Avant de le tuer, ils ont menacé de lui couper le petit doigt

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Avant de le tuer, ils ont menacé de lui couper le petit doigt
SAMEDI-DIMANCHE 3-4 JANVIER 2009
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«Avant de le tuer, ils ont menacé
de lui couper le petit doigt»
DRAME
Deux cambrioleurs ont roué
de coups, lundi, un couple
de sexagénaires à Epalinges.
Elle a vu son mari mourir.
Témoignage.
GÉRALD CORDONIER
DR
E
ÉMOTION
Cinq jours après le décès de son époux, Jeannie de Kaenel tente petit à petit
de se remettre du drame qui s’est joué dans son salon.
ÉPALINGES, LE 2 JANVIER 2009
d’environ 25 ans redoublent alors
de violence. Des coups de pied et
de poing fatals, racontés par Jeannie de Kaenel comme si tout était
irréel. «Ils le frappaient au visage,
sur la bouche. Et, quand il a perdu
connaissance, ils sont enfin partis.» L’attente qui a suivi, elle ne
désire pas la raconter. Police et
ambulance arriveront trop tard.
Les voleurs ont eu le temps de
disparaître sans être remarqués
par aucun résident du quartier. Et
sur le sol, Christian de Kaenel ne
sera jamais réanimé. Il avait
67 ans.
L’ancien restaurateur né à Yverdon – où il a longtemps tenu, avec
sa femme, l’Ecusson Vaudois puis,
à Lausanne, la Pinte Besson –
devrait être incinéré lundi prochain. Une épreuve que l’épouse
d’origine anglaise ne se sent pas
encore la force d’affronter. «Sur la
moquette, il y a encore les traces de
sang de mon chéri… Ça fait plus de
quarante ans qu’on vit… pardon,
qu’on vivait ensemble.» Tout est
trop frais, l’imparfait n’arrive pas
encore à s’accrocher à la réalité.
attendant, Jeannie de Kaenel s’enferme à double tour dans sa villa.
Elle ouvre uniquement pour les
voisins qui viennent, chaque jour,
prendre de ses nouvelles.
La nuit, elle laisse toutes les
lumières allumées. Comme dans la
plupart des maisons du quartier
des Planches. «On est tous
écœurés par l’acharnement avec
lequel les voleurs se sont défoulés
sur les victimes.» C’est le syndic
qui parle. Parce qu’à Epalinges les
esprits sont secoués. £
Toujours en fuite
La femme est forte. «Il le faut
bien!» Mais une larme glisse tout
de même de son regard. Pour chasser sa retenue toute britannique?
Le deuil à faire reste encore trop
tributaire des résultats de l’enquête. Lundi, à la première heure,
le juge d’instruction a lancé ses
investigations. La police scientifique a passé la maison au peigne
fin. Mais, aux dernières nouvelles,
les meurtriers courent toujours. En
La police recherche deux individus
ayant été aperçus à la rue
des Planches à Epalinges lundi
matin. Ils sont susceptibles
d’apporter des renseignements sur
les auteurs. Toute information est
à communiquer au 021 644 44 44.
PATRICK MARTIN
Christian de Kaenel (ici en vacances au Brésil il y a six ans) a été
battu à mort durant plus d’une heure.
PATRICK MARTIN
palinges est sous le choc.
Lundi matin peu après
6 heures, la vague de cambriolages qui touche depuis plusieurs mois le canton a viré au
drame dans le quartier résidentiel
des Planches. Après avoir surpris
deux cambrioleurs autour de leur
villa, un couple de sexagénaires a
été retenu en otage et frappé pendant près d’une heure. A tel point
que sous les yeux impuissants de
Jeannie, son épouse, Christian de
Kaenel a fini par succomber à ses
blessures. Récit d’un réveil effroyable.
«Mon mari est sorti pour chasser les rôdeurs qui avaient déclenché l’alarme. Quand il est arrivé
dehors, ils l’ont frappé puis ils l’ont
traîné dans le salon.» Le début
d’une longue frayeur. La retraitée a
bien tenté de s’interposer mais en
vain: «Les deux lascars m’ont jetée
sur le fauteuil en me disant de ne
plus bouger.» Intimidations au
couteau, coups de tournevis dans
le canapé et violents sévices.
Le visage de Jeannie de Kaenel
en garde encore les séquelles: des
hématomes sur la joue, une plaie
suturée au CHUV le matin du
drame. «Pour avoir la clé du coffre,
ils ont menacé de couper le petit
doigt de mon mari. J’ai cédé: je
leur ai tout donné. Les portefeuilles aussi. Mais, après être allés
dans le garage, ils sont revenus
pour tabasser Christian!» Dans le
coffre, les deux malfrats, qui ont agi
à visage découvert et sans gants,
n’ont trouvé que 4000 francs. «Ils
n’arrêtaient pas de dire en français:
«Y a pas assez d’or, pas assez de
bijoux!» Entre eux, ils parlaient
une autre langue. «Indéterminée»,
selon la police. Pour augmenter
leur butin, les deux inconnus âgés
Les cambrioleurs ont tenté de s’introduire dans la villa au petit matin.
» Que faire en cas d’intrusion?
MODE OPÉRATOIRE
L’intrusion nocturne de cambrioleurs
dans un domicile pendant que ses
occupants dorment, comme à
Epalinges, n’est pas le mode
opératoire le plus fréquent.
Généralement, les cambrioleurs
agissent lorsqu’ils ont l’impression
que l’habitation est inoccupée. Voilà
pourquoi, en cas d’absence, il faut
veiller à faire vider la boîte aux
lettres régulièrement.
COMMENT RÉAGIR?
Ne pas essayer d’intervenir ni
s’opposer aux malfrats: rien ne vaut
une vie! Quand des rôdeurs tournent
autour du domicile ou que des
cambrioleurs s’y sont introduits, il
faut composer immédiatement le 117
pour alerter la police. En attendant
son arrivée, mieux vaux faire
semblant de dormir.
LES CHIFFRES
Comme 24 heures
l’a révélé mercredi, le mois de
novembre a connu, dans le canton,
un record en matière de
cambriolages: plus de 530 délits ont
été comptabilisés. Sur toute l’année,
la police cantonale en a enregistré
plus de 2900 (appartements et villas
confondus), contre 1600 en 2007
(appartements uniquement). Suite
à l’arrestation de plusieurs bandes,
le phénomène s’est légèrement
calmé le mois dernier.
«Mon réveillon? Bœuf stroganoff, soupe aux épinards et chocolat!»
MIKE HORN
Il manque moins de
400 kilomètres au Sud-Africain
de Château-d’Œx pour
atteindre le pôle Sud.
Petit coup de fil glacé
en Antarctique.
Il est des fêtes de fin d’année
plus particulières que d’autres.
Son Nouvel-An, Mike Horn le
passera comme son Noël: sur
les glaces de l’Antarctique. Dans
le cadre de son programme de
sensibilisation au respect de
l’environnement
Pangaea,
l’aventurier de Château-d’Œx se
paie une virée à ski de fond
jusqu’au pôle Sud. 24 heures l’a
contacté à quelques heures du
réveillon.
– Alors, Mike, quelles sont
les conditions météo pour
ce dernier jour de l’an?
– Il y a un petit blizzard et il ne
fait pas du tout beau. Les températures tournent autour des
– 20 degrés, ce qui est plutôt
agréable. Il fait plus chaud que
ce que je prévoyais.
– Où en êtes-vous
dans votre périple?
– Ça fait un mois que je suis sur
la glace et j’ai parcouru près de
700 kilomètres (ndlr: sur 1100
jusqu’au pôle). Si tout va bien,
j’arriverai le 14 ou le 15 janvier.
récupérerai sur le trajet de retour. Au début, la luge pesait
196 kilos et je l’ai rotée les premiers jours. Mais j’ai trouvé mon
rythme: de 12 kilomètres par
jour, j’en parcours maintenant
une trentaine.
– Et comment se déroulent
vos journées?
– Je me réveille vers 6 h 30
(ndlr: 11 h 30 en Suisse), je
mange, je prépare la nourriture
pour la journée. Je pars vers
midi pour douze heures de marche environ. La luge est encore
lourde, près de 120 kilos, même
si j’ai pu me débarrasser de
certaines affaires inutiles dans
une cache sous la glace. Je les
– Vous avez l’air en forme
à vous entendre.
– Oui, je n’ai pas connu de problème jusqu’ici, même si je progresse toujours contre le vent. Au
retour, ce sera bien utile par
contre: avec mon système de
traction par cerf-volant, je pourrai parcourir entre 200 et
250 kilomètres par jour. Là où
j’aurai mis 50 jours à l’aller, j’en
mettrai cinq pour rentrer.
– Et moralement?
– Je gère. Ici tout est très monotone et il faut être fort psychologiquement, d’autant qu’il fait
jour vingt-quatre heures sur
vingt-quatre. Les seules choses
qui changent, ce sont les nuages.
DR
– Peu de chances de croiser
quelqu’un en somme?
Mike Horn a déjà parcouru plus de 700 kilomètres et devrait achever son périple à la mi-janvier.
Contrôle qualité
– Même pas un animal! Les
seules traces de vie que j’ai
rencontrées, ce sont celles laissées par trois Canadiens qui
tentent de battre le record du
parcours jusqu’au pôle. Ils sont
partis de Patriot Hills deux
jours après mois.
– Des résolutions pour cette
année 2009?
– Vous avez prévu
de réveillonner?
– Garder la santé et un moral
d’acier, continuer de construire
ma vie sur des bases solides. Et
j’ai envie de partager avec la
jeune génération, de leur faire
découvrir notre belle planète.
Fini mes conneries en solo
d’avant! (Rires.)
– J’hésite à prendre une journée
de repos, ça pourrait en être
l’occasion. Je me suis concocté
un petit menu: petite soupe aux
épinards et gorgonzola, bœuf
stroganoff et une mousse, qui
comprend environ 400 grammes
de chocolat! Ce sera en plus des
600 grammes que j’ingurgite
quotidiennement. C’est une belle
occasion de trancher avec la discipline habituelle.
KARIM DI MATTEO
Pour suivre l’aventure de Mike
Horn en direct et lire ses
commentaires quotidiens:
www.mikehorn.com
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