Chap. 25 LA POLLUTION INDUSTRIELLE - Identifier
Transcription
Chap. 25 LA POLLUTION INDUSTRIELLE - Identifier
Page 1 sur 9 Chap. 25 LA POLLUTION INDUSTRIELLE - Identifier les menaces que l’activité industrielle fait peser sur les différents écosystèmes (causes et manifestations) ; Présenter les solutions pouvant être envisagées. INTRODUCTION La pollution peut être comprise comme la contamination de l'air, de l'eau ou du sol (par des substances chimiques, organiques ou radioactives) altérant la santé de l'homme, la qualité de la vie ou le fonctionnement naturel des écosystèmes. C’est aussi le déversement dans l’air, l’eau et le sol des substances qui provoquent la dégradation des milieux de vie. Quand elle est induite par l’industrie, on parle de pollution industrielle. Parfois, par extension, le simple caractère très désagréable, d'une nuisance a priori sans danger (ex bruits répétés) peut suffire à invoquer le qualificatif de pollution là où le mot « nuisance » est habituellement préféré. En plus des polluants créés de façon artificielle par la civilisation moderne, il faut considérer ceux qui existent dans la nature et dont l'Homme accroît la fréquence. À titre d'exemple, on peut mentionner les oxydes de Soufre ou d'Azote, divers Nitrates et aussi des substances naturelles telles les aflatoxines, les diverses toxines bactériennes liées aux manipulations des aliments par l'industrie, la pollution microbiologique des eaux, etc. L'histoire des pollutions reflète fidèlement les progrès de la technologie. Pendant toute la période historique et jusqu'aux débuts de l'ère industrielle, qui se situent au XVIIIe siècle en Europe, les pollutions furent toutefois des plus limitées. Il faut attendre la naissance de la grande industrie, au milieu du siècle dernier, pour que la contamination de l'eau, de l'air et parfois des sols devienne localement préoccupante dans les alentours des installations minières ou métallurgiques et dans les grandes cités industrielles surpeuplées. Mais quelle que soit l'importance des problèmes de pollution qui se sont manifestés jusqu' à la Seconde Guerre mondiale, aucun d'entre eux n'a présenté le caractère angoissant que confèrent la technologie moderne et la croissance des dernières décennies aux émissions des foyers industriels et urbains, à l' accumulation des déchets provenant de la consommation individuelle et des industries, en particulier chimiques (Hinrichsen et al., 1987), à la libération de substances nouvelles extraordinairement toxiques dans l'air, les eaux et les sols. Les plus graves questions auxquelles nous sommes aujourd'hui confrontés proviennent du rejet dans l'environnement de substances à la fois très nocives et peu biodégradables sinon indestructibles. I- LES PRINCIPALES SOURCES DE POLLUTION INDUSTRIELLE On peut distinguer deux principales causes de contamination dans la civilisation industrielle: La production de l'énergie; les activités de l'industrie chimique; les activités agricoles. Pour chacune de ces causes fondamentales de pollution existent des sources situées en amont, au niveau de la fabrication et en aval à celui de l'utilisation par le consommateur. Page 2 sur 9 A- La production d'énergie, source essentielle de pollution La recherche de ressources énergétiques et leur utilisation par les pays industrialisés, implique le gaspillage de ressources naturelles à la fois peu abondantes et non renouvelables comme les combustibles fossiles1, et joue un rôle prépondérant dans la contamination de l'environnement par d'innombrables substances toxiques. L'emploi des hydrocarbures2 fossiles intervient à tous les niveaux d'activité dans notre civilisation, tant en amont de la production industrielle (usines, centrales thermiques) qu'en aval (automobile, usages domestiques). S’agissant du charbon3, C'est à partir du XVIIIe siècle, époque à laquelle on commença à faire appel à la houille pour les besoins en combustibles des citadins et des industries, que l'on observa les premières pollutions atmosphériques. Par exemple, le smog4 londonien. A l'échelle mondiale, la production pétrolière a cru de 300% entre 1959 et 1979, année où elle a atteint sa plus forte valeur historique avec 3,24 milliards de tonnes extraites. Après avoir légèrement décru jusqu'en 1985 sous l'effet conjugué de la hausse des prix et de la crise mondiale, elle augmente à nouveau depuis 1986 et s'est rapprochée du niveau atteint peu avant le deuxième “choc pétrolier” avec 3,14 milliards de tonnes en 1990 (CPP 1991). En France, 49,6% du pétrole importé en 1990 a été utilisé comme carburant, 8% été brûlé sous forme de fuels industriels, 21,4% a servi au chauffage des locaux commerciaux et des habitations et seulement 13% comme matière première dans l'industrie chimique pour des synthèses organiques, le reste correspondant à divers usages (bitume, etc.). Les conséquences de l'emploi des combustibles fossiles sont désastreuses : il provoque le déversement dans l’eau et l’atmosphère de nombreux polluants. Dans l’air, le dioxyde de carbone est majoritairement produit par la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel). Les industries, notamment les raffineries de pétrole, contribuent quant à elles à d’importants rejets en dioxyde de soufre. Cet usage accru de charbons et de lignite riches en soufre de nos jours cause un surcroît de pollution atrnosphérique qui atteint aujourd'hui des dimensions catastrophiques tant en Europe centrale qu'en Chine populaire (Zhao et Sun, 1986). 1 Substance qui a été formée dans la roche par décomposition et transformation de végétaux sur plusieurs millions d'années et dont la combustion produit de la chaleur ou de l'énergie. Le charbon, le pétrole et le gaz sont des énergies fossiles 2 Hydrocarbures, composés organiques constitués de carbone et d’hydrogène. Les hydrocarbures présentent une grande importance commerciale : on les utilise comme carburants, comme combustibles, comme huiles lubrifiantes et comme produits de base en synthèse pétrochimique. 3 Minerai noir combustible extrait du sol, issu d'une décomposition végétale et riche en carbone 4 Brouillard polluant composé d'un mélange de particules solides et liquides, formé quand le taux d'humidité est élevé et que l'air est si calme que les fumées (smoke, en anglais) et le brouillard (fog, en anglais) s'accumulent près de leur source d'émission. Le smog réduit la transparence de l'air, et irrite souvent les yeux et le système respiratoire. Dans certaines grandes villes, le taux de mortalité augmente considérablement pendant les périodes de smog prolongées, surtout quand un processus d'inversion de chaleur crée un couvercle au-dessus de la ville, ce qui empêche le smog de se disperser. Le smog apparaît le plus souvent dans les villes côtières, et pose un problème particulièrement grave à Tokyo et à Los Angeles. Page 3 sur 9 Les marées noires5 et autres fuites de pétrole contaminent l'Océan mondial, leur raffinage pollue les eaux continentales et littorales. L'implantation des raffineries saccage des sites littoraux. A tous les stades de l'activité humaine, l'usage des hydrocarbures fossiles les place au premier rang des sources de contamination de l'environnement (voir Tableau 1-1). Activité Extraction Raffinage Utilisation Cause de pollution Fuite de puits « offshore » Rejet d’effluents gazeux et liquides Combustions incomplètes Milieu pollué océan Nature des polluants Pétrole brut Atmosphère, eaux Divers composés continentales, mers organiques, mercaptans, SO2 Atmosphère SO2, oxydes d’azote, hydrocarbure L'énergie nucléaire En plus de la pratique des essais dans l'atmosphère d'engins de dissuasion et la multiplication de ces armements, est venue s'ajouter la crainte d'une pollution généralisée et insidieuse par les rejets d'effluents dilués, contaminés par divers radionucléides, qui proviennent des réacteurs nucléaires et surtout des usines de retraitement de combustible irradié indispensable à tout développement de l'énergie atomique. Les nuisances associées à l'énergie Parmi les principales nuisances associées à la production et à l'utilisation de l'énergie, on ne saurait omettre une d'entre elles, de nature physique, la pollution thermique. Toutes les machines utilisées par l'Homme se caractérisent par un rendement thermodynamique à peine supérieur à 40% dans le meilleur des cas. En conséquence, lorsque l'Homme brûle une masse déterminée de combustibles fossiles ou de matière fissile6, 60% de l'énergie potentielle est perdue dans l'environnement sous forme de basses calories inutilisables. Cette question est particulièrement préoccupante dans le cas des centrales thermiques classiques ou nucléaires qui produisent sur une aire restreinte des quantités colossales d'énergie. Le refroidissement d'une centrale de 1 000 MW nécessitant le débit entier de la Seine à l'étiage, il s'ensuivrait un réchauffement des eaux fluviales ou littorales catastrophique pour les êtres vivants limniques7 et marins. En conséquence, on a été contraint de localiser les centrales nucléaires en zone côtière ou de doter celles sises au bord des fleuves de coûteux aéroréfrigérants (= tours de condensation). Malheureusement, ces derniers présentent un impact environnemental non négligeable. Ils enlaidissent les sites par suite de leur gigantisme et aussi dégagent d'immenses 5 Déversement en mer de grandes quantités de produits pétroliers qui polluent la mer et les côtes. En minéralogie qui se fragmente facilement en lamelles 7 Sciences de la terre d'eau douce Exemple : le milieu limnique 6 Page 4 sur 9 panaches de vapeur d'eau susceptibles de provoquer diverses modifications climatiques locales défavorables. B- L'industrie chimique moderne source de polluants variés 1- L'évolution de la production chimique L'expansion extraordinaire qu'a connue l'industrie chimique8 au cours des dernières décennies se traduit par la mise en circulation dans la biosphère d'innombrables composés minéraux ou organiques de toxicité souvent élevée. La métallurgie et l'électronique recourent de plus en plus à des Métaux et Métalloïdes exotiques9 qui ne se rencontrent qu'à l'état de traces ou ne figurent pas dans les constituants normaux de la matière vivante : Mercure, Cadmium, Niobium, Arsenic, Antimoine, Vanadium, Sélénium, Europium, etc., sont aujourd'hui employés couramment dans diverses branches industrielles. Quant à la chimie organique10, elle met en circulation des composés artificiels en nombre sans cesse accru. Environ 70000 molécules faisaient l'objet d'un usage quotidien dès le début des années quatrevingt (PNUE, 1982) et un millier de nouvelles substances étaient annuellement commercialisées à vaste échelle sans que leurs propriétés toxicologiques n'aient donné lieu à des études suffisantes pour garantir l'innocuité de leur usage... Quelque 5 millions de composés organiques avaient déjà été synthétisés au milieu de la dernière décennie (Upton, 1986). Une enquête effectuée au début des années quatre-vingt aux États-Unis estimait déjà que sur 65 725 substances chimiques commercialisées, on ne disposait des informations minimales sur les dangers qu'elles présentaient pour la santé publique que pour moins de 30% d'entre elles (Upton, 1986) ! Que dire alors de l'estimation de leur impact sur les écosystèmes? En France, l'industrie produit chaque année 30 millions de tonnes de déchets divers. Aux États-Unis, où les problèmes de pollution atteignent aujourd'hui des dimensions catastrophiques, inégalées partout ailleurs sauf peut-être en Europe dite de l'Est il se rejette chaque année 140 millions de tonnes d'ordures ménagères (O'Leary et coll., 1988) lesquelles renferment divers Métaux lourds et autres résidus toxiques et last but not least, les industries chimiques de ce pays produisaient chaque année au début de la dernière décennie quelques 264 millions de tonnes de déchets chimiques dangereux (d'après EPA, 1984). 2- Les agents polluants On ne saurait dresser ici une liste exhaustive des innombrables composés organiques, rarement inoffensifs, rejetés tant en amont qu'en aval de l'activité industrielle moderne. Aldéhydes, phénols, fluorures, amines diverses, solvants chlorés, pesticides, détersifs, etc., sont dispersés dans le milieu naturel et se retrouvent soit dans l'air, soit dans les eaux et contribuent chacun pour leur part à la contamination des divers écosystèmes... 8 L’industrie chimique a pour objet la transformation de composés en produits chimiques qui répondent à un besoin. Elle comporte deux volets : la chimie lourde, qui fabrique tous les produits de base de la chimie ; et la chimie fine, qui utilise les produits de la chimie lourde pour synthétiser les produits finis utilisés par l’homme. 9 Qui est inhabituel et étrange 10 Branche de la chimie qui étudie les composés du carbone et leurs combinaisons. Page 5 sur 9 La dispersion dans l'environnement de matières plastiques variées (polyéthylène, chlorure de polyvinyle, polyuréthane, polystyrènes, etc.) est de nature préoccupante à l'heure actuelle. N'oublions pas que ces substances, outre des traces de monomères pas toujours inoffensives, renferment divers stabilisants, polymérisants et agents plastifiants dont la toxicité est fort mal évaluée. La combustion incomplète des matières plastiques, leur rejet dans les eaux continentales et les océans, semblent jouer un rôle significatif dans la contamination de l'environnement par les Polychlorobiphényles (PCB) substances similaires au DDT 11 et par le Cadmium, métal très toxique et carcinogène utilisé comme stabilisateur de certains de ces polymères synthétiques. 3- Dispersion planétaire de certains toxiques Un autre aspect, non moins préoccupant, de la pollution de la biosphère par l'industrie chimique réside en l'étendue des surfaces exposées aux innombrables substances toxiques produites par les activités humaines. Jusqu'à une date récente, celles-ci se localisaient autour des zones urbaines et industrielles. Mais depuis la fin de la dernière guerre mondiale, la contamination du milieu naturel par les produits de la technologie moderne s'étend à des régions de plus en plus reculées et on peut affirmer que la menace atteint aujourd'hui une échelle planétaire. Si l'opinion publique est depuis longtemps informée de la dispersion globale de retombées radioactives provoquées par l'expérimentation d'engins dits “de dissuasion”, elle ignore souvent que le même phénomène se produit avec un grand nombre d'éléments toxiques minéraux ou organiques. On s'est de la sorte beaucoup moins inquiété jusqu'à une date assez récente de la contamination de l'ensemble de l'écosphère, Océan mondial inclus, par de nombreux produits de la chimie de synthèse. Ainsi, on trouve à l'heure actuelle des fragments de matières plastiques entraînés par les courants et dérivant en plein océan Austral très au sud de la convergence antarctique en pleine mer de Ross (Gregory, Kirk et Mabbin, 1984) ce qui atteste de l'aspect global de la contamination de la biosphère par ces substances. L'ensemble de l'atmosphère et de l'hydrosphère est peu à peu empoisonné par des composés persistants et de toxicité pernicieuse tels les biphényles polychlorés (PCB) déjà nommés, les dioxines (Ogilvie, 1981, Eisler 1986), les redoutables dibenzofurans (Ono et al., 1987). On trouve de la sorte des traces de ces composés organohalogénés dans l'organisme de Mammifères du Grand Nord canadien ou dans celui des Poissons pélagiques, et aussi d'animaux antarctiques (cf. par exemple Subramanian et coll., 1983) Il en est de même d'autres substances, comme les divers dérivés du Mercure, utilisés comme pesticides ou encore dans l'industrie, en particulier pour la catalyse, qui à l'image des composés précédents persistent dans l'ensemble des écosystèmes et contamine de façon insidieuse tous les réseaux trophiques. 11 Chimie insecticide organique puissant et très toxique DDT = dichloro-diphényl-trichloréthane Page 6 sur 9 L'Océan mondial constitue en définitive le réceptacle final, l'ultime zone d'accumulation de tous les résidus toxiques produits par la technologie moderne. Aussi doit-on dès à présent s'étonner que la civilisation contemporaine continue avec une telle persévérance à le considérer à la fois comme une poubelle et comme un garde-manger, usages a priori incompatibles ! II- L’IMPACT NEGATIF DES INDUSTRIES SUR LE MILIEU NATUREL ET LES MESURES DE SAUVEGARDE A- L’impact négatif des industries sur les milieux naturels La pollution industrielle menace l'atmosphère, le sous-sol et les océans ainsi que les espèces qui y vivent Des catastrophes survenues depuis une trentaine d'années (boues12 rouges rejetées en Méditerranée, explosion de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, fuites de l'usine de Bhopal, en Inde...) montrent l'étendue du danger. Des pluies acides13 dues à l'industrie chimique menacent les forêts allemandes. D'autres produits chimiques empoisonnent les animaux marins jusqu'en Antarctique. Les pluies acides se forment lorsque les oxydes de soufre et d'azote s'associent à l'humidité de l'air pour libérer de l'acide sulfurique et de l'acide nitrique qui sont ensuite transportés très loin de leur source avant d'être précipités par les pluies. La pollution peut également être véhiculée par la neige ou le brouillard, ou encore être précipitée sous forme sèche. En fait, bien que le terme de pluies acides soit utilisé depuis plus d'un siècle — il provient d'études atmosphériques effectuées dans la région de Manchester en Angleterre —, le terme scientifique le plus approprié devrait être dépôt acide, car la forme sèche de ces précipitations est tout aussi néfaste pour l'environnement que leur forme liquide. Le problème des pluies acides trouve son origine dans la révolution industrielle et n'a cessé de croître depuis lors. La gravité de leurs effets est reconnue depuis longtemps dans des contextes régionaux illustrés par les périodes de smog acide dans les zones fortement industrialisées. Toutefois, ce n'est qu'au cours des dernières décennies que l'ampleur des dommages dus aux pluies acides est devenue manifeste. L'Europe du Nord est une région très étendue qui a fait l'objet d'études poussées et où les pluies acides ont affecté les édifices, endommagé les cultures et les forêts et menacé ou réduit la vie dans les lacs d'eau douce. En 1984, par exemple, des rapports sur l'environnement indiquaient que presque la moitié des arbres de la Forêt-Noire avaient été endommagés par les pluies acides. Le nord-est des ÉtatsUnis et l'est du Canada ont été particulièrement touchés par cette forme de pollution, et des dommages ont été relevés dans d'autres régions du monde. Les différents pays ont du mal *à se mettre d'accord pour lutter contre cette pollution B- Les solutions envisagées 12 Déchet produit par des activités (généralement industrielles) [Remarque d'usage: le plus souvent au pluriel] Précipitation atmosphérique chargée d'acides sulfurique et nitrique d'origine industrielle, nuisible à l'environnement. 13 Page 7 sur 9 Elle varie selon les époques, les pays et les industries, avec l'évolution des connaissances, les poids des lobbys, les moyens de contrôle... 1- En Europe La directive Reach concerne l'industrie et demande une évaluation ou réévaluation de la dangerosité de nombreux produits avant ou après leur mise sur le marché. Un registre européen des émissions polluantes (Eper) concerne 50 polluants (eau et air uniquement), émis par les principales (grandes et moyennes) installations industrielles. Il a permis de conclure7 mi 2007 à un « bilan mitigé ». Si on observe une diminution de deux tiers des cinquante polluants industriels suivis, notamment azotés dans l'eau (-14,5% dans l'eau), phosphore (-12 % dans l'eau) et dioxines et furanes (-22,5% dans l'air); ces améliorations sont contrebalancées par une hausse des émissions de certains polluants dont le CO2 que la commission espérait réduire grâce à l'introduction du système communautaire d'échange de quotas d'émission. L'Eper sera en 2009 remplacé par un registre européen des rejets et des transferts de polluants (PRTR européen) construit à partir des données de 2007, cette fois pour plus de 91 substances d'industries dans 65 domaines d'activité. Et les émissions diffuses du trafic autoroutier, chauffage domestique et l'agriculture» y seront ajoutées8. La Commission européenne a présenté le 9 février 2007 un projet de directive visant à condamner de manière uniforme au sein de l'Union européenne les crimes environnementaux9. Actuellement (février 2007), la définition varie fortement d'un État membre à l'autre, avec des sanctions jugées souvent « insuffisantes » par la Commission. Franco Frattini, le commissaire chargé de la Justice, à la liberté et à la sécurité a déclaré que 73 % des « crimes verts » sont causés par les entreprises, il fallait donc les pénaliser plus fortement. C'est ainsi que des amendes allant de 750 000 euros à 1,5 million d'euros peuvent être infligées, ainsi que pour les personnes, des peines de prison allant de 5 à 10 ans10. L'industrie est notamment concernée par deux types de crimes qui sont les émissions illicites de substances dangereuses et le transport illicite de déchets. 2- En France La France a retenu le principe pollueur-payeur, qui fait assumer au pollueur effectif ou potentiel la charge financière de la prévention, de la réduction et de la lutte contre la pollution. Dans cette optique, les équipements et produits polluants devraient être plus taxés que des produits dits écologiques. Des incitations financières, comme des réductions d'impôts, visant à promouvoir le développement des énergies renouvelables peuvent être appliquées. Lors d'une catastrophe écologique (comme une marée noire), le pollueur est censé assumer le nettoyage des zones contaminées. A aussi été adoptée en France une réglementation sur les installations classées. Elle concerne les installations susceptibles de présenter un danger pour l'environnement, le voisinage ou la personne. Page 8 sur 9 Ces installations appelées ICPE (installations classées pour la protection de l'environnement), répertoriées dans une nomenclature, sont tenues avant leur mise en activité ou avant un changement ou une diversification de leur activité de présenter un dossier en préfecture répertoriant toutes les nuisances qu'elles sont susceptibles de provoquer et les moyens qu'elles comptent mettre en œuvre pour les prévenir et les réparer le cas échéant. Les activités ainsi répertoriées sont soumises soit à une simple déclaration (dépôt du dossier) soit à une autorisation pour les installations présentant les risques les plus importants. La déclaration doit tout de même faire l'objet d'un récépissé attestant que le dossier est complet et conforme à la législation. 3- Au Cameroun Le Cameroun a promulgué le 05 août 1996 une loi dite « loi-cadre relative à la gestion de l’environnement ». Cette loi institue certains principes (principe de précaution, de pollueurpayeur, de responsabilité…), interdit de « porter atteinte à la qualité de l’air » en prescrivant l’utilisation des véhicules ou des installations construits conformément aux normes techniques en vigueur, et d’une manière générale interdit toute atteinte des différents biotopes en prescrivant systématiquement des études d’impact environnemental pour tout projet industriel. 4- Au niveau mondial En 1988, dans le cadre de la Convention des Nations unies concernant l'Accord sur la pollution atmosphérique transfrontalière à longue distance (1979), vingt-cinq nations ont ratifié un protocole limitant les émissions d'oxydes d'azote à leur niveau de 1987. En Europe, la convention de 1979 est régie par la Commission économique des Nations unies pour l'Europe. Cette commission a publié en 1985 le premier protocole sur le soufre, qui appelait à une réduction des émissions de soufre de 70 p. 100 par rapport à leur niveau de 1980, et ce d'ici à 1993. D'autres protocoles ont été signés par plusieurs pays d'Europe : le protocole sur les oxydes d'azote, le protocole sur les composés organiques volatils de 1991 appelant à la réduction de 70 p. 100 des émissions par rapport à 1988 d'ici à 1999, ainsi que le second protocole sur le soufre (1994), selon lequel les émissions de soufre doivent être réduites par étapes successives pour atteindre l'objectif de 20 p. 100 du niveau de 1980 d'ici à 2010. Alertés par la communauté scientifique, les décideurs politiques s’engagent, lors du premier Sommet de la Terre tenu à Rio (Brésil) en 1992, à stabiliser les émissions des gaz à effet de serre entre 1990 et 2000. En 1997, la signature du protocole de Kyoto (Japon) marque une étape importante dans la prévention du changement climatique, puisque la plupart des pays industrialisés s’engagent à réduire de 5,2 p. 100 le rejet des six principaux gaz à effet de serre d’ici à 2008-2012, et ceci par rapport au niveau de 1990. Cependant, les États-Unis — premier pollueur de la planète et signataire du protocole sous l’administration Clinton — ne ratifient pas ce protocole sous l’administration Bush. La France, qui est l’un des principaux pays européens à avoir satisfait la Convention de Rio (avec une réduction de 2 p. 100 d’émission entre 1990 et 2000), devra cependant intensifier sa politique énergétique pour respecter l’engagement signé à Kyoto. En juillet 2001, la conférence de Bonn (Allemagne) met en place la partie juridique de la convention et la conférence de Marrakech (Maroc), en novembre 2001, instaure des sanctions pour les pays ne respectant pas les engagements. Afin de respecter les quotas fixés, un système d’échange des droits d’émission doit d’ailleurs être Page 9 sur 9 fonctionnel au niveau de l’Union européenne à partir de 2005, instaurant des permis de polluer dans le but de faire payer les pollueurs suivant la formule « pollueurs payeurs ». Dans le cadre de ces conventions des techniques ont été mises au point pour atténuer la pollution atmosphérique. Ainsi, en est-il des filtres industriels : de nombreuses fumées toxiques des usines sont retenues par des filtres, imposés par des lois limitant les taux de rejet dans l'atmosphère. Malheureusement, dans bien des pays, ces rejets de gaz toxiques sont encore trop importants, entraînant de graves pollutions, en particulier les pluies acides responsables de la destruction de forêts. Toutefois des solutions palliatives sont de plus en plus évoquées et sérieusement envisagées. Ainsi des énergies renouvelables et propres sont aujourd’hui utilisées à la place des combustibles fossiles (énergie solaire, éolienne…). Les biocarburants14, comme le méthyl tertiobutyl éther (MTBE) et l'éthyltertiobutyl éther (ETBE), à base respectivement de méthanol et d'éthanol, ainsi que l'ester méthylique d'huile de colza ou de tournesol (EMC), sont des carburants à étudier, dans le sens où ils peuvent contribuer à résoudre les problèmes du monde agricole. Malheureusement, ces carburants « verts » sont trois à quatre fois plus coûteux à produire qu'un carburant traditionnel. Leur développement ne pourra être que très limité. CONCLUSION Malgré la gravité du problème de pollution industrielle, les intérêts économiques très importants empêchent d’attaquer véritablement le mal à la racine. On peut donc dire que la pollution industrielle a encore de beaux jours devant elle. Surtout qu’aujourd’hui, les pays sous-développés entendent s’industrialiser et ne veulent surtout pas tenir compte des normes environnementales prescrites par les conventions internationales. Le Cameroun a déjà manifesté sa volonté d’amorcer son industrialisation avec sa « vision 2035 », mais de nombreux obstacles se dressent sur cette industrialisation. 14 Carburant d'origine végétale ne produisant pas, ou produisant peu, de pollution. Les carburants sont des substances dont la combustion fournit l'énergie nécessaire aux moteurs thermiques (moteurs à allumage commandé, moteurs Diesel, moteurs d'avion).