mensonges fiscaux : claude picher rides again

Transcription

mensonges fiscaux : claude picher rides again
Décembre 2002
Contes et comptes du prof Lauzon
MENSONGES FISCAUX : CLAUDE PICHER RIDES AGAIN
par Léo-Paul Lauzon
Pour la énième fois, Claude Picher de La Presse s’est fait le vaillant défenseur du gratin
économique dans sa chronique du 26 septembre 2002 intitulée: "Ces riches qui ne paient pas
d’impôt". En passant Claude, tu manques un peu d’originalité puisque trois jours avant, toujours
dans La Presse, le collaborateur fiscal attitré de ton journal, Michel Lanteigne, associé-directeur de
la fiscalité chez le cabinet d’experts comptables Ernst & Young, avait fait la même job de bras
dans son papier intitulé: "Statistiquement vôtre". Les deux porte-queue ont alors utilisé, à leur
façon tordue, les données fiscales de l’Agence des douanes et du revenu du Canada publiées
récemment et portant sur les déclarations de revenus des particuliers de l’année d’imposition
1999, pour leur faire dire n’importe quoi et nous faire pleurer sur l’enfer fiscal des riches.
Claude Péché débute son article ainsi: "Une des affirmations les plus fréquemment entendues veut
que les riches s’arrangent pour profiter de toutes les échappatoires fiscales et parviennent ainsi à
ne pas payer d’impôt, ou du moins à ne pas verser leur juste part. Tous ceux qui sont le
moindrement familiers avec les questions fiscales savent que l’affirmation n’a aucun fondement.
Et pourtant, à force de se le faire répéter, une bonne partie de l’opinion publique a fini par la tenir
pour parole d’évangile".
Premier mensonge de Claude Picher, l’affirmation précédente, loin d’être fausse, est effectivement
et foncièrement fondée. Je dirais même que répéter deux fois par semaine dans La Presse que les
riches paient plus que leur juste part d’impôt, c’est carrément de la désinformation visant à
aliéner les gens. Primo, j’ai devant moi un article de Martin Leclerc du Journal de Montréal du 22
février 1997 intitulé: "Normal de ne payer aucun impôt sur un revenu de 250 000$". Claude, tu
aurais intérêt à lire ce texte. Ainsi, tu ne pourrais plus évoquer ton ignorance des faits dans
l’épandage de tes grossières énormités.
Secundo, dans un papier de Vincent Marissal paru dans La Presse du 3 mars 2001 intitulé:
"L’avertissement de Denis Desautels", il y est écrit noir sur blanc que "l’ex-vérificateur général du
Canada dit avoir mené des batailles contre certains ministères sur des questions d’éthique, de
transparence et de probité. Notamment contre Revenu Canada, au début des années 90, quand
les Canadiens ont appris avec stupéfaction que certains de leur fortunés compatriotes exportaient
des milliards pour se mettre à l’abri de l’impôt". À ton avis Claude, le vérificateur général du
Canada fait-il partie des gens qui sont "le moindrement familiers avec les questions fiscales"
comme tu le dis si bien dans ton pamphlet idéologique qui tient lieu de chronique dans La Presse?
Tercio, dans un article du 6 décembre 2001 signé par Marco Fortier du Journal de Montréal et
titré: "Les 800 millions$ à l’abri du fisc à la Barbade: Accusé de favoriser les riches", il est dit que
"Le gouvernement Chrétien a été accusé d’aider les millionnaires aux dépens des pauvres en
permettant à 53 contribuables canadiens de transférer plus de 800 millions de dollars à l’abri de
l’impôt dans un paradis fiscal à la Barbade". Cloclo, c’est quoi ça si c’est pas une échappatoire
fiscale? Claude, mon Claude, je te conseille fortement de lire cet article intitulé "pour une fortune
bien bronzée" paru dans la revue officielle des comptables agréés au mois de juillet 1995. Tu en
apprendras de biens bonnes sur d’autres échappatoires fiscales comme il l’est si bien mentionné
dans l’introduction de cette petite merde rédigée par deux fiscalistes: "Les comptables peuvent
aider leurs clients fortunés à protéger leurs actifs (du fisc) grâce aux fiducies et aux sociétés
extraterritoriales". Ça, les statistiques fiscales en tiennent pas compte. Un dernier article juste
pour toi mon Claude paru dans ton journal La Presse le 17 septembre 2002, soit une semaine et
demie avant ta crotte intellectuelle du 26, signé par ton collègue Paul Gaboury et intitulé: "Chute
des marchés: les travailleurs écopent, les patrons paient moins d’impôt".
Puis, Claude Picher voulant "éduquer" à sa façon très particulière un étudiant et faire la leçon à
son professeur, dit ceci dans l’introduction de son papier de propagande: "J’ai même reçu il y a
quelques semaines un courriel d’un cégépien qui me demandait pourquoi je n’écrivais jamais sur
"les riches qui ne paient pas d’impôt", et il était d’autant plus à l’aise d’en parler qu’il tenait cette
"information" d’un de ses professeurs, rien de moins. Parlons-en donc de l’impôt des riches, en
espérant que le professeur en question soit bien attentif". Claude, sois toi-même bien attentif à ce
que je vais te dire. "L’information" que tenait le dit professeur provenait d’un article paru dans La
Presse (oui Claude, encore une fois dans ton propre journal) du 28 février 2001 intitulé: "Les
Canadiens fortunés de plus en plus nombreux à ne pas payer d’impôt". Dans ce texte, il est dit
qu’en 1999, 579 canadiens qui ont gagné plus de 250 000$ n’ont pas payé d’impôt
comparativement à 318 en 1997. Tu vois bien Claude, si tu lis mon article (ce que je doute fort
car tu préfères lire les étrons du Fraser Institute et de l’Institut économique de Montréal) et bien
ce soir, lorsque tu iras faire dodo, ton ignorance sera un peu moins crasse.
En analysant l’impôt fédéral payé en 1999 par les 21 millions de contribuables Claude renchérit:
"Ainsi, on compte près de 5.3 millions de contribuables qui déclarent de très faibles revenus
(10000$ ou moins). Ensemble, ils comptent pour 25% de l’ensemble des contribuables, mais ils
ne paient que 0.14% de tous les impôts (sic)". Le chroniqueur ne s’émeut guère que 25% de nos
concitoyens ont gagné, en un an, moins de 10000$ mais plutôt du fait qu’ils n’ont payé que
0.14% de "tous les impôts". De tous les impôts sur le revenu s’entend, car ces pauvres gens ont
payé des impôts à la consommation (TPS, TVQ, etc.). Pour aider Claude dans sa démonstration, je
dirais même que 10.3 millions de contribuables canadiens ont gagné moins de 20000$ en 1999 et
ont contribué à "seulement" 3.70% de tous les impôts sur le revenu versés au fédéral même s’ils
représentent 49% de la population. La belle affaire, 49% des contribuables ont déclaré des
revenus inférieurs à 20000$ en 1999. C’est donc dire que près de la moitié de la population
canadienne est pauvre mais, ce n’est pas ce qui compte vraiment pour le faire-valoir par
excellence des nantis. C’est plutôt le peu d’impôts sur le revenu qu’ils paient. Pour moi, les
statistiques fiscales ne font que démontrer noir sur blanc la scandaleuse inégalité dans la
répartition de la richesse. Imaginez, en pleine période de croissance fulgurante de l’économie,
49% de nos compatriotes ont déclaré moins de 20000$ de revenu en 1999, une infime minorité
s’accaparant alors la part du lion. Selon la revue Business Week, un chef d’entreprise gagnait 20
fois le salaire d’un ouvrier en 1980 et 531 fois en 2000.
Et puis, voilà qu’arrive l’argument choc de Claude qui devrait tous nos convaincre de l’iniquité du
système fiscal. Claude dit: "Tout en haut de l’échelle, on remarque que 81000 personnes
déclarent des revenus supérieurs à 250000$, ces citoyens à revenus très élevés ne représentent
que 0.38% de l’ensemble des contribuables, mais ils paient, à eux seuls, près de 14% des
impôts". À en croire la mascotte du patronat, nous avons affaire au Canada à un système de
répression fiscale pratiquée par les gueux au dépens du gratin de notre société. Bizarre, l’autre
faire-valoir de La Presse, Michel Lanteigne, est arrivé, deux jours avant dans le même journal et
en analysant les mêmes données, à 84000 riches qui ont déclaré des revenus de plus de 250000$
en 1999. Coudonc, qui dit vrai? Faudrait ajuster vos flûtes les boys!
Ce que Claude ne vous dit pas en bon lèche-cul de ses maîtres, c’est que ces beaux chiffres
fiscaux ne veulent rien dire et ça prend un ignorant ou un menteur pour tirer de telles conclusions
simplistes. Un, les impôts ne sont pas calculés sur le nombre de personnes mais bel et bien sur
leur revenu total. Claude, faudrait connaître les revenus totaux de tes 81000 ou 84000 riches et
pas seulement leur nombre. Je pourrais te dire qu’en Arabie Saoudite, les cent quelque scheiks
fortunés ont payé peut-être plus de 50% des tous les impôts du pays. Pourrait-on en conclure
qu’ils sont surtaxés? Non, pour nous autoriser à conclure ainsi, faudrait connaître leur richesse,
leurs revenus totaux en chiffres absolus, ce que les statistiques fiscales ne nous fournissent
malheureusement pas. Revenu Canada pourrait facilement nous fournir ces chiffres mais tes
"pauvres riches surtaxés" ne veulent pas. Par exemple, en 2000, la rémunération globale de John
Roth a été de 205 millions$ (Commerce, août 2001) ou l’équivalent de 10000 contribuables à
20000$. Jean Monty de Bell a encaissé 50 millions$, Dennis Wood de C-Mac 20 millions$, Robert
Gratton de Power 11 millions$, etc. (Le Devoir, 20 mai 2001).
Deux, les statistiques fiscales de Revenu Canada compilent seulement le revenu fiscal et non le
véritable revenu "économique" qui est nettement plus élevé pour les riches et qui englobe tous les
revenus latents gagnés au sens économique mais non déclarés et non taxés comme toutes les
plus-values sur tous les capitaux, les options d’achats d’actions, les propriétés, les compagnies,
les oeuvres d’art, etc. C’est pourquoi plusieurs pays européens ont un impôt annuel sur la richesse
au sens économique et non seulement au sens restrictif fiscal qui exempte d’impôts plusieurs
revenus économiques. Un conseil Claude, arrête de colporter qu’il n’y a au Canada que 81000
contribuables sur 21 millions qui gagnent plus de 250000$ par année. Tu vas faire rire de toi. Sois
plus subtil dans tes caricatures.
Trois, tu as analysé au "profit" de tes lecteurs les statistiques fiscales des particuliers qui excluent
bien évidemment tous les particuliers qui s’incorporent. Ainsi, ces nombreux individus qui gagnent
plus de 250000$ par année n’apparaissent plus dans les statistiques fiscales des particuliers mais
plutôt dans les statistiques fiscales des compagnies.
Quatre, il y en a aussi plusieurs qui procèdent annuellement au fractionnement de leur revenu
avec des membres de leur famille afin de gagner personnellement moins et de payer moins
d’impôts. Ça, tes statistiques fiscales tronquées n’en tiennent "rigoureusement" pas compte. Cinq,
il y a aussi l’utilisation des fiducies familiales qui permettent à la crème de la société d’écrémer un
peu beaucoup leurs revenus annuels au fisc.
Six, il y a aussi tous ceux, et ils sont beaucoup, à "soulager" leurs revenus et leurs impôts grâce à
l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux. Puis-je te référer Cloclo à deux articles récents de La
Presse sur la fraude fiscale généralisée dans les paradis fiscaux, soit celui de Louis-Bernard
Robitaille daté du 15 décembre 2001 ("Cinq mille milliards de dollars") et celui de Michel Girard du
12 août 2000 ("Environ 5000 milliards reposent dans les paradis fiscaux"). Crois-moi Claude, ce
n’est pas ceux qui gagnent moins de 20000$ par année qui "s’incorporent", qui "fractionnent" et
qui s’envoient en l’air dans les paradis fiscaux. Il est donc intégralement faux que tu dises que les
statistiques fiscales gouvernementales "tiennent compte de tous les abris fiscaux et autres
échappatoires". Claude, on me dit que Stephan Bureau de Radio-Canada a signé un contrat avec
Juste pour rire pour interviewer des humoristes. J’espère qu’il va penser à toi. En passant, quand
va venir le tour de Stephan Bureau, va-t-il s’interviewer lui-même?
Claude, tu es vraiment ridicule lorsque dans ton torchon tu insistes pour dire: "Enfin, les
statistiques fiscales chiffrent les revenus réellement déclarés". Imbécile va, "revenus réellement
déclarés" n’est pas synonyme de "revenus réels". Les statistiques fiscales excluent les importants
revenus économiques non taxables (plus-values de toutes sortes dont celles sur les options
d’achats d’actions) et les revenus taxables mais non déclarés puisque des millions de particuliers
fortunés se sont incorporés, ou les ont "shippés" incognito en franchise d’impôts dans les paradis
fiscaux, ou les ont "fractionnés" avec des membres de leur famille ou les ont transformé en
comptes de dépenses, etc. En somme, il y a plusieurs revenus réels qui ne sont pas déclarés par
tes pachas.
Enfin, j’en ai trouvé une autre bonne encore juste pour toi mon Claude afin de parfaire ton
éducation fiscale. Prend-là, tu en as vraiment besoin. Ça ne te fera certainement pas de tort.
L’article intitulé "Power hausse ses bénéfices et son dividende" fut signé le 2 juin 2001 par le
journaliste François Riverin du journal Les Affaires. Claude, tu connais bien la compagnie Power,
propriétaire de La Presse, n’est-ce pas? Dans le dernier paragraphe de l’article, le journaliste écrit
ce qui suit: "Par ailleurs Paul Desmarais, le père, a annoncé la vente d’une débenture de 105
millions$ convertible qu’il possède. Selon monsieur Reucassel, analyste chez BMO Nesbitt Burns,
la transaction a un but essentiellement de "planification fiscale". En effet, M. Desmarais, ou sa
succession, peut jouir immédiatement des 105 millions$ provenant de la vente de la débenture,
tout en ayant aucun impôt à payer sur le gain en capital tant que la débenture ne sera pas
convertie en actions". Ton boss a ainsi privé le trésor de 30 millions$ de dollars environ. Claude,
aurais-tu l’amabilité d’expliquer à tes lecteurs, dans une de tes chroniques "éducatives", en quoi
consiste au juste cette autre stratégie d’évitement fiscal utilisée par Power? Claude, peux-tu me
donner l’adresse électronique de ton étudiant collégien et de son professeur? J’aimerais, si tu me
le permet, les "informer" à mon tour sur l’exploitation fiscale éhontée du gratin économique faite
par le fretin économique ici même dans le plus meilleur pays du monde. Je prie souvent pour toi
Claude, tu es tellement pathétique. Même que la semaine dernière, j’ai fait brûler juste pour toi
pas seulement un lampion, mais le " rack" au complet.