Une matinée à l`intérieur de la préfecture d`Evry. Ce lundi 29 février

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Une matinée à l`intérieur de la préfecture d`Evry. Ce lundi 29 février
Une matinée à l’intérieur de la préfecture d'Evry. Ce lundi 29 février 2016, nous sommes à la préfecture d’Evry .Il est 9h . Nous voulons comprendre pourquoi il y a régulièrement environ 200 personnes qui font la queue pour un titre de séjour. Il y a des enfants des jeunes femmes et jeunes hommes, quelques personnes âgées donc une vieille dame avec un handicap. Les visages des gens sont remplis d’incertitudes. Dehors pour passer au tourniquet après le serpentin il faut présenter le formulaire préalablement téléchargé sur internet avant de se rendre au service des étrangers à l’intérieur de la préfecture. Au tourniquet les personnes reçoivent un ticket avec numéro en fonction de leur démarche pour un dépôt de dossier. À 9h 45 une employée indique qu'il n’y a plus de ticket pour le dépôt de dossiers. Les personnes qui n'ont pas reçu de ticket pourront demander des renseignements au guichet général à l’intérieur. Nous comprenons que c'est pour éviter que les personnes se mettent en colère dehors. Les deux employées de la préfecture quittent le tourniquet à 9h55. Les deux cents personnes présentes sont tous passées aux tourniquet. 1 10h nous entrons dans la préfecture salle d’attente service étrangers. Nous retrouvons les personnes dans la préfecture au service des étrangers. Devant le pré­accueil et dans la salle d’attente il y a beaucoup de monde, toutes les personnes munies ou non d'un ticket. Nous comprenons que la plupart des gens vont y passer la matinée entière et une partie de l’après­midi. Nous décidons alors d’y rester toute la matinée et de laisser traîner nos oreilles et nos yeux ici et là : l’attente est longue, certaines personnes dorment assises en attendant leur passage aux différents guichets en service, les enfants s’inventent des jeux pour tuer le temps, etc. Les numéros défilent, les personnes attendent leur tour. En plus de la queue faite dehors (pour certain depuis hier soir), l'attente se fait longue. Tous patientent différemment, chacun à sa manière: il y en a qui sont sur leur téléphone, d'autres en train de parler, certains sont juste là le regard vide et fatigué puis certains fixent l'écran sur lequel s’affichent les numéros, espérant y voir le leur. Les premieres personnes faisant la queue (souvent arrivées pour certains entre 3h et 4h du matin) dehors sont les premiers à passer aux guichets. Les autres ne sortiront pas de là rapidement. 2 Les procédures sont longues. Ces personnes qui attendent toute la matinée (voir journée) ont peut être dû prendre un jour de congés afin d'espérer un résultat positif à leur demande. Des personnes échangent entre elles, se racontant leur situation, leurs craintes et leurs désirs. Un monsieur se plaint d'y passer sa journée puis s'en va. Des personnes impatientes, de peur de perdre leur travail, partent et disent s'arranger pour revenir plus tôt le lendemain. Une dame devant nous: ses sourcils se froncent, ses jambes tremblent, son regard est tourné vers le sol. Parfois, elle regarde autour d'elle puis fixe un guichet pendant quelques secondes puis repose son regard vers le sol à nouveau. Son mari revient vers elle, peiné; il reprend son sac à dos puis ensemble, ils partent. 11h 37 nous comptons les personnes : environ 180 personnes attendent encore aux services des étrangers. 12h nous décidons de partir de la préfecture avec une seule question en tête : à quelle heure les 180 personnes finiront leur démarche aujourd'hui ? Reportage effectué par Gaëtan Ziga et Félicia Sepiere, bénévoles au Secours Catholique ­ Caritas France dans le département de l’Essonne (91). 3 

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