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LA GAUCHE NE DOIT
PLUS ABANDONNER LA
LAÏCITE !
Contribution thématique au congrès de
Poitiers du Parti socialiste.
Contribution Thématique présentée par :
OURAOUI MEHDI
LES PREMIERS SIGNATAIRES:
Mehdi Ouraoui (ancien SN à la Laïcité), Charlotte Brun (adjointe à la Maire de Lille),
Marc Coatanéa (1er Sec. Féd. du Finistère), Naïma Charaï (Conseillère régionale
d'Aquitaine), Stéphane Delpeyrat (VP Conseil régional d'Aquitaine), Colette
Capdevielle (députée des Pyrénées Atlantiques), membres du Conseil National.
LES SIGNATAIRES:
Mehdi Ouraoui (ancien SN à la Laïcité), Charlotte Brun (Adjointe à la Maire de Lille),
Marc Coatanéa (1er Sec. Féd. du Finistère), Naïma Charaï (Conseillère régionale
d'Aquitaine), Stéphane Delpeyrat (VP Conseil régional d'Aquitaine), Colette
Capdevielle (Députée des Pyrénées Atlantiques), membres du Conseil National.
TEXTE DE LA CONTRIBUTION
La laïcité est en danger dans notre pays. Nous devons assumer de le dire aussi
clairement. Parce que nous sommes socialistes, nous sommes universalistes,
féministes et laïques, Au nom de ces valeurs, qui nous rassemblent par delà nos
sensibilités, nous voulons lancer un message d’alarme.
Des terroristes intégristes tuent des journalistes au nom du blasphème et des
citoyens parce qu’ils sont juifs. Le racisme a désormais table ouverte dans le débat
public, et les discriminations quotidiennes forment un cercle vicieux avec le
communautarisme qui contamine nos ghettos urbains, sociaux et scolaires. On a vu,
en France, un siècle après la loi de 1905, des religieux au premier rang de
manifestations contre les droits des femmes et des homosexuels. On voit chaque jour
grandir sur les réseaux sociaux qui ne sont que le reflet de notre société, le
conspirationnisme et une contre-culture anti-républicaine.
Comment en est-on arrivé là ? Les problèmes sociaux, le contexte international et les
conflits dans le monde arabo-musulman, ou tout simplement l’affirmation des
croyances personnelles sont des explications qui méritent d’être analysées. Mais rien
ne justifie jamais la violence, l’obscurantisme et l’intolérance. Nul ne peut prétendre
sérieusement combattre l’injustice sociale par le meurtre du policier Ahmed Merabet
ou du soldat Imad Ibn Ziaten. Il est honteux d’usurper le malheur des enfants de
Gaza ou de Syrie pour justifier l’assassinat ignoble d’enfants français dans une école
juive. Aucune intime conviction n’autorise à comparer les centres IVG à des camps
de la mort ou à refuser, au nom du sacré, le mariage civil aux homosexuels. Face à
ces comportements, la réponse de la République doit être d’une fermeté totale.
Le temps des diagnostics est dépassé, la maladie est connue. La République est
minée par le désenchantement d’une partie des citoyens, exploité par ce que
l’historien israélien Zeev Sternhell appelle les « anti-Lumières » : cette alliance
objective d’extrémistes politiques, de fondamentalistes religieux, de marchands de
haine, liés par leur commune détestation des valeurs de progrès et d’émancipation.
La gauche n’est pas exempte de responsabilités. Trop souvent, faute de garantir
l’égalité républicaine, elle a cédé à la tentation différentialiste : faute d’offrir à chaque
citoyen l’accès à l’Ecole, au logement, à l’emploi, à la vie politique, elle a laissé
chacun se replier sur sa communauté d’origine, sur son quartier, sa religion. On sent,
aujourd’hui, plus que jamais, le risque de céder à un multiculturalisme soi-disant «
tempéré », qui acterait notre renoncement collectif à être des égaux, pour orienter
notre pays vers le modèle anglo-saxon. Nous refusons cette capitulation.
Nous refusons tout autant le dévoiement de la laïcité en arme d’intolérance et de
stigmatisation. Assez des aigreurs zemmouriennes et des fantasmes de « grand
remplacement » ! La droite et l’extrême-droite ont abîmé la laïcité, en la prenant pour
prétexte à leur obsession identitaire. La manipulation de la laïcité par Nicolas
Sarkozy, Chanoine de Latran, qui a le premier parlé de « préfet musulman » et de
discrimination positive, est une tartufferie. Tout comme l’est le mensonge sinistre de
Marine Le Pen qui, entourée d’intégristes et de racistes, trahit la laïcité lorsqu’elle
multiplie les diatribes anti-musulmans ou conteste aux femmes le droit de disposer de
leur corps. La République doit se réapproprier le feu de la laïcité qui lui a été volé
par ces usurpateurs. Et c’est à la gauche de porter ce flambeau, comme elle l’a fait
historiquement.
Pour cela, nous souhaitons que la gauche, et en particulier les Socialistes,
réaffirment plusieurs principes fondamentaux.
Avant tout, le PS doit recréer de la fierté laïque, réaffirmer que la laïcité est l’autre
nom du bonheur français. Elle est partagée par l’écrasante majorité des citoyens, qui
au quotidien vivent, travaillent, se marient ensemble dans une intégration presque
unique au monde. La laïcité est le pilier central de cette fraternité et de cette
tolérance : le rôle de la laïcité n’est pas d’exacerber les différences ni de les nier,
mais de créer l’espace où elles se conjuguent. Surtout, le camp laïc, ce sont 65
millions de Français qui, chaque jour dans leur diversité de conscience, cultivent la
paix civile et n’ont pas à subir les pressions ni encore moins les violences de
quelques intégristes de toutes obédiences. Nous, pratiquants de la laïcité venus de
tous horizons, sommes la majorité sociale de la France, cela doit suffire à imposer le
respect à ceux qui prétendent la mettre en cause. Ne nous laissons plus faire par
ceux qui veulent nous diviser !
Il n’y a pas, dans notre pays, de guerre de civilisations qui opposerait les religions,
une en particulier l’Islam, à la démocratie. Il y a une lutte, totale, où se confrontent la
République et les extrémistes qui veulent sa chute.
Pour préserver notre bonheur collectif, il faut assumer la fermeté laïque. Etre fermes,
cela signifie condamner toute exaction commise contre les croyants mais aussi au
nom des religions. C’est refuser la poussée des revendications communautaires,
dans les services publics mais aussi dans les entreprises ou l’espace public. C’est en
finir avec les petits accommodements politiciens qui visent à financer de façon
détournée les lieux de cultes ou les établissements scolaires. C’est refuser que
certains de nos concitoyens s’enferment, ou soient enfermés malgré eux, dans des «
communautés », réduits à leur pratique religieuse, mis en demeure d’être des
religieux « modérés » au lieu d’être simplement considérés comme des français. C’est
refuser le déferlement des propos racistes qui les visent actuellement.
La fermeté laïque c’est surtout affirmer que la laïcité n’est pas une opinion parmi
d’autres mais le lieu où peut s’épanouir une totale liberté de conscience : les textes
fondamentaux de notre pays garantissent autant le droit de croire que de ne pas
croire. Il faut dire sans frémir : dans la République, on peut tout aussi librement
pratiquer les religions que les critiquer.
Enfin, le Parti socialiste doit porter une nouvelle ambition laïque, en particulier pour
l’Ecole. Lorsque la laïcité est attaquée, l’Ecole doit plus que jamais être la première
priorité de la République. De nombreuses initiatives ont été prises depuis 2012 par le
Gouvernement et méritent d’être saluées. Mais la situation est grave comme en
témoignent les nombreux incidents dans les établissements au moment du drame de
Charlie Hebdo, et plus massivement encore les 150 000 décrocheurs rejetés par le
système chaque année. L’inégalité scolaire frappe si largement et si durement nos
enfants qu’elle transcende les questions de religion, d’origine ethnique, de zones
urbaines ou rurales. L’Ecole ne peut régler tous les problèmes de la société, a fortiori
si la société ne règle pas les problèmes de l’Ecole. C’est autour de sa refondation
que doit se faire l’unité nationale.
Face à la situation de notre pays, nous demandons un « plan d’urgence laïque »,
dont les premières propositions sont :
1- Commander un audit national sur l’ensemble des financements publics en faveur
des cultes, et y mettre un terme, y compris lorsque ces activités sont présentées
comme « culturelles »
2- Revenir sur la loi Carle de 2009 obligeant les communes à financer la scolarité des
élèves dans les établissements privés confessionnels situés dans d’autres communes
(Art. L.442-5-1 et L.442-5-2 du code de l’éducation).
3- Permettre, par la loi, aux entreprises et structures de droit privé de faire respecter
la neutralité religieuse en leur sein
4- Donner un temps d’antenne sur les chaînes publiques de télévision aux
mouvements philosophiques non- confessionnels
5- Demander aux élus de ne plus s’exprimer, es qualités, lors des offices religieux
auxquels ils sont amenés à participer.
6- Faire entrer l’ensemble des territoires de la République, y compris l’Alsace-Moselle
et les outre-mers, dans le champ d’application de la loi de 1905, et supprimer dès
avant cela le délit de blasphème.
7- Tenir l’engagement présidentiel n°46 en intégrant la loi de 1905 dans la
Constitution
Louis Pasteur écrivait : « Ce sont les Grecs qui nous ont légué le plus beau mot de
notre langue: le mot «enthousiasme» - du grec en-theo, Dieu intérieur. » Nous
voulons que la gauche porte, pour la France, un nouvel enthousiasme laïque.
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contribution :