THIerry ROlAND - Revue Charles

Renseignements généraux
étage et j’ai demandé un rendez-vous au tandem
Mougeotte/Le Lay (président et vice-président de
TF1). J’ai été reçu par Étienne et je lui ai dit :
« Je suis juste venu pour te dire un truc. En ce qui
concerne l’élection de l’année prochaine, vous êtes
complètement à côté de la plaque parce que c’est
pas Balladur qui va passer, c’est Chirac. » Et il
m’a répondu : « T’es gentil. Écoute, pour le football
t’es le meilleur mais pour le reste tu nous laisses
choisir et on parlera après. » Ils auraient mieux
fait de m’écouter. Car c’est Chirac qui l’a emporté.
Je ne suis pas une bête politique, je suis citoyen.
Je pense d’ailleurs qu’on devrait faire comme en
Belgique et coller des amendes aux gens qui ne
votent pas.
Thierry Roland
Le commentateur de foot le plus populaire de France est connu pour
ses jeux de mots tendancieux à l’encontre d’arbitres et de joueurs
africains ou asiatiques. On sait moins que l’auteur de la vanne « Pour
les Marocains le couscous est cuit » a déjà voté à gauche. Retour sur
le parcours de citoyen de Thierry Roland, qui n’a jamais dérogé à son
devoir d’électeur depuis la création de la Vème République.
Propos recueillis par Lamia Belhacene
En 1969, j’ai choisi Pompidou. Un grand
président… Le meilleur. C’était un mec qui, dans
la lignée du général, avait une grande, grande
opinion de la France. Il y a deux choses en France
auxquelles il ne faut pas toucher : la voiture et la
télévision. C’est tellement vrai que lorsque le président Pompidou a remis de l’essence dans les
pompes et a fait fonctionné à nouveau la télévision qui était en grève depuis un moins, les évènements de Mai-68 se sont arrêtés.
J’ai toujours voté à droite excepté en 1981...
J’ai fait partie de ceux qui ont été licenciés par
l’ORTF à la suite des évènements de Mai-68.
La France entière était arrêtée. 35 millions de
8 Charles
« François Hollande
aime le sport,
c’est déjà pas mal. »
grévistes y compris à la télévision. Ça a énervé le
général de Gaulle qui a dit : « Il faut me remettre
ça d’aplomb. » Toujours plus royaliste que le roi,
le ministre de l’Information a viré les gens du
sport dont moi. Alors par vengeance, j’ai voté
Mitterrand. Ces enfoirés nous ont virés, voilà
c’était ma façon de répondre.
Évidemment, c’était un président qui avait
beaucoup de qualités. Il était cultivé, intelligent
mais trop malin pour moi. Il a pratiquement
menti toute sa vie. C’était quand même le comble
du mensonge car il a été réélu alors qu’il avait
un cancer… après avoir, avec l’argent du contribuable, eu un ménage parallèle. Ce gars fait ce
qu’il veut avec ses jouets. Mais en tant que président de la République, il se devait de donner
l'exemple. Tout ça m’avait violemment énervé.
En 1988, j’ai voté Chirac. Il ne l’a pas emporté
évidemment mais lorsque je l’ai rencontré en
1990, alors qu’il était maire, je lui ai dit : « Je vous
appelle Monsieur le maire mais dans deux ans il
n’est pas exclu que je vous appelle Monsieur le
président. »
En 1995, j’étais à TF1 et je voyais qu’à l’antenne, TF1 était à mort pour Balladur. Je me
disais : « C’est quand même des grands malades
parce que c’est Chirac qui va passer. » Pour
moi c’était une évidence. Un jour, j’ai pris mon
courage à deux mains, je suis monté au 13ème
Je n’ai jamais voté pour le Front national.
Je crois que le 21 avril 2002 a été un accident
de parcours. Du côté du PS on n’a pas appréhendé à sa juste valeur la montée du FN. Même
si leur idéologie est difficilement acceptable pour
diriger un pays comme la France, je ne m’empêche pas de constater que ces gens-là ne disent
pas que des conneries. Comme par exemple sur
la question de la sécurité à l’intérieur de nos
frontières. La France n’est pas une poubelle. Si,
on veut venir passer sa vie en France, tout le
monde est le bienvenu, à une seule condition,
c’est de respecter les lois de la République. Malheureusement, aujourd’hui on voit des centaines
de milliers de personnes qui sont venues trouver
refuge en France et qui ne les respectent pas.
Je ne suis pas belliqueux, je ne veux pas qu’on
les remette dans des bateaux et qu’on les renvoie
chez eux mais ça m’insupporte franchement.
©Lamia Belhacene
j’ai toujours voté. Quand j’étais jeune, j’étais
un petit peu provocateur. Au lieu de prendre
tous les bulletins de vote, ostensiblement je
n’en prenais qu’un, j’allais dans l’isoloir et je le
mettais dans l’enveloppe. J’étais fier. J’ai voté
pour la première fois, en 1965, pour le général
de Gaulle. J’ai perdu mon père très tôt. Il était
résistant durant la guerre de 40. C’est pourquoi,
même sans qu’on m’ait rien dit, j’étais orienté
vers le gaullisme. Ça correspondait plus à mes
idées. Moi je suis très chauvin, très cocorico. J’ai
été élevé dans le respect de la France avec un
« F » majuscule, du drapeau français, de l’hymne
national et ça me convenait parfaitement.
Je revoterai Sarkozy en 2012. Mise à part
sa première année, il a fait un mandat dans
des conditions ô combien difficiles. Si la douce
Ségolène était passée, on serait à des années
lumières de la Grèce. Son élection n’était pas
envisageable un dixième de seconde.
De même, moi je veux bien tout ce qu’on
veut mais quand même… EVA JOLY ! Chaque
fois qu’elle l’ouvre, c’est pour dire une connerie.
À ce niveau-là c’est fabuleux et terrifiant. Quant
à François Hollande, il a gagné la demi-finale, il
est en finale maintenant. Je le connais un petit
peu, je ne sais pas s’il a l’envergure d’un président de la République mais c’est quelqu’un
de sympa. Il aime bien le sport, c’est déjà pas
mal. C’est un mec aux idées normales. Quant à
Marine, elle va faire un beau score parce qu’elle
appuie là où ça fait mal. C’est vrai qu’il y a des
trucs qui ne sont pas normaux. Elle se base
là-dessus. Je ne pense pas qu’elle ira en finale
mais elle ne sera pas loin.
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