Immobilier ancien : les prix sont repartis à la hauss
Transcription
Immobilier ancien : les prix sont repartis à la hauss
mercredi 4 janvier 2017 LE FIGARO 20 L'ÉVÉNEMENT Immobilier ancien : les prix sont repartis Cette année, les spécialistes s’attendent à ce que le coût des appartements et des maisons continue à JEAN-YVES GUÉRIN £@jyguerin LOGEMENT Oubliée la baisse des prix dans l’immobilier ancien qui a fait reculer de 7 % à 8 % les tarifs de la pierre entre 2012 et 2015. L’année dernière, pour la première fois depuis 2011, les prix des biens immobiliers se sont remis à grimper. Une augmentation mesurée mais bien réelle. Suivant les réseaux d’agences immobilières, cette hausse est comprise dans une fourchette de 1 % à 2 %. Orpi l’estime à 1 %, Century 21 à 1,7 %, Laforêt à 1,9 %. Et, selon tous les spécialistes, l’inflation des prix devrait se poursuivre cette année à un rythme très raisonnable. « Nous tablons sur une augmentation des tarifs de 1 % à 2 % en 2017 », affirme Laurent Vimont, président de Century 21. « Les prix ne vont pas s’envoler mais pourraient augmenter de 2 % à 3 % », souligne de son côté Jean-François Buet, président de la Fnaim. Un mouvement que l’élection présidentielle et son lot d’atermoiements ne devraient pas suffire à remettre en cause. Si la tendance s’est inversée, si l’immobilier ancien a repris des couleurs, les taux incroyablement bas (1,35 %) des crédits immobiliers en sont la principale raison. « La baisse des taux a resolvabilisé énormément de ménages et a augmenté le nombre d’acheteurs potentiels, affirme le président de Century 21, Laurent Vimont. Avec des taux à 1,5 %, il suffit pour un ménage d’avoir un revenu de 2 100 euros net par mois pour acquérir un bien de 150 000 euros entièrement à crédit alors qu’avec des taux à 4 % il faut un revenu mensuel de 2 500 euros. » Ces taux de crédit très faibles ont aussi boosté les ventes de logements neufs. « Or, quand le marché du neuf se porte bien, cela dynamise l’ancien car ceux qui achè- Prix moyen au m2 (ANCIENNES RÉGIONS) variation sur 12 mois SEINE-SAINT-DENIS 2 968 € -2,9 % VAL-D'OISE + 1,5% 2 710 € 3 192 € + 4,2 % de 1 175 € à 1 499 € de 1 500 € à 1 999 € de 2 000 € à 2 999 € supérieur à 3 000 € PARIS YVELINES 8 447 € ESSONNE 2 675 € SEINEET-MARNE + 2,6 % + 4,9 % + 4,7 % BASSENORMANDIE 2 181 € -0,5 % 1 545 € CHAMPAGNEARDENNE + 3,3 % 1 332 € DÉTAIL -0,2 % BRETAGNE Une bonne santé du marché immobilier qui ne doit pas faire plonger dans une euphorie béate. « Compte tenu de l’augmentation de ce qui se construit chaque année, le taux de rotation n’aura été que de 2,4 % en 2016, contre 2,6 % à 2,7 % dans les années 2005, 2006 et 2007 », tempère Jean-François Buet. En attendant, comme il y a plus d’acheteurs, mécaniquement les prix montent. Reste que le phénomène n’a pas la même intensité partout. Les très grandes métropoles qui sont les premières à profiter du léger redémarrage économique en France 1 488 € 1 833 € + 0,3 % HAUT-DE-SEINE 5 337 € + 1,8 % NORD-PASDE-CALAISPICARDIE HAUTENORMANDIE VAL-DE-MARNE 3 949 € tent un logement neuf vendent souvent un logement ancien avant », explique Jean-François Buet. Résultat, on n’aura jamais vendu autant de maisons et d’appartements que l’année dernière : entre 840 000 et 850 000 transactions selon les spécialistes. Et les biens se vendent plus vite : 79 jours à la fin de l’année dernière selon Orpi, contre 81 jours début 2016. LORRAINE 1 375 € + 0,5 % + 3,4 % ALSACE 1 958 € 2 082 € + 6,5 % PAYS DE LA LOIRE 1 922 € + 3,9 % CENTREVAL DE LOIRE 1 528 € BOURGOGNE + 0,1 % -1,1 % 1 236 € FRANCHE-COMTÉ 1 589 € -1,1 % + 5,8 % POITOUCHARENTES 1 553 € -6,6 % LIMOUSIN 1 175 € AUVERGNE -8,3 % 1 275 € RHÔNE-ALPES 2 549 € + 3,2 % -3,3 % AQUITAINE 2 184 € + 6,6 % Paris PROVENCE-ALPESCÔTE D'AZUR MIDI-PYRÉNÉES 1 492 € -3,2 % 3 538 € + 3,8 % LANGUEDOCROUSSILLON 1 984 € Les crédits immobiliers coûteront un peu plus cher A GUILLAUME ERRARD £@GuillaumeErrard Après un an de baisse continue, les taux d’intérêt ont très légèrement augmenté en décembre à 1,34 % en moyenne (toutes durées confondues). Qu’en sera-t-il pour cette année ? Les taux devraient repartir à la hausse. Mais emprunter reste, malgré tout, intéressant. Certains courtiers s’attendent à une augmentation progressive et limitée durant les prochains mois, de l’ordre de 0,1 % à 0,2 %. Ainsi, les taux moyens sur 20 ans devraient se situer autour de 1,7 % contre 1,5 % environ actuellement. Ce qui représente, pour un emprunt de 200 000 euros, une hausse des mensualités de près de 19 euros. Sur 25 ans, les taux devraient passer de 1,6 % à 1,8 %. « Les banques n’ont d’autres choix que de maintenir des taux très bas sous peine de voir ralentir fortement la demande, ce qui pourrait nuire à la réalisation de leurs objectifs commerciaux très ambitieux pour 2017 », affirme Maël Bernier, de Meilleurtaux.com. D’autres courtiers prévoient des hausses de taux de crédit un peu plus importantes. « Nous anticipons une remontée comprise entre 0,3 et 0,5 point dans le courant de l’année, soit des taux compris entre 1,8 % et 2 % sur 20 ans », affirme Sandrine Allonier, de VousFinancer.com. Une progression de 0,5 point d’un taux à 1,5 % pour un crédit de 200 000 euros sur 20 ans entraîne une augmentation de 47 euros des mensualités et une hausse de plus de 11 000 euros du coût total du crédit. Les Français, qui désirent souscrire un prêt immobilier ou renégocier leur crédit, ont bien compris qu’il était temps de frapper à la porte de leur banque. Et ce d’autant plus que les prix affichent de nouvelles hausses, modestes certes mais bien réelles. Ainsi, les demandes de crédit immobilier ou de renégociation se sont envolées de plus de 40 % en 2016 (deux tiers d’acquisitions et un tiers de renégociations). Mais les banques ont un ordre de priorité bien précis. « Elles privilégient les acquisitions au détriment des rachats », précise Philippe Taboret, directeur adjoint de Cafpi. “ Les banques n’ont d’autres choix que de maintenir des taux très bas ” MAËL BERNIER, MEILLEURTAUX.COM Les primo-accédants, qui représentent plus de 40 % des emprunteurs, devraient continuer à acheter. Selon VousFinancer, le coût total d’un crédit de 200 000 euros sur 20 ans est passé de 52 021 euros en janvier 2016 à 33 836 euros ce mois-ci. Soit une économie de plus de 18 000 euros, pour une mensualité qui est passée, en un an, de 1 050 à 974 euros. Cerise sur le gâteau, beaucoup de ceux qui achètent pour la première fois peuvent aussi bénéficier du prêt à taux zéro qui doit prendre fin au 31 décembre prochain. ■ 8 447 € PRIX MOYEN au m2 en 2016 + 4,9 % 422 098 € ÉVOLUTION 2015-2016 PRIX MOYEN d’acquisition 51,4 m2 SUPERFICIE moyenne Source : Century 21 + 2,9 % Source : Century 21 Louer avec Airbnb, rentable mais souvent illégal MARIE BARTNIK £@mariebartnik Lyon et son agglomération 2 620 € PRIX MOYEN au m2 en 2016 + 5,1 % 223 122 € 86,2 m2 ÉVOLUTION 2015-2016 PRIX MOYEN d’acquisition SUPERFICIE moyenne Source : Century 21 Marseille et son agglomération PRIX MOYEN au m2 en 2016 ÉVOLUTION 2015-2016 PRIX MOYEN d’acquisition SUPERFICIE moyenne Source : Century 21 2 625 € + 2,4 % 202 696 € 76,5 m2 Dans les villes de France les plus touristiques, louer son bien via Airbnb s’avère souvent plus intéressant sur le papier que la location de longue durée. Selon une étude du site meilleursagents, la location saisonnière d’une petite surface dans la capitale, via une plateforme comme Airbnb, rapporte en moyenne 2,6 fois plus que la location longue durée. Dans le centre de Paris, où la demande touristique est très forte, elle est jusqu’à 3,5 fois plus intéressante, si bien qu’il suffit, du côté de la cathédrale Notre-Dame, de louer son bien immobilier neuf nuits pour générer l’équivalent d’un mois de loyer. Les investisseurs ne s’y trompent pas : au grand dam de la mairie de Paris, le centre de la capitale est gangrené par la location saisonnière. « Depuis 2009, nous estimons que 20 000 logements destinés initialement à la location longue durée ont été retirés du marché. Une grande partie d’entre eux ont été transformés en meublés touristiques », déplore la mairie de Paris. Au point qu’une petite partie de la baisse de la population parisienne constatée par l’Insee entre 2009 et 2014 serait, selon l’Hôtel de ville, à imputer à ce phénomène. D’autres villes, à l’instar de Bordeaux, voient le nombre de logements voués à la location saisonnière augmenter. Mais dans la capitale, première destination au monde d’Airbnb, l’attrait du meublé touristique est d’autant plus fort que le rendement de la location longue durée a baissé du fait de l’encadrement des loyers et de la hausse des prix de la pierre (+ 6,2% de hausse sur un an attendue à Paris en janvier). «Le rendement de la location résidentielle classique oscille entre 2 % et 6 % par an, nets de charges et d’impôts, précise Éric Pompon, directeur Immobilier chez Meeschaert Gestion Privée. Les seuils les plus faibles sont observés dans les villes où l’immobilier coûte déjà très cher, comme Paris. » La mairie de Paris à l’offensive L’alternative entre location saisonnière et location longue durée est cependant faussée par les contraintes qui pèsent sur la première. Dédier un bien à cette activité suppose en effet de solliciter, dans les villes de plus de 200 000 habitants, une autorisation quasi impossible à obtenir. À moins de louer son propre logement moins de quatre mois par an (soit 10 nuits par mois environ), les revenus issus de la location saisonnière sont le plus souvent illégaux. Afin de lutter contre ce phénomène, la mairie de Paris a mis en ligne au début de l’année 2016 un site recensant les biens loués à des touristes en toute légalité. Elle devrait par ailleurs accroître cette année la taxe sur les résidences secondaires, à 25 % au lieu de 12,5 %. ■