La chancelière allemande Angela Merkel veut soumettre à la
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La chancelière allemande Angela Merkel veut soumettre à la
«Le "miracle allemand" a tendance à effrayer les Européens plutôt qu'à les rassurer.» Intervention de Thomas Händel au Parlement européen Janvier 2012 La chancelière allemande Angela Merkel veut soumettre à la Commission européenne en collaboration avec le président français Sarkozy un concept pour la croissance et l'emploi en Europe. A cette fin, l'Allemagne est censée servir de modèle. L'Eurodéputé Thomas Händel (Die Linke), membre de la commission emploi et affaires sociales du Parlement européen, s'exprime à ce sujet : «Le "miracle allemand" a tendance à effrayer les Européens plutôt qu'à les rassurer.» Les propositions développées à Berlin seront déjà discutées lors du Conseil européen à la fin de ce mois-ci. Pour rendre l'Europe «plus compétitive et plus attractive» devrait-on, selon Merkel, garder les coûts salariaux aussi supportables que possible, afin d'éviter une fuite des emplois. Händel poursuit : «L'Allemagne a certes, par le biais de la réduction du temps de travail et avec la codécision des comités d'entreprise et les syndicats, surmonté la crise sans grandes pertes d'emplois, - un modèle que l'OIT recommande vivement. Cependant, les aspects positifs de la politique du marché du travail allemand sont ainsi déjà résumés.» Les aspects négatifs l'emportent en effet, et de loin : en dépit de carnets de commandes pleins en 2010, ce sont exclusivement les emplois précaires et atypiques comme le travail temporaire, les «minijobs» et le travail à temps partiel qui ont augmenté. Les relations normales de travail - un contrat de travail à durée indéterminée, à temps plein et soumis aux cotisations sociales - ont chuté entre 2008 et 2010 à 133 000 emplois, ce qui représente seulement 61,2 % du total des emplois. Dans certaines régions de d'Allemagne de l'ouest, les emplois précaires forment même presque la moitié de l'emploi. Plus de la moitié des femmes travaillant dans le secteur privé sont employées sous des formes atypiques, ces chiffres atteignant jusqu'à 70 % dans les régions rurales d'Allemagne de l'ouest. Händel rajoute : «Beaucoup de travailleurs précaires disposent de peu ou de pas de couverture sociale. La pauvreté massive dans la vieillesse est déjà programmée par le niveau misérable des salaires, le niveau des pensions en baisse, l'augmentation de l'âge de départ à la retraite et le démantèlement des systèmes de sécurité sociale.» La précarité, utilisée le plus souvent comme un instrument pour baisser les salaires, a déjà conduit en Allemagne à la plus mauvaise évolution des salaires réels de tous les Etats européens. Selon la Commission européenne, l'Allemagne a enregistré un recul de 0,8 % entre 2000 et 2008. En outre, l'Allemagne figure parmi l'un des deux seuls pays en Europe sans salaire minimum généralisé. «Vraisemblablement, nos amis européens vont être ravis», déclare Händel. «Une politique de l'emploi menée selon la devise " Le plus important, c'est le travail, peu importent sous quelles conditions", comme elle est déjà prônée par la Commission Européenne, est donc désormais également promue de manière offensive par le couple Merkozy. C'est pourtant l'exact opposé qui est nécessaire : le renforcement des revenus des travailleurs et du pouvoir d'achat est urgent, à la fois pour des raisons sociales mais aussi pour des raisons économiques.» Händel en appelle ainsi à un nouveau modèle de "travail digne" (Gute Arbeit) pour l'Europe. «Nous avons besoin de travail grâce auquel les hommes et les femmes peuvent vivre de manière autonome, à l'abri de la pauvreté et sans transferts sociaux.»