This has been an unusual year for the Province and my office is no

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This has been an unusual year for the Province and my office is no
Allocution
Gord Miller, commissaire à l’environnement de l’Ontario
Rapport annuel 2002-2003 — Au-delà de l’immédiat
Salle des médias, édifice de l’Assemblée législative, Queen’s Park
10 h, le jeudi 27 novembre 2003
Sous réserve de modifications
La province ainsi que mon bureau ont tous deux connu une année inhabituelle. Je présente
aujourd’hui mon rapport annuel pour 2002-2003, un peu plus tardivement que je ne l’ai fait
ces dernières années, et ce, parce que je devais attendre que l’Assemblée législative
reprenne ses travaux. Par conséquent, lorsqu’ils examineront ce rapport, les membres de
l’Assemblée législative et le public devront se rappeler qu’il décrit des décisions
gouvernementales et des événements environnementaux d’avant le 31 mars 2003. Bien
entendu, il est survenu beaucoup de choses depuis lors. Certains articles ont toutefois été
mis à jour au début de l’été, au moment où le rapport allait sous presse.
Je vous présente donc aujourd’hui ce rapport qui s’intitule Au-delà de l’immédiat. Ce titre
est pour l’Assemblée législative à la fois un défi et une mise en garde. Peut-être pour des
raisons compréhensibles, il semble que notre société se soit mise en mode réactif, ce qui
se manifeste dans la façon dont nous prenons des décisions environnementales. Nous
pensons et nous agissons en fonction de nos préoccupations à court terme sans vraiment
tenir sérieusement compte des répercussions importantes et à long terme sur
l’environnement.
Laissez-moi vous donner un exemple. Au cours des quatre dernières années, j’ai reçu ou
j’ai été avisé de nombreuses plaintes et objections en ce qui concerne l’extraction de nos
ressources en agrégats (pierres, gravier et sable). Certaines de ses préoccupations visaient
des nuisances, comme la poussière, le bruit et la circulation. D’autres visaient toutefois la
dégradation des eaux souterraines et de surface et la perte de terres précieuses du
patrimoine naturel, particulièrement dans des lieux écologiquement vulnérables comme
l’escarpement du Niagara. Bien qu’il soit possible d’atténuer, et que l’on atténue en
général, certaines des nuisances attribuables à l’extraction d’agrégats, celle-ci a des
répercussions concrètes que l’on ne peut parfois atténuer. Par exemple, il se peut que ces
terres du patrimoine naturel ne puissent plus servir à des fins écologiques et humaines et
que l’on doive attendre des décennies avant qu’elles ne soient réhabilitées et que des
écosystèmes viables y soient restaurés.
Nous ne voulons pas qu’il y ait davantage de carrières et de puits d’extraction d’agrégats ou
que ceux-ci prennent de l’expansion. Toutefois, cela ne nous empêche pas d’exiger la
construction de routes et de rues municipales plus larges – ce qui nécessite de vastes
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quantités de nouveaux agrégats. Mais non seulement voulons-nous des routes plus larges,
nous voulons aussi que les agrégats soient de meilleure qualité et que l’asphalte et les
plates-formes routières soient fabriqués selon des devis plus stricts. La seule solution est
donc d’intensifier l’extraction d’agrégats dans les secteurs les plus vulnérables sur le plan
écologique.
En outre, bien que les devis de construction des routes le permettent, on réutilise rarement
les agrégats que l’on met au rebut. On pourrait par exemple trier les débris de démolition et
les déchets de construction et les réutiliser pour construire des routes. Cependant, à
Toronto, le gros de ces déchets est expédié dans la flèche de la rue Leslie. Je crois qu’un
jour les archéologues nous décriront comme une société qui creusait de gros trous dans
l’escarpement du Niagara et ailleurs pour extraire des pierres qu’on transportait jusqu’à
Toronto pour ensuite les jeter quelques années plus tard dans le lac Ontario.
Il existe aussi d’autres déchets convenables que l’on pourrait utiliser. Ainsi, le gros du verre
tiré des boîtes bleues n’est pas refondu et remoulé parce qu’il est trop contaminé (un autre
problème, celui-là). Il semble donc que nous préférions engager des coûts pour faire
transporter ce verre au Michigan. Il serait préférable que nous l’utilisions dans la
construction de certaines routes afin de remplacer des agrégats vierges.
Je cite cet exemple pour illustrer comment des décisions apparemment isolées prises à
l’égard de la largeur des rues par les urbanistes municipaux, de la qualité des routes par le
ministère des Transports de l’Ontario, de la gestion des déchets par le ministère de
l’Environnement et de la gestion des agrégats par le ministère des Richesses naturelles
ont conjointement eu pour effet d’encourager l’extraction d’agrégats et de contribuer à la
dégradation de notre paysage. Si ceux-ci travaillaient ensemble et pensaient à long terme,
ils pourraient faire bien mieux.
Voici un autre exemple de la façon dont nous ignorons l’aspect global d’une question. À
l’heure actuelle, nous ne disposons pas d’une vue d’ensemble quant au statut des stations
d’épuration des eaux d’égout de la province. Il existe encore 15 stations d’épuration
primaire en Ontario à une époque où l’épuration secondaire est devenue la norme et
l’épuration tertiaire prend de plus en plus d’ampleur partout dans le monde. À une certaine
époque, l’Ontario était un chef de file mondial dans le domaine de l’épuration municipale
des eaux d’égout. Nous avons maintenant pris beaucoup de recul, mais nous ignorons
l’ampleur de ce recul, puisque le dernier sommaire détaillé que le ministère de
l’Environnement a publié à l’égard du rendement de nos stations d’épuration des eaux
d’égout remonte à 1993, et était fondé sur des données de 1991. Cela fait 12 ans que nous
sommes dans l’ignorance la plus totale, et je recommande que nous éclaircissions cette
question.
Une série de questions liées à l’environnement et aux ressources naturelles que nous avons
traitées séparément comme s’il s’agissait de problèmes distincts, mais qu’il est plus facile
de comprendre si on les examine sous une perspective plus vaste, illustre parfaitement en
quoi il est insensé de prendre des décisions isolées et à court terme. Ainsi, au cours du
dernier exercice, une autre demande d’examen a été présentée à l’égard de la liste dressée
en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition. Avant qu’une espèce puisse figurer
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sur cette liste, le ministère des Richesses naturelles doit entreprendre un processus de
consultation des propriétaires fonciers, ce qui prend du temps. Il semble que le ministère
n’arrive pas à répondre à la demande et à conférer une protection aux espèces qui en
nécessitent une.
Par ailleurs, au cours des dernières années, j’ai fait état des initiatives prises pour protéger
des zones spéciales en Ontario, la stratégie Patrimoine vital de l’Ontario et le Plan de
conservation de la moraine d’Oak Ridges en étant les principaux exemples. Cette année,
j’aborde encore une fois cette question dans un article sur l’Initiative boréale nord (IBN),
un programme dont l’objectif est d’autoriser de nouvelles possibilités d’exploitation
forestière et de développement dans les forêts boréales en grande partie intactes du Grand
Nord ontarien. Le processus d’aménagement du territoire de l’IBN est, à juste titre, axé
sur les communautés autochtones. Cependant, l’IBN ne reconnaît pas la nécessité
d’assurer une planification écosystémique et de désigner et de protéger les zones
écologiquement vulnérables avant d’entreprendre les activités d’aménagement.
Ironiquement, nombre d’entre nous croyaient que les difficultés qui étaient survenues
dans la cadre de la stratégie Patrimoine vital de l’Ontario et du Plan de conservation de la
moraine d’Oak Ridges nous avaient permis d’apprendre cette leçon.
Aussi en ce qui a trait aux zones protégées, j’ai examiné cette année le nouveau
Programme d’acquisition de terres à vocation écologique du ministère des Richesses
naturelles, dont l’objectif est d’acheter des terres privées écologiquement vulnérables afin
de les protéger. Les changements qui ont été apportés à l’administration de ce processus
s’avèrent une amélioration, mais le financement consenti – 10 millions de dollars sur
deux ans – est tout à fait inadéquat. Ainsi, cette année, le gouvernement a perdu une
guerre d’enchères pour un bien-fonds de 115 hectares où se trouvait un reste de forêt
carolinienne qui abritait le dernier peuplement vieux d’érables noirs en Amérique du
Nord. Cette seule parcelle s’est vendue pour près de 3 millions de dollars.
La question des espèces envahissantes, qui continuent de perturber nos écosystèmes et
menacent de transformer sensiblement nos lacs et nos paysages, appartient également à
cette série de questions que je veux mettre en relief. Je mentionne dans le rapport les
problèmes attribuables à la moule zébrée et au gobie arrondi, mais je crains que ces
menaces ne soient rien par rapport à la catastrophe qui pourrait frapper nos forêts suite à
l’invasion récente de deux insectes, soit l’agrile du frêne et le capricorne d’Asie. Et plus
tôt cette semaine, il a été révélé qu’on avait détecté dans la rivière Don des spécimens
d’une espèce tout aussi destructrice, la carpe de roseau. Il existe bien peu de politiques
provinciales à l’égard des espèces envahissantes. On les considère comme un problème
du gouvernement fédéral et on ne s’y attaque que sur une base individuelle.
La protection des espèces en péril, la planification de la zone boréale nord, l’acquisition
de terres écologiquement vulnérables et la lutte contre les espèces envahissantes ont
toutes une chose en commun : elles sont liées à la protection de la biodiversité de
l’Ontario. Mais les ministères ne voient et n’envisagent pas ces questions sous cet angle.
Les ministères responsables de ces initiatives n’en assurent aucunement la coordination
en fonction des objectifs de biodiversité. Ces programmes sont administrés isolément. De
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plus, il n’y a aucune stratégie globale de la biodiversité en Ontario. Par conséquent, il se
peut que certaines choses passent entre les mailles du filet, et c’est exactement ce que
nous avons constaté cette année dans au moins un cas très important.
Il y a quelques années, le gouvernement provincial a vendu ou fermé ses pépinières
provinciales. Celles-ci fournissaient de grandes quantités de semis servant à replanter des
forêts en grande partie sur des terres privées du Sud de l’Ontario. Vu la nécessité
fondamentale de disposer d’une quantité suffisante de semences génétiquement adaptées
à chacune des zones de semence de l’Ontario, la province a conservé et continue
d’administrer l’Installation de conditionnement des semences forestières de l’Ontario qui
a pour mandat de recueillir des semences et de les conserver. Mais tout le projet était mal
conçu. La banque de semences a épuisé ses stocks, et les activités de collecte de
semences n’ont pas suffi. Même si nous voulions aujourd’hui lancer dans le Sud de
l’Ontario un programme à grande échelle dans le but d’y planter différents arbres
indigènes, cela nous serait impossible. Les pépinières privées ont la capacité de cultiver
les semis, mais il leur est impossible d’obtenir les semences pour ce faire. Et dans de
nombreuses zones de semences, les arbres ne produiront pas de semences avant plusieurs
années.
En ce moment où nos forêts sont confrontées à des espèces envahissantes, à des maladies
et au changement climatique, nous mettons inutilement en danger la diversité génétique
des arbres de nos forêts supposément pour économiser un peu d’argent. Si économies il y
a, elles sont illusoires, mais cette situation illustre pourquoi nous avons besoin d’une
stratégie globale de la biodiversité pour coordonner et financer convenablement toute
mesure que nous prenons à l’égard de cette menace et des autres menaces à notre
patrimoine biologique et écologique.
Le rapport annuel de cette année est volumineux et il aborde de nombreuses questions
importantes dont je n’ai pas parlé ce matin. Au cours du dernier exercice, il s’est passé
beaucoup de choses sur le plan de la protection de l’environnement en Ontario, et depuis
la fin de cet exercice, il s’en est passé encore davantage et il reste encore beaucoup à
faire. Ainsi, nous disposons d’une loi sur la gestion des éléments nutritifs et d’une autre
sur la salubrité de l’eau potable, dont je discute dans le rapport, mais elles sont toutes
deux incomplètes puisque certains des règlements et des politiques clés qui serviront à
mettre ces lois en oeuvre n’ont pas encore été rédigés.
Nous vivons des moments à la fois stimulants et remplis de défis, et il est manifeste qu’il
reste encore beaucoup à faire, mais je suis optimiste et je crois que nous continuons à
faire des progrès.
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