pompiers pyromanes

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pompiers pyromanes
N° 20/07 – 30/10/2007
Pompiers pyromanes
Les marges arrières (prestations de services facturées par le distributeur au fournisseur) ont, depuis la loi
Galland, nourri la rente de la distribution. Les recettes perçues à ce titre par le commerce ne pouvaient servir
à baisser les prix à la consommation. Elles constituaient une marge garantie par la loi. Le système s’est révélé
profitable puisque, de 1998 à 2006, les marges des distributeurs sur les grandes marques se sont élevées de
27 à 38 %. Dans le même temps, les prix de vente des fournisseurs ont baissé de 9 % en euros constants. La
grande distribution s’est donc enrichie, aussi bien aux dépens de ses fournisseurs (grands industriels, PME,
agriculteurs), que des consommateurs qui ont été contraints de financer la rente. Pourtant aujourd’hui, les
représentants du grand commerce dénoncent ces mêmes marges arrières qui ont fait leur fortune. Cherchez
l’erreur …
A en croire les communiqués accumulés, véritable campagne orchestrée pour faire plier le gouvernement, dont
les arbitrages raisonnables sont conformes aux accords professionnels conclus durant l’été, les marges arrières
doivent être éliminées pour le plus grand bien des consommateurs et des PME. Et tant pis pour les grandes
marques. Elles ont le tort, sans doute, d’offrir plus de résistance à l’hyper puissance des acheteurs de la
distribution. Mais de quoi s’agit-il ?
Des condamnations nombreuses, au pénal et au civil, portant sur des sommes atteignant plusieurs dizaines de
millions d’euros, sont tombées, qui ont sanctionné des distributeurs pour avoir abusé de leur puissance d’achat
et imposé à leurs fournisseurs le paiement de prestations fictives. Ce que recherchent aujourd’hui les grands
distributeurs, c’est :
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de recycler la fausse coopération commerciale en vraie baisse des prix industriels, de façon à
échapper aux poursuites judiciaires, toutes choses égales par ailleurs du point de vue de sa rentabilité.
Il n’est pas question de diminuer la pression sur les fournisseurs. Au contraire, il faut l’accroître pour
effacer l’effet de la hausse mondiale des matières premières, comme si c’était au producteur français
de compenser, à lui seul, les conséquences de la raréfaction de certaines ressources engendrée par la
croissance débridée des puissances émergentes ;
de faire sauter toutes les barrières s’opposant à la libre expression de la puissance d’achat,
telle l’interdiction d’obtenir des conditions commerciales discriminatoires sur la seule base du rapport
de forces. En pareille hypothèse, les PME dépendent au mieux du bon vouloir de leurs grands clients ;
de multiplier les instances de négociation commerciale et par là, les transferts de richesse,
de l’outil de production vers la distribution. Il y aura négociation à l’avant (du tarif de l’industriel)
ailleurs (en Suisse ou en Belgique avec les centrales internationales d’achat) et à nouveau à l’arrière.
La suppression promise des marges arrières est une simple remise des compteurs à zéro. Elle
permettra de recréer, en toute sécurité juridique, de nouvelles marges arrières au niveau national
voire, chez les acheteurs décentralisés, régional ou local. Il y aura ainsi cinq échelons de
négociation et autant de prétextes pour ponctionner les fournisseurs.
La défense des consommateurs est un faux prétexte. L’épuisement programmé par la grande distribution des
agriculteurs et des industriels est lourd de déclin économique et de chômage. Au mieux le commerce propose
une tromperie sous la forme d’une politique de l’indice, fondée seulement sur des promesses (« donnez-nous
tous les pouvoirs et les prix baisseront »). Au pire il entend prendre l’économie du pays en otage, de façon à
conserver, sinon à accroître ses privilèges économiques en toute sécurité juridique, avec la bonne conscience
de celui qui distribue du pouvoir d’achat. Et peu importe que ce soit en monnaie de singe.
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