Regards sur le positionnement et la surveillance du Réseau Internet

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Regards sur le positionnement et la surveillance du Réseau Internet
Regards sur le positionnement et la surveillance du Réseau
Internet en Afrique :
Contraintes inhérentes aux politiques d’innovation en Afrique :
Le cas « Echelon »
Damien MARTINEZ
Mots-clé : Afrique, Internet, Intelligence Economique, Intelligence territoriale, Etats-Unis,
Influence, Innovation, Développement, Information Stratégique.
Keywords : Africa, Internet, Business Intelligence, United States, Influence, Innovation,
Development, Strategic information.
Résumé :
Abstract :
Parmi les solutions proposées pour un
Développement durable en Afrique, le vaste
domaine des Technologies de l’Information et de la
Communication est avancé de façon providentielle.
Sans mésestimer les difficultés politicoéconomiques du continent africain, il convient de
considérer à sa juste valeur le « Take-off » de
certains pays grâce au modèle récent de la « Netéconomie ».
Among the proposed solutions for lasting
development in Africa, that of the vast Information
Technology and Communications domain has
advanced in a spectacular manner.
Le Sénégal, le Nigéria pour l’Afrique de
l’Ouest, l’Afrique du Sud, l’Egypte ou le Maroc
pour le reste du Continent, développent sur le long
terme des solutions alternatives aux contraintes
classiques du Développement.
Ces efforts d’intégration technologique se
heurtent à la récente médiatisation de l’insécurité
des transferts d’information. Les révélations sur
l’existence de certains réseaux militaires
d’interception vient hypothéquer ou à tout le moins
fragiliser les politiques d’innovation mises sur pied
en Afrique.
En effet, les enjeux stratégiques et
géopolitiques qui viennent se greffer sur une
thématique de commerce électronique représentent
un écueil pour les objectifs de Développement.
Face à ce risque, des réponses pratiques peuvent
être envisagées au regard de l’Intelligence
Economique.
It is certain that several countries are
benefiting from an economic “take-off” thanks to
the recent “Net Economy” model.
Senegal and Nigeria for West Africa, South
Africa, Egypt and Morocco for the rest of the
continent, are developing practical long term
solutions to development constraints.
These efforts at technological integration
are crashing into the recent media hype for of lack
of security of information transfer. The revelations
of the existence of certain military interception
networks have served to seriously shake up the
innovation underway in Africa.
In fact, the strategic and geopolitical stakes
that have just become attached to an electronic
commerce theme, represent a difficulty for the
development objectives.
Faced with this risk, practical responses are to be
thought of with regard to business intelligence.
Propos introductifs
Lors d’une conférence sur la mondialisation tenue à Angers l’an passé, Mr
Jean Touscoz, juriste de Droit International et Directeur du Centre d’Etudes et
de Recherche sur la Coopération
Internationale, gratifiait sa démonstration
d’une
judicieuse
illustration.
Pour
accompagner l’idée qu’il n’existe pas de
« Village Planétaire », il citait
la
statistique selon laquelle deux individus
sur trois n’aurait jamais eu recours au
téléphone.
Sur six milliards d’habitants, le pourcentage de ceux qui ont accès à l’information est mince.
D’allure fantaisiste, ce chiffre éclaire
pourtant la problématique qui nous réunit
aujourd’hui :
soit l’on est disposé à rester en
dehors de toute nouvelle technologie et
l’on ne peut être écouté
soit on rattrape la locomotive et on
sait tout de vous.
Tels sont les termes du destin ubuesque
que présente à ce jour le réseau Echelon
aux Pays en Développement.
Les nouveaux modèles économiques, en
particulier la « Net-économie » sont
présentés comme un facteur miracle du
Développement, puis ce modèle est
immédiatement relayé par une interception
de l’Information. Le libéralisme se mort la
queue du fait de l’immixtion des Etats
dans son mode de régulation naturel.
Face à ce postulat bien paradoxal, la
réactivité ne doit pas attendre. Elle peut
s’organiser
autour d’une vision active
( certains diront offensives ) de
l’Intelligence Economique. Cet état
d’esprit inhérent à la matière, revendiqué
par les professionnels et les théoriciens, ne
doit pas tarder à se mettre en mouvement.
Mieux même, il doit accompagné la
tendance actuelle des Pays africains à
intégrer les NTIC.
1. L’Internet comme facteur de
Développement.
1.1. l’Internet et l’Afrique
L’Internet n’a pour l’instant qu’une
portée réduite sur le continent Africain,
tant du point de vue du nombre
d’utilisateurs que de celui des fournisseurs
d’accès (voir les cartes présentées par le
site : http://www.cybergeography.com ).
Néanmoins une prise de conscience
récente se déploie autour des pays les plus
influents, on peut citer en particulier
l’Afrique du Sud ou le Sénégal. La
motivation que peuvent avoir certains
pays d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb
se fondent sur des solutions de
développement à moyen et long terme.
A ce titre des initiatives précises ont été
menées sur le fondement des Nouvelles
Technologies de l’Information et de la
Communication (NTIC), on peut évoquer
l’Observatoire
sur
les
Systèmes
d’Information, les Réseaux et les
Inforoutes (Autoroutes de l’Information)
au Sénégal (OSIRIS). Signalons également
l’efficacité du réseau Anaïs dont la
structure est assise sur un axe SénégalSuisse.
Nombre de sites portails sont en cours de
réalisation concernant les enjeux du
Continent, de régions ou de pays en
particulier.
On peut aussi ajouter des élans politiques
comme la rencontre « Bamako 2000 » qui
a fait le bilan sur le bon usage économique
des TIC. La Conférence Mondiale du
Savoir qui s’est tenue du 7 au 10 mars
2000 permit d’éclairer les pays en
Développement des possibilités offertes
par l’Internet (cf.: http://www.anais.org/Fr/
activites/index.htm ). Une série de thèmes
de travail ont été abordés : télé santé,
commerce électronique, modernisation de
l’Etat, opportunités pour les femmes et
développement durable.
La bonne volonté est donc de mise pour
développer un réseau performant autour
des NTIC.
Le Secrétaire Général d’ISOC-GN, Mr
Saliou Diallo place même les nouveaux
supports de la communication et la
communication elle-même comme le
facteur majeur du Développement, lors
d’un
entretien
avec
Africultures
(http://www.africultures.com/articles/articl
es_fr.htm). La tendance actuelle de
l’Afrique a vouloir intégrer l’Internet est
une donnée supplémentaire au système. Il
s’agit d’être présent et visible sur un réseau
d’une double nature. La première, bien sûr,
est mercantile. L’Internet se constitue
aujourd’hui d’une superposition de
marchés de services. Il convient d’y avoir
une participation active. La seconde
dimension de l’Internet est toute autre et
s’attache à une « cyber-citoyenneté »
d’apparence plus sociale, sur laquelle
également il y a un espace de parole à
conquérir au travers des groupes de
discussion. Ces différents aspects font du
Continent Africain
un partenaire
grandissant en matière de NTIC.
Ce préambule sur les efforts de
développement de l’Internet ne doit pas
masquer les réalités de l’Intelligence
Economique et de la Guerre Economique
qui nous mobilisent aujourd’hui.
La gestion de l’information stratégique
passe bien évidemment par le réseau
Internet même s’ il ne s’agit pas de la
seule source exploitable. Nous nous
pencherons sur cette seule manifestation au
cours de cet exposé.
1.2. la réduction des « frontières
technologiques »
En terme de priorité, l’utilisation du
réseau Internet n’est souvent que marginale
face aux nécessités de premier ordre.
D’ailleurs une cohésion technique manque
au développement des télécommunications
en Afrique. Parmi les carences du système
on peut noter une pénurie en ligne
téléphonique même dans les zones
urbaines, une faible part des budgets
publics consacrés à l’informatisation,
l’existence de barrières tarifaires à
l’utilisation des bases de données. Autant
de contraintes qui viennent se greffer sur
une intégration délicate des nouvelles
technologies.
Toutefois, l’ensemble de ces considérations
n’est
pas
rédhibitoire.
Nombreux sont les acteurs (institutions
internationales, centres de recherche
scientifiques et universitaires, grandes
entreprises de production) qui regardent
d’un œil favorable les possibilités offertes
par la « Toile ». Avec quatre cents millions
de consommateurs potentiels, et une
population totale qui s’élèvera au milliard
dans trente ans, le Continent africain attire
les convoitises des grandes entreprises de
télécommunications.
Les
sociétés
multinationales deviennent vecteur de
Développement par les opérations de
câblage qu’ils réalisent. Il ne s’agit pas
d’œuvre philanthropique mais de projets
commerciaux d’une ampleur considérable.
Les « producteurs de Technologie »
s’engagent dans une lutte économique pour
conquérir les faveurs des Etats africains.
Fort de cette position le « continent noir »
devrait pouvoir trouver des avantages à
entrer dans le processus de Mondialisation
(Guemriche, les chocs de la mondialisation
in le courrier de l’UNESCO, juin 1997)
(http://www.africultures.com/articles/articl
es_francais/internet/enjeux.htm ,
http://www.bamako2000.org )
La réduction des écarts technologiques est
présente à la seule vue des portails
consacrées aux questions africaines. De
surcroît on peut ajouter que les questions
politiques, économiques et culturelles
coexistent et sont exposées sans contrainte.
De très nombreuses coopérations voient le
jour et les Nations-Unies consacrent 18
millions de dollars à l’amélioration de la
connectivité en Afrique, auquel ,viennent
s’ajouter 15 millions de dollars de la
société Leland.
L’Afrique devient une terre d’enjeux
incontestable en matière de Nouvelles
Technologies, reste à envisager la part
d’indépendance qu’elle y gagnera. Confier
le réseau national de télécommunication à
un opérateur étranger revient à lui ouvrir la
porte à un renseignement facilité. C’est là
la série de questions que soulève
l’existence du réseau d’interception
Echelon.
En effet, les termes du débat que pose le
développement de l’Internet en Afrique
vont au delà d’une simple préoccupation
économique, l’impératif devient la sécurité
des systèmes d’information et la sûreté des
transferts électroniques. Les politiques
d’innovation conduites jusqu’alors en
Afrique amènent à la considération des
réseaux de surveillance militaire.
1.3. La maîtrise des nouveaux médias.
d’outre-atlantique ne sont pas les seuls à
prévaloir, le français Alcatel, le japonais
Nec Corporation ou encore le canadien
Bell se livrent une bataille d’influence pour
profiter des opportunités commerciales.
2. La Domination du Réseau par
les Réseaux d’interception.
Cette sous-partie est l’occasion d’envisager deux formes nuisibles d’interception des communications. Dans un premier temps, Echelon sera présenté, viendra
ensuite le dispositif français. Pour les deux
systèmes, la même logique est mise en
œuvre : s’assurer des zones d’écoute sur
les miettes territoriales des anciennes
colonies.
2.1. le cas Echelon
Nombreux sont les africains qui craignent
une nouvelle ère coloniale par le biais de
l’Internet. La quasi-totalité des données du
réseau transitent par des « nœuds » situés
sur le territoire américain même lorsqu’il
s’agit de connexions européennes ou
africaines. Ce dernier point représente le
maillon faible du média tel qu’il est
habituellement présenté.
Les répercutions peuvent être lourdes
concernant
l’autonomie
politicoéconomique des Etats. Selon Le Monde
Diplomatique,
Amnesty
International
aurait été écouté par le système de veille
d’Echelon pour des mots-clé ayant trait au
trafic d’armes. Cet exemple montre à
quel point la domination hégémonique est
aujourd’hui technologique. D’une autre
manière le système de tri sémantique
référence des thèmes comme l’ « aide au
tiers-monde », ce qui marque une certaine
convoitise des pays occidentaux pour les
NTIC en Afrique. A la décharge des
acteurs de cette influence technologique, il
n’existe aucun texte de Droit International
réglementant les écoutes. Le lobby en
faveur d’une politique africaine des EtatsUnis se satisfait de l’implantation des
firmes de Télécommunications sur le
continent africain, mais les intérêts
2.1.1 Présentation
Les rumeurs quant à l’existence
d’Echelon se sont transformées en
certitudes à l’issue des débats organisés les
22 et 23 février à Bruxelles par le
Parlement Européen.
Le Réseau existe depuis 1948, il filtre les
communications du monde entier; nul
territoire, nulle information n’en est
épargné. On savait l’Afrique en proie aux
manipulations du passé, la voici entre les
mains d’une manigance du futur. Cette
dernière pourrait réduire à néant les
préoccupations du moment en matière de
Nouvelles Technologies
En l’espace de cinquante ans, le monde
(des Affaires et de la Politique) est passé
d’une structure tentaculaire à une
configuration réticulaire. Le modèle de la
pieuvre a laissé sa place à celui de la toile
d’araignée. L’analogie peut apparaître hors
cadre mais elle insiste bien sur la
circulation éclatée de l’Information. Cet
axiome, les dirigeants américains l’ont très
bien entendu dès 1952 avec la création de
la NSA, par directive secrète du Président
Harry Truman.
D’abord chargé de contre-espionnage et
de la protection gouvernementale, la
National Security Agency réoriente la
structure vers un système d’écoute massif.
Pour réaliser ce tour de force elle ne peut
compter qu’avec l’appui de postes avancés,
en l’occurrence il s’agit du Royaume-Uni,
du Canada, de l’Australie et de la
Nouvelle-Zélande (le Danemark est
soupçonné
d’être
une
plate-forme
d’Echelon en Europe selon l’enquêteur
Dunkan Campbell, journaliste et militant
écossais à l’origine du premier scoop en
1988 et du dernier rapport en 1999
http://www.intelligenceonline.fr/dossiers/
iof/dos_iof_ecoutes.asp, on peut également
adjoindre la norvège ). Le Pacte initial
entre ces pays se nomme « Ukusa »
(« Ukusa Agreement ») et date de 1947, il
met en place les dispositions nécessaires à
l’accomplissement du réseau de Renseignement Opérationnel, ce dernier sera
mis sur pied dans les années 70 et 80. La
couverture des interceptions acquiert une
dimension mondiale et fonctionne grâce à
différents relais dans les pays indiqués plus
haut. Le réseau, comme tout réseau
d’ailleurs, tire sa force d’une interaction
des moyens mis en œuvre par les
protagonistes. La puissance d’écoute n’en
est qu’accrue et elle touche à tous les
supports connus jusqu’ici : fax, telex,
téléphone par satellite, et courrier
électronique.
L’ exemple de l’imbrication des réseaux
de surveillance entre eux, montre à quel
point l’extension de la couverture
géographique ou du cyberespace est un
impératif
http://www.cybergeography.com/atlas/atla
s.html (voir aussi le site suivant :
http://www.geoeconomie.org/Default.htm )
.
L’élargissement des territoires sous
écoute qu’ils soient réels ou virtuels, est
doublé d’un accroissement des moyens mis
en œuvre. Ainsi, différentes outils sont mis
à la disposition d’Echelon, cryptologie,
interception
des
signaux
électromagnétiques
(inclusion
de
l’AntiCompromission
Electro-Magnétique),
sécurité des réseaux informatiques,
satellites d’information,
réseaux informatiques…
sécurité
des
Le système bien qu’en progression
constante, démontre une force dans les
moyens technologiques employés (jusqu’à
deux millions d’informations traitées par
seconde). Au delà de la seule démonstration de puissance, qui confère à
celui qui l’emploie un ascendant psychologique, Echelon est craint.
Cette appréhension est celle des Etats
bien sûr mais surtout celle des entreprises
multinationales. Pour ce qui concerne les
opérateurs privés, le problème revêt un
enjeu particulier : celui de la Guerre
Economique. On sait déjà à quel point les
services de renseignement des Etats sont
impliqués dans la sauvegarde et la
prospection des intérêts économiques. Ce
phénomène, dans le cadre d’un renseignement ou contre-espionnage classique
permet un relatif équilibre des forces en
présence. Qu’en est-il avec l’usage d’un
pareil réseau de surveillance ? Il est
probable que les implications d’un
espionnage économique direct soient
largement supérieures aux méthodes
classiques de l’Intelligence Economique.
Dit autrement, la dérive
qui tend à
favoriser les entreprises nationales grâce
aux moyens d’écoute et d’interception,
peut avoir des conséquences importantes
sur l’équilibre régional ou international.
(http://www.lemonde.fr/article/0,2320,dos3156-43877-0-1--,00.html).
2.1.2. Le Réseau n’a pas de centre.
Le réseau n’a pas de centre donc pas de
responsable politique. Tel peut être le
raccourci logique qui fait la force du
système. En effet, la première position des
Etats-Unis a été celle de la dénégation,
avant de se ranger à la raison devant les
preuves et les évidences.
Différents acteurs ont contribué à la mise
à jour du réseau. Le premier est virtuel
puisqu’il s’agit d’une liste de diffusion
dénommée « Hacktivism ». Sur ce site,
sont apparus des documents déclassés
faisant état d’un centre d’écoute des
communications
téléphoniques
internationales à Sugar Grove, géré par l’US
Air Force. L’information diffusée par
Jeffrey Richelson fait alors boule de neige
et alimente une paranoïa an niveau des
Etats et des individus. Duncan Campbell
reprend tous les éléments du dossier et les
développe dans son rapport d’avril 1999.
Cette étude approfondie ne sera reconnue
que tardivement par la classe politique
européenne, puisque les débats officiels ne
se tiendront que les 22 et 23 février.
Tels sont les éléments bruts qui transparaissent de l’étude commandée par
STOA (Scientific and Technological
Options Assessment), Echelon existe et
cela ne fait que confirmer les nombreuses
alertes des experts indépendants. Des
éléments de fait sont même visibles,
comme par exemple les « grandes
oreilles » de Menwith Hill dans le
Yorkshire (Royaume-Uni), poste avancé
des Interceptions en Europe. Il s’agit là
d’un centre spécialisé dans l’espionnage
économique, celui-là même que les EtatsUnis et la Grande-Bretagne se défendent
d’exercer.
Cela
pose
un
double
questionnement, d’une part celui d’une
coopération Europe-Afrique harmonieuse
mais dont les bases sont viciées, d’autre
part celui de l’insécurité économique qui
menace les entreprises européennes d’un
désavantage compétitif à l’égard des
entreprises américaines et britanniques.
Force
détails
ont
été
révélés
successivement jusqu’à ce que l’on sache
aujourd’hui
qualitativement
ce
qui
constitue Echelon. Il regroupe 38000
personnes à travers 5 pays principaux, il
met en batterie 50 ordinateurs de type
Super Cray puissamment armés d’un
logiciel dénommé Oratory et dispose de
120 satellites. Le système d’Intelligence
artificielle utilisé est proche de la
recherche de mots-clé utilisée par
« Mémex ». Les sites de ce système ont
aussi été révélés, il s’agit de Yakima aux
Etats-Unis, de Waihopai en NouvelleZélande, de Geraldton en Australie, de
Hong Kong et de Morwenstow au
Royaume-Uni. Les cinq nations signataires
d’Usuka se partagent les résultats des
recherches.
Fonctionnant entre autres sur le modèle
de l’indexation sémantique bien connu des
veilleurs et fondé sur le tri sélectif. (Le
« langage-pivot » est utilisé également en
France par des agents intelligents propriété
des Cabinets de veille technologique et
d’Intelligence Economique, sur ce dernier
point un projet de loi est en cours. IL
viserait à limiter la reconversion des
militaires dans ce secteur pour une période
de cinq ans). Oratory, cheville ouvrière du
système comporte une collection de motsclé que le Professeur Simpson a mis à jour.
Les chaînes de mails ont ensuite transmis
d’eux-mêmes ces mots clés dans la
perspective du Jam Echelon Day (
http://www.echelon.wiretapped.net/ ).
2.2.La position française sur le sujet.
On peut s’interroger sur l’étonnement des
Médias Français, quant à la découverte
d’Echelon ( http://www.freenix.fr/netizen/
6xx/602.html ). En effet Le Monde du
Renseignement apporte des éléments
contradictoires au débat en révélant que la
DGSE et le SDECE avant lui, ont eu à
connaître des objectifs et des moyens mis
en œuvre par la NSA. Une collaboration
des services franco-américains aurait
même été entretenue sur le sujet. Pour
préserver une indépendance en matière de
Sécurité des Systèmes d’Information, la
France a développé sa propre force de
frappe COMINT et SIGINT autour de
différentes bases militaires.
L’information est révélée par le
correspondant « Défense » du Monde,
Jacques Isnard. Le programme sera appelé
« Frenchelon » par Ken Cukier de
Communications Week (http://www.cfp99
.org/program/papers/cukier.htm,
http://www.assemblee-nat.fr/2/dossiers/
plf99/a1114-08.htm )
Les antennes concernées relèvent de la
DGSE et se nomment : l’Organe de
Surveillance
et
d’Interception,
le
Groupement
des
Contrôles
RadioElectriques (GRC). Les centres d’écoute
sont déployés en Métropole : à Agde,
Feucherolles,
Domme,
Mutzig
et
Solenzara. Il est à noter d’autres bases dans
les DOM TOM, à Saint-Barthélémy, à la
Réunion, à Djibouti et à Mayotte.
Ces moyens d’action
bénéficient de
l’appui du programme français Helios.
L’Allemagne participe à un projet
complémentaire rebaptisé « Cerise » pour
l’occasion. Il s’agit du placement sur le
satellite Hélios 1-A d’un boîtier d’écoutes
électroniques. La coopération entre la
DGSE
et
le
BND
(Bundesnachrichtendienst) a également permis
d’implanter des stations d’écoutes sur la
base spatiale de Kourou capables
d’intercepter les satellites évoluant outreatlantique. Une nuance tout de même : le
degré d’intégration pour la coordination
franco-allemande
en matière d’interception semble moins fort que le lien
existant entre la Grande-Bretagne et les
Etats-Unis depuis un demi-siècle.
Contrairement à la longue dénégation des
Etats-Unis concernant Echelon, François
Roussely , Directeur de Cabinet au Ministère de la Défense confirme lors d’une
enquête du Point l’existence de ce réseau
national d’interception. En rappelant les
objectifs de Sécurité Nationale, il ajoute
que : « c’est le jeu de la guerre secrète »,
( http://www.freenix.fr/netizen/6xx/602
.html ).
Les interceptions apparaissent donc comme un domaine de surenchère technique,
où chaque Etat démontre sa capacité et sa
force de frappe technologique. Sur ce
fondement, la France n’est pas disposée à
porter plainte, sous peine de devoir justifier
son propre système de surveillance (
http://www.zdnet.fr/actu/tech/a0012954
.html ). Par ailleurs, les écoutes sur les
GSM des entrepreneurs anglais est assez
fréquente à en croire le Times.
(Voir également la participation Française
au programme ENFOPOL : http://www
.monde-diplomatique.fr/1999/03/
RIVIERE/11768.html, http://www.
heise.de/tp/deutsch/special/enfo/default
.html )
3. Les possibilités offertes par une
Intelligence Economique offensive
3.1.-Agents intelligents, combattre
l’ennemi sur son terrain
A la vue des moyens dont disposent les
premiers signataires du Pacte Usuka, la
riposte ne peut être envisagée de façon
directe. Toutefois, certains outils de veille
technologique peuvent permettre une
réduction des effets d’écoute sur les pays
ACP. Une première solution pourrait
consister à développer dans l’entreprise
une culture d’« Intelligence Economique »
fondée sur deux éléments prééminents. En
premier lieu, il faut compter sur un réseau
humain capable de réagir en fonction de la
conjoncture des NTIC. En second lieu, et
c’est là que les enjeux sont majeurs, il
convient de développer des instruments
informatiques spécifiques. Les agents
intelligents déjà largement disponibles au
sein des sociétés européennes. Issus de la
recherche appliquée (nombre de doctorants
étrangers,
en
particulier
africains,
participent à cette recherche dans les
Universités françaises) , ces logiciels
permettent un traitement rationnel de
l’information en circulation sur l’Internet.
Ils agissent comme un filtre et permettent à
une échelle raisonnable un contrôle actif de
l’Information. Cette double orientation
apparaît envisageable si l’on s’attache à
réunir les informations techniques à la
mise en place de ces outils. D’ailleurs,
certains vendeurs d’informations utilisant
des robots se lancent dans cette branche,
notamment au Sénégal ( http://www.
bamako2000.org/documents/syfia/index.ht
ml )
(liste des agents : http://shiva.istia.univangers.fr/~iec/ , http://ms161u06.u-3mrs.fr/
bookbea.html , http://ms161u06.u-3mrs.fr/
hom.html , http://www.abeille.org/ ).
3.2.- Généralisation de la cryptologie
comme mesure de sûreté.
L’ usage fréquent de cette technique est
une deuxième possibilité pour se prémunir
des interceptions électroniques. La volonté
politique de la France répond à cette
préoccupation ; Mr Lionel Jospin formule
le 19 janvier 1999 son intention d’ « offrir
une liberté complète dans l’utilisation de la
cryptographie ». En l’état actuel de la
technologie,
la
dissimulation
des
transmissions reste le seul moyen pour les
entreprises et les citoyens d’échapper aux
« Grandes Oreilles ». Cette position « à
contre-courant »
des
orientations
précédentes devrait se répandre dans
nombre de pays. La libéralisation de la
cryptographie dans les deux domaines que
sont les échanges informatiques et les
échanges vocaux apparaissent comme une
solution peu coûteuse et génératrice
d’indépendance. Bert-Jaap Koops de
l’Université de Tilburg (Pays-Bas), auteur
d’un récent ouvrage sur les politiques
gouvernementales
concernant
la
cryptographie voit dans cet outil un gage
de sûreté dans la conduite des Affaires.
La sécurité des clés de cryptage est encore
à améliorer, ainsi l’actualité la plus récente
nuance la capacité des logiciels réputés les
plus sûrs.
-3.3. l’ « Intelligence Territoriale »:
La troisième stratégie que l’on pourrait
suggérer consiste à développer un réseau
d’Intelligence Economique avec une
dimension territoriale forte. Des solutions
de ce type ont permis une intégration
régionale efficace notamment au Bénin, ce
pays de l’Afrique de l’Ouest a été pionnier
dans l’usage de l’Internet puisqu’il fut
connecté en 1995. Depuis lors l’intégration
territoriale a fonctionné et a lancé une
synergie avec le Togo qui fonctionne
aujourd’hui encore. Le programme
InterAfrique reprend également cette
dynamique
d’Intelligence
Territoriale
auprès des entreprises et universités en
créant des centaines de « nœuds » gérés
par des structures locales. Ainsi les
universités virtuelles ou les activités
touristiques peuvent être des secteurs
prompts à cette logique collective
d’intégration technologique. A ce titre,
l’article de Gabriel Colletis dans le numéro
3 de la Revue d’Intelligence Economique
éclaire intitulé « Intelligence Economique
et Développement Territorial » donne de
multiples illustrations et ébauches de
réponses.
-3.4. Une vision réactive de la
Francophonie
71% des sites Internet sont anglophones.
La maîtrise des nouveaux instruments de
télécommunication revient aux Etats-Unis.
Face à cette emprise, l’impact des langues
transnationales est faible, voir quasiinexistant sur l’Internet africain. Dans ce
contexte, la francophonie peut constituer
une arme culturelle importante pour les
pays concernés. L’Office Français de la
Francophonie ou encore l’Institut Français
des
Nouvelles
Technologies
de
l’Information et de la Communication
(http://intif.francophonie.org/ )développent
des initiatives entrant dans ce champ
d’action. Parmi elles, on trouve des
coopérations techniques fondées sur une
identité francophone commune. La langue
reste le vecteur inhérent à tout média. Une
intégration linguistique poussée permettrait
une relative autonomie par rapport à la
domination technologique et culturelle des
Etats-Unis. Que l’Afrique francophone
s’unisse à la France dans le domaine des
télécommunications, peut permettre une
autonomie partagée vis à vis de cet ami qui
nous veut du bien.
Bibliographie complémentaire :
Guemriche, les chocs de la
mondialisation
in
le
courrier
de
l’UNESCO, juin 1997
-http://www.u-aris2.fr/mcc/pages_uniques/
trav_articles.html
mémoire de Dominique Fonvielle :
« crimes et coups tordus dans la Guerre
Economique »
- Nicolas Lejosne : « Dimension culturelle
de l’entrepreneuriat, la création d’entreprise et l’innovation en Afrique »
-Hugon P, L’économie de l’Afrique,
éditions
la
Découverte,
ISBN
2707129208,1999.
-Voir également l’ouvrage d’Henri Samier
et de Victor Sandoval, « La recherche
intelligente sur l’Internet », publié chez
Hermès.