Chers amis, Ce n`est pas la première fois que nous voyons Jésus s

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Chers amis, Ce n`est pas la première fois que nous voyons Jésus s
Convaincu d’être juste ? – TRENTIÈME DIMANCHE ORDINAIRE C
Père Joseph
Chers amis,
Ce n’est pas la première fois que nous voyons Jésus s’en prendre aux
pharisiens. Entre Jésus et les pharisiens, c’est une longue histoire de
discussions théologiques, morales et sociales… Mais l’introduction de saint
Luc nous dit bien pourquoi et pour qui Jésus a donné cette parabole : « Jésus
dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes
et qui méprisaient tous les autres ». Jésus dénonce deux choses : le fait d’être
convaincu d’être juste et le fait de mépriser les autres.
Convaincu d’être juste ? Oui, ce pharisien a plus d’une raison d’en être
convaincu car il va au-delà de ce que la religion exige : il est demandé de
jeûner une fois l’an, lui, jeûne deux fois la semaine ; il faut le faire ! Il est
demandé de donner la dîme sur les produits agricoles, lui, donne la dîme sur
tout ce qu’il gagne. C’est vraiment très généreux ! Il est donc convaincu d’être
juste. C’est-à-dire, convaincu que Dieu ne peut pas ne pas voir ce qu’il fait de
beau, et ne peut pas ne pas reconnaître en lui quelqu’un d’extraordinaire.
C’est vrai ! Il fait de belles choses ! C’est vrai ! Il fait des choses louables.
Mais, comme on le dit, ce n’est pas d’humilité qu’il mourra.
Convaincu d’être juste ? Oui, ce pharisien se comporte comme si Dieu était
son obligé. Il se comporte comme si, au regard de ce qu’il fait de beau et de
bien, Dieu devait logiquement lui décerner le titre de « juste ». Le juste selon
la Bible, c’est le croyant qui s’efforce de s’ajuster à la volonté de Dieu. En
cela, d’une certaine manière, le pharisien est juste. La culture moderne
pousse l’homme à ne pas s’embarrasser de fausse modestie, à mettre en
valeur tout ce qu’il fait de bien et, au besoin, revendiquer de la
reconnaissance. Mais l’Evangile continue d’enseigner que l’humilité est une
grande vertu. L’humilité, c’est cette qualité qui nous fait renoncer à la
reconnaissance légitime que nous devrions attendre de nos actes, pour tout
simplement reconnaître d’abord que c’est Dieu qui nous donne de pouvoir le
faire. L’humilité, c’est Marie qui nous l’enseigne dans l’Evangile devant les
félicitations de sa cousine Elisabeth. Marie n’a pas dit : « en effet, comme j’ai
de la chance d’être la maman du Fils de Dieu ! » Elle a simplement pensé que
c’est d’abord à Dieu qu’il fallait rapporter toute félicitation, toute gloire.
L’humilité, c’est aussi ce publicain de l’Evangile d’aujourd’hui qui nous
l’apprend : devant Dieu, l’attitude la plus raisonnable, la plus juste, c’est de
se reconnaître pécheur, c’est-à-dire imparfait, ayant besoin de progresser
dans la recherche et l’accomplissement du bien.
La deuxième chose que Jésus dénonce, c’est le fait de mépriser les autres, en
relevant tous nos meilleurs côtés, en faisant ressortir tous les mauvais côtés
de l’autre pour mieux nous mettre en valeur.
Chers amis, soyons vigilants. Ne pensons pas trop vite que nous ne sommes
pas du côté du pharisien! Ne pensons pas tout de suite que nous pouvons
nous identifier au publicain humble et sympathique. Il me semble que nous
sommes à la fois l’un et l’autre, tour à tour l’un et l’autre dans nos relations
avec Dieu. Ne soyons pas trop vite convaincu d’être juste, et surtout, ne
méprisons pas les autres. Saint Paul nous suggère même d’avoir l’humilité de
considérer les autres comme supérieurs à nous !