tailleur pour dames - Cours de theatre Paris

Transcription

tailleur pour dames - Cours de theatre Paris
TAILLEUR POUR DAMES
de FEYDEAU
PERSONNAGES : SUZANNE et MOULINAUX
SUZANNE, entrant du fond.
C’est moi
MOULINAUX
Suzanne !
SUZANNE, voulant refermer la porte.
Tiens ! Ca ne ferme pas.
MOULINAUX
Ca ne fait rien. Je vais mettre une chaise contre la porte.
Il place une chaise
SUZANNE
On peut entrer, Il n’y a pas de danger ?
MOULINAUX
Quel danger voulez vous ?
SUZANNE
Ah ! C’est que si on nous voyait !...Je serais bien coupable !
MOULINAUX
(À part) Charmante morale ! (Haut.) Nous sommes absolument seuls, ma Suzanne.
Venez là, près de moi. (il s’assied sur le canapé et lui prend les deux mains.) Ne
tremblez donc pas ainsi !
SUZANNE
Oh ! ça passera. Mon mari qui à été soldat…dans la réserve de l’administration, dit
que les plus braves tremblent toujours au premier feu, puis ça passe !
MOULINAUX
Ah ! Il dit que…Eh ! bien vous voyez ! …Voyons, débarrassez vous de votre
chapeau.
SUZANNE
Oh ! Non impossible. Je ne peux rester qu’un instant avec vous. Anatole est en bas ;
Il n’aurait qu’à monter.
MOULINAUX
Anatole ?
SUZANNE
Oui, mon mari. Il a encore tenu à m’accompagner.
MOULINAUX
Comment ! Alors vous lui avez dit…
SUZANNE
Oui
MOULINAUX
Mais c’est très bête !...Ca ne se fait pas ces choses-là !
SUZANNE
Je lui ait dit…Je lui ait dit que j’allais chez mon couturier. Comme je savais que c’était
justement l’ancien logement d’une couturière, alors cela m’a suggéré l’idée.
MOULINAUX
Ouf ! Vous me retirez un poids.
SUZANNE
Ca m’ennuyait bien qu’il m’accompagnât, mais lui refusez eût été lui donner des
soupçons…et d’un autre côté, je ne voulais pas vous faire poser. C’est gentil, hein ?
MOULINAUX
Ah ! Bien, je crois bien !...Cette chère Suzanne (A part.) C’est égal, l’idée qu’Anatole
est en bas, ça me glace !...(Haut et distrait) Cette chère Suzanne !
SUZANNE
Vous l’avez déjà dit, mon ami.
MOULINAUX
Vous croyez ?...C’est possible. Cette chère Suzanne !
SUZANNE
Ca fait quatre !
MOULINAUX
Ca fait quatre, parfaitement ! Cette chère…non…non.
SUZANNE
Dites moi que ce n’est pas une grande folie que je fais.
MOULINAUX
Mais non, mais non.
SUZANNE
Vous savez que c’est la première fois.
MOULINAUX
Oui, je sais. (A part) On a pas idée de ce que ce mari me gêne. Il me semble que je
roucoule au bord d’un précipice.
SUZANNE.
Eh ! Bien, mon ami, êtes vous heureux ?
MOULINAUX
Moi…je comment donc !...Si je suis heureux !....Comment donc ! Comment donc !
Comment donc !
SUZANNE
A quoi pensez vous ?
MOULINAUX
Moi ? …à rien. Euh ! A vous !
SUZANNE
Je vous trouve froid ! Je suis sûre que vous vous méprisez.
MOULINAUX
Ah ! SUZANNE ! Pouvez-vous dire ça !... Mais je voudrais passez ma vie à vos
genoux !...
SUZANNE
Ah ! Vous dites ça !
MOULINAUX
Tenez la preuve…
Il s’agenouille. Elle prend peur, va pour partir. Moulinaux lui courut après…
Mais revenez …! ! !

Documents pareils