Je suis un instrument au service de la musique des
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Je suis un instrument au service de la musique des
CULTURE BRON MAGAZINE 258 > JANVIER 201522 MARIE-CHRISTINE BARRAULT 16 JANVIER « Je suis un instrument au service de la musique des mots » © Joel Mathieu Le 16 janvier, elle sera sur la scène de l’Espace Albert Camus avec le chanteur Arbon pour “La Fontaine/Brassens”, un spectacle original mêlant les textes de ces deux grands auteurs. Rencontre avec Marie-Christine Barrault entre mots et notes. Bio express Nièce de Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, Marie Christine Barrault entame une carrière de comédienne au théâtre où elle interprète ses auteurs fétiches : Claudel, Tchekhov, Duras, Sarraute sous la conduite de metteurs en scène exigeants à l’instar de Roger Planchon. Son entrée au cinéma se fait sous la direction d’Eric Rohmer dans “Ma nuit chez Maud”, puis Woody Allen, avant d’être l’inoubliable interprète de “Cousin, cousine” de JeanCharles Tachella, rôle pour lequel elle fut nommée pour l’Oscar de la meilleure actrice en 1976. Comment est né ce spectacle ? C’est une idée de Jean-Pierre Arbon avec qui je fais le spectacle. C’est un chanteur qui compose et interprète ses propres chansons. Il a créé avec sa femme dans les Landes un festival de musique, “Chansons et Mots d’Amou” où je me suis produite il y a trois ans. Nous sommes devenus amis et avons eu envie de faire des choses ensemble. Jean-Pierre est un littéraire — avant d’être artiste, il a dirigé les éditions Flammarion — qui est un fou amoureux de Brassens et de La Fontaine. Il les connaît par cœur. Il a eu envie de lier la voix de ces deux poètes. Ils ont 300 ans de différence mais ils dialoguent, ils sont “frères”. C’est-à-dire ? Ce sont tous deux des esprits libres, inventant leur propre morale, regardant de façon très pertinente la manière dont se comportent leurs contemporains et, de manière générale, l’être humain. Ceci avec beaucoup de légèreté et un sens inouï de la langue française. Que vous inspirent Brassens et La Fontaine ? Beaucoup d’affection ! J’ai plus eu l’occasion de dire des textes de La Fontaine. Pour un acteur, c’est la base quand on apprend à jouer la comédie : on peut se contenter d’apprendre à dire ses fables, ça suffit pour tout jouer après ! De plus, ce sont des textes qui vous accompagnent toute votre existence : un enfant y voit des histoires avec des animaux, mais dès qu’on grandit, on comprend plein de choses. Ce sont des textes qui s’enrichissent avec l’expérience de la vie elle-même. Quant à Brassens, je l’ai toujours aimé. C’est un véritable poète. Comment avez-vous travaillé ce spectacle ensemble ? Le plus simplement du monde ! En s’écoutant. Les gens qui ont déjà vu le spectacle parlent de ce plaisir qu’ils ont eu à voir notre propre bonheur à nous écouter et à dialoguer. Parce que c’est vrai, ce n’est pas comme dans une pièce de théâtre avec une relation entre deux personnages. Là, c’est la relation entre deux univers cousins. Il y a une jubilation à le faire. Et plus on le fait, plus on découvre qu’il y a des échos profonds entre les deux. Vous faites de plus en plus de spectacles mariant lecture et musique... Oui, cela prend une très grande place dans ma vie. J’adore la musique. Je n’ai pas eu d’éducation musicale, mais j’ai beaucoup travaillé ma voix en faisant du chant. Et au fond, aujourd’hui, je me sens presque plus musicienne qu’actrice. J’utilise ma voix comme un instrumentiste sur la musique des mots. “La Fontaine/Brassens” vendredi 16 janvier à 20h30 à l’Espace Albert Camus (1 rue Maryse Bastié). Retrouvez Arbon en solo et son univers mêlant provocation et poésie, rock et ballades, humour et liberté à l’occasion d’un Midi Musique jeudi 15 janvier à 12h30 En savoir + : www.albertcamus-bron.fr