L`INSOUTENABLE LEGERETE DE L`ÊTRE(R KUN i)

Transcription

L`INSOUTENABLE LEGERETE DE L`ÊTRE(R KUN i)
L’INSOUTENABLE LEGERETE DE L’ÊTRE(R KUN i)
Auteur: Milan KUNDERA
Editeur: Editions de l'Olivier (2014)
Commencer un roman en citant Nietzsche et
le mythe de l’éternel retour et poursuivre en
reprenant les thèses de Parménide, c’est
audacieux. Tout le roman de Kundera
tourne autour de cette contradiction non
résolue : du lourd ou du léger, quel est le
pôle positif, quel est le pôle négatif ? Cet
ouvrage est un roman, c’est aussi une leçon
de philosophie appliquée.
Tomas et Tereza sont les personnages centraux du roman. Kundera s’applique à fouiller
au plus profond la nature complexe des relations qui les unit car l’un est un libertin en
quête de nouvelles amies sexuelles et l’autre veut faire de sa fidélité le pilier du couple.
Pourtant ils s’aiment et les dernières lignes nous les décrivent heureux et apaisés.
Un autre couple, Sabina (une ancienne maîtresse de Tomas) et Franz, illustre toutes les
incompréhensions qui tiraillent les individus. Kundera utilise aussi le personnage de
Franz pour tailler en pièces les opérations humanitaires à dimension publicitaire et un
kitsch politique de gauche (une apparence, une illusion) qui s’acharne à courir après les
causes perdues de la planète. L’autre sujet politique traité est la vie en Tchécoslovaquie,
avant et après l’invasion soviétique de 1968, et comment y réagissent les individus.
Dans les réflexions de Kundera, on est toujours très loin des idées convenues et des lieux
communs. On appréciera aussi sa virtuosité à poser les questions importantes à partir de
simples faits de la vie quotidienne. Les thèmes les plus divers sont convoqués : la beauté,
l’amour et la force opposés à la bonté et à la faiblesse, vivre dans la vérité, l’âme et le
corps. L’acte de lecture est exigeant mais le récit lui-même reste fluide et sobre. Et puis il y
a « Le sourire de Karénine », le dernier chapitre, un des plus beaux et émouvants qu’il
m’ait été donné de lire.
Post-scriptum : Pour mieux comprendre l’art du roman vu par Kundera, je vous conseille la lecture d’un
petit essai très intéressant (et pas rébarbatif du tout), Le Rideau (LIT KUN)