N° 49 - Génération Médiateurs
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N° 49 - Génération Médiateurs
N°49 - Octobre 2013 Génération Médiateurs Infos GESTION DE CONFLITS ET MÉDIATION SCOLAIRE LE HARCELEMENT Formations externes 2013/2014 Strasbourg : 21-22-23 octobre 2013 Dijon : 24-25-26 février 2014 Le Mans : 28-29-30 avril 2014 Sommaire 1 • Edito "MAMAN, JE NE VEUX PLUS ALLER À L'ECOLE" Il s'appelait Sébastien, et il avait 13 ans. Sébastien bégayait un peu. C'était suffisant. Ses parents, alertés en parlent au professeur principal. Pour tout le monde, l'affaire est close. Aucun nouvel incident, Sébastien ne se plaint plus, il ne dit rien. Puis un jour de mars, le collégien reçoit un appel. La communication dure trois minutes, il remonte dans sa chambre … Et se pend. Normal, sans doute. 2 • « C’est du harcèlement ? » 3 • Témoignage 4 • Infos GM GÉNÉRATION MÉDIATEURS Association agréée par le Ministère de l’Education nationale 80, rue de l’abbé Carton 75014 Paris (Métro Alésia) Tél : 01 56 24 1 6 78 Email : [email protected] Venez visiter notre site internet ! www.gemediat.org Darline était en troisième, elle avait 15 ans. Régulièrement insultée et harcelée via le réseau social Facebook en raison de sa manière de s'habiller et de se maquiller, elle décide de renchérir. Elle se bat violemment avec l'une des filles, meneuse du groupe. Le lendemain, cette dernière débarque dans l'immeuble où vit Darline, accompagnée d'une quinzaine de camarades ; ils tambourinent à sa porte : ses parents sont là. Croyant à une simple histoire entre adolescentes, le père tente de les calmer, et demande à sa fille de s'excuser. Elle s'exécute, retourne alors dans sa chambre se bande les yeux pour ne pas avoir peur du vide, et se défenestre. Un fait divers, me direz-vous…. Après ces incidents, une seule question : pourquoi ? Mesdames et Messieurs , la cause que je m'apprête à défendre devant vous aujourd'hui, n'est pas seulement celle de Sébastien ou de Darline mais aussi celle de Jamey, de Noélanie, de Chloé … et des 1 million et 200 000 autres élèves persécutés dans les écoles de France. Cette cause ne parait sans doute pas aussi noble que les Grandes Causes Internationales défendues aujourd’hui dans cette salle ; mais ce n’en est pas moins le terrible quotidien de milliers et même de millions de jeunes élèves. (….) Camille VALENTE N°49 - Octobre 2013 J’ai sensibilisé des élèves de 5ème et 4ème au harcèlement ... « C’est du harcèlement ça, M’dame ? Mais c’est juste pour rire !... - Toutes façons, même si on veut en parler les adultes ne nous écoutent pas ! - J’suis pas une balance, moi, je vais pas dénoncer ! - Et puis si j’en parle, on va encore plus m’embêter ! » L’année dernière au collège de Septèmes (13), nous avons démarré une action de sensibilisation des élèves sur le harcèlement scolaire. Lors de ces interventions de 2 heures dans les classes de 5ème et de 4ème, jeux de rôles, vidéos, discussions ont permis de délier les langues sur un sujet qui reste encore tabou au sein des établissements. Il faut dire que les élèves avaient tous suivi une formation à la médiation auparavant, et parler d’émotions, de besoins, de valeurs ne leur était pas complètement étranger. Au cours de la séance, les élèves se livraient davantage en parlant d’amis qui vivaient ces situations ou de leurs expériences passées. En fin de cours, quand tous les élèves étaient partis, certains revenaient pour me confier leur vécu de victime ou de témoin. « 85% des scènes d’intimidation se produisent dans le cadre d’un groupe, caché aux yeux des adultes (D. Pepler, « L’intimidation et la victimisation »,1997) ». Il n’aura fallu que deux heures de discussions et l’aide de la formation à la médiation pour permettre à quelques élèves de venir témoigner. Ce premier pas sera suivi cette année d’une sensibilisation et d’une formation des adultes de la communauté éducative : repérer et gérer les cas de harcèlement, prendre en charge les victimes et harceleurs et assurer leur suivi. Florence Savey Professeur au collège Marc Ferrandi (13) Formatrice GM Infos Harcèlement Aujourd’hui 10% des écoliers et collégiens sont victimes de harcèlement. Les conséquences sont parfois dramatiques : décrochage scolaire, désocialisation, anxiété, dépression, conduites suicidaires. Et les docteurs D. Wolke et W. Copeland ont montré qu’ à long terme, victimes et harceleurs ont 6 fois plus de chance d’avoir des maladies sérieuses, plus de risque de devenir fumeurs réguliers et de développer des troubles mentaux (étude publiée dans le journal « Psychological Science » 2013). 2 numéros de téléphone pour victimes, témoins, parents, adultes des établissements… Stop harcèlement : 0 808 80 70 10 Net écoute concernant le cyber harcèlement : 0820 200 000 Affaire à suivre Pour satisfaire les diverses demandes de nos partenaires, le Comité Pédagogique prépare un module sur le harcèlement qui devrait être opérationnel au printemps... Suite édito... Chaque année, au Mémorial de la Paix à Caen, sont organisés les concours de plaidoiries. Camille VALENTE, alors élève au Lycée Victor Hugo de Caen, fut la lauréate du concours 2012, niveau Lycée. Avec son aimable accord vous avez pu lire l’introduction de sa plaidoirie. Pour lire la plaidoirie en entier et en savoir davantage sur son action : http://mamanjeneveuxplusalleralecole.org/association/ N°49 - Octobre 2013 A PROPOS DU CLIP INDOCHINE tent très démunis. Je vous livre mon vécu à partir de ce qui était vivant dans chaque élève. J'ai acclip ensemble et je vous livre leurs réac- cepté d'aller à leur rencontre sur ce sutions : jet. Et j'ai pu constater que la prise de "c'est n'importe quoi", "c'est très vioconscience s'est faite parce que je n'ai lent" ,"ça n'arrive pas de crucifier quelpas condamné la violence apparente qu'un, comme ça". mais tenté de découvrir avec eux le J'ai approfondi avec eux le sens du mot sens que cela pouvait prendre et comcrucifixion : « être puni, être montré à ment cela les interpellait. tous comme ayant commis une faute, être jugé, être tué... » De là à proposer ce clip comme support Puis, je leur ai demandé s'ils pouvaient pédagogique, il y a un pas que je ne me dire ce qui était "reproché" à ce franchirai pas. jeune : « il est homosexuel ». Je les ai ensuite questionnés ainsi : Cependant, je me demande comment « Est-ce que le châtiment infligé à ce aborder la violence psychologique faite jeune est en rapport avec ce qui, chez à ceux qui sont différents, à l'école lui, dérange certains élèves de sa comme dans la société ou dans les enclasse ? » treprises, pour la faire toucher du doigt « C'est odieux, atroce, inacceptable, véritablement à ceux qui en sont les humiliant... » me répondent-ils. témoins ou les acteurs ? Je leur fais ensuite cette suggestion : « Imaginez maintenant que la violence Je n'ai pas de réponse qui me satisphysique faite à ce jeune dans ce clip fasse. Je ne parviens pas à dire ni que représente en réalité la violence psycho- ce clip est trop violent ni qu'il est génial logique qu'il reçoit. Qu'en pensezIL EST ! vous? » Et parce qu'il existe et que de nombreux Et là, j’assiste à un basculement exjeunes vont le regarder, l'ont déjà regartraordinaire du groupe. dé, je pense qu'il est essentiel d'accomTous prennent conscience de ce que pagner, de décrypter, de faire réfléchir peut vivre une personne jugée, condam- et de donner des clés d’actions posnée par quelques uns, sans que persibles. sonne ne réagisse (toutes les personnes présentes dans le clip ont les Le harcèlement est toujours d’actualité. yeux bandés). Quand il y a tentative de Sensibiliser, donner à comprendre pour faire cesser ces brimades, les intervepermettre les réactions positives est nants se retournent contre le jeune en toujours d’actualité. lui infligeant de nouvelles blessures psychologiques tandis que les harceleurs Le clip ne l’est plus puisqu’il a été interaux gueules d'ange qui ont pu agir en dit. Pour autant, il continue de circuler et toute impunité, rentrent avec tous les d’être regardé. Je n’y fais plus référence autres dans le rang . mais j’utilise d’autres supports dont ceux Dans mon groupe des jeunes réagissent de Génération Médiateurs. et disent "oui, on a une responsabilité quand on laisse faire !" - "Mais comment Ce qui me questionne au cours de ces oser ?" - "Comment être sûr que quand temps de sensibilisation, c’est que les on en parle aux adultes, ils vont vraijeunes, à plus de 80 % ne font pas conment assurer ?" fiance aux adultes pour gérer les situations de harcèlement scolaire. Ne faut-il A la fin de la séance, un élève reste, s' pas poursuivre la réflexion au niveau approche, timide et ému et me dit national afin de donner du contenu pour "merci". Quand je lui demande d'explisensibiliser les enseignants et les paquer les raisons de son merci, il me ré- rents à la gestion de ces situations ? vèle avoir été harcelé en classe de 5ème et que ce clip, il l'a vu, il s’est Christiane Fasilleau identifié et senti reconnu dans la soufFormatrice Médiatrice france de ce jeune ce qui lui permet d'en Niort parler aujourd'hui. Témoignage Donc, nous avons écouté et visionné le Lorsque le clip d’Indochine est paru, en accompagnement de leur chanson sur le harcèlement, les réactions ont été nombreuses et très partagées, notamment sur la question de savoir s’il était justifié de montrer autant de violence pour illustrer un tel sujet. Bien évidemment, les membres de Génération Médiateurs n’ont pas dérogé à ce questionnement que j'ai partagé et nourri par l’expérience menée avec des élèves de lycée autour de la violence scolaire. Avant de visionner le clip j'ai commencé par écouter la chanson, seule. Un peu comme un livre que l'on lit, qui suscite des images, des projections. Puis j'ai regardé le clip comme un film qui s'inspire du livre que l'on vient de lire et j'ai découvert un monde tellement différent de ce que la chanson m'avait suggéré que cela m'a interloquée ! Pardonnez-moi, mais ce qui m'a saisi, ce n'est pas la violence physique, c'est le décalage entre les mots de la chanson et les images qui l'illustrent. Les paroles de la chanson ne décrivent pas la violence que peut ressentir une personne harcelée en raison de sa différence. J'ai trouvé la chanson très "gentillounette" et c'est le clip, à mon avis, qui donne du poids, de la teneur et du sens à la chanson. Alors, ce clip, nécessaire ou pas ? Depuis le début de mars, je conduis des interventions auprès d'élèves de seconde et de première autour de la violence scolaire dans le cadre de projets "éducation à la santé et à la citoyenneté". Je suis frappée par la difficulté des jeunes à agir par eux-mêmes, à donner leur point de vue notamment lorsqu'un élève est pris pour cible par un autre, mais aussi par les doutes exprimés sur la capacité des adultes à gérer ces situations de violence. Ils sont dans une grande souffrance parce qu'ils se sen- Alors, apologie du clip ? Certainement non. N°49 - Octobre 2013 COQUILLETTE LA MAUVIETTE- Un album-CD Actes Sud, 2012 Un conte humoristique qui permet de travailler le phénomène du harcèlement. Lorsque Malo naît, sa beauté fait l’admiration de ses parents. Mais une coquille d’escargot se met à pousser sur son dos, ce qui suscite les sarcasmes de son frère et oblige ses parents à s’adapter. Malo est l’objet de toutes les curiosités les plus insolites. A l’école il est vite la cible des railleries et des méchancetés. Il devient « Coquillette la mauviette ». On y retrouve deux camps qui s’affrontent : les défenseurs de Malo, dirigés par Nina, et les persécuteurs, dirigés par les frères William. .. 5 chansons marquent les principales étapes du récit : elles expriment les réalités les plus cruelles … Marie MANDELLI Formatrice Génération Médiateurs DU CHANGEMENT ! ENCORE DU CHANGEMENT ! Notre Rentrée : Jennifer Roodnejad est partie vers d’autres responsabilités, Véronique Pacon, notre nouvelle Assistante Administrative la remplace et est à votre écoute : Lundi - Mercredi - Jeudi de 9H à 17H (N° de téléphone et mail inchangés) Notre nouvelle adresse ! Génération Médiateurs peut maintenant vous accueillir dans un lieu plus spacieux : 80, rue de l’abbé Carton 75014 Paris Métro : ligne 4 Alésia / ligne 13 Plaisance J'adhère à Génération Médiateurs et je soutiens l’action de l’association Je verse : 5 € (mineurs) 10 € (étudiants) 40 € (établissements, associations, etc.) 20 € (individuels) 30 € et plus (membres bienfaiteurs) - et je reçois le GMI. Nom : ……………………………………………….. Prénom : …………………………………………... Adresse : …………………………………………… Tél : ……………………………….…….…………. ……………………………………………………….. E-mail : ……………………………………………. GENERATION MEDIATEURS 80, rue de l’abbé Carton 75014 Paris Tél : 01 56 24 1 6 78 - Email : [email protected] - Site internet : www.gemediat.org Association agréée par le Ministère de l’Education nationale