Le test de 10 mètres de marche à vitesse maximale : une aide à la
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INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES Le test de 10 mètres de marche à vitesse maximale : une aide à la prise de décision de suppression des cannes anglaises Mathieu ROUZEE - 2011 Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est illégale. Ministère de la Santé et des sports Région Bretagne Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie de Rennes Le test de 10 mètres de marche à vitesse maximale : une aide à la prise de décision de suppression des cannes anglaises Travail Personnel présenté par : Mathieu ROUZEE En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat De Masseur-Kinésithérapeute - 2011 - Etude réalisée au centre régional médecine physique et réadaptation Les Herbiers, à BoisGuillaume (Seine-Maritime). Directeur de mémoire : M. PIETTE Gaël, Masseur-kinésithérapeute et formateur à l’IFMK de Rennes. Sommaire 1. Introduction ……………………………………………………………………………………………… 1 1.1. Du Teck 1 à la problématique du mémoire …………………………………..………….. 1 1.1.1. Le TECK 1……………………………………………………………...………………..…… 1 1.1.2. Le TECK 2……………………………………………………………...……………………... 1 1.1.3. Problématique de l’étude …………………………………............................................... 3 1.2. Revue bibliographique …………………………………………………………….………...… 3 1.2.1. Méthodologie de recherche bibliographique ……………………………….............. 3 1.2.2. Intérêts d’un test de dix mètres de marche à vitesse maximale ………………….. 3 1.2.3. Du protocole de Dauty et al. au protocole de l’étude ………………………………6 2. Matériel et Méthodes ………………………………………………………………………………… 9 2.1. Population ………………………………………………………………………………………. 9 2.2. Matériel ………………………………………………………………………………………….. 9 2.3. Méthodologie ……………………………………………………………………………………10 2.3.1. Protocole expérimental…………………………………………………………………… 10 2.3.2. Analyse statistique ……………………………………………………………...…………. 12 3. Résultats ……………………………………………………………………………………………………. 13 3.1. Tableaux et graphiques ……………………………………………………………………… 13 3.2. Analyse statistique …………………………………………………………………………… 15 4. Discussion ………………………………………………………………………………………………….. 18 4.1. Analyse des résultats ……………………………………………………………………….. 18 4.2. Limites et perspectives ……………………………………………………………………... 19 5. Conclusion…………………………………………………………………………………………………..23 6. Bibliographie …………………………………………………………………………………………… 24 Annexe …………………………………………………………………………………………………………..… 26 Résumé Objectif Cette étude a pour but de déterminer s’il existe une corrélation entre la vitesse de marche maximale, obtenue lors d’un test de 10m de marche, et la capacité à se déplacer sans aide de marche, chez des patients porteurs de PTG et des patients porteurs de PTH. Elle propose dans le même temps des améliorations au protocole du test. Matériel et Méthode Deux groupes sont constitués en fonction du type de prothèse (GPTG, 15 sujets (74,4 ± 6,65 ans) et GPTH, 7 sujets (71,4 ± 12,97 ans)). Les sujets, inclus au 21ème jour (±2) post opératoire de la pose d’une prothèse, réalisent le test de vitesse maximale de marche avec des cannes. Ils sont ensuite discriminés en fonction de leur capacité à marcher sans cannes ou non. Résultats Les sujets, capables de se déplacer sans cannes, marchent significativement plus vite pour le GPTG (p<0,05), mais pas pour le GPTH, même si une forte tendance se dessine (p=0,06). Le meilleur temps obtenu au cours des quatre essais du test est significativement supérieur au temps réalisé lors du premier essai (p<0,05). Il existe une corrélation (r = 0,98) entre ces deux temps. Elle est définie par la fonction T Vmax=(0,92647*T1) – 1,655. Conclusion L’étude n’a pas permis de déterminer des seuils de vitesse de marche prédictifs de l’abandon des cannes. Cependant, elle offre des perspectives de recherche sur l’estimation de la vitesse maximale de marche à partir d’un seul essai. Une étude complémentaire plus longue et comprenant plus de sujets serait souhaitable. Mots-clés : knee osteoarthritis, hip osteoarthritis, walking aids, walking speed, 10m walking test gonarthrose, coxarthrose, aides à la marche, vitesse de marche, test de 10m de marche 1. Introduction Au cours de la deuxième année d’étude, l’Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie de Rennes demande aux étudiants de rendre deux travaux écrits : le Travail d’Etude Clinique en Kinésithérapie 1 (TECK 1) et le Travail d’Etude Clinique en Kinésithérapie 2 (TECK 2). L’objectif de ces deux travaux est de développer la démarche professionnelle des étudiants : - TECK 1 : évaluation d’un patient à l’aide du Bilan Diagnostic Kinésithérapique, et formulation d’objectifs adaptés. - TECK 2 : prendre une décision d’action professionnelle à partir de la littérature scientifique. 1.2. Du Teck 1 à la problématique du mémoire 1.2.1. Le TECK Le TECK 1 1 a été réalisé sur un patient atteint d’un syndrome de Guillain Barré. Ce syndrome est une polyradiculonévrite démyélinisante inflammatoire aiguë. A la fin de ce travail, la problématique était la suivante : Les capacités du patient lui permettent d’être autonome dans le centre hospitalier, mais sont encore insuffisantes pour qu’il regagne son domicile. Il se déplace avec deux cannes anglaises. Le retrait des aides techniques est possible. Il stimule les muscles déficitaires et motive le patient. Cependant, cela engendre des compensations importantes lors de la marche. A partir de quand pouvons-nous supprimer les aides techniques sans risquer de voir s’installer des défauts de marche ? 1.2.2. Le TECK 2 L’objectif de ce second travail d’étude clinique en kinésithérapie est d’apporter une réponse à la problématique du TECK 1 en nous appuyant sur la littérature scientifique. Pour cela, nous avons essayé de reformuler le problème sous un point de vue global. Nous nous sommes donc intéressés à la reprise de la marche normale chez un sujet pathologique. Quelles sont les différentes aides à la locomotion ? A qui sont-elles destinées ? Quels sont leurs rôles ? En quoi ces aides sont-elles bénéfiques pour la santé ? Ces bénéfices sont-ils différents en fonction des pathologies ? Une nouvelle problématique se dégage : quels sont les facteurs qui engendrent la prise de décision de suppression ou de conservation des aides techniques ? 1 La recherche documentaire est effectuée sur Internet, à partir des sites PubMed1 et EM consulte2, en utilisant les mots clés suivants : walking aids, crutch, walking disorders, rehabilitation aides à la marche, cannes, troubles de la marche, rééducation Azulay et al. (2009) définissent la marche comme étant une activité alternée des membres inférieurs, constituée d’une succession de doubles appuis et d’appuis unilatéraux. Les troubles de la marche et de l’équilibre peuvent être engendrés par : la douleur, l’ataxie, les troubles moteurs liés à un déficit moteur, les troubles moteurs liés à des mouvements anormaux, les troubles moteurs hypokinétiques et les troubles psychogènes. Il existe de multiples aides à la marche. Elles assistent le patient de façon temporaire ou définitive, pour pallier un éventuel trouble de la marche ou de l’équilibre. La prise de décision de suppression ou de conservation des aides techniques est souvent subjective (Sengler et al., 1999 ; Van der esch et al., 2003). Certains auteurs proposent d’utiliser des facteurs quantifiables. Selon Dauty et al. (2003) la vitesse maximale de marche est corrélée à la capacité de se déplacer sans aides techniques. Ils déterminent qu’une vitesse supérieure ou égale à 1,11 m/s, lors d’un test de 10 mètres de marche à vitesse maximale, présente une valeur prédictive positive de 86 % pour autoriser l’abandon des cannes à la marche. En dessous de 0,55 m/s, la valeur prédictive positive est de 83% pour conserver les cannes à la marche. Entre ces deux vitesses, le test de vitesse de marche n’aide pas le clinicien à prendre la décision de faire abandonner les cannes anglaises. De même, une décharge exercée par les aides, et inférieure à 30% du poids du corps, serait aussi un facteur prédictif (Sengler et al., 1999). Dans certaines pathologies comme la BPCO, les aides à la marche sont bénéfiques pour la santé du patient (Roomi et al., 1998). Cependant, elles renvoient parfois à une image négative, ce qui incite certains patients à ne pas les utiliser (Gooberman-Hill & Ebrahim, 2007). Le rôle d’éducation du soignant sera donc capital dans la prise en charge. La décision de suppression ou de conservation des aides techniques s’effectuera en prenant en compte les caractéristiques physiques, psychologiques et sociales du patient. 1 2 Pubmed : base de données disponible sur : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/ EM consult : base de donnée disponible sur : http://www.em-consulte.com 2 1.1.3 Problématique de l’étude Suite à cette recherche, il serait intéressant d’améliorer le protocole expérimental de Dauty et al. (2003), dans une nouvelle étude. La vitesse maximale de marche est un facteur quantifiable et facilement reproductible. Nous essayerons ainsi de prouver que la vitesse maximale de marche est un moyen fiable pour prendre la décision de suppression ou de conservation des aides techniques. Les seuils de vitesse maximale de l’étude de Dauty et al. (2003) sont déterminés à partir d’une faible population de patients opérés d’une prothèse totale de genou. Est-il possible d’affiner ces valeurs, en reproduisant le protocole sur un échantillon de patients plus important ? Est-ce que les patients capables de marcher sans cannes sont plus rapides que les patients incapables de marcher sans cannes ? La vitesse maximale de marche est-elle la même pour des prothèses différentes ? Quelles améliorations du protocole peuvent être proposées ? Suite à cette phase de questionnement, nous étudierons s’il existe une corrélation entre la vitesse de marche maximale obtenue lors d’un test de 10m de marche, et la capacité à se déplacer sans aides de marche ? 1.3. Revue bibliographique 1.3.1. Méthodologie de recherche bibliographique La recherche documentaire est effectuée sur Internet, à partir des sites PubMed et EM consulte, en utilisant les mots clés suivants : knee osteoarthritis, hip osteoarthritis, walking aids, walking speed, 10m walking test gonarthrose, coxarthrose, aides à la marche, vitesse de marche, test de 10m de marche A la suite de ces recherches, 31 articles sont sélectionnés par rapport à leur titre, leurs mots clés et leur date de publication. Pour obtenir certains d’entre eux, j’ai sollicité les documentalistes de l’IFPEK par courrier électronique. Après avoir lu les résumés de tous ces documents, 21 articles (11 en français et 10 en anglais) et un document électronique sont conservés pour réaliser l’étude. A l’exception de quatre études, l’ensemble des articles est publiés entre 2000 et 2010. 1.3.2. Intérêts d’un test de 10 mètres de marche à vitesse maximale La vitesse de marche est un indicateur de la qualité de la marche. En 2006, Barak et al. évaluent des sujets d’une moyenne d’âge de 72,1 ans sur un tapis de marche. La vitesse augmente progressivement de 0,18 m/s à 1,52 m/s, avec une incrémentation de 0,225 m/s, puis diminue de la même manière. Chaque niveau de vitesse est maintenu pendant une minute. 3 Les sujets ayant chuté durant les 6 derniers mois, sont incapables de marcher à la même allure que les sujets non-chuteurs. L’étude indique que 57% des sujets chuteurs ne se sentent pas en sécurité et/ou ont peur de tomber lorsqu’ils marchent aux vitesses les plus élevées (1,3 et 1,52 m/s). Le test de 6 mètres de marche est un test de marche à vitesse maximale qui peut être utilisé pour prédire le risque de chute chez les personnes âgées. En 2008, Tiedemann et al. l’évaluent comme étant un test disposant de critères acceptables de validité, fiabilité et faisabilité. Les chuteurs multiples sont significativement moins performants que les non-chuteurs sur ce test. En 2009, Verghese et al. montrent qu’un ralentissement de la vitesse de la marche est associé à un risque plus élevé de chute. Selon Tiedemann et al. (2008) une vitesse inférieure ou égale à 1m/s, sur le test de 6 mètres de marche, ne prédit significativement un risque de chute qu’avec une sensibilité et une spécificité de 50%. Les paramètres de la marche se modifient chez les personnes âgées sous l’effet combiné du vieillissement physiologique et pathologique. Ces modifications associent principalement une irrégularité du pas, une réduction de la longueur de l’enjambée, une instabilité et une diminution de la vitesse de marche (Beauchet et al., 2002 ; Steffen et al. 2002). 60 – 69 ans 70 – 79 ans 80 – 89 ans Sujets masculins 2,05 (± 0,31) 1,83 (± 0,44) 1,65 (± 0,24) Sujets féminins 1,87 (± 0,30) 1,71 (± 0,26) 1,59 (± 0,28) Tableau 1. Vitesses moyennes (m/s) de la marche rapide en fonction de l'âge (Steffen et al., 2002). Ricard et Thélot ont publié une étude en 2008 pour l’Institut de Veille Sanitaire (InVS), qui traite des chutes chez les personnes âgées en France entre 2004 et 2005. Chez les 65 ans et plus, 84% des accidents de la vie courante sont des chutes. Sur les 20 000 décès annuels par accident de la vie courante, plus des trois quarts sont liés à des chutes. Pour cette tranche d’âge, elles surviennent principalement au domicile (78%) et en maison de retraite (11%). La marche est l’activité la plus courante au moment de la chute (69%). Barak et al. (2006) décrivent aussi une modification des paramètres de marche. Les chuteurs montrent de façon significative une plus grande fréquence de pas, une longueur de pas plus petite, un plus petit balancement latéral du centre de masse et de plus petites extensions de cheville et de hanche lors de la phase de poussée. Ils montrent une augmentation de la variabilité des mesures cinématiques dans leur coordination de marche, comparé aux non-chuteurs. 4 En 2010, Ornetti et al. mettent en évidence une réduction significative de la vitesse de marche, de la longueur de pas et de la flexion de genou chez les patients arthrosiques en comparaison avec les sujets sains. 50% des chutes se produisent lors de la locomotion. En 2007, Yahia et al. analysent des paramètres temporo-spatiaux de la marche chez les sujets gonarthrosiques à partir d’un test de 10 mètres de marche à vitesse maximale. Son étude révèle une diminution de la longueur du pas et de l’enjambée, de la cadence et de la vitesse de marche chez ces sujets. Norme Sujets Gonarthrosiques Longueur du pas (m) 0,59 (± 0,08) 0,46 (± 0,1) Vitesse (m/s) 1,08 (± 0,19) 0,78 (± 0,21) 1,8 1,62 (± 0,27) Cadence (pas/s) Tableau 2. Valeurs publiées dans l'étude de Yahia et al. (2007). Chez les sujets opérés d’une prothèse totale de genou (PTG), la vitesse maximale de marche est diminuée de 15 à 30 % à 6 mois post-opératoire. Walsh et al. (1998) ont mis en évidence, avec un recul de 1 an sur 29 patients ayant eu une PTG, une diminution de la vitesse de marche de 15 %. Intérêts pour le masseur-kinésithérapeute : - L’évaluation à partir d’un test de 10 mètres de marche à vitesse maximale est rapide. . Le test est effectué sur une courte distance et nécessite peu de matériel à mettre en place. Cela représente un gain de temps pour le praticien. En 2006, Pouessel et al. nous indiquent que la réalisation de l’épreuve d’effort conventionnelle, examen de référence, est complexe, coûteuse et invasive. Les tests de marche sont complémentaires des épreuves d’effort conventionnelles et des épreuves fonctionnelles respiratoires réalisées dans des conditions statiques. Ils sont non-invasifs, peu coûteux, ludiques et simples de réalisation, de compréhension et d’interprétation. - Selon Riou (2009) le test de marche de 6 minutes est un outil de mesure fiable et intéressant car il est : sous maxima, reproductible, facile à mettre en place, bien toléré et reflétant bien les activités de la vie quotidienne. Le test de 10 mètres de marche présente des caractéristiques similaires. La distance du test correspond approximativement à la largeur d’une route. Les résultats obtenus renseigneront le masseur-kinésithérapeute sur le temps minimum que met le sujet pour traverser la chaussée. 5 - L’élaboration d’un test clinique validé scientifiquement assiste le masseur- kinésithérapeute dans sa prise de décision. Intérêts pour le patient : - L’évaluation à partir d’un test de 10 mètres de marche à vitesse maximale est rapide. Sa réalisation n’empiète pas sur le temps de rééducation du patient. Les consignes données avant le test sont concises et faciles à comprendre. - La performance à réaliser au cours du test motive le patient. Le test est effectué par le patient, de façon active et à intensité maximale. Les données obtenues sont quantifiables et facilement interprétables. Cela incite le patient à effectuer la meilleure performance possible. - L’utilisation d’un test clinique validé scientifiquement augmente la sécurité du patient vis-à-vis de la prise de décision de retrait des cannes. 1.3.3. Du protocole de Dauty et al. au protocole de l’étude L’étude de Dauty et al. (2003) est citée en 2008 dans un rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS), qui préconise la vitesse de marche comme un des indicateurs fonctionnels de suivi d’une prothèse totale de genou. Adaptation du protocole : Améliorer la précision de mesure de la performance. L’étude de Graham et al. (2008) nous indiquent que les tests de marche chronométrés chez les personnes âgées utilisent le plus fréquemment des départs statiques. Nous introduirons une aire de prise d’élan de deux mètres et une aire d’arrivée de trois mètres, au parcours de marche. Contrairement à l’étude de Dauty et al. (2003), le sujet ignore l’existence de l’aire de prise d’élan et d’une partie de l’aire d’arrivée. Le chronomètre est en réalité déclenché, lorsque le sujet franchit un repère indiquant la fin de l’aire de prise d’élan. Il est arrêté lorsque le sujet franchit un repère indiquant le début de l’aire d’arrivée. Cette méthode est utilisée dans les écoles d’athlétisme pour mesurer des performances sans accélérations retardées et/ou décélérations prématurées. Nous limitons ainsi les anticipations éventuelles du sujet, pour mesurer sa performance réelle sur un 10m de marche à vitesse maximale. De la même manière, cette adaptation réduit les différences inter-individus. 6 Chronométrage en suivant le patient. Dans l’étude de Dauty et al. (2003), le chronométreur est placé à mi-distance du parcours et déclenche puis arrête le chronomètre lors du franchissement visuel des lignes de départ et d’arrivée par le patient. Afin d’améliorer la précision des temps recueillis lors du test, le chronométreur suit le patient en se positionnant un mètre derrière lui. Augmenter la sécurité du patient. Le masseur-kinésithérapeute placé derrière le patient, se décalera du côté de la jambe opérée. Ainsi, il n’influence pas la vitesse de marche du sujet et sécurise au maximum ce dernier. Le test de vitesse de marche est réalisé individuellement dans un lieu de faible circulation. Cela favorise la concentration et participe à la sécurité du patient. Consignes précises du protocole. En 2002, Beauchet met en avant l’influence de la tâche cognitive sur la performance des sujets âgés, lors d’un test de 10 mètres de marche. La réalisation en marchant d’une tâche cognitive explicite, de type décompte ou fluence verbale, augmente significativement le temps et le nombre de pas : 6.4s et 4.6 pas avec le décompte, 10.5s et 6.7 pas avec la tâche de fluence verbale. Lors de la réalisation du test, la tâche cognitive doit être la plus faible possible : l’examinateur ne doit pas parler avec le sujet. Les évaluations cliniques de la vitesse de marche ne sont pas menées de façon uniforme. Plusieurs facteurs méthodologiques peuvent influer sur l’interprétation clinique des performances de marche. Les consignes données en amont doivent être claires pour éviter toutes hésitations du sujet au cours du test. Il est très important de reporter les détails de la méthodologie de base d’un test, dans la littérature scientifique, et d’autant plus pour des tests standardisés méconnus. Cela facilite les comparaisons intergroupes et permet d’établir des normes plus significatives (Graham, 2008). Selon Riou (2009), pour être un marqueur fiable, le test doit être mené suivant un protocole strict. Lors de son étude, il standardise un protocole du test de 6 minutes de marche. Les consignes sont lues au patient avant qu’il réalise le test. Quel que soit l’examinateur, chaque patient reçoit l’ensemble des informations nécessaires à la réalisation du test, selon un ordre logique. Augmentation du nombre d’essais. Le protocole de Dauty (2003) proposait 3 tentatives chronométrées après un essai d’échauffement. En 2009, Riou recherche si l’absence de test de familiarisation est un biais pour la mesure du test de 6 minutes de marche, pour des patients insuffisants cardiaques. 7 Il met en évidence une augmentation significative entre le premier test à J1 et le deuxième à J2 (p = 0,04), mais pas entre J2 et J3. La distance parcourue est augmentée en moyenne de 10% (+47m). Nous pouvons nous demander si le nombre d’essais du protocole de Dauty (2003) est suffisant pour que le patient se familiarise avec le test de 10 mètres de marche à vitesse maximale. Nous ajouterons un essai supplémentaire à notre protocole, puis nous vérifierons statistiquement son utilité. 8 7. Matériel et Méthodes L’étude a été réalisée au centre régional médecine physique et réadaptation Les Herbiers, à Bois Guillaume (Seine-Maritime). 7.1. Population Pour réaliser l’étude, deux groupes sont constitués : Un groupe GPTG de 15 sujets (74,4 ± 6,65 ans), 11 femmes et 4 hommes, inclus au 21ème jour (±2) post opératoire d’une prothèse totale de genou (PTG). Un groupe GPTH de 7 sujets (71,4 ± 12,97 ans), 3 femmes et 4 hommes, inclus au 21ème jour (±2) post opératoire d’une prothèse totale de hanche (PTH). Rééducation des patients : Les patients des groupes GPTG et GPTH réalisent chaque jour, deux séances d’une heure de masso-kinésithérapie. Ces séances comprennent le traitement de la douleur et des troubles cutanétrophiques. Des exercices de gain d’amplitude articulaire et de renforcement musculaire sont faits avec le thérapeute ou en autonomie. Le travail fonctionnel effectué lors des séances permet de sécuriser et de rendre autonome le patient (déambulation, transfert, équilibre). Chaque séance proposée est adaptées aux caractéristiques et capacités du patient. Critères de sélection : Les patients, informés du protocole, ont donné leur consentement pour participer à l’étude. Tous les patients de l’unité de traumatologie, opérés d’une prothèse totale de hanche ou d’une prothèse totale de genoux, et se trouvant à 3 semaines post-opératoire sont chronométrés. Le jour du test, une concertation avec le masseur kinésithérapeute référent du patient détermine si ce dernier est apte à effectuer le test. Trois patients ont été exclus de l’étude (un pour cause d’hémiplégie et deux pour cause de douleur trop importante). La HAS nous informe en 2008 que la déambulation avec deux cannes anglaises requiert les techniques de verrouillage actif du genou lors de la phase d’appui. 7.2. Matériel Le test de vitesse maximale de marche est réalisé dans l’enceinte du centre de rééducation. Le couloir de marche, matérialisé au sol par deux lignes, mesure 15m de long sur 1m de large. Il comprend une aire d’élan de 2m et une aire d’arrivée de 3m, qui permettent respectivement une accélération et une décélération progressive. 9 Comme nous l’avons évoqué précédemment, le parcours est aménagé pour obtenir le meilleur temps possible sur une distance de 10m. Pour cela, le sujet est induit en erreur. Les plots indiquant le départ (0m) et l’arrivée (13m) sont disposés de telle manière, à ce que le sujet marche le plus vite possible sur 13 m. Des lignes discrètes, collées à 2m et 12m des plots de départ, délimitent au sol la distance sur laquelle le sujet sera réellement chronométré. Figure 1. Mise en place du test de 10 mètres de marche à vitesse maximale Le temps effectué sur le parcours de 10m de marche est mesuré à l’aide d’un chronomètre manuel d’une précision de 1/100ème de seconde. Deux fauteuils adaptés sont disposés respectivement à 3 mètres des plots rouges, et à 3 mètres des plots bleus. Ils permettront au sujet de faire leur récupération entre les essais en position assise. Pour des raisons de sécurité, les fauteuils ne sont pas placés dans la continuité du couloir de marche, mais légèrement décalés. L’évaluation des sujets à la marche sans aides techniques est réalisée entre des barres parallèles à hauteur variable, dans la salle de rééducation. 7.3. Méthodologie 7.3.1. Protocole expérimental La mise en place du protocole d’étude est validée par le médecin de l’unité de traumatologie du centre hospitalier des herbiers. Lors du test de vitesse de marche, les sujets sont pris en charge et chronométrés individuellement. Les consignes sont données aux sujets, par le praticien, avant le début du test, et toujours de la même manière : « Vous allez effectuer un test de 10 mètres de marche. Vous partirez des plots rouges et vous marcherez le plus vite possible, avec l’aide de vos cannes, jusqu’aux plots bleus. 10 Ne vous arrêtez pas brusquement à la ligne d’arrivée, prenez le temps de ralentir progressivement dans l’aire d’arrivée. En guise d’échauffement, vous ferez un premier passage non chronométré. Vous disposerez ensuite de quatre essais pour réaliser le meilleur temps. Entre chaque passage, vous ferez une pause et je vous indiquerais quand repartir. Avez-vous des questions ?» Durant le test, l’examinateur suit le sujet, en se plaçant du côté opéré. Le chronomètre est déclenché puis arrêté lorsque le patient franchit les lignes de départ et d’arrivée du test de 10m. Aucun encouragement verbal n’est donné. Le sujet réalise un premier passage d’échauffement pour se familiariser avec l’exercice. Il effectue ensuite quatre essais chronométrés. Une pause assise d’une minute est indiquée entre chaque passage (Dauty et al., 2003). L’examinateur en profite alors pour informer le sujet de son temps. Il interroge en même temps le sujet sur l’apparition d’éventuelles douleurs et sur son état de fatigue (observer l’essoufflement, la difficulté à répondre aux questions, la couleur de la peau et l’apparition de sueur). A la fin des quatre essais, le sujet est amené dans une pièce où se trouvent des barres parallèles de 3,5 mètres de long, avec plancher, et à hauteur réglable. Les consignes données au patient sont les suivantes : « Vous sentez-vous capable de marcher sans vos cannes ? » En cas de réponse négative, le patient est noté comme « incapable de marcher sans aides techniques » et le test se termine. Si la réponse est positive, l’évaluation continue : « Vous allez effectuer un aller-retour entre les barres parallèles, en plaçant vos mains au dessus des barres, mais sans les toucher. Je vais assurer votre sécurité. Si vous ne vous sentez pas à l’aise, vous pouvez à tout moment vous arrêter et reprendre contact avec les barres. » Le masseur-kinésithérapeute est derrière le patient, du côté opéré. Il utilise une prise vestimentaire manuelle au niveau du pantalon, pour retenir le patient en cas de faiblesse musculaire ou de déséquilibre. Au cours de cet aller-retour entre les barres parallèles, le praticien évalue subjectivement la qualité de la marche du patient. Synthèse du protocole 1 échauffement + 4 essais avec CA [R=1min] + 1 essai sans CA 11 7.3.2. Analyse statistique Nous réalisons une analyse statistique, à l’aide du logiciel Statistica®, pour interpréter les différents paramètres mesurés au cours de l’étude : vitesse maximale et temps réalisés aux essais. Nous prenons comme référence l’arborescence des tests statistiques (Annexe 1) pour justifier les tests que nous utilisons. L’ensemble des données analysées sont quantitatives. Pour chaque échantillon regroupant uniquement les patients bénéficiant d’une même prothèse (GPTG ou GPTH), nous constituons deux groupes : les patients capables de marcher sans cannes (GPTGsc ou GPTHsc) et ceux qui ne le sont pas (GPTGc ou GPTHc). Pour chaque type de prothèse, nous comparons les vitesses obtenues par les deux groupes au cours du test. Le nombre d’observations est inférieur à six dans les groupes GPTGc et GPTHc. Nous utilisons donc un test non-paramétrique pour déterminer si un groupe est significativement plus rapide que l’autre : le test Mann-Whitney. Lorsque nous étudions les résultats obtenus par l’ensemble des sujets (tous types de prothèses confondus), nous constituons un échantillon de 21 sujets (>6) dans lequel nous analysons deux conditions : le temps obtenu au premier essai (T1) et le meilleur temps obtenu au cours des quatre essais (T Vmax). L’analyse statistique est faite à partir d’un test paramétrique : le T-test apparié. Pour déterminer s’il existe une corrélation entre le temps obtenu au premier essai (T1) et le meilleur temps obtenu au cours des quatre essais (T Vmax), nous utilisons le coefficient de corrélation de Pearson. 12 8. Résultats 8.1. Tableaux et graphiques GPTG GPTGsc GPTGc Meilleur temps au 10m (s) Sujet 1 10,62 Sujet 2 8,59 Sujet 3 8,46 Sujet 4 V max (m/s) Marche sans cannes 0,94 Oui ( ) * 1,16 Oui ( ) * 1,18 Oui 12,28 0,81 Oui Sujet 5 14,37 0,70 Oui Sujet 6 12,81 0,78 Oui Sujet 7 10,59 0,94 Oui Sujet 8 10,75 0,93 Oui Sujet 9 9,53 1,05 Oui Sujet 10 11,15 0,90 Oui Sujet 11 13,28 0,75 Oui Sujet 12 9,9 1,01 Oui Sujet 13 24,46 ( **) 0,41 Non Sujet 14 21,5 ( 27,34 ( Sujet 15 **) 0,47 ) ** 0,37 Non Non Tableau 3. Résultats du Groupe Prothèse Totale de Genou (GPTG). En comparaison avec les seuils de vitesse déterminés par Dauty et al. (2003) : (*) >1,11 m/s, lors d’un test de 10 mètres de marche à vitesse maximale, présente une valeur prédictive positive de 86 % pour autoriser l’abandon des cannes à la marche. (**)< 0,55 m/s, la valeur prédictive positive est de 83% pour conserver les cannes à la marche. Meilleur temps V max Marche au 10m (s) (m/s) sans cannes Sujet 16 8,31 1,20 Oui Sujet 17 8,32 1,20 Oui Sujet 18 9,68 1,03 Oui Sujet 19 5,81 1,72 Oui Sujet 20 12,75 0,78 Non Sujet 21 19,78 0,51 Non GPTH GPTHsc GPTHc Tableau 4. Résultats du Groupe Prothèse Totale de hanche (GPTH). 13 25,00 20,00 15,00 GPTGsc 10,00 GPTGc 5,00 0,00 Essai 1 Essai 2 Essai 3 Essai 4 Figure 2. Moyenne des résultats obtenus par les sujets du GPTG, capables de se déplacer sans cannes ou non. 25,00 20,00 15,00 GPTHsc 10,00 GPTHc 5,00 0,00 Essai 1 Essai 2 Essai 3 Essai 4 Figure 3. Moyenne des résultats obtenus par les sujets du GPTH, capables de se déplacer sans cannes ou non. GPTG GPTH Marche Temps moyen Vitesse moyenne sans cannes au 10m (s) (m/s) Oui (GPTGsc) 11,03 0,93 1,27 Non (GPTGc) 20,45 0,60 1,19 Oui (GPTHsc) 9,19 1,18 1,19 Non (GPTHc) 16,27 0,64 1,28 T1/T Vmax Tableau 5. Caractéristiques des groupes (GPTH et GPTG). 14 30 25 T Vmax (s) 20 GPTG 15 GPTH 10 5 0 0 5 10 15 20 25 30 35 T 1 (s) Figure 4. Nuage de points illustrant le meilleur temps obtenu lors des quatre essais (T Vmax) en fonction du temps obtenu lors du premier essai (T1), T Vmax = f(T1). 8.2. Analyse statistique • Nous étudions initialement la différence de vitesse maximale des sujets du groupe GPTG en comparant ceux qui sont capables de marcher sans cannes (GPTGsc) de ceux qui ne le sont pas (GPTGc) (Tableau 3). Hypothèse 1 : la vitesse maximale obtenue au test de 10m de marche par le GPTGsc est significativement plus importante que celle du GPTGc. N actifs Moyenne Médiane Minimum Maximum Ecart-type GPTGsc 12 0.93 0.94 0.70 1.18 0.15 GPTGc 3 0.42 0.41 0.37 0.47 0.05 Tableau 6. Statistiques descriptives du tableau 2. niv. P Vmax GPTGsc / Vmax GPTGc 0.01 Tableau 7. Résultats du test Mann-Withney, sur la comparaison des vitesses maximales (Vmax) obtenues par les groupes GPTGsc et GPTGc (Différence significative pour p<0,05). 15 • Nous étudions la différence de vitesse maximale des sujets du groupe GPT en comparant ceux qui sont capables de marcher sans cannes (GPTHsc) de ceux qui ne le sont pas (GPTHc) (Tableau 4). Hypothèse 2 : la vitesse maximale obtenue au test de 10m de marche par le GPTHsc est significativement plus importante que celle du GPTHc. N actifs Moyenne Médiane Minimum Maximum Ecart-type GPTHsc 4 1.29 1.03 1.72 0.29 4 GPTHc 2 0.65 0.51 0.78 0.19 2 Tableau 8. Statistiques descriptives du tableau 3. niv. P Vmax GPTHsc / Vmax GPTHc 0.06 Tableau 9. Résultats du test Mann-Withney, sur la comparaison des vitesses maximales (Vmax) obtenues par les groupes GPTHsc et GPTHc (Différence significative pour p<0,05). • Nous étudions la différence le temps obtenu au premier essai (T1) et le meilleur temps obtenu au cours des quatre essais (T Vmax) (Tableaux 2 et 3) au sein d’un échantillon regroupant l’ensemble des sujets, toutes pathologies confondues. Hypothèse 3 : Le meilleur temps obtenu au cours des quatre essais est significativement supérieur au temps réalisé lors du premier essai. Moyenne Ec-Type T1 15.68 5.98 T Vmax 12.87 5.68 N Différ. Ec-Type T P 21 2.81 1.32 9.76 0,001 Tableau 10. Résultats du T-test, sur la comparaison meilleur temps (T Vmax) obtenus au cours des quatre essais à cellui du premier essai (T1) (Différence significative pour p<0,05). • Nous étudions s’il existe une corrélation entre le temps obtenu au premier essai (T1) et le meilleur temps obtenu au cours des quatre essais (T Vmax) (Tableaux 2 et 3) au sein d’un échantillon regroupant l’ensemble des sujets, toutes pathologies confondues. 16 Hypothèse 4 : Il existe une corrélation entre le meilleur temps obtenu au cours des quatre essais et celui du premier essai. Nuage de points Nuage de Points : essai 1 vs. essai 4 (Obs. à VM ignorées) T Vmax = (0,92647*T1) – 1,655 essai 4 = -1.655 + .92647 * essai 1 Corrélation r= 0,98 Corrélation: :r = .97581 30 28 26 24 essai 4 T Vmax (s) 22 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 4 6 8 10 12 14 16 18 essai 1 T 1 (s) 20 22 24 26 28 30 95% de confiance Figure 5. Résultat du test de Pearson. 17 9. Discussion 9.1. Analyse des résultats Notre première hypothèse est vérifiée. Sur la figure 2, nous observons graphiquement une différence entre la vitesse maximale obtenue au test de 10m de marche par le GPTGsc et celle du GPTGc. Tous les sujets capables de marcher sans cannes sont plus rapides que les sujets marchant avec des cannes. Le test Mann-Withney (tableau 8) révèle une différence significative entre les valeurs de vitesse maximale des deux groupes (p<0,05). Si l’on compare les résultats obtenus aux vitesses seuils déterminées par Dauty et al. (2003) : dans le GPTGsc, seuls deux sujets sur douze ont une vitesse de marche supérieure à 1,11 m/s. L’ensemble des sujets du GPTGc a une vitesse inférieure à 0,55 m/s. La seconde hypothèse n’est pas vérifiée. Graphiquement, nous constatons que l’ensemble des valeurs de vitesse maximale obtenues au test de 10m de marche par le GPTHsc sont meilleures que celles du GPTHc (figure 3). Aucun des sujets capables de marcher sans cannes ne marche moins vite que le plus rapide des sujets marchant avec des cannes. L’analyse statistique des résultats par le test Mann-Withney nous indique une différence non significative entre les valeurs de vitesse maximale des deux groupes (p>0,05). Cependant, une valeur p=0,06 montre une forte tendance, même si elle n’est pas significative statistiquement (tableau 10). L’hypothèse trois est vérifiée. Sur les figues 2 et 3, nous remarquons une diminution des temps réalisés au cours des quatre essais, pour l’ensemble des groupes, toutes pathologies confondues. Les résultats du T-test (tableau 11) confirment cette tendance, en révélant une différence significative entre le meilleur temps obtenu au cours des quatre essais et celui du premier essai (p<0,05). L’hypothèse quatre est vérifiée. Sur la figure 4, nous observons que la disposition du nuage de points semble prendre la forme d’une droite. Le test de Pearson (figure 5) montre qu’il existe une corrélation entre le meilleur temps obtenu au cours des quatre essais et celui du premier essai. La valeur r = 0,98 indique que 98% des variations de la variable T Vmax s'expliquent par les variations de la variable T1. Le rapport entre ces deux variables se détermine par la formule : TVmax = (0,92647*T1) – 1,655. 9.2. Limites et perspectives L’application sur le terrain de notre protocole a mis en évidence quelques limites non anticipées, en relation avec le masseur-kinésithérapeute, le patient et la méthodologie du protocole. 18 Le masseur-kinésithérapeute au cours du test : Après les quatre essais chronométrés, le patient effectue un essai sans cannes entre des barres parallèles. Au cours de ce dernier essai, la qualité de la marche est évaluée par le masseurkinésithérapeute de façon subjective. La distinction des patients capables ou non de marcher sans aides techniques est réalisée à partir de l’appréciation d’un thérapeute. Il serait intéressant de mettre à disposition du professionnel de santé un outil d’évaluation validé des différents paramètres de marche, afin de l’aider dans sa prise de décision. Le sujet au cours du test : La quantité d’informations lue par le praticien est peut être trop importante pour être assimilée par le patient. Lors de l’essai d’échauffement, beaucoup de patients se sont trompés ou ont hésité. La mémoire à court terme est limitée. Miller (1956) détermine que l’être humain est capable de restituer au maximum sept informations (± 2) immédiatement après les avoir entendu. Des modifications peuvent être proposées : - Modifier les consignes lues avant le test, en faisant des phrases plus concises pour insister sur les informations importantes. - Laisser le patient lire les consignes et répondre ensuite à ses éventuelles questions. - Faire reformuler le patient après lui avoir lu les consignes pour s’assurer qu’elles ont été comprises. - Effectuer une démonstration par le praticien avant le test. Le test de 10m de marche à vitesse maximale semble mal adapté à la population visée. Nous avons étudié des patients opérés d’une prothèse totale de genou (71,4 ± 12,97 ans) ou d’une prothèse totale de hanche (74,4 ± 6,65 ans). Au cours du test, ils sont évalués sur un mode de locomotion qu’ils ne maitrisent pas et à une intensité maximale. La vitesse maximale de marche est très peu utilisée dans la vie de tous les jours. Le test d’évaluation de la marche serait d’autant plus significatif, s’il était représentatif du type de marche utilisé au quotidien par les personnes âgées. Les résultats décroissants obtenus lors des quatre essais nous montrent la difficulté de mesurer la vitesse maximale chez les personnes âgées. L’appréhension du patient reste un facteur limitant pour marcher une vitesse maximale. En effet, pour obtenir de bons résultats au test de 10m de marche à vitesse maximale, il faut une force musculaire et une technique de marche suffisante, mais aussi une confiance en soi suffisante. 19 L’estime de soi peut être évaluée chez les patients à partir du questionnaire Physical SelfPerception Profile (PSPP) pour adultes de Fox & Corbin (1989), dont la version traduite en français par Ninot et al., a été publiée et validée en 2000. Nous pourrons, au cours d’une autre étude, évaluer la relation entre l’estime de soi et la capacité à marcher sans cannes. La mise en place de cette étude à créer une émulation chez les patients. La réalisation d’un test commun à tous les patients a eu un impact positif sur leur motivation et sur les relations qu’ils entretenaient entre eux. Le protocole du test : L’étude est réalisée sur 21 sujets : 15 patients opérés d’une PTG et 6 patients opérés d’une PTH. En comparaison, l’étude de 2003 de Dauty et al. avait évalué 46 patients opérés d’une PTG. Le nombre de sujets participant à notre étude est trop faible. Il ne nous permet pas de réaliser une étude statistique similaire à celle de Dauty et al. (2003). La réalisation d’une courbe ROC, permettant de déterminer des vitesses seuils de marche, nécessite un nombre important de valeurs pour être exploitée. Il en est de même pour la comparaison des vitesses maximale de marche en fonction du type de prothèse. L’utilisation de plots pour matérialiser le parcours peut expliquer les erreurs commises par les patients lors du test. Nous avons observé qu’ils symbolisaient pour de nombreux patients un point à atteindre ou un point autour duquel il fallait faire demi-tour. Certains patients n’utilisent pas une trajectoire droite pour effectuer le parcours, et/ou ralentissent à l’approche du plot pour réaliser un demi-tour. Cependant, ces confusions n’ont pas de répercussions sur le temps réalisé au 10m de marche à vitesse maximale, grâce à l’aménagement du parcours qui anticipe ce type d’erreurs. La distance du test n’est peut être pas la plus adaptée à la population visée. Selon Graham et al. (2008), les tests de 10m de marche sont utilisés principalement pour évaluer des patients en neurologie. Le test le plus adapté pour les personnes âgées est le test de 6m de marche. L’utilisation d’un chronomètre semble appropriée pour effectuer les mesures lors du test. Ce dernier nécessite une mesure de temps d’une précision à la seconde prête. L’erreur de mesure standard d’un test-retest est de 1,32s (Dauty et al. 2003). En 2002, Dauty et al. déterminent que lorsque le protocole est standardisé, la reproductibilité des mesures de la vitesse maximale de marche est excellente. Ils concluent que le test de 10 mètres de marche mesure facilement et objectivement la vitesse maximale de marche d’un patient récemment opéré d’une prothèse totale de genou. Les résultats nous montrent que les performances réalisées sont décroissantes au cours des quatre essais. Il serait judicieux d’augmenter le nombre d’essais jusqu’à ce que les résultats se stabilisent. Ainsi, nous serions sûrs d’avoir obtenu la vitesse maximale du patient sur le parcours de 10m. 20 L’un des arguments en faveur du test de 10 mètres de marche était sa rapidité de mise en place et d’exécution. Nous venons de constater qu’un minimum de quatre essais, précédés d’un essai d’échauffement sont nécessaires pour obtenir la vitesse maximale réelle du patient. Cela augmente considérablement la durée du test. L’étude de la corrélation entre la vitesse de marche lors du premier essai et la vitesse de marche maximale, illustrée par la figure 4 est une solution concrète apportée à ce problème. L’analyse statistique tend à montrer que la vitesse maximale est estimable à partir de la vitesse de marche du premier essai, en utilisant la formule : T Vmax = (0,92647*T1) – 1,655. Cette formule est déterminée à partir d’un nuage de points qui regroupait les résultats du GPTG et du GPTH. Afin d’améliorer l’estimation de T Vmax, il faudrait reproduire le graphique avec une population plus importante et ayant subit la même intervention chirurgicale. Les résultats, observés lors de notre étude sont à relativiser, même s’ils sont déterminés significatifs lors de l’analyse statistique. Le nombre de sujets dans les échantillons est insuffisant pour être représentatif d’une population. Les résultats illustrent principalement des tendances, qu’il serait intéressantes de confirmer par une étude similaire à plus grande échelle. Dans notre étude, l’importance des écarts types témoignent de la disparité des âges des sujets. Il est nécessaire de cibler une tranche d’âge de la population lors de la constitution du groupe d’étude, pour faciliter la comparaison inter-groupes. Il faut bien distinguer le protocole de notre étude, de celui du test. Ce dernier pourrait être utilisé à terme, pour faciliter la prise de décisions des thérapeutes quant au retrait ou non des cannes. L’objectif est de déterminer si un patient est capable de marcher sans aides techniques en toute sécurité, à partir de la vitesse maximale de marche qu’il obtient sur une distance de 10m. Le protocole proposé dans cette étude est expérimental. Comme nous l’avons évoquée précédemment, la vitesse maximale de marche peut être déterminée à partir de la vitesse de marche du premier essai, en utilisant la formule T Vmax = (0,92647*T1) – 1,655. Le test prendrait alors la forme suivante : 1 échauffement + 1 essais avec CA [R=1min] Une étude complémentaire de celle de Dauty et al. (2003), reprenant le même protocole et avec un échantillon de sujets plus important, permettrait d’affiner les seuils de vitesse maximale (0.55m/s et 1,11m/s) de conservation et de retrait des canne. 21 Le protocole que nous proposons a pour but d’assister le masseur-kinésithérapeute dans sa prise de décision de retrait des cannes, chez un patient opéré d’une PTG. C’est une aide mise à la disposition du thérapeute, qui ne peut remplacer en aucun cas une analyse complète de la marche du patient. L’évaluation de la marche chez un patient se fait d’un point de vue global, en regroupant les versants qualitatifs et quantitatif de l’activité. Dans son rapport de 2008, la Haute Autorité de Santé donne plusieurs indicateurs fonctionnels de suivi d’une PTG : la marche, l’équilibre et les activités supérieures de la marche (transferts et escaliers). Elle propose une analyse quantitative de la marche en mesurant la vitesse de marche, le périmètre de marche et le test de 6 minutes de marche. L’analyse qualitative est objectivée à partir d’un système Elite ou d’une plate-forme dynamométrique. C’est l’évaluation de l’ensemble de ces paramètres qui permettra au masseur kinésithérapeute de déterminer la capacité du patient à marcher sans cannes. Cette prise de décision se fera à partir des caractéristiques physiques, psychologiques et sociales du patient. Elle peut amener le masseur kinésithérapeute à consulter les autres professionnels de la santé. 22 10.Conclusion L’objectif de cette étude est de savoir s’il existe une corrélation entre la vitesse maximale obtenue lors d’un test de 10m de marche et la capacité à marcher sans cannes chez les patients opérés d’une PTG ou d’une PTH. Nous avons pu partiellement répondre à cette problématique. Le nombre restreint de sujets participants n’a pas permis de déterminer des seuils de vitesse de marche, prédictifs de l’abandon des cannes pour marcher. Il en est de même pour la comparaison des vitesses maximales en fonction du type de prothèse. Cependant, l’étude met en évidence que les sujets capables de se déplacer sans cannes marchent significativement plus vite pour le GPTG (p<0,05), mais pas pour le GPTH, même si une forte tendance est observable (p=0,06). De plus, elle offre des perspectives de recherche sur l’estimation de la vitesse maximale de marche à partir d’un seul essai. Les modifications apportées au protocole se sont avérées utiles lors de son application. La passation des consignes nécessite d’être repensée. Une étude complémentaire plus longue et comprenant plus de sujets serait souhaitable. La réalisation de cette étude m’a permis de constater la difficulté de trouver une problématique, de faire une revue de littérature et d’appliquer un protocole scientifique sur le terrain. Les tests cliniques validés sont une aide précieuse à la disposition du masseur kinésithérapeute, pour l’assister dans son expertise professionnelle. L’utilisation de tests validés fait partie des nouvelles compétences d’un masseur-kinésithérapeute. Elle est cependant dépendante de la qualité de la démarche de soin qui est faite en amont, avec l’élaboration du diagnostic kinésithérapique. Suite à l’obtention de mon diplôme d’état de masseur-kinésithérapeute, je travaillerai à l’hôpital de La Musse d’Evreux, dans le service de traumatologie. Ce travail a été l’occasion d’étudier de nombreux articles récents. Il m’a permis de me familiariser avec l’utilisation des bases de données d’études scientifiques, ce qui me permettra d’actualiser mes connaissances tout au long de ma carrière professionnelle. 23 11.Bibliographie Articles : AZULAY J.-P., CANTINIAUX S., VACHEROT F. et al.. Locomotion : physiologie, méthodes d’analyse et classification des principaux troubles. European medical center, 2009 BARAK Y., WAGENAAR R. C., HOLT K. G.. Gait characteristics of elderly people with a history of falls : a dynamic approach. Physical therapy, 2006, vol. 86, n°11, p. 1501-1510 BEAUCHET O., DUBOST V., NEVERS A. et al.. Elaboration d’un test clinique de marche du sujet âgé fragile à partir d’une approche cognitive de la locomotion. Annales de réadaptation et de médecine physique, 2002, vol. 45, p. 123-130 DAUTY M., BAZIN P., PRIOUX J. et al.. 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