des grands projets urbains aux grands projets de ville - I

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des grands projets urbains aux grands projets de ville - I
DES GRANDS PROJETS URBAINS
AUX GRANDS PROJETS DE VILLE
1. Présentation des Grands Projets Urbains
Le programme des Grands Projets Urbains a été lancé entre 1991 et 1994 sur la base de
décisions du Comité Interministériel des Villes. Il est conçu initialement pour répondre à des
dynamiques de déclin que les instruments traditionnels de la politique de la ville (DSQ,
contrat de ville) ne permettent pas d’enrayer. Il concentre des investissements massifs sur une
quinzaine de sites1 dévalorisés en terme spatial (grand ensemble isolé des autres quartiers de
la ville, renfermé sur lui-même, mono-fonctionnel, mal desservi par les transports en
commun), en terme économique et social (chômage, délinquance) et en terme d’image
(mauvaise réputation sur le marché de l’habitat, quartier rejeté par les entreprises).
L’objectif des Grands Projets Urbains est de réinsérer le quartier dans son agglomération, en
s’appuyant sur des opérations lourdes de transformation urbaine inscrites dans la durée (10 à
15 ans).
1.1)
Une grande diversité de situations… .
Des grands ensembles à forte dominante HLM, mais de taille variable…
Les sites en GPU présentent de grandes diversités. Les quartiers en difficultés concernés sont
principalement des ensembles à très fortes dominantes HLM réalisés sous forme de ZUP, de 5
à 9 000 logements, comme Vaulx-en-Velin, les Minguettes à Vénissieux, le Val d’Argent à
Argenteuil, le Val Fourré à Mantes-la-Jolie, les quartiers nord d’Aulnay-sous-Bois, la Pierre
Collinet et Beauval à Meaux… D’autres sites présentent des quartiers HLM plus petits, mais
présentant aussi une forte acuité de problèmes, comme la Noé à Chanteloup-les-Vignes (2 000
logements) ou la Grande Borne à Grigny/Viry-Châtillon (3 500 logements).
… ou bien, à l’inverse, dont le poids des copropriétés privées est très fort
Certains sites présentent de très grandes copropriétés : Grigny 2 (5 000 logements), les
Bosquets à Montfermeil (1 500 logements), ou celles du Bas-Clichy à Clichy-sous-Bois (2
400 logements).
Mais aussi des tissus anciens mélangés aux formes d’urbanisation récente
1
Les sites en Grand Projet Urbain sont Vénissieux / Les Minguettes (1991), Montfermeil / Les Bosquets et
Clichy-sous-Bois (1991), Mantes-la-Jolie / Le Val Fourré puis Mantes-la-Ville / Les Merisiers (1993),
Gennevilliers / Le Luth (1993), Aubervilliers / Les quartiers anciens, Saint-Denis / Les Francs-Moisins et La
Courneuve / les 4000 (1994), Marseille / les quartiers nord (1993), Vaulx-en-Velin (1993), Roubaix / L’Epeule,
L’Alma, Le Cul du Four, L’Hommelet, L’Union, Tourcoing / L’Epidème, La Bourgogne, Croix /Saint-Pierre et
Wattrelos / La Mousserie (1993), Aulnay-sous-Bois / les quartiers nord (1993), Argenteuil / Le Val d’Argent
(1992), Grigny / La Grande Borne et Grigny 2 (1992), Epinay-sur-Seine / Le centre-ville, Orgement, Les Presles
(1994, démarrage effectif : 1997), Meaux / La Pierre Collinet et Beauval (1997), Chanteloup-les-Vignes / La
Noé (1998).
1
Le GPU de Roubaix/Tourcoing se caractérise par une imbrication au sein de mêmes îlots
d’anciennes usines en friches ou en semi-friche et d’habitat ancien vétuste ; il existe aussi des
cités d’habitat social, mais de beaucoup plus petite taille.
Les quartiers nord de Marseille sont constitués de noyaux villageois anciens (Saint-Antoine la
Viste, l’Estaque, Saint-Henri, Saint-André,… ), de 3 cités HLM : la Castellane, plan d’Aou et
la Bricarde (3 000 logements cumulés), ainsi que d’espaces non urbanisés ou de friches
industrielles.
On retrouve sur Aubervilliers dans le GPU, ainsi que sur Saint-Denis, un tissu ancien
comparable dans sa situation à celui de Roubaix/Tourcoing.
1.2 ) … et des « objets » urbains difficiles
En outre ces quartiers en GPU constituent pour certains d’entre eux des « objets » urbains de
conceptions aujourd’hui dépassée. Il n’est pas envisageable de retrouver pour ces territoires
une attractivité sans une transformation en profondeur. A titre d’exemples, on peut citer :
• des centres commerciaux, pourtant faisant fonction de centralité urbaine, conçus comme
des objets fermés, introvertis, et qui ne donnent à voir à la ville que leurs façades
aveugles, voire leurs parkings et leurs quais de déchargement (Vaulx-en-Velin, Vénissy,
Epicentre, Mantes 2, Chêne-Pointu à Clichy-sous-Bois) ;
• des urbanisations de dalles et de coursives, séparées de la circulation des voitures, sans
rapport à la rue, qui forment des entrelacs de circulation complexes, peu lisibles, et
insécures (Epinay-sur-Seine –centre ville, copropriété de la Forestière à Clichy-sous-Bois,
dalle du Val d’Argent nord) ;
• des ilôts urbains « forteresses », voire des quartiers tout entier qui sont en quelque sorte
« réservés », sans osmose possible avec leur environnement : on ne les traverse pas, on les
contourne ; ces configurations viennent soit de la forme des bâtiments, soit de la
conception en cul de sac, soit de l’illisibilité des voies et cheminements qui génèrent un
sentiment d’insécurité, soit de grandes coupures urbaines les séparant physiquement… et
socialement (les Peintres dans le Val-Fourré, la Grande Borne, la Noé, la Rose des vents à
Aulnay-sous-Bois, plan d’Aou, le plateau des Minguettes) ;
• des ensembles d’une conception urbaine monolithique où il est excessivement difficile de
changer une partie sans mettre en cause l’ensemble ; ils sont en définitive figés et résistent
à l’évolution naturelle de la ville (la Grande Borne, la Noé).
2. Bilan des réalisations
2.1 De nombreuses réalisations
Les grands projets urbains ont permis de nombreuses réalisations. On peut en citer les
principales, soit déjà réalisées, soit dont la réalisation est lancée. L’évocation qui suit ne
saurait en aucune façon être exhaustive.
Le centre commercial « Mantes 2 », au cœ ur du quartier du Val Fourré (25 000 habitants) à
Mantes-la-Jolie, a été transformé radicalement après la mise en ordre de multiples
copropriétés emboîtées. Il a été ouvert vers l’intérieur, après aménagement de son cœ ur
comme place de ville relié à un boulevard surélevé. Parallèlement, des hôtels d’entreprises ont
été mis en location, des quartiers entiers ont été réhabilités, un projet de restructurationdémolition du quartier le plus dense et le plus enfermé du Val Fourré (le quartier des Peintres)
2
est lancé, comprenant notamment un volet de remise à niveau de la gestion urbaine (entretien,
accompagnement social des jeunes, sécurisation). La ZAC Sully, en cours de réalisation dans
le cadre de la zone franche urbaine, verra l’installation en 2000 de moyennes entreprises
industrielles et tertiaires.
A Vaulx-en-Velin (27 000 habitants dans l’ancienne ZUP), un nouveau centre-ville fait d’îlots
et de rues vient d’être livré pour partie et remplace le grand centre commercial introverti dont
la démolition vient d’être engagée. Parallèlement, des différents quartiers de l’ancienne ZUP
sont repris en profondeur : les espaces extérieurs de la grande copropriété contigüe au centreville ont été totalement réaménagés, un des grands quartiers HLM est en restructuration
complète (réaménagement des espaces extérieurs, percées dans les bâtiments, réorganisation
et sécurisation du stationnement)… En même temps est menée une politique éducative locale
très dynamique, ainsi qu’un ensemble significatif d’actions de renforcement de la médiation
sociale, de prévention de la récidive, de formation interpartenariale des agents des services
publics (police nationale, police municipale, travailleurs sociaux).
A Roubaix-Tourcoing2 (60 000 habitants), la reconquête urbaine est entamée en profondeur
par un très important programme : résorptions de friches par la réalisation de parcs urbains ou
d’équipements sportifs ; réhabilitations de bâtiments industriels emblématiques de l’histoire
de la ville en équipements sociaux, de loisirs, culturels ou économiques ; réalisation
d’équipement de quartiers et de pôles de services publics ; développement de contrats de rue
qui coordonnent les interventions sur l’espace public, les rez-de-chaussée commerciaux, les
logements en étage… Sur le quartier HLM de la Bourgogne, le projet de cœ ur du quartier
autour de la nouvelle station de métro va démarrer.
Dans les quartiers nord d’Aulnay-sous-Bois (25 000 habitants), le quartier du Merisier a été
réhabilité, en résidentialisant les espaces extérieurs, ainsi que la Brise, premier îlot test avant
généralisation à l’ensemble de la Rose des vents (les « 3 000 »). En même temps tout un
ensemble de projets a été développé par le GPU dans le champ des services de proximité,
(antennes multi-services, système régisseur ville-bailleur pour l’entretien en temps réel), ainsi
que dans le champ de l’insertion, de la formation, de l’accès à l’emploi et du développement
d’activités économiques en fédérant les sept structures intervenant soit en direction des
demandeurs d’emploi, soit en direction des entreprises.
Dans le Haut-Clichy et la cité des Bosquets à Montfermeil (16 000 habitants), une importante
recomposition des Bosquets (1 500 logements) est en cours : remembrements, réhabilitations,
démolitions, remodelage et maillage des rues. Un nouveau centre de Loisirs, « le centre de
loisirs Moulinsart », s’est ouvert à l’emplacement de la première barre démolie. Une maison
de services publics regroupant une quinzaine d’institutions3va ouvrir au cœ ur de ce quartier.
Une nouvelle voie dessert des terrains susceptibles d’accueillir des entreprises dans le cadre
de la zone franche. Une équipe opérationnelle très performante travaille sur la copropriété en
très grandes difficultés de la Forestière (500 logements) dans le cadre d’un plan d’intervention
rassemblant tous les partenaires et mobilisant travaux d’urgence, reprise de la gestion,
administration provisoire, négociation avec un repreneur HLM, actions judiciaires, etc. Dans
le Bas-Clichy (8 000 habitants), la reprise immobilière du centre commercial du Chêne
2
Qui concerne également deux quartiers sur des communes limitrophes : Saint-Pierre à Croix, et la Mousserie à
Wattrelos
3
De façon permanente ou sous forme des permanences régulières : poste de Police, bureau de Poste, mission
locale pour l’emploi, CAF, CPAM, EDF/GDF, RATP/Transporteur privé, France Télécom, VIVENDI, Ordre
des avocats, CCIP, sous-préfecture du Raincy, villes de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil
3
Pointu, en vue de sa restructuration, et de sa réouverture complète après l’implantation d’une
moyenne surface locomotive et d’un bureau de Poste vient de se concrétiser.
A Grigny et Viry-Châtillon (25 000 habitants), une convention d’objectifs sera signée d’ici la
fin de l’année entre les villes, le département, la région, l’Etat et le bailleur HLM sur la
Grande Borne spécifiant l’ensemble de actions de ce dernier, les autres partenaires
s’engageant par ailleurs dans le cadre du grand projet sur les autres actions indispensables au
redressement global du quartier. Ces engagements concernent d’une part le renforcement de la
gestion de proximité et de l’entretien du patrimoine, et d’autre part, la participation à un projet
à moyen et long terme d’aménagement nécessaire à l’évolution du quartier. Sur la copropriété
de Grigny 2 (5 000 logements), une équipe opérationnelle a développé une connaissance très
détaillée des situations des familles en vue d’asseoir une stratégie active de prévention du
risque de paupérisation accélérée qui menace une copropriété qui jusqu’à présent a été
remarquablement entretenue. Le centre commercial de Grigny 2 va être réhabilité à l’occasion
de la réimplantation d’une moyenne surface. Enfin la vaste opération d’aménagement de la
plaine agricole séparant ces deux grands ensembles a démarré en matière de développement
économique et va voir dès début 2000 la réalisation d’un ensemble cohérent d’opérations de
nettoyage de friches, de trame paysagère, de maillage de nouvelles rues ou liaisons piétonnes,
de constructions, extensions, réhabilitations d’une série d’équipements publics, l’effet de
masse attendu de cet ensemble de réalisations ayant pour ambition de donner du crédit au
GPU en montrant qu’une vraie transformation est à l’œ uvre, marquant ainsi une rupture avec
le passé.
Au cœ ur du quartier nord du Val d’Argent à Argenteuil (28 000 habitants), un ambitieux
projet architectural de restructuration se réalise, visant à concentrer l’appareil commercial
dans sa partie centrale, à résidentialiser des îlots, à transformer certains bâtiments, à organiser
des liaisons urbaines entre le terrain naturel et la dalle, à qualifier l’espace public, à
recomposer et développer les équipements publics.
A Vénissieux, les Minguettes (25 000 habitants) ont vu d’importantes transformations
urbaines des espaces extérieurs de certains de ses quartiers : Montchaud, et la Darnaise sur
laquelle un nouveau système de rues a été tracé, définissant des îlots qui ont été
résidentialisés ; en même temps les bâtiments ont été réhabilités. Vient de démarrer la
réalisation d’un pôle de service public au cœ ur du centre commercial Vénissy qui rassemble
un point préfecture, une mairie de quartier, une maison du département.
A Gennevilliers le GPU concerne le quartier du Luth (10 000 habitants). Dans sa partie ouest,
dont la forme urbaine est la plus dure (4 barres très longues), l’acquisition d’une barre de 300
logements en vue de sa démolition au début du XIIè plan permettra de dégager un espace à
l’échelle des potentialités de diversification du quartier que constitue le futur nœ ud
d’échanges de transport en commun (métro/tramway). Le relogement, effectué dans des
conditions exemplaires, est très avancé.
Les quartiers nord de Marseille constituent une aire géographique très vaste (2 650 ha -115 ha
pour le Val d’Argent- et 70 000 habitants) et le GPU a défini des priorités de projet, soit
territoriales, soit thématiques. La transformation du plan d’Aou, petite cité HLM, très
enclavée, en grandes difficultés, qui avait déjà fait l’objet de démolitions partielles, s’engage
selon un projet global de réhabilitation, de démolition et de construction neuve, dans le cadre
d’un projet urbain traçant une nouvelle trame de rue reliée aux voies et boulevard
4
périphériques. Une convention d’objectifs engage chacun des partenaires dans cette opération
comprenant également le dispositif d’accompagnement social et de relogement.
Sur le GPU de Saint-Denis-Aubervilliers-La Courneuve, acté par l’Etat à l’occasion de sa
décision d’implanter le Stade de France à Saint-Denis, une série d’opérations de
requalification urbaine et de renforcement des équipements a été réalisée. Par son territoire
intercommunal, le GPU a développé des pratiques de travail en commun qui ont notamment
débouché sur la mise en place d’un outil intercommunal associant le conseil général, « la
maison d’initiative économique locale », structure d’appui, de soutien et lieu de ressources au
profit des très petites entreprises et de tout créateur désirant monter sa propre activité.
Enfin les GPU de Meaux et de Chanteloup-les-Vignes, décidés respectivement en 1997 et
1998, ont fait l’objet de projets en préparation du prochain plan pour lequel s’élabore la
stratégie du grand projet. L’avancement du GPU d’Epinay-sur-Seine est dans une situation un
peu comparable puisque le financement de l’Etat a été mis en place tardivement. Ont été
réalisées notamment la démolition des passerelles du centre ville et la relocalisation du bureau
de Poste au niveau de la rue, ainsi que la transformation de la RN 14 en boulevard urbain
financée en 1994 à l’occasion du plan de relance du BTP.
2.2) Bilan financier
C’est au total un peu plus de 900 MF de crédits spécifiques de la politique de la ville, au delà
des crédits de droit commun consacrés aux infrastructures de transports, ou au logement, qui
auront été mis en œ uvre dans les GPU pendant le XIè plan. L’ensemble des crédits mis en
place par les lois de finances successives pour les GPU a été utilisé.
Evolution des crédits engagés dans les GPU entre 1994 et 1999
Montant (en MF)
450
400
350
300
250
200
395
150
225
100
142
50
0
59
88
0
1994
1995
1996
1997
1998
1999
Année
5
L’avancement des projets n’a pas été linéaire, comme le montre le graphique précédent : on a
assisté à une très forte montée en puissance due à la complexité des projets. Sur les sites les
plus avancés, la mobilisation des crédits n’a été importante qu’à partir de la troisième année.
3. Les enseignements pour l’avenir : vers les Grands Projets de Ville
3.1 Des éléments de bilan qualitatif tirés de l’expérience des GPU
L’état des réalisations précédemment illustré, comme la consommation des crédits, explicitent
peu les facteurs qui font la qualité des dynamiques d’action enclenchées à l’occasion des
GPU, ainsi que les difficultés qui ont été surmontées ou qui restent encore à dépasser.
En cette fin du XIè plan, on peut distinguer plusieurs familles de GPU en ce qui concerne le
niveau de maturité du projet et l’état de la dynamique d’acteurs dans laquelle va être abordée
la nouvelle période de contractualisation 2000-2006.
Des réalisations substantielles illustrant qu’une conjonction de facteurs de réussite est
atteinte
Certains GPU montrent des réalisations très substantielles s’inscrivant dans une dynamique de
projet d’ensemble qui paraît dorénavant installée. Le champ du projet s’est élargi
progressivement, au sein du travail collectif, à d’autres dimensions non prévues initialement,
gagnant en capacité à « tenir par les différents bouts ».
Ces acquis restent certes à consolider dans le temps, ne serait-ce qu’à l’occasion des
changements d’hommes. Mais les plus grandes menaces pour l’avenir se situent davantage
dans les facteurs « d’agglomération », c’est-à-dire la façon dont « le système urbain » plus
large continuera ou non à spécifier le territoire dans sa fonction de concentration des
difficultés de la société.
Quatre GPU au moins se situent aujourd’hui dans cette famille :
• Vaulx-en-Velin, grâce à l’implication collective enclenchée depuis longtemps par
le ville, l’agglomération et l’Etat, et consolidée dans des fonctionnements projet
qui se renforcent progressivement ;
• Le Mantois, qui a la spécificité d’être un projet d’agglomération avant l’heure,
couplant développement (renforcement des centralités d’agglomération,
développement économique) et cohésion territoriale (concernant le Val Fourré,
mais aussi les quartiers en difficulté de Mantes-la-Ville) ; la conjonction de deux
politiques de l’Etat (site stratégique de l’Ile-de-France, et GPU) a rendu possible
un projet intégré dont la puissance vient de ce que chacune des deux dimensions
vient épauler l’autre ; le district urbain du Mantois et le département des Yvelines
se sont fortement impliqués dans le portage de cette ambition commune ; un outil
opérationnel a été constitué à travers l’établissement public d’aménagement
(EPAMSA), qui a progressivement fait vivre la direction de projet ;
• Roubaix/Tourcoing, grâce à un couplage très fort avec la communauté urbaine et
sa politique de la ville renouvelée et à une culture de travail en commun qui s’est
formalisée à l’occasion du GPU sous la forme d’un GIP ;
• Aulnay-sous-Bois, où une implication forte, aux côtés de la ville, de l’Etat et du
bailleur principal, le Logement Français, a conduit à développer un projet touchant
6
aussi bien le social et l’économique que l’urbain, grâce à des méthodes de
production collective qui se sont construites sous l’animation de l’équipe du GIP.
Sur d’autres sites des réalisations tout à fait significatives, mais qui ne font cependant pas
encore masse pour pouvoir « marquer des points »
A contrario, d’autres sites ont développé des réalisations significatives, mais dont l’addition
n’est pas encore en situation de peser sur la dynamique actuelle du territoire. Les enjeux pour
l’avenir semblent aujourd’hui relever :
• d’un affermissement des choix : sur les objectifs, et corrélativement sur les moyens
nécessaires à la mise en œ uvre effective de ces objectifs ;
• d’une articulation plus en profondeur des différents champs, et d’une capacité à
référer l’action à une stratégie d’ensemble.
Dans certains sites, passer à l’action nécessite une maturation longue de la dynamique
d’acteurs et constitue en soi un gage de réussite pour le projet d’ensemble
Ces sites, pour lesquels les démarches connues sont inopérantes, sont ancrés dans une histoire
très longue de difficultés ; celles-ci prennent leur source quasiment dès les premières années
d’occupation des logements ou les premières commercialisations.
Le passage à l’opérationnel, dans ces situations, prend du temps, même plusieurs années. La
résolution de toutes les difficultés opérationnelles demande un intense travail collectif
d’invention et d’engagements réciproques. Mais lorsque les réalisations démarrent, le collectif
d’acteurs est soudé.
A Grigny et Clichy-sous-bois/Montfermeil, le XIè plan a permis ce travail préalable ; la
programmation 1999, qui concrétise tout un ensemble de projets concrets, en témoigne.
3.2 Des difficultés à dépasser / Des principes et conditions de réussite pour les Grands Projets
de Ville
L’analyse des dynamiques de projet qui sont à l’œ uvre dans ces trois familles conduit à
dégager un ensemble de facteurs de réussite qui constituent des guides pour les futurs grands
projets de ville. Ils peuvent se synthétiser de la manière suivante4.
Une volonté politique très ferme
La réussite du GPU n’est assurée que s’il est considérée comme une priorité politique par les
élus locaux et en premier lieu les maires. Lorsque le territoire du grand projet ne constitue
qu’une partie du territoire communal, parfois « périphérique », le portage d’une ambition
construisant une place à ce territoire au sein de la ville et de l’agglomération est
indispensable.
… qui implique une volonté politique l’échelle « d’agglomération »
4
Se référer pour plus de détail au « Bilan-évaluation des GPU » de 1998.
7
Dans les GPU, même lorsque le XIè plan a été l’occasion de mettre en route une dynamique
de projet d’ensemble, il reste des questions plus structurantes qui produisent ou consolident le
déclin à l’échelle plus large de l’agglomération, ou en Ile-de-France, à une échelle
départementale, voire régionale sur certaines dimensions. Il s’agit en particulier de l’habitat,
des transports, du développement économique. Les contrats du XIIè plan doivent contribuer à
apporter des réponses substantielles à ces questions si l’on veut que les grands projets
rétablissent structurellement les équilibres entre territoires.
Vers une approche stratégique d’ensemble, mobilisant tous les aspects qui font enjeux
Les grands projets urbains ont d’abord abordé les dimensions physiques (aménagement,
restructuration du bâti). Le déséquilibre entre investissement et fonctionnement a également
conduit à une vision partielle de la complexité des problèmes. Plusieurs Grands Projet
Urbains ont, en effet, été pensés avant tout comme des grands opérations d’urbanisme, alors
même que la dimension sociale de la vie urbaine était aussi importante dans les quartiers (en
matière d’emploi, d’éducation, de gestion urbaine de proximité, en matière de relations
police-jeunes). Tout cela était abordé dans le cadre du contrat de ville, procédure située « à
côté », les deux aspects fonctionnement/investissement et court terme/long terme fonctionnant
en quelque sorte de manière parallèle sans vraiment se rencontrer.
L’enjeu est aujourd’hui de conduire un projet unique, dans un cadre unique, qui fasse, à
l’occasion d’un investissement lourd sur l’urbain, converger l’ensemble des projets et actions
au service d’un projet pour la société.
Une organisation projet adaptée
L’expérience des GPU montre qu’une série de facteurs de réussite portent sur la façon dont
les partenaires mettent en place et font vivre dans la durée une organisation-projet qui
identifie pilotage conjoint et équipe projet (référents mandatés par chacun des partenaires et la
direction de projet). Le sens du projet d’ensemble pour le devenir du territoire doit être
compris des structures opérationnelles afin d’éviter que leurs actions et projets soient repris
dans les circuits cloisonnés des cultures et logiques professionnelles de chacune d’elles.
La clarification entre la conduite du projet d’ensemble et les maîtrises d’ouvrage
opérationnelles ne va pas de soi, surtout quand l’exigence opérationnelle est très forte. Elle est
totalement essentielle pour la convergence des projets opérationnels et pour faire levier sur la
dynamique du territoire. A titre d’illustration, certains GPU ont été dominés par la seule
dimension urbanistique du fait de la confusion des rôles entre direction de projet et opérateur
d’aménagement. La confusion entre projet urbain et projet de ville était alors totale. Ces
situations se clarifient progressivement pour intégrer aussi les nécessaires améliorations de la
vie quotidienne.
Une capacité opérationnelle réelle, des services comme des opérateurs
Il est certain que les résultats ne sont atteints que si tous les moyens opérationnels nécessaires
au projet sont rassemblés, que ce soient les financements, mais aussi les compétences, les
méthodes, les savoir-faire. Et plus la priorité politique sera ferme, plus les moyens ad’hoc
seront déployés.
Les difficultés à dépasser concernent tout à la fois :
• la répartition entre fonctionnement et investissement des moyens financiers mis en
œ uvre à l’intérieur du futur contrat de grand projet : les actions visant le projet
social sont aussi déterminantes et devront trouver leur juste financement
8
• l’adaptation des compétences et des organisations des partenaires
• la capacité financière ou technique des opérateurs : aménagement, portage foncier,
bailleur HLM
• les marges de manœ uvre financière de certaines villes, qui pourront être aidées
dans le cadre de la nouvelle ligne budgétaire mise en place depuis la loi de
finances 1999.
9

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