Entretien

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BILAN D’UN HDJ 80
« PREMIÈRE MAIN »
À 200 000 KM
Avec chaque voiture, j’ai toujours noté avec beaucoup de précision
chaque détail, chaque dépenses, chaque interventions
et même chaque plein de gazole. Aujourd’hui alors que le compteur
va dépasser les 200 000 km je suis en mesure d’effectuer un bilan
très précis sur les 16 années d’utilisation de ce Land Cruiser.
Texte et photos : Jacques Brezillon
Cadeau de Noël
Commandé en octobre 1996, ce
Land Cruiser « HDJ80 » était facturé
325 059 Francs avec peinture métallisée, attelage, lecteur CD et tapis de
sol, ce qui représente près de 50 000
euros et en l’absence de reprise, une
remise de 7% avait été offerte par le
concessionnaire. Il m’a été livré neuf
par Toyota Chambéry le 23 décembre
1996, un joli cadeau de Noël.
Ce modèle 1997 se différencie du
modèle 1996 par un air bag passager et le réglage électrique des phares
ainsi que d’autres petits détails. Le
VXV est bien équipé d’origine, il ne
lui manque que le cuir et les sièges
chauffants, option non retenue pour
ce véhicule qui a été acheté quasi exclusivement pour le raid africain.
Sacré palmarès
Après un sérieux rodage de 5 000
km, débute une petite préparation
« raid » avec le montage de 6 pneus
BFGoodrich Track Edge sur des jantes
acier, la pose d’un blindage avant, la
construction par le tonton menuisier
d’une caisse à compartiments et tiroirs qui est toujours en service, d’une
paire de protection de phares et d’un
compresseur EMS, soit un minimum
d’équipement. A noter que la concession Toyota a refusé la surélévation
de la caisse sous peine de perte de
garantie, je me suis donc « tanké » sur
pas mal de sifs pendant 3 ans avant
de connaître le bonheur d’une bonne
garde au sol, même si les amortisseurs d’origine étaient indestructibles.
Cette première année 1997 a dé-
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Un petit coup de main peut-être ?
À l’approche de Kouffrah en Libye en 2003.
Inouï la puissance du treuil.
buté par un raid au Portugal de près
de 5.000 km en juin, puis une ballade
dans les Dolomites et enfin le premier
raid en Libye pour ce Toyota qui retournera dans ce pays à 9 reprises
entre 1997 et 2008
Les Raids s’enchainent avec une
nouvelle Libye en 1998, la Corse,
puis retour en Libye en 1999 et cette
même année le fameux Raid Trans
Orient et les visite d’Alep, Palmyre,
Pétra, le Wadi Rum, Aquaba, le Désert
du Néguev, Jérusalem et l’embarquement de retour par Haïfa. En arrivant
à la maison le compteur affiche déjà
54 000 km, effectués quasi exclusivement sur 3 années de raids.
Encore 2 nouveaux voyages en Libye en 2000 et 2001, mais cette fois
le grand tour par le Waw An Namus
et Kouffrah et c’est en 2002 un raid
jusqu’à Dakar après un grand tour de
Mauritanie et retour par la côte. A nouveau la Libye de l’est en 2003 pour
un grand raid de près de 9 000 km,
et sur le chemin du retour le compteur passe les 100 000 km juste avant
Kairouan.
Année « tranquille » en 2004 avec
un petit raid en Tunisie, plus court mais
Je me suis amusé à noter le lieu de
chaque passage de chaque tranche
de 10 000 km :
10 000 km à Barcelone
retour du Portugal,
20 000 km à Darj en Libye
30 000 km dans le maquis corse
vers Bonifacio
40 000 km dans l’Erg Oubari
50 000 km à Ermenek en Turquie
60 000 km tout au fond
du Waw An Namus
70 000 km en bivouac à Bir El Gazell
80 000 km à Boujdour
100 000 km vers Kairouan
120 000 km dans la passe de Nema
130 000 km au milieu
de l’Erg de Mourzouq
150 000 km à In Aménas
170 000 km à Ghardaïa
180 000 km à Farahzad en Iran
190 000 km à Bir Gandour
sur le retour de Sierra Léone
L’un des multiples carnets de bord
où tout est soigneusement noté.
L’oasis de Kouffrah
permet d’irriguer
80.000 hectares de terre.
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Petite pause au col du Mont Cenis, en route pour l’Iran.
pas forcément plus facile. En 2005 le
HDJ80 sera au repos et 2006 commence dès le 03 janvier par la grande
boucle Tunis, Tamanrasset, Agades,
Gao, Tombouctou, le pays Dogon
et remontée par Mopti et Nema, un
merveilleux raid de plus de 13 000 km
avalés en 31 jours seulement.
De nouveaux retours en Libye
en 2007 et en 2008 avec les raids
Anai et le raid spécial HDJ80 entre
copains avec une nouvelle traversée du Mourzouk.
2010 et 2011 ont été consacrées à l’Algérie, le sud d’abord avec
le Tassili et le Hoggar, puis l’année
suivante plus à l’ouest jusqu’à Timimoun et 9 jours en immersion totale
dans les dunes.
Pas d’Afrique en 2012 mais direction plein Est avec un grand voyage
en Turquie et en Iran de plus de
14 000 km et la visite d’une partie
de ce grand et somptueux pays, des
pistes à plus de 4 000 mètres et bien
sûr les sites remarquables de Persepolis et Ispahan. Moins de 3 mois plus
tard nous repartions après Noël vers
l’Afrique avec cette fois la Guinée et la
Sierra Léone pour objectifs, en évitant
à regret le Mali.
A l’arrivée de ce dernier périple, le
compteur affiche 199 700 kilomètres.
85% ont été effectués sur un peu plus
de 20 Raids aussi variés que magnifiques, ou le Land Cruiser a vécu
quelques belles aventures, quelques
frayeurs aussi, mais jamais la moindre
défaillance.
Équipements
Le poids étant l’ennemi, j’ai toujours limité la course à l’armement. La
caisse du tonton menuisier est toujours en place et n’a pas bougé, je l’ai
juste modifiée il y a 2 ans pour
ajouter un petit frigidaire dont
je me suis passé pendant
14 ans. La galerie est utili-
sée uniquement dans les très grands
raids africains.
J’ai choisi du classique et de l’indispensable dans les équipements,
les pneus, les suspensions et les ressorts, 2 roues de secours les blindages avant et central, un bon compresseur, un schnorkel, deux filtres à
gasoil, un échappement latéral « mai-
L’Arche
de pierre dans
l’Akakous.
Epave d’avion
vers Djalo
en Libye.
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« Le doigt de Dieu » dans le désert
d’Akakous (2008).
Un peu de mécanique
avant de repartir.
Le Grand Garage,
une étape utile lors du raid Tassili.
son », un réservoir supplémentaire de
160 litres et un pare choc avant renforcé, c’est à peu près tout. J’ai opté
pour du matériel éprouvé et de qualité
sur les conseils avisés d’amis propriétaires de HDJ80.
Pour naviguer, un GPS Garmin et
un Panasonic CF 19, ainsi qu’une
VHF pour les liaisons radio. Je n’ai
jamais eu besoin de TRIP, même sur
les pistes Marocaines, le compteur
assez précis et le GPS permettaient
de suivre aisément un bon road book
ou un plan de navigation.
Intervention mécaniques
Sous garantie, ont été remplacés les tambours/disques arrière à
47 000 km (fissures sur le droit au niveau du tambour) ainsi que la vanne
EGR qui cassait régulièrement ses
joints. Après la fin de garantie ce dispositif a été abandonné.
Les vidanges et les filtres :
26 vidanges au total soit une en
moyenne tous les 7 680 km, avec toujours de l’huile de qualité, Castrol SLX,
Mobil Super S en 0W30 ou 10W40
Les plaquettes de frein :
7 remplacements, aussi bien à
l’avant qu’à l’arrière (le record est
45 300 km pour les avant et 41 300
pour les arrière)
Les batteries :
3 remplacements à
68 500 km 126 700 km
et 153 100 km
Le désert
de pierres.
Devant
une belle
mosquée
en Turquie.
Les pneumatiques :
Les belles jantes
d’origine sont toujours
dans le garage et ont très
peu roulé. Les excellents
pneus BFGoodrich Track
Edge, montés en 1997
ne se faisant plus, je suis passé aux
BFGoodrich All Terrain en dimension
235/85/16 dans un premier temps,
puis ensuite en 285/75/16. Au retour
de Sierra Léone après 14 000 km
l’usure du dernier train est faible et
régulière.
Un train de pneus neufs permet
d’effectuer 4 raids, le dernier jeu a
couvert 1 Libye, 2 Algérie et l’Iran soit
au total 51 360 km.
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Le moteur (comme neuf) au retour d’Iran en 2012.
Châssis repeint pour la 3e fois en 2012.
Ressorts et amortisseurs :
Je suis toujours resté sur le même
choix - le mariage King Springs renforcés (+10 cm) et amortisseurs Tough
Dogs - avec satisfaction car je n’ai
jamais cassé ni l’un ni l’autre. Le jeu
de ressort actuel est le 3e, tandis que
les amortisseurs sont remplacés plus
fréquemment en fonction des terrains
tous les 3 ou 4 raids au maximum.
Sages précautions
En dehors de l’entretien classique
qui a toujours été réalisé régulièrement
par la concession Toyota de Chambéry pendant les premières années puis
par le Garage Bressan à Saint Laurent du Pont, véritable expert es-80,
les interventions les plus importantes
ont été réalisées le plus souvent à titre
préventif.
A 142 000 km le moteur a fait l’objet d’une grosse révision avec le remplacement des injecteurs, la révision
et l’optimisation de la pompe à injection, un réglage du Turbo et la modification de l’échappement. Je n’ai plus
reconnu mon HDJ80 qui était devenu
paresseux et qui a retrouvé une santé
exceptionnelle après l’intervention du
magicien Bressan. Curieusement, la
consommation à même diminué !
Au niveau de l’entretien hors station service, les roulements avant ont
été remplacés, l’alternateur a été remplacé à 185 000 km (sable) ainsi que le
kit démarreur, c’est à peu près tout.
L’embrayage d’origine vient juste d’être
remplacé, le disque aurait pu faire en-
core 15 à 20 000 km, mais le roulement
de butée grognait un peu et le plateau
avait quelques traces de chauffage. Le
nouvel embrayage change totalement
les démarrages, plus doux et progressif
et plus aucun broutage après quelques
jours d’inactivité.
Le châssis a été soigneusement repeint dans les moindres détails à 3 reprises. Il s’agit d’un travail assez long et
ingrat, effectué au pinceau, après avoir
maintes fois passé au karcher, gratté
et nettoyé à la main, souvent avec un
couteau. Le résultat est toujours remarquable, le châssis paraît neuf. Au retour
de Raid, il s’agit juste de nettoyer et
de repasser la peinture spéciale châssis aux endroits qui ont été touchés.
L’intérêt de réaliser ces travaux régulièrement c’est de bien vérifier l’état des
dessous, vérifier l’absence de rouille,
de fuites de cailloux ou petits bouts de
bois coincés et de changer tous les 5
ans les silentblocs qui sont fatigués.
Bien sûr il convient de démonter les
roues, les blindages et aussi les ressorts et les amortisseurs ce qui est fastidieux quand on ne dispose pas d’une
fosse ou d’un pont.
Malgré un traitement majoritairement hors asphalte, ce Land Cruiser
conserve un état général et un fonctionnement nettement supérieur aux
véhicules de cet âge. Un des secrets
repose sur l’entretien général avec
des vidanges régulières, le remplacement du filtre à air au milieu de chaque
raid, de l’huile de haute qualité, pas
de démarrages à froid, pas de grande
La caisse du Tonton n’a pas bougé depuis 1996.
Le « One by One », c’est le bac à une place.
distances à pleine charge, et toujours
attendre 15 à 20 secondes avant d’arrêter le moteur chaud, à fortiori en raid
après des efforts importants.
Consommation
Ce point a fait, lui aussi, l’objet
d’une inscription régulière et détaillée
du livre de bord, un récapitulatif annuel
clôturant chaque année civile.
Ainsi le 80 a englouti 28.192,37
litres de Gasoil ce qui représente
15 633,77 euros avec une moyenne
basse de 0,554 euros le litre en raison
du faible prix du carburant en Libye,
Algérie et Iran et d’un usage assez li-
mité en France.
Sur 199 429 km la moyenne ressort à 14,13 litres aux 100 avec des
extrêmes très éloignés, la plus basse
consommation ressort à 10,21 litres
aux 100 sur un parcours routier de
682 km sur l’île de Beauté ou la vitesse est assez basse, tandis que le
record s’établi à 35,87 litres aux 100
sur une grosse journée de sable mou
du côté de Timimoun.
Quelques petits Bobos
Au rang des petits wsoucis il faut
avouer 7 crevaisons, mais c’est bien
peu finalement et la plupart du temps
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Bivouac glacial à 2 400 m d’altitude.
Le Kaoline en 2006.
causés par un clou de fer à cheval, un
tournevis Chinois ou autre morceau
de ferraille…
Quelques déjantages aussi, mais
facilités par la peinture époxy des
jantes (le piège à éviter), le condensateur de clim qui se casse sur une petite dune (protégé ensuite par un patte
en acier) quelques bavettes arrières
perdues dans les dunes, la glace du
conducteur qui remonte entre la glissière et l’acier, le pare brise « sablé » par
le vent de sable qu’il faudra remplacer
2 fois, le lecteur CD qui rend l’âme à
cause du sable, la ceinture de sécurité conducteur qui se grippe pour les
mêmes raisons, vraiment rien de très
méchant ou d’anormal en raison de
l’usage particulier de ce Land Cruiser.
A chaque retour de raid avec des
dunes il faut régler le frein à main, mais
ce n’est jamais une surprise, on le sait
en partant. Ceci dit c’est quand même
un peu gênant sur le bateau du retour
quand la mer est forte… il vaut mieux
le signaler aux hommes d’équipage
qui mettront des chaines de sécurité.
Coût total de l’entretient
sur 16 ans
Il y a des comptes qu’il ne faudrait
pas faire ! Tout au moins à ne pas faire
Raid Tassili en Algérie en 2010.
voir à son conjoint !...
En additionnant l’ensemble des révisions et l’achat des pièces neuves
emportées plus l’équipement (hors
GPS, VHF et PC) nous arrivons quasiment en 16 ans à 39 000 euros (78%
du prix d’achat) mais un tiers de cette
somme résulte exclusivement de l’utilisation en Raid et du stock conséquent de pièces neuves emportées
en secours.
Il est toujours possible de se trouver quelques excuses ou compensations, ainsi en considérant que j’ai dormi, seul ou à deux, plus de 500 nuits
dans ce Land Cruiser, à 40 euros « la
chambre » ça paye la moitié des frais
d’entretien ! Nous voilà rassuré.
Et Demain ?
Equipé d’amortisseurs, ressorts,
pneus, alternateur ayant tout juste
14 000 km, d’un embrayage et de
toutes les courroies neuves dont la
distribution, il est prêt pour de nouvelles aventures. Avec de fidèles amis
et leurs 80 tout aussi fringants, nous
préparons un voyage Bresil/Urugay
pour cette fin d’année 2013, un peu
plus compliqué en termes d’accès
mais une véritable terre inconnue qui
nous fait tous rêver.
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