partie de campagne - association À Travers

Transcription

partie de campagne - association À Travers
Exploration
{partie de campagne}
urbaine
« Du centre commercial à la ville maraîchère,
de la vallée de l’Yerres au Plateau Briard »
Samedi 2 juillet 2016 / 10h30-18h
Balade conçue et animée par :
Fabrice Frigout, paysagiste dplg
Denis Moreau, urbaniste-marcheur, À Travers
Arpenter les territoires urbains et périurbains d’Île-de-France pour appréhender les sujets liés à l’éco-consommation : un enjeu éducatif
Vivacités Île-de-France, qui s’est engagée en amont et pendant la COP 21,
notamment par des « balades climat », entend poursuivre son action en
concevant un cycle d’explorations urbaines et périurbaines des territoires de
la Métropole du Grand Paris et de l’Île-de-France. L’exploration territoriale est
pour le réseau Vivacités IDF un acte éducatif en soi. Apprendre à observer,
décrypter, comprendre, voir autrement, discuter et débattre, rencontrer,
découvrir, surprendre… sont autant de situations qui permettent la construction
d’une culture environnementale et urbaine ; cette « éducation à l’environnement
urbain » est essentielle à la formation d’un citadin engagé et acteur, conscient
de la complexité des défis urbains et environnementaux qui touchent l’Île-deFrance aujourd’hui.
Dans cette année post-COP21, où se met en place Métropole du Grand Paris, les
questions de l’éco-consommation, de l’économie circulaire, des circuits courts, de
l’émergence d’une agriculture respectueuse de la santé et de l’environnement, à
faible bilan carbone, sont particulièrement présentes dans le contexte francilien. L’Ilede-France est la première aire urbaine d’Europe, avec ses 12 millions d’habitants, et
ses terres agricoles, limoneuses, parmi les plus fertiles d’Europe. Ceci alors que la
Région ne fournit que 2% des besoins alimentaires de sa population.
Nombre de ces portions de territoires agricoles et urbains font partie du Réseau
rural et périurbain francilien et du Réseau agriurbain d’Île-de-France, animés par
la Bergerie Nationale. C’est un de ces territoires, inclus dans le Grand Paris, sur
lequel se rencontrent ces enjeux que nous avons choisis comme première de
ces explorations urbaines.
Dans le prolongement de l’AIGP (Atelier International du Grand Paris),
consultation d’urbanisme lancée en 2008, la Fédération Française du Paysage
(FFP) d’Île-de-France a créé un atelier de réflexion, « Métropole Paysage ». Parmi
les réflexions de la FFP, la question de la valeur du sol a émergé : outre sa
valeur financière, sa valeur de fertilité et son épaisseur sont à considérer comme
un bien commun. Il s’agit de redonner au sol sa valeur écologique, climatique,
nourricière, vivante, de penser sa réversibilité.
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Si nous consommons des produits, dits « de consommation »,
des énergies, des biens manufacturés, des services,
nous consommons aussi du sol. Nous sommes même
fréquemment dans une « hyperconsommation ».
Pour mémoire, entre 2000 et 2015, le prix mondial des céréales et autres denrées
alimentaires a doublé. Et si les surfaces agricoles représentent aujourd’hui
quasiment la moitié de l’Île-de-France (un petit quart accueillant des espaces
naturels, et un gros quart étant urbanisé), en 50 ans, 25 % des terres agricoles
ont été perdus en France, 820 km2 disparaissant chaque année (la Métropole
du Grand Paris en fait 814 km2) tandis que les surfaces urbanisées doublaient.
L’urbanité peut être aussi rurale, et la culture, citadine
Traditionnellement, la campagne se conçoit comme « les champs, les terres
cultivées par opposition à la ville », la seconde ne pouvant que se développer
par la proximité de la première qui l’alimente.
Pourtant, au-delà de cette opposition, la Cité, antique ou médiévale,
comprenait déjà dans un même ensemble organisé, la ville (urbs) avec son
ban (la banlieue) et ses jardins (hortus), comme la campagne, ses champs
(ager), ses bois (silva), et ses marges (saltus), landes et taillis où le dieu Pan se
manifeste.
L’urbanité peut être aussi rurale, et la culture, citadine. Avec l’étalement des
villes, dans leurs campagnes sont apparues les formules de « périurbanisation »,
de « rurbanisation », de « suburbanisation ».
Qu’on l’appelle « ville-territoire » (Faivre-Aublin), « ville-pays » (Beauchard), « villediffuse » (Secchi et Chalas) ou campagne urbaine (Donadieu et Dalla Santa), « la
métropole se construit aujourd’hui autour de la tension établie entre une formeville qui explose et des formes territoriales qui dissolvent l’opposition traditionnelle
de la ville et de la campagne » écrivait, en 2003, Cyrille Faivre-Aublin, architecte
et enseignant à l’ENSA Paris Val-de-Seine.
La ville élargie et le paysage
Pierre Donadieu, professeur à l’ENSP Versailles, posait cette question en 2000 :
« au lieu de chercher en vain à contrôler la croissance de la ville par des réseaux de
ceintures, de fronts et d’espaces verts, pourquoi ne pas construire le tissu urbain
avec les espaces agricoles et forestiers ? Pourquoi l’agriculture périurbaine ne
pourrait-elle pas être considérée par les aménageurs comme un outil d’urbanisme
capable d’organiser durablement le territoire des cités ? », y voyant une utopie
réaliste.
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Pour que cette ville-territoire permette une cohérence urbaine entre espaces
bâtis, agricoles, naturels, il s’agit de « composer avec le site, le paysage, comme
partie symétrique de l’implantation urbaine, de lutter contre l’indifférence du
contexte », comme le dit le paysagiste Gilles Vexlard.
La ville poreuse et le Grand Paris
Ainsi, l’une des dix équipes de la Consultation pour le Grand Paris de 2008,
l’équipe Secchi-Viganò, proposait le développement de la « Ville poreuse »,
bien au-delà des limites de l’actuelle Métropole du Grand Paris. Cette métropole
horizontale et décentralisée aurait articulé urbain et périurbain en questionnant
leurs limites, tenant compte des problématiques de l’alimentation et de l’écoconsommation, des déplacements doux, se construisant par des projets
participatifs, tenant compte de l’écologie, des circuits de l’eau, etc., chaque
projet définissant son propre périmètre de gouvernance, en contradiction avec
la tradition centralisatrice française.
Le Plateau Briard dans le Grand Paris, exploration n°1
Cinq communes sur six de l’ex-communauté de communes (CC) du Plateau
Briard ont rejoint le 1er janvier 2016 le Territoire 11, à l’extrémité sud-est de la
Métropole du Grand Paris. Périphérique à l’échelle du Grand Paris, le territoire
est central à celle de l’aire urbaine parisienne. Occupation des sols et modes de
vie urbains et ruraux s’y rencontrent.
Le cycle exploratoire
Nous proposons donc, par ce cycle exploratoire, de parcourir les lieux où les
formes de cette ville-territoire, cette ville plus ou moins diffuse, cette campagne
urbaine, prend corps, répond aux enjeux de la ville durable ; de découvrir quelles
ressources sont disponibles, quels blocages se rencontrent, quelles perspectives
se dessinent.
Pour cela nous porterons notre regard sur les potentialités que recèlent les
paysages : le sol, le socle, le vivant, le patrimoine végétal, bâti, culturel, humain,
les densités bâties comme les densités arborées ; tous ces éléments dont le
paysage est formé, qui permettent l’émergence d’une ville élargie.
Effets du bon et du mauvais gouvernement, Lorenzetti 1338
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INSEE Zonage
aires urbaines et
Bassins
de
Vie - Robert
et
Aragagou, Université Paris Ouest 2013
Ce morceau de Brie, marqué au sud et au nord par les vallées de l’Yerres et du
Réveillon, fait partie de la Brie française (francilienne, dirions-nous aujourd’hui),
un plateau qui s’avance entre la Seine et la Marne, et qui a depuis des
siècles et des siècles vocation à nourrir Paris. Avec l’urbanisation,
c’est aujourd’hui une pointe avancée dans l’agglomération, tranchant
la ville.
Fromage
de
Brie (Wikipedia)
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Dans ce territoire, le Schéma Directeur de la Région Île-de-France (SDRIF) a défini
un front urbain d’intérêt régional, des secteurs d’urbanisation préférentielle, mais
aussi des liaisons agricoles et naturelles à conforter, héritées des Zones naturelles
d’équilibre (ZNE) des anciens schémas directeurs, destinés à contrebalancer les
Villes Nouvelles. C’est un cas exemplaire, car au plus proche de Paris, nous trouvons
là une concentration de dynamiques, de situations et d’enjeux, qui peuvent parfois
entrer en contradiction, et qu’on retrouve à l’échelle de la région métropolitaine.
Les pratiques de l’agriculture biologique, ou d’une production agricole impliquée
dans les circuits courts et de proximité sont ici bien présentes, bien que les
situations soient différentes. À Mandres-Les-Roses, il ne reste qu’un seul
producteur de roses, l’horticulture ayant connu de grandes difficultés. Malgré
la présence d’importantes pépinières et de quelques maraîchers dans les
lotissements agricoles des Domaines de Roseval et de Rosebrie, l’urbanisation
se poursuit. À Périgny-sur-Yerres, ancien plateau céréalier, aujourd’hui en partie
maraîcher, notamment dans le Domaine de Saint-Leu, la présence agricole
semble mieux installée, mais qu’en sera-t-il dans l’avenir ?
Damien
de
Templeux, 1666
Outre les maraîchers traditionnels, inclus dans le Périmètre Régional d’Intervention
Foncière (PRIF) du Plateau Briard, se trouvent au sein de domaines lotis grâce à la
SAFER à Périgny et Mandres plusieurs AMAP (Association pour le Maintien d’une
Agriculture Paysanne), un jardin pédagogique, des territoires gérés par l’Agence
des Espaces Verts d’Ile-de-France (AEV), des Pépinières intercommunales et
départementales ainsi qu’un Établissement et Service d’Aide par le Travail (ESAT)
réservé aux personnes handicapées, et développant des pratiques de gestions
différenciées et d’éco-pâturage.
Les formes du paysage agricole prennent aussi celles d’une infrastructure de
production, et en arrière-plan les serres maraîchères ferment l’espace ouvert,
paradoxalement plus présent en contrebas, dans la prairie de la boucle de l’Yerres.
Les formes de la ville sont variées. Aux vieux villages briards, exemplaires du
point de vue urbanistique, ont succédé des lotissements pavillonnaires à l’écriture
générique, des zones d’activités standardisées, ou encore des « écoquartiers »
en cours de construction. Les expérimentation de l’urbanisme des années 1970,
avec ses grands-ensembles, et le « Val d’Yerres 2 » occupent la vallée éponyme.
« Le Plateau Briard »,
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un coin de Brie entre l’Yerres et le
(carte relief : IAU)
Réveillon
Ce territoire est aussi un lieu de passage, humain, faunistique et floristique,
traversé par le TGV Paris-Marseille, par la Tégéval, liaison verte commencée en
2013, empruntant l’ancien chemin de fer du « train des roses », par le sentier
d’interprétation agricole, mise en place par la commune de Périgny-sur-Yerres,
puis développée par l’ex-Communauté de Commune du Plateau Briard.
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Ce territoire est aussi traversé de continuités écologiques, reliées à la ZNIEFF de
la vallée boisée de l’Yerres.
IAU (carte
des pistes cyclables)
:
un territoire entre vallée et plateau
Pierre Donadieu écrit dans Campagne Urbaine que « l’enjeu n’est pas seulement
l’alimentation des citadins (...) mais la qualité de la vie urbaine dans une ville
moins dense et moins compacte que celle produite par les processus habituels
d’urbanisme ».
Ce territoire est aussi un espace de respiration pour les citadins, plus ou moins
proches, un atout urbain, économique, touristique. Depuis les années 70, des
tentatives « d’agro-tourisme » ont été mises en place sur Le Plateau Briard,
dans un projet global porté par l’ancien maire de Périgny, Michel Lucas, qui a
très grandement contribué au maintien de l’agriculture. Il s’agit aussi de faciliter
un accès partagé à ces espaces qu’on peut considérer comme relativement
préservés. C’est un des enjeux du territoire que de porter ses spécificités à
l’échelle du T11 et du Grand Paris, pour le valoriser.
Si le maintien d’une zone agricole, aujourd’hui au cœur de la ville, a une histoire,
et est le résultat de volontés politiques fortes, locales, à contre-courant de l’esprit
des Trente glorieuses, on peut aussi en interroger aujourd’hui certains points.
Dans un 21e siècle déjà bien entamé, Périgny-sur-Yerres, c’est, d’une certaine
manière, l’anti-Boussy, l’anti-Zac. Le manque de logements en Île-de-France,
semble nécessiter d’envisager une installation urbaine renouvelée (objectif de
25% de logements sociaux, selon la loi), sur ces territoires.
Du maraîcher-logisticien parisien, qui vient cultiver chaque jour pour une
AMAP, jusqu’aux enfants des quartiers prioritaires de la cité des cinéastes à
Épinay-sous-Sénart, de l’agriculteur dont la famille exploite la terre depuis des
générations, aux « néo-ruraux » des anciens villages du plateau travaillant à
Paris et au-delà, les manières de vivre cette ruralité/urbanité sont diverses et
variées, souvent surprenantes.
Géoportail :
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zones agricoles et boisées du
Plateau Briard
Avec les acteurs locaux et de l’aménagement du territoire que nous
rencontrerons, nous verrons comment la ville élargie se fait, se défait, avec
les potentialités de son capital paysager, en nous demandant comment,
économiquement, écologiquement, politiquement et socialement, l’agriculture
peut être viable sur le Plateau Briard.
Cette exploration sera un moment de dialogue, de regards croisés,
mais aussi, une partie de campagne, bucolique et urbaine.
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Exploration territoriale
Samedi 2 juillet 2016
Rendez-vous : 10h20 - Sortie nord de la Gare RER D « Boussy - St-Antoine »
(côté centre commercial « Val-d’Yerers 2 » ) - Fin de la promenade vers 18h
retour possible ver le RER D par co-voiturage - 4 h de marche
Inscription souhaitée / Possibilité de participation « partielle » /
Possibilité de co-voiturage / adaptations pour tous types de handicaps
Descriptif :
Périgny-sur-Yerres et Mandres-les-Roses depuis Boussy-Saint-Antoine.
Départ : RER D « Boussy-Saint-Antoine ». Co-voiturage possible. Précisions
après inscription.
Partie
de
Campagne, Jean Renoir
Remerciements
Michel Lucas,
ancien maire de
Périgny-sur-Yerres
Marjorie Garnier
Evelyne Cocot et Philippe Fournier, ESAT de Rosebrie
Stéphane Disdet, Les Jardin de Thélème
Wilma et Michel, Les Jardins de Wilma
Jean-Xavier Saint-Guily, Bergerie Nationale
Jean-François Lamy, Plateau Briard
Christelle Angeniol, François Huart, Gilles Duquenoy Agence des Espaces Verts d’Île-de-France
Anne Gaillard, CAUE94
Cécile Dispau, Civam de l’Hurepoix
Eric Stremler, Centre horticole de Plaine centrale
Pierre Hémon, paysages filmés - pierrehemon.tumblr.com
Amélie Romac, EPT11
Et
bien d’autres, à venir
!
Accessibilité :
Parcours ouverts à tous. Difficultés liées au parcours : une dizaine de km
de parcours (4 h de marche) ; pente modérée (plus ou moins 40 mètres de
dénivelés).
Possibilité de rejoindre le groupe à mi-parcours pour le pique-nique (prévoir
un pique-nique en plus des produits locaux à déguster !).
Vous avez un handicap et souhaitez participer à cette balade ;
contactez-nous au 01 46 70 95 78, nous verrons ensemble les adaptations
au fil de la promenade ; des boucles électromagnétiques peuvent
être mises à disposition pour les malentendants.
Concepteurs et guides :
Fabrice FRIGOUT / Paysagiste dplg, membre de la Fédération Française du
Paysage
Denis MOREAU / Urbaniste marcheur / « banlieuedeparis » / Association
« À Travers »
Inscription / Informations :
Barbara HOUALET / [email protected] / 01 46 70 95 78

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