parce qu'il est la Bonté infiniment aimable, et notre prochain par amour pour Dieu. B. La Charité : amour surnaturel de Dieu Ayant situé la Charité dans notre vie d'enfants de Dieu, nous pouvons maintenant approfondir ce qu'elle est : 
une vertu : elle donne la capacité et l'inclination à effectuer un acte bon. 
surnaturelle : elle est une participation à la vie divine et ne peut avoir pour origine que Dieu lui‐même. C'est donc une vertu "infuse". La Charité se distingue ainsi de l'amour naturel pour Dieu que nous pouvons avoir par nos propres forces. 
théologale : son objet est Dieu lui‐même, dans le mystère de sa vie intime qui ne nous est connu que par la Foi. Seul le regard illuminé par la Foi peut discerner le motif de l'amour de Charité : la Bonté infinie de Dieu. Ce point est capital. C'est la Bonté divine elle‐même et non pas telle qu'elle peut être connue par ses effets, qui spécifie la Charité. Animé par un autre motif, l'amour de Dieu ne proviendrait pas d'une vertu théologale.
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de la volonté : elle s'enracine dans la volonté. Aussi la Charité est un amour tout spirituel, inaccessible à nos sens. Elle pourra provoquer un sentiment sensible en raison de l'unité foncière de l'être humain, mais ce ne sera qu'un effet secondaire. Un état de sécheresse peut coexister avec un ardent amour de Dieu. Saint Jean de la Croix enseigne même qu'il est nécessaire que l'âme connaisse une nuit des sens afin que purifiée, elle recherche d'abord le Dieu des consolations et non les consolations de Dieu. "Dieu est si incompréhensible, dira le Padre Pio, si inacessible, que plus une âme pénètre dans les profondeurs de son amour, plus le sentiment de cet amour diminue, à tel point qu'il lui semble ne plus aimer... Croyez‐moi : plus une âme aime Dieu, moins elle le sent". (Cité par M. WINOSKA ‐ Le vrai visage du Padre Pio ‐ Fayard, Livre de poche 1965 ‐ p. 107). 
qui nous fait aimer Dieu par‐dessus tout : Jésus nous le demande avec force dans l'Evangile : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toutes tes forces" (Mc XII‐30). "Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi" (Mt XVIII‐37). Notre‐Seigneur nous parlera même de haïr "son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses soeurs et même sa propre personne"(Lc 14,26) pour nous montrer combien nous devons le préférer à tout ce que nous avons de plus cher. La Charité est un feu dévorant qui conduit à tous les renoncements pour l'amour du Christ. 
et constitue une amitié entre l'homme et Dieu : Saint Thomas montre en effet que la Charité est un amour de bienveillance mutuel reposant sur la communication de la vie divine que Dieu nous fait. La réponse de l'homme à l'amour prévenant de Dieu consiste à s'offrir à lui, le louer, le glorifier et amener toutes les créatures qui l'ignorent à le connaître et à l'aimer. De plus, Dieu s'est rendu accessible: son Coeur a voulu s'identifier à tous les hommes et spécialement aux plus pauvres, de sorte qu'en leur donnant, c'est à Lui que nous donnons. 
... et du prochain par amour de Dieu Car l'amour qui nous porte vers Dieu nous conduit à aimer tous ceux que Dieu aime, autant que Dieu les aime et parce qu'il les aime. Il s'adressera à tous les hommes, créés à l'image de leur Créateur et appelés tous à participer à la vie intime de Dieu et donc à refléter un rayon de sa Bonté infinie. Le zèle pour la gloire de Dieu coïncidera avec le zèle pour la sainteté et le salut de tous les hommes. C'est pourquoi le Christ a tant insisté sur son commandement nouveau : Centre Henri et André Charlier
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"Voici que je vous ordonne : Aimez‐vous les uns les autres ... Aimez‐vous les uns les autres comme je vous ai aimés..." (Jn XV‐17 et XIII‐34). Saint Jean, le confident du Coeur de Jésus, transmettra la consigne : "Tel est le commandement que nous tenons de lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère" (I Jn IV‐21). Cet amour est inséparable : "Si quelqu'un dit : "J'aime Dieu" et a de. la haine pour son frère, c'est un menteur" (I Jn IV‐20). La Charité fraternelle est la loi des enfants de Dieu : "Bien‐aimés, aimons‐nous les uns les autres, parce que l'amour est de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu" (I Jn IV‐7). Mais ne nous y trompons pas, si cet amour a pour objet premier Dieu et pour objet second le prochain, il procède d'une vertu unique : la Charité. Pour cette raison, c'est le même motif qui nous fait aimer Dieu, la Bonté divine, qui nous fera aimer le prochain. Aimer en charité le prochain, c'est l'aimer pour l'amour de Dieu, avec Dieu et en Dieu. C'est se laisser pénétrer de l'amour même que Dieu porte à notre prochain. Sainte Thérèse de l'Enfant‐Jésus l'explique ainsi : "Ah ! Seigneur, je sais que vous ne commandez rien d'impossible, vous connaissez mieux que moi ma faiblesse, mon imperfection, vous savez bien que jamais je ne pourrais aimer mes soeurs comme vous les aimez, si vous‐même, 0 mon Jésus, ne les aimiez encore en moi. C'est parce que vous vouliez m'accorder cette grâce que vous avez fait un commandement nouveau. Oh ! que je l'aime puisqu'il me donne l'assurance que votre volonté est d'aimer en moi tous ceux que vous commandez d'aimer !... Oui je le sens, lorsque je suis charitable, c'est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus aussi j'aime toutes mes soeurs" (Histoire d'une âme, MsC ‐ Cerf DDB ‐ 1972 ‐ p. 252). Comme la Charité nous fait entrer dans la vie trinitaire, c'est de cette hauteur qu'il faut mesurer toute la valeur de notre amour pour le prochain. Servir le prochain par pure inclination naturelle ou par dévouement purement humain mais sans la Charité, ne porte pas de fruit pour la vie éternelle. "Quand je distribuerais tous mes biens, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la Charité, cela ne me sert à rien" (I Cor. XIII‐3). C. Le règne de la Charité Si la Charité est à ce point nécessaire, c'est qu'elle est l'âme de notre vie d'enfants de Dieu. Sans elle, l'homme demeure en état de péché mortel, détourné fondamentalement de Dieu. Avec la Charité, au contraire, toute notre vie est orientée vers la Trinité, notre fin dernière et notre béatitude. C'est la Charité qui élève, qui surnaturalise notre vie, qui lui donne toute sa valeur.
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Son emprise doit s'exercer sur toutes nos actions, qu'elle suscite et dirige. Car la Charité est active. Que serait, en effet, un amour de Dieu qui ne serait pas suivi par des actes ? "Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements" (Jn XIV‐15). De même l'amour du prochain réclame au moins l'accomplissement fidèle de tous nos devoirs à son égard. Saint Paul énumère ces effets de la Charité : "La Charité est longanime, elle est serviable ; la Charité n'est pas envieuse, ni fanfaronne, ni orgueilleuse, ni blessante ; elle ne cherche pas son avantage, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal subi ... elle excuse tout, supporte tout" (I Cor. XIII‐4,7). D'où sa recommandation aux Colossiens : "par‐dessus tout, revêtez‐vous de la Charité, qui est le lien de la perfection" (3,14). D. Les oppositions à la Charité La haine s'oppose directement à l'amour. Mais la Charité, en raison de son rôle d'animateur de notre vie d'enfants de Dieu, peut se perdre également par tout acte qui nierait en pratique le choix de Dieu comme fin dernière de notre vie et tuerait l'amitié sublime qui nous unit à la Trinité. C'est pourquoi tout péché grave est appelé mortel : il donne la mort à la vie de la grâce et à la Charité présente en nous. Cependant saint Thomas analyse certains péchés qui, sans aller jusqu'à la haine de Dieu ou du prochain, s'opposent aux actes propres de la vertu de Charité : la joie, la paix et la bienfaisance fraternelle. En particulier, il consacre toute une question (lIa lIaI qu. 39) au schisme, qui s'attaque à la Charité en tant qu'elle est l'âme de l'Eglise. L'Eglise est un Corps vivant et la vie qu'elle reçoit du Saint‐Esprit, c'est l'Amour même qui unit les Personnes divines. "Ce n'est pas pour ceux‐là seulement que je prie, disait Notre‐ Seigneur avant sa Passion, mais aussi pour ceux qui, par leurs paroles, croient en moi, afin que tous soient un. Comme Toi, Père, Tu es en Moi et Moi en Toi, qu'eux aussi soient un en nous, afin que le monde croit que Tu m'as envoyé" {Jn XVII‐ 20,21). Cette connaissance et cet amour de Dieu forment le mystère de l'Eglise et la substance de sa vie. D'où cette définition du Cardinal JOURNET : "L'Eglise, c'est la Trinité en tant que connue, aimée et possédée, ici‐bas dans l'obscurité de l'exil, plus tard dans la clarté de la patrie" (L'Eglise du Verbe Incarné, t. 2, p. 596). Le schisme brise cette unité sublime que réalise la Charité. E. Au pied de la Croix La Charité, vie du chrétien et vie de l'Eglise, surgit d'une source : le côté transpercé du Sauveur. Du haut de la Croix, le Christ attire tout à lui, nous obtient les trésors Centre Henri et André Charlier
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de la vie divine et les répand sur nous. Aussi, c'est au pied de la Croix, avec Marie notre Mère, que notre Charité pourra grandir par la contemplation assidue du Coeur de Jésus. Son progrès réalisera notre transformation à l'image du Christ dans une commun ion à la vie Trinitaire. "0 âmes créées pour de telles grandeurs ! 0 vous qui êtes appelées à les posséder ! Que faites‐vous ? A quoi vous occupez‐vous ? Vos prétentions ne sont que bassesses, et vos biens ne sont que misère. O triste aveuglement ! Les yeux de votre âme ne voient plus ! En présence d'une lumière si éclatante, vous restez aveuglés ! Comment ne voyez‐vous pas que si vous recherchez les grandeurs et la gloire de ce monde, vous restez vils et misérables, ignorants de tous ces trésors du ciel et indignes de les posséder ?" (saint Jean de la Croix, Le Cantique spirituel, str. 38). 3.
Hymne à la Charité ‐ I saint Paul Cor. Chap. XIII "Frères, j'aurais beau parler toutes les langues, celles des hommes et celles des Anges, si je n'ai pas la Charité, je ressemble à une cloche qui sonne, à une cymbale qui fait du bruit. Si je possède le don de prophétie, si je connais tous les mystères et tout ce qu'on peut savoir, et si j'ai toute la foi du monde, une foi à déplacer les montagnes, mais sans avoir la Charité, je ne suis rien. Même si je vais jusqu'à distribuer toute ma fortune en aumônes et si je livre mon corps au feu, sans avoir la Charité, c'est parfaitement inutile. La Charité est patiente, elle est cordiale. La Charité se refuse à toute jalousie, ne commet aucune indélicatesse ; elle n'est pas gonflée d'elle‐même. La Charité ne manque pas aux convenances, ne cherche pas son intérêt ; elle n'est pas sujette à l'énervement, ne fait pas entrer en compte le mal qu'on lui fait ; elle ne prend plaisir à aucune injustice, mais trouve à se réjouir dans tout ce qui est vrai. Elle excuse tout, elle fait confiance à tout, envers et contre tout elle garde l'espérance ; elle tient bon malgré tout. Jamais la Charité ne passera. Les discours inspirés ? Ils ne serviront plus de rien. Parler toutes les langues ? Cela n'aura qu'un temps. La science des choses divines ? Elle deviendra inutile. Pour le moment en effet, notre connaissance n'est que partielle, et partielles sont nos révélations. Mais quand viendra l'achèvement définitif, le provisoire disparaîtra. Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant ; j'avais les réactions et les raisonnements d'un enfant. Mais en devenant un homme, j'ai abandonné ces manières puériles. A présent, nous voyons, mais confusément comme dans un mauvais miroir ; alors, nous verrons face à Centre Henri et André Charlier
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face. A présent, je connais par bribes, mais alors je connaîtrai (Dieu) aussi bien qu'il me connaît. A présent la Foi, l'Espérance, la Charité demeurent toutes les trois ; mais la plus grande des trois, c'est la Charité". A. Nécessité (= existence) de la Charité Quant à l'être : "Si je n'ai pas la Charité, je ne suis rien". Place des charismes dans la vie chrétienne. La Charité qui nous unit immédiatement à Dieu, nous rendant agréables à Dieu, nous justifiant (= gratia gratum faciens) est supérieure aux charismes par lesquels un homme coopère au salut d'un autre homme en vue du bien commun de l'Eglise (= gratia gratis data). La Charité ou le néant ! Quant à l'agir : "Si je n'ai pas la Charité, tout ce que je fais ne me sert de rien". La Charité ne se confond pas avec les "oeuvres de Charité". "Faire la Charité" ne signifie pas "avoir" la Charité. La Charité ne se réduit pas à une philanthropie. Outre la matérialité des oeuvres, est requise la pureté d'intention. B. Description (= essence) de la Charité 
La Charité n'est pas soumise aux vicissitudes des sentiments humains, instables, transitoires, versatiles. La Charité n'émane pas de l'homme, elle est un don de Dieu, le don même de l'amour de Dieu. 
la Charité nous incorpore à l'Eglise, elle nous fait entrer dans cette mystérieuse solidarité des âmes, responsabilité commune, efficience réciproque, obligation mutuelle ... en ce sens, la Charité n'est pas envieuse, ni fanfaronne. Elle ne cherche pas son intérêt propre. 
la Charité est un amour de bienveillance, elle a le préjugé favorable, elle ne porte de jugements téméraires, elle est même plutôt naïve de croire tout et d'espérer tout que désabusée par le spectacle de la condition humaine. 
la Charité est une passion de l'éternel, patiente, n'agissant pas par précipitation, ne s'irritant pas, souffrant et supportant tout, c'est pourquoi elle ne cessera jamais.
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4.
L'Eglise et la Charité BOSSUET : Lettre à une demoiselle de Metz sur le mystère de l'unité de l'Eglise et les merveilles qu'il renferme : "L'homme se choisit son épouse, mais il est formé avec ses membres. Jésus, Homme particulier, a choisi l'Eglise ; Jésus‐Christ, Homme parfait, a été formé et achève de se former tous les jours en l'Eglise et avec l'Eglise. L'Eglise comme épouse est à Jésus‐Christ par son choix ; l'Eglise comme corps est à Jésus‐Christ par une opération très intime du Saint‐Esprit de Dieu. Le mystère de l'élection par l'engagement des promesses, paraît dans le nom d'épouse ; et le mystère de l'unité, consommée par l'infusion de l'Esprit, se voit dans le nom de corps. Le nom de corps nous fait voir combien l'Eglise est à Jésus‐Christ ; le titre d'épouse nous fait voir qu'Elle lui a été étrangère, et que c'est volontairement qu'il l'a recherchée. Ainsi le nom d'épouse nous fait voir unité par amour et par volonté ; et le nom de corps nous porte à entendre unité comme naturelle. De sorte que dans l'unité de l'épouse quelque chose de plus sensible et de plus tendre. Au fond, ce n'est que la même chose : Jésus‐Christ a aimé l'Eglise, et il l'a faite son corps. Voilà la vérité : Deux dans une chair, os de mes os et chair de ma chair ; c'est ce qui a été dit d'Adam et d'Eve, et c'est, dit l'apôtre, un grand sacrement en Jésus‐Christ et en son Eglise. Ainsi l'unité de corps est le dernier sceau qui confirme le titre d'épouse ... Il était de la sagesse de Dieu que l'Eglise parût tantôt comme distinguée de Jésus‐Christ, lui rendant ses devoirs et ses hommages ; tantôt comme n'étant qu'une avec Jésus‐Christ, vivant de son esprit et de sa grâce. Le nom d'épouse distingue pour réunir ; le nom de corps unit sans confondre, et découvre au contraire la diversité des ministères : unité dans la pluralité, image de la Trinité, c'est l'Eglise. Outre cela, je vois dans le nom d'épouse la marque de la dignité de l'Eglise. L'Eglise comme corps est subordonnée à son chef ; l'Eglise comme épouse participe à sa majesté, exerce son autorité, honore sa fécondité. Ainsi le titre d'épouse était nécessaire pour faire regarder l'Eglise comme la compagne fidèle de Jésus‐ Christ, la dispensatrice de ses grâces, la directrice de sa famille, la mère toujours féconde et la nourrice toujours charitable de ses enfants".
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BOSSUET ajoute : "Mais comment est‐elle mère des fidèles, si elle n'est que l'union de tous les fidèles ? ... Tout se fait par l'unité. L'Eglise, dans son unité et par son esprit d'unité catholique et universelle, est la mère de tous les particuliers qui composent le corps de l'Eglise. Elle les engendre à Jésus‐Christ, non en la façon des autres mères, mais en les tirant de dehors pour les recevoir dans ses entrailles, en se les incorporant elle‐même, et en elle au Saint‐Esprit qui l'anime; et par le Saint‐Esprit au Fils qui nous l'a donné par son souffle (Jean, XX‐22) ; et par le Fils au Père qui l'a envoyé, afin que notre société soit en Dieu et avec Dieu Père, Fils et Saint‐Esprit..." (Cité par C. JOURNET in "L'Eglise du Verbe Incarné"). Centre Henri et André Charlier
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