document pdf - Éditions Rouge Profond
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SIMULACRES 7 Décembre 2002 ÉDITO En couverture Brian De Palma, Body Double, 1984 SIMULACRES 26 rue Poliveau 75 005 Paris Tél. 01 43 31 52 70 [email protected] www.simulacres.net RÉDACTEURS EN CHEF Guy Astic, Jean-Baptiste Thoret RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT Stéphane Bou ATTACHÉS À LA RÉDACTION Sébastien Clerget, Sébastien Le Pajolec, Nicolas Rousseau DIRECTEUR ARTISTIQUE Guillaume Gaidot ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO François Angelier, Diane Arnaud, Bernard Benoliel, Nicole Brenez, Jean-François Buiré, Fabienne Duszynski, Frank Lafond, Bénédicte Martin-Vaillant, Chrystophe Pasquet, JeanFrançois Rauger, Didier Truffot REMERCIEMENTS Nicolas Lemay, Liliane Roudière CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES Les clichés et photogrammes sont des photos d’exploitation et/ou issus de collections personnelles. IMPRIMERIE Novoprint (Espagne) DIFFUSION Kiosques NMPP, Librairies Dif’Pop ABONNEMENT Paiement par chèque ou mandat lettre à l’ordre de : ROUGE PROFOND 31 € pour 4 numéros (port compris) Pour l’étranger, 43 € pour 4 numéros (port compris). Les manuscrits et les propositions d’articles peuvent être envoyés à l’adresse de la rédaction ou à : ROUGE PROFOND 363 Chemin des Moulières 84 120 PERTUIS Tél. 04 90 09 04 64 SIMULACRES est une publication de ROUGE PROFOND (association Loi 1901) © Tous droits réservés pour tous pays Dépôt légal : Décembre 2002 ISSN 1297-6180 Publié avec l’aide du Centre National du Livre Ce numéro a été réalisé avec le soutien de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur À venir Ivresses – mars 2003 Le Peuple – juin 2003 Complots – septembre 2003 Le film synthèse de ce numéro, en même temps que sa matrice absente, pourrait être Minority Report. En contrechamp, la réalité : à Washington, deux snipers ont tenu la population dans leur ligne de mire. En 1971 déjà avec Dirty Harry, Don Siegel avait fait d’un sniper, Scorpio, l’incarnation d’une menace anonyme et omniprésente, transformant en cible le moindre quidam. Le dernier film de Steven Spielberg imagine un monde où le meurtre a été éradiqué, rendu impossible par une nouvelle unité de police (la precrime) assistée de mutants médiumniques. Parce qu’ils peuvent voir par avance le crime perpétré, ils sont en mesure d’arrêter le geste fatal avant son exécution. La parade sécuritaire semble infaillible, mais le desir de meurtre reste vivace. Quelle singularité fait du meurtre un événement hors norme, seul parmi tous les autres susceptible d’être pré-vu ? Comment définir la nature du meurtrier si les coupables demeurent innocents du geste fatal ? Surtout, le monde peut-il impunément se débarrasser de l’issue de la tragédie et ignorer par ailleurs la survie de la pulsion meurtrière ? Que reste-t-il du Mal lorsque l’énergie meurtrière se replie sans cesse sur elle-même et ne peut plus éclater ? Comment tuer lorsque le meurtre est devenu impossible ? Minority Report, aussi bien du point de vue de sa configuration symptomatique que de celui de son déploiement narratif, constitue l’un des films majeurs de ces dernières années. Sans doute parce qu’il vient de là où on ne l’attendait pas, d’un cinéaste qui nous avait plutôt habitués à contourner la grande fiction de questionnement américaine. Il fallait peut-être un Spielberg pour interroger, dans un film où l’on ne cesse de s’élever pour mieux retomber, la gravité d’un humanisme à redécouvrir derrière l’horreur sécuritaire et la prolifération des images. Minority Report est-il le premier film de l’après 11 septembre ? Film du deuil impossible de l’enfant perdu, dont le sens de la disparition ne trouve aucun écho dans le scénario, laissant Tom Cruise à la tristesse d’une question sans réponse. C’est le dernier plan du film, envers négatif d’une réconciliation qui n’a pas lieu et d’une filiation rendue malade. Mais on est loin des conclusions volontiers amnésiques des derniers films de Spielberg. Minority Report s’achève sur une image faussement apaisée : à nouveau réunis,Tom Cruise et sa femme (enceinte), le regard tourné vers un horizon grisâtre. Un autre enfant s’annonce, comme si pour oublier il fallait moins ressasser (les images, les preuves, ses souvenirs) que toujours recréer, conformément à la mythologie si américaine du reborn. Quelqu’un va donc renaître et prendre la place d’un autre, mais pour l’instant, on ne voit rien venir que l’absence de celui qui a disparu, au cœur du plan, sous nos yeux, dans le ventre de la mère. La rédaction 3