COMMUNIQUE DE PRESSE
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COMMUNIQUE DE PRESSE
COMMUNIQUE DE PRESSE Le Conseil de la concurrence belge impose une amende dans le secteur de l’exportation et de la distribution de la presse française Bruxelles, 30 juillet 2012 Le Conseil a condamné la société française Presstalis pour avoir abusé de sa position dominante. Presstalis a été condamnée en raison d’un système de rabais. Le système de rabais appelé BSC récompensait les éditeurs français qui confiaient la totalité de l’exportation de leurs magazines à Presstalis pour les marchés belge, suisse et canadien. La BSC, et les conditions commerciales de Presstalis en ce qui concerne les exportations, avaient fait l’objet de plusieurs plaintes devant les autorités de concurrence : à la Commission européenne et aux autorités belge et française. Les plaintes émanaient, entre autres, de distributeurs belges de presse française. Après avoir attendu d’abord l’issue des procédures aux niveaux européen et français, l’Auditorat auprès du Conseil de la concurrence a activé l’instruction dans cette affaire et a déposé un rapport contenant les griefs à l’encontre de Presstalis. L’entreprise avait entretemps supprimé le système BSC, notamment pour mettre fin à la procédure en cours devant la Commission européenne. Le système BSC n’a pas fait l’objet d’une décision d’interdiction dans les autres juridictions, mais selon l’Auditorat, il y avait bien lieu d’intervenir en Belgique vu les soucis particuliers que le système BSC provoquait du point de vue de la libre concurrence sur la territoire belge. La décision constate que la société Presstalis, qui est également un des principaux distributeurs en France, a une position dominante sur le marché mondial de l’exportation de la presse française vendue au numéro. La Belgique est un marché important au niveau de l’exportation de la presse d’origine française (environ un tiers) et la presse française magazine destinée à la vente au numéro, représente également une partie non négligeable de la totalité de la presse magazine vendue sur le territoire belge. Un système de rabais octroyés en contrepartie d’une obligation pour les clients (dans ce cas, les éditeurs) de confier l’entièreté ou la plus grande partie de leurs titres à une entreprise en position dominante, peut constituer un abus. Ce genre de rabais a un effet fidélisant pour les clients, dans ce cas les éditeurs français. Le système appliqué par Presstalis et examiné par le Conseil, soulève des questions dans le cadre de la protection de la libre concurrence à deux niveaux. D’abord, la restriction de concurrence se situe au niveau du choix des clients (éditeurs) : ils étaient incités à travailler uniquement avec Presstalis pour les trois marchés les plus importants d’exportation. De ce fait, les éditeurs n’avaient ni intérêt à exporter eux-mêmes leurs titres et à travailler ensuite avec un distributeur local, ni à confier l’exportation aux (peu de) concurrents de Presstalis sur le marché de l’exportation. Deuxièmement, la décision souligne les effets du système de rabais BSC sur le marché belge de la distribution de la presse française magazine vendue au numéro. Il était difficile pour des distributeurs comme le plaignant dans cette affaire, d’offrir des conditions commerciales aux éditeurs français qui puissent intéresser ces derniers, tout en étant économiquement viables pour les distributeurs mêmes. En plus, le système de la BSC pouvait avoir comme effet de renforcer la position d’AMP comme le plus grand distributeur en Belgique puisqu’il y avait des liens privilégiés entre Presstalis et AMP. En pratique, la distribution des magazines français avait tendance à se faire quasi-automatiquement par AMP en Belgique une fois que l’éditeur contractait avec Presstalis et bénéficiait de la BSC. La BSC est à considérer comme une pratique restrictive aussi bien dans la perspective de la loi belge sur la protection de la libre concurrence, que dans la perspective des règles européennes sur la concurrence contenues dans le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Une telle infraction doit pouvoir être sanctionnée de façon effective par l’autorité belge. Dans sa décision, le Conseil a imposé une amende de 245.530 euros à Presstalis. Pour le calcul de cette amende, il a tenu compte de la durée de l’instruction mais aussi du fait que le système contesté avait été abrogé en 2004. Le montant est basé sur les commissions perçues par Presstalis pour les magazines français vendus sur le marché belge. Pour plus d’informations: Conseil de la concurrence Stefaan Raes, président Tél. +32 2 277 74 26 E-mail: [email protected]