Accueillir une personne âgée séropositive pour le VIH en maison de
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Accueillir une personne âgée séropositive pour le VIH en maison de
Accueillir une personne âgée séropositive pour le VIH en maison de retraite ou en institution L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) a été reconnue pour la première fois au début des années 1980, mais existe chez l’Homme depuis le début du XXème siècle. Elle est du à un virus initialement présent chez les singes de forets d’Afrique de l’Ouest, virus qui s’est transmis à l’Homme par des accidents de chasse et des habitudes alimentaires, pour ensuite s’étendre au continent, puis au reste du globe du fait des voyages et des échanges commerciaux. Définition : Le VIH : Virus d’immunodéficience humaine, qui infecte les globules blancs spécialement les lymphocytes T4 responsables de la défense contre les infections. Etre séropositif : Avoir été en contact avec le virus VIH et avoir développé des anticorps. On peut être séropositif sans être « malade ». Le SIDA : Syndrome d’immunodéficience acquis. C’est l’évolution ultime de la séropositivité. C’est un ensemble de signes et de symptômes qui caractérisent un déficit de l’immunité ; le corps ne pouvant plus se défendre contre les infections même banales, de plus en plus d’infections vont survenir. Ce sont habituellement des infections liées à des micro-organismes avec lesquels nous sommes en contact tous les jours, et qui ne donnent pas de maladies chez les personnes dont l’immunité est normale, d’où le terme « infections opportunistes ». L’infection par le VIH augmente également le risque de voir survenir certains cancers, comme les lymphomes ou le sarcome de Kaposi. La contamination : Les modes de contamination du VIH/SIDA sont connus : · La contamination sexuelle · La contamination sanguine par des objets coupant ou perforant la peau ou encore le sang infecté traversant une plaie ou une muqueuse. · La transmission maternofoetale ; pendant la grossesse, l’accouchement ou pendant l’allaitement. Les liquides biologiques humains potentiellement infectants : Le sang (ou tout liquide biologique qui contient du sang), les sécrétions sexuelles (cervico vaginales, séminales et sperme), le lait maternel. Les liquides biologiques non infectants : · La sueur, les urines, les fèces, les larmes, la salive, les vomissements… L’évolution naturelle de l’infection par le VIH/SIDA -La contamination et la primoinfection : c’est le passage du liquide biologique potentiellement contaminant dans le sang d’une personne jusque là indemne du VIH. Vient ensuite la période de primo infection qui est la période, où le virus se multiplie rapidement dans l’organisme. Cette période peut parfois nécessiter un traitement antirétroviral si les symptômes sont trop importants. Cette période est suivie par : -La période de portage asymptomatique : durant cette période le virus se multiplie progressivement et les défenses diminuent. Mais il n’y a encore aucun symptôme de maladie. La durée de cette période est variable, suivant les individus, et peut aller de quelques mois à plus de 20 ans. -Le stade SIDA maladie : avec des infections opportunistes (cf. définition). En l’absence de traitement, après les manifestations de SIDA, l’espérance de vie est de quelques mois. En présence de traitement, l’espérance de vie peut redevenir normale. Les traitements de l’infection par le VIH Actuellement, si le dépistage est fait à temps, avec les traitements antirétroviraux disponibles pris correctement et avec un suivi médical spécialisé, le VIH/SIDA est une maladie chronique, qu’on peut maîtriser. Par contre, il n’y a pas pour l’instant de vaccin ni de traitement qui éradique complètement le VIH de l’organisme : une fois le traitement débuté, il est habituellement définitif. Les traitements antirétroviraux permettent aujourd’ hui d’assurer une longévité importante, ce qui explique que de plus en plus de personnes séropositives entrent dans la catégorie des « seniors ». Parmi les 900 patients suivis annuellement au CHU de Rennes pour une infection par le VIH, ils étaient 93 à avoir plus de 60 ans en 2005 et 111 en 2006. Ils étaient moins de 10 en 1990 ! Actuellement, près de 25 patients ont plus de 70 ans. On ne peut plus dire qu’il s’agit d’une maladie « de jeunes ». L’indication des traitements est variable : en fonction de l’évolution de la maladie, certains patients peuvent se passer de traitement pendant de très nombreuses années. Il est conseillé de débuter le traitement avant l’apparition des premiers signes de maladies, car il est alors plus efficace et mieux toléré, d’où l’importance du dépistage. Actuellement, on commence le plus souvent par une trithérapie, mais les traitements se sont simplifiés au cours des dernières années. Une trithérapie, cela peut être simplement 1 comprimé en se couchant le soir ! Pour d’autres patients, il sera nécessaire d’avoir des traitements plus « lourds », avec plus de prise et éventuellement plus d’effets secondaires. Certains traitements peuvent faire maigrir le visage et les membres, donnant un aspect « fatigué » aux personnes traitées. Une des caractéristiques des traitements de l’infection par le VIH est qu’ils doivent être pris de façon très régulière, conformément à la prescription médicale, si l’on souhaite en tirer un bénéfice sur le long terme. Par ailleurs, comme ce sont des traitements relativement récents, on n’en connaît pas encore bien la toxicité à long terme, notamment chez les personnes âgées. Aspects pratiques de la prise en charge Une personne séropositive est habituellement suivie par une équipe spécialisée, le plus souvent en milieu hospitalier, qui permet de fournir non seulement l’assistance médicale spécialisée, mais également une prise en charge diététique, psychologique, des consultations d’éducation thérapeutique… Le VIH est une pathologie prise en charge à 100% par l’assurance maladie, dans le cadre de la procédure d’ALD. Une demande de prise en charge des coûts de transport peut être effectuée, notamment si le patient a besoin d’une assistance spécifique pour se rendre aux consultations. Lors de la mise sous traitement les rendez-vous sont assez fréquents, tous les 15 jours ou tous les mois. Ensuite, la surveillance peu le plus souvent être espacée, et beaucoup de patients ne rencontrent l’équipe spécialisée que trois à quatre fois par an.. Les patients peuvent se faire délivrer leurs traitements en pharmacie de ville ou en pharmacie hospitalière, selon leur propre choix. Exceptionnellement, certains médicaments très récents ne sont délivrés qu’à la pharmacie de l’hôpital. Lorsque le patient réside en maison de retraite ou en foyer logement le coût du traitement est pris en charge par l’assurance maladie. Conduite pratique pour prendre en charge une personne séropositive. Dans la vie de tous les jours : Dans les contacts de tous les jours, il n’y a aucune précaution particulière à prendre pour vivre avec ou s’occuper d’une personne séropositive, qu’elle soit malade ou en bonne santé. Pour la toilette, le repas, la vie communautaire, il n’y a pas de précautions particulières. Pour les soins infirmiers : Lorsque l’on effectue des soins, ce sont les précautions standard qu’il faut utiliser, cela pour se protéger et protéger l’autre. Entre deux soins, il est important de se désinfecter les mains avec une solution hydro alcoolique ou en se lavant les mains au savon. En cas de saignement d’une personne séropositive, il est conseillé de lui faire son pansement en mettant des gants, mais ceci est également conseillé pour toute personne, le contact avec le sang pouvant véhiculer d’autres virus comme les virus des hépatites. En cas de présence d’une plaie chez le soignant, il est conseillé de la couvrir par un pansement et de porter des gants pendant les soins. Après un soin, déposer tout matériel souillé, piquant ou coupant dans les containers spéciaux. Transporter les prélèvements dans des récipients clos. En cas de décès d’une personne séropositive ou malade du sida, il n’y a pas de précautions particulières à prendre, seuls les soins de conservations ne sont pas autorisés, comme pour toutes les maladies transmissibles. En cas d’exposition au liquide biologique potentiellement infectant, c’est à dire en cas de coupure ou de blessure avec un objet souillé par du sang : · Nettoyage immédiat de la plaie (eau + savon), puis rinçage. · Trempage pendant 5 minutes au moins dans : · un dérivé chloré (dakin ou eau de javel à 12°diluée au 1/10) · ou de la bétadine dermique · ou de la chlorhexidine alcoolique à 0,5% Sur une muqueuse : rinçage abondant au sérum physiologique ou à l’eau pendant au moins 10’. Signaler l’exposition au médecin de la structure, qui en évaluera le risque infectieux, déclarera l’accident de travail. Il peut parfois être nécessaire de prendre un traitement antiviral en cas d’exposition importante : la conduite à tenir doit être décidée rapidement après l’accident. Ces mesures simples font qu’il n’a été documenté aucune contamination lors de soins en France depuis de nombreuses années ! En résumé L’accueil d’une personne âgée séropositive en maison de retraite ou en institution doit donc se faire comme pour toute personne : respect de sa dignité, respect de la confidentialité. S’il est important que les soignants puissent être informés du statut sérologique de la personne, de son traitement et des soins à lui apporter, cela reste du domaine du secret médical. Seule la personne ellemême peut décider qui elle informe de son statut. Les personnes âgées séropositives sont habituellement suivies par un médecin généraliste, ainsi que par l’équipe de l’unité de maladies infectieuses du CHU de Rennes. En cas d’interrogations, un membre de l’équipe est toujours joignable pour répondre à vos questions. Unité de maladies infectieuses du CHU de Rennes Assistante sociale, Carole Bernard ; Psychologue, Elisabeth Bazantay ; Equipe d’éducation thérapeutique, Elodie Labbay, Françoise Morin et Lydie Margottin, infirmières ; le cadre du service, Elisabeth Bougeard & toute l’équipe médicale (Drs C. Arvieux, JM. Chapplain, F. Fily, C. Michelet, M. Revest, F. Souala et P. Tattevin) ; se tiennent à votre disposition et celle des patients que vous avez en charge. Secrétariats : Hôpital de jour : 02 99 28 42 38 Consultations : 02 99 28 95 64 Service social : 02 99 28 94 03