fit redécouvrir la Place des Vosges à l`atelier d`écriture

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fit redécouvrir la Place des Vosges à l`atelier d`écriture
Atelier parisien du 27 juin 2014 : Marianne Legrand
fit redécouvrir la Place des Vosges à l'atelier d'écriture
L'atelier du 27 juin s'est tenu Place des Vosges. L'ambiance de fin
d'année scolaire y était exceptionnelle et a inspiré les quelques
« Clequiens », trop peu nombreux, qui ont pu se dégager.
Marianne, en s'appuyant sur le livre de Dominique Lesbros (*), qui
nous a fait la surprise de sa visite, les a invités à observer et à
composer.
(*) « Curiosités des monuments de Paris », Parigramme
Jeu n°1 : Renommer la Place des Vosges et remplacer la statue de Louis XIII
Madeleine suggère Place des galeries d'art... Avec, au centre de la place une sculpture
représentant peintres et écrivains du siècle dernier, portraits aux couleurs vives, brillantes, de Dali,
Picasso, Vian.
Michèle verrait bien Place des Folies en pensant aux jeunes en folie de fin d'année, aux
batailles d'eau dynamiques, aux jeux coquins des filles et garçons... et à " Salut les copains" avec
un brin de nostalgie, celle de nos 15 ans.
La statue ? Inaugurée en Juillet 2014 : reflet d'un événement que je vous laisse deviner. Sa
conception devait être inédite et le sculpteur se décida pour un matériau transparent. Au pied de
l'athlète, une énorme boule, disproportionnée par rapport au reste du corps. Réalisée dans un
magnifique plexiglas bleu, blanc, rouge, on voyait déjà ce magnifique ballon filer en direct dans les
cages de but sur les terrains brésiliens.
Gérard penche plutôt pour une Place Jules Maigret. Si Georges Simenon offre, brièvement,
un domicile au commissaire Maigret, au 21 place des Vosges, c’est que lui, en effet, y avait habité.
Sur cette place on élèvera donc les trois éléments relatifs à Maigret : une pipe, un bock et un
chapeau.
André : Je propose Place d'Anjou, en supposant qu'un Duc du même nom y ait bien un jour
installé une garçonnière pour ses rendez-vous galants. En seconde raison, admettons que l'Anjou
soit la région d'origine de toutes ces ardoises qui font une si belle unité des toitures.
Pour la statue, il s'agirait de réparer une injustice : alors que le père, Henri IV, fut le
promoteur de l'affaire, s'est coltiné tout le boulot, c'est son fiston qui tire les draps à lui, et trône sur
la place. Il faudrait donc, au minimum, ériger une statue de Henri IV. Et puis, comment oublier
celui qui devint célèbre grâce à lui : Ravaillac ? Je verrais bien ce dernier à côté de l'autre, bras
tendu très haut, le couteau de boucher en main, faire peur aux enfants visitant le square. Si l'artiste
pouvait lui donner le regard un peu fou de l’exalté, ce serait parfait.
JEU n°2 : Trouver un autre usage à cette place, en intégrant si possible son passé.
Lettre d'un parisien d'adoption à Me Hidalgo, maire de Paris
Franchement, madame la maire, je viens encore ce jour de m'en rendre compte : la Place des
Vosges, emplacement parfaitement géométrique mérite une autre utilisation que ce fourmillement de
quidams incultes, ces cris de gamins mal élevés, ces tabagies puantes d'hommes et de femmes en
manque de terrasses, d'étudiants avachis, de pique-niqueurs ennuyeux.
Sa forme en ferait selon moi un magnifique terrain de football pour peu que l'on procède à
quelques ajustements mineurs parfaitement compatibles avec vos contraintes budgétaires.
Les grilles existent déjà : il suffirait de les rehausser de quelques mètres pour se conformer aux
règles de sécurité de la FIFA.
CLEC - Atelier d'écriture parisien du 27 juin 2014 – Page 1/3
Pour les tribunes, il faudrait d'abord multiplier et aménager les balcons, puis installer des gradins
sur toute la chaussée... Là encore, rien de bien difficile.
Évidemment les riverains verraient un peu moins le soleil, mais ils auraient en contrepartie un
spectacle gratuit.
Pour ce qui est des échoppes et des galeries, je suis convaincu qu'elles gagneraient à s'adapter au
goût du jour et à l'actualité en se recyclant dans les produits dérivés. Imaginez un instant les plus grands
peintres et sculpteurs travailler de concert le thème du ballon rond. Les débouchés seraient assurés.
Bien d'autres éléments pertinents pourraient encore étayer ma proposition, je me propose de vous
les formuler de vive voix.
Enfin, madame la maire, il va sans dire que la première rencontre opposerait la France à
l'Espagne, initiative qui pourrait être reconduite chaque année, par exemple le 14 juillet.
Dans l'attente de vous lire, …
Signé : André B.
Une autre destinée (Michèle)
Le nouveau Maire de Paris, avait promis de faire venir la campagne dans la capitale. Ce projet
allait donc être mené à bien sur la Place des Vosges. La ferme auvergnate, arrivée par la A75, fut
remontée pierre par pierre. Coiffée de son toit de lauzes, elle avait fière allure. Dans le petit pré qui
l'entourait ne manquaient que quelques vaches Salers...
A côté d'elle, fut installée une magnifique longère normande : colombages, toit de chaume.
Quelle allure avec ces magnifiques pommiers et ces moutons en train de paître près du pressoir.
L'emplacement de ces charmantes rurales ne suivait aucun ordre géographique et bientôt vint l'Alsace et
sa belle demeure fleurie sur la cheminée de laquelle le nid de cigogne ne fut pas oublié. Quelques plants
de cépage avaient été plantés.
Je vous laisse imaginer les autres provinces représentées : de nombreux visiteurs venaient sur la
Place des Vosges remodelée, prendre un air de campagne, un air de vacances, un air de France.
La place des Vosges manque de modernisme. Il est temps de remplacer les allées sablées du parc
et les fontaines par des dômes de circonférences différentes enchevêtrés les uns dans les autres. Les
matériaux choisis, transparents mais de couleur bleu, vert, turquoise afin de rappeler aux gens le nom de
la place. Chaque dôme recevrait une activité particulière : jardin potager pour les parisiens devenus
citadins ruraux, piscine bocal pour les curistes en veine de massage et refusant de quitter la capitale. Un
autre dôme couleur azur et jaune rappellerait les plages chaudes et sablonneuses d'Afrique. Quelques
palmiers importés du jardin des plantes agrémenteraient ce paradis artificiel. Le dôme le plus rond, le
plus haut, décoré comme les montagnes en hiver de sapins résistant à la pollution et couvert d'ersatz de
neige plastique couvrirait un ciel étoilé pour les rêveurs. Toutes sortes de gens s'y rencontreraient.
(Madeleine)
La place sera reconfigurée en forme d’arobase @. L’allée sera délimitée par des souris et clés
USB en pierre. Le reste sera une cour plantée de carrés de gazon symbolisant le clavier AZERTYUIOP.
Les grilles seront remplacées par des écrans, isolant phoniquement la place, qui diffuseront en continu la
totalité de l’œuvre écrite et filmée de George Simenon. Tout le reste sera virtuel et immatériel (bancs,
arbres, etc.) De plus, la place sera dotée d’un dispositif qui rendra inopérant les appareils photo, les
portables, tablettes et autres. (Gérard)
Jeu n°3 : Trois paris de plus sur la place
Il y eut beaucoup de paris, notamment galants, autour de cette place.
Pourquoi pas un de plus aujourd'hui ?
Assis sur un banc, il sortit de sa poche un sifflet et courut dans le parc : "Tout le monde
dehors. Alerte! Alerte! On ferme, on ferme". Indécis les gens hésitaient : se lever, partir ? Un
tour, deux puis trois, cinq. Quand le jardin fut vide il retourna s’asseoir et seul murmura : j'ai
gagné mon pari. (Madeleine)
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Lorsque les organisateurs du Tour de France se réunirent en janvier 2014 pour préparer
le tracé de 2015, après le copieux repas largement arrosé, un délégué proposa qu'une étape
passe par la place des Vosges en empruntant les arcades. Un tour, deux tours, dix, plus... le
débat fut vif, à la mesure du vidage des verres de liqueur. De spéculation en objections,
d'approbations en hésitations, finalement pari fut pris entre les joyeux drilles, de proposer
l'affaire à la mairie de Paris. A ce jour on ne connaît pas la décision de l'instance, mais la cote
est déjà attractive sur Internet. (André)
Jules Maigret avait fait le pari de ne pas fumer sa pipe pendant huit jours. Apparemment, il
avait réussi, ce que ne savait pas madame Maigret, c’est que dans son bureau, derrière le
portrait de Clemenceau en pied, se situait une porte dérobée qui permettait de fumer à
l’extérieur, sans empester l’appartement. (Gérard)
Jeu n°4 : La date mystérieuse
Au n°25, une mystérieuse pierre indique 28 avril 1764.
Que s'est-il passé selon vous ce jour-là ?
Gérard rappelle que Nicolas Restif de la Bretonne, qui comme chacun sait, courait
allègrement le guilledou et les demoiselles, même quand elles ne l’étaient plus depuis belle
lurette, s’exposait donc corps et âme (quoique pour cette dernière il ne craignait pas grandchose compte tenu de son impiété notoire), aux dangers des rencontres furtives et inconnues.
C’est le 28 IV 1764 qu’il contracta une affection particulière qui le fit tant souffrir et le
contraignit à une si longue abstinence qu’il en grava la date dans la pierre.
Pour Madeleine, l'amoureux éconduit, déçu, n'avait pu épouser la fille de Gaspard. "Je
passerai vingt huit jours après tes noces" avait-il promis. Ainsi grava-t-il son dernier passage
espérant revoir sa belle. La lune luisait. Il disparut. Depuis, le vingt huit avril, la nuit on entend
claquer une porte et des cris ressemblant à ceux d'un loup, place des Vosges.
Pour André, cette inscription est la formulation précise d'un rendez-vous, donné par un
monsieur à une dame du quartier. Ainsi, il faut lire que l'invite est pour le 28 avril à 17 heures
64. Évidemment 17 heures 64, cela paraît curieux aujourd'hui, mais comme l'affaire se passait
au 18e siècle, il eut été suspect de graver 1804 pour 18 heures 04. A moins que le monsieur fort
cultivé n'ait voulu détourner les soupçons par cette erreur grossière qui ne peut qu'être le fait
d'un ignare...
Jeu n°5 : Le grand chambardement
Lorsque nous sortons de la Place des Vosges tout a changé autour de nous, même l'époque.
La fatigue se faisant sentir, un seul écrivant parvient au but...
Bon, d'accord, on est restés un bout de temps sur cette Place des Vosges à disserter avec plus ou
moins de pertinence sur des paris improbables, des rendez-vous inavouables et autre billevesées, mais
quand même, tout cela n'a pas duré un siècle !
Et là, à peine mis le nez à la porte de sortie, que vois-je, tout ébahi ? De l'eau, de l'eau, encore de
l'eau. Paris est inondé. La mer à perte de vue... Au loin, seules la Tour Eiffel et la Tour Montparnasse
émergent encore.
Avec les 25-26° de cet après-midi, on ne peut pas sérieusement parler de réchauffement
climatique ! Et puis cela n'expliquerait pas avec une telle brutalité du phénomène. Impossible ! Je dois
rêver.
Tout compte fait, je vais rester ici encore un moment. Prudence, prudence...
Faisons comme convenu le tour des arcades. Peut-être que dans un moment la marée se sera
retirée...
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