Fernando Botero va (enfin) s`exposer à Genève
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Fernando Botero va (enfin) s`exposer à Genève
Décoration et Architecture Fernando Botero va (enfin) s’exposer à Genève Il est l’artiste vivant le plus célèbre au monde, mais ses œuvres n’avaient curieusement jamais été exposées dans la cité de Calvin. Pendant un mois, la galerie GdB Fine Arts va faire découvrir une trentaine de peintures et dessins de l’inventeur de ces personnages dilatés à l’extrême, énormes et envoûtants. Homme à table – 2003. s e p t e m b r e – o c t o b r e 2 0 0 6 25 Décoration et Architecture Décoration et Architecture L’artiste colombien en neuf dates clefs 19 avril 1932 Naissance à Medellin qui, avant de devenir plus tard la capitale de la drogue et de la violence, est alors une importante ville industrielle et commerciale des Andes colombiennes. 1944 A 12 ans, il est inscrit à l’école de matador. Il ne deviendra jamais torero, comme il en rêvait alors, mais le thème de la corrida ne cessera d’être présente dans son œuvre, de ses toutes premières aquarelles jusqu’à ses dessins récents. Nature morte dans le studio – 1999. Garçon à cheval – 2005. 1956 Pour une exposition à Mexico, Fernando Botero peint «Nature morte à la mandoline», qui marque l’apparition de la première dilatation du volume qui deviendra sa signature, sa griffe. L’artiste Fernando Botero est né. Nature morte à la pastèque. Picador 2 – 2003. 1958 Il illustre «La sieste du mardi» de Gabriel Garcia Marquez, futur Prix Nobel de littérature, avec qui il partage la même recherche d’une identité latino-américaine. L’ écrivain Jacques Laurent disait que même ceux qui ne connaissaient rien à la peinture connaissaient tout de même un nom d’artiste, qu’ils répétaient d’ailleurs avec un mélange d’exclamations convenues et d’admiration sincère: celui de Picasso. De même, on pourrait dire qu’un seul artiste bénéficie aujourd’hui, dans le monde, de la même notoriété immédiate: Fernando Botero. On sait parfois à peine qu’il est colombien, on sait parfois à peine qu’il a beaucoup voyagé entre l’Europe et l’Amérique, mais on sait toujours que son originalité et sa signature 1960 S’installe à New York où il réalise deux ans plus tard sa première exposition «made in USA» à la galerie The Contemporaries. 1980 Première exposition d’aquarelles, de dessins et de sculptures à la galerie Beyeler, à Bâle. 1990 Rétrospective à la Fondation Pierre Gianadda, à Martigny. 1993 Pour la première fois de son histoire, la ville de New York expose seize de ses bronzes – tous monumentaux, évidemment ! – sur Park Avenue. Une reconnaissance mondiale pour le natif de Medellin! 1994 Célèbre aussi dans son propre pays, où il ne revient que rarement et brièvement, l’artiste échappe de justesse à une tentative d’enlèvement. 26 N u m é r o 4 reconnaissable entre mille, ce sont ses personnages gros et obèses, tellement dilués et enflés qu’ils en deviennent informes et presque irréels. De véritables bonshommes Michelin qui, loin de se cacher et de dissimuler dans les plis de leur graisse, paraissent au contraire exprimer, dans leur énormité même, une sorte de vérité intérieure puissante et taraudante. Organisée par la galerie genevoise GdB Fine Arts du 22 septembre au 16 octobre prochain, une expositionvente d’une trentaine d’œuvres de l’artiste colombien donnera à chacun l’occasion de se familiariser davan- tage avec son œuvre. «Ce sont des peintures et des dessins récents, explique le patron de la galerie, Georges de Bartha, qui correspondent à ses thèmes de prédilection de toujours: on voit beaucoup de natures mortes et de personnages, des femmes et des enfants surtout. Il y aussi des picadors, une inspiration très ancienne chez cet amoureux de la corrida. Les dessins sont de grande dimension, par exemple un mètre sur 70 centimètres, et de haute qualité. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit de telles œuvres!». Mais pourquoi Fernando Botero a-til inventé ces personnages gigantes- ques et totalement boursouflés? Que veulent-ils donc nous dire? Comment parviennent-ils à nous parler et à nous émouvoir? «La dilution extrême des formes, observe Frédéric de Senarclens, co-responsable de la galerie, permet peut-être de voir audelà des apparences». n Philippe Lemaire Exposition à la galerie GdB Fine Arts, 3 rue du Mont-Blanc, Genève. Du 20 septembre au 16 octobre 2006, lundi à vendredi de 10h à 12h et de14h à 18h30 ou sur rendez-vous. «Il est important de reconnaître d’où vient le plaisir quand on contemple un tableau. Pour moi, c’est la joie de vivre liée à la sensualité des formes. C’est pourquoi mon problème est de créer la sensualité par les formes». s e p t e m b r e Fernando Botero – o c t o b r e 2 0 0 6 27